ment à expliquer la croissance spontanée des prélèvements
obligatoires comme la croissance de la part des salaires du sec-
teur privé (cf. Haut Conseil des Finances Publiques, L’élasticité
L’étude couvre l
a période 2013-
2023. En effet, l’an-
née 2013 correspond à la date
d’entrée en vigueur
du traité sur la stabilité, la coordination et la gou-
vernance (TSCG), chaque État membre devant à
cette date disposer
d’
une institution indépendante
chargée de surveiller l’application des règles bud-
gétaires
. C’est aussi la date de mise
en application
du mécanisme de correction en cas de non-respect
de celles-ci.
La révision de la prévision de recettes est décom-
posée en plusieurs effets
, détaillés dans l’Annexe
II. Ceux-ci tiennent à :
i)
la précision des prévisions macroéco-
nomiques
pour l’année à venir
(effet
croissance en volume et effet défla-
teur),
ii)
la modification des prévisions des an-
nées antérieures (effet base) qui trou-
vent parfois leur origine dans des
changements méthodologiques opé-
rés par les instituts statistiques natio-
naux,
iii)
la fiabilité des prévisions des mesures
discrétionnaires (effet mesures nou-
velles),
iv)
l’analyse de la sensibilité de la crois-
sance des recettes à la croissance du
PIB (effet élasticité) qui intègre notam-
ment la qualité des modèles de prévi-
sion.
L’étude repose sur des statistiques descriptives
mais n’est pas une analyse économétrique
. Elle ne
cherche pas à établir un lien de causalité entre
l’ampleur
de la révision des prévisions et la pré-
sence ou non d’un
e IBI.
L’analyse montre un
accroissement des révisions
des prévisions de recettes
pour l’ensemble des
pays du panel depuis la pandémie de Covid 19,
signe d’une hausse généralisée de l’incertitude
. En
particulier, l’effet de la révision de la croissance no-
minale du PIB sur la révision des recettes a doublé
(passant de 0,3 pt de PIB sur la période 2014-2019
des prélèvements obligatoires au PIB : définition, interpréta-
tion et limites, Note méthodologique n°2023-01, février 2023).
31
Figurent dans le groupe de parangonnage, en plus de la
France (FR)
: l’Allemagne (DE), l’Autriche (AT), la Belgique (BE),
l’Italie (IT), l’Espagne (SP), le Portugal (PT) et les Pays
-Bas (NL).
32
La moyenne quadratique des révisions de prévision est la
racine carrée de la moyenne arithmétique du carré des révi-
sions de prévision sur la période.
12
|
La prévision des recettes publiques : qui fait quoi en Europe ?
à 0,7 pt de PIB sur la période 2021-2023
), l’effet de
la révision des mesures nouvelles a également dou-
blé (passant de 0,2 pt de PIB à 0,5 pt de PIB) et l’ef-
fet des révisions de l’élasticité a triplé (passant de
0,5 pt de PIB à 1,4 pt de PIB).
Graphique 1 : Ampleur des révisions des prévi-
sions de recettes imputables à la croissance en va-
leur, aux m
esures nouvelles (MN) et à l’élasticité
en moyenne dans les pays du panel
Source : CPO
Champ : huit pays européens
Note de lecture : moyenne quadratique des révi-
sions, en point de PIB sur les périodes 2014-2019
« avant covid » et 2021-2023 « après covid »
L’étude statistique
montre également que dans les
trois pays où une institution indépendante réalise
la prévision macroéconomique officielle (Autriche,
Belgique, Pays-Bas), qui est intégralement reprise
par le gouvernement, la révision des prévisions due
à une révision de la croissance en volume
est d’am-
pleur plus modeste en moyenne que dans les pays
où les institutions budgétaires indépendantes
n’as-
surent pas cette mission (
cf
. Graphique 2). Dans les
pays où l’IBI
réalise une prévision macroécono-
mique qui
n’est pas
reprise par le gouvernement
ou dans les pays où l’IBI ne réalise pas de prévision
macroéconomique, la part de la révision de la pré-
vision de recettes qui s’explique par une révision
de la croissance en volume est non seulement
d’ampleur
plus élevée mais également plus disper-
sée (
cf
. Annexe III).
Ce résultat est robuste à l’
ajout
de l’année 2020 dans la période considérée
.
Graphique 2 : Effet de révisions de la croissance
en volume sur les révisions des prévisions de re-
cettes selon les mandats des institutions budgé-
taires indépendantes
Source : CPO
Champ : huit pays européens
Note : moyenne quadratique des révisions, en
point de PIB. La « période avec Covid »
inclut l’an-
née 2020, la « période hors Covid » porte sur les
années 2014 à 2019 et 2021 à 2023.
Toutefois, dans les pays où une institution indé-
pendante réalise la prévision macroéconomique
officielle, l
’ampleur totale
des révisions des prévi-
sions de recettes
n’
est pas moins élevée en
moyenne que dans les pays où le gouvernement
réalise la prévision de recettes officielle. Ce résul-
tat s’explique essentiellement par l’ampleur des
révisions sur le chiffrage des mesures nouvelles,
sur lequel les institutions budgétaires indépen-
dantes disposent rarement d’information
s suffi-
santes au moment de leurs exercices de prévision.
Il tient aussi aux
révisions d’élasticité, surtout
après la pandémie de Covid 19, où les comporte-
ments des ménages et des entreprises ont connu
des modifications importantes.
Dans le seul pays
de l’échantillon
où une institution
indépendante réalise la prévision macroécono-
0,3%
0,7%
0,2%
0,5%
0,5%
1,4%
0,0%
0,2%
0,4%
0,6%
0,8%
1,0%
1,2%
1,4%
1,6%
1,39%
0,28%
1,85%
0,33%
1,87%
0,34%
0,00%
0,20%
0,40%
0,60%
0,80%
1,00%
1,20%
1,40%
1,60%
1,80%
2,00%
période avec
Covid
période hors Covid
la prévision macroéconomique est réalisée par un
institut indépendant
l'IBI réalise une prévision indépendante non reprise
par le gouvernement
l'IBI ne réalise pas de prévision macroéconomique
Note du CPO n
o
11, mars 2025
|
13
mique officielle et une prévision de finances pu-
bliques, à politique inchangée et avec évaluation
des effets des mesures discrétionnaires du gouver-
nement (Autriche),
l’ampleur
totale des révisions
de prévision de recettes
est plus faible qu’en
moyenne dans les autres pays où le mandat des
institutions budgétaires indépendantes est plus
restreint. Toutefois, ce dernier résultat est à inter-
préter avec prudence, compte tenu du faible
nombre d’
États européens
inclus dans l’échantillon
et de la présence de cette configuration institution-
nelle da
ns un seul d’entre eux
.
3. Les bonnes pratiques identifiées en Eu-
rope parmi les institutions budgétaires in-
dépendantes suggèrent des pistes
d’évolu-
tions possibles pour le HCFP.
Afin de consolider la crédibilité du budget, le rôle
du HCFP dans la gouvernance des prévisions de re-
cette pourrait évoluer. Les pratiques observées ail-
leurs dans l’Union Européenne suggèrent
quatre
axes complémentaires
d’évolutions
.
L’idée sous
-
jacente est de renforcer l’indépen-
dance opérationnelle du Haut Conseil et la trans-
parence des prévisions utilisées pour la confection
du budget. Toutes ces pistes peuvent, dans cer-
taines de leurs dimensions, conduire à un ajuste-
ment du cadre organique du HCFP, en tout état de
cause nécessaire pour mettre celui-ci en adéqua-
tion avec le nouveau cadre européen des finances
publiques. S’il va de soi que des interdépendances
existent entre ces axes, la présente note ne se pro-
nonce pas sur une combinaison précise de mesures
mais esquisse un panorama de marges possibles
d’amélioration susceptibles d’inspirer
le Gouverne-
ment et le Parlement à la lumière des bonnes pra-
tiques européennes.
