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DEUXIÈME CHAMBRE
DEUXIÈME SECTION
OBSERVATIONS DÉFINITIVES
(Article R. 143-11 du code des juridictions financières)
LES CHAMBRES
D’AGRICULTURE
EN CORSE À LA VEILLE DE LA
CONSTITUTION D’UNE C
HAMBRE
UNIQUE DE RÉGION
Exercices 2017 et suivants
Le
présent document, qui a fait l’objet d’une contradiction avec les destinataires concernés,
a été délibéré par la Cour des comptes, le 8 NOVEMBRE 2024
S2024-1592
LES CHAMBRES D’AGRIC
ULTURE EN CORSE À LA VEILLE DE LA CONSTI
TUTION D’UNE
CHAMBRE UNIQUE DE RÉGION
2
TABLE DES MATIÈRES
SYNTHÈSE
......................................................................................................................
5
RECOMMANDATIONS
................................................................................................
8
INTRODUCTION
...........................................................................................................
9
1
LA CHAMBRE UNIQUE, C
ADRE D’UNE NÉCESSAIR
E REMISE EN
ORDRE DU FONCTIONNEMENT DU RÉSEAU CONSULAIRE
AGRICOLE EN CORSE
.......................................................................................
12
1.1
Une fusion des trois chambres qui devra s’accompagner d’une
clarification du cadre institutionnel
..................................................................
12
1.1.1
Une mutualisation régionale restée limitée en dépit de progrès
récents
......................................................................................................
12
1.1.2
La fin de dix années d’atermoiements avec la fusion des trois
chambres en 2025
....................................................................................
13
1.1.3
Créer le
s conditions d’une coopération entre la chambre de région
et l’ODARC dans le cadre du statut spécifique de la Corse
....................
14
1.2
Remédier aux lacunes constatées en matière de gouvernance
.........................
15
1.2.1
Assurer un fonctionnement plus conforme des sessions
........................................
16
1.2.2
Réunir plus régulièrement le bureau
.......................................................................
17
1.2.3
Doter la chambre de région d’un règlement intérieur absent des trois
chambres
.................................................................................................................
18
1.2.4
Instituer les instances consultatives qui font défaut dans les trois chambres
..........
18
1.2.5
Des cadres de direction trop longtemps confrontés aux vicissitudes de la
régionalisation
........................................................................................................
18
1.3
Remédier aux lacunes en matière de probité
...........................................
19
1.3.1
La situation de responsables élus de la chambre départementale de Haute-
Corse et de la chambre régionale
............................................................................
19
1.3.2
La situation d’un cadre dirigeant de la chambre de Corse
-du-Sud
.........................
20
1.3.3
Renforcer les dispositions en matière d’éthique et de prévention des conflits
d’intérêt
..................................................................................................................
21
1.4
Faire émerger un projet stratégique commun au réseau consulaire
de Corse
...................................................................................................
22
2
LA CHAMBRE DE RÉGION, CONDITION DE LA VIABILITÉ DU
RÉSEAU CONSULAIRE AGRICOLE EN CORSE
.............................................
24
2.1
Une priorité donnée à un élevage en difficulté
.................................................
24
2.1.1
Une priorité à l’élevage exten
sif aux résultats modestes
........................
24
2.1.2
Une lutte contre des fraudes aux aides européennes à l’élevage qui
impose la pleine mobilisation du réseau consulaire agricole
..................
26
2.1.3
Un établissement régional de l’élevage (ERE) qui devra répondre
pleinement a
ux exigences de l’identification animale et de la lutte
contre les fraudes
.....................................................................................
28
L
ES CHAMBRES D’AGRICU
LTURE EN CORSE À LA VEILLE DE LA CONSTIT
UTION D’UNE
CHAMBRE UNIQUE DE RÉGION
3
2.1.4
Une contribution réelle mais limitée au succès des filières
végétales et à la réponse aux défis structurels de l’agriculture corse
......
28
2.2
Un équilibre entre activités subve
ntionnées et prestations d’appui
technique facturées aux exploitants à trouver
..................................................
30
2.2.1
Une dépendance aux subventions de l’État
et de la Collectivité de
Corse supérieure aux moyennes nationales
.............................................
30
2.2.2
L’appui technique facturé aux exploitants modestes m
ais en
progression
..............................................................................................
32
3
CRÉER AVEC LA CHAMBRE UNIQUE LES CONDITI
ONS D’UNE
ASSISE FINANCIERE PLUS SOLIDE
................................................................
37
3.1
Sortir des incertitudes quant à la viabilité financière des chambres
.................
37
3.1.1
La fragilité des résultats
..........................................................................
37
3.1.2
Une gestion du patrimoine qui doit gagner en cohérence
.......................
38
3.1.3
Des fonds de roulement et des trésoreries des chambres
........................
38
3.2
Une organisation financière et une fiabilité des comptes qui doivent
gagner en rigueur
..............................................................................................
41
3.2.1
Une organisation financière et comptable qui doit gagner en
efficacité
..................................................................................................
41
3.2.2
Une qualité des comptes à améliorer
.......................................................
43
3.2.2.1
Des immobilisations financières et des fonds propres non justifiés
.......................
43
3.2.2.2
Des lacunes en matière de recouvrement des restes à payer
...................................
43
3.2.2.4
Un assujettissement à la TVA à corriger
................................................................
45
3.2.2.5
Les autres lacunes comptables de la chambre de Corse-du-Sud à corriger
............
46
4
UNE CONDUITE DES MOY
ENS D’ACTION QUI DOI
T GAGNER EN
RIGUEUR AU SEIN DE LA CHAMBRE DE RÉGION
......................................
48
4.1
De nécessaires ajustements dans la gestion des ressources humaines
.............
48
4.1.1
Une hausse des effectifs globaux dans un contexte de
régionalisation limitée
.............................................................................
48
4.1.2
Un enjeu de mise en cohérence des rémunérations et du temps de
travail
.......................................................................................................
49
4.1.3
Harmoniser les régimes indemnitaires sur des bases plus
rigoureuses
..............................................................................................
50
4.1.4
Poursuivre la maîtrise des dépenses de personnel dans un cadre de
dialogue social régional
...........................................................................
50
4.2
La nécessaire remise en ordre de la gestion immobilière
.................................
51
4.2.1
Des évolutions importantes hors de tout cadre régional
.........................
51
4.2.2
En Haute-Corse, une délocalisation qui suscite des interrogations
.........
52
4.2.3
En Corse-du-Sud, une gestion immobilière contestable
.........................
55
4.3
Une commande publique qui devra être mieux maitrisée par la chambre
de région
...........................................................................................................
56
4.4
Dégager les gains d’efficacité a
ttendus de la mutualisation des moyens
dans le cadre de la chambre de région
..............................................................
57
ANNEXES
......................................................................................................................
60
Annexe n° 1.
Lexique
.............................................................................................
61
LES CHAMBRES D’AGRIC
ULTURE EN CORSE À LA VEILLE DE LA CONSTI
TUTION D’UNE
CHAMBRE UNIQUE DE RÉGION
4
Annexe n° 2.
Financement de l’activité des chambres d’agriculture de Corse
par les subventions et la facturation de prestations
..........................
66
Annexe n° 3.
Situation financière -
chambre régionale d’agriculture de Corse
.....
68
Annexe n° 4.
Situation financière - Chambre départementale de Haute-Corse
.....
77
Annexe n° 5.
Situation financière - Chambre départementale de Corse-du-
Sud
...............................................................................................
85
Annexe n° 6.
Gestion des ressources humaines 2017-2023
...................................
94
Annexe n° 7.
Gestion immobilière
.........................................................................
95
Annexe n° 8.
Compte de résultat et bilan agrégés des trois chambres
...................
97
LES CHAMBRES D’AGRIC
ULTURE EN CORSE À LA VEILLE DE LA CONSTITUT
ION D’UNE
CHAMBRE UNIQUE DE RÉGION
5
SYNTHÈSE
Comme dans toutes les régions et
dans le cadre particulier fixé par le statut de l’île qui
confère de larges compétences à la Collectivité de Corse et à son Office de développement
agricole et rural (ODARC), les trois
chambres d’agriculture de Corse –
chambre régionale,
chambres départementales de Haute-Corse et de Corse-du-Sud - constituées en établissements
publics nationaux à caractère administratif, exercent les missions de représentation,
d’accompagnement et d’information des agriculteurs
.
Près de dix ans après les précédents contrôles de la Cour, elles ont fait
l’objet
d’investigations simultanées pour la période qui s’est écoulée depuis 2
017 qui donnent lieu aux
présentes observations communes aux trois établissements établies dans la perspective de la
création d
’une
chambre unique de région de Corse à l’issue des élections professionnelles de
janvier 2025
en application d’un décret du 29
juin 2024 par la fusion complète de la chambre
régionale et des chambres départementales
d’agriculture
de Haute-Corse et de Corse-du-Sud.
Une action des chambres confrontée aux difficultés structurelles propres à
une agriculture insulaire, de reliefs et méditerranéenne
Si elle ne représente que 1,3 % du PIB de la Corse, avec un nombre d
’
agriculteurs en
nette régression depuis 1970
, l’agriculture occupe une place importante dans l’identité et
l’espace insulaire
s (19 % de la surface agricole utile).
L’action
des chambres y est confrontée aux défis structurels qui pèsent sur
l’agriculture
corse au point que la production agricole locale ne couvre que 5 % des besoins alimentaires.
U
n cadastre souvent erroné et l’indivision suscitent
du désordre foncier sur 90 % de la superficie
de l’île
, tandis que la concurrence entre les usages des sols est accentuée par la croissance
démographique et le tourisme. Les exploitations sont en moyenne de petite taille et
économiquement fragiles.
Les niveaux d’organisation des prod
ucteurs sont généralement
faibles. Le changement climatique pèse sur les conditions de production.
Ces difficultés sont plus marquées en Corse-du-Sud qui connaît des réussites sous signes
de qualité mais
subit directement les fragilités de l’élevage exten
sif sans bénéficier du
dynamisme des productions végétales (agrumes et vins) de la plaine orientale en Haute-Corse.
Avec la création de la chambre de région unique en 2025 une nécessaire
remise en ordre du fonctionnement du réseau consulaire et de la
coopération avec la Collectivité de Corse
Les trois chambres de Corse sont restées longtemps tributaires
–
mais aussi actrices
–
des vicissitudes de la constitution
d’une chambre
unique de région. Celle-ci est désormais créée
par un décret du 29 juin 2024 pour
l’après
-élections professionnelles de janvier 2025. Cette
fusion permettra de remédier à un niveau de mutualisation régionale resté,
en dépit d’avancées
récentes, en deçà de celui fixé par le décret de mai 2016 et des recommandations passées de la
Cour.
LES CHAMBRES D’AGRIC
ULTURE EN CORSE À LA VEILLE DE LA CONSTI
TUTION D’UNE
CHAMBRE UNIQUE DE RÉGION
6
Pour produire ses pleins effets, la chambre unique
devra s’
accompagner
d’une
clarification
des domaines d’intervention
des acteurs de la politique agricole et rurale dans le
cadre spécifique et évolutif du statut de la Corse
en vue d’une
bonne coopération entre
l’ODARC et la chambre de région, notamment pour la politique d’installation des agriculteurs
,
qui fait aujourd’hui défaut
.
Près de dix ans après les précédents constats de la Cour, l
a constitution d’une chambre
unique de région devra également permettre de remédier aux lacunes constatées dans le
fonctionnement institutionnel des chambres. Fragilisées par les conflits entre les deux
établissements départementaux, au prix du retrait des instances régionales d
e l’une d’elles
de
2017 à 2019, elles bénéfi
cient de l’engagement de leurs salariés et élus mais le fonctionnement
des instances - session, bureau et commissions -
n’est pas pleinement conforme aux exigences
du code rural et d’une bonne gouvernance. La mise en cause de responsables élus et salarié e
n
lien avec des soupçons de fraudes aux aides agricoles ne contribue pas à leur crédibilité.
La constitution de la chambre de région devra dès lors
s’accompagner d’une série de
mesures de remise en ordre de la gouvernance
accompagnées par l’État, la Colle
ctivité de Corse
et Chambres d’agriculture France, à commencer par l’adoption d’un règlement intérieur qui fait
défaut dans les trois chambres.
La constitution de la chambre de région, condition nécessaire à la viabilité
du réseau consulaire agricole en Corse
La constitution de la chambre de région en 2025 doit permettre au réseau consulaire
agricole de donner en Corse
une autre dimension à une activité aujourd’hui limitée,
inégale
selon les chambres, et dès lors fortement dépendante des subventions, centrée sur un secteur de
l’élevage
fragile et affecté par des fraudes aux aides européennes. La part des ressources issue
des prestations, est désormais facturées conformément aux recommandations de la Cour. En
revanche, ces prestations vendues ne parviennent pas à se développer substantiellement
contrairement à ce que la Cour avait également recommandé lors de ses deux derniers contrôles.
La fusion doit permettre le développement de ces prestations facturées
d’appui
aux
exploitants et des collectivités, notam
ment pour l’innovation, la recherche et le développement
,
dans le cadre
d’objectifs
de politique agricole assignés par la tutelle et les financeurs établis en
cohérence avec les niveaux des financements de la chambre de région.
Une gestion financière qui devra
bénéficier d’une plus large assise
au sein
de la chambre unifiée
La constitution de la chambre de région en 2025 devra contribuer à un meilleur équilibre
financier du réseau consulaire agricole en Corse au vu des fragilités structurelles qui demeurent,
particulièrement au sein de la chambre de Corse-du-Sud. Malgré des efforts soutenus et une
mise sous tutelle renforcée en 2020-2021, cette dernière ne parvient pas à surmonter des
difficultés dont la lisibilité est limitée par une fiabilité contestable des données comptables.
Sont constatées des irrégularités persistantes et un
refus de mettre en œuvre les
recommandations de la direction régionale des finances publiques (DRFiP). La constitution de
LES CHAMBRES D’AGRIC
ULTURE EN CORSE À LA VEILLE DE LA CONSTI
TUTION D’UNE
CHAMBRE UNIQUE DE RÉGION
7
la chambre de région devra de remédier
à l’ensemble des
la
cunes qui marquent l’organisation
et la gestion comptable et financière des chambres.
Une gestion des moyens d’action qui devra gagner en rigueur
La constitution de la chambre de région devra offrir un cadre mutualisé plus adapté à
l’efficience des moyens d’action et à une remise en ordre au regard des insuffisances
et des
dysfonctionnements constatés pour la gestion des
ressources humaines, l’immobilier et la
régularité de la commande publique. Cette pleine
mutualisation devra permettre d’atteindre les
gai
ns d’efficacité attendus.
Mener les diligences nécessaires afin de remédier au sein de la chambre de
région fusionnée aux lacunes constatées dans les trois chambres
d’agriculture de Corse
Au vu de ces constats la Cour recommande que les trois chambres de Corse apportent
leur plein concours à une remise en ordre qui leur incombe
ainsi qu’à l’État, à la
Collectivité
de Corse et à Chambres d’agriculture de
France, afin de remédier par les diligences nécessaires
aux lacunes constatées par la Cour en matière de
gouvernance, d’éthique et de prévention des
conflits d’intérêt, de stratégie de développement agricole et rural, de lutte contre la fraude, de
ressources propres, d’organisation financière et comptable et de gestion des moyens d’action
.
Les présents contrôles mettent en évidence, dans chacune des trois chambres, sept
types de lacunes tenant à la gouvernance, à la prévention des conflits et à l’éthique des
dirigeants élus et salariés, à la stratégie de développement agricole, à la lutte contre la
fraude, a
ux ressources financières, à l’organisation financière et à la gestion qui devront
être corrigées par les diligences nécessaires dans le cadre de la chambre de région. Cette
évolution devra s’accompagner d’une clarification des domaines d’intervention et d
es
conditions de la coopération avec l’office de développement agricole et rural de la Corse
(ODARC), pour parvenir à une remise en ordre du fonctionnement, de l’action et de la
gestion du réseau consulaire agricole de Corse afin de lui permettre de mieux répondre
aux besoins de l’île, de ses agriculteurs et de son monde rural
.
LES CHAMBRES D’AGRIC
ULTURE EN CORSE À LA VEILLE DE LA CONSTITUTION D
’UNE
CHAMBRE UNIQUE DE RÉGION
8
RECOMMANDATIONS
Recommandation Unique :
(MASA, Préfet de Corse-du-Sud et de région Corse,
Préfet de Haute-Corse, CRA, CDA 2A, CDA 2B, CDF, chambre de région de Corse) : à
l’occasion de la
mise en œuvre du décret n° 2024
-645 du 29 juin 2024 portant création
de la chambre d’agriculture de région de Corse, conduire les sept types de diligences
nécessaires au regard des lacunes identifiées par la Cour au sein du réseau consulaire
en Corse :
- En matière de gouvernance : remédier à la composition de la session, au respect des
règles du quorum, à l’absence de règlement intérieur, à la non mise en œuvre complète
du décret du 13 mai 2016 pour la mutualisation des services et à l’absence des
commissions, comités et services communs régionaux prévus par le code rural et des
pêches maritimes ;
-
En matière d’éthique et de prévention des conflits d’intérêt
: établir un règlement
intérieur comportant des règles et des sanctions en matière de prévention des conflits
d’intérêt pour les élus et les salariés de la chambre ;
- En matière de stratégie de développement agricole : assurer le suivi de la bonne mise en
œuvre du projet stratégique régional et clarifier les domaines d’intervention respectifs de
l’O
DARC et de la chambre pour favoriser une bonne coopération entre ces acteurs de la
politique agricole et rurale ;
- En matière de lutte contre la fraude
: remédier à l’insuffisance des efforts de contrôle de
l’établissement régional de l’élevage et au manq
ue de détermination à lutter contre les
fraudes et d’exemplarité des responsables des chambres dans ce domaine
;
- En matière de ressources propres et de réduction de la dépendance aux soutiens publics :
assurer le suivi analytique de l’activité, accroître
les prestations d’appui technique
facturées, notamment dans l’innovation, la recherche et le développement et adapter leur
mode de règlement ;
- En matière de finances
: remédier aux insuffisances de l’organisation et de la fiabilité
des données financiè
res et comptables et à la persistance d’irrégularités de gestion ;
- En matière de gestion : remédier aux contraintes et aux défaillances pesant sur les
moyens d’action de la chambre en matière de ressources humaines, d’immobilier et de
commande publique, qui gagneront à être gérés dans une dimension régionale afin de
dégager les gains d’efficacité attendus de la mutualisation
.
