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La Monnaie de Paris

COUR DES COMPTES

La Monnaie de Paris est un établissement public de l’État à caractère industriel et commercial (EPIC) sous tutelle du ministre chargé de l’économie. Héritière de l’ancienne direction des monnaies et médailles du ministère de l’économie, elle assure la frappe de la monnaie courante, c’est-à-dire les pièces d’euros nationales en circulation. Compte tenu de la décroissance du volume de pièces de monnaies commandées par l’État, l’établissement a été amené à rechercher d’autres leviers de croissance, notamment sur le marché des monnaies de collection et la frappe de monnaies métalliques étrangères. Il a connu un développement important de ses activités sur la période récente avec un chiffre d’affaires passé de 117,2 M€ en 2017 à 162,1 M€ en 2023. En 2024, dans un contexte où ses activités ont été particulièrement soutenues par les collections liées aux Jeux olympiques de Paris, son chiffre d’affaires a atteint 193,9 M€ et son résultat net 6,4 M€. À la suite du contrôle des comptes et de la gestion de l’établissement (2017-2024), la Cour souligne la fragilité du modèle économique, et relève des insuffisances sur les processus internes et la gestion des ressources humaines.

Des activités de frappe de monnaies courantes et de collection et de production de produits d’art avec une diversification dans le champ culturel

Si l’usage des espèces demeure encore majoritaire pour les paiements de proximité, les paiements par carte ou électroniques ont encore progressé à la suite de la crise sanitaire. La commande de l’État est en conséquence passée de 646 millions de pièces en 2019 à 461 millions en 2025. Un premier relais de croissance est fourni par la frappe de monnaies étrangères. Cette activité est néanmoins très concurrentielle, avec une pression sur les prix qui peut remettre en cause sa rentabilité, comme le montre le retrait du marché de deux concurrents étrangers de la Monnaie de Paris. Un autre relais de croissance est fourni par le développement des monnaies de collection. Celles-ci ont connu une forte croissance au cours de la période sous revue, passant de 43,8 M€ de chiffre d’affaires en 2017 à 65,9 M€ en 2023. Elles représentent aujourd’hui plus de 40 % du chiffre d’affaires de la Monnaie de Paris. Par ailleurs, la Monnaie de Paris, qui compte 480 salariés répartis entre son site parisien et son usine de Pessac, a cherché à diversifier ses activités. Elle a ainsi entrepris de valoriser davantage son patrimoine historique, l’Hôtel des monnaies, en développant son offre culturelle tournée vers le grand public, mais aussi la location de ses espaces, notamment des salons, pour des activités événementielles, dont le chiffre d’affaires est en nette croissance (1,3 M€ en 2024).

Une situation financière en amélioration mais qui reste fragile, un modèle économique à conforter

Malgré une croissance dynamique du chiffre d’affaires depuis 2021, atteignant 194 M€ en 2024, grâce notamment à l’activité générée par les Jeux olympiques de Paris 2024, le résultat net progresse lentement et la Monnaie de Paris devra se confronter dès 2025 à une baisse possible de son chiffre d’affaires et de son résultat. Les projets de diversification d’activités ont pris du retard. La production de monnaies de collection est sans doute l’activité la plus prometteuse ; dans cet objectif, la Monnaie de Paris devra veiller à répondre aux différents problèmes de qualité de la production rencontrés ces dernières années. Au-delà des mutations à mener à court terme, la Monnaie de Paris doit engager, le cas échéant avec l’État actionnaire, une indispensable réflexion sur la mutation de son modèle économique à moyen-long terme. 

Des procédures internes et un pilotage de la production insuffisamment maîtrisés, des problèmes de qualité de certaines productions

Sur la période récente, la Monnaie de Paris a dû faire face à des défauts de qualité sur certains de ses produits, liés notamment à des problèmes de tenue du vernis et d’oxydation. À ce jour, environ 220 médailles olympiques ont été retournées (sur 5 000). Par ailleurs, les calendriers de livraison des différents produits ne sont pas pleinement respectés, ce qui est susceptible de décaler les calendriers de lancement, ou de conduire à des ruptures de stocks qui érodent le chiffre d’affaires. 
D’autres incidents ont révélé l’insuffisante documentation des procédures internes, ainsi que des problèmes de non-conformité aux règles juridiques. Une frappe de 27 millions de pièces de 10, 20 et 50 centimes d’euros, effectuée à la fin de 2023, a dû être détruite pour non-conformité, la production de ces pièces ayant été lancée avant que le nouveau dessin de leur face n’ait été approuvé par les autorités européennes, comme le prévoient les textes. En 2024 également, la Monnaie de Paris a produit une pièce de collection d’une valeur faciale de 7,5 €, alors que cette valeur n’était pas autorisée par le décret en vigueur. Aussi, les processus de décision concernant le lancement de toute nouvelle production devront être formalisés. Ces constats soulignent la nécessité de refonder le contrôle interne et de créer une fonction d’audit interne.

Une gestion des ressources humaines dont la rigueur et le pilotage doivent être renforcés

La Monnaie de Paris a réduit ses effectifs de 10 % entre 2019 et 2022. Les charges de personnel ont diminué entre 2018 et 2020, mais sont ensuite reparties à la hausse, atteignant 32 M€ en 2022. Elles ont encore augmenté en 2023 (35,4 M€) et le projet de budget 2025 prévoit une nouvelle hausse, à 36,5 M€, alors même que les prévisions de chiffre d’affaires sont en décroissance. Par ailleurs, le recours récurrent aux ruptures conventionnelles, substituts au licenciement, et à des transactions avec les salariés quittant l’établissement s’avère coûteux, alors même que la rentabilité des activités de la Monnaie de Paris demeure limitée. Par ailleurs, les temps de travail ne sont pas pleinement respectés par les salariés au sein des ateliers parisiens. De plus, début 2025, ces derniers fonctionnaient encore sous un régime horaire dérogatoire mis en place à l’époque de la pandémie de covid-19, contribuant à réduire la productivité de l’établissement. Enfin, il est nécessaire de renforcer l’efficacité des politiques d’égalité professionnelle (rétablissement progressif de la parité au comité exécutif et réduction des écarts de rémunération) au sein de l’établissement.

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