Un premier axe d’évolution concerne
l’accès à l’in-
formation, y compris le degré de détail, les délais
de transmission et le temps laissé au HCFP pour
effectuer son analyse.
Dans plusieurs États (Au-
triche, Belgique, Italie), la loi impose la transmis-
sion systématique, sous forme électronique, des
bases de données et des codes de modélisation dès
33
Même s’
elle
n’effectue pas
elle-même le chiffrage des me-
sures nouvelles,
un rôle étendu de l’IBI dans la prévision des
recettes la positionnerait idéalement pour apprécier la soute-
nabilité budgétaire à moyen terme et exercer à partir de 2032
qu’ils sont disponibles, avec un préavis pouvant
in-
tervenir plusieurs mois avant la présentation du
budget. Pour avoir le temps d’étudier en profon-
deur les prévisions
–
bonne pratique constante ob-
servée dans toutes les IBI
–
, une option serait de
demander au Gouvernement, soit de rendre pu-
bliques, soit de transmettre au HCFP les données
des « budgets économiques » d’été et d’hiver (hy-
pothèses macroéconomiques, paramètres de mo-
délisation, etc.). Elle implique toutefois
d‘anticiper
en amont de ce processus l’information du mi-
nistre par son administration. En tout état de
cause, les délais actuels (une semaine) sont insuffi-
sants pour permettre au HCFP de se prononcer. Les
chroniques « à politique inchangée » élaborées par
l’administration pourraient aussi être systémati-
quement transmises, idéalement au fil de l’eau, ac-
compagnées de détails techniques sur la méthodo-
logie de prévision. Les précautions d’usage rela-
tives à la confidentialité des données
–
à l’instar du
protocol
e de sécurité appliqué par l’OBR au
Royaume-Uni
–
s’imposeraient naturellement.
Un deuxième axe concerne les
capacités tech-
niques
du HCFP afin d’améliorer son potentiel
d’analyse.
Disposer de capacités de prévision
propres confère une plus grande crédibilité aux
avis que les institutions budgétaires indépen-
dantes sont appelées à émettre. Les exemples de
l’Office for Budget Responsibility
au Royaume-Uni
ou du Bureau fédéral du plan en Belgique montrent
qu’une équipe d’une quinzaine à une trentaine
d’économistes permet de produire des prévisions
macroéconomiques complètes et, le cas échéant,
des projections des principales recettes à législa-
tion constante. À l’autre extrémité du spectre, cer-
taines IBIs se limitent à des contre-expertises quan-
titatives sur la base de micro-
modèles. L’étendue
des capacités techniques peut ainsi varier, allant de
la production d’une simple prévision macroécono-
mique portant sur les agrégats clés (croissance, in-
flation, emploi) à la réalisation de l’ensemble des
prévisions officielles utilisées pour élaborer le bud-
get, y compris l’impact estimé des mesures nou-
velles
33
.
La montée en puissance de ses capacités de prévi-
sion impliquerait, pour le HCFP, un accès sécurisé
aux bases de données administratives (cf. ci-des-
sus). En mi
roir, il convient d’éviter qu’un rôle accru
dans les meilleures conditions le suivi annuel du PSMT prévu
par le nouveau cadre européen.
14
|
La prévision des recettes publiques : qui fait quoi en Europe ?
de l’IBI dans la prévision officielle ne réduise la ca-
pacité de l’administration à capter et
à mobiliser
les informations nouvelles nécessaires pour reflé-
ter le meilleur état des informations macroécono-
miques et
comptables à date, ou n’alourdisse ex-
cessivement le processus budgétaire. Une commu-
nication ouverte et continue entre les équipes du
ministère des finances et celles du HCFP serait en
tout état de cause essentielle au succès d’une
éventuelle réforme dans ce sens.
Le troisième axe d’évolution a trait au
vecteur
d’influence du HCFP sur les prévisions
.
A minima
,
une institution budgétaire indépendante formule
pour une date donnée un avis sur les prévisions of-
ficielles. Il faut alors compter exclusivement sur la
réputation et la stature institutionnelle de l’IBI
dans le débat public pour espérer que son avis soit
pris en compte. Plusieurs pays
–
dont l’Italie (UPB)
les Pays-
Bas (CPB) et l’Espagne (AIReF) –
appli-
quent une version plus contraignante du principe
«
se conformer ou s’expliquer
» : toute divergence
substantielle doit alors être motivée dans les docu-
ments budgétaires et discutée devant le Parle-
ment. Obliger le gouvernement à justifier d’éven-
tuels écarts par rapport à l’avis de l’IBI renforce la
visibilité des analyses de cette dernière et vise à in-
citer le gouvernement à mieux justifier ses choix
sans pour autant le contraindre. Dans le cas du
HCFP,
l’application de ce principe pourrait être for-
malisée davantage. Le Gouvernement serait par
exemple tenu d’expliquer précisément, dans les
documents budgétaires, les raisons d’un éventuel
écart avec l’avis du Haut Conseil, afin d’accroître la
transparence et de limiter les écarts non justifiés.
À l’instar de la pratiqu
e portugaise (CFP), cette obli-
gation pourrait être assortie d’un suivi
ex post
.
Une option maximaliste consisterait à imposer au
Gouvernement d’utiliser des prévisions émanant
de l’IBI pour l’élaboration du budget
, comme cela
existe au Royaume-Uni. Ici encore, une gradation
existe entre l’utilisation de prévisions macroécono-
miques uniquement et l’adoption pure et simple
de l’ensemble des prévisions budgétaires élabo-
rées par l’IBI.
En règle générale, les gouvernements
restent responsables des projections budgétaires.
Le quatrième axe
d’évolution
concerne la liberté
d’action du HCFP.
En principe, une IBI peut être
soumise à une liste limitative de tâches spécifiques
enfermées dans un calendrier strict de communi-
cation au grand public. Si cette approche protège
l’institution de toute suspicion de poursuivre son
propre agenda politique en choisissant stratégi-
quement ses interventions dans le débat public,
elle contraint par la même occasion la réactivité et
le rôle d’alerte de l’institution
.
L’option inverse est
de laisser une liberté complète à l’IBI de définir
elle-même son programme de travail (au-delà des
obligations légales découlant directement de son
mandat) ainsi que le moment de ses interventions.
L’AIReF espagnole dispose par exemple d’un pou-
voir d’auto
-saisine lui permettant de publier, à tout
moment, des « avis d’alerte », notamment
lorsqu’un dérapage se profile. En matière de prévi-
sion, l’introduction explicite d’un pouvoir d’auto
-
saisine permet notamment à l’IBI de se saisir elle
-
même de toute question relative aux hypothèses
macroéconomiques ou budgétaires, à n’importe
quel stade du cycle budgétaire, sans attendre la
saisine formelle par le Gouvernement ou le Parle-
ment. Dans le cas spécifique du HCFP, le pouvoir
d’auto
-saisine lui donnerait par exemple la capa-
cité d’émettre des alertes
hors du calendrier d
’exa-
men des projets de lois financières par le Parle-
ment. Le Haut Conseil pourrait ainsi contribuer uti-
lement à éclaire
r le comité d’alerte
, nouvellement
mis en place, qui réunit autour des ministres des
finances et des comptes publics les parlementaires
des commissions concernées, et qui est appelé à
examiner trois fois par an les risques d’écart aux
prévisions de recettes et de dépenses publiques.
En définitive,
chacun de ces axes de bonnes pra-
tiques
–
amélioration de l’accès à l’information, dé-
veloppement de capacités internes de prévision,
renforcement du principe «
comply or explain
»,
élargissement des capacités
d’a
lerte du HCFP
–
est
étayé par des expériences européennes abouties.
Le calibrage précis des évolutions que pourrait con-
naître le HCFP relèvera d’une décision politique ar-
bitrant entre moyens disponibles, besoin de réacti-
vité et exigence de crédibilité accrue.
