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Sécurité sociale 2025

COUR DES COMPTES En images (22)

En application de sa mission constitutionnelle d’assistance au Parlement, la Cour rend public aujourd’hui son rapport 2025 sur l’application des lois de financement de la sécurité sociale.

Une perte de maîtrise des comptes sociaux

En 2024, le déficit de la sécurité sociale atteint 15,3 Md€, soit 4,8 Md€ de plus que la prévision initiale. L’aggravation du déficit est due, pour les trois quarts, au moindre rendement des recettes et, pour un quart, à une augmentation des dépenses de la branche maladie qui va au-delà de l’objectif assigné. En 2025, le déficit de la sécurité sociale devrait de nouveau fortement augmenter et atteindre 22,1 Md€. Cette prévision est en outre fragile car elle repose sur des hypothèses optimistes de croissance. Elle suppose la réalisation de mesures d’économie sans précédent pour l’assurance-maladie (5,2 Md€) et une bonne tenue des dépenses de soins de ville, responsables du dérapage en  2024. Pour l’avenir, la loi de financement pour 2025 a, une nouvelle fois, dégradé la trajectoire financière de la sécurité sociale, avec un déficit qui atteindrait 24,1 Md€ en 2028, sans perspective de stabilisation et encore moins de retour à l’équilibre. La prévision de déficit 2027 est supérieure d’un tiers à ce qu’elle était en 2024. La dette sociale à court terme va augmenter rapidement. Un risque croissant de crise de liquidité pèse sur ses conditions de financement.

Des réformes nécessaires pour redresser les comptes sociaux

Le montant des allégements généraux de cotisations patronales, qui ont pour objet de réduire le coût du travail, a presque quadruplé entre 2014 et 2024, pour atteindre 77 Md€. Cette perte de recettes pour la sécurité sociale est, en principe, compensée par l’état mais les modalités de cette compensation sont devenues défavorables. Dans le contexte actuel de dégradation de l’équilibre financier de la sécurité sociale, une meilleure maîtrise de cette dynamique est nécessaire, tout en tenant compte des enjeux économiques associés. Le reprofilage de la réduction générale en 2026 pourrait inclure un élargissement d’assiette à de nouveaux compléments de salaires et un abaissement du plafond d’éligibilité jusqu’à 2,5 Smic, pour une économie de 3 à 5 Md€ à comportements inchangés.      
Dans les hôpitaux, la Cour a examiné le recours à l’intérim paramédical (infirmiers, masseurs-kinésithérapeutes, aides-soignants, etc.). Cette modalité de remplacement, normalement exceptionnelle, tend à se développer rapidement, ce qui est coûteux, soulève des difficultés de gestion des ressources humaines et peut dégrader la qualité des soins. La Cour recommande de contrôler les volumes horaires des cumuls d’emplois, de plafonner les rémunérations et de traiter les causes structurelles de ce développement.
Le personnel non-soignant, administratif, logistique et technique, est souvent perçu comme trop nombreux dans les hôpitaux publics français. Toutefois, il n’existe pas de cadre fiable de comparaison des données avec les pays étrangers ou le secteur privé qui permettrait de confirmer ce présupposé. Pour autant, la performance des services support devrait être mieux analysée et améliorée par un développement des mutualisations, un recours au cas par cas à l’externalisation et une modernisation des processus administratifs, en recourant notamment à l’intelligence artificielle.                                                                                   
Le stock stratégique de masques acquis pendant la crise covid, hétéroclite et vieillissant, est en cours de renouvellement. La perspective de saturation prochaine des sites de stockage impose de déterminer quand les masques périmés deviennent inutilisables et de mettre en œuvre une gestion dynamique du stock en distribuant gratuitement les masques aux hôpitaux et aux Ehpad avant péremption.                                                
Plus de 700 000 personnes cumulent leur retraite avec une activité professionnelle, hors militaires et régimes spéciaux. Par comparaison aux autres pays européens, la loi française est plus confuse et plus accommodante. Elle permet à de nombreux cadres et à des personnes ayant bénéficié d’un dispositif carrière longue de cumuler une retraite à taux plein avec la poursuite d’une activité professionnelle avant 67 ans.
Une remise en ordre permettrait à la sécurité sociale d’économiser 500 M€ par an.
Les retraites versées aux personnes vivant à l’étranger présentent des risques spécifiques de fraude, notamment la non-déclaration du décès du pensionné. Depuis 2017, des progrès importants ont été constatés, notamment avec le développement des échanges informatisés de données avec d’autres pays européens. Les contrôles physiques d’existence se sont développés en Algérie et au Maroc mais doivent être intensifiés, en recourant notamment à la reconnaissance faciale biométrique. Les installations à l’étranger bénéficiaires du minimum vieillesse pourraient être mieux contrôlées.
Les indus sont des montants versés à tort par les caisses de sécurité sociale en raison d’erreurs, d’omissions ou de fraudes. Les indus non-détectés restent trop nombreux. La détection et le recouvrement des indus frauduleux ont progressé mais restent insuffisants : il faudrait recouvrer les indus sur toute la période permise par la prescription légale et recourir à l’intelligence artificielle pour exploiter les nombreux dossiers concernés. Un meilleur recouvrement des franchises et participations rapporterait entre 500 M€ et 1 Md€ à la branche maladie.

