Le présent contrôle s’est inscrit dans le cadre d’une enquête nationale sur la gestion quantitative de l’eau en période de changement climatique, menée par les juridictions financières.
Bien que la Corse connaisse des précipitations abondantes, de l’ordre de huit milliards de mètres cubes (m3) par an, elle se trouve de plus en plus exposée aux conséquences du changement climatique. Une baisse sensible des débits annuels moyens des cours d’eau depuis plusieurs années fragilise aujourd’hui ses ressources et nécessite la mise en œuvre d’une politique de gestion de l’eau adaptée.
L’office d’équipement hydraulique de Corse (OEHC), établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC) sous tutelle de la collectivité de Corse, est chargé de l'aménagement et de la gestion de l'ensemble des ressources hydrauliques en eau brute de l’île.
Les performances des ouvrages hydrauliques sont hétérogènes. Les rendements bruts des réseaux de distribution d’eau brute sont particulièrement médiocres en Haute-Corse, dans des territoires qui concentrent le plus grand nombre d’exploitations agricoles et qui sont particulièrement concernés par la vulnérabilité aux effets du changement climatique.
Les dysfonctionnements des compteurs chez les usagers de l’eau agricole, identifiés depuis plusieurs années, ne font pas l’objet d’un programme de remplacement à la hauteur des enjeux. Les écarts considérables, de l’ordre de trente millions de m3, relevés par l’OEHC entre les volumes d’eau agricole distribués et ceux facturés ne font l’objet d’aucune action correctrice. Le manque à gagner annuel est d’environ 3 millions d’euros (M€), alors même que la tarification de l’eau agricole est déjà inférieure de moitié à celle relevée dans les autres bassins suivis par l’agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse.
Les opérations structurantes en matière d’ouvrages hydrauliques sont portées par la collectivité de Corse. Les dépenses d’équipement réalisées par l’OEHC ont essentiellement concerné l’entretien et la réhabilitation des ouvrages existants. Certains programmes de travaux accusent des retards importants.
Le bilan de l’OEHC s’avère modeste sur les autres volets de la gestion quantitative de l’eau, notamment pour l’incitation au changement des pratiques. Des efforts commencent à poindre pour le suivi des masses d’eau.