Note du CPO n
o
11, mars 2025
|
15
Principaux constats et orientations
Cette note
examine la place des institutions budgétaires indépendantes (IBI) dans la prévision des recettes
publiques en Europe, domaine où la crédibilité des engagements financiers conditionne la capacité d’un État
à protéger son économie. En s’appuyant sur un larg
e panorama de pratiques nationales et sur une revue de
la littérature, les auteurs rappellent d’abord que, depuis le TSCG (2012) et le règlement 473/2013, chaque
pays de la zone euro doit fonder son budget sur des prévisions au moins validées par une IBI.
Trois modèles
coexistent
parmi les neuf pays examinés dans la note : des institutions qui produisent elles
‑
mêmes les prévi-
sions officielles (Autriche,
Belgique, Pays-Bas, Royaume-Uni), celles qui les valident formellement (Espagne,
Italie) et celles, comme le
Beirat des Stabilitätsrats
allemand, le HCFP français ou le CFP portugais, qui se limi-
tent à une évaluation critique
qui n’oblige pas le gouvernement à infléchir ses prévisions
. Cette diversité tient
aux cadres juridiques (constitution ou loi fondamentale
, loi organique ou simple décret), au degré d’indépen-
dance garanti, aux effectifs disponibles (de quelques économistes à plus d’une centaine) et à l’accès effectif
à
l’information
.
L
’
analyse statistique menée sur un échantillon de huit pays européens entre 2013 et 2023 montre que même
si les fortes incertitudes post
‑
Covid 19
ont fait exploser l’ampleur des révisions partout, dans les
trois pays où
l’IBI élabore la prévision macroéconomique reprise par le gouverneme
nt dans les textes financiers,
l’impact
des révisions des prévisions de croissance sur les recettes est plus modeste et moins dispersé. En revanche, la
qualité globale des prévisions de recettes
reste tributaire d’autres facteurs, en particulier la fiabilité du chif-
frage des mesures nouvelles et la capacité à réviser rapidement les élasticités fiscales lorsque les comporte-
ments économiques changent.
C’est d
ans ce contexte que devra intervenir la révision des mandats des IBI nationales rendue nécessaire par
la
réforme d’avril 2024 du Pac
te de stabilité.
Afin que cette révision contribue au renforcement de la crédibilité des prévisions de recettes publiques, le
CPO identifie dans les pratiques de huit autres États européens quatre axes
d’évolution
complémentaires pos-
sibles qui méritent d’être mis dans le débat public
:
-
améliorer l’accès à l’information
,
-
développer les capacités techniques internes du Haut Conseil,
-
renforcer la portée de ses avis,
-
accroître sa liberté d’action
.
16
|
La prévision des recettes publiques : qui fait quoi en Europe ?
Annexe I
–
Tableau comparatif du rôle de plusieurs institutions budgétaires indépendantes en matière de prévisions macroéconomiques et fis-
cales
Pays
Institution
(IBI)
Mandat de prévi-
sion (macroéco-
nomique
et/ou
fiscale)
Degré d’indépendance
(statut juridique)
Moment d’intervention
dans la procédure bud-
gétaire
Méthodes de prévision des re-
cettes
Ressources (effectifs et budget)
Autriche (AT)
Fiskalrat
(Conseil bud-
gétaire)
et
WIFO
(Insti-
tut autrichien
de recherche
économique)
WIFO : produit les
prévisions
ma-
croéconomiques
indépendantes
(croissance, em-
ploi) utilisées par
le gouvernement;
Fiskalrat : élabore
sa propre prévi-
sion
budgétaire
(recettes,
dé-
penses) pour éva-
luer le budget
WIFO : fondé en 1927
–
institut de recherche in-
dépendant (privé à but
non
lucratif,
subven-
tionné par l’État);
Fiskal-
rat : créé par loi (2013)
–
organe indépendant af-
filié à la Banque cen-
trale, composé de 15
membres et d’un secré-
tariat
Ex ante : au printemps,
Fiskalrat réalise une pré-
vision flash publiée avant
le Programme de stabi-
lité; à l’automne, nou-
velle prévision en 4 se-
maines intégrant les me-
sures du projet de bud-
get; Ex post : rapports de
conformité
et
recom-
mandations
WIFO
:
modèle
macroécono-
mique national avec projections
trimestrielles;
Fiskalrat : modèle de prévision
des recettes couvrant environ 50
catégories
(taxes,
cotisations),
comparaison avec la prévision
gouvernementale
WIFO : environ 25 économistes
dédiés (130 employés au total);
Fiskalrat : secrétar
iat d’environ 7
experts; budget financé par la
Banque centrale et le Ministère
des Finances
Belgique (BE)
Bureau fédé-
ral
du
Plan
(BFP) et Con-
seil supérieur
des
finances
(CSF)
BFP : réalise deux
fois par an les
prévisions
ma-
croéconomiques
officielles et une
prévision
auto-
nome de recettes
à
politique
in-
changée. L'admi-
nistration produit
également
sa
propre prévision
de recettes, com-
parée à celle du
BFP
en
cas
d'écarts significa-
tifs. CSF : avis ex
BFP : institué par loi
(1945, réorg. 1959), or-
ganisme
indépendant
d’intérêt public sous tu-
telle du Premier Mi-
nistre et du Ministre de
l’Économie ; CSF : créé
par arrêté royal (1989),
comité consultatif indé-
pendant appuyé opéra-
tionnellement
par
la
Banque nationale en rai-
son de ses ressources li-
mitées.
Ex ante : le BFP fournit
deux fois par an (budgets
économiques) les prévi-
sions macro et une prévi-
sion de recettes à poli-
tique inchangée ; le CSF
émet avis sur les objectifs
de soldes publics. Pen-
dant : le CSF publie un
rapport en été sur l’exé-
cution
budgétaire
en
cours. Ex post : le CSF éva-
lue
l’exécution
budgé-
taire
annuelle
et
dé-
clenche
éventuellement
les mécanismes correc-
tifs.
BFP : modèle macroéconomé-
trique (modèle HERMES) pour
prévisions macroéconomiques et
prévision autonome des recettes
à politique inchangée, confrontée
aux prévisions de l'administration
en cas d'écarts significatifs. CSF :
analyse critique fondée sur les
données du BFP et de la Banque
nationale.
BFP : environ 100 collaborateurs,
dont une trentaine dédiée spécifi-
quement aux prévisions macroé-
conomiques et budgétaires. CSF :
ressources humaines très limitées
(1,5 équivalent temps plein), s’ap-
puyant
principalement
sur
la
Banque nationale pour ses ana-
lyses. Budget du BFP financé par
dotation fédérale.
Note du CPO n
o
11, mars 2025
|
17
ante sur les ob-
jectifs
budgé-
taires et ex post
sur
l'exécution
budgétaire, avec
déclenchement
possible de mé-
canismes correc-
tifs.
Allemagne
(DE)
Stabilitätsrat
(Conseil
de
stabilité)
et
Unabhängi-
ger Beirat (co-
mité
consul-
tatif indépen-
dant)
Ne produit pas di-
rectement
de
prévisions macro
ou de recettes,
mais surveille la
soutenabilité des
finances
pu-
bliques et le res-
pect des règles
budgétaires
(frein à l’endette-
ment, règles eu-
ropéennes).
Inscrit à l’article 109a de
la
Loi
fondamentale
(Grundgesetz) ; le Con-
seil de stabilité réunit
Fédération
(Bund)
et
Länder. Son comité con-
sultatif
est
considéré
comme
l’institution
budgétaire
indépen-
dante (IFI) allemande.
Se réunit régulièrement
pour surveiller le budget
fédéral et ceux des Län-
der
afin
de
détecter
d’éventuels déséquilibres
et recommander des me-
sures correctives ; suit
également la trajectoire
d’endettement au regard
du cadre européen.
Les
prévisions
macroécono-
miques sont fournies par la Joint
Economic Forecast (cinq instituts
de recherche indépendants), vali-
dées par le ministère de l’Écono-
mie ; les prévisions de recettes fis-
cales
sont
élaborées
par
un
groupe de travail présidé par le
ministère des Finances.
