Contraint de recourir à un intérim médical coûteux le CHJC a vu sa capacité à investir sacrifiée au cours des dernières années
Soumis à une démographie médicale déclinante, le CHJC a recours à l’intérim médical, solution peu soutenable et extrêmement coûteuse pour les finances hospitalières. Ces dépenses ont représenté une fois et demi les dépenses d’investissement sur la période 2016-2021. Pour pérenniser son offre de soins, l’établissement est confronté au double défi d’une offre libérale en déclin dont il doit compenser les effets et d’une situation financière tendue entravant ses capacités d’investissement. Dans cette perspective, il doit développer des filières de soins pertinentes en dépit des difficultés qu’engendre le recours à des médecins intérimaires.
Intervenant dès 2015, la dégradation de sa situation financière a contraint le centre hospitalier Jacques Cœur à réduire son effort d’équipement. L’établissement n’a pu ainsi engager aucun des projets de construction figurant à son projet d’établissement 2016-2020 pourtant indispensables au renforcement de son offre de soins : création d’une unité de soins palliatifs, reconstruction de l’unité d’hémodialyse et de néphrologie et reconfiguration architecturale du service d’accueil des urgences insuffisamment dimensionné au regard du nombre de passages. Faute d’une capacité à investir suffisante, le centre hospitalier se trouve aujourd’hui face à un volume d’investissements conséquent constitué à la fois de projets reportés et de besoins d’investissement émergents (travaux de mises aux normes de sécurité et acquisitions d’équipements nécessaires à la modernisation du plateau technique).
Cette faible capacité d’investissement s’explique par un cycle d’exploitation structurellement déficitaire notamment lié aux difficultés que rencontre le centre hospitalier en matière de gestion du personnel médical. Fragilisé par une pénurie de praticiens, l’établissement est en effet contraint de recourir de façon soutenue et coûteuse à l’intérim pour maintenir son offre sans pouvoir parallèlement développer ses activités et générer des recettes supplémentaires. Le centre hospitalier a cependant déployé un réel effort de maîtrise des charges pour tenter de compenser l’augmentation des dépenses d’intérim médical et l’atonie des recettes ce qui a permis de contenir le déficit d’exploitation
Confronté à la pénurie d’effectifs et à l’inflation, le CHJC doit pourtant désormais investir dans ses projets d’avenir en s’appuyant sur l’aide d’autres financeurs, notamment l’État
Aujourd’hui, le CHJC doit faire face à deux défis majeurs qui conditionnent le maintien de l’offre de soins ainsi que son adaptation. Il doit en effet, d’une part, composer avec une pénurie croissante de personnels non médical qui amplifie les effets du sous-effectif médical récurrent et, d’autre part, depuis 2022, gérer les conséquences à partir de 2023 d’une inflation qui fragilise le compte d’exploitation
Confronté à des besoins d’investissements nouveaux (restructuration des urgences, construction unité hémodialyse et restructuration hémodialyse, extension capacitaire de l’unité de soins critiques) et de renouvellement des bâtiments et des équipement techniques médicaux (bloc opératoire), le CHJC doit pourtant poursuivre ses investissements.
Soutenu financièrement dans le cadre du volet « Soutien à l’investissement » du Ségur de la Santé[1], il est aujourd’hui nécessaire de concrétiser dans les meilleurs délais les projets structurants hérités du projet d’établissement 2016-2020. L’engagement rapide de ces projets permettra de limiter l’incidence de l’inflation sur leur coût et de faire profiter plus rapidement l’établissement des bénéfices qui en sont attendus, tant en termes de recettes qu’en termes de qualité de la prise en charge et des conditions de travail.
Les tensions sur les effectifs médicaux et paramédicaux, l’inflation qui semble s’installer durablement, l’absence de réserves financières et une capacité d’autofinancement insuffisante, montrent la nécessité pour l’établissement d’obtenir un accompagnement financier pour continuer à investir et maintenir la qualité de son offre.
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[1] Engagement pris par le Gouvernement en juillet 2020, le Ségur de la santé prévoit un investissement de 19 milliards d’euros dans le système de santé sur dix ans, composé de 9 milliards pour financer les grands projets et l’investissement du quotidien dans les établissements de santé, 6,5 milliards pour le désendettement des hôpitaux, 1,5 milliard pour la modernisation des Ehpad et 2 milliards pour le numérique. Ces enveloppes ont été confiées aux ARS sur l’ensemble des pans du système de santé pour qu’elles puissent définir une stratégie régionale donnant de la visibilité sur les projets prioritaires sur la période 2021-2029 pour leurs territoires. Ces enveloppes visent tous les champs – hospitalier, santé mentale, médico-social, public ou privé.