LES CHAMBRES D’AGRIC
ULTURE EN CORSE À LA VEILLE DE LA CONSTI
TUTION D’UNE
CHAMBRE UNIQUE DE RÉGION
9
INTRODUCTION
En Corse, l
e réseau des chambres d’agriculture
1
est constitué
jusqu’en 2025
de trois
établissements publics distincts
–
la
chambre régionale d’agriculture (CRA)
et les chambres
départementales de Haute-Corse (CDA2B) et de Corse-du-Sud (CDA2A)
2
- qui fusionneront
au sein d’une chambre
unique
d’agriculture de région
de Corse après les élections
professionnelles de janvier 2025, en application du décret du 29 juin 2024
3
. Dans le cadre
particulier fixé par le statut d
e l’
île qui confère de larges compétences à la collectivité de Corse
et à son office de développement agricole et rural (ODARC), ce réseau exerce les missions de
représentation, d’accompagnement et d’information des agriculteurs
. Il définit une stratégie
dans le cadre des orientations nationales du réseau des chambres
d’agriculture animé par
Chambres d’agriculture
France (CDF).
Ces t
rois chambres ont fait l’objet d’investigations
menées simultanément par une même
équipe de la Cour depuis 2017, faisant suite aux précédents contrôles menés en 2015 et 2016.
Elles donnent lieu aux présentes observations communes aux trois établissements dans la
perspective de la formation de la chambre unique de région de Corse au début 2025.
Si elle ne représente que 1,3 % du PIB de la Corse,
l’agriculture occupe une place
importante dans
l’identité et dans l’espace insulaire
s (19 % de la surface agricole utile), avec
un nombre d’actifs en baisse
marquée depuis les années 1970.
Graphique n° 1 :
Évolution du nombre d'exploitations en Corse
(1970-2020)
Source : DRAAF de Corse.
1
Parfois dénommé «
réseau consulaire agricole
».
2
Elles sont régies par les dispositions du titre Ier du livre V de la partie législative du code rural et de la pêche
maritime (CRPM) et par celles du titre Ier du livre V de la partie réglementaire du même code.
3
Décret n° 2024-645 du 29 juin 2024 «
portant création de
la chambre d’agriculture de région Corse
»
LES CHAMBRES D’AGRIC
ULTURE EN CORSE À LA VEILLE DE LA CONSTI
TUTION D’UNE
CHAMBRE UNIQUE DE RÉGION
10
Les deux tiers de la production et des exploitations agricoles se situent en Haute-Corse
notamment sur la plaine orientale à forte et dynamique activité végétale, tandis que la Corse-
du-
Sud, dont l’agriculture et la chambre sont de plus petite taille, est d’abord
concernée par les
réussites mais surtout par les difficultés de l’élevage extensif
(également présent au nord de
l’île
). La Cour mettait notamment déjà en évidence lors de ses précédents contrôle une situation
financière «
très dégradée
» de la chambre départementale de Corse-du-Sud dont elle est certes
sortie, non sans une mise sous tutelle financière renforcée en 2020-2021 et la vente de son siège.
Mais elle reste une structure fragile dont l’action est toujours réduite et contrainte.
Le réseau
consulaire corse intervient ainsi auprès de deux réalités agricoles bien distinctes :
-
d’une part
les productions végétales (agrumes, vins, maraîchage) issues de 40 % des
exploitations
de l’île
et qui réalisent
80 % du chiffre d’affaires agricole insulaire
,
principalement sur
la plaine orientale dont le développement tient initialement à l’action
fonc
ière de l’État puis principalement à celles de
filières de production structurées ;
-
d’autre part, l’élevage
(ovin, caprin, porcin, bovin)
qui concentre l’essentiel de l’action
du réseau consulaire au vu des
contraintes résultant d’
espaces moins productifs avec des
modes de production extensifs adaptés aux reliefs. Structurellement fragilisé, le secteur
animal est déstabilisé par de fortes évolutions des
régimes d’
aides européennes et par
des fraudes qui pèsent notamment sur le réseau consulaire agricole ju
squ’à
concerner
l’un de ses cadres dirigeants
.
L’
action du réseau consulaire en Corse est confrontée à des enjeux structurels
spécifiques : effets de
l’insularité
; pression résultant
d’une importante activité touristique et de
la croissance démographique alimentant la concurrence entre les usages des sols ; foncier
fragilisé par les failles du cadastre et l’indivision qui suscitent un désordre sur 90 % de la
superficie de l’île
; exploitations de petite taille
4
;
niveaux d’organisation des producteurs
faibles hors des productions végétales de la plaine orientale ; changement climatique dans un
espace méditerranéen vulnérable à certains risques hydriques et sanitaires. Il en résulte que la
production locale ne couvre que 5 % des besoins alimentaires
de l’île
avec des pointes de
dépendance pour la farine de blé (100 % importés) - et quelques importantes exceptions
exportatrices comme le vin (130 % d’autonomie) et les clémentines (180 %).
Près de dix ans après de précédents contrôles de ces trois chambres par la Cour en 2015
et 2016 qui recommandait de «
fusionner les chambres d’agriculture de Corse en une seule
chambre à l’occasion de la mise en œuvre de la réforme territoriale
» et le décret du 13 mai
2016 qui impose une mutualisation des moyens des chambres
d’agriculture au niveau régional,
cette dernière
n’est
, malgré quelques transferts effectifs depuis 2022, que très partiellement
mise en
œuvre
en Corse.
Tableau n° 1 :
Principales données des trois chambres d’agriculture de Corse (2023)
En euros
Chambre régionale
Haute-Corse
Corse-du-Sud
Nombre agriculteurs
2 626
1 725
901
Charges
1 561 550
4 336 621
2 704 641
4
77,4 % de petites et micros-exploitations selon le recensement agricole 2020 pour 54,2 % en moyenne française.
LES CHAMBRES D’AGRIC
ULTURE EN CORSE À LA VEILLE DE LA CONSTI
TUTION D’UNE
CHAMBRE UNIQUE DE RÉGION
11
En euros
Chambre régionale
Haute-Corse
Corse-du-Sud
Produits
1 605 797
4 389 928
2 707 530
Résultat
44 247
53 307
2 889
Fonds de roulement
389 755
2 834 815
1 262 904
Taxe sur la foncier non bâti
498 762
1 626 947
1 143 096
Subventions/produits
62 %
39 %
41 %
Effectif (ETP)
17
56
35
Source
: Cour des comptes d’après comptes financiers des chambres et DRAAF
de Corse.
La chambre régionale reste de faible dimension et concentrée sur les actions
d’ingénierie
tr
ansversales, l’essentiel des moyens d’action notamment pour l’appui technique aux
agriculteurs demeurant à la main des deux chambres départementales dont les relations sont
restées régulièrement conflictuelles au point qu’entre 2017 et 2019 la chambre de C
orse-du-
Sud s’est retirée de
la Chambre régionale.
La Cour se réjouit que soit enfin actée
par le ministère en charge de l’agriculture
, depuis
le décret de juin 2024, la création de la chambre de région de Corse au lendemain des élections
professionnelles de janvier 2025 par fusion de la chambre régionale et des deux chambres
départementales
5
.
Cette perspective est d’autant plus indispensable que la viabilité du réseau
consulaire agricole en Corse n’apparaît en rien assurée en l’état de son émiettement.
La création de la chambre de région unique en 2025 doit permettre une remise en ordre
du fonctionnement du réseau consulaire agricole en Corse (partie 1), constitue une condition de
la viabilité de ses activités (partie 2) en lui conférant une assise financière plus solide (partie 3)
et en posant le cadre d’une gestion plus rigoureuse de ses moyens d’action (partie 4).
5
La France compte actuellement 12
chambres régionales d’agriculture
dont trois (Bretagne, Normandie, Pays de
Loire) sont allées plus loin dans l’intégration en fusionnant les chambres départementales et la chambre régionale
tout en conservant des chambres territoriales dans le cadre de l’ordonnance du 20 janvier 2022.
Le réseau comptera
en janvier 2025
deux chambres de région, celle de Corse et la chambre de région d’Ile
-de-France créée en 2017.
LES CHAMBRES D’AGRIC
ULTURE EN CORSE À LA VEILLE DE LA CONSTI
TUTION D’UNE
CHAMBRE UNIQUE DE RÉGION
12
1
LA CHAMBRE UNIQUE,
CADRE D’
UNE NÉCESSAIRE
REMISE EN ORDRE DU FONCTIONNEMENT DU RÉSEAU
CONSULAIRE AGRICOLE EN CORSE
La fusion des trois chambres
d’agriculture
de Corse en une chambre de région unique
est désormais actée pour 2025. Elle met un terme à une longue attente et pose le cadre, au vu
des constats effectués lors des présents contrôles,
d’une nécessaire remise en ordre du
fonctionnement
du réseau consulaire agricole autour d’un projet stratégique.
1.1
Une fusion des trois chambres
qui devra s’accompagner d’une
clarification du cadre institutionnel
La fusion au sein d’une chambre unique de région
en 2025 doit permettre de mutualiser
au plan régional les moyens des trois chambres. Mais elle ne produira ses pleins effets que si
les conditions sont posées
d’une
coopération entre les acteurs dans le cadre du statut particulier
de la Corse qui confère des compétences étendues à
l’office de développ
ement agricole et rural
de la Corse (ODARC).
1.1.1
Une mutualisation régionale restée limitée en dépit de progrès récents
La mutualisation au niveau de la chambre régionale des actions et des moyens des
chambres départementales de Haute-Corse et de Corse-du-Sud
n’a que peu et tardivement
évolué.
La
mise en œuvre
du décret n° 2016-610 du 13 mai 2016 «
relatif au réseau
des chambres d'agriculture
»
qui l’impose est
interrompu en 2017 avec le nouveau statut de la
Collectivité de Corse et du fait de dissensions entre les exécutifs des deux chambres
départementales qui se traduisent par un retrait de la Corse-du-Sud des instances régionales de
2017 à 2019. À
l’issue des
élections aux chambres de mars 2019, l
’
État
donne l’impulsion en
réunissant les acteurs autour du préfet de région. En 2021,
les trois chambres d’agriculture
prennent des délibérations en faveur
d’une mutualisation de la
comptabilité
, de l’
installation et
de la formation accompagnée de la remontée annuelle de 10 % de leur taxe additionnelle sur le
foncier non bâti (TAFNB)
à la chambre régionale d’agriculture
6
pour financer le transfert de
six agents vers la chambre régionale (CRA) en 2022 puis de deux autres en 2023
7
. En 2024, la
chambre régionale opère pour le compte des trois chambres dans les domaines de la paie, de la
6
155
810 € depuis la chambre de Haute
-Corse -CD2B + 112
526 € pour la chambre de Corse
-du-Sud - CD2A en
2022 comme en 2023.
7
Adjonction de deux agents du pôle végétal de la chambre de Haute-Corse vers le service agronomie et
environnement de la CRA au titre du transfert de la mission d’accompagnement en arboriculture et de l’ingénierie
d’accompagnement de la biodiversité.
LES CHAMBRES D’AGRIC
ULTURE EN CORSE À LA VEILLE DE LA C
ONSTITUTION D’UNE
CHAMBRE UNIQUE DE RÉGION
13
comptabilité et des ressources humaines
8
pour les seules mises à disposition et les contrats de
travail qui leur sont inhérents. En matière de comptabilité, les chambres ne se sont pas saisies
de la possibilité de constituer un groupement comptable
9
.
L’appui à l’installation des
agriculteurs est mutualisé depuis 2022
10
.
D’autres
mutualisations prévues par le décret de 2016
n’ont
toujours pas été engagées, comme pour la gestion des
marchés ou l’offre de formation
dont la régionalisation se heurte à la non-certification Qualiopi de la seule Corse-du-Sud. La
chambre régionale ne s’est pas dotée des services communs «
Innovation, recherche et
développement »
et «
valorisation du bois et territoire
» prévus par les articles D 512 -2 et D
512-2-1 du code rural et des pêches maritimes (CRPM). Les premières mutualisations opérées
bien que tardivement au regard des exigences réglementaires peuvent ainsi être soulignées mais
comme le confirme
Chambres d’agriculture France (CAF) «
le degré de mutualisation
régionale des services support reste faible
».
1.1.2
La fin de
dix années d’
atermoiements avec la fusion des trois chambres en
2025
La
fusion au sein d’une
chambre
d’agriculture
unique en Corse paraissait devoir
découler de la loi portant nouvelle organisation territoriale de la République du 7 août 2015,
dès lors que la nouvelle Collectivité de Corse constitue, depuis le 1er janvier 2018, une entité
unique à statut particulier
11
en lieu et place de la Collectivité territoriale de Corse et des
départements de Corse-du-Sud et de Haute-Corse
12
. Les vicissitudes de la constitution de la
chambre de région n’ont
pourtant pas cessé de peser sur les trois chambres et singulièrement
sur la chambre régionale. Outre de conflits récurrents au sein des syndicats majoritaires
(fédérations départementales des syndicats d’exploitants agricoles –
FDSEA
–
et Jeunes
agriculteurs -JA), elles ont résulté
de la difficulté à trouver un équilibre au sein d’une entité
unique entre deux chambres départementales
dont le poids dans l’agriculture de l’île différent
sensiblement - les 2/3 de la production se situant en Haute-Corse.
En prenant le 29 juin 2024, sur la base de délibérations du 17 novembre 2021 et du 4
décembre 2023 de la chambre régionale et des deux chambres départementales se déclarant
finalement «
favorables
à la création d’une chambre d’agriculture de région corse
», un décret
prévoyant la création de la chambre de région de Corse à l’issue des élections professionnelles
de janvier 2025 par la fusion des chambres du ressort géographique (chambres départementales
et régionale)
l’
État permet de sortir de ces trop longues incertitudes.
Il incombe désormais à la chambre régionale et aux chambres départementales, qui
saluent unanimement cette perspective auprès de la Cour, de la mener
à bien,
sous l’égide de la
directrice générale de la chambre régionale dont les efforts à cette fin ont été constants.
L’engagement de l’État et des dirigeants de Chambres d’agriculture France,
auquel devrait
8
Sur les ressources humaines voir infra 4.1.
9
Article D. 511-96 du CRPM.
Sur la comptabilité voir infra 3.4.1.
10
Depuis lors, l’entrée des installés dans le dispositif continue à s’effectuer au n
iveau des chambres
départementales dont les conseillers métiers réalisent les diagnostics techniques, mais les projets économiques
sont désormais effectués
par les conseillers d’entreprise
de la CRA.
11
A
u sens de l’article 72 de la Constitution
.
12
Même si
l’État conserv
e quant à lui deux circonscriptions départementales en Corse.
LES CHAMBRES D’AGRIC
ULTURE EN CORSE À LA VEILLE DE LA CONSTI
TUTION D’UNE
CHAMBRE UNIQUE DE RÉGION
14
s’ajouter
celui de la Collectivité de Co
rse et de l’ODARC
,
doit continuer à s’exercer y compris
à travers les leviers financiers dont ils disposent pour accompagner cette régionalisation.
1.1.3
Créer les conditions d’une coopération entre la chambre de région et
l’ODARC
dans le cadre du statut spécifique de la Corse
Les chambres d’agriculture de Corse sont régies par les mêmes statuts et exercent pour
l’essentiel les mêmes fonctions que leurs homologues du continent dévolues par le code rural
et des pêches maritimes (CRPM). Mais depuis 1982, cinq lois
13
ont forgé un statut particulier
de la Corse en décentralisant notamment des compétences en matière agricole et de
développement rural. Au titre de
l’article L.
4424-33 du CRPM, «
la collectivité territoriale de
Corse détermine, dans le cadre du plan d'aménagement et de développement durable, les
grandes orientations du développement agricole, rural et forestier, de la pêche et de
l'aquaculture de l'île »
. Deux offices de développement agricole de la Corse (ODARC) et
d’équipement Hydraulique de la Corse (OE
HC) ont été placés sous la tutelle de la Collectivité
de Corse, installant des équilibres institutionnels
avec les chambres d’agriculture différents
de
ceux qui prévalent sur le continent.
L’ODARC es
t à la fois
l’
organisme payeur des soutiens
relevant du second pilier de la politique agricole commune (PAC)
en lieu et place de l’
autorité
de services et de paiements (ASP) et un office de développement.
L’État assure en matière
agricole et rurale
un pouvoir régalien de contrôle, d’impulsion, d’orientation, not
amment via
des financements
14
et la tutelle qu’il exerce sur les chambres d’agriculture
15
:.
