La Sopraf est une société publique créée par la région Pays de la Loire pour accueillir les touristes, assurer l’entretien et assurer une partie des travaux sur le site de l’abbaye de Fontevraud. Afin de donner à cette société les moyens de remplir ces missions de service public, la région lui verse autour de 2 millions d’euros par an et lui confie la perception des droits d’entrée du site.
Or, alors que l’abbaye accueille plus de 200 000 personnes par an, la Sopraf n’emploie en permanence que trois personnes. Ce très faible effectif s’explique par le fait que la société s’est déchargée de ses missions sur une autre structure, le GIE Fontevraud. Cette situation est anormale et doit être corrigée.
Le contrôle de la chambre a mis en évidence une méconnaissance grave des règles élémentaires de l’achat public. Ainsi, des entreprises ont obtenu de manière répétée des marchés sans publicité ni mise en concurrence, ce qui a eu pour effet non seulement de favoriser illégalement certains prestataires habituels mais aussi de dépenser plus que nécessaire.
Entre 2014 et 2016, la Sopraf a acheté pour plus de 300 000 € de mobilier, dont une cinquantaine de bancs à plus de 2 700 € pièce et des poubelles à 1 255 € pièce. Ces dernières, inadaptées à un site historique classé, ne sont pas utilisables et sont donc actuellement remisées.
En 2017, un véhicule de 15 places sans chauffeur qui devait permettre le transport de voyageurs du parking à l’abbaye a été acheté pour 275 000 € sans mise en concurrence. De surcroît ce véhicule autonome, à ce jour interdit de circulation sur la voie publique, ne peut remplir sa fonction.
La chambre a également identifié pour 28 070 € de dépenses portant sur des biens sans lien direct avec l’activité normale de la société (mobilier, livres, électroménager, informatique) et achetés principalement au 1er semestre 2016 par un ancien directeur. Ces biens avaient disparu du site de l’abbaye lors du contrôle de la chambre.
Enfin, la Sopraf a dépensé plus de 50 000 € pour financer des activités de réflexion, plus de 400 000 € pour développer les échanges entre entreprises autour de dispositifs modernes « d’expérience de visite » et plus de 800 000 € pour tester la mise en place d’un serveur informatique dans une cave du saumurois (« datacenter ») sans création d’emploi à ce jour, ni résultat économique probant.
Ainsi, la chambre constate que le contrôle exercé sur les activités de la Sopraf est déficient et invite tant le conseil d’administration que la direction à prendre des mesures correctrices de manière urgente.
Ce rapport fait suite au rapport portant sur l’association Fontevraud Centre culturel de l’Ouest publié en mai 2018 et à celui sur la SASU Fontevraud Resort publié en janvier 2018. Il sera suivi prochainement par la publication des travaux de la chambre sur le GIE Fontevraud.