Depuis 2015, sa situation financière s’est très nettement redressée. Fin 2019, hors transferts de compétences dont les effets sont limités, l’épargne brute est de 275 M€, contre 106 M€ en début de période, son endettement, sécurisé, a diminué de 217 M€ et sa capacité de désendettement est passée de 13,3 années à 4,3 années.
Ces résultats sont imputables, avant tout, au dynamisme des recettes de fonctionnement, servi par une conjoncture économique favorable, dont principalement les droits de mutation à titre onéreux, qui ont progressé de 93,5 M€. La collectivité a, par ailleurs, décidé d’augmenter le taux de la taxe foncière sur les propriétés bâties et a ainsi perçu 104 M€ supplémentaires. Le département a bénéficié, par rapport à la période 2010 à 2015, du ralentissement de la progression des dépenses sociales. Son effort de maîtrise des charges a également contribué au rétablissement de l’épargne.
Toutefois, en 2019, les décisions prises en matière de recrutement tendent à rigidifier ses charges de fonctionnement et à limiter ses marges de manœuvre pour l’avenir.
Depuis 2016, le département a privilégié, en matière d’investissement, la conservation de son patrimoine, en limitant le niveau de ses dépenses d’équipement. Il les a financées avec ses ressources propres et s’est désendetté d’environ 200 M€.
En 2020, les effets de la crise sanitaire devraient être mesurés au regard des montants engagés pour faire face à celle-ci et des premiers résultats en matière d’encaissement de recettes. La diminution de l’épargne attendue, de 80 M€ par rapport à 2019, ne bouleverse pas en profondeur les équilibres financiers du département, même si les incertitudes restent très élevées sur la fin de l’année.
Au-delà, l’évolution des dépenses sociales, en particulier pour le revenu de solidarité active, l’allocation aux personnes âgées et l’augmentation de la contribution au service départemental d’incendie et de secours, ainsi que celle des recettes (notamment pour les produits des droits de mutation à titre onéreux, de la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises et des concours nationaux versés), sont susceptibles de dégrader l’épargne. Son pilotage prospectif est difficile à conduire dans les circonstances actuelles et appelle à la prudence, dans la mesure où il dépend principalement de ressources que le département ne maîtrise pas, et dont les règles nationales sont fréquemment modifiées.
Toutefois, le département du Nord dispose encore de marges de manœuvre en fonctionnement. La chambre l’invite, dès lors, à élaborer un plan prospectif d’économies pour améliorer l’efficience de la dépense, se prémunir d’un aléa important en ce qui concerne l’évolution à moyen terme de ses recettes et préserver le financement propre de ses investissements.