L
es rôles de l’ODARC et de
s chambres sont proches, suscitant des confusions voire une
concurrence dont tous les acteurs se montrent insatisfaits. Le principal point de friction
concerne l’accompagnement de l’installatio
n des agriculteurs, compétence traditionnelle des
chambres et point d’entrée pour d’autres prestations auprès des nouveaux installés
. La chambre
régionale -
opère en Corse dans le cadre d’une dévolutio
n de cette compétence à la Collectivité
et à l’ODARC comme l’a confirmé la loi d’orientation agricole de 2014
16
. L’ODARC est chargé
de l’examen du dossier et sa pré
-
instruction, la chambre conservant l’analyse «
technico-
économique
» et le conseil. L’office
a lancé en 2024 un appel à manifestation d’intérêt pour
l’accompagnement de l’installation, auquel la chambre
régionale
d’agriculture a candidaté
mais
13
Loi n° 82-213 du 2 mars 1982 relative aux droits et libertés des communes, des départements et des régions, loi
n°82-659 du 30 juillet 1982 portant statut particulier de la région de Corse (compétences), loi n° 91-428 du 13 mai
1991 portant statut de la collectivité territoriale de Corse et loi n° 2002-92 du 22 janvier 2002 relative à la Corse,
loi NOTRe n°2015-991 du 7 aout 2015 portant nouvelle organisation territoriale de la République.
14
L’ASP reste l’organisme payeur des aides du premier pilier de la politique agricole commune. L’État contribue
au financement des actions agricoles et notamment celles des chambres dans le cadre du programme régional de
développement agricole et
rural (PRDA) et des plans successifs portés par FranceAgriMer avec l’ODARC (plan
d’avenir de la Corse puis plan Ambition Corse depuis 2022).
15
Exercée sous la responsabilité du Préfet de région, préfet de Corse-du-Sud et du Préfet de Haute-Corse par la
di
rection régionale de l’agriculture, de l’alimentation et des forêts
- DRAAF - et la direction régionale des finances
publiques
–
DRFIP - pour la chambre régionale et la chambre de Corse-du-Sud, par la direction départementale
des territoires et de la mer - DDTM - pour la chambre de Haute-Corse.
16
Article L511-4-
4 CRPM qui confie à l’ODARC l’accompagnement du parcours d’installation.
LES CHAMBRES D’AGRIC
ULTURE EN CORSE À LA VEILLE DE LA CONSTI
TUTION D’UNE
CHAMBRE UNIQUE DE RÉGION
15
qui devrait conduire en tout état de cause introduire de nouveaux acteurs pour la mise en oeuvre
de cette politique
17
. La dynamique d’installation
est faible en Corse.
Tableau n° 2 :
Nombre d’installations aidées en Corse (2013
-2022)
Années
Total
2013
66
2014
19
2015
19
2016
42
2017
47
2018
49
2019
71
2020
61
2021
58
2022
46
Source : DRAAF de Corse.
Si une mise en concurrence entre acteurs peut avoir des effets vertueux, les pouvoirs
publics nationaux et locaux doivent veiller à clarifier l
es domaines d’intervention
des différents
acteurs
–
État, Collectivité de Corse, chambre de région en lien avec les filières de production,
notamment pour l’installation
. Cela semble indispensable à la bonne conduite de la politique
agricole et rurale en Corse comme à la viabilité et à la réussite de l’action de la future chambre
de région
.
1.2
Remédier aux lacunes constatées en matière de gouvernance
La chambre de région devra corriger les dysfonctionnements de gouvernance constatés
dans les trois chambres
d’agriculture de Corse.
17
C
raintes un temps renforcées avant l’interruption de l’examen au Parlement en 2024 du projet de loi pour la
souveraineté agricole et le renouvellement des générations en agriculture (PLOSARGA). Les dispositions de
l’article 10 prévoyait de confier à l’ODARC
et non aux chambres comme sur le continent, les missions dévolues
à un nouveau guichet unique pour les porteurs de projets
d’installation et de cession,
«
France Services
Agriculture
» constitutif
d’un guichet unique vers lequel le point d’accueil orientera
it les porteurs de projets
d’installation ou de cession d’exploitation. Cette perspective a suscité une démarche des prés
idents des chambres
de Corse auprès du président de la Collectivité territoriale de Corse, des parlementaires,
ainsi que d’une
intersyndicale des salariés des trois chambres.
LES CHAMBRES D’AGRIC
ULTURE EN CORSE À LA VEILLE DE LA CONSTI
TUTION D’UNE
CHAMBRE UNIQUE DE RÉGION
16
1.2.1
Assurer un fonctionnement plus conforme des sessions
Les trois chambres de Corse ont été gérées, avant comme après les élections
professionnelles de mars 2019, par des majorités
composées d’élus
des fédérations des
syndicats d’exploitants agricoles (FDSEA) et des jeunes agriculteurs (JA).
Les sessions se sont
réunies selon un rythme conforme aux dispositions du CRPM mais minimal
18
. Les présidents
des FDSEA et des JA de Haute-Corse et de Corse-du-Sud sont conviés aux sessions de la
chambre régionale depuis 2017 comme «
officiels invités
» au même titre que les représentants
des différentes institutions publiqu
es. Rien ne justifie ce traitement particulier qui ne s’applique
pas à l’ensemble des organisations
professionnelles et devra disparaître de la chambre de région.
En Corse-du-Sud,
rien n’atteste d’un contenu substantiel des échanges
, faute le plus souvent de
compte rendu des débats, lacune attribuée par la chambre au congé pour maladie de la salariée
chargée de ces opérations.
La CRA est présidée de 2013 à 2019 par M. Joseph Colombani, alors vice-président de
la chambre de Haute-Corse. À
l’issue de deux ann
ées de retrait de la Corse-du-Sud des instances
régionales et d’un accord en
2019 entre les deux FDSEA et les deux JA pour un «
partage de
la gouvernance de l’établissement en faisant part égale sur le mandat du président, 3 ans pour
le Nord, 3 ans pour le Sud
», trois présidents se succèdent à la tête de la chambre régionale : M.
Pierre Acquaviva,
élu par la session d’installation de mars 2019 avant de démissionner en
septembre 2019 «
faute de marges d’action
» ; M. Jean-Francois Sammarcelli élu le 18
septembre 2019, membre du bureau de la chambre de Haute-Corse ; M. Stéphane Paquet,
président de la chambre de Corse-du-Sud depuis le 5 octobre 2022.
De 2013 à 2019, la chambre de Haute-Corse est présidée par M. Christian Orsucci après
l’invalidation de l’élec
tion de M. Jean-Marc Venturi - qui est ensuite régulièrement désigné
comme «
président délégué
» dans les procès-verbaux de la chambre. M. Venturi est vice-
président mais semble avoir présidé
de facto
les séances, suscitant des interrogations sur
l’organisation institutionnelle prévalant alors au sein de l’exécutif de la chambre.
Depuis 2019,
la chambre est présidée par M. Joseph Colombani (vice-président pendant la précédente
mandature).
Pendant l’ensemble de la période, l
a chambre de Corse-du-Sud est présidée par
M. Stéphane Paquet.
Les sessions des trois chambres ont connu des difficultés récurrentes de quorum
jusqu’en mars 2019
, avant une nette amélioration à laquelle le recours à la visioconférence
depuis la crise sanitaire a pu contribuer.
Le blocage des instances entre 2017 et 2019 par le
conflit entre les deux chambres départementales a largement contribué aux défauts de quorum
et à l’irrégularité des décisions de la session
régionale. Seules les sessions des 29 mars et 25
septembre 2018 ont donné lieu à des re-convocations conformément au code rural, notamment
le 11 octobre 2018 pour approuver une délibération relative au «
projet d’acquisition du siège
social
». En revanche, les délibérations des sessions du 14 mars 2017, du 11 juillet 2017, du 20
décembre 2017 et du 19 décembre 2018 sont de ce fait irrégulières. Ces difficultés de quorum
ne se posent pratiquement plus depuis le renouvellement de mars 2019 et l’accord passé entre
les organisations syndicales et les exécutifs des deux chambres départementales. En Haute-
18
Pour la CRA par exemple à trois reprises en 2017 comme en 2018, à 5 reprises en 2019, 3 en 2020, 2 en 2021
et 3 en 2022.
LES CHAMBRES D’AGRIC
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TUTION D’UNE
CHAMBRE UNIQUE DE RÉGION
17
Corse, la chambre attribue l’absence de quorum
lors des sessions à un défaut de signature de la
liste d’émargement par les présents lors des sessions du 14 mars 2017
et du 11 octobre 2018.
I
l n’en reste pas moins que
les délibérations alors prises sont irrégulières notamment
celle d’
octobre 2018 autorisant le président de la chambre à vendre des locaux situés sur la
commune de Bastia, à signer une promesse de vente et à contracter un emprunt de 1,7
M€
19
.
Une « charte des élus » comporte depuis 2019 un engagement de présence. En Corse-
du-Sud, une partie de ces difficultés résulte de la décision des élus «
Via Campagnola
» - dont
la gestion faisait l’objet d’observations critiques lors du précédent contrôle
- de ne pas participer
aux sessions. Les délibérations de la session du 17 octobre 2018 sont irrégulières faute de
nouvelle convocation, comme celles de la session du 30 novembre 2018.
1.2.2
Réunir plus régulièrement le bureau
Les sessions des trois chambres ont pris régulièrement des délibérations pour déléguer
leurs compétences aux bureaux pour les modifications du budget hors les sessions et pour les
actes de gestion
20
. Mais les bureaux se réunissent peu au regard de la pratique habituelle des
chambres d’agriculture
, ce qui peut
s’expliquer
en partie par la longueur des déplacements sur
l’île
.
Au niveau régional,
le bureau ne s’est pas réuni en 2017 et en 2018, période de blocage
avec la chambre de Corse-du-
Sud. Il s’est réuni une fois en 2019, trois fois en 2020, deux fois
en 2021, deux fois en 2022, deux fois en 2023. Il en va de même en Haute-Corse où le bureau
se réunit peu 4 fois en 2017, jamais en 2018, deux fois en 2019, 3 fois en 2020, deux fois en
2021, 4 fois en 2022 et 6 fois en 2023. Ces réunions plus fréquentes en 2023 font suite à une
décision du bureau du 16 mars 2023 qu’il convient de saluer visant à «
se réunir une fois par
mois à compter d’avril 2023
». En Corse-du-Sud, il se réunit peu : une seule fois en 2017, 3 fois
en 2018, 4 fois en 2019, 4 fois en 2020, 6 fois en 2021, 4 fois en 2022 et 2 fois en 2023. Il
souffre régulièrement d’absentéisme avec des quorum non atteints en juillet 2017
et en avril
2018. Les décisions prises à sont en conséquence irrégulières au regard des dispositions de
l’article D
.511-63 du code rural et des pêches maritimes (CRPM).
Le bureau des chambres ayant pour vocation de garantir la collégialité et la continuité
hors des périodes de sessions,
la chambre de région devra modifier les pratiques constatées
pour assurer une fréquence de réunion de nature à assurer une gouvernance collective
efficace des chambres.
19
Voir les aspects immobiliers infra 4.2.
20
Faute de quorum, les délégations au bénéfice du bureau entre les sessions en dates des 20 décembre 2017 et 19
décembre 2018 sont irrégulières.
LES CHAMBRES D’AGRIC
ULTURE EN CORSE À LA VEILLE DE LA CONSTI
TUTION D’UNE
CHAMBRE UNIQUE DE RÉGION
18
1.2.3
Doter la chambre de région d’un
règlement intérieur absent des trois chambres
Aucune des trois chambres de Corse ne s’est dotée d’un règlement intérieu
r, en
contradiction avec l’article D
. 511
–
68 du CRPM
21
, même si les services de la chambre
régionale et de la chambre de Haute-Corse ont pour leur part proposé des projets à leurs sessions
respectives.
La chambre de région devra
s’en doter
dès
la session d’installation suivant les
élections de janvier 2025
, conformément à
l’article D 512
-15-5 du CRPM
22
.
La Cour prend bonne note de la vigilance manifestée par le Préfet de Corse à cet égard
tout comme
de l’intention manifestée par Chambres d’agriculture
France de présenter un
modèle actualisé de règ
lement intérieur des chambres à l’issue des élections de janvier 2025.
1.2.4
Instituer les instances consultatives qui font défaut dans les trois chambres
Seule la chambre de Haute-
Corse s’est dotée de
s commissions prévues par le code rural
que la plupart des ch
ambres d’agriculture mettent en place pour leur bon fonctionnement
collégial et leur ancrage local
23
.
La création d’un
comité régional de l’élevage (COREL) le 4
décembre 2023 constitue une étape positive.
La chambre de région devra, dès sa session
d’install
ation en 2025,
mettre en place l’ensemble des instances consultatives prévues par
le code rural.
Sur tous ces points,
la Cour note la volonté de
Chambres d’agriculture France de
prendre en compte la correction des éléments relatifs à la gouvernance de la chambre de
région au titre du prochain audit programmé par sa cellule d’audit interne
.
1.2.5
Des cadres de direction trop longtemps confrontés aux vicissitudes de la
régionalisation
Les vicissitudes de la mutualisation régionale ont pesé sur l’action des directi
ons des
trois chambres dont deux, la chambre régionale et la chambre de Haute-Corse, ont la même
directrice générale, Mme Hélène Beretti, en fonction à la CRA
depuis 2013 dans le cadre d’une
mise à disposition partielle par la chambre de Haute-Corse. Des décisions du 15 mars 2013, du
18 mars 2019, du 20 septembre 2019 et du 5 octobre 2022 lui donnent délégation de signature
du président
–
sous la forme de notes co-signées par la directrice, ce qui apparaît superfétatoire.
La direction de la chambre de Corse-du-Sud a donné lieu à des évolutions plus heurtées.
À la suite du départ à la retraite du titulaire, le bureau de la chambre approuve le 19 mai 2016
21
Applicable aux chambres
départementales, et régionales en application de l’article D 512
-5 du CRPM.
22
Résultant du décret du 22 février 2022 relatif aux chambres d’agriculture de région.
23
Article D511-3 CRPM
: « Les chambres d'agriculture peuvent constituer en leur sein des comités d'orientation
ou des commissions présidés par le président de la chambre d'agriculture ou son représentant. Les comités
d'orientation assistent, notamment dans les domaines du développement agricole et rural ainsi que de l'élevage,
les chambres d'agriculture dans l'élaboration de leurs programmes d'intérêt général et veillent à la cohérence des
actions des organismes qui y sont représentés. Ils comprennent des membres de la chambre d'agriculture ainsi
que des personnalités qualifiées dans le domaine de compétence du comité. »
LES CHAMBRES D’AGRIC
ULTURE EN CORSE À LA VEILLE DE LA CONSTI
TUTION D’UNE
CHAMBRE UNIQUE DE RÉGION
19
la nomination
d’un
«
directeur intérimaire
» de la chambre «
dans l’attente de la nomination
d’un directeu
r général
». Le 26 octobre 2016, le comité des nominations de l’assemblée
permanente des chambres d’agriculture (APCA), saisi conformément à la procédure, donne un
avis défavorable à sa nomination comme directeur général de la chambre. Le président de la
chambre interrompt la procédure de recrutement et maintient en fonction le directeur intérimaire
–
également
directeur de l’établissement départemental de l’élevage (EDE)
-
jusqu’en
novembre 2019 où
une ordonnance judiciaire lui interdit l’accès aux locaux
de la chambre, dans
le cadre d’une procédure judiciaire pour des soupçons de fraude aux aides agricoles
24
. Le 18
avril 2018 est nommé un directeur adjoint, M. François Tramoni, qui conserve ses fonctions
antérieures pour l’appui technique à l’élevage. Depui
s le placement sous contrôle judiciaire du
directeur intérimaire en novembre 2019, il exerce
de facto
la direction de la chambre, et de
l’EDE «
à titre provisoire
». Il assume la plénitude de ces missions, sans disposer ni du titre ni
des émoluments correspondants, dans un contexte difficile, avec notamment la mise sous tutelle
renforcée de la chambre en 2020/2021.
Le 31 décembre 2022, une
« coordonnatrice, responsable des services
» est nommée.
Son arrivée contribue à améliorer l’organisation du travail d
es services comme en atteste la
tenue régulière du comité de direction assortie de relevés opérationnels.
1.3
Remédier aux lacunes en matière de probité
Au vu des situations de quelques cadres élus et
salarié des chambres d’agriculture
de
Corse et de leur impact pour les chambres et leur mission de service public, la chambre de
région devra veiller au respect des exigences en matière de probité.
1.3.1
La situation de responsables élus de la chambre départementale de Haute-Corse et
de la chambre régionale
Le président de la chambre de Haute-Corse entre 2013 et 2019, également président de
la SAFER de Corse, a été condamné en première instance, en mai 2017, à six mois de prison
avec sursis assortis d’une peine d’amende et d’inéligibilité pendant un an aux élections loca
les
(il est alors maire) pour prise illégale d’intérêt
s
dans le cadre d’un rachat de parcelles.
Le
président de la chambre régionale de Corse de 2013 à 2019, membre de son bureau depuis lors,
vice-président puis président de la chambre de Haute-Corse depuis 2019, exploitant agricole,
président de la FDSEA de Haute-Corse a été condamné en première instance en juillet 2023 à
neuf
mois de prison ferme (aménagés sous la forme d’une rétention à domicile avec bracelet
électronique) et à une peine d’amende (15
000
€) pour escroquerie faite au préjudice d’une
personne publique. Ces condamnations faisaient
suite à une enquête de l’OLAF pour une fraude
aux subventions publiques versées par l’ODARC sur des fonds FEADER durant la période
2012-2015, sur la base de fausse
s factures pour l’achat de matériel agricole d’occasion (deux
factures pour 30
000 € et 15
000 € de subventions). Un appel est en cours
. Cette procédure
judiciaire est
constitutive d’un préjudice d’image au détriment de la chambre.
