La société HESTIA a en charge le volet de la réhabilitation des biens acquis par le fonds FAALEC, en logements sociaux, lesquels sont ensuite gérés par l’association Le Relais. Le capital de HESTIA est contrôlé par l’association Le Relais, qui a également nommé son président ainsi que son directeur général à la direction d’HESTIA et mis à disposition un de ses salariés pour le pilotage des projets de travaux.
Le volet opérationnel des réhabilitations n’appelle pas de remarques. La société s’est entourée d’un réseau d’expertise avec le bailleur France Loire et dispose d’une commission de sélection des projets ainsi que d’une commission d’appel d’offres. Elle a obtenu l’agrément « maîtrise d’ouvrage d’insertion » qui lui donne accès à des financements spécifiques tout en garantissant la destination sociale des projets. Quatre projets ont été validés pour un montant de travaux proche de six millions d’euros.
Cependant l’ampleur de ce programme de réhabilitations suscite des inquiétudes. Les capitaux propres d’HESTIA restent limités (capital de 31 000 €) au regard du nombre de projets (études, diagnostics, ébauches) qui doivent être préfinancés puisque les financements extérieurs ne seront disponibles qu’à partir du démarrage des travaux. Dans ce contexte, la situation financière est dégradée ce qui a contraint Le Relais à soutenir HESTIA par le biais d’avances de trésorerie et de créances fournisseurs pour un total qui s’élevait à 415 000 € en février 2022. Le FAALEC, également actionnaire d’HESTIA, lui a aussi effectué une avance de trésorerie de 50 000 €.
Cette situation financière, correspondant certes au démarrage de la société, confortée par des avances de trésorerie conséquentes au regard des capitaux propres, interroge sur le processus de décision. En effet, les projets ont été validés sans qu’aient été produits pour le conseil d’administration les éléments d’analyse nécessaires tels que plans d’affaires et états financiers, pour suffisamment mesurer les risques et étayer les décisions.
Mais à la clôture de l’exercice 2021, la chambre constate que, même avec les avances de trésorerie de ses actionnaires, HESTIA ne pouvait plus assurer le service de la dette. HESTIA est actuellement dans l’attente de l’intervention d’un nouveau financeur extérieur. Selon HESTIA, ce besoin en trésorerie était cependant anticipé avec le démarrage de la structure d’assistance à maîtrise d’ouvrage d’insertion.
Par ailleurs, les premiers bilans provisoires sur l’avancement des projets soulèvent des questions en raison de l’incidence de l’inflation sur le coût des travaux et de la hausse des taux d’emprunt. Ainsi le projet d’une pension à Nevers, premier sur le calendrier des interventions d’HESTIA, n’a pas abouti dans la forme prévue et est en cours de redimensionnement.
A ces difficultés financières s’ajoute une externalisation de la gestion administrative dont la complexité a été sous-estimée et qui n’est pas complètement maîtrisée. Ainsi, la chambre constate qu’il y a des conventions de trésorerie irrégulières, des risques de conflits d’intérêts, des modalités du détachement de personnels à préciser. HESTIA a reconnu le caractère irrégulier de ces conventions de trésorerie et se propose de modifier la nature juridique de ces apports sous forme de traités d’apports entre associations avec droit de reprise.
La chambre formule plusieurs recommandations avec une priorité sur un examen précis des besoins de financement qui devront intégrer les risques liés aux opérations de réhabilitations tels que retards et augmentation des coûts.