La société Alpexpo, localisée à Grenoble, gère l’équipement du même nom, qui se compose d’un parc des expositions, d’un centre des congrès, d’un centre de conférences et de séminaires et d’une salle de spectacles. L’établissement accueille près de 150 évènements par an, pour un chiffre d’affaires moyen de 7,6 M€.
La période 2009-2017 est marquée par les difficultés financières de la société et l’instabilité de ses dirigeants. Ceux-ci n’ont pas atteint leurs objectifs de redressement financier et la société a été recapitalisée trois fois entre 2009 et 2017, très majoritairement par fonds publics, avec, pour les actionnaires publics et privés, une perte nette de 7,57 M€ constatée lors de la dissolution de la société sous sa forme de société d’économie mixte locale en 2015 et son remplacement par une société publique locale, dont seules la commune et la métropole de Grenoble sont désormais actionnaires avec un nouveau capital de 1,5 M€.
Les recapitalisations et autres aides accordées (avances en compte courant, baisses de charges) ont subventionné pendant des années des activités économiques structurellement déficitaires. Les charges de structure de la société sont trop élevées par rapport au chiffre d’affaires qu’elle dégage. Les équipements sont insuffisamment utilisés, en particulier en matière de congrès et de conférences, avec un taux d’utilisation deux fois inférieur à la moyenne nationale.
Cette situation résulte en partie du positionnement défavorable de l’équipement face à une forte concurrence locale et nationale, qui offre souvent des prestations plus attractives. Malgré un premier plan d’investissements de la commune pour la période 2007 à 2015 de 15 M€, les besoins sont aujourd’hui encore très élevés, entre 11 et 17 M€. D’importants efforts sont à consentir en matière de commercialisation et de développement de prestations annexes afin de développer le portefeuille de clients.
Si les collectivités publiques ont finalement fait le choix d’une continuité de l’exploitation de l’équipement, notamment pour les importantes retombées économiques, elles n’ont pas pris de décisions structurantes durant une longue période d’hésitation (2014-2017) caractérisée par les velléités, en fin de compte abandonnées, de déléguer l’exploitation à un prestataire privé et par le projet de transfert à la métropole, long à se concrétiser. Ceci a pu faciliter le maintien, excessivement coûteux, entre 2012 et 2015, du recours à une entreprise pour la mise à disposition de la directrice sous un statut de « manager de transition ». Ce contrat, qui devait durer initialement quelques mois, s’est poursuivi pendant trois ans, pour un coût de 1,12 M€.
Les résultats de la société se sont aujourd’hui améliorés, du fait d’une modification des conditions financières de la délégation de service public consentie par la commune de Grenoble plus que d’une amélioration des données d’activités ou d’une réduction des charges structurelles. Des décisions fondamentales doivent désormais être prises par les actionnaires publics et leurs représentants au conseil d’administration : redimensionnement des équipements, nouveau plan d’investissements.
L’entrée au capital de la région Auvergne-Rhône-Alpes et du département de l’Isère, au cours de l’année 2019, sera accompagnée d’un nouveau pacte d’actionnaires avant la fin 2019, ainsi que d’un plan stratégique et d’un plan d’investissements, portés par les actionnaires publics, représentant 20 M€ dans les prochaines années. Ces nouveaux éléments pourraient changer de façon substantielle la donne pour l’établissement.
Par ailleurs, d’importantes corrections doivent porter sur la gestion de la commande publique. En effet, depuis 2009, la société ne respecte pas les règles de publicité et de mise en concurrence qui s’imposent, pour des contrats aux montants très élevés. De même, elle doit renforcer ses contrôles des notes de frais, la période étant marquée par un abus significatif, qui a vu le remboursement par la société de frais injustifiés. D’une manière générale, les procédures internes doivent être formalisées et la société doit développer une comptabilité analytique en coûts complets afin de connaître les résultats réels de ses différents secteurs d’activité et d’en tirer les conséquences.
RECOMMANDATIONS
Envers la commune de Grenoble et la métropole de Grenoble :
Recommandation n° 1 : transférer l’équipement à la métropole de Grenoble.
La recommandation n°1 a été totalement mise en œuvre suite au rapport d’observations provisoires.
Recommandation n° 2 : arrêter un plan pluriannuel d’investissements, sur la base d’une étude approfondie des possibilités de développement de la société et en cohérence avec un plan d’affaires.
Envers la société :
Recommandation n° 3 : faire adopter par le conseil d’administration un plan stratégique complet et opérationnel, s’appuyant sur une étude approfondie du secteur et des débouchés envisageables.
Recommandation n° 4 : formaliser et encadrer l’ensemble des procédures de la société : achats, contrôles internes, processus budgétaires et comptables.
Recommandation n° 5 : respecter les règles de publicité et de mise en concurrence définies par l’ordonnance n° 2015-899 du 23 juillet 2015 relative aux marchés publics.
Recommandation n° 6 : poursuivre le développement d’une comptabilité analytique permettant d’appréhender les coûts réels des activités de la société.
Recommandation n° 7 : compléter le rapport annuel au délégant de données plus précises en matière d’activité et de retombées socio-économiques.