Une grande hétérogénéité des maisons d’opéra en France
Situées essentiellement dans les métropoles, les maisons d’opéra sont les héritières de la politique culturelle et d’attractivité des villes, dont elles constituent toujours un élément majeur. En raison d’une diversité des statuts déterminant leur mode de gestion, et de leurs composantes artistiques, ces entités ne représentent pas un ensemble homogène. La gestion en régie reste le mode dominant alors que le statut d’établissement public de coopération culturelle, plus adapté à une transparence de gestion et aux missions des maisons, reste marginal. Cette diversité des situations se retrouve dans les labels et appellations délivrés par le ministère de la culture en fonction notamment des composantes artistiques et des obligations de programmations et de créations. Les différences entre ces labels et appellations sont peu lisibles.
Une offre culturelle fragilisée malgré sa qualité
La méconnaissance de leur public constitue un frein à l’évolution des maisons d’opéra. Elles doivent en effet relever le défi de renouveler leur public en adaptant leur offre, tout en disposant de moyens de production de plus en plus contraints. La connaissance des publics est pourtant essentielle aux choix de programmation des spectacles et à la mise en œuvre d’une politique tarifaire adaptée. L’offre culturelle des maisons doit ainsi répondre à un besoin de diversification des audiences et de création artistique. Cette diversification géographique, sociologique et générationnel des publics peine à prendre forme. Le public reste concentré dans les métropoles ; les actions en direction des jeunes -notamment du public scolaire- ne touchent qu’un nombre limité de classe, malgré des initiatives de qualité. La Cour recommande notamment d’améliorer cette connaissance des publics, en assurant un suivi régulier par des enquêtes externes afin de construire des politiques tarifaires adaptées et une stratégie d’attractivité.
Définir une stratégie de coordination commune entre l’état et les collectivités territoriales
Les financements de l’État en faveur des maisons d’opéra sont concentrés sur l’Opéra national de Paris, opérateur du ministère de la culture. Les subventions attribuées aux maisons d’opéra en région par le ministère ne sont pas cohérentes avec les labels et appellation qu’il attribue : le montant de ses subventions n’est pas fixé en fonction du cahier des charges de chacun des deux labels (« opéra national en région » et « scène lyrique d’intérêt national ») et de l’appellation « scène conventionnée d’intérêt national ». De plus, l’Etat finance des maisons d’opéra qui ne bénéficient d’aucun label ou appellation. Il conviendrait par conséquent de clarifier les critères retenus pour l’attribution des subventions aux maisons d’opéra. Par ailleurs, le suivi des conventions signées avec le ministère de la culture est irrégulier, leur contenu incomplet notamment pour la connaissance des publics et les indicateurs ne permettent pas toujours d’en assurer une évaluation satisfaisante. Enfin, le ministère a conventionné avec la Réunion des opéras de France, en lui confiant notamment la collecte des données relatives au fonctionnement des maisons d’opéra (moyens financiers, programmation, fréquentation). Le rôle et la place de la ROF comme partenaire du ministère de la culture doivent être mieux définis dans la prochaine convention, tout comme les moyens de remplir les missions qui lui sont confiées.