24
Voir infra 1.3.1.2.
LES CHAMBRES D’AGRIC
ULTURE EN CORSE À LA VEILLE DE LA CONSTI
TUTION D’UNE
CHAMBRE UNIQUE DE RÉGION
20
1.3.2
La situation
d’un cadre
dirigeant de la chambre de Corse-du-Sud
Le bureau de la chambre d’agriculture de Corse
-du-Sud est convoqué le 16 novembre
2018 «
suite à l’opération antifraude du comité opérationnel départemental anti
-fraude -
CODAF - le 12 novembre 2018 sur 4 exploitations agricoles de Leita appartenant à une même
famille
25
». Cette famille est celle
du directeur intérimaire de la chambre et de l’établissement
départemental de l’élevage (EDE)
comme le précisent lors d’une conférence de presse le
procureur de la République
et la préfète de région. À la suite d’un signalement de l’office
européen de la lutte contre la fraude (OLAF), une procédure est en effet ouverte par le parquet
d’Ajaccio à l’endroit
du directeur intérimaire de la chambre et de membres de sa famille pour
des faits présumés
d’escroquerie organisée en bande organisée et de blanchiment aggravé
commis depuis 1
er
janvier 2015 et qui auraient provoqué un préjudice
à hauteur d’un peu plus
de 1,4
M€
à l’encontre de l’Agence de services et de paiements (ASP) et de l’Office de
développement agricole et rural de la Corse (ODARC), autorités de paiement des aides
européennes aux agriculteurs en Corse. Le 24 juin 2022,
le tribunal correctionnel d’Ajaccio
a
constaté la nullité de certains actes de procédure,
ce qui l’a conduit
à annuler
l’ensemble de la
procédure
préliminaire. Il ne s’est pas
prononcé
sur le fond de l’affaire
.
En parallèle, les contrôles menés par les services de l’État ont conduit la préf
ète de
Corse-du-Sud, par courriers valant décisions préfectorales adressés
à la mère, à l’épouse et au
fils du directeur intérimaire le 31 janvier 2020, à retirer les aides
26
au titre des exercices 2015 à
2018 aux motifs
d’une part
que les intéressés ne cor
respondaient pas à la définition d’agriculteur
au sens de l’article 4 du règlement UE n°1307/2013 du 17 décembre 2013 et/ou d’autre part
qu’une
«
coordination délibérée entre 4 exploitations »
et le
«
maintien de 4 demandes d’aides
alors qu’il s’agit d’une
seule exploitation
» existait
afin de bénéficier d’un avantage financier
.
L’ASP a émis des ordres de recouvrement contre les intéressés, contestée devant les tribunaux
administratifs
27
. Contestée devant le juge administratif, cette décision de retrait a, à ce jour, été
confirmée par le tribunal administratif de Bastia
28
puis par la Cour administrative d’appel de
Marseille
29
.
Le Conseil d’État a été saisi d’un recours en cassation. Pour les campagnes
suivantes, certaines aides
30
aux intéressés
31
ont notamment fa
it l’objet d’une réduction de 100
%
pour refus de contrôle en 2018. Les demandes d’aides surfaciques de
l’épouse du directeur
intérimaire
ont fait l’objet de décisions de rejet le 6 octobre 2023 pour les campagnes 2019,
2020, 2021 et 2022 au motif qu’elle
«
ne peut pas être considérée comme agricultrice active
».
Ces aides
32
ont été attribuées sur la base de déclarations concernant les surfaces et le
cheptel transmises par les demandeurs à l’administration
via
la chambre départementale
d’agriculture et l’établissement départemental de l’élevage (EDE).
En outre, depuis au moins
2017, les proches du directeur intérimaire susmentionnés ont bénéficié de prestations payantes
de la chambre au titre de la détention d’animaux et des démarches administratives pour
25
PV du bureau de la chambre.
26
Aides à la surface et aides au bovin allaitant du premier pilier de la PAC.
27
L’ancien directeur intérimaire de la chambre fait l’objet d’un ordre de recouvrement de l’ASP
- contre lequel il
a formé un recours - concernant les aides versées à sa mère dont il est le cohéritier.
28
Jugement du tribunal administratif de Bastia n° 2000514 du 22 avril 2022.
29
Arrêt de la Cour administrative d’appel de Marseille n°
22MA01749 du 13 mars 2023.
30
Y compris indemnités compensatoires de handicap naturel (ICHN).
31
La mère du directeur intérimaire avant son décès, son épouse et son fils.
32
Aides aux surfaces, aides aux bovins allaitants, ICHN.
LES CHAMBRES D’AGRIC
ULTURE EN CORSE À LA VEILLE DE LA CONSTITUTION
D’UNE
CHAMBRE UNIQUE DE RÉGION
21
bénéficier de primes européennes (identification des animaux - IPG, boucles pour les bovins,
déclarations de surface).
Le directeur intérimaire
de la chambre départementale d’agriculture de Corse
-du-Sud
exerce ses fonctions du 19 mai 2016 au 21 novembre 2019. Il cumule pendant cette période ces
fonctions avec celles, plus anciennes, de directeur de l’établissement départemental de l’élevage
(EDE) de Corse-du-Sud. Il a de ce fait une connaissance précise du fonctionnement de
l’identification et notamment des
effets de seuil et des contrôles de cohérence concernant les
déclarations de naissances opérés automatiquement sur la banque de données nationale
d’identification animale (
BDNI)
33
.
Le 23 décembre 2019,
il est destinataire d’une lettre de suspension de sa r
émunération
pour absence de service fait à compter de l’ordonnance judiciaire
puis est réintégré à sa
demande au sein de la chambre le 1
er
septembre 2020 comme chef de «
l’unité organisationnelle
pôle productions animales
», fonction qu’il occupe toujours
à date. Cette fonction serait selon
la chambre
sans lien avec l’EDE.
Néanmoins, il est demeuré le contact de Chambres
d’agriculture France
au titre de
l’EDE jusqu’en juillet 2021
et le pôle « production animales »
de la chambre
est en lien avec l’EDE
. C
’es
t en effet au titre de cette unité constituant le pôle
élevage ou animal de la chambre qu’est agréé l’EDE par un arrêté du 30 décembre 2008
«
portant agrément des établissements de l’élevage
». Les listes de salariés transmises par la
chambre font en outre en 2022 apparaître 10 membres de «
l’unité organisationnelle pôle
productions animales
»,
sans que l’EDE n’apparaisse de manière distincte en son sein.
L
es services de l’État ont
par ailleurs régulièrement constaté la participation du directeur
à des démarches administratives inhérentes aux aides perçues par ses proches.
Par ailleurs, une série de précautions habituelles dans la gestion des données
d’identification n’ont pas été prises par la chambre et par l’EDE
. Alors que les EDE veillent
habituellement
à ne pas confier à chacun de leur salarié l’intégralité du suivi d’un même dossier
d’identification, la chambre de Corse
-du-
Sud et l’EDE ont établi une spécialisation des agents
de l’EDE par territoire
, ce qui ne permet pas des interventions multiples dans la gestion d
’un
même dossier à des fins de contrôle interne.
Par ailleurs, la chambre et l’EDE ont mis en place
un code d’accès aux logiciels d’identification
animale (LOCITA
34
et BDNI) unique et commun
à l’ensemble des salariés autorisés
, ce qui ne permet pas
d’identifier a posteriori les personnes
qui se connectent.
1.3.3
Renforcer les dispositions en matière d’éthique et de prévention des conflits
d’intérêt
Au vu des conséquences de certains agissements susceptibles de porter atteinte à la
réputation de la cha
mbre d’agriculture
, la Cour note la volonté affichée par les chambres de
Corse d’intégrer au règlement intérieur de la future chambre de région des dispositions en
matière d’éthique. Elle
encourage Chambres d’agriculture
France, dont la charte de prévention
des conflits d’intérêt ne s’applique en l’état de son pouvoir normatif qu’aux membres du bureau
,
à lancer, en 2025, son plan de prévention des risques de corruption résultant des travaux de son
33
Voir lexique en annexe.
34
Idem.
LES CHAMBRES D’AGRIC
ULTURE EN CORSE À LA VEILLE DE LA CONSTI
TUTION D’UNE
CHAMBRE UNIQUE DE RÉGION
22
comité d’audit
, comprenant une charte et un code de déontolo
gie pour l’ensemble des élus des
chambres d’agriculture
,
et à mettre en œuvre les prérogatives en la matière qui pourraient
résulter d’une évolution législative de ses compétences normatives
.
1.4
Faire émerger un projet stratégique commun au réseau consulaire de Corse
Comme dans la plupart des chambres d’agriculture, les trois chambres corses
ont été
j
usqu’en 2019
dépourvues de plans stratégiques. Leur
s axes prioritaires d’action découl
aient
pour l’essentiel
de deux documents de programmation des financements de
l’
État et de la
Collectivité de Corse : le programme régional de développement agricole (PRDA 2014-2020
puis PRDAR 2022-2027
) financé par l’État
(via le Casdar) ; le «
plan d’avenir pour la Corse
»
(2014-2018) puis son successeur le «
plan
ambition Corse
» (2021-2025) subventionnés par
l’État (FranceAgrimer) et la
Collectivité de Corse (ODARC).
La CRA s’est dotée
depuis
2019 d’un projet stratégique propre, déclinaison
régionale
du projet national des chambres d’agricultur
e (2019-2025) en lien avec le co
ntrat d’objectifs et
de performance (COP) (2021-
2025) signé par l’État et Chambres d’agriculture France. Il
c
omporte des domaines d’action stratégiques (DAS) et des indicateurs englob
ant
l’action des
trois chambres
d’agriculture de Corse
. Les chambres de Haute-Corse et de Corse-du-Sud
inscrivent depuis 2020 leur action dans ce cadre. La Haute-Corse y ajoute lors de la session du
13 décembre 2021 un «
projet de mandature 2020-2025
» avec cinq engagements comportant
des objectifs, des indications de coût, d’E
TP mobilisés, de financement.
En avril 2022 les trois
sessions formalisent leur
engagement pour la mise en œuvre et le suivi de
s DAS avec la
remontée de 10 % de la taxe additionnelle sur le foncier non bâti (TAFNB) vers un fonds
national permettant d’accom
pagner les chambres les plus performantes et les plus en difficultés.
Les chambres ont identifié leurs
domaines d’action stratégiques
parmi le « menu »
proposé par Chambres d’agriculture France
.
Un tableau permet le suivi d’une série
d’indicateurs de mise
en œuvre mais il demeure incomplet et ne fait pas encore l’objet d’un
recueil automatisé des données pertinentes.
Il appartiendra à la chambre de région de mettre en
œuvre
et d’assurer
le suivi
effectif d
’une
stratégie régionale.
______________________ CONCLUSION INTERMÉDIAIRE ______________________
Après de longs atermoiements, la constitution d’une chambre de région
par fusion des
trois chambres de Corse est désormais actée
pour l’après élections de janvier 2025
par un
décret du 29 juin 2024, alors que le niveau de mutualisation régionale reste e
n dépit d’avancées
récentes en deçà de celui fixé par le décret de mai 2016 et des recommandations passées de la
Cour.
Cette évolution institutionnelle est indissociable d’une clarification des compétences
des acteurs de la politique agricole et rurale dans le cadre spécifique et évolutif du statut de la
Corse, pour permettre
une bonne coopération entre l’ODARC et la chambre de région
,
notamment pour la politique d’installation
des agriculteurs. Près de dix ans après les
précédents constats de la Cour, la fusion devra améliorer le fonctionnement de la gouvernance
des chambres. Fragilisées par les conflits entre les deux départements, les chambres bénéficient
LES CHAMBRES D’AGRIC
ULTURE EN CORSE À LA VEILLE DE LA CONSTI
TUTION D’UNE
CHAMBRE UNIQUE DE RÉGION
23
de l’engagement de
leurs salariés et élus mais le fonctionnement des instances - session, bureau
et commissions -
n’est pas
pleinement
conforme aux exigences du code rural et d’une bonne
gouvernance. La situation de certains responsables, élus et salariés, en lien avec des fraudes
ne contribue pas à leur sérénité et à leur crédibilité. La constitution de la chambre de région
devra dès lors comporter une série de mesures de remise en ordre accompagnées
par l’
État, la
Collectivité de Corse et Chambres d’agriculture
France :
-
En matière de gouvernance : remédier aux lacunes constatées quant à la
composition d
e la session, au respect des règles du quorum, à l’absence de
règlement intérieur, à la non mise en œuvre complète du décret du 13 mai 2016 pour
la mutualisation des services et à l’absence
des commissions et comités ainsi que
des services communs régionaux prévus par les articles D 512-2 (innovation,
recherche et développement) et D 512-2-1 du CRPM (valorisation du bois et
territoires) ;
clarifier les domaines d’intervention respectifs de l’ODARC et de la
chambre pour favoriser une bonne coopération entre ces acteurs de la politique
agricole et rurale ;
-
En matière d’éthique et de prévention des conflits d’intérêt
: établir un règlement
intérieur comportant des règles en matière de prévention des conflits d’intérêt pour
les élus et les salariés de la chambre dans le cadre prévu par Chambres
d’agriculture France
;
-
En matière de stratégie de développement agricole : assurer le bon suivi de la mise
en œuvre du projet stratégique régional
.
LES CHAMBRES
D’AGRICULTURE EN CO
RSE À LA VEILLE DE L
A CONSTITUTION D’UNE
CHAMBRE UNIQUE DE RÉGION
24
2
LA CHAMBRE DE RÉGION, CONDITION DE LA VIABILITÉ
DU RÉSEAU CONSULAIRE AGRICOLE EN CORSE
La fusion complète est unanimement reconnue comme une nécessité pour la survie du
réseau consulaire agricole en Corse dès lors que
l’absence de taille critique et
le défaut
d’harmonisation
entre chambres portent préjudice à leur efficacité auprès des agriculteurs.
2.1
Une priorité donnée à un élevage en difficulté
L’activité des chambres est d’abord tournée vers les secteurs de production animale dont
la fragilité structurelle est accentuée par les variations des régimes d’aides et des fraudes.
2.1.1
Une priorité à l’élevage
extensif aux résultats modestes
Les chambres soutiennent les bénéfices économiques,
d’aménagement du
territoire,
environnementaux et de défense contre les incendies
35
procurés par l’élevage extensif ovin,
porcin et caprin et par le pastoralisme sur 90 % du territoire de la Corse.
C’est singulièrement
le cas en Corse-du-Sud dont 60 % des exploitations pratiquent
l’élevage
comme activité
principale. La chambre régionale mène des actions transversales de soutien au pastoralisme
notamment financées par le Casdar
3637
. Les chambres départementales donnent un appui
technique aux éleveurs individuellement et aux groupement pastoraux
38
.
Mais l’efficacité de l’action des chambres subit la fragilité
de ce secteur extensif
accentuée par son morcellement, le vieillissement marqué des exploitants et des conditions
naturelles difficiles. Dans ce contexte le nombre de détenteurs et de têtes de bovins, ovins et
caprins se réduit depuis 2017 et 2018.
35
Qui fait l’objet d’une subvention annuelle de 16
000 euros de la DRAAF à la chambre de Corse-du-Sud.
36
Compte d’affectation spéciale «
Développement agricole et rural
» du budget de l’
État.
37
Comme l’étude conduite avec l’institut national de la recherche pour l’agriculture, l’alimentation et
l’environnement (INRAE) et la Collectivité de Corse en 2021 sur «
le pastoralisme du futur
» faisant suite à une
étude pour l’élaboration d’un plan
stratégique d’évolution de la filière de viande bovine corse (2017),
l’organisation d'un colloque régional sur les perspectives de développement de l'élevage pastoral en Corse (2018).
38
Un technicien de la chambre de Corse-du-Sud accompagne ainsi le groupement pastoral de Zicavo.
LES CHAMBRES D’AGRIC
ULTURE EN CORSE À LA VEILLE DE LA CONSTI
TUTION D’UNE
CHAMBRE UNIQUE DE RÉGION
25
Graphique n° 2 :
Nombre de bovins en Corse depuis 2000
Source : EDE Haute-Corse.
La production bovine
39
en Corse subit les conséquences du désordre foncier (indivision,
failles cadastrales), du déficit fourrager,
d’un sous
-investissement technique, de la divagation
des animaux, de la faiblesse des outils de transformation,
d’une insuffisance de signes de qualité
et d’une forte dépendance du cheptel aux évolutions des aides publiques.
Le niveau
d’organisation des producteurs est faible sur une île historiquement structurée autour de vallées
ou de bassins. En Haute-Corse la commission spécialisée de la chambre déploie des efforts
auprès des éleveurs afin de mieux les structurer :
tentatives de création d’
une indication
géographique de provenance (IGP) « Vitellu » pour le veau de plaine
40
, soutien à une race corse
bovine en élevage extensif de montagne, cr
éation d’un atelier d’engraissement et de
méthanisation pour l’engraissage des jeunes bovins en substitution des veaux importés.
Elle en
dresse cependant un bilan mitigé en soulignant les difficultés de mobilisation des collectifs
d’éleveurs en plaine comme en montagne
ainsi que les
réticences locales à la constitution d’une
unité d’engraissage.
Le cheptel porcin baisse également depuis 2020. Les deux chambres départementales
apportent un appui technique aux éleveurs pour la char
cuterie sous appellation d’origine
protégée (AOP) qui concerne 30 % d
’entre eux
et a trouvé son débouché. Des tensions
demeurent
autour d’un projet
soutenu par la chambre de Haute-Corse qui invoque des demandes
de la distribution pour porter une indication géographique de provenance (IGP) pour du porc
en « semi-intensif » reposant sur
un cahier des charges moins exigeant que pour l’AOP en
extensif. Les chambres portent également un projet de valorisation associant la production et la
transformation de farines à partir de châtaignes sous AOP, la charcuterie AOP et le fromage de
brebis des pâturages («
3 AOP
–
3 productions
–
1 droit à prime
»). Elles restent par ailleurs
attentives, à travers leurs dispositifs
de veille sanitaire, au risque récurrent d’introd
uction de la
peste porcine africaine, présente en Sardaigne.
