Des choix différents dans les deux îles, quant aux méthodes de reconstruction et au degré d’intervention de l’État
L’ouragan Irma a frappé en septembre 2017 deux collectivités françaises d’outre-mer auxquelles leur statut particulier acquis en 2007 conférait une grande autonomie, notamment sur le plan fiscal. En matière de développement économique, la situation de Saint-Barthélemy est bien plus favorable que celle de Saint-Martin.
En raison de ces contextes différents, auxquels s’ajoutaient des dégâts plus lourds à Saint-Martin, le soutien apporté par l’État aux deux collectivités, ainsi que les méthodes choisies pour la gouvernance de leur reconstruction, ont été différents.
La collectivité de Saint-Barthélemy a supervisé et pris en charge sa reconstruction, l’État n’intervenant que ponctuellement pour assurer la continuité financière.
En revanche, la collectivité de Saint-Martin a bénéficié d’un soutien important de l’État et de ses opérateurs, tant en termes de financement que de renforcement de ses capacités humaines de gestion et d’ingénierie. Compte tenu des fragilités de son organisation administrative et technique et de la complexité des opérations à mener, il apparait a posteriori qu’une administration directe par l’État de la reconstruction aurait pu se justifier.
Une reconstruction quasi-terminée pour Saint-Barthélemy
La reconstruction du patrimoine détruit à Saint-Barthélemy est aujourd’hui bien avancée. Elle s’accompagne d’un effort important d’adaptation des bâtiments et des équipements afin de tirer les enseignements de l’expérience d’Irma.
Une reconstruction inachevée qui doit faire face à des défis importants à Saint-Martin
À Saint-Martin, la remise sur pied des bâtiments détruits est encore très partielle : moins de la moitié du parc de bâtiments et d’équipements est reconstruit, à l’exception des écoles et des lycées aujourd’hui presque tous remis à niveau. La faiblesse du socle de gestion de la collectivité l’a conduite à ne pouvoir obtenir que 25 M€ sur les 46 M€ alloués par le fonds de solidarité de l’Union européenne (FSUE) compte tenu, notamment d’un processus de commande publique défaillant.
L’achèvement de la reconstruction suppose que soient relevés plusieurs défis qui pèsent avant tout sur la collectivité et dans une moindre mesure sur l’État et ses opérateurs. Il est d’abord nécessaire de renforcer les capacités locales de maîtrise d’ouvrage et de commande publique, d’appliquer le plan de prévention contre les risques naturels en faisant respecter, tel que fait à Saint-Barthélemy, les règles de construction pour réduire les risques de répétition des effets de ce type de catastrophe. Il convient aussi de mieux mobiliser les ressources fiscales de la collectivité. Enfin, le maintien de l’appui technique de l’État restera déterminant, en gestion et en expertise.
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