Le comité indépendant est com-
posé
d’experts
(Bundesbank,
Sachverständigenrat, etc.) ; il ne
dispose pas d’un budget propre et
s’appuie sur les ressources coor-
données entre Bund, Länder et or-
ganismes membres.
Espagne (ES)
Autoridad In-
dependiente
de Responsa-
bilidad Fiscal
(AIReF)
Endosse les prévi-
sions macroéco-
nomiques natio-
nales
et
régio-
nales, produit des
projections indé-
pendantes de re-
cettes publiques
à court, moyen et
long terme pour
évaluer les bud-
gets
Créée par loi organique
(2013)
–
autorité admi-
nistrative
indépen-
dante,
conseil
de
9
membres avec pouvoir
de
recommandation
contraignant (comply or
explain en 1 mois)
Ex ante : validation du
scénario
macro
de
chaque projet de budget
(État et 17 régions); Pen-
dant : rapport à la sortie
du projet; Ex post : suivi
infra-annuel
et
avis
d’alerte en cas de dérive
Modélisation
interne
sophisti-
quée
:
modèles
macroécono-
miques pour chaque niveau, pro-
jections des principales recettes
fiscales et sociales, techniques à
politique inchangée, comparaison
avec Banque d’Espagne, Commis-
sion
Environ 70 experts (économistes,
statisticiens) répartis en divisions
macro et budgétaires; budget an-
nuel d’environ 6 millions € (dota-
tion d’État) avec autonomie de
gestion
France (FR)
Haut Conseil
des
finances
publiques
(HCFP)
Formule un avis
sur le
réalisme
des
prévisions
scénario
ma-
croéconomiques,
Créé par loi organique
(2012)
–
organisme in-
dépendant,
placé
au-
près de la Cour des
comptes,
composition
Ex ante : avis obligatoire
sur le cadrage macro des
projets de loi de finances
et Programme de stabi-
Analyse
comparative
sur
cer-
taines variables et contre-exper-
tise des prévisions macroécono-
miques et de finances publiques
Secrétariat permanent restreint
(quelques personnes, mis à dispo-
sition par la Cour des comptes);
budget intégré à celui de la Cour
18
|
La prévision des recettes publiques : qui fait quoi en Europe ?
et la prévision de
recettes et de dé-
penses des textes
financiers du pro-
jet de loi de fi-
nances, et la co-
hérence des pré-
visions
de
fi-
nances publiques
entre
textes
fi-
nanciers et avec
les engagements
européens de la
France
mixte (magistrats, ex-
perts nommés par le
Parlement)
lité (avant dépôt au Parle-
ment); Ex post : Avis sur
les lois de règlement, si-
gnifie si l’écart sur le
solde structurel est im-
portant au sens de la loi
organique
(certains
prélèvements
obliga-
toires à politique inchangée, en
estimant notamment les bases
taxables par des modèles écono-
métriques
ou
une
approche
comptable, dépenses et plan de
relance)
Italie (IT)
Ufficio Parla-
mentare
di
Bilancio
(UPB)
Endosse les prévi-
sions macroéco-
nomiques
du
gouvernement et
évalue les prévi-
sions budgétaires
(recettes,
dé-
penses)
du
DPB/DEF
Créé par loi constitu-
tionnelle (2012)
–
auto-
rité indépendante ratta-
chée au Parlement, col-
lège
de
3
membres
nommés par le Parle-
ment, droit d’accès à
toutes les données pu-
bliques
Ex ante : validation du ca-
drage macro du Docu-
ment d’économie et de fi-
nance (printemps) et de
sa mise à jour (automne);
avis sur la Loi de finances
lors du dépôt (analyse
des mesures); Ex post :
rapport annuel d’évalua-
tion
Modèles
économétriques
in-
ternes (modèle néokeynésien),
comparaison
avec
un
panel
d’autres prévisions privées et pu-
bliques, micro-simulation
Environ
30
analystes
(écono-
mistes des finances publiques);
budget financé par le Parlement
Pays-Bas (NL)
Centraal
Planbureau
(CPB)
Produit
le
ca-
drage macroéco-
nomique
sous-
tendant les prévi-
sions budgétaires
; intègre l’impact
macro
de
me-
sures
fiscales,
sans évaluer sys-
tématiquement
la trajectoire de
finances
pu-
bliques
Créé en 1946, institut in-
dépendant d’intérêt pu-
blic ;
bénéficie d’une
tradition
d’autonomie
non codifiée par une loi
organique spécifique
Publication
du
Central
Economic Plan au prin-
temps
(avant
le
pro-
gramme de stabilité) et
d’une prévision macro à
l’automne (jour du bud-
get) ; pas de contre-éva-
luation formelle lors de la
revue budgétaire
Modèles macroéconomiques et
comptables, intégration des ef-
fets de mesures fiscales ; réalise
également
des
études
ponc-
tuelles sur l'impact redistributif
de politiques ciblées
Environ 130 experts (dont 100
économistes et analystes) ; bud-
get dédié, ancré dans la tradition
d’indépendance scientifique
Note du CPO n
o
11, mars 2025
|
19
Portugal (PT)
Conselho das
Finanças Pú-
blicas (CFP)
Produit
ses
propres
prévi-
sions de recettes
à
politique
in-
changée (no po-
licy change) mais
sur seulement 8
impôts ; évalue
également
de
manière critique
les prévisions of-
ficielles (macro et
fiscales) du gou-
vernement.
Créé par loi (2011) et
opérationnel
depuis
2012
–
institution indé-
pendante
associée
à
l’Assemblée,
conseil
composé d'un président
et de quatre membres
nommés pour un man-
dat de sept ans, non re-
nouvelable, sauf pour
les membres non exécu-
tifs dont le mandat peut
être renouvelé une fois,
garantissant la neutra-
lité
Ex ante
: avis détaillé sur
la crédibilité des prévi-
sions macroéconomiques
et budgétaires avant pré-
sentation du projet de
budget au Parlement. Pu-
blication semestrielle de
prévisions
macroécono-
miques et fiscales sur un
horizon de cinq ans.
Ex post
: évaluation com-
plète de l’exécution bud-
gétaire annuelle.
Analyse critique et comparative,
complétée par des projections in-
ternes de recettes à politique in-
changée. Vérification des hypo-
thèses du gouvernement par rap-
port à ses propres prévisions et à
celles
d’institutions
tierces
(Banque du Portugal, Commission
européenne, FMI).
Équipe technique composée d’
ex-
perts spécialisés en finances pu-
bliques et modélisation écono-
mique (6 personnes au total).
Budget modeste (moins de 1 mil-
lion €), financé sur fonds publics.
Accès régulier aux données des
administrations publiques natio-
nales (sauf administration fiscale)
et coopération étroite avec la
Banque du Portugal, l’Institut na-
tional de statistiques (INE) et insti-
tutions européennes.
Royaume-
Uni (UK)
Office
for
Budget
Re-
sponsibility
(OBR)
Élabore toutes les
prévisions
offi-
cielles macroéco-
nomiques et bud-
gétaires
(re-
cettes, dépenses,
solde)
pour
le
gouvernement
Créé par loi (BRNA Act
2011)
–
organisme
d’État indépendant, rat-
taché au Trésor, sans su-
bordination
fonction-
nelle
Ex ante : deux prévisions
annuelles
(Budget
et
Énoncé d’Automne); Ex
post
:
rapport
annuel
d’évaluation des écarts
de prévision
Modèles
économétriques
propres (macro et fiscal), collabo-
ration avec HMRC pour micro-si-
mulations, transparence métho-
dologique
Environ 50 experts permanents;
budget annuel d’environ £3 mil-
lions (financement public sécu-
risé)
20
|
La prévision des recettes publiques : qui fait quoi en Europe ?