La
réduction de la dépendance aux importations pour l’alimentation des animaux
constitue une priorité de la chambre régionale à travers une
stratégie d’accompagnement de la
filière céréales et l
’
anim
ation d’
une concertation avec les céréaliers pour
la création d’une
association de producteurs. Un projet soutenu par
l’
État et par
l’ODARC
pour «
la reconquête
du marché de l’alimentation animale et humaine, la création d’une filière
, la création
39
Il s’agit d’une production bovine de viande, très peu pour le lait.
40
Dans le cadre des financements du «
plan Ambition Corse »
2021-2025. Un groupement de producteurs est en
place pour élaborer un cahier des charges pour la production et la commercialisation du veau corse.
0
10000
20000
30000
40000
50000
60000
1 2 3 4 5 6 7 8 9 101112131415161718192021222324
LES CHAMBRES D’AGRIC
ULTURE EN CORSE À LA VEILLE DE LA CONSTI
TUTION D’UNE
CHAMBRE UNIQUE DE RÉGION
26
d’a
liments adaptés et la reconquête du territoire par la mise en production de nouvelles terres
»
a vu le jour. La CRA anime dans ce contexte
un comité de pilotage pour la constitution d’
une
unité de fabrication d’alimentation animale.
Ces projets suscitent a
ujourd’hui
des interrogations
de la part de l’ODARC
et
des services de l’
État en raison
de l’absence de structuration des
producteurs et de leur
impact potentiel sur l’utilisation de l’eau
. Leur pertinence mériterait
d’être réexaminée
par la chambre de région
en coopération avec les services de l’
État et
l’ODARC
au titre de l’
appui à
l’élevage
en Corse.
2.1.2
Une lutte contre des fraudes aux aides européennes
à l’élevage qui
impose la
pleine mobilisation du réseau consulaire agricole
La Corse a bénéficié d’un qua
si-
doublement de l’enveloppe des aides du premier pilier
de la politique agricole commune (PAC) entre 2011 et 2017 : près de 24
M€
en 2011, 41
M€
en 2017. En 2023, elles sont redescendues à 36
M€
.
Tableau n° 3 :
Montant des aides payées du premier pilier de la PAC aux agriculteurs en Corse
(millions euros)
2011
2017
2018
2019
2020
2021
2022
2023
Montant net
payé total
23,82
40,8
38,3
35,5
35,9
36,6
36,4
36,2
Source
: Cour des comptes d’après MASA
Aux droits à paiement de base découplés
à l’hectare s’ajoutent d’autres
montants au titre
des paiements redistributifs pour les petites exploitations (moins de 52 ha), des aides découplées
«
vertes/éco-régimes
»
ainsi que des aides animales, principalement bovines (entre 3 et 4 M€).
Il convient d’y a
djoindre les aides du «
second pilier
»
(fonds européen d’appui à l’agriculture
et au développement rural
–
FEADER), le plus souvent des indemnités compensatoires de
handicaps naturels (ICHN),
versées par l’ODARC.
Le régime de ces aides qui concernent principalement
l’élevage
en Corse a connu
d’importantes variations depuis 2015
.
Le ministère de l’agriculture a souhaité faire converger
les aides
à l’hectare
en Corse vers le niveau moyen des aides nationales (de 80 % supérieures
en moyenne à celles de la Corse avant 2015), faisant passer entre 2014 et 2015 la moyenne des
aides à l’hectare en Corse de 90 à 230 €
41
. Il a également ajouté, par un arrêté du 9 octobre
2015, dans les limites de prorata, les chênaies et les châtaigneraies aux surfaces éligibles aux
aides à l’hectare de la PAC pour l’élevage porcin
,
afin de mieux valoriser l’élevage extensif en
zones «
faiblement productives
»
. L’arrêté
a été
étendu en janvier 2016 à l’ensemble des
ruminants (bovins, ovins, caprins). C
ombinées à la définition de l’exploitant agricole en droit
européen et français, au découplage des aides européennes par rapport à la production et au
désordre foncier en Corse, ces évolutions ont conduit à une hausse incontrôlée des surfaces
41
Source : DRAAF de Corse.
LES CHAMBRES D’AGRIC
ULTURE EN CORSE À LA VEILLE DE LA CONSTI
TUTION D’UNE
CHAMBRE UNIQUE DE RÉGION
27
éligibles à la PAC
42
: elles ont augmenté de 12 % entre 2015 et 2018, sans que la production
agricole ne connaisse une évolution comparable.
Ces évolutions se sont accompagnées de suspicions de fraudes qui concernent certains
responsables des chambres
43
. Des contrôles du ministère chargé des finances et un audit de la
Commission européenne ont été diligentés en 2016. Ajoutés aux menaces de refus
d’apureme
nt
et à l’ouverture d’une enquête par l’
office européen de lutte contre la fraude (OLAF) en avril
2017, ces contrôles ont
conduit à des mesures d’ajustement
, au début de 2018, pour contenir la
hausse des surfaces déclarées : multiplication des contrôles sous la forme de visites rapides,
restriction des dispositions pour les chênaies et châtaigneraies aux seuls porcins, resserrement
des aides surfaciques. Une refonte du référentiel photographique a été engagée en 2017 pour
classifier les surfaces pastorales et déterminer des coefficients
d’aide
. Ces mesures ont été
renforcées dans la cadre de la nouvelle PAC depuis janvier 2023. L
e MASA estime qu’elles
sont de nature à éteindre les sources de vulnérabilité aux fraudes, sous réserve de la poursuite
des contrôles.
L’introduction du «
bolus
», puce électronique ingérée par les bovins, rendue obligatoire
pour le bénéfice des aides européennes depuis 2023 et dont la généralisation à tout détenteur
est prévue pour 2026, contribue à assainir le dispositif. Entamé en 2018, un fort déclin de
l’élevage bovin est de fait constaté
depuis 2023 : il est passé de 40 000 à 22 000 têtes
44
. Les
services des chambres
coopèrent à sa mise en œuvre
dans le cadre de conventions avec les
services de l’
État.
S’il ne constitue pour l’heure qu’
une condition pour bénéficier des aides
européennes, le «
bolus
» représente un signal important de détermination publique à lutter
contre les fraudes
auquel le premier dirigeant de l’établissement
public peut difficilement se
soustraire
.
Les élus consulai
res se doivent de donner l’exemple en la matière.
Les
chambres d’agriculture doivent prendre toute
la place qui leur incombe dans la lutte
contre les fraudes. Cependant si la «
chambre de Haute-Corse condamne fermement toute forme
de fraude aux aides agricoles et soutient les efforts déployés par les autorités compétentes pour
y remédier
», elle estime que «
la gestion des aides relève des services de l’État et non de la
Chambre, qui n’a ni pouvoir de contrôle ni autorité sur ces dispositifs
». La chambre de Corse-
du-Sud y ajoute que sa mission relèverait «
du conseil et en aucun cas du contrôle
». La
responsabilité première de la gestion et du contrôle des aides publiques aux agriculteurs
incombe bien
aux services de l’
État
. Mais les chambres d’agricu
lture ne sont pas exemptes de
responsabilités en la matière aux titres de leur vocation
d’établissement public garant de
l’intérêt général financier, du pilotage de l’établissement de l’élevage notamment pour
l’identification, de leurs prestations auprès d
es déclarants et bénéficiaires des aides et enfin de
l’exemplarité dont ses responsables doivent faire preuve auprès des exploitants.
Les responsables de la future chambre de région devront contribuer de manière
exemplaire et déterminée aux côtés des serv
ices de l’
État
et de l’ODARC
à la lutte contre
les fraudes aux aides agricoles. La Cour rappelle en outre que la vigilance des agents des
chambres
à l’égard des fraudes relève de leur obligation juridique
, en application de
l’article 40 du code de procédur
e pénale
d’informer le procureur lorsqu’ils acquièrent la
connaissance d'un crime ou d'un délit.
42
Le président de la chambre départementale de Haute-
Corse affirme avoir alors sollicité de l’Etat la mise en place
de dispositifs, notamment un taux de chargement minimal, pour évite
r les effets d’aubaine.
43
Voir supra 1.3.2.
44
Cf supra graphique n°2.
LES CHAMBRES D’AGRIC
ULTURE EN CORSE À LA VEILLE DE LA CONSTI
TUTION D’UNE
CHAMBRE UNIQUE DE RÉGION
28
2.1.3
U
n établissement régional de l’élevage (ERE)
qui devra répondre pleinement
aux exigences de l’identification
animale et de la lutte contre les fraudes
La chambre régionale a validé 4 décembre 2023 la
constitution d’un établissement
régional de l’élevage (ERE) par le transfert des personnels
et des moyens des deux
établissements départementaux (EDE) de Haute-Corse et de Corse-du-Sud, dont l
’agrément est
en cours
d’examen par
la direction générale de l’alimentation (DGAL)
du ministère de
l'agriculture et de la souveraineté alimentaire (MASA). Il sera chargé de la gestion de
l'attribution et de l'unicité des numéros nationaux d'identification, des commandes et de
l’
attribution des marques auriculaires agréées dans le cadre de marchés avec des prestataires
45
et de
l’implantation des «
bolus
».
Cette mutualisation en vue de la chambre de région est nécessaire. Elle doit
s’accompagner comme s’y engage le préfet de Corse
de
la plus grande vigilance afin que
disparaissent les anomalies constatées pour l’EDE de Corse
-du-
Sud à l’occasion d’un
audit
46
en 2021 avec une «
non-conformité majeure
» en matière de recherche et de
correction des cas de gestion suspicieuse des élevages
au titre des missions d’identification
de l’établissement
.
La Cour attire également
l’attention du ministère de l’agriculture et de la
souveraineté alimentaire sur la nécessité pour l’ERE
et la chambre de région de respecter
les attendus en matière de sécurisation informatique
de la gestion de l’identification
, par
l’adaptation de la politique
, des dispositifs et si nécessaire des moyens de contrôle de
l’établissement
.
2.1.4
Une contribution réelle mais limitée au succès des filières végétales et à la
réponse
aux défis structurels de l’agriculture corse
C’est pour l’essentiel hors de l’intervention de
s chambres
d’agriculture que se sont
développées, dans la plaine orientale, les filières viticoles et d
’
agrumes
47
qui comptent parmi
les
principales
réussites
à
l’
exportation
de
l’agriculture
corse
.
Les
prestations
d’accompagnement technique
vendues à ces filières en bonne santé économique contribuent à
améliorer les ressources de la chambre départementale de Haute-Corse au moment où les
difficultés des éleveurs s’a
ccentuent.
C’est d’ores et déjà la chambre régionale qui intervient
depuis 2021 en conseil aux
producteurs oléicoles et en développant des vergers d’expérimentation en lien avec la chambre
de Corse-du-
Sud dans le cadre d’un plan stratégique 2021
-2025 établi par la filière (syndicat
interprofessionnel des oléiculteurs de Corse
–
SIDOC) afin de faire face à des baisses de
production importantes qui ne sont pas totalement expliquées même si l’effet des problèmes
sanitaires et l’impact des dérèglements climati
ques est identifié. Ces prestations de qualité font
45
Convention établissant la collaboration de l’EDE avec Allflex pour la fourniture des boucles (R2, N98) ainsi
que les accessoires (pinces, pointeaux) pour les bovins. Avec Chevillot pour les ovins et caprins.
46
Réalisé par la direction régionale de l’agriculture, de l’alimentation et de la forêt (DRAAF) de Corse et le conseil
général de l’agriculture, de l’alimentation et des espaces ruraux (CGAEER)
.
47
Clémentines, pomelos, oranges, citrons, cédrat, Kiwi.
LES CHAMBRES D’AGRIC
ULTURE EN CORSE À LA VEILLE DE LA CONST
ITUTION D’UNE
CHAMBRE UNIQUE DE RÉGION
29
l’objet d’un suivi régulier mais la chambre ne dispose que de 1,40 ETP
pour les conduire. Les
interventions en arboriculture - surveillance biologique
48
et coordination de six filières - sont
également mutualisées au niveau régional depuis 2023. En viticulture, la chambre régionale
intervient principalement en Corse-du-Sud où les conditions de production sont plus complexes
au regard du changement climatique pour fournir un appui technique à travers des visites
d’exploitation en lien avec la chambre départementale. Des formations au changement
climatique avec un diagnostic sont proposées.
Tant la chambre régionale que celle de Haute-Corse affirment que
« la quasi-totalité de
(leurs) actions participent de l
’agroécologie
»
49
. Le soutien des trois chambres au
développement du pastoralisme repose effectivement sur des ressources naturelles et favorise
le développement de l’agroforesterie
50
. L
’accompagnement
aux signes de l’identification de la
qualité et de l’ori
gine (SIQO) peut également pour certains cahiers des charges favoriser des
pratiques favorables à l’environnement (
comme pour les AOP Charcuterie corse ou
« brocciu »).
La chambre régionale est depuis 2018 maître d’œuvre et d’ouvrage du plan
Ecophyto pour
la réduction de l’usage des produits phytosanitaires et la mise en œuvre de
pratiques alternatives pour le compte de l’office français de la biodiversité (OFB). La chambre
départementale de Haute-Corse anime le réseau «
Ecophyto Dephy
51
ferme
» dans la production
de clémentines depuis 2013 avec la filière IGP mais elle constate elle-même que cette action
n’a pas permis de modifier les
«
itinéraires techniques classiques sur une majorité
d’exploitations
». Les moyens spécifiquement consacrés par la chambre régionale aux pratiques
agroécologiques entre 2017 et 2022 sont limités, même s’ils ne sont pas négligeables au vu de
la modestie de ses moyens
52
. Le bilan du PRDAR de décembre 2023 fait en outre apparaître la
nécessité de renforcer la formation des conseille
rs pour l’accompagnement à l’agroécologie,
avec la perspective d’étendre
en 2025 le plan de compétence qui synthétise les besoins annuels
et les objectifs de formation de chacun des conseillers.
Si 17 % de la production agricole corse est sous label Agriculture Biologique (AB),
faisant de
l’île
la deuxième région pour ce mode de production, cela doit plus aux
caractéristiques propres de l’agriculture corse (élevage extensif) et à l’action des filières et
notamment d’Interbio
(Annexe n° 1)
qu’à celle de
s chambres
d’agriculture. Le projet
stratégique 2021-2025 de la chambre régionale prévoit bien
l’accompagnement aux
conversions en AB mais sans objectif chiffré dont le suivi fait apparaître un nombre réduit
d’accompagnements, en ba
isse en 2023. La chambre porte
plus d’
intérêt au développement des
certifications de type haute valeur environnementale (HVE).
48
Réseaux de surveillance par productions, appui de l’INRAE pour les protocoles, 130 parcelles de surveillance
sur l’état sanitaire des vergers, bulletin de santé, animation du programme ECOPHYTO.
49
«
A travers le conseil de pratiques telles que la rotation et la diversification des cultures (par exemple en
arboriculture) pour préserver la santé du sol, la diminution de l’utilisation des intrants chimiques en favorisant
notamment l’enherbement, la plantation de haies pour attirer les polli
nisateurs et maintenir la biodiversité, la
gestion des déchets agricoles pour réduire l’impact environnemental et le partage de connaissances avec d'autres
agriculteurs en constituant des groupes type GIEE ou en participant à des groupes d’échanges
».
50
Pi
égeage carbone (Plan d’action pastoral, création GIEE agroforestier, journées agroforesterie et agroécologie
en secteur animal et végétal).
51
« Démonstration, Expérimentation et Production de références sur les systèmes économes en phytosanitaires
».
52
Le Casdar et la Collectivité de Corse financent dans le cadre du PRDA, de 1,16 ETP à 2,35 ETP par an pour
l’autonomie fourragère, le changement climatique, la réduction des intrants et biodiversité. FAM et l’ODARC
prennent en charge dans le cadre du «
plan d
’ambition Corse
» de 0,67 à 1,67 ETP par an pour le pastoralisme, et
0,65 puis 2,3 ETP en 2021 et en 2022 pour la transition écologique et l’adaptation au changement climatique.
LES CHAMBRES D’AGRIC
ULTURE EN CORSE À LA VEILLE DE LA CONSTI
TUTION D’UNE
CHAMBRE UNIQUE DE RÉGION
30
Dans la continuité du «
Varenne de l'eau
», la chambre régionale conduit une
concertation afin de réaliser un état des lieux des pratiques et des besoins en eau de chaque
filière et établir une projection des besoins. Elle cherche notamment à encourager la mise en
place de techniques telles que l'irrigation au goutte-à-goutte, le suivi de la consommation en
eau, la formation et des bulletins techniques pour une gestion plus durable de l'eau. La
commission « végétale » de la chambre de Haute-Corse évoque régulièrement les enjeux liés à
la disponibilité de la ressource en eau, dans un contexte de changement climatique, avec une
bonne
coopération avec l’OHEC. Un conseiller eau/irrigation est chargé
du suivi des sondes
installées par la chambre, d
es bulletins d’irrigation hebdomadaires en arboriculture et
viticulture, du
conseil pour les pratiques d’irrigation et
de
l’analyse des effets
du changement
climatique sur les productions insulaires.