Sécurité sociale : une qualité de service et une efficacité à renforcer

La création de la branche autonomie en 2020 n’a pas apporté les résultats escomptés. Les responsabilités restent fragmentées, les concours aux départements sont illisibles, les disparités territoriales n’ont pas été réduites et le contrôle interne des sommes versées est insuffisant. Il faut définir une trajectoire budgétaire au-delà de 2030, pour l’arrivée dans le grand âge de la génération du baby-boom, et clarifier les responsabilités dans la programmation des investissements nécessaires.
Le modèle de la pharmacie d’officine apparaît fragilisé sur trois plans : la densité du maillage du réseau dans les zones rurales, les paramètres de la rémunération des officines au regard de l’extension de leurs missions et l’indépendance du pharmacien avec la financiarisation de l’offre de santé. Les actions des pouvoirs publics restent trop modestes et doivent être intensifiées pour préserver le modèle français.
Le service public des pensions alimentaires a été créé en 2017 puis étendu pour garantir le versement de ces pensions en cas de séparation d’un couple avec enfants. Il constitue un progrès certain mais l’importance des besoins reste mal mesurée et la qualité du service rendu aux usagers insuffisante.
Le dispositif des pensions d’invalidité est mal piloté. Les disparités sont importantes entre les territoires, la capacité à occuper un emploi n’est pas assez fréquemment réévaluée, les employeurs ne sont pas assez actifs pour procéder à des adaptations de postes ou à des reclassements, et la mise en invalidité des personnes en congé maladie de longue durée est trop tardive.
La retraite des artistes-auteurs a été réformée en 2019, après avoir rencontré de graves difficultés dans la perception des cotisations sociales. La qualité du service s’est améliorée mais la réforme, encore inaboutie, doit être parachevée.      

En images (22)

Sécurité sociale 2025 - Cumul emploi-retraite 1

CUMUL EMPLOI-RETRAITE
Un coût élevé, une cohérence à rétablir

On estime à 700 000 le nombre de personnes cumulant leur retraite avec une activité professionnelle rémunérée, dont 579 000 dans le régime général.

Sécurité sociale 2025 - Cumul emploi-retraite 2

Au régime général, le nombre de retraités en cumul emploi-retraite e augmenté de 75% entre 2009 et 2020,
trois fois plus rapidement que celui des retraités.
Les règles de cumul ont en effet été progressivement assouplies, notamment depuis la réforme des retraites de 2010.

En 2020*, ces retraités ayant une activité professionnelle ont perçu environ 12,6 Md€ de pensions et 5 Md€ de
revenus d'activité.

* date des dernières données fiables disponibles

Sécurité sociale 2025 - Cumul emploi-retraite 3

Les personnes en cumul se répartissent en quatre groupes à peu près égaux en nombre :

CARRIÈRES AVEC ALÉAS
87 % de femmes - Liquidation sans la durée requise - Pension faible - Salaire de cumul faible

CARRIÈRES LONGUES
79 % d'hommes - Taux plein - Pension moyenne- Salaire de cumul élevé

CADRES
73 % d'hommes - Taux plein - Pension élevée - Salaire de cumul élevé

PROFESSIONS INTERMÉDIAIRES
68 % de femmes - Taux plein - Pension modeste - Salaire de cumul limité

Le dispositif devrait seulement favoriser la possibilité pour des retraités modestes de compléter leur pension ou pour des retraités âgés de continuer à travailler, s'ils Le souhaitent.
Il ne devrait pas permettre à des cadres ou à des personnes parties tôt à la retraite d'optimiser leur
revenu en cumulant retraite acquise et prolongation d'activité professionnelle.

Sécurité sociale 2025 - Cumul emploi-retraite 4

La loi française à ce sujet est plus souple et plus confuse que dans les autres pays européens, qui prévoient un
plafonneur d'activité et des retraites avant l'âge d'obtention automatique du taux plein (67 ans en France).

