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Office municipal de tourisme d'Ajaccio (Corse-du-Sud)

CRC CORSE

La chambre régionale des comptes de Corse a procédé au contrôle des comptes et de la gestion de l’office municipal de tourisme (OMT) d’Ajaccio, au titre des exercices 2010 à 2016, dans le cadre du programme de contrôle de la chambre pour 2016. L’OMT d’Ajaccio n’a fait l’objet d’aucun contrôle antérieur de la chambre.

L’OMT d’Ajaccio était un établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC) créé en 1995 par une délibération du conseil municipal d’Ajaccio. Son activité s’est étendue au territoire du Pays ajaccien, dans le cadre d’un partenariat avec la communauté d’agglomération du pays ajaccien (CAPA). L’OMT d’Ajaccio a également exercé, jusqu’en 2015, le rôle d’office pilote dans le cadre du pôle touristique du Pays ajaccien, créé à l’instigation de la collectivité territoriale de Corse (CTC) et de son agence du tourisme de la Corse (ATC). A la faveur de la loi portant nouvelle organisation de la République (NOTRé) du 7 août 2015, transférant la compétence en matière de tourisme aux intercommunalités, l’OMT d’Ajaccio est devenu l’office intercommunal de tourisme (OIT) de la CAPA.

Principal office de tourisme de Corse en termes de moyens humains et financiers, l’OMT d’Ajaccio est le seul à bénéficier, depuis 2013, d’un classement en catégorie I, par arrêté du président du conseil exécutif de Corse.

Principale porte d’entrée aérienne de la Corse avec 39 % du trafic insulaire, la commune d’Ajaccio se situe en deuxième position en matière de flux maritimes de passagers, représentant près de 24 % du trafic maritime régulier. A elle seule, elle attirait notamment plus d’un million de croisiéristes en 2016, soit 87 % du flux insulaire, sans toutefois que ce type de clientèle ne fasse l’objet d’activités de promotion ciblées de la part de l’office. Compétent pour observer la fréquentation touristique sur son territoire, l’OMT d’Ajaccio peine à disposer d’informations fiables sur l’hébergement touristique au sein du territoire ajaccien. Les données qu’il recense sur les nuitées touristiques divergent de celles recueillies par l’institut national de la statistique et des études économiques (INSEE).

En 2016, la fonction d’observation du tourisme a été restructurée. Elle fait partie d’un vaste plan de réorganisation de l’établissement et des pratiques managériales, impulsé par la directrice de l’OMT d’Ajaccio nommée en début d’année. Cette réorganisation, qui repose notamment sur un mode de gestion davantage hiérarchisé et de nouveaux outils de pilotage de la structure a suscité des tensions auprès des représentants du personnel.

Bien que disposant d’effectifs permanents relativement stables, avec environ 12 salariés équivalent temps plein (ETP), en contrat à durée indéterminée (CDI), l’office a subi, entre 2010 et 2016, une augmentation substantielle de ses charges de personnel, de près de 50 %. Celle‑ci s’explique par le recours à de nombreux travailleurs saisonniers, chargés de renforcer la mission d’accueil et d’information des touristes se présentant à l’office. Or, la chambre relève que la fréquentation physique de l’établissement a baissé de 57 % durant cette période. Aucun débat au sein de l’organe délibérant de l’office ni explication n’est venu analyser cette contradiction.

Représentant 70 % des charges de gestion courante de l’établissement, les dépenses de personnel pèsent d’autant plus sur la situation financière de l’OMT d’Ajaccio que ce dernier est tributaire de la subvention versée par l’autorité de tutelle - la commune d’Ajaccio - qui assure près des deux tiers des recettes d’exploitation de l’office. La réduction progressive de l’engagement financier de la tutelle, initiée en 2014, dans la perspective de la transformation de l’office en établissement intercommunal, n’a été que partiellement compensée par l’effort financier de la CAPA. Le reversement du produit de la taxe de séjour perçue par la commune d’Ajaccio paraît insuffisant, à l’issue de l’exercice 2016. Enfin, en représentant moins de 10 % des recettes de l’office, les ventes de produits et de prestations soulignent le décalage entre le statut juridique, industriel et commercial, de l’établissement et la réalité de son activité commerciale.

La chambre relève également le caractère incomplet de l’information financière présentée par l’OMT d’Ajaccio qui porte atteinte à la fiabilité de ses comptes. L’absence de présentation d’un rapport financier à la collectivité de tutelle, de comptes administratifs complets et de déclaration de bénéfices commerciaux illustrent ces difficultés.

Enfin, la chambre souligne la qualité insuffisante de l’évaluation de l’activité de l’office et l’adoption tardive d’une stratégie de promotion pourtant prescrite par le code du tourisme. Cela vise particulièrement les activités de promotion de l’office, dans les domaines du tourisme littoral et du tourisme d’affaires. Un effort d’information sur les activités commerciales de l’office est en revanche relevé, même si l’impact des initiatives prises en matière d’organisation de manifestations culturelles, de visites guidées, et d’application numérique demeure limité.