La Corse est par ailleurs confrontée à des risques sanitaires spécifiques. Le bilan de
décembre 2023 du programme régional de développement agricole et rural (PRDAR) souligne
la nécessité de «
doter
la Corse d’un outil collectif de suivi sanitaire au service de la production
d’auxiliaires locaux
» auquel la chambre de région a vocation à participer à travers ses
dispositifs de veille sanitaire.
2.2
Un équilibre entre activités subventionnées et prestatio
ns d’appui
technique facturées aux exploitants à trouver
La chambre de région devra en lien avec ses tutelles et ses financeurs publics rechercher
un meilleur équilibre au vu des besoins des exploitants et de leurs capacités de financement
entre les activités, naturellement dominantes,
dites d’intérêt général financées par les
subventions publiques et celles qui reposent sur la facturation de prestations d’appui aux
agriculteurs voire aux collectivités locales sur un marché concurrentiel.
2.2.1
Une dépendance aux subventions
de l’
État et de la Collectivité de Corse
supérieure aux moyennes nationales
Chambres d’agriculture France
et les trois chambres de Corse sont fondées à rappeler
que
les missions d’intérêt général confiées à des établissements publics, qui plus
est au vu de la
fragilité économique de nombreux exploitants en Corse, justifient le recours aux subventions.
Mais leur part par rapport à la facturation des prestations auprès des exploitants reste plus élevée
que la moyenne des chambres au niveau national : 62 % pour le CRA contre 30 % en moyenne
nationale, autour de 40 % en Corse-du-Sud et en Haute-Corse pour 22 % en moyenne nationale.
La chambre régionale a bien réduit sa dépendance aux subventions depuis 2017, de 78 %
à 62 % de ses produits en 2023 avec un point bas à 51 % en 2020
(Annexe n° 2). Car si le
montant global des subventions versées à la chambre régionale augmente de plus de 34 % entre
2018 et 2022 du fait de sa montée en puissance, même relative, cette dernière
s’accompagne
également d’un plus que doublement
du produit de la taxe affectée en lien avec la mutualisation.
Il passe de 17 % à 31 % des ressources de la chambre (proche de la moyenne nationale des
chambres à 33 %).
LES CHAMBRES D’AGRIC
ULTURE EN CORSE À LA VEILLE DE LA CONSTI
TUTION D’UNE
CHAMBRE UNIQUE DE RÉGION
31
Tableau n° 4 :
Subventions publiques à la CRA de Corse de 2017 à 2023 (
€)
2018
%
2019
%
2020
%
2021
%
2022
%
Casdar
96 500
81 992
89 755
90 895
100 000
FAM
23 136
13 462
120 452
158 290
Total État
119 636
42
81 992
33
103 217
40
211 347
61
258 290
67
Odarc
166 032
58
164 000
67
153 983
60
131 000
39
125 000
33
Total
285 668
245 992
257 200
342 347
383 290
Source
:
Cour des Comptes d’après Grand livre
La part de l’État
53
, passée de 40 % à 67 % entre 2018 et 2022, est devenue majoritaire
parmi les subventions par rapport à celle de la coll
ectivité de Corse et de l’ODARC
- à des
conditions moins satisfaisantes pour les chambres
54
. La Chambre régionale porte le pilotage et
la gestion des financements par le Casdar des interventions des chambres de Corse dans le cadre
du programme régional de développement agricole de Corse (PRDA puis PRDAR 2022-2027)
(Annexe n° 3) au titre
d’une convention annuelle
avec le MASA dont elle reverse une partie
aux deux chambres départementales
55
. Selon une évaluation du conseil général d
e l’agriculture,
de l’alimentation et des espaces ruraux (
CGAAER) en juillet 2019, «
les chambres
(de Corse
)
ont démontré leur capacité administrative à conduire les dossiers
56
» mais les actions
transversales confiées aux chambres sont marginales (11 % des montants), sans grand impact
sur l’ensemble des filières et
«
la part d’action de la chambre régionale est très faible
»
57
. La
chambre régionale reçoit également des financements au titre du plan «
ambition corse
» (2021-
2025), successeur du «
plan d’aven
ir
» (2015-2020),
financé par l’État (FAM) et la
collectivité
de Corse (ODARC)
et centrés sur l’appui aux filières
.
Les subventions à destination de la chambre de Haute-Corse connaissant la même
évolution (Annexe n° 2). Elles sont en hausse durant la période et atteignent 1,72
M€ en 2023.
Le produit de la taxe additionnelle pour le foncier non bâti (TAFNB), qui constitue quant à lui
37 % des produits en 2023, est proche de la moyenne nationale des chambres (39 %).
La chambre de Corse-du-Sud est fortement dépendante de la fiscalité et des subventions
dont la part dans ses ressources dépasse de 20 points la moyenne nationale des chambres (près
de 85 % des ressources de la chambre en 2023 pour 64 % en moyenne nationale
58
,Annexe n°
2). Le produit de la TAFNB est resté stable pendant la période, comme pour toutes les
53
Casdar dans le cadre du PRDA et FAM au titre des plans «
d’avenir
» puis «
ambition Corse
».
54
Conduisant par exemple pour la Haute-Corse en 2022 à une perte de 107
506 € par rapport au budget
prévisionnel.
55
En 2024, le PRDAR finance 14,21 ETP dont 3,95 pour la CRA (6,43 pour la chambre de Haute-Corse, 3,30
pour la chambre de Corse-du-Sud).
56
Évaluation du plan d’avenir de la Corse, CGAAER, 2019.
57
Sur les 760 000
€ /an de crédits publics consacrés aux actions transversales,
les chambres
n’émarge
nt
qu’à
hauteur de 160 000
€/an, soit 21
% pour
l’observatoire économique en lien avec
la CA2B, le pastoralisme et les
études céréales et viande bovine.
58
Source : Données sociales et financières 2022
–
Chambres d’agriculture France.
LES
CHAMBRES D’AGRICULTU
RE EN CORSE À LA VEILLE DE LA CONSTITUTI
ON D’UNE
CHAMBRE UNIQUE DE RÉGION
32
chambres, à 1 143 096
€
, avec une hausse de 3 % en 2023 à titre national. En 2023, la taxe
représentait 43,5 % des ressources de la chambre (entre 45 % et 48 % depuis 2019) pour une
moyenne nationale de 39,5 % (référence 2022).
2.2.2
L
’appui
technique facturé aux exploitants modestes mais en progression
Lors de ses deux précédents contrôles, la Cour insistait sur la nécessité pour les trois
chambres de Corse
de développer les prestations d’appui technique
facturées afin de mieux
répondre aux besoins des agriculteurs et de contribuer plus fortement à leur équilibre financier.
Depuis 2015 au niveau départemental et 2021 au régional
59
, les chambres de Corse facturent
désormais l’essentiel de leurs prestations.
Demeurent gratuites - outre celles qui sont
traditionnellement intégralement subventionnées - des prestations
d’accompagnement du
lancement de dynamiques collectives, des agriculteurs en difficulté ou subissant des calamités
et la première visite pour le conseil juridique. La chambre de Corse-du-Sud a engagé une
convergence de ses tarifs vers ceux de la chambre de Haute-Corse
60
. La chambre de région
pourra
généraliser le règlement par prélèvement automatique mensuel.
Avant que la chambre de région ne les porte intégralement à partir de 2025, l’essentiel de
ces prestations est porté par les chambres départementales - pour près de 770
000 € pour la
chambre de Haute-Corse, 300
000 € pour celle de Corse
-du-Sud en 2023
–
plutôt que par la
chambre régionale - moins de 110
000 €.
Les prestations facturées par la chambre régionale ont
doublé en valeur entre 2017 et 2023, correspondant à une part croissante mais encore réduite
de ses ressources. De 3,7 % en 2017, elles atteignaient 6,4 % de ses produits en 2023 après un
maximum de près de 12 % en 2020.
Tableau n° 5 :
Prestations de services payantes de la CRA (compte 706)
de 2017 à 2023 (€)
2017
2018
2019
2020
2021
2022
2023
Recettes 706
53 890
61
28 894
57 519
84 857
74 982
108 579
102 685
Total produits
1 423 420
1 389 805
1 111 187
715 084
879 145
1 281 646
1 605 797
% produits
3,7 %
2 %
5,1 %
11,8 %
8,5 %
8,5 %
6,4 %
Source
: Cour des Comptes d’après Grands Livre
59
Après une étape intermédiaire en 2017.
60
La session de décembre 2023 a ainsi adopté, en vue de la constitu
tion de l’ERE, l’harmonisation des tarifs
d’identification avec la mise en place d’un forfait de base ovin/caprin/porcin et la facturation des visites de qualité
en élevage bovin, auparavant comprises dans un forfait IPG global.
61
Inscrites au compte 708 (déductions faites des mises à disposition de véhicules et des rémunérations de
commissaires du concours général agricole).
LES CHAMBRES D’AGRIC
ULTURE EN CORSE À LA VEILLE DE LA CONSTI
TUTION D’UNE
CHAMBRE UNIQUE DE RÉGION
33
Certaines prestations sont désormais mutualisées au niveau régional, tout en faisant
appel aux compétences métiers des chambres départementales, comme les études de filières
62
(céréales, bovine), les diagnostics pastoraux et l
’Observatoire
des prix. Constitué en 2018 pour
effectuer au minimum le relevé chaque semaine les prix des fruits et légumes
d’été
63
, il a été
étendu en 2021 à la filière charcuterie, puis en 2022 aux filières fromages, vins et
huile d’olive
avec leur participation financière.
En Haute-Corse, ni la valeur globale ni la part de ces facturations dans les ressources de
la chambre ne marque
d’amélioration
. Elle atteint un peu plus de 17 % des produits en 2022,
comme en 2001, toujours nettement en dessous de la moyenne nationale (28 %).
Tableau n° 6 :
Évolution des prestations de service de la chambre de Haute-Corse (compte 706)
2001
2007
2011
2017
2018
2019
2020
2021
2022
Prestations de
service en euros
520 625
566 811
793 290
789 902
923 574
850 029
779 271
811 524
769 489
% du total des
produits
17 %
15 %
19 %
17,7 %
20 %
19 %
18,7 %
11,7 %
17,3 %
Source
: Cour des comptes d’après Grand livre et comptes financiers
La chambre de Corse-du-Sud part de plus bas. Ses prestations facturées ont nettement
progressé en valeur, mais leur part reste faible dans les ressources. Elles représentent 10 % des
revenus de la chambre en 2023, légèrement en dessous de la moyenne de la période et largement
en dessous de la moyenne nationale (28 %).
Tableau n° 7 :
Évolution des prestations de se
rvice de la chambre d’agriculture de Corse
-du-Sud
(2007-2023) (compte 706)
2007
2012
2017
2018
2019
2020
2021
2022
2023
En euros
189 308
304 348
322 373
323 679
316 246
327 948
282 447
288 925
253 810
En % des
produits
7 %
11%
5,5 %
12,5 %
12,5 %
13,2 %
12 %
11 %
10 %
Sources
: Cour des comptes d’après Grand livre
Pour sortir de la mise sous tutelle renforcée en 2021,
la chambre s’était fixée l’
ambitieux
objectif
d’atteindre la moyenne nationale (28 % des ressources). Les résultats sont décevants.
L’exercice 2023 illustre les difficultés chroniques de la chambre lorsqu’il s’agit de réaliser
ses
ambitions en la matière.
Lors de la session d’octobre 2023, la direction de la chambre constate
que les nouvelles prestations
portée au budget initial de l’ann
ée (Télépac Géophoto,
accompagnement administratif aux calamités, accompagnement à la modernisation,
62
Le plus souvent confiées à des cabinets extérieurs.
63
Effectué par deux agents de la chambre de Corse-du-Sud.
LES CHAMBRES D’AGRIC
ULTURE EN CORSE À LA VEILLE DE LA CONSTITUTION
D’UNE
CHAMBRE UNIQUE DE RÉGION
34
agritourisme) «
n’ont pas trouvé l’écho escompté
» tandis que des prestations plus anciennes
(DOCOBAS,
sécurisation
de
l’identification
des
animaux,
diagno
stics
pastoraux,
accompagnement atelier de transformation) ont connu «
un repli
» (Annexe n° 2).
Il reviendra à la chambre de région,
pour constituer une offre unique,
d’évaluer,
rationaliser, unifier, développer et diversifier son offre de prestations
sur la base du travail
technique engagé depuis 2024 par les trois chambres sous l’égide de la chambre régionale.
Cette
offre est actuellement
d’abord destinée aux éleveurs
et tient largement aux compétences
réglementaires des chambres (identification des animaux, déclarations en vue de bénéficier des
aides européennes, démarches administratives, contrôles techniques) plutôt qu
’à
un appui
technique
qui permettrait d’améliorer les performances des exploitants
. Au niveau régional,
malgré un début de diversification depuis 2022, les prestations relèvent encore à plus de 67 %
des télédéclarations au titre de la PAC
64
et
des droits d’analyses et d’inscription pour le concours
général agricole (CGA). Sur le catalogue des plus de 60 prestations proposées par la chambre
de Haute-Corse
65
, celles qui sont
opérées dans le cadre d’un forfait pour les exploitations
animales représentent près de la moitié (47 % en 2022) de la valeur des prestations,
principalement dans le secteur bovin (20 %), ovin et caprin (16 %) et porcin (3 %). En y ajoutant
l’accompagnement aux télédéclarations au titre de la PAC (8 %), les prestations liées aux
missions de l’EDE (6
%), les
prestations aux éleveurs représentent 65 % de l’ensemble. En
Corse-du-Sud, le forfait «
identification pérenne généralisée
» (IPG), principalement dans le
secteur bovin, est en 2023 la première recette de prestations de la chambre (28 %) ainsi que
l’appui au pastoralisme et le contrôle laitier
ovin
. L’accompagnement des exploitants pour les
déclarations de surface en vue des aides de la PAC représente près de 25 % de ces recettes
66
.
Le suivi d
e la mise en œuvre du projet stratégique
des chambres de Corse pour 2021-
2025 fait apparaitre des difficultés persistantes à atteindre les objectifs en matière de prestations
d’appui technique facturées. Qu’il s’agisse du développement alimentaire territorial
67
, des
circuits courts ou de l’adaptation au changement climatique
68
, les résultats sont faibles. Seuls
les objectifs pour l’accompagnement à l’irrigatio
n sont atteints. Des efforts sont pourtant
entrepris pour diversifier les prestations. La plupart des conseillers des chambres proposent en
élevage un accompagnement technique, individuel ou de groupe, facturé aux clients, pour la
nutrition, les fourrages
et l’autonomie alimentaire.
Dans le secteur végétal de la plaine orientale,
la chambre de Haute-Corse
a su s’ouvrir des opportunités dans la viticulture (5 %
de la valeur
de ses prestations
) et l’œnologie, ainsi que l’accompagnement des organisations de pr
oducteurs
de fruits et légumes (6 %). Elle intervient également comme référente du dispositif INOSYS de
production de références technico-
économiques à l’échelle de l’exploitation agricole dans les
domaines de l’élevage, des grandes cultures, de la viticul
ture, étendu au maraichage, à
l’oléiculture et aux agrumes
69
. La diversification concerne également la formation des
64
Adhésion en 2023 au dispositif de télédétection
« mes parcelles
».
65
Disponible sur internet.
66
Selon la DDT de Corse-du-Sud.
67
Seulement 1 territoire couvert en 2021 et aucun en 2022 pour un objectif de cartographie de la production et de
la gouvernance alimentaire de 2 territoires par an et de 10 pendant la période ; 2 collectivités « identifiées » pour
l’animation de territoires en vue de projets alimentaires territoriaux (PAT) pour un objectif de 3 pendant la période.
68
Pas d’indication du niveau des conversions en agricu
lture biologique et objectif non chiffré, 22 diagnostics haute
valeur environnementale pour un objectif de 240 sur la période, 37 bulletins d’irrigation pour un objectif de 125.
69
Depuis 2017, 9 référentiels ont été réalisés : fourrages et céréales (2016),
fruits d’été (2017), élevages caprins
(2017), oléiculture conventionnelle (2017), élevages bovins allaitants (2017), castanéiculture (2018), élevages
LES CHAMBRES D’AGRIC
ULTURE EN CORSE À LA VEILLE DE LA CONSTI
TUTION D’UNE
CHAMBRE UNIQUE DE RÉGION
35
agriculteurs qui représente 13 % des recettes de prestations en Haute-Corse
, pour l’essentiel par
l’intermédiaire de VIVEA
( Annexe n° 1) sous une certification Qualiopi depuis 2021 qui devra
être étendue à la chambre de région. Dans le même temps les chambres affirment leur volonté
de développer les prestations payantes aux collectivités, avec des résultats limités. La Haute-
Corse affiche 38 contractualisations depuis 2017 dont 6 en 2022 concernant 11 communes (4
diagnostics agricoles, 1
document d’objectif agricole et sylvicole
et 1 programme alimentaire
territorial). La chambre de Corse-du-Sud parvient à dégager un volume non négligeable de
recettes (6 %) de prestations d’urbanisme, principalement pour trois communes.
De nombreux éléments entravent les chambres de Corse à cet égard. Le potentiel
économique est contraint par les caractéristiques de nombre des exploitations agricoles en
Corse marquées par diverses fragilités structurelles. Les limitations financières des chambres
pèsent sur leur capacité à développer les moyens humains nécessaires pour promouvoir et porter
l’appui technique. Il s’y ajoute l
e manque de visibilité de certains financements publics ainsi
que
la concurrence et l’impact de certaines décisions de l’ODARC
. La concurrence est
également le fait
d’autres opérateurs pour accompagner les déclarations en vue de bénéficier
des soutiens de la PAC (cabinet privés, AGC, associations de producteurs et ODARC)
70
.
