SYNTHÈSE
L’opéra de Marseille (1 800 places) et le théâtre de l’Odéon (800 places) ont été réunis en 2013 sous la direction d’un même directeur général. Ils sont gérés en régie municipale directe, c’est-à-dire comme un service de la ville de Marseille.
L’opéra et le théâtre ne disposent d’aucun projet stratégique. Aucun bilan annuel ne permet de retracer l’activité détaillée des deux équipements culturels. Ni l’orchestre, ni l’opéra ne disposent d’un label national. Depuis 2022, la commune émet toutefois le souhait de solliciter le label « opéra national en région ».
L’activité de l’opéra et de l’orchestre régresse au cours de la période examinée. La programmation, qui offre une large place aux spectacles lyriques, a vu le nombre d’œuvres et de représentations proposées se réduire au cours des cinq saisons examinées.
Le nombre de concerts symphoniques est également faible et l’orchestre se produit peu en dehors de Marseille. L’activité du théâtre a également diminué.
La fréquentation de l’opéra a été fortement affectée par la pandémie et le public tarde à revenir. Les modes de consommation ont également évolué. Le nombre d’abonnés diminue au profit d’achats de billets au coup par coup, moins propices à l’anticipation.
La fréquentation du théâtre de l’Odéon n’a pu être appréciée, la commune n’ayant pu produire aucune donnée de suivi dans le temps.
En l’absence de comptabilité analytique, la commune ne connaît pas le coût complet de ce service qui emploie pourtant plus de 350 agents et génère des dépenses de fonctionnement de plus de 20 millions d’euros (M€) par an, soit l’équivalent du budget de fonctionnement d’une commune de 15 000 habitants. À la différence d’autres opéras en région, les apports des autres collectivités et de l’État sont limités et la commune en supporte majoritairement le financement.
Les recettes des spectacles sont faibles. Certains spectateurs bénéficient de places gratuites qui ont représenté l’équivalent de 2 M€ en cumul durant la période sous revue. La commune n’a jamais délibéré pour en approuver le principe et ignore qui en sont les bénéficiaires, la plupart des places n’étant pas nominatives. Les tarifs sont bas, mais la commune ne peut les augmenter, au vu des conditions de confort qui devraient être améliorées. Les bâtiments, entrepôts et ateliers, sont dans un état avancé de dégradation.
En matière de ressources humaines, le recours aux intermittents est croissant, pour les besoins des spectacles et afin de pallier l’absentéisme des fonctionnaires, qui représentait près de 90 équivalents temps-plein avant la pandémie.
Le temps de travail effectif des agents techniques n’est pas contrôlé par la commune, qui accorde des jours de récupération sur des bases théoriques.
Les musiciens n’effectuent pas le nombre de services (répétitions et représentations) prévu par le règlement de travail de l’orchestre. En moyenne, ils n’en effectuent que la moitié ou les deux tiers. Certains d’entre eux cumulent plusieurs emplois à temps complet.
Les choristes ont une durée effective de travail inférieure à la durée annuelle légale de 1 607 heures. L’opéra n’est pas en mesure de les occuper à plein temps.
RECOMMANDATIONS
La chambre formule huit recommandations :
- Recommandation n° 1 : procéder à une analyse quantitative et qualitative des publics de l’opéra et du théâtre de l’Odéon.
- Recommandation n° 2 : mettre fin à la situation de précarité des agents vacataires qui remplissent une mission permanente pour la commune.
- Recommandation n° 3 : contrôler le temps de travail effectif des agents techniques.
- Recommandation n° 4 : mettre en adéquation les effectifs de l’orchestre avec son activité effective.
- Recommandation n° 5 : suivre le coût complet des activités de l’opéra et du théâtre de l’Odéon dans le cadre de la comptabilité analytique.
- Recommandation n° 6 : réaliser des bilans financiers d’exécution des contrats de coproduction.
- Recommandation n° 7 : délibérer sur les attributions de servitudes et invitations et assurer la traçabilité des gratuités.
- Recommandation n° 8 : intégrer les travaux terminés aux comptes d’affectation définitifs au bilan du budget annexe et procéder aux amortissements qui s’imposent.