Bâti essentiellement sur les recettes de billetterie et sur un mécénat important, le modèle économique de l’Établissement public du château, du musée et du domaine national de Versailles (EPV) a été frappé de plein fouet par la crise sanitaire. Les records de fréquentation de 2018 et 2019 qui en font le 2e site le plus visité de France, reposaient sur des visiteurs majoritairement étrangers, dont la baisse n'a pas totalement été compensée par le retour des nationaux en 2021. Soutenu par l’État et ses mécènes, l’EPV a cependant traversé la crise sans devoir ajuster profondément son programme de travaux ni ses frais de fonctionnement. La reprise, plus dynamique qu’escomptée, ne doit pas l’exempter d’une réflexion sur le niveau optimal de fréquentation. Ces réflexions devraient être formalisées dans le prochain contrat d’objectifs et de moyens. Dans ce cadre, il faudra veiller à ce que les moyens humains dédiés à la surveillance soient adaptés à la fréquentation et au nombre d’espaces visitables.
Le conseil d’administration doit être revitalisé car il ne joue pas pleinement son rôle d’espace de débat sur les activités consolidées et les orientations stratégiques de l’établissement et de la filiale CVS. De même, en dépit du poids budgétaire et de l’importance stratégique des projets immobiliers, le conseil d’administration en est peu saisi. Il a ainsi été mis devant le fait accompli du projet économiquement risqué du Campus des métiers d’arts et du patrimoine installé dans les Grandes Écuries. Plus généralement, si le suivi opérationnel des travaux est assuré, la superposition et l’enchevêtrement des documents de programmation et des sources de financement nuit à la lisibilité d’ensemble. La prise en compte tardive et à un horizon de dix ans d’un projet de réserves pourtant jugé prioritaire par la conservation fait partie des points d’étonnement. Il importe donc de l’inscrire au plus vite dans le schéma stratégique immobilier.
L’organisation et le fonctionnement de l’établissement sont globalement solides mais perfectibles. Contrastant avec l’importance et le prestige de l’établissement, le formalisme et la rigueur doivent en effet être renforcés dans plusieurs domaines, qu’il s’agisse de la politique d’acquisition du musée, des multiples conventions d’occupation du domaine ou de l’attribution et la gestion des quelques 160 logements de fonction. Sur ce point, on relève des progrès concernant notamment la réduction du nombre de concessions pour nécessité absolue de service et la rénovation de certains logements parmi les plus vétustes. Il est cependant impératif de mettre en place les règles assurant le respect des conditions d’octroi des logements et de veiller à assurer une cohérence entre les valeurs de marché et les valeurs locatives retenues.


