Sort by *
Publications

Publications

Musée des Confluences (Métropole de Lyon) - Enquête thématique relative à la gestion des musées

CRC AUVERGNE-RHÔNE-ALPES

Le contrôle du musée des Confluences s’inscrit dans le cadre d’une enquête thématique conjointe avec la section du Piémont de la Cour des comptes italienne, relative à la gestion des musées.

Au terme d’un projet initié dans les années 1990, le musée des Confluences, qui était fermé depuis 2007, a réouvert ses portes en décembre 2014 dans le nouveau bâtiment qui lui était destiné. Celui-ci a été construit par le conseil général du Rhône pour un coût de 314 M€ et est devenu propriété de la métropole de Lyon en 2015 lors de la création de cette dernière. Il abrite plus de trois millions d’objets et a accueilli depuis sa réouverture plus six millions de visiteurs à ce jour, soit environ 630 000 visiteurs par an. Il est ainsi devenu le plus important musée de France installé en province. En 2022, l’établissement employait 91 agents (exprimés en équivalents temps plein et hors emplois externalisés que le musée estime à environ 100 postes) et disposait d’un budget de fonctionnement de 19,9 M€ dont 14,4 M€ de subvention versée par la métropole de Lyon.

Le présent rapport rend compte à la fois des résultats de l’enquête thématique et des conclusions de la chambre relatives à l’examen des comptes et de la gestion de l’établissement depuis 2014.

L’ENQUÊTE THÉMATIQUE

L’enquête thématique a montré que l’établissement remplissait tous les critères constitutifs de l’appellation musée de France dont notamment le fait d’inscrire, depuis une vingtaine d’années au moins, les grandes orientations de son action dans un projet scientifique et culturel, renouvelé en 2019 et validé par la direction régionale des affaires culturelles en 2020.
Le musée satisfait aussi pleinement aux critères centraux énoncés par la réglementation et portant sur les missions des musées (gestion des collections, leur accessibilité au public, en particulier par des actions d’éducation et de diffusion) dont le financement repose à la fois sur les usagers et les contribuables.

Les collections : conservation, étude, recherche et restauration

Toutes les collections sont enregistrées dans une base informatique unique qui est aussi utilisée pour le récolement et l’enregistrement de toute la documentation. Cet outil est aussi utilisé de façon dynamique pour retracer l’enrichissement des collections ainsi que la gestion des nombreux prêts.

Le premier inventaire stabilisé est celui établi dans le cadre des opérations de récolement de 2014. Les opérations dites de « post-récolement » conduisent en réalité le musée à effectuer un travail permanent d’achèvement des inventaires notamment pour les biens regroupés en ensembles complexes, à poursuivre la documentation des collections, à réaliser un inventaire détaillé des types et biens remarquables, à poursuivre la couverture photographique des biens et à fiabiliser la base de données.
 
Le centre de conservation et d’étude des collections abrite la grande majorité des objets constitutifs des collections du musée. Il répond aux standards de conservation et d’hygiène propres aux musées d’histoire naturelle et ses équipements permettent d’accueillir, dans de bonnes conditions, des chercheurs œuvrant dans différentes disciplines.

La protection du patrimoine du musée est d’autant plus efficace que les équipements de surveillance, de sécurité et de monitorage des entrées ont pu être installés lors de la construction du musée à partir notamment de dispositifs de connexion intégrés dans les bâtiments. Ces dispositifs facilitent grandement le monitorage des conditions climatiques de conservation ainsi que l’accomplissement des missions de surveillance et de sécurité pour la protection des bâtiments et des œuvres.

L’accessibilité au public

L’accès des différents publics au musée et aux contenus qu’il propose est d’abord assurée par une politique tarifaire permettant l’accès du plus grand nombre, notamment grâce à de nombreuses gratuités ou à des prix réduits. Les publics en situation de handicap et de précarité font l’objet d’actions spécifiques.

La fréquentation du musée est importante malgré les deux années de crise sanitaire.

Le bâtiment, qui permet d’accueillir des flux très importants de visiteurs, présente deux caractéristiques déterminantes pour la fréquentation du musée : cinq salles consacrées aux expositions temporaires propices au développement d’une offre thématique à proposer au public, diversifiée et renouvelée et un espace d’accueil très étendu où se tiennent de nombreux événements liées aux expositions ou à des rendez-vous culturels nationaux (fête de la science, journées européennes du patrimoine, nuit des musées).

A travers des partenariats nombreux et diversifiés, le musée parvient à susciter l’intérêt pour ses collections, tant auprès de ses pairs et d’institutions scientifiques de renom en France ou à l’étranger, qu’auprès des entreprises que le musée considère comme des usagers à part entière et auprès du public au sens large. En particulier, le musée accueille tout au long de l’année des événements qui contribuent à sa notoriété, sans objectif spécifique d’augmentation de fréquentation à ces occasions.