Annexe II
–
Méthodologie de comparaison des déterminants des révisions de prévision de recettes
Chaque année en octobre les gouvernements de l’Union européenne soumettent à la Commission européenne un projet de plan budgé
taire qui présente la prévi-
sion de recettes de l’année en cours et de l’année suivante. Ainsi, la prévision des recettes publiques attendues en t est présentée une première fois l’année
précédente (en octobre t-
1) et une deuxième fois en cours d’exécution (en octobre t). A partir de
ces deux versions d’une même prévision
34
, l’analyse vise d’abord
à caractériser l’ampleur de la révision de prévision selon les pays en rapportant au PIB l’écart dans le niveau de prélèvemen
ts obligatoires entre les deux exercices
de prévision :
(??
𝑡
?
− ??
𝑡
?
)/?𝐼𝐵
𝑡
?
, avec
??
𝑡
?
le niveau de prélèvements obligatoires pour l’année t figurant dans le projet de plan budgétaire d’octobre t.
Ensuite, l’analyse cherche à identifier
les déterminants principaux de la révision des prévisions de recettes, en distinguant les effets liés à la révision de la croissance
de ceux liés à la révision des mesures nouvelles, de l’élasticité des prélèvements obligatoires au PIB et du niveau de prélèvements obligatoires de l’année précé-
dente. Le détail de la décomposition est donné ci-dessous.
La dynamique des prélèvements obligatoires est la suivante :
??
𝑡
= ?? + (1 + 𝜀𝑦) ∗ ??
𝑡−1
Avec
??
𝑡
le niveau de prélèvements obligatoires de l’année,
??
les mesures nouvelles adoptées,
𝜀
l’élasticité des prélèvements obligatoires au PIB,
𝑔
la croissance
volume et
𝜋
le déflateur du PIB, et
𝑦
la croissance nominale.
On suppose que la dynamique des prélèvements obligatoires peut être approchée par la formule, en supposant que la croissance nominale peut être approximée
par
𝑔+𝜋
:
??
𝑡
= ?? + (1 + 𝜀(𝑔 + 𝜋)) ∗ ??
𝑡−1
La révision de deux prévisions de prélèvements obligatoires pour l’année
t peut être décomposée en plusieurs effets :
??
𝑡
?
− ??
𝑡
?
= ??
?
+ (1 + 𝜀
?
(𝑔
?
+𝜋
?
)) ∗ ??
𝑡−1
?
− ??
?
− (1 + 𝜀
?
(𝑔
?
+𝜋
?
)) ∗ ??
𝑡−1
?
1/ Un effet des mesures nouvelles en recettes
??
𝑡
?
− ??
𝑡
?
= (??
?
− ??
?
) + (1 + 𝜀
?
(𝑔
?
+𝜋
?
)) ∗ ??
𝑡−1
?
− (1 + 𝜀
?
(𝑔
?
+𝜋
?
)) ∗ ??
𝑡−1
?
Effet mesures nouvelles
2/ Un effet « base » lié à la révision du niveau de prélèveme
nts obligatoires de l’année précédente
:
??
𝑡
?
− ??
𝑡
?
= (??
?
− ??
?
) + (1 + 𝜀
?
(𝑔
?
+𝜋
?
)) ∗ (??
𝑡−1
?
− ??
𝑡−1
?
) + (1 + 𝜀
?
(𝑔
?
+𝜋
?
)) ∗ ??
𝑡−1
?
− (1 + 𝜀
?
(𝑔
?
+𝜋
?
)) ∗ ??
𝑡−1
?
Effet mesures nouvelles
Effet base
34
Distinguées dans les notations par les exposants a et b, qui correspondent respectivement à la prévision réalisée en octobre t et en octobre t-1.
Note du CPO n
o
11, mars 2025
|
21
3/ Un effet déflateur du PIB
??
𝑡
?
− ??
𝑡
?
= (??
?
− ??
?
) + (1 + 𝜀
?
(𝑔
?
+𝜋
?
)) ∗ (??
𝑡−1
?
− ??
𝑡−1
?
)+𝜀
?
(𝜋
?
−𝜋
?
) ∗ ??
𝑡−1
?
+ (𝜀
?
𝑔
?
−𝜀
?
𝑔
?
) ∗ ??
𝑡−1
?
+𝜀
?
𝜋
?
∗ ??
𝑡−1
?
−𝜀
?
𝜋
?
∗ ??
𝑡−1
?
Effet mesures nouvelles
Effet base
Effet déflateur
4/ Un effet croissance volume
??
𝑡
?
− ??
𝑡
?
= (??
?
− ??
?
) + (1 + 𝜀
?
(𝑔
?
+𝜋
?
)) ∗ (??
𝑡−1
?
− ??
𝑡−1
?
)+𝜀
?
(𝜋
?
−𝜋
?
) ∗ ??
𝑡−1
?
+𝜀
?
(𝑔
?
−𝑔
?
) ∗ ??
𝑡−1
?
Effet mesures nouvelles
Effet base
Effet déflateur
Effet croissance volume
−𝜀
?
𝑔
?
∗ ??
𝑡−1
?
+𝜀
?
𝑔
?
∗ ??
𝑡−1
?
+𝜀
?
𝜋
?
∗ ??
𝑡−1
?
−𝜀
?
𝜋
?
∗ ??
𝑡−1
?
5/ U
n effet d’élasticité
??
𝑡
?
− ??
𝑡
?
= (??
?
− ??
?
) + (1 + 𝜀
?
(𝑔
?
+𝜋
?
)) ∗ (??
𝑡−1
?
− ??
𝑡−1
?
)+𝜀
?
(𝜋
?
−𝜋
?
) ∗ ??
𝑡−1
?
+𝜀
?
(𝑔
?
−𝑔
?
) ∗ ??
𝑡−1
?
Effet mesures nouvelles
Effet base
Effet déflateur
Effet croissance volume
+(𝜀
?
−𝜀
?
)(𝑔
?
+𝜋
?
) ∗ ??
𝑡−1
?
Effet d’élasticité
22
|
La prévision des recettes publiques : qui fait quoi en Europe ?
Annexe III
–
Etude de la dispersion des révisions de prévision de recettes sur un panel de pays eu-
ropéens
L’étude empirique sur les révisions de prévision de recettes utilise
la moyenne quadratique afin de mesurer
l’ampleur des révisions. Une analyse complémentaire à l’aide de la déviation standard permet de mesurer la
dispersion des révisions des prévisions de recettes. La moyenne quadratique
??
et la déviation standard
𝜎
sont calculées comme suit pour un pays donné, avec
𝑟𝑒𝑣
𝑡
la révision à la date t et
𝑟𝑒𝑣
̅̅̅̅̅
la moyenne des révi-
sions sur la période :
?? = √
1
𝑇
∑
𝑟𝑒𝑣
𝑡
2
𝑇
𝑡=1
et
𝜎 = √
1
𝑇
∑
(𝑟𝑒𝑣
𝑡
− 𝑟𝑒𝑣
̅̅̅̅̅)
2
𝑇
𝑡=1
L’analyse
montre une augmentation de la variabilité des prévisions de recettes
pour l’ensemble des pays du
panel depuis la Covid
, signe d’une plus grande volatilité économique et d’une complexité accrue de l’estima-
tion des recettes. En particulier, la dispersion des révisions de recettes dues aux révisions de la croissance
nominale du PIB a connu une hausse de 50 % (passant de 0,6 pt de PIB sur la période 2014-2019 à 0,9 pt de
PIB sur la période 2021-
2023 en moyenne quadratique), l’effet de la révision des mesures nouvelles a doublé
(passant de 0,2 pt de PIB à 0,4
pt de PIB) et l’effet des révisions de l’élasticité a triplé (passant de 0,
6 pt de PIB
à 1,4 pt de PIB).