Le
développement des prestations d’appui technique facturées reste une nécessité pour la
future chambre de région au vu de l’ampleur des besoins des exploitants confrontés à de
nombreux défis liés notamment pour
la gestion de l’eau et
le changement climatique
. La
chambre de région devra prendre toute sa place dans l
’
effort de stimulation coordonnée de
l’innovation, de la recherche et du développement agricoles en Corse auquel la chambre
régionale
n’a
pas pu répondre notamment
avec l’institut de recherche et de développement
(IRD) au titre de r
écentes sollicitations de l’
État
. Un champ de coopération devra s’ouvrir avec
l’ODARC
dès lors que la collectivité de Corse a marqué des ambitions en la matière y compris
du point de vue du transfert des fruits de l’innovation aux agriculteurs
.
La mutualisation devra
permettre d’étendre le nombre des agriculteurs bénéficiaires de
ces prestations facturées, actuellement plus élevé en Haute-Corse (36 % des éleveurs du
département, surtout caprins et ovins
; 42 % pour le conseil végétal individuel, jusqu’à 58 %
pour le conseil technique collectif en agrumiculture et en arboriculture, notamment à travers
des bulletins techniques qui constituent un succès) qu’en Corse
-du-Sud où ces taux sont le plus
souvent inférieurs à 5 % en dépit de quelques exceptions qui soulignent des réussites (43 % des
castanéiculteurs sont accompagnés, près de 30 % des éleveurs bovins en installation et 23 %
des arboriculteurs pour les vergers).
Certains doublons pourront être évités comme pour les télédéclarations au titre de la PAC ou
certaines prestations d’études de filières. L’un des avantages de la mutualisation réside
notamment dans la possibilité pour les chambres de partager le coût d’
un usage plus large de la
marque « ProAgri
», propriété de Chambres d’agriculture France, qui permet d’harmoniser tant
du point de vue technique que de la communication la plupart des prestations.
D’autant que
l’équilibre financier de la chambre de région
ne pourra reposer à l’excès
sur les ressources publiques au regard des moyennes nationales. Pour être crédibles et adaptés
aux
réalités de l’agriculture corse, l
es objectifs assignés à la chambre de région par
l’
État et la
collectivité de Corse devront être établis en cohérence avec l
es priorités d’intervention
porcins (2019), élevages ovins laitiers (2021), maraîchage - tomate (2022), Depuis 2021, deux campagnes laitières
en élevages ovins ont été suivies.
70
600 sont le fait de la chambre sur un potentiel de 800.
LES CHAMBRES D’AGRIC
ULTURE EN CORSE À LA VEILLE DE LA CONSTI
TUTION D’UNE
CHAMBRE UNIQUE DE RÉGION
36
sectorielles fixées au réseau en Corse et les financements qui en découlent.
Le développement
de
l’appui technique aux exploitants devra constituer un point d’application prioritaire
d’une meilleure
coopération entre les acteurs de la politique agricole et rurale de la Corse.
La chambre de région devra pour cela
se doter d’outils
analytiques de suivi plus
complet de ces prestations
. En Haute-Corse, la chambre met en place un contrôle de gestion
en identifiant pour chaque action ou prestation, les coûts, les sources de financement et les
possibilités de facturation aux clients. Cet outil devra être généralisé à l’ensemble des
prestations. La chambre de Corse-du-Sud ne disposant
pas d’une
comptabilité analytique et
d’un suivi automatisé de l’exécution des prestations pa
r les salariés
71
, il n’est pas aisé
d’identifier les sources de financement des différentes activités.
Ce n’est que depuis 2020 que
les comptes financiers de la chambre comportent des tableaux analytiques encore largement
perfectibles
72
.
______________________ CONCLUSION INTERMÉDIAIRE ______________________
L
a constitution d’une chambre de région
en 2025 est une condition non suffisante mais
nécessaire pour permettre au réseau consulaire agricole en Corse de donner une autre
dimensio
n à une activité aujourd’hui limitée, centrée
sans grand succès sur un secteur de
l’élevage
extensif structurellement fragile, affecté par des fraudes aux aides européennes et
dépendante des subventions dès lors que les prestations facturées ne parviennent pas à se
développer.
Elle doit s’accompagner
de diligences permettant de remédier aux lacunes constatées :
-
En matière de lutte contre la fraude
: remédier à l’insuffisance des efforts de contrôle
de l’établissement régional de l’élevage et au manque de d
étermination à lutter contre
les fraudes et d’exemplarité des responsables des chambres dans ce domaine ;
-
En matière de ressources propres et de réduction de la dépendance aux soutiens
publics :
assurer le suivi analytique de l’activité, accroître les prestations d’appui
technique facturées, notamment dans l’innovation, la recherche et le développement et
adapter leur mode de règlement.
71
Il a d’abord été effectué à travers les entretiens individuels avec des fiches visites, puis via un logiciel de gestion
des activités (OCTAGRI) depuis septembre 2021 pour intégrer la facturation, mais pas encore pour les temps de
travail effectué. L’interface est en revanche effective avec Qualiac pour la facturation des prestations. Lors des
visites, le conseiller donne une fiche à un agent administratif qui la saisit.
72
C
omme le souligne l’audit mené par le cabinet de conseil KPMG de 2021, «
86,2 % des recettes et 90,8
% des
dépenses sont affectées à un seul pôle, le pôle indirect
».
LES CHAMBRES D’AGRIC
ULTURE EN CORSE À LA VEILLE DE
LA CONSTITUTION D’UN
E
CHAMBRE UNIQUE DE RÉGION
37
3
CRÉER AVEC LA CHAMBRE UNIQUE LES CONDITIONS
D’UNE ASSISE FINANCI
ERE PLUS SOLIDE
La constitution d’une chambre de régi
on devra contribuer à donner une assise financière
plus solide à un réseau consulaire agricole en Corse dont la viabilité est contestable -
singulièrement en Corse-du-Sud -
en l’état de son émiettement en trois structures.
3.1
Sortir des incertitudes quant à la viabilité financière des chambres
L’analyse de la situation financière de chacune des trois chambres de Corse depuis 2017
est présentée en détail en annexe (Annexe n° 3 pour la chambre régionale, Annexe n° 4 pour la
Haute-Corse, Annexe n° 5 pour la Corse-du-Sud).
3.1.1
La fragilité des résultats
Les résultats des trois chambres soulignent les limites économiques structurelles qui
pèsent à des degrés divers sur leurs activités.
La chambre régionale d’agriculture
parvient à
dégager de modestes bénéfices tout au long de la période sous revue tandis que les chambres
départementales peinent à tirer des ressources de leur activité.
Graphique n° 3 :
Présentation des résultats financiers des trois chambres de Corse (2017-2023)
Source : Cour des comptes à partir des comptes de résultats des trois
chambres d’agriculture de Corse.
LES CHAMBRES D’AGRIC
ULTURE EN CORSE À LA VEILLE DE LA CONSTI
TUTION D’UNE
CHAMBRE UNIQUE DE RÉGION
38
La situation financière en Corse-du-Sud apparaît structurellement dégradée au point
d’être placée sous tutelle budgétaire renforcée
73
de décembre 2020 à septembre 2021 en raison
d’un déficit budgétaire chronique sans effort pour y remédier
.
C’est dans ce contexte que les chambres départementales ont dû faire face à une
augmentation des cotisations pour financer la structuration du réseau régional (CRA) et national
(
Chambre d’agriculture
France). Le bénéfice exceptionnel réalisé pour la Haute-Corse en 2017
et pour la Corse-du-Sud en 2021 ne provient que de la vente de leur siège social.
3.1.2
Une gestion du patrimoine qui doit gagner en cohérence
La chambre de région devra donner une cohérence à la gestion du patrimoine du réseau
consulaire en Corse. Du fait
d’investissements immobiliers, les biens et les droits acquis par
la
chambre régionale
d’agriculture et la chambre départementale de Haute
-Corse ont fortement
augmenté quand ceux de la chambre départementale de Corse-du-Sud ont diminué de moitié.
Le bilan de la chambre régionale q
ui s’élevait à 0,79 M€ en 2017, atteint 2,54 M€ en
2
023 (+222 %). Elle est devenue propriétaire de son siège et l’activité régionale est montée en
charge. L’accroissement de l’actif immobilisé (0,37 M€) et de l’actif circulant (1,38 M€) sont
financés par l’emprunt ainsi que par une hausse des dettes d’explo
itation.
Suivant une tendance semblable, le bilan de la chambre départementale de Haute-Corse,
qui était de 4,15 M
€
en 2017, atteint 8 M€ en 2023 (+101 %). L’
évolution de son actif
s’explique par la hausse des immobilisations corporelles (+3,33 M€)
, liées
à l’acquisition du
nouveau siège et de ses aménagements non compensés par la cession de l’ancien, ainsi que par
celle
des créances d’exploitation (+1,89 M€) résultant
du poids croissant des produits à
recevoir. L
’augmentation du passif est
, pour sa part, portée progressivement par les dettes
financières nées de l’emprunt immobilier à partir de 2019 et par l
a hausse des dettes
d’exploitation depuis 2022.
Au contraire, le bilan de la chambre départementale de Corse-du-Sud baisse de moitié
passe de 4,48 M
€
en 2017 à 2,21 M
€
en 2023. La cession du siège, dont le produit de la vente
de 2017 n
’a pas été
réinvesti, est en partie absorbé par les déficits successifs.
3.1.3
Des fonds de roulement et des trésoreries des chambres
La chambre de région hérite en 2025 de situations contrastées dans les trois chambres
dont aucune ne permettait de garantir une viabilité durable.
Au 31 décembre 2023, le niveau de fonds de roulement de la chambre régionale de
Corse
s’él
evait à 389 755
€, soit quasiment le double de l’exercice
2017 (
199 073 €)
. Son
évolution est marquée en 2019 par l’apport de l’emprunt dans les ressources stables
(Annexe
n° 3).
73
Article D 513-21-1 du CRPM.
LES CHAMBRES D’AGRIC
ULTURE EN CORSE À LA VEILLE DE LA CONSTI
TUTION D’UNE
CHAMBRE UNIQUE DE RÉGION
39
Tableau n° 8 :
Niveaux du fonds de roulement (FdR), du besoin en fonds de roulement (BFdR)
et de la trésorerie de la CRA
(€)
2017
2018
2019
2020
2021
2022
2023
17/23
FdR
199 073
237 390
685 439
743 514
364 563
375 024
389 755
96 %
BFdR
14 452
-128 676
-305 766
-283 045
-112 053
-83 696
-369 021
- 2 653 %
Trésorerie
184 621
366 066
991 205
1 026 559
476 616
458 720
758 776
311 %
Source : Cour des comptes à partir des balances de la chambre régionale
Le nombre de jours de fonctionnement financés par le fonds de roulement est variable :
il
s’élève à 90 jours en 2023.
Le bilan fonctionnel met en évidence le poids des dettes
d’e
xploitation sur les créances
d’exploitation
depuis 2018. Un besoin en fonds de roulement
(BFdR) négatif découle du décalage entre les opérations de décaissement des dettes et de
l’encaissement des créances
, venant ainsi alimenter la trésorerie. Cette situation favorable est
cependant à mettre en perspective avec les marges de progrès
en matière d’application des
règles comptables et de conduite des travaux de fin de gestion
74
. Au 31 décembre 2023, le
niveau de trésorerie inscrit dans les états financiers s’é
levait à 758 776
€, soit quatre fois plus
qu’en 2017 (184
621 €). Le nombre de jours de fonctionnement qu’il permet de prendre en
charge reste au-dessus du seuil critique avec une moyenne de 170 jours entre 2021 et 2023.
En Haute-Corse, le fonds de roulement de la chambre a certes augmenté de 2 % mais il
ne se consolide plus depuis 2020 et le niveau de la trésorerie a, quant à lui, diminué de 65 %.
Tableau n° 9 :
Niveaux du FdR, du BFdR et de la trésorerie de la chambre de Haute-Corse
(€)
2017
2018
2019
2020
2021
2022
2023
17/23
FdR
2 768 160
2 833 184
4 620 146
3 269 104
2 927 157
2 919 370 2 834 815
+2 %
BFdR
1 246 070
1 405 803
1 766 540
1 591 023
2 441 331
2 163 951
2 303 663
+85 %
Trésorerie
1 522 089
1 427 381
2 853 606
1 678 081
485 826
755 420
531 586
- 65%
Source : Cour des comptes à partir des balances chambre départementale de Haute-Corse
Au 31 décembre 2023, le niveau du fonds de roulement atteint
2,83 M€,
légèrement plus
qu’en 2017 (2,77 M€).
Il est relativement élevé, les ressources stables (capitaux propres et
emprunt) couvrent en moyenne deux fois le montant des investissements (immobilisations). Le
nombre de jours de fonctionnement financés par le fonds de roulement (267 en moyenne)
témoigne de la capacité de la chambre à honorer ses charges de fonctionnement
75
. Toutefois,
depuis 2020, il ne se reconstitue pas et, alors même que la chambre a mis en attente le
renouvellement périodique de ses investissements, il vient compenser la faiblesse de sa capacité
à autofinancer les investissements immobiliers entrepris. Le bilan fonctionnel met en évidence
74
Voir infra 3.2.
75
La chambre ne comptabilisant plus les créances douteuses depuis 2020, une incertitude porte cependant sur le
niveau de fonds de roulement mobilisable.
LES CHAMBRES D’AGRIC
ULTURE EN CORSE À LA VEILLE DE LA CONSTI
TUTION D’UNE
CHAMBRE UNIQUE DE RÉGION
40
le poids des créances d’exploitation sur les dettes d’exploitation
générant ainsi un besoin
croissant
de financement du cycle d’exploitation (BFdR) de 85 % entre 2017 et 2023. Sur la
période, les créances sont en moyenne cinq fois supérieures aux dettes. Les leviers de maîtrise
du besoin de fonds de roulement devront être mobilisés pour conforter le niveau de trésorerie.
La chambre de Haute-Corse a formalisé sa procédure de recouvrement des créances
« fournisseurs » et des avancées sont constatées
en matière d’apurement
. Les retards dans le
recouvrement des subventions d’exploitation reçues
des financeurs, déjà relevés lors du
contrôle précédent de la Cour, ne cessent au contraire de croître, formant ainsi un stock de
produits à recevoir
. Le cadre contractuel établi avec les financeurs n’a pas évolué.
Tableau n° 10 :
É
volution des produits à recevoir (€)
2018
2019
2020
2021
2022
2023
Produits à recevoir
comptabilisés
1 401 263
1 431 240
1 168 059
1 980 186
2 214 215
2 569 786
Source : Comptes financiers de la chambre départementale de Haute-Corse
Dans ces conditions, la trésorerie de la chambre est positive mais sa capacité à absorber
le décalage entre les charges et les produits se dégrade
76
. En
2023, son niveau s’élève à 0,53
M€
alors qu’il était de 1,52
M€ en 2017. Le nombre de jours d’activité financé par la trésorerie, qui
était de 126 et 116 en 2017 et 2018 est tombé à 40 en 2021, 63 en 2022 et 46 en 2023
.
Le cycle
d’exploitation
doit être rapidement maîtrisé au regard de la dégradation de la trésorerie.
Comparé à la période antérieure
77
, l’équilibre financier de la chambre
de Corse-du-Sud
s’est amélioré à la faveur du bénéfice exceptionnel de 2017. Cependant, au
-delà des évolutions
observées de 2017 et 2023, les indicateurs bilanciels ont tendance à se dégrader (annexe n°5).
Tableau n° 11 :
Niveaux du FdR, du BFdR et de la trésorerie de la chambre de Corse-du-Sud
(€)
2017
2018
2019
2020
2021
2022
2023
7/23
FdR
2 454 804
1 926 390
1 580 632
1 485 866
1 258 410
1 298 423
1 262 904
-49%
BFdR
2 342 531
50 157
790 570
638 472
928 355
941 861
934 294
-60%
Ttrésorerie
112 273
1 876 233
790 062
847 393
330 054
356 562
328 610
193%
Source : Cour des comptes à partir des balances de la chambre départementale de Corse-du-Sud
Au 31 décembre 2023, le niveau du fonds de roulement de la chambre départementale
s’élève à 1,26 M€, soit 49
% de moins que le montant exceptionnel enregistré en 2017
76
Tendance baissière de 10 % déjà observée entre 2013 et 2017 (Rapport de mission DRFIP PACA).
77
Rapport n°02/2018 du 5 décembre 2018, Pôle expertise et service aux publics-DGFiP.
LES CHAMBRES D’AGRIC
ULTURE EN CORSE À LA VEILLE DE LA CONSTI
TUTION D’UNE
CHAMBRE UNIQUE DE RÉGION
41
(2,45
M€)
78
. En six ans, la chambre a perdu presque la moitié des ressources destinées à couvrir
le besoin de financement lié à l’activité courante et, le cas échéant, à l’investissement
supplémentaire non couvert par la
capacité d’auto
-financement (CAF). Malgré une tendance à
la baisse, le nombre de jours de fonctionnement financés par le fonds de roulement (205 en
moyenne) traduit encore la capacité de la chambre à honorer ses charges courantes. Ses
ressources stables, qui reposent déso
rmais uniquement sur les capitaux propres, couvrent l’actif
immobilisé mais le ratio de couverture tend cependant à diminuer.
