Créée en 1962 à l’initiative des pouvoirs publics sous la dénomination AFTAM, Coallia est devenue au fil du temps un des opérateurs nationaux de référence dans le logement des travailleurs migrants et l’hébergement de populations fragiles (réfugiés, personnes en situation de précarité). Elle a été mise en danger, dans sa survie et son intégrité, par une politique de croissance menée dans les années 2010 sans maîtrise ni contrôle.
A partir de 2017, l’association a certes profondément remanié sa gouvernance et sa direction. Mais elle n’a mené à terme aucune réforme de fond dans son organisation, sa gestion et ses outils, laissant ainsi perdurer de nombreux dysfonctionnements. Mobilisée par la forte croissance de son activité d’hébergement d’urgence, liée aux nombreuses sollicitations de l’État pour répondre aux crises migratoire et sanitaire successives, Coallia ne s’est jusqu’à présent pas interrogée sur les choix stratégiques clairs qui doivent être faits. À défaut de cette indispensable démarche, la croissance actuelle de son activité en volume risque de prendre la forme d’une fuite en avant.
De même, grâce à des mesures de redressement d’urgence prises à partir de 2017, l’association a pu éviter la cessation de paiements en dégageant quelques liquidités de court terme. Mais elle apparaît à ce jour exposée à de nombreux défis qui mettent à l’épreuve sa viabilité à terme : croissance rapide des redevances payées pour l’occupation de locaux dont elle est devenue locataire après en avoir cédé la propriété, obligations majeures de modernisation du parc immobilier encore détenu en propre et souvent vétuste, fragilisation accrue de l’activité d’habitat social adapté, pôle historique de l’association devenu très déficitaire, perte de visibilité sur l’évolution des recettes, dont une part désormais majoritaire provient de subventions publiques annuelles qui ne sont assorties d’aucune garantie de reconduction, fortes tensions sur les coûts de structure et d’exploitation, etc.
Il importe en conséquence que des mesures de redressement soient prises dans les délais les plus brefs par l’association, et que les services de l’État eux-mêmes, en tant que commanditaires et financeurs principaux de Coallia, exercent une vigilance toute particulière dans le suivi des restructurations à mener, qui seules sont à même de garantir la pérennité de Coallia.