Le musée d’art Roger-Quilliot (MARQ) est labellisé « musée de France » : il est à ce titre notamment engagé à conserver scientifiquement et à valoriser des collections bénéficiant d’un statut protecteur, et à les rendre accessibles le plus largement au public.
Il est situé dans la partie nord-est de la ville de Clermont-Ferrand. Il fait partie des six musées relevant de la compétence de la métropole Clermont Auvergne Métropole, tous gérés en régie directe. Il occupe un bâtiment composé de plusieurs constructions, dont la restructuration et la restauration ont été confiées à l’architecte Adrien Fainsilber, associé à Claude Gaillard. Il a été ouvert au public en 1992. Une partie de ce bâtiment, l’ancienne chapelle des Ursulines, est classée monument historique. L’ensemble est spacieux, avec le parti pris de créer un espace ouvert et clair.
Le musée conserve et valorise des collections représentant quelque 20 000 items dans différents domaines des arts, du Moyen-Âge à l’époque moderne : peinture, sculpture, arts décoratifs, arts graphiques, photographies et documents historiques.
Un musée dans la dynamique métropolitaine
Par suite du transfert à la métropole de cinq musées en 2017 (le musée de la résistance ayant été précédemment déclaré d’intérêt communautaire), l’intercommunalité a créé un service dédié aux musées et au patrimoine au sein de la direction de la culture, avec l’objectif de les mettre en réseau.
Elle s’est dotée d’un « plan musées » en 2022, pour la période 2022-2032, qui s’inscrit dans le cadre du volet culturel du projet communautaire. L’action phare est la création d’un centre de conservation mutualisé, qui constituera un équipement moderne commun à tous les musées, dédié notamment aux activités de gestion et d’études des collections. Elle permettra en outre de dégager des espaces dans les musées eux-mêmes, qui pourront ainsi revoir les conditions d’exposition des collections et développer de nouveaux services aux publics. Ce sera particulièrement le cas pour le MARQ, qui accueillera à terme les collections textiles actuellement conservées par le musée Bargoin, pour les faire dialoguer avec les collections beaux-arts et proposer une lecture renouvelée des œuvres.
Si la stratégie métropolitaine pour les musées est clairement établie, le « plan musées », qui vise notamment le développement des publics, tant en volume que dans la diversité, n’affiche pas les cibles à atteindre pour répondre aux ambitions qu’il fixe et n’est pas doté d’indicateurs permettant d’en assurer le pilotage et mesurer les effets.
La gestion de six musées par la métropole n’a par ailleurs pas donné lieu à une réflexion sur les activités pouvant être mutualisées, en réponse notamment aux ambitions énoncées dans le « plan musées ».
Enfin, au regard des enjeux qui attendent le musée, celui-ci n’a pas actualisé son projet scientifique et culturel depuis son adoption en 2014. L’élaboration du nouveau projet, démarrée il y a trois ans, n’a pas encore abouti.
Une fréquentation modeste
En dépit d’une politique tarifaire privilégiant largement la gratuité, le musée apparaît faiblement fréquenté, au regard notamment des autres musées des Beaux-Arts situés dans des villes de plus de 100 000 habitants.
Il ne connaît pas ou peu le profil de ses visiteurs et se trouve ainsi démuni pour identifier les axes d’actions pour développer ses publics et les diversifier.
Les actions de médiation qu’il met en œuvre sont riches et empreintes de la volonté d’innover. Elles sont pour l’essentiel tournées vers les scolaires, laissant peu de place pour attirer d’autres publics.
Les expositions temporaires ont représenté entre 2018 et 2022 plus de la moitié des jours d’ouverture au public. Leur impact sur la fréquentation n’est toutefois pas analysé ; elles ne font par ailleurs pas systématiquement l’objet de budgets prévisionnels et de bilan financiers de qualité, permettant notamment de mesurer l’effort demandé à la collectivité pour les financer.
Des moyens limités, un coût maîtrisé
Les moyens alloués aux musées représentent moins de 2 % du budget métropolitain.
Les recettes sont marginales, eu égard à la fréquentation modeste et au faible niveau de services proposé. Les dépenses apparaissent quant à elles maîtrisées.
Le coût du service muséal n’est pas connu. Il représenterait en toute première approche a minima 52 € par visiteur, à rapprocher de la faible fréquentation et d’une structure des coûts dans laquelle les frais de personnel et de gestion du bâtiment sont logiquement prépondérants. Il est pris en charge pour l’essentiel par le contribuable, le visiteur en assumant moins de 3 %.
Coût brut du musée : 1 637 896
Coût net du musée : 1 553 802
Nombre de visiteurs 2022 : 31 425
Coût net par visiteur : 49,4
Coût brut par visiteur : 52,1
Une gestion des collections, professionnelle et reconnue
Les missions de connaissance et d’enrichissement des collections sont gérées professionnellement, de façon reconnue par les services de la direction régionale des affaires culturelles Auvergne-Rhône-Alpes.
Les collections gérées par le musée sont en revanche restées la propriété de la ville de Clermont-Ferrand, alors que, suite au transfert du musée à la métropole, elles auraient dû légalement être transférées en pleine propriété à la métropole.
S’agissant de la protection des collections, le musée n’a pas élaboré de plan de sauvegarde des biens culturels, qui devrait permettre de faire face à des situations menaçant les biens d’intérêt patrimonial. La sécurité des personnes apparaît assurée, le musée étant doté d’un plan Eta.Ré (établissements jugés sensibles par les services départementaux d’incendie et de secours), dont l’objectif est d’organiser une intervention coordonnée et rapide en cas de sinistres.
RECOMMANDATIONS
- Recommandation n° 1. : Préciser les objectifs du plan musées et les assortir d’indicateurs permettant d’en mesurer l’atteinte
- Recommandation n° 2. : Renforcer la mutualisation des activités entre les musées de la métropole
- Recommandation n° 3. : Se mettre en conformité avec l’obligation de transférer en pleine propriété les biens du musée en conséquence du transfert de compétence intervenu au profit de la métropole
- Recommandation n° 4. : Mener les actions permettant de signaler les œuvres manquantes
- Recommandation n° 5. : Mener une étude des publics permettant de mieux connaître leurs besoins et d’identifier les potentiels de développement
- Recommandation n° 6. : Développer les outils de médiation pour les publics non scolaires
- Recommandation n° 7. : Systématiser l’établissement de budgets prévisionnels et de bilans financiers pour les expositions temporaires
Dans sa réponse aux observations de la chambre, le président de Clermont Auvergne Métropole a indiqué qu’il prenait note des sept recommandations formulées, ainsi que des axes d’amélioration soulevés dans le rapport, et qu’une comitologie avait été organisée afin d’y répondre efficacement.