Synthèse
Le projet d’établissement 2008-2012 du centre hospitalier universitaire (CHU) – Hôpitaux de Rouen a fait le lien entre sa stratégie et son schéma directeur du système d’information. Pour autant, le comité stratégique n’a pas su prioriser les projets, lors de l’allocation des moyens. Ce phénomène a été accentué par des changements d’organisation et de responsable. Les outils de pilotage illustrent ces lacunes : malgré un diagnostic rigoureux et une volonté plusieurs fois affirmée, l’optimisation des outils décisionnels est régulièrement repoussée, alors que la pérennité des logiciels actuels n’est pas garantie et qu’ils s’avèrent inadaptés au futur groupement hospitalier de territoire.
Les logiciels du centre hospitalier couvrent depuis longtemps la plupart de ses métiers. Ces outils sont cependant non pérennes et ne communiquent entre eux et avec l’extérieur qu’au prix d’une grande complexité. S’il a été capable d’impliquer ses utilisateurs autour de projets ambitieux, le CHU n’a pas su mobiliser toutes ses ressources pour assurer la croissance de son système d’information dans les domaines médicaux et soignants. Sur le fond, la complexité de l’informatisation des processus de soins et le changement culturel lié au passage des applications développées en interne aux progiciels maintenus par des prestataires externes n’ont pas été suffisamment accompagnés. Cette crise de croissance se traduit par des retards importants dans la mise en œuvre du plan de modernisation du système d’information, malgré les aides financières reçues au titre des plans nationaux « Hôpital 2012 » et « Hôpital numérique ».
Il ressort de l’analyse des principaux projets qu’une gestion rigoureuse des achats informatiques et une mobilisation de la maîtrise d’ouvrage ne suffisent pas à garantir des gains d’efficience. Qu’il s’agisse du projet portant sur les impressions, pourtant bâti sur une logique économique, ou du projet de numérisation de l’imagerie qui devrait être rentable en raison des économies de films, la faible culture du retour sur expérience et de l’évaluation a limité fortement les gains d’efficience. Le bilan au 31 décembre 2015 du dossier patient informatisé et interopérable est inquiétant : faute d’une gestion multidimensionnelle des risques, ce projet est en panne et fait peser un risque financier théorique de 10 millions d’euros (M€). Les mesures prises par l’ordonnateur en 2015 et l’engagement de la communauté hospitalière pour le mener à bien devraient permettre le redémarrage de ce projet en 2016.
Dans un contexte de rareté des ressources, la chambre recommande au CHU de mobiliser tous les gains d’efficience liés au SIH. Cette démarche suppose de s’appuyer sur une instance de pilotage réorganisée depuis décembre 2015 pour prendre des décisions sur le fondement d’évaluations médico-économiques. Elle implique d’adopter une approche territoriale du système d’information, conformément à la volonté du législateur. Elle passe par une gestion prévisionnelle des emplois et des compétences et de l’externalisation. Elle trouvera son aboutissement dans la relance du projet de modernisation du pilotage de l’établissement.
Principales recommandations
-
Elaborer un nouveau schéma directeur en veillant à dégager et à suivre quelques priorités stratégiques selon une trajectoire clairement identifiée.
-
Inclure les préconisations de l’audit à blanc sur la certification des comptes dans les priorités de son système d’information.
-
Définir un plan d’action afin d’adapter le système d’information du CHU à la mise en place des groupements hospitaliers de territoire prévue pour le 1er juillet 2016.
-
Relancer le projet d’optimisation du système de pilotage selon un calendrier précis et réaliste.
-
Régulariser la situation juridique des personnels informatiques gérés par la décision 92-36 du 13 mars 1992.
-
Réaliser un bilan coût/avantage de l’activité d’éditeur et de diffuseur en s’interrogeant sur la pérennité de cette mission consommatrice de ressources humaines.
-
Assurer un suivi de l’ensemble des risques liés au système d’information.
-
Prioriser les projets système d’information à partir d’études médico-économiques et d’analyses des gains d’efficience.