COMMUNIQUÉ DE PRESSE
Le 30 mai 2022
Rapport public thématique
LE SOUTIEN DU MINISTÈRE DE LA CULTURE AU
SPECTACLE VIVANT
Depuis sa création, le ministère de la culture poursuit une politique de soutien au spectacle
vivant, visant à favoriser la création artistique, à donner, sur l’ensemble du territoire, un
large accès au théâtre, à la musique, à la danse, aux arts du cirque et de la rue, ainsi qu’à
développer et diversifier les publics. L’action du ministère se caractérise par une grande
variété de modes d’intervention, sans équivalent à l’étranger. La politique mise en œuvre
s’appuie sur de grands opérateurs nationaux, ainsi que sur un ensemble de lieux labélisés et
de réseaux : en 2019, 10 labels répartis entre chacune des disciplines rassemblaient ainsi
plus de 300 structures sur l’ensemble du territoire. À ces labels s’ajoutent de nombreuses
aides, bénéficiant à plus d’un millier de compagnies, près de 200 résidences et 150 festivals.
L’enquête publiée ce jour par la Cour des comptes porte sur les évolutions structurelles de
la politique mise en œuvre par le ministère de la Culture jusqu’à 2020. Elle constate que,
même si sa contribution au financement du secteur est désormais minoritaire, le ministère
y joue toujours un rôle clé, mais dans des conditions qui appellent des évolutions en termes
d’organisation de son action. Elle observe, en outre, que, pour être aujourd’hui très
abondante, l’offre des spectacles - que sa politique de soutien concourt à développer - peine
à atteindre ses objectifs de démocratisation et de diffusion.
Le ministère de la Culture reste un acteur incontournable au sein d’un secteur dynamique
Le spectacle vivant bénéficie de financements publics importants apportés par l’État et, de
manière croissante, par les collectivités territoriales. Si le soutien financier du ministère de la
culture est demeuré stable entre 2011 et le début de la crise sanitaire (766 M€ pour la création
et l’action culturelle en 2019, contre 839 M€ en 2020 dans le contexte de la crise sanitaire), les
financements des collectivités territoriales – en particulier ceux des communes – ont progressé
depuis 2015 pour atteindre au minimum 2,47 Md€ en 2019. Bien qu’extra-budgétaire, le
régime de l’intermittence constitue l’un des éléments complémentaires de cet écosystème –
avec au moins 450 M€ d’allocations versées en 2017 aux intermittents du seul spectacle vivant.
Jusqu’en 2020, l’activité a connu une croissance dynamique qui s’est traduite par une offre de
spectacles très abondante. Cependant, cette croissance soutenue apparaît difficile à réguler
puisque ses principaux facteurs – relevant des collectivités territoriales ou des partenaires
sociaux sous l’égide du gouvernement pour le régime de l’intermittence – sont, pour l’essentiel,
extérieurs au ministère de la culture.
Une politique de plus en plus structurée, qui appelle néanmoins à une réarticulation des
missions au sein du ministère
La loi du 7 juillet 2016 relative à la liberté de la création, à l’architecture et au patrimoine (dite
loi LCAP) est venue consolider les outils de gestion des labels et la contractualisation avec les
collectivités territoriales partenaires. Les règles en matière de nomination des directeurs de ces
structures ont également pu être améliorées.
Grâce à ces leviers d’intervention, et bien que
les collectivités locales apportent désormais près de trois quarts des financements du spectacle
vivant, le ministère de la culture continue de jouer un rôle d’impulsion, notamment en matière
de création artistique. Cependant, l’administration centrale ne dispose pas des outils de
collecte et d’exploitation des données – relatives à l’activité, aux moyens et aux résultats des
structures – qui permettrait de mieux éclairer son l’action. De même, le rôle crucial des
directions régionales des affaires culturelles (DRAC) dans la mise en œuvre de la politique du
spectacle vivant au niveau régional devrait également être mieux valorisé par le ministère, dans
le cadre d’une animation de réseau rénovée et d’orientations stratégiques mieux hiérarchisées.
Des résultats insuffisants au regard des objectifs de démocratisation et de diffusion
Malgré des efforts soutenus et des financements accrus, les objectifs de démocratisation
culturelle et d’élargissement des publics poursuivis depuis plus de 60 ans apparaissent en demi-
teinte. En particulier, la politique d’inclusion à - et par - la culture devrait être mieux articulée
avec d’autres politiques publiques telles que l’éducation nationale. La faible diffusion des
spectacles et la difficulté à augmenter le nombre de représentations constituent un autre point
faible : une partie des productions bénéficiant de financements publics n’est que très peu
diffusée en raison notamment des systèmes d’aides centrés sur le renouvellement de la
création. La Cour souligne qu’une évolution des modes de production, de programmation et
de diffusion, mais aussi des cadres réglementaires et des pratiques doit être engagée, et que
seule une approche globale – en lien avec les DRAC et l’ensemble des partenaires concernés
(État, collectivités, lieux labellisés et non labellisés, compagnies) – permettra d’engager les
évolutions souhaitables.
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