Graphique 3 :
Dispersion des révisions des prévisions de recettes imputables à la croissance en valeur, aux
mesures nouvelles (MN) et à l’élasticité en moyenne dans les pays du panel
, mesurée par la déviation standard
et non comme dans le graphique 1 du corps de la note qui raisonne en moyenne quadratique des révisions,
en point de PIB
Source : CPO
Champ : huit pays européens
Note de lecture : déviation standard des révisions, en point de PIB sur les périodes 2014-2019 « avant covid »
et 2021-2023 « après covid »
L’étude statist
ique montre également que dans les pays où une institution indépendante réalise la prévision
macroéconomique officielle, qui est intégralement reprise par le gouvernement, la déviation des révisions des
prévisions
due à une révision de la croissance en volume
est d’ampleur plus faible
en moyenne que dans les
pays où les institutions budgétaires indépendantes n’assurent pas cette mission.
0,6%
0,9%
0,2%
0,4%
0,6%
1,4%
0,0%
0,2%
0,4%
0,6%
0,8%
1,0%
1,2%
1,4%
1,6%
avant
covid
croissance
après
covid
croissance
avant
covid MN
après
covid MN
avant
covid
élasticité
après
covid
élasticité
Note du CPO n
o
11, mars 2025
|
23
Graphique 2 :
Dispersion des révisions des prévisions de recettes imputables aux révisions de la croissance en
volume selon les mandats des institutions budgétaires indépendantes, mesurée par la déviation standard
Source : CPO
Champ : huit pays européens
Note : déviation standard des révisions, en point de PIB. La « période avec Covid
» inclut l’année 2020, la «
pé-
riode hors Covid » porte sur les années 2014 à 2019 et 2021 à 2023.
Toutefois, dans les pays où une institution indépendante réalise la prévision macroéconomique officielle, la
déviation des révisions des prévisions de recettes n’est pas moins élevée en moyenne que dans les pays où le
gouvernement réalise la prévision de recettes officielle. Ce résultat s’explique essentiellement par la volatilité
des révisions de prévisi
ons de recettes dues aux révisions d’élasticité et aux révisions de mesures nouvelles,
surtout après la Covid.
1,32%
0,52%
1,83%
0,71%
1,71%
0,64%
0,00%
0,20%
0,40%
0,60%
0,80%
1,00%
1,20%
1,40%
1,60%
1,80%
2,00%
période avec
Covid
période hors Covid
la prévision macroéconomique est réalisée par un institut indépendant
l'IBI réalise une prévision indépendante non reprise par le gouvernement
l'IBI ne réalise pas de prévision macroéconomique
24
|
La prévision des recettes publiques : qui fait quoi en Europe ?
Annexe IV -
Etudes de cas sur la gouvernance des prévisions de recettes dans d’autres pays euro-
péens
La gouvernance des prévisions de recettes en Autriche : la réalisation des prévisions macroéconomiques et
de finances publiques par plusieurs institutions budgétaires indépendantes
35
Les prévisions de recettes en Autriche sont soumises à un double contrôle qualité.
Le premier, antérieur, à
la publ
ication de la prévision de recettes du gouvernement par le ministère des finances, est assuré par l’ins-
titut WIFO (Österreichsches Institut für Wirtschaftsforschung) qui est en charge de la production indépen-
dante des prévisions macroéconomiques sous-jacentes à la prévision des recettes par le gouvernement. Le
deuxième contrôle a lieu après la transmission du projet de budget à la Commission européenne, en amont
du débat budgétaire, lorsque le Fiskalrat, rattaché à la banque centrale nationale (OeNB), émet un avis sur la
situation des finances publiques autrichiennes.
La prévision de croissance n’est pas réalisée par le gouvernement mais externalisée depuis près de 100 ans
à un institut indépendant.
Depuis 1927, le
département « macroéconomie et finances publiques
» de l’institut
indépendant WIFO, composé de 25 personnes
36
, publie une prévision de croissance du PIB, d’évolution de ses
composantes et réalise une prévision de chômage à court et moyen terme. En particulier, il a la charge d’esti-
mer l’écart de pr
oduction.
Si le gouvernement autrichien réalise des prévisions de finances publiques, celles-
ci ne peuvent pas s’écarter
significativement des prévisions de l’institution budgétaire indépendante
, le Fiskalrat, qui dans ses recom-
mandations peut demander la
mise en œuvre de mesures de corrections. Le
Fiskalrat, rattaché organiquement
à la banque centrale autrichienne, mais indépendant de celle-ci, est en charge de veiller au respect des règles
budgétaires nationales. Il est composé d’un collège de 15 personnes et d’un secrétariat de sept
37
personnes.
Pour rédiger ses avis sur la qualité des prévisions de finances publiques gouvernementales et leur respect des
règles budgétaires nationales, le secrétariat du Fiskalrat dispose de son propre modèle de prévision en recette
qui simule plus de 50 types de recettes fiscales (plus de 30 impôts, 8 cotisations sociales et d’autres recettes
hors prélèvements obligatoires), à l’aide de techniques de prévision spécifiques à chaque recette. Il se fonde
Les prévisions de fina
nces publiques de l’institution budgétaire indépendante autrichienne peuvent parfois
être publiées avant la prévision gouvernementale, ce qui participe de la sincérité des prévisions budgétaires.
Au printemps, avant la publication du programme de stabilité, il réalise des prévisions « flash » dans des délais
resserrés (2 semaines). Il publie ensuite en juin son avis et ses recommandations sur le programme de stabilité.
A l’automne, en amont de l’examen de la loi de finances, le
Fiskalrat dispose de quatre semaines pour réaliser
sa prévision, qui intègre l’ensemble des mesures discrétionnaires envisagées par le gouvernement dans son
projet de loi de finances.
Par ailleurs, si le Fiskalrat ne dispose pas de conseil scientifique, l’institut WIFO en charge des p
révisions ma-
croéconomique est soutenu par un conseil scientifique sur les questions stratégiques et des débats scienti-
fiques. Ce conseil est composé de 16 chercheurs à la renommée internationale.
La gouvernance des prévisions de recettes en Belgique : une prévision de finances publiques à politique
inchangée fondée sur une prévision macroéconomique indépendante et comparable avec une prévision
indépendante.
La prévision de recettes du gouvernement en Belgique se fonde sur les prévisions macroéconomiques réa-
lisées par le bureau fédéral du plan (BFP),
qui est une institution indépendante également chargée de l’ana-
lyse ex ante et ex post de l’impact macroéconomique de réformes structurelles.
La prévision de recettes à
35
L’étude de cas a été vérifiée et commentée par le Fiskalrat le 24 février
36
Le département est composé de 14 économistes, 8 assistants de recherches, 2 professeurs associés et 1 doctorant.
37
Le secrétariat est composé de 5 économistes, 1 assistante de recherche et d’un responsable du marketing et de la communicatio
n.
Note du CPO n
o
11, mars 2025
|
25
politique inchangée, réalisée par l’adminis
tration,
38
peut être comparée avec celle produite par le bureau
fédéral du plan. A partir de cette prévision, le gouvernement évalue l’impact sur les finances publiques et
sur les agrégats macroéconomiques de mesures discrétionnaires en recette
et en dépens
es permettant d’at-
teindre les conseils
ex ante
du conseil supérieur des finances (CSF) sur la trajectoire de finances publiques.
Sans qu’aucune disposition normative ne l’impose, les prévisions macroéconomiques belges sont produites
par le BFP, qui est un
organisme indépendant d’intérêt public
39
. Dans le cadre de ses deux exercices de pré-
visions appelés « budgets économiques », le BFP réalise une prévision de recettes à politique inchangée, qui
repose notamment sur l’utilisation d’un modèle macro
-économétrique
40
. Au-delà de ses éclairages sur les
perspectives économiques en Belgique, le BFP réalise certaines des missions qui incombent usuellement aux
instituts statistiques (prévisions démographiques, énergétiques, de transport) et à des organismes d’évalua-
tio
n des politiques publiques (mesure de l’impact de politiques publiques structurelles sur des agrégats ma-
croéconomiques). Par ailleurs, le BFP a pu évaluer l’impact de chocs exogènes (hausse des prix du pétrole ou
du gaz). Pour remplir ses nombreuses missio
ns, le BFP est composé d’une centaine de collaborateurs dont une
trentaine de personnes dédiées aux prévisions macroéconomiques et budgétaires.
