COMMUNIQUÉ DE PRESSE
Le 22 septembre 2021
Communication à la commission des affaires sociales du Sénat
LES SOINS CRITIQUES
La pandémie de Covid-19 a eu la particularité d’augmenter la pression sur les services
hospitaliers de soins critiques – services visant à prévenir, diagnostiquer et traiter toutes les
formes de défaillances d’organes vitaux chez des patients en situation critique dont le
pronostic est grave mais potentiellement favorable – et a accru leur visibilité. La crise
sanitaire a ainsi eu une fonction de révélateur des difficultés structurelles des services de
soins critiques. La Cour dresse un bilan du fonctionnement de ces services durant la période
de gestion de crise et formule une série de recommandations afin de surmonter les
difficultés identifiées.
Une crise sanitaire à laquelle les autorités sanitaires n’étaient pas préparées
A l’occasion de la pandémie de Covid-19, il est apparu que la prévention de pandémies
virulentes susceptibles de provoquer un afflux de patients en réanimation était un angle mort
des dispositifs de gestion de crise sanitaire, davantage orientés vers l’anticipation d’actes
terroristes, la lutte contre un virus de type Ebola, etc. Cependant, à compter de la mi-mars
2020, une transformation très rapide et à large échelle de lits de soins critiques et la création
ex-nihilo
d’unités de réanimation éphémères ont fait passer le nombre de lits installés de 5
080 en mars à 10 133 le 15 mai, avant de redescendre à 8 320 lits le 15 juin 2020. Cela a été
rendu possible par une déprogrammation nationale et durable des soins non urgents dont les
conséquences en termes de santé publique restent à évaluer, ainsi que par la mobilisation de
très nombreux renforts.
Si l’entre-deux vagues, à l’été 2020, n’a pas été marqué par des
décisions engageant des évolutions structurelles pour les soins critiques, la doctrine de gestion
de crise s’est affinée : pour les deuxième et troisième vagues, les autorités sanitaires ont
utilisé, mais de manière plus souple et régionalisée, les outils forgés durant la première vague,
qu’il s’agisse de déprogrammations ou de la régulation des dispositifs médicaux et
médicaments indispensables à la réanimation. La coopération entre public et privé, qui a
globalement bien fonctionné depuis le début de la crise sanitaire, a en revanche eu parfois
tendance à s’essouffler.
Une crise sanitaire qui a agi comme un révélateur des difficultés structurelles
de ce secteur
La crise sanitaire a mis au jour des difficultés structurelles : le nombre de lits de réanimation
s’est globalement stabilisé autour de 5 000 depuis 2013 alors même que l’activité n’a cessé
de progresser. Les personnes âgées de plus de 60 ans représentent les deux tiers des patients
pris en charge par les services de soins critiques, et le taux d’équipement s’est
progressivement dégradé au regard des évolutions démographiques. Les professionnels se
sont adaptés en agissant sur le taux de recours aux soins critiques et sur la durée moyenne de
séjour. Dans ce contexte, l’absence de progression du nombre de postes d’internes ouverts
aux épreuves nationales classantes (ECN), l’absence de formation spécifique des infirmiers à
la réanimation, l’absence aussi de reconnaissance des qualifications paramédicales et les
conditions de travail difficiles dans des unités qui voient décéder près d’un patient sur cinq,
agissent également comme des facteurs expliquant la stagnation des capacités d’accueil en
réanimation. L’offre de soins critiques est également marquée par de fortes inégalités entre
les régions.
Recommandations pour améliorer la situation des services de soins critiques
La Cour formule douze recommandations pour :
- tirer les enseignements de la gestion de crise, notamment en évaluant les conséquences
des déprogrammations, des transferts de patients et du renoncement aux soins durant la
première vague de Covid-19 ;
- réformer l’organisation des soins critiques, notamment en définissant au niveau national les
indicateurs de suivi de l’activité programmée et non programmée en soins critiques, ou encore
en informatisant toutes les unités de soins critiques et en garantissant l’interopérabilité des
systèmes d’information ;
- anticiper les besoins futurs en matière de soins critiques, notamment en amplifiant le
nombre de postes ouverts aux épreuves classantes nationales (ECN) en médecine intensive et
de réanimation comme en anesthésie-réanimation, afin de tenir compte de l’augmentation
des besoins en soins critiques.
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