L'importante augmentation du nombre de retraités concernés et les incohérences de ce dispositif au sein de notre système de protection sociale invitent à en réexaminer les paramètres, ainsi que la manière dont les contrôles sont appliqués.

Sécurité sociale 2025 - Cumul emploi-retraite 5

La Cour recommande de :

- Simplifier la réglementation du cumul emploi-retraite en prévoyant l'écrêtement des pensions à hauteur des revenus d'activité avant l'âge d'obtention automatique du taux plein (67 ans)

- Organiser l'automatisation du contrôle des revenus d'activité et de l'écrêtement des pensions versées

Pour en savoir plus, suivez la Cour des comptes sur les réseaux sociaux et consultez le rapport complet sur
www.ccomptes.fr

Sécurité sociale 2025 - Retraites versées à l'étranger 1

RETRAITES VERSÉES À L'ÉTRANGER
Comment mieux prévenir la fraude ?
1,1 million de personnes vivant à l'étranger perçoivent une retraite du régime général et 0.9 million d'entre elles du régime complémentaire Agirc-Arrco, pour des montants de 3,9 et 2 Md€ respectivement, soit 2,7% des retraites versées par ces régimes.

Sécurité sociale 2025 - Retraites versées à l'étranger 2

Six pays concentrent les trois-quarts de ces retraités : l'Algérie, le Portugal, l'Espagne, l'Italie, le Maroc et la Belgique.

Des risques de fraude existent : décès non déclarés, usurpation d'identité.
La Cour des comptes, qui avait déjà enquêté sur ce sujet en 2017, a réalisé un nouveau contrôle à la suite d'une demande sur sa plateforme citoyenne.

Sécurité sociale 2025 - Retraites versées à l'étranger 3

Depuis 2017, des progrès ont été réalisés. Les échanges informatisés de données d'état civil se sont développés, notamment avec Le Portugal, l'Espagne et La Belgique. Ils couvrent déjà près de la moitié des pensions versées à l'étranger et vont être étendus à d'autres pays.

Ailleurs, les contrôles d'existence sont obligatoires une fois par an. Le nombre de certificats non-conformes validés a baissé mais reste encore trop élevé (le taux a été évalué à 6,5% en 2023 au lieu de 11,9% en 2019).
La non-conformité entraîne la suspension du paiement de la pension.

Sécurité sociale 2025 - Retraites versées à l'étranger 4

Entre 2020 et 2023, des expérimentations de convocation physique de retraités ont été conduites en Algérie et au Maroc. Elles ont permis de détecter entre 3% et 22% de décès non signalés, dont la moitié avant la date d'envoi de la convocation.
Elles doivent être fortement intensifiées à partir de 2025 et s'appuyer sur la reconnaissance faciale biométrique.

La Cour formule des recommandations pour mieux prévenir et réduire cette fraude :

- Estimer, la fraude aux pensions de retraite versées à l'étranger et
adapter le système d'information

- Renforcer les partenariats entre le régime général et le régime complémentaire

- Renforcer les contrôles antifraude dans les pays sans échanges de données
informatisés sur les décès

- Améliorer l'outil de gestion des créances

Sécurité sociale 2025 - Stock stratégique de masques 1

STOCK STRATÉGIQUE DE MASQUES
Quel bilan depuis la crise sanitaire ?

En janvier 2024, le stock détenu par Santé publique France était de 1,35 milliards de masques mobilisables, auxquels s’ajoutent 700 millions de masques achetés il y a plus de cinq ans, jugés périmés.

Sécurité sociale 2025 - Stock stratégique de masques 2

Des marchés passés en 2022 et 2024, auprès d’entreprises françaises et à un coût 10 fois plus bas que pendant la crise, devraient permettre de stabiliser le stock, puis de l’augmenter.
La France devrait ainsi disposer de 2 milliards de masques, ce qui couvre les besoins de crise pour les personnels soignants, les personnes fragiles, les malades et les cas contacts. L’implantation du stock a été réorganisée pour améliorer leur distribution en cas de crise.

Sécurité sociale 2025 - Stock stratégique de masques 3

Mais avec la conservation des masques périmés (dont aucune étude n’a déterminé au bout de combien d’années ils devenaient réellement inutilisables), l’espace de stockage sera saturé dès 2026.
La solution serait de distribuer gratuitement les masques aux hôpitaux et aux Ehpad avant leur péremption. Cela couvrirait la moitié de leurs besoins courants, pour une économie de 25 à 30 M€.