A partir des prévisions macroéconomiques du BFP, l’administration belge réalise une prévision de recettes
à politique inchangée.
En cas d’écarts significatifs avec la prévision de recettes du BFP, la prévision de l’admi-
nistration peut être confrontée à celle du BFP, ce qui offre des garanties sur la robustesse de la prévision.
Cette prévision à politique inchangée sert de base pour les discussions du « conclave » budgétaire sur les me-
sures nouvelles à mettre en œuvre, en dépense et en recette, pour
a minima
atteindre les objectifs de finances
publiques fixés dans les avis du conseil supérieur des finances et se conformer ainsi au cadre budgétaire eu-
ropéen. Lors du
conclave, le gouvernement évalue l’impact sur les finances publiques et sur les grands agrégats
macroéconomiques de mesures discrétionnaires et peut faire appel au BFP, à l’administration, ou à d’autres
sources pour réaliser ces analyses. Toutefois, la qualité de la prévision des mesures discrétionnaires est va-
riable
41
et est parfois reprise l’année suivante par l’administration dans le scénario à politique inchangée.
Ex post, le CSF émet un avis sur l’exécuti
on de la loi de finances et le respect des règles budgétaires natio-
nales.
Il est également en charge de déclencher le mécanisme de correction s’il détecte une déviation signifi-
cative. Il a aussi la possibilité d’activer
la clause de sauvegarde (nationale)
s’il conclut en la présence de cir-
constances exceptionnelles. Toutefois, le conseil supérieur des finances ne dispose pas des ressources hu-
maines suffisantes pour remplir seul sa mission de conseil
ex ante
et de contrôle
ex post
. Certes, le conseil est
dot
é d’un collège composé de 12 membres
nommés pour la moitié d’entre eux par l’administration publique
fédérale (3 par la banque centrale, 3 par le gouvernement) et pour l’autre moitié par les communautés et les
régions. Toutefois, le secrétariat du CSF ne compte que 1,5 équivalents temps plein
42
. Le CSF étant présidé
ex-
officio
par le gouverneur de la Banque Nationale de Belgique, les avis du Conseil bénéficient régulièrement du
soutien technique de
l’
équipe en charge des finances publiques au département des études de la Banque
Nationale.
38
L’administration fédérale belge est structurée en «
services publics fédéraux,
» tels que le SPF Finances qui jouissent d’une
autono-
mie opérationnelle significative concernant des tâches techniques, telles que le prévisions.
39
Bien qu’il relève de la tutelle du Premier ministre et du ministre de l’économie.
40
Un document de travail présente les caractéristiques du modèle économétrique HERMES utilisé par le BFP :
Description et utilisation
du modèle HERMES | Bureau fédéral du Plan
41
Comme l’ont souligné plusieurs audits réalisés par l
a Cour des comptes belge.
42
En 2023 d’après la fiscal governance database de la Commission européenne.
26
|
La prévision des recettes publiques : qui fait quoi en Europe ?
Le cas allemand : des prévisions de recettes fondées sur des hypothèses macroéconomiques validées par
des instituts de recherche indépendants et produites par un groupe de travail collégial présidé par le mi-
nistère fédéral des Finances. Un suivi assuré par le Conseil de stabilité et son comité consultatif indépen-
dant
43
La prévision macroéconomique conjointe (Die Gemeinschaftsdiagnose)
En Allemagne, une prévision économique conjointe est réalisée deux fois par an (en avril et en octobre) par
cinq instituts de recherche économique indépendants (Ifo, DIW, IWH, IfW et RWI). Cette prévision macroéco-
nomique commune sert de référence au ministère fédéral de l’Économie (Bundesministerium für Wirtschaft
und Energie
, BMWi). Conformément au règlement « Two Pack », la prévision du ministère fédéral de l’Écono-
mie est ensuite soumise à validation auprès de la Joint Economic Forecast.
Le groupe de travail sur les prévisions de recettes fiscales (Arbeitskreis Steuerschätzungen)
La responsabilité principale en matière de prévisions de recettes fiscales en Allemagne incombe au
Working
Group on Tax Revenue Forecasts
(Arbeitskreis Steuerschätzungen), un conseil placé sous la présidence du mi-
nistère fédéral des Finances (Bundesministerium der Finanzen, BMF). Ce groupe réunit des représentants du
BMF, du ministère fédéral de l’Économie, des cinq instituts de recherche économique susmentionnés, de l’Of-
fice fédéral de la statistique (Destatis), de la Bundesbank, du Conseil allemand des experts économiques (Sach-
verständigenrat), ainsi que des ministères des Finances des Länder et des communes.
Le groupe se réunit deux fois par an, en mai et en novembre, pour actualiser les prévisions de recettes fiscales.
Il prend en comp
te la Joint Economic Forecast, les modifications législatives, ainsi que d’autres facteurs sus-
ceptibles d’influer sur les rentrées fiscales. Les projections ainsi établies servent de base à la préparation des
budgets au niveau fédéral, des Länder et des municipalités, et constituent également le socle des projections
budgétaires à moyen terme.
Le Conseil de stabilité (Stabilitätsrat)
Le
Stability Council
(Stabilitätsrat) est un organe commun de la Fédération (Bund) et des Länder. Son existence
est inscrite
à l’article 109a de la Loi fondamentale (Grundgesetz) et vise à renforcer le cadre institutionnel
garantissant la soutenabilité des finances publiques à long terme, tant au niveau fédéral que pour les Länder.
Le Conseil se compose du ministre fédéral des Finances, des ministres des Finances des Länder et du ministre
fédéral de l’Économie. Sa coprésidence est assurée conjointement par le ministre fédéral des Finances et le
président de la Conférence des ministres des Finances des Länder.
La mission principale du Conseil consiste à surveiller régulièrement la situation budgétaire du Bund et des
Länder pour détecter rapidement tout risque de déséquilibre financier et permettre la mise en œuvre de me-
sures correctives appropriées. Il veille également au respect d
e la « règle d’or » (ou frein à l’endettement)
ancrée dans la Loi fondamentale, ainsi qu’au respect des règles budgétaires européennes.
Le Comité consultatif indépendant du Conseil de stabilité (Unabhängiger Beirat des Stabilitätsrats)
Le Conseil de stabil
ité s’appuie sur un comité consultatif indépendant, composé d’experts issus de diverses
institutions, parmi lesquelles la Deutsche Bundesbank et le Conseil allemand des experts économiques (Sach-
verständigenrat). Ce comité émet des avis sur le respect des limites supérieures de déficit structurel des ad-
ministrations publiques et, le cas échéant, formule des recommandations pour corriger des déficits jugés ex-
cessifs. Le Comité consultatif du Conseil de stabilité est considéré comme l’institution budgétaire in
dépen-
dante (IFI) allemande et fait partie du réseau des IFI au niveau de l’Union européenne.
43
L’étude de cas a fait l’objet d’un échange entre les rapporteurs
et le comité budgétaire européen le 6 mars 2025
Note du CPO n
o
11, mars 2025
|
27
La gouvernance de la prévision des recettes en Espagne : une institution budgétaire indépendante qui réa-
lise une prévision macroéconomique et une prévision de finances publiques à haute fréquence
44
La prévision des recettes en Espagne, tant au niveau national que régional, fait l’objet d’un contrôle par une
institution budgétaire indépendante relativement mise en place dans un contexte budgétaire fragile en
2013,
l’AIReF (Autoridad Independiente de Responsabilidad Fiscal).
Pour remplir ses missions inscrites dans
une loi organique
45
, l’AIReF réalise ses propres prévisions macroéconomiques et ses prévisions de finances
publiques, à l’échelle nationale mais également
à l’échelle régionale. Chaque mois, elle met à jour ses prévi-
sions de finances publiques pour tous les sous-secteurs des administrations publiques nationales.
