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Syndicat mixte Vendée Eau (Vendée)

CRC PAYS DE LA LOIRE

La chambre régionale des comptes Pays de la Loire a contrôlé les comptes et la gestion du syndicat mixte Vendée eau à compter de l’exercice 2017.

Un risque fort de conflits d’usages de l’eau

En Vendée, l’eau est de moins en moins disponible en raison notamment du réchauffement climatique. Les évolutions observées correspondent à ce que les simulations annonçaient intervenir dans 25 à 40 ans.

Pourtant, dans le même temps, les prélèvements d’eau augmentent fortement. La hausse de 12,5 % entre 2009 et 2019 des prélèvements destinés à la production d’eau potable s’explique tant par la croissance démographique et l’activité touristique mises en avant par Vendée eau que par la satisfaction des besoins grandissants des industries agroalimentaires (+ 13 % entre 2012 et 2017 à nombre d’abonnés agroalimentaires constant).  Ainsi, 21 % de l’eau potable en Vendée est consommée par 0,2 % des abonnés dits « gros consommateurs » (consommant plus de 6 000 m³ par an) en 2020.

Une sécurisation de l'eau potable se basant sur la satisfaction des besoins plus que de la disponibilité de la ressource

Un plan de sécurisation de l’alimentation en eau potable doit permettre de faire face à un déficit de la ressource par rapport aux besoins, évalué à ‑ 8,2 Mm3 à l’horizon 2025 sur les secteurs côtiers, de mai à octobre en année sèche et caniculaire. Ce plan se base sur une prévision des besoins faisant peser l’effort d’économies sur les particuliers, les petites entreprises et les collectivités, l’agriculture et les industries, notamment agroalimentaires, conservant le bénéfice de leurs volumes.

De plus, la tarification n’est pas progressive. Au contraire, les entreprises et davantage encore les gros consommateurs paient l’eau moins chère que les ménages. Cela représente un manque à gagner de 1,28 M€ par an.

Néanmoins, la gestion patrimoniale du réseau par Vendée eau limite les pertes d’eau.

Une gestion des prélèvements destinés à la production d’eau potable s’articulant très difficilement avec la satisfaction des besoins des milieux naturels

Même hors période de crise, la gestion réalisée par le préfet et Vendée eau de ses barrages, prélevant l’eau destinée à la production d’eau potable, contribue faiblement à la préservation des milieux naturels. En particulier, les débits dits « réservés » restitués en aval des barrages ne respectent pas la loi.

En période de crise, en se confondant avec les autres usagers de l’eau potable au sein du réseau, les usages professionnels intérieurs, notamment industriels, sont priorisés au même titre que l’alimentation en eau potable et l’hygiène de la population, ne respectant pas la priorisation des usages. 

Une sécurisation de l’eau potable représentant un coût appelé à augmenter

Si différents ratios traduisent la bonne santé financière de Vendée eau, le financement d’investissements coûteux en lien avec la raréfaction de la ressource devrait faire passer la capacité de désendettement de 1,1 an en 2021 à presque 3 ans en 2030.

Le projet « Jourdain » d’installation de réutilisation des eaux usées traitées (RéUT) en vue de la production d’eau destinée à la consommation humaine, usage aujourd’hui non autorisé, représente un coût d’investissement total de 42,5 M€ (démonstrateur et extension).

Par ailleurs, les coûts de fonctionnement sont appelés à augmenter : consommation énergétique des investissements de sécurisation, mauvaise qualité de l’eau brute (nitrates, métabolites issus de la dégradation des pesticides) augmentant les coûts de potabilisation et de transfert d’eau.

Au final, la gestion quantitative de l’eau par Vendée eau se base sur une adaptation de la ressource aux besoins, en particulier à ceux des gros consommateurs, plus que l’inverse. Dans le contexte du changement climatique, sous peine d’exacerber les conflits d’usage, devraient donc être posées les questions de la hiérarchisation des besoins des différentes catégories d’usagers, de la répartition équitable du coût de la sécurisation entre eux et du juste prix de l’eau pour chacun d’eux.

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