L’implication de l’assurance maladie dans une mission de santé publique inédite, de grande ampleur et évolutive
Dans l’urgence, l’assurance maladie a créé ce système d’information, mis en place des plateformes départementales d’enquêteurs, recruté des milliers de contractuels à durée déterminée puis indéterminée, et adapté continûment son dispositif. Depuis mai 2020, l’organisme a joint plus de 32 millions de personnes dépistées positives et près de 22,7 millions de personnes contact, d’abord par téléphone puis essentiellement par SMS ou par courriel. Au total, les dépenses liées au contact tracing, notamment de personnel, pourraient dépasser 600 M€ au titre des années 2020 à 2022.
Une efficacité globale incertaine
Sans le contact tracing, il est vraisemblable que les contaminations auraient été plus nombreuses ou rapides et leur incidence plus forte sur les hôpitaux, mais ces impacts ne peuvent être quantifiés en l’absence d’évaluation scientifique. L’assurance maladie est parvenue à joindre plus de neuf personnes sur dix dépistées positives, ou qui lui ont été déclarées comme cas contact, et plus de 90% des personnes positives jointes l’ont été dans les 24 heures suivant l’annonce du résultat du test. En revanche, seules 70 à 80% des personnes contact ont été jointes dans les 24 heures suivant leur recensement. Seule une partie des personnes cas contact a pu être recensée - en moyenne, une personne dépistée positive sur deux ne lui a déclaré aucune personne contact en 2020 et en 2021. Les vagues épidémiques successives ont augmenté la charge de travail de l’assurance maladie et l’ont donc conduit à alléger les procédures de recherche des cas contact, ce qui a sensiblement atténué leur impact. En effet, l’envoi aux personnes positives de SMS les invitant à télédéclarer leurs contacts sur un site internet a entraîné moins de déclarations de cas contact que les appels téléphoniques. Ainsi, au premier semestre 2022, près de 90% des personnes positives n’ont déclaré aucun contact.
Un dispositif en voie d’extinction, des enseignements à tirer
La vaccination est devenue le principal instrument de lutte contre l’épidémie, alors que le contact tracing ne recense plus qu’une part réduite des personnes contact (moins de 0,5 en moyenne par personne positive en juillet 2022, contre près de 2,5 en novembre 2021). La loi du 30 juillet 2022 mettant fin aux régimes d’exception créés pour lutter contre l’épidémie liée à la covid 19 conduit à interrompre ce dispositif au 31 janvier 2023. Les effectifs consacrés par l’assurance maladie au contact tracing ont été fortement réduits (350 ETP de CDD-CDI en septembre 2022, contre 6 500 en moyenne en 2021). Il apparaît cependant essentiel que les outils, procédures et effets d’apprentissage du contact tracing soient valorisés pour l’avenir. Dans l’éventualité de la survenance de nouvelles épidémies de grande ampleur, il conviendrait de permettre aux pouvoirs publics d’activer rapidement un dispositif opérationnel et plus performant dans l’attente d’une couverture vaccinale efficace. Ainsi, la Cour recommande qu’à partir d’une évaluation scientifique de l’impact du contact tracing sur les chaînes de contamination de la Covid 19, un dispositif de crise puisse être activé puis désactivé dans des délais rapides afin de rompre ces chaînes.