Le ministère de la Culture reste un acteur incontournable au sein d’un secteur dynamique
Le spectacle vivant bénéficie de financements publics importants apportés par l’État et, de manière croissante, par les collectivités territoriales. Si le soutien financier du ministère de la culture est demeuré stable entre 2011 et le début de la crise sanitaire (766 M€ pour la création et l’action culturelle en 2019, contre 839 M€ en 2020 dans le contexte de la crise sanitaire), les financements des collectivités territoriales – en particulier ceux des communes – ont progressé depuis 2015 pour atteindre au minimum 2,47 Md€ en 2019. Bien qu’extra-budgétaire, le régime de l’intermittence constitue l’un des éléments complémentaires de cet écosystème – avec au moins 450 M€ d’allocations versées en 2017 aux intermittents du seul spectacle vivant. Jusqu’en 2020, l’activité a connu une croissance dynamique qui s’est traduite par une offre de spectacles très abondante. Cependant, cette croissance soutenue apparaît difficile à réguler puisque ses principaux facteurs – relevant des collectivités territoriales ou des partenaires sociaux sous l’égide du gouvernement pour le régime de l’intermittence – sont, pour l’essentiel, extérieurs au ministère de la culture.
Une politique de plus en plus structurée qui appelle néanmoins à une réarticulation des missions au sein du ministère
La loi du 7 juillet 2016 relative à la liberté de la création, à l’architecture et au patrimoine (dite loi LCAP) est venue consolider les outils de gestion des labels et la contractualisation avec les collectivités territoriales partenaires. Les règles en matière de nomination des directeurs de ces structures ont également pu être améliorées. Grâce à ces leviers d’intervention, et bien que les collectivités locales apportent désormais près de trois quarts des financements du spectacle vivant, le ministère de la culture continue de jouer un rôle d’impulsion, notamment en matière de création artistique. Cependant, l’administration centrale ne dispose pas des outils de collecte et d’exploitation des données – relatives à l’activité, aux moyens et aux résultats des structures – qui permettrait de mieux éclairer son l’action. De même, le rôle crucial des directions régionales des affaires culturelles (DRAC) dans la mise en œuvre de la politique du spectacle vivant au niveau régional devrait également être mieux valorisé par le ministère, dans le cadre d’une animation de réseau rénovée et d’orientations stratégiques mieux hiérarchisées.
Des résultats insuffisants au regard des objectifs de démocratisation et de diffusion
Malgré des efforts soutenus et des financements accrus, les objectifs de démocratisation culturelle et d’élargissement des publics poursuivis depuis plus de 60 ans apparaissent en demi-teinte. En particulier, la politique d’inclusion à - et par - la culture devrait être mieux articulée avec d’autres politiques publiques telles que l’éducation nationale. La faible diffusion des spectacles et la difficulté à augmenter le nombre de représentations constituent un autre point faible : une partie des productions bénéficiant de financements publics n’est que très peu diffusée en raison notamment des systèmes d’aides centrés sur le renouvellement de la création. La Cour souligne qu’une évolution des modes de production, de programmation et de diffusion, mais aussi des cadres réglementaires et des pratiques doit être engagée, et que seule une approche globale – en lien avec les DRAC et l’ensemble des partenaires concernés (État, collectivités, lieux labellisés et non labellisés, compagnies) – permettra d’engager les évolutions souhaitables.