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Région Provence-Alpes-Côte d'Azur, les acteurs publics locaux du tourisme face au changement climatique en montagne

CRC PROVENCE-ALPES-CÔTE D'AZUR

La chambre a contrôlé la région Provence-Alpes-Côte d’Azur dans le cadre de l’enquête nationale portant sur les acteurs publics locaux du tourisme face au changement climatique en montagne.

Alors que la région prend la mesure de la nécessaire adaptation des territoires de montagne au changement climatique, les « plans montagne » mis en œuvre depuis 2016 favorisent le soutien à l’économie du ski, notamment par la production de neige artificielle, au détriment du développement d’un tourisme plus durable et multi-saison.

 

SYNTHÈSE
Dans le cadre de l’enquête des juridictions financières relative aux acteurs publics locaux du tourisme face au changement climatique en montagne, la chambre a contrôlé la région Provence Alpes Côte d’Azur au titre de la politique menée en direction des territoires de montagne.
Le tourisme hivernal dans les Alpes du Sud représenterait 80 % des retombées économiques du secteur, contre 20 % pour l’été. Cependant, faute de données exhaustives et fiables, il est difficile d’opérer une comparaison objective entre les deux saisons, ce qui empêche un diagnostic éclairé de leur poids respectif et des politiques à mener en conséquence. Cela est d’autant plus préjudiciable que le changement climatique touche particulièrement les Alpes du Sud avec des stations de ski dont l’altitude moyenne est de 1900 mètres, nécessitant leur adaptation à cette situation, notamment par une orientation vers la multi-saisonnalité et la mutation du territoire.
Si le cadrage stratégique de l’action régionale prend progressivement en compte la question du changement climatique (atténuation ou adaptation), non sans ambiguïté avec l’objectif concomitant de développement économique, le schéma régional d’aménagement et de développement durable du territoire, principal outil de planification, s’avère être, dans la réalité, peu opérationnel. Sa révision devrait être l’occasion de renforcer encore la stratégie en faveur de l’adaptation au changement climatique.
Les deux grands plans montagne lancés depuis 2016 associent plusieurs dispositifs, programmes et sources de financement, qu’il n’est pas toujours aisé de reconstituer et de mettre en perspective. Le premier plan (2016-2020) a largement privilégié le développement économique des stations pendant l’hiver et le soutien à la production de neige, tandis que les aides à la diversification touristique ont été plus faibles. Le second (2021-2027) devait opérer un tournant vers une plus grande préoccupation liée aux enjeux climatiques, mais un premier point d’étape démontre encore l’importance des projets de financement de production de neige et d’équipements de pistes, avec un engagement régional à nouveau inférieur sur les opérations de diversification et de multi-saisonnalité.
Pourtant, la région est consciente des enjeux, notamment s’agissant des conséquences de la baisse inéluctable de l’enneigement naturel sur les conditions d’exploitation de dizaines de stations à l’horizon 2050, puisqu’elle a elle-même commandé une étude sur l’enneigement à horizon 2035-2050. Si la région Provence-Alpes-Côte d’Azur assume ses financements pour la production de neige artificielle, vue comme un facteur de maintien, voire d’adaptation, de l’activité, elle concède également que ce modèle doit évoluer en prenant en compte les specificités de chaque station, notamment au regard de la disponibilité future de la ressource en eau.
Par ailleurs, le manque de données analytiques rend difficile l’évaluation de l’impact de cette politique. De plus, l’examen des modalités d’octroi des subventions régionales met en évidence un recours fréquent au régime de dérogations prévu par le règlement budgétaire et financier. Les collectivités sollicitant un financement déposent ainsi des projets largement aboutis, voire déjà en cours, ce qui traduit la difficulté pour la région d’impulser une dynamique d’adaptation au changement climatique impliquant des reconversions de territoire et la multi-saisonnalité du tourisme.
RECOMMANDATIONS

  • Recommandation n° 1. (Région PACA) : Se doter dès à présent, y compris en mobilisant les opérateurs pertinents, des outils permettant de recueillir et rendre publiques des données fiables et exhaustives sur les activités touristiques, estivales comme hivernales, à l’échelle des Alpes du Sud.
  • Recommandation n° 2. (Région PACA) : Mettre en place, dès l'exercice 2024, une comptabilité analytique robuste afin de fiabiliser le montant des dépenses affectées aux territoires de montagne.
  • Recommandation n° 3. (Région PACA) : Respecter sans tarder les dispositions du règlement budgétaire et financier en matière d’attribution de subventions, y compris en limitant l’utilisation de l’article 28 facilitant l’adoption de dérogations.

 

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