En Espagne, où l’organisation territoriale laisse une grande autonomie aux régions,
les gouvernements au ni-
veau central et régional doivent
46
demander à l’AIReF d’élaborer un rapport sur les prévisions macroécono-
miques intégrées dans leurs plans budgétaires, dans lequel elle indique si elle approuve les prévisions gouver-
nementales.
Pour valider les prévisions macroéconomiques sous-jacentes à la prévision de finances pu-
bliques
, l
’AIReF réalise, au niveau national et régional, ses propres prévisions macroéconomiques.
Cet exer-
cice de prévision donne lieu à une publication, deux fois par an : à la mi- avril et à la mi-octobre.
De plus, en vertu de la Directive 2011/85/UE qui exige que les prévisions macroéconomiques et budgétaires
contenues dans les plans budgétaires fassent l’objet d’évaluations régulières afin d’améliorer leur qualité et
de détecter d’éve
ntuels biais systématiques
, l’AIReF suit la situation des finances publiques à un rythme
mensuel. Elle publie ainsi une mise à jour de ses prévisions de finances publiques au niveau national chaque
mois.
Toutefois, l’AIReF déplore souvent que les gouvernements ne fournissent pas suffisamment d’informations
pour lui permettre de réaliser ses prévisions, en particulier concernant les mesures discrétionnaires ayant un
impact budgétaire. Par conséquent, l’AIReF est parfois contrainte de produire uniquement une
prévision à
politique inchangée, excluant ainsi l’impact des nouvelles mesures fiscales.
En théorie, les recommandations de l’AIReF sur le scénario macroéconomique et les projections des finances
publiques doivent être mises en œuvre par le gouvernement.
Si le gouvernement décide de ne pas les suivre,
il doit fournir une justification dans un délai d’un mois. Les recommandations de l’AIReF ont suscité des débats
sur des questions telles que la soutenabilité financière du système de sécurité sociale et le calcul de la règle
de dépenses au niveau national et régional. Cependant, dans de nombreux cas, les réponses du gouvernement
sont tardives et sommaires.
Enfin, pour
accroître la transparence, l’AIReF réalise également une évaluation ex post de ses propres pr
évi-
sions, qui servent de base à l’analyse du degré de conformité aux scénarios gouvernementaux et, dans le cas
des prévisions macroéconomiques, à leur validation.
Par ailleurs, l’AIReF dispose d’un conseil consultatif qui apporte un conseil technique en pa
rticulier en matière
d’évaluation de politiques transversales. Le rôle du conseil est exclusivement délibératif et technique sur les
questions soumises à consultation par la présidente de l’AIReF.
Il est composé de 9 membres issus du monde
académique.
44
L’étude de cas a été vérifiée et commentée par l’AIReF le 2
1
février, et a fait l’objet d’un échange entre les rapporteurs et leur équipe
le 6 mars 2025.
45
BOE-A-2013-11935 Ley Orgánica 6/2013, de 14 de noviembre, de creación de la Autoridad Independiente de Responsabilidad Fiscal.
46
Par la loi organique du 14 novembre 2013 portant sur la création de l’AIReF
, prise en application du règlement (UE) 473/2013, les
prévisions macroéconomiques servant de base à l’élaboration
des plans budgétaires et des programmes de stabilité doivent être pro-
duites ou validées par des institutions budgétaires indépendantes.
28
|
La prévision des recettes publiques : qui fait quoi en Europe ?
La gouvernance des prévisions de recettes en Italie : une instance indépendante rattachée au Parlement
italien pour superviser les prévisions budgétaires et garantir leur sincérité
47
L’Italie se distingue de la plupart des autres pays européens par l’existence
d’une institution budgétaire
directement rattachée au Parlement tout en maintenant une indépendance fonctionnelle
48
, dont l’existence
est inscrite dans une loi constitutionnelle
49
: l’Ufficio Parlamentare di Bilancio (UPB).
Créé en 2014 pour
répondre aux ex
igences européennes, l’UPB joue un rôle central dans l’endossement des prévisions macroé-
conomiques et l’évaluation des finances publiques italiennes.
L’UPB exerce une double fonction d’endossement et d’évaluation critique des prévisions gouvernemen-
tales.
C
haque année, il est chargé d’examiner et d’approuver les hypothèses macroéconomiques du Docu-
mento di economia e finanza (DEF), qui constitue le cadre des orientations budgétaires de l’Italie, ainsi que de
sa mise à jour. Si l’UPB juge ces hypothèses irréal
istes ou trop optimistes, il peut refuser de les approuver,
contraignant alors le gouvernement à les réviser ou à s’en justifier si au moins un tiers des membres des com-
missions parlementaires en charge des finances publiques l’exige. Cette procédure a déj
à entraîné des ajuste-
ments dans les projections du gouvernement, notamment en 2016 et 2018
50
, lorsque l’UPB a refusé d’endos-
ser les prévisions macroéconomiques initiales, jugées excessivement optimistes.
L’UPB est dirigé par un conseil de trois membres, nom
més pour des mandats de six ans, sélectionnés selon
leurs compétences en économie et en finances publiques au terme d’une procédure parlementaire.
Il est
soutenu par une équipe d’environ 30 analystes spécialisés en modélisation économique, en prévision bud
gé-
taire et en finances publiques. Cette équipe est structurée en départements, couvrant notamment l’analyse
macroéconomique, l’évaluation des finances publiques ainsi que l’analyse des recettes et dépenses de l’État.
Bien que l’UPB dispose de ses propres m
odèles économétriques internes pour analyser la plausibilité des
prévisions gouvernementales, il ne publie que ces dernières et non sa propre prévision de finances pu-
bliques
. Son rôle est donc double : valider les hypothèses macroéconomiques fournies par le gouvernement,
en évaluant leur robustesse et leur cohérence avec l’environnement économique global, et apprécier la plau-
sibilité des prévisions gouvernementales en matière de finances publiques. Son indépendance est renforcée
par la loi, qui prévoit que
l’UPB puisse demander et obtenir obligatoirement tous les éléments non publiés
nécessaires à l’exercice de ses missions, impliquant notamment des échanges avec l’Institut national de la
statistique, le ministère des Finances, d’autres ministères, l’Agence fiscale, la Banque d’Italie, etc.
Au-
delà des prévisions macroéconomiques, l’UPB publie également des évaluations sur la soutenabilité des
finances publiques, les risques budgétaires et l’impact, y compris redistributif, des mesures fiscales adop-
tées par le gouvernement
.
L’UPB intervient à toutes les étapes du processus budgétaire
. Avant la présentation du budget, il doit valider
les prévisions macroéconomiques figurant dans le DEF et sa mise à jour. Une fois le projet de loi de finances
soumis au Parlement, il publie une analyse détaillée des mesures budgétaires et de leur incidence sur les re-
cettes et dépenses publiques. L’UPB réalise en outre une évaluation ex post, notamment dans le cadre de son
rapport annuel, qui permet d’identifier et d’expliquer les
écarts entre les réalisations macroéconomiques et
budgétaires et les prévisions ou objectifs initiaux, ainsi que d’éclairer certains sujets qui varient chaque année.
Ainsi, l’UPB figure parmi les rares institutions budgétaires indépendantes en Europe à êtr
e rattachées au Par-
lement en termes de localisation et de financement. Grâce à ce statut et à ses travaux, il a acquis une position
centrale dans le débat budgétaire national. Cette situation particulière lui confère la capacité d’exercer sa
47
L’étude de cas a été vérifiée et commentée par l’UPB
le 25 février
, et a fait l’objet d’un échange entre les rapporteurs et leur équipe
le 26 février 2025.
48
Fasone, Cristina
.
Note sur
l’Ufficio parlamentare di bilancio nel quadro del costituzionalismo europeo e in prospettiva comparata