Une agglomération de plus de 300 000 habitants comme celle de Tours génère de très nombreux besoins de déplacement et soulève des enjeux d’aménagement du territoire et de cohésion sociale. Des efforts ont été fournis pour améliorer les dessertes mais force est de constater que le territoire de Saint-Pierre-des-Corps n’a pas, jusque-là, bénéficié d’investissements du type transports en site propre (tramway et bus à haut niveau de service, bénéficiant de voies réservées).
Afin de fonder son approche stratégique comme sa gestion courante, le syndicat des mobilités de Touraine (SMT) a mené des enquêtes approfondies et développé des outils pertinents.
Deux évènements majeurs déterminent la situation du transport urbain tourangeau
La crise sanitaire a eu un effet évident sur l’offre et la fréquentation du réseau. Les recettes n’ont dépassé qu’en 2023 leur niveau de 2019. Les habitudes de mobilité évoluent, ce qu’une enquête de mobilité après celle conduite en 2019, devrait prochainement confirmer et ce que le nouveau plan de mobilité devrait affiner.
La chambre relève que, sans cette crise sanitaire, une baisse de la fréquentation était néanmoins anticipée en raison des choix tarifaires de l’établissement. La politique tarifaire du SMT, davantage que celle d’autres réseaux comparables, est fondée sur des critères d’âge et de revenus des foyers. Le déficit à la charge du SMT s’est accru en raison de l’inflation des coûts (+ 12 % depuis 2019 ; 45 M€ en 2022) et de la stabilité des tarifs. Une évolution de la tarification, différentiée selon les types de publics, est annoncée par le syndicat pour l’été 2024.
Une évolution majeure de l’offre, y compris de bus, devait se produire lors de la mise en service de la deuxième ligne de tramway prévue au 1er janvier 2025. Il n’en sera rien compte tenu du décalage de sa mise en service prévue en 2028. Les tenants et aboutissants du changement de tracé sont détaillés dans un autre rapport de la chambre relatif à l’organisation et aux finances du syndicat des mobilités de Touraine. Par ailleurs, le transport à la demande connait un certain succès, même si son équilibre économique n’est pas appréciable au vu des éléments dont dispose le syndicat. En réponse à la chambre, ce dernier indique que le futur contrat de délégation devrait permettre un suivi économique plus précis.
Les recettes de trafic, un atout et une fragilité
Le bon niveau de couverture des dépenses par les recettes de trafic signifie une plus grande sensibilité de l’équilibre financier à la conjoncture, comme la crise pandémique de 2020-2021 l’a démontrée.
Le taux de fraude constaté est en augmentation. La chambre recommande des évolutions du dispositif, afin de mieux garantir l’effectivité du contrôle et la qualité de l’information publiée. Le président du syndicat annonce que des mesures ont été prises à cet égard et vont l’être dans le cadre du cahier des charges de la future délégation de service public.
Une analyse de la performance commerciale à conforter
La performance commerciale des lignes est hétérogène. L’offre hors du noyau urbain de l’agglomération parait d’une manière générale mieux préservée. Une analyse ligne par ligne reste essentielle, appuyée sur une approche pluriannuelle.
Indicateur de performance et in fine de coût, la vitesse commerciale se situe dans la fourchette basse des standards pour les deux principales liaisons assurées par la première ligne de tramway et l’actuelle ligne de bus à haut niveau de service. Le suivi de cet indicateur reste essentiel, en perspective de la mise en service de la deuxième ligne de tramway et de la reconfiguration du réseau de bus qui devrait l’accompagner.
La situation du réseau Fil Blanc à destination des personnes à mobilité réduite a été singulière en 2022. En effet, le service n’a pas pu être rendu à de nombreuses reprises en raison de dysfonctionnements majeurs de matériels roulants. Des mesures de substitution ont été mises en œuvre.
Un dispositif de suivi qualité à améliorer
Le SMT et le délégataire ont élaboré un dispositif complet de suivi de la qualité de service. Le dispositif de sanction des situations jugées inacceptables pour les usagers apparait pour autant peu opérant. Un retard conséquent a par ailleurs été constaté s’agissant de l’outil de suivi du réseau Fil Blanc.
En termes de résultats, la ponctualité et la régularité restent à surveiller et plus particulièrement sur la ligne desservie par un bus à haut niveau de service. Le retard pris dans le cadre du renouvellement des bus au gaz, généré en partie par la crise sanitaire, ainsi que des difficultés techniques rencontrées par le tramway ont provoqué une recrudescence des pannes, toutes lignes confondues.
Des perspectives d’augmentation des coûts liés à la lutte contre le changement climatique
Les transports publics participent par nature à la lutte contre le changement climatique. Le SMT y contribue spécifiquement en développant l’ensemble des mobilités actives et partagées sur l’agglomération de Tours. Leur succès génère néanmoins un coût financier, qu’il lui revient de canaliser.
Le choix du gaz pour le renouvellement des bus permettait d’optimiser les charges de fonctionnement du syndicat. À horizon de 10 ans, le syndicat devra renouveler ses bus avec des véhicules fonctionnant avec une autre énergie que le gaz. De nouvelles infrastructures seront nécessaires sans compter les incidences en termes de coûts de maintenance. Une autonomie plus réduite des véhicules électriques pourrait peser sur le dimensionnement de la flotte et des ressources humaines nécessaires. Le dépôt de bus de Saint-Pierre-des-Corps est de plus excentré par rapport à la zone de transport desservie. Le syndicat espère des avancées technologiques et une baisse des coûts.