SYNTHÈSE
La Société Locale d’Équipement et d’Aménagement de l’Aire Métropolitaine (SOLEAM) est une société publique locale, créée en 2010 par les communes de Marseille, Cassis, Gémenos et Tarascon. La SOLEAM a absorbé en 2013 la société d’économie mixte « Marseille aménagement » dont elle a repris l’ensemble des opérations.
La SOLEAM est sollicitée par ses actionnaires (principalement de la métropole), pour la réalisation de missions d’assistance à maîtrise d’ouvrage (rarement), de mandats d’études ou de travaux (plus régulièrement) ou de concessions d’aménagement (principalement). La SOLEAM a répondu au coup par coup aux demandes de ses collectivités actionnaires, sans réelle vision stratégique de moyen terme.
Les réalisations des opérations confiées à la société sont globalement très éloignées des ambitions affichées et des attentes, sans que la SOLEAM puisse en être tenue pour l’unique responsable.
D’une manière générale, les missions subissent en cours de réalisation de nombreux et importants bouleversements de programme, à la demande des collectivités, qui nuisent fortement à l’avancement des projets.
Les concessions héritées de Marseille Aménagement s’étendent ainsi sur des dizaines d’années et, pour nombre d’entre elles, ne donnent quasiment plus lieu à des opérations concrètes, faute de projets précis et clairs. Elles sont malgré tout régulièrement prolongées, générant ainsi d’inutiles coûts de gestion, in fine mis à la charge des collectivités et donc des contribuables. Certaines d’entre elles, à l’arrêt depuis plusieurs années, devraient être closes.
Les concessions d’aménagement, confiées à la société dans le cadre de programmes de rénovation urbaine (PRU Savine, Malpassé), font intervenir une multitude d’acteurs et cantonnent la SOLEAM à un rôle d’exécutant, davantage que de concessionnaire. Là encore, les programmes, pourtant destinés à répondre à des problématiques pourtant très importantes sur le territoire marseillais, notamment en matière de logement, ont été constamment modifiés et ont peu avancé près de dix ans après leur lancement.
Les autres concessions (hors PRU) confiées à la SOLEAM ont également vu leurs programmes bouleversés pour aboutir à une livraison totale (Cassis Brégadan) ou minimaliste (Marseille-Mardirossian).
La mainmise totale des collectivités actionnaires sur la SOLEAM leur permet, d’imposer des bouleversements incessants affectant les projets que cet opérateur a engagés et de s’accommoder de leur mise en sommeil pendant de longues périodes. Ces pratiques seraient bien plus difficiles à imposer à des aménageurs privés agissant dans le cadre de stratégies définies et exerçant en toute indépendance leurs prérogatives, du moins sans générer de surcoût financier significatif.
La grande opération de rénovation urbaine confiée à la SOLEAM à son origine, dite « Opération grand centre-ville » qui devait initialement s’achever en 2020 et représentait un budget de plus de 230 millions d’euros a été prolongée jusqu’en 2025. Elle a pris la suite de nombreuses opérations de requalifications lancées au cours des décennies précédentes.
Fin 2018, soit huit ans après le début de la concession, des retards importants étaient à constater.
De nombreux « pôles » constitutifs de l’opération ont ainsi été abandonnés et les réalisations concrètes étaient très éloignées des objectifs ambitieux fixés. D’une manière générale, si quelques aménagements et équipements publics ont pu être réalisés, les objectifs en matière de logements étaient loin d’être atteints : sur les 1 500 logements nouveaux prévus initialement, 31 seulement avaient été réalisés fin 2018. L’opération de soutien aux requalifications des immeubles par les propriétaires privés n’a pas non plus donné de résultats probants.
D’autres opérations, non prévues initialement, telles que la requalification de la place Jean Jaurès, se sont déroulées dans des conditions chaotiques.
De ce fait, les coûts de gestion de cette opération matérialisés dans la rémunération de la SOLEAM se révèlent particulièrement élevés au regard des chantiers réellement mis en œuvre, des dépenses et recettes imputées à la concession.
De plus, la création en 2020 d’une nouvelle société d’aménagement dont les principaux actionnaires sont la métropole et l’État, intègre dans un paysage déjà complexe, un nouvel acteur qui interviendra dans le domaine de l’aménagement sur le même territoire du centre-ville que la SOLEAM. Une clarification des rôles des deux structures sur un territoire métropolitain où agissent d’ailleurs plusieurs autres sociétés publiques d’aménagement, apparait indispensable et implique une réflexion sur le devenir même de la SOLEAM.
RECOMMANDATIONS
- Recommandation n° 1 : Le conseil d’administration de la SOLEAM (dans lequel siège notamment la métropole) est invité à clarifier la stratégie de l’entreprise face à l’instauration du plan partenarial d’aménagement (PPA) du centre-ville de Marseille et à la création de la SPLA d’intérêt national.
- Recommandation n° 2 : Engager les démarches pour parvenir à la clôture des concessions à l’arrêt.
- Recommandation n° 3 : Mettre en place une comptabilité analytique des coûts.
- Recommandation n° 4 : Mettre fin à la gestion en propre du village d’entreprises de Mourepiane.