Sécurité sociale 2025 - Stock stratégique de masques 4

Cette recommandation suppose des aménagements législatifs pour permettre la cession gratuite des masques du stock d’État et l’organisation de leur distribution en fonction des besoins des hôpitaux et Ehpad.
La Cour recommande également d’évaluer la durée réelle d’utilisation des masques pour organiser leur destruction en conséquence.

Sécurité sociale 2025 - Pensions alimentaires 1

Pensions alimentaires : un service public à la hauteur des enjeux ?

Une pension alimentaire est versée en cas de séparation d’un couple avec enfant(s), après décision d’un juge ou par accord des deux parents.
Le service public des pensions alimentaires a été créé en 2017 et mis en place en peu de temps, afin de répondre aux difficultés rencontrées pour les percevoir, le plus souvent par les mères de famille.

Sécurité sociale 2025 - Pensions alimentaires 2

Ce service est géré par l’Agence de recouvrement et d’intermédiation des pensions alimentaires (Aripa), qui recouvre les impayés, perçoit les pensions versées par les parents débiteurs et les reverse aux parents créanciers.

Les montants d’impayés recouvrés par l’Aripa ont connu une croissance rapide depuis la création de l’agence.
En 2024, elle a récupéré près de 300 millions d’euros d’impayés et les a reversés à 140 000 parents créanciers.

Sécurité sociale 2025 - Pensions alimentaires 3

Mais le besoin est toujours très mal mesuré, car les données utiles au pilotage de ce service public sont insuffisantes.
Le nombre de divorces n’est plus connu des pouvoirs publics, du fait de la généralisation des divorces par consentement mutuel. Il en est de même pour le nombre de dissolutions de PACS et de ruptures d’unions libres.

Les coûts de gestion du dispositif ne font l’objet d’aucun suivi, ce qui ne permet pas d’évaluer son efficience.
La Cour les a estimés à 46 M€ en 2024, soit 5% des montants gérés par l’Aripa.

Sécurité sociale 2025 - Pensions alimentaires 4

Malgré d’indéniables avancées, ce service public répondant à un véritable besoin social n’est pas jugé assez réactif par les usagers. 
Les taux d’erreurs, délais de réponse, et délais de traitement sont trop importants.

La qualité insuffisante du service rendu aux usagers a pour conséquence que 15% des parents environ renoncent à l’intermédiation financière après en avoir demandé le bénéfice.

Sécurité sociale 2025 - Pensions alimentaires 5

Dans son rapport, la Cour formule des recommandations pour remédier au manque de données sur le nombre et le montant des pensions alimentaires, et propose plusieurs pistes d’évolution, en particulier l’amélioration des liens entre l’Aripa et le monde de la justice.

Pour en savoir plus, suivez la Cour des comptes sur les réseaux sociaux et consultez le rapport complet sur www.ccomptes.fr

Sécurité sociale 2025 - Pharmacies 1

PHARMACIES D’OFFICINE Le modèle français fragilisé


Au 1er janvier 2024, la France comptait 20 502 pharmacies, avec une densité encore dans la moyenne européenne. Mais ce nombre est en baisse de 10% depuis 2006, sous l’effet des regroupements et des fermetures sans reprise, et la tendance s’accélère.

Sécurité sociale 2025 - Pharmacies 2

Le maillage territorial, encore équilibré, subit une érosion dans les zones rurales. Le temps de trajet moyen jusqu’à une officine a augmenté de près de 7% entre 2020 et 2023.


Pour prévenir l’apparition de « déserts pharmaceutiques », la Cour des comptes recommande que les différents dispositifs (exonérations fiscales et sociales, aides des collectivités) soient coordonnés et ciblent les pharmacies fragiles et essentielles.

Sécurité sociale 2025 - Pharmacies 3

Autre évolution majeure du modèle français, les missions des pharmaciens se sont élargies : vaccination, dépistage, délivrance d’antibiotiques après réalisation d’un test pour les angines et cystites…

D’autres missions, encore, pourraient leur être confiées, dont certaines sont en cours d’expérimentation : dépistage précoce et suivi des pathologies chroniques et des cancers, renouvellements de traitements, adaptation de posologie, etc.

Sécurité sociale 2025 - Pharmacies 4

De tels changements supposeraient de faire évoluer le mode de rémunération des pharmaciens, qui repose toujours aux ¾ sur la quantité de médicaments vendus.
Leur rémunération devrait être fondée principalement sur l’acte de dispensation aux patients et la valorisation des nouvelles missions.

Enfin, face à la financiarisation du secteur, les pouvoirs publics manquent de moyens de régulation, notamment en ce qui concerne les conditions d’acquisition des officines, la vente en ligne de médicaments ou encore les relations avec les laboratoires ou grossistes. La Cour formule deux recommandations à ce sujet.

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