La première ambition du plan d’aménagement et de développement durable est d’anticiper les évolutions démographiques ainsi que les zones d’extension de l’urbanisation correspondantes, tout en mettant en œuvre le principe de zéro artificialisation nette (ZAN). Alors que Saint-Pierre est la première ville de La Réunion à répondre cette obligation, il apparaît que les hypothèses de croissance démographique et les modalités de calcul de l’artificialisation des sols que la commune a retenu lui sont plus favorables que celles définies dans le schéma régional d’aménagement de La Réunion et dans le schéma de cohérence territoriale de l’intercommunalité, ce qui amoindrit la portée de son objectif de maîtrise de l’urbanisation.
La ville doit également promouvoir le développement économique et touristique de son territoire tout en protégeant et en valorisant son patrimoine et ses espaces naturels, agricoles et forestiers. La recherche de cet équilibre territorial entre les prescriptions environnementales et la réalité opérationnelle des projets d’urbanisation reste encore déséquilibré, comme l’indique la nécessité pour la commune de procéder à une première révision de son PLU moins d’un an après son adoption. Le souhait affiché par la commune de porter un éco-PLU butte sur la mise en œuvre de mesures concrètes en faveur d’un aménagement véritablement écologique de son territoire.
Au niveau de son aménagement opérationnel, la commune maîtrise depuis de nombreuses années un large éventail d’outils contractuels tels que les zones d’aménagement concertées (ZAC), le nouveau programme national de renouvellement urbain (NPNRU), l’action Cœur de ville, l’opération de revitalisation de territoire, le droit de préemption urbain ou la délégation du domaine public maritime. Mais la pratique de ces différentes procédures requiert des efforts de coordination avec l’ensemble des acteurs concernés, au premier rang desquels les services de l’État. L’exemple du NPNRU de Bois d’Olives illustre les insuffisances de la contractualisation qui ont limité les ambitions de la ville en matière de renouvellement urbain à une participation financière de l’Agence nationale de renouvellement urbain (ANRU) consacrée essentiellement à la réhabilitation et à l’extension de deux écoles primaires communales.
Pour compenser la faiblesse de ses co-financements, la collectivité doit renforcer la programmation pluriannuelle des ses investissements pour anticiper la charge budgétaire de sa politique d’acquisitions foncières, de protection du littoral, de rénovation du centre-ville ainsi que de la construction du nouveau centre administratif municipal qui représente, avec un coût de total 41 M€, le premier effort financier de la commune pour les prochaines années.
Cette période de raréfaction des ressources et des subventions contraint la commune à devoir faire des choix qui sont illustrés notamment par une construction de logements moins dynamique que la création de zones d’activités économiques et commerciales. La ville de Saint-Pierre devra relancer, en lien avec l’intercommunalité et les bailleurs sociaux, une véritable politique de l’habitat et atteindre les objectifs définis dans le cadre du contrat de mixité sociale.
La chambre formule deux recommandations à l’occasion de ce second cahier.