Des partenariats originaux avec des entreprises publiques ou privées coexistent avec des actions de mécénat et contribuent tout à la fois à l’accomplissement d’objectifs culturels et sociaux des entreprises et à l’élargissement des publics. Les partenariats et mécénats, qui représentent au mieux 8 % des recettes propres du musée ne conditionnent cependant pas les choix d’expositions ou d’événement du musée.

Education et diffusion

En termes de médiation et d’action éducative, le musée propose une offre spécifique aux expositions du parcours permanent, ainsi qu’une large palette de visites accompagnées et d’ateliers dont la conception est propre à chaque exposition temporaire à laquelle elles sont intégrées. Ces prestations bénéficient à plusieurs dizaines de milliers de visiteurs par an depuis l’ouverture du musée.
Par ailleurs, la fréquentation numérique du musée repose d’abord sur son site Internet qui est le premier vecteur de communication de son offre culturelle et de médiation, mais aussi sur la mise en ligne progressive des collections. Elle s’appuie enfin sur les différents relais différenciés que sont les médias sociaux.

Les usagers se montrent de façon constante satisfaits du musée au regard des prestations offertes en général et au regard de leurs propres attentes au moment de leur visite.

L’EXAMEN DES COMPTES ET DE LA GESTION DEPUIS 2014

Préféré au statut d’établissement public administratif, le musée a été érigé en établissement public de coopération culturelle (EPCC) exerçant un service public industriel et commercial en raison des souplesses de gestion qu’il offre, permettant, entre autres, le recrutement d’agents de droit privé, soit pour la réalisation de tâches nécessitant une présence continue d’effectifs stables, soit dans des domaines spécifiques tels que la médiation. Parallèlement, le principe d’une externalisation vers le secteur privé des fonctions d’accueil et de commercialisation, de sécurité et de maintenance a été retenu.
 
Ce choix de gestion détermine une forte imbrication entre l’action des prestataires de services et certains responsables des différents services du musée qui exercent une supervision quotidienne de l’exécution des prestations, leur conformité à la commande et leur évaluation.

La situation financière de l’EPCC est saine, même si elle reste très dépendante des apports et contributions de la métropole de Lyon dont la subvention annuelle d’exploitation représente près de 78,8 %, en moyenne sur la période, des produits de gestion.

La forte épargne dégagée par l’établissement lui permet de couvrir très largement ses investissements. De ce fait, le musée n’a pas de dette et son fonds de roulement ne fait qu’augmenter avec le temps.
La gestion du musée est maîtrisée et transparente. Les marges de progression concernent surtout la formalisation des procédures de gestion dont certaines sont particulièrement complexes. Cette formalisation est aussi attendue pour la gestion des systèmes d’information, mais aussi de la part des directions opérationnelles. Cet enjeu documentaire touche à la continuité du service public qui pourrait pâtir rapidement de l’éventuel départ d’agents très impliqués dans le fonctionnement du musée.

Par contre, la qualité élevée des documents présentés et le soin méticuleux apporté au fonctionnement de la gouvernance, mettent les administrateurs à même de prendre des décisions en pleine transparence et autonomie vis-à-vis de la métropole de Lyon qui est l’unique financeur de l’établissement et qui met à sa disposition tous les biens nécessaires à son fonctionnement.
Cette situation très particulière dont la métropole a hérité du conseil départemental du Rhône, fait du musée des Confluences un établissement sans coopération effective de la ville de Lyon ni d’autres collectivités locales, ni même de l’Etat, qui devrait y participer eu égard à son rayonnement régional et national. La question de cette participation est liée à une clarification nécessaire de celle des apports et contributions qui doivent garantir une autonomie financière pérenne à l’établissement.

RECOMMANDATIONS

  • Recommandation n° 1. Revoir les stipulations statutaires relatives aux apports et contributions des membres, en lien avec ces derniers.
  • Recommandation n° 2. Améliorer le contenu des procès-verbaux des réunions du conseil scientifique, formaliser ses recommandations et établir le rapport biennal sur les qualités scientifiques et muséales des activités du musée.
  • Recommandation n° 3. Élaborer et formaliser de manière écrite et détaillée le schéma directeur des systèmes d’information, la documentation relative à sa gouvernance, la cartographie des systèmes d’information, y compris celle des risques informatiques ainsi que le plan de reprise d’activité.
  • Recommandation n° 4. Établir un guide détaillé du fonctionnement de la régie de la billetterie, en collaboration avec le comptable public.
  • Recommandation n° 5. Mettre à jour le bilan de l’établissement en y intégrant la valeur des bâtiments et des œuvres d’art non comptabilisées, ainsi que les amortissements correspondants.