Au 31 décembre 2023, le niveau du besoin en fonds de roulement de la chambre
d’agriculture de Corse
-du-
Sud s’élève à 0,93 M€, soit 60 %
de moins que le montant enregistré
en 2017 (2,34
M€). Pourtant, mis à part l’exercice 2017 au cours duquel la constatati
on du
produit de la vente a fortement alourdi le montant des créances avant leur chute en 2018, la
tendance des années suivantes est une hausse progressive du besoin de financement du cycle
d’exploitation (18 % entre 2018 et 202
3). La gestion de la trésorerie nécessite une vigilance
renforcée
79
. L
e nombre de jours d’activité financés par la trésorerie n’est que plus que de 48
jours en moyenne depuis trois ans et, à
l’échelle
infra-annuelle, les plans de trésorerie montrent
des niveaux négatifs de trésorerie
sur plusieurs mois de l’année.
3.2
Une organisation financière et une fiabilité des comptes qui doivent
gagner en rigueur
La chambre de région devra se doter d
’une efficacité
comptable et financière qui fait
aujourd’hui défaut au sein des chambres de Corse.
3.2.1
Une organisation financière et comptable qui doit gagner en efficacité
Le réseau consulaire agricole en Corse ne s’était pas doté avant la constitution de la
chambre de région en 2025 de l’organisation des services qui aurait dû permettre aux deux
chambres départementales, conformément au décret de mutualisation de mai 2016, de se
décharger sur la chambre régionale des fonctions supports, pour leur permettre de mieux se
concentrer sur le service aux agriculteurs
et dégager des effets d’échelle. Chaque
chambre
départementale a
pour l’essentiel
conservé une organisation financière et comptable propre et
sous-optimale. Le transfert de la prise en charge de salariés du niveau départemental vers de la
chambre régionale d’agriculture depuis 2022 n’a pas modifié les
périmètres des gestionnaires
financiers des chambres départementales. L’appui régional au sens de l’harmonisation des
dispositifs de contrôle interne et de gestion n’est pas opérationnel.
Du côté des ordonnateurs,
la gestion financière et comptable repose sur un effectif
réduit. En Haute-Corse, elle est assurée par un agent chargé du suivi des conventions et par un
78
En 2016, le fonds de roulement s’élevait à 205
029
€
.
79
L’évolution de la trésorerie montre la situation difficile dans laquelle se trouvait la chambre en 2017 avant
l’encaissement des produits de la vente en 2018, lorsque le fonds de roulement ne permettait plus de couvrir le
besoin de financement. L’inso
lvabilité a été évitée grâce à un emprunt bancaire. Le nombre de jours de
fonctionnement couverts par la trésorerie n’était que de 11 jours.
LES CHAMBRES D’AGRIC
ULTURE EN CORSE À LA VEILLE DE LA CONS
TITUTION D’UNE
CHAMBRE UNIQUE DE RÉGION
42
autre chargé de l’enregistrement des titres de recette
s, des commandes et des demandes de
paiement. Ils sont placés sous l’autorité de la direc
trice à qui le président a, en partie, délégué
sa signature. Ces deux agents assurent en outre la gestion financière et comptable de la chambre
régionale d’agriculture.
En Corse du Sud, une seule personne assure cette fonction sous la
responsabilité direct
e du président qui n’a pas subdélégué sa compétence d’ordonnateur.
L’agence comptable de chaque chambre repose, quant à elle, sur un agent comptable
nommé en adjonction de service, sur proposition de la DGFiP, sans décharge horaire quant à
son emploi principal. Ce dispositif n
’est adapté
ni aux enjeux de qualité des comptes ni à ceux
de la régionalisation. Les agents comptables se succèdent mais ne sont pas suffisamment
disponibles pour mettre en œuvre les réformes, exercer les contrôles qui leur incombent
et le
conseil auprès de l’ordonnateur. Leur activité se limite à l’enregistrement des opérations
courantes et ne comporte
qu’un contrôle minim
al sur celles qui leur sont présentées. Faute de
suivi, le bénéfice de certains travaux de renforcement de la qualité des comptes tels que le
recouvrement des créances clients
n’est pas capitalisé
.
Au sein de la chambre départementale de Corse-du-Sud, la succession de quatre agents
comptables pendant la période sous revue atteste et renforce la fragilité de la struct
ure. L’audit
de la DGFiP de novembre 2022 porte «
une appréciation d’ensemble très réservée sur le
fonctionnement de l’agence comptable
» et le rapport d’audit de KPMG de mai 2021 évoque
«
une comptabilité d’engagement inopérant
e
». Malgré l’investissement
ponctuel des agents,
les procédures ne sont toujours pas formalisées et la situation financière et patrimoniale de la
chambre montre les mêmes faiblesses.
La coordination entre les acteurs de la chaîne financière, gage d’amélioration des
procédures, a aussi été peu investie par la chambre départementale de Haute-
Corse jusqu’au
changement du système d’information financier. Alors qu’elle n’avait pas mis en œuvre le
contrôle interne comptable et financier imposé par le décret GBCP, elle s’
y est récemment
en
gagée alors qu’il ne relève plus de sa compétence mais de celle de la chambre régionale
80
.
Elle a nommé, à compter du 1
er
janvier 2023, un sous-directeur responsable du pôle
administratif et financier, notamment chargé de mettre en œuvre un plan d’actions d
e maîtrise
des risques élargie à l’ensemble de l’activité de la chambre.
La chambre départementale de
Corse-du-
Sud n’a pas initi
é les dispositifs internes de contrôle permettant
d’
inscrire sa gestion
financière dans une démarche d’amélioration continue
–
qui auraient dû incomber à la chambre
régionale dans un cadre de mutualisation.
Les procédures budgétaires doivent également être mieux respectées. Alors que le
budget initial d
’une
chambre doit être adopté par la session dans des délais permettant qu'il soit
exécutoire au 1
er
janvier de l'exercice auquel il se rapporte
81
, la chambre de Haute-
Corse n’a
jamais ni voté ni soumis à l’approbation de la tutelle son budget initial avant la date fixée
règlementairement. L’adoption tardive du budget rectificatif 2021 n’est pas non plus conforme
au droit budgétaire applicable
82
.
Enfin, la rédaction des rapports de gestion relève d’une obligation réglementaire
83
et
elle
ne saurait se limiter à la présentation d’un diaporama succinct
pour présentation à
80
Article Art. D. 512-1-2. 5° du CRPM
.
81
Article 176 du décret GBCP.
82
Article R. 511-75 du CRPM.
83
Article 212 du décret GBCP.
LES CHAMBRES D’AGRIC
ULTURE EN CORSE À LA VEILLE DE LA CONSTI
TUTION D’UNE
CHAMBRE UNIQUE DE RÉGION
43
l’assemblée délib
érante. Son absence ne saurait non plus retarder le dépôt des comptes auprès
de la Cour par l’agent comptable.
Dès 2025, l’organisation
retenue dans le cadre de
l’établissement unique d
evra
répondre aux enjeux de performance financière et comptable
. Elle pourra prendre appui sur
les travaux du groupe mis en place au début 2024 avec l’appui du prestataire externe.
3.2.2
Une qualité des comptes à améliorer
Cette nouvelle organisation devra notamment s’atteler à une série de chantiers
d’amélioration de la qualité d
es comptes de la chambre.
3.2.2.1
Des immobilisations financières et des fonds propres non justifiés
Les chambres départementales de Corse comptabilisent des immobilisations financières
dont elles ne maîtrisent pas le contenu. Les documents, notamment l’annexe aux
comptes
financiers, ne présentent pas leur ventilation détaillée
84
.
Les ordonnateurs n’ont
dès lors
qu’une
connaissance partielle de leur patrimoine financier.
Les agents comptables, responsables de la conservation des pièces justificatives des
écritures, ne sont pas parvenus à les produire. Alors que les comptes 26 (82 452
€
) et 27
(12 141
€
) de la chambre de Haute-Corse présentent un solde débiteur de 94 593
€, l’agent
comptable a justifié la participation au capital de la Safer Haute-Corse (
21 872 €
)
85
mais pas le
montant restant de 72 721
€
.
Quant à l’agent comptable de la chambre de Corse
-du-Sud, alors
que cette situation a déjà été signalée par la DRFiP
86
, il n’a
pas justifié le solde débiteur de
69
566 €
du compte 26 au 31 décembre 2023. Il ne justifie
pas davantage plus d’un tiers des
fonds propres enregistrés au passif du bilan (
681 401
€
en 2023)
. Il indique sans précision que la
somme de 101 744
€
(compte 104110) serait issue d'une convention de 2013 passée avec
FranceAgriMer et que le montant de 579 657
€
(compte 131500)
n’est pas retracé
. Ce dernier,
qui serait issu d'une subvention relative au centre de formation professionnelle et de promotion
agricoles de Sartène, fait pourtant
l’objet, chaque année,
d’une reprise sur amortissement.
3.2.2.2
Des lacunes en matière de recouvrement des restes à payer
Les chambres d’agriculture
de Corse se sont appropriées à des degrés divers les
observations résultant des derniers contrôles de la Cour en matière de recouvrement des
créances. La chambre départementale de Haute-Corse a formalisé ses procédures, mais cet
effort reste discontinu
. Avant la réalisation d’une prestation
, elle vérifie que le client
n’
est pas
un éventuel débiteur mais les relances et les éventuelles poursuites ne sont pas suivies et leur
84
Instruction comptable commune du 16 décembre 2022 (BOFIP-GCP-22-0014).
85
Attestation de la SAFER datée du 07 mai 2024. Le nombre de titres multiplié par la valeur unitaire de 100 francs
devrait plutôt correspondre à une participation de 136 700 francs, soit 20 839,78 €.
86
Rapport d’audit n°2022
-2A-007 de novembre 2022.
LES CHAMBRES D’AGRIC
ULTURE EN CORSE À LA VEILLE DE LA CONSTI
TUTION D’UNE
CHAMBRE UNIQUE DE RÉGION
44
intensité
s’est atténuée lors du changement d’agent comptable et de système d’information
financier.
En Corse-du-
Sud, la chambre départementale n’a pas
même formalisé sa procédure de
recouvrement. E
n 2017, elle s’est appuyée sur le rapport de la Cour pour admettre
en non-valeur
d
es créances qu’elle n’a pas cherché à recouvrer (76
937,68
€)
87
. Parmi elles, 95 % (soit
73 252,40
€) concernaient des débiteurs dont la proximité avec la chambre
est de nature à
faciliter les diligences nécessaires pour
empêcher leur prescription. L’
interprofession laitière
ovine et caprine de Corse (ILOCC)
, dont le président jusqu’en 2008 fût également
celui de la
chambre de 2007 à 2013, a bénéficié d’une remise gracieuse
88
pour des loyers ou des dépenses
de fonctionnement sans que ses difficultés financières ne soient avérées. Il en va de même pour
la FDSEA qui voit s’effacer des dettes de loyers d’un montant total de 8
552,40
€
. Cette
décision peut être assimilable à une subvention à une organisation dont, qui plus est, les
dirigeants sont ceux de la chambre d’agriculture.
Les manquements de la chambre
départementale de Corse-du-Sud dépassent cette volonté manifeste de ne pas recouvrer
certaines recettes. L’adoption d’une délibération de l'organe délibérant, bien que nécessaire, ne
saurait couvrir l’absence de diligence
s
de l’agent comptable qui a conduit à l’irrécouvrabilité
des créances. De plus, il apparaît que,
lors d’une mê
me session, certains titres ont fait à la fois
l’objet d’une admission en non
-
valeur et d’une remise gracieuse
89
et ont finalement été traités,
sur le plan comptable, dans le cadre d’une annulation de recette.
La reprise des données des trois chambres dans le nouveau
système d’information
financier depuis 2022
ne rend pas une image fidèle de l’étendue des créances restant dues. Alors
que les créances de l'actif circulant doivent être comptabilisées à la date à laquelle les droits
qu'elles génèrent sont obtenus
90
, les créances des chambres nées au cours des exercices
antérieurs ont été comptabilisées dans le compte dédié aux créances de l’exercice en cours
(compte 41112) avec de nouvelles dates et références. Sur ce point non plus, la chambre
départementale de Corse-du-
Sud n’a pas mis en œuvre la recommandation de la DRFiP visant
à reprendre en balance d’entrée les soldes sur les comptes appropriés de la nomenclature entre
les exercices précédent et courant
91
. Sa présentation des créances n’est toujours pas fiab
le.
L’état des développements des soldes annexé au compte financier 2023 contient ainsi des titres
de recette anciens, enregistrés avec un millésime 2023
ainsi qu’u
n nombre de jours de retard et
un libellé faux.
Cette situation complexifie la conduite des diligences à la charge des agents comptables. La
chambre départementale d’agriculture de Haute
-Corse indique avoir saisi la direction nationale
des systèmes d’information (DNSI) de Chambres d’agriculture France pour mettre l’état des
soldes en conformité
avec les normes comptables, mais cette dernière ne s’est pas prononcée
sur ce point. En Corse-du-
Sud, le suivi des créances est réalisé en parallèle, au moyen d’un
tableau Excel, avec pour seul point de repère, un nombre de jours de retard plus plausible. Parmi
les 2 098 titres de restes à recouvrer (255 409
€) inscrits dans ce tableau au 30
août 2023, 1 405
87
Les observations formulées par la Cour plus de deux ans auparavant distinguaient pourtant les créances d'ores
et déjà prescrites à l’époque (antérieures à 2000), celles dont le recouvrement était compromis (entre 2000 et 2005)
et enfin, celles à recouvrer postérieures à 2005. Délibération n°10 du 7 novembre 2017 et mandat n°2017-1058 du
31 décembre 2017.
88
Mandat n°2017-
1056 du 31 décembre 2017 d’un montant de 2
580
€
.
89
Délibérations n°6 et n°7 du 12/01/2017.
90
Instruction comptable commune du 16 décembre 2022 (BOFIP-GCP-22-0014),
page 194.
91
Rapport d’audit n°2022
-2A-007 de la DRFiP, page 33/59.
LES CHAMBRES D’AGRIC
ULTURE EN CORSE À LA VEILLE DE LA CONSTITUT
ION D’UNE
CHAMBRE UNIQUE DE RÉGION
45
(199 169
€
) sont qualifiés de «
contentieux
». Pour autant, la chambre ne comptabilise aucune
créance au titre des clients douteux ou litigieux.
Les avancées récentes
devront s’inscrire dans la durée
au niveau de la chambre de
région.
Elles ont certes permis d’apurer à court terme des restes à recouvrer mais ne protègent
pas contre la constitution d’un nouveau stock de créances.
L’autorisation permanente
de saisie administrative à tiers détenteur (SATD) accordée à
l’agent comptable de la chambre de Haute
-
Corse n’a été mise en œuvre qu’en septembre 2024
sous l’impulsion d
u titulaire nouvellement nommé. Pour la chambre départementale de Corse-
du-
Sud, l’auto
risation de saisie été accordée, de manière ponctuelle, par le président. Ainsi,
grâce à une procédure de saisie à l’égard des bénéficiaires de primes agricoles, 72 % des restes
de 2022 (232 520
€) ont été recouvrés en 2023. Il
reste néanmoins dans les comptes de la
chambre des créances anciennes, notamment à l’égard de personnes publiques n’ayant pas fait
l’objet de relance
92
. La chambre se trouve enfin dans une impasse vis à vis de titres émis à
l’égard des exploitations agricoles ayant fait l’objet d’une
procédure contentieuse pour fraude
aux aides de la PAC. Les restes à recouvrer établis dans ce cadre devront être intégrés au
changement du SI financier.
3.2.2.3
L’absence de provisions
Les chambres de Corse
n’enregistrent pas de provisions
pour risques et charges. La
chambre départementale de Haute-Corse reconnait cette lacune vis-à-vis des créances
douteuses et s’engage à y remédier à la prochaine clôture des comptes. L
a chambre
départementale de Corse-du-Sud persiste dans cette voie malgré les alertes. Les critères de
comptabilisation étaient pourtant par exemple satisfaits au regard du risque de pénalités liées
au retard de paiement des cotisations sociales et du risque de dépréciation du CFPPA de Sartène,
valorisé à 1,21
M€ à l’état de l’actif 2023 alors que son estimation par le service des Domaines
était de 200 000 € en 2016, réévalué à 260 000 € en 2021.
3.2.2.4
Un assujettissement à la TVA à corriger
La chambre départementale d’agriculture de Haute
-Corse applique un coefficient de
déduction
93
constant de 0,24 alors que celui-ci est susceptible de changer en fonction de la
variation annuelle des paramètres retenus. L’agent comptable de la chambre de Corse
-du-Sud
croit au contraire pouvoir indiquer que les ch
ambres d’agriculture ne seraient
selon lui, par
nature, pas assujetties à la TVA en raison de leurs missions principalement à titre de service
public et d'intérêt général. Dès lors, seules les opérations de facturation et de reversement de la
cotisation interprofessionnelle étendue (CIE) en sont grevées. Il convient pourtant de prendre
en compte la qualité de l’assujetti et la nature du bien plutôt que de centrer l’imposition sur
l’opération économique elle
-même.
92
Créances du Sivom Sevi in Grentu et de la FDSEA de plus de huit ans, créance de l’office foncier de plus de
trois ans…
93
Articles 205 et 206 du CGI
.
LES CHAMBRES D’AGRIC
ULTURE EN CORSE À LA VEILLE DE LA CONSTI
TUTION D’UNE
CHAMBRE UNIQUE DE RÉGION
46
Suivant l’engagement de l’agent comptable d
e Haute-Corse dont la Cour prend note,
il
revient à la
chambre de région d’actualiser le montant du coefficient de déduction et, le
cas échéant, à régulariser la situation auprès de l’administration fiscale en
lui adressant
éventuellement une demande de rescrit.
3.2.2.5
Les autres lacunes comptables de la chambre de Corse-du-Sud à corriger
Le suivi comptable des recettes manque de fiabilité dans les comptes de la chambre de
Corse-du-Sud.
L’absence d’enregistrement de produits à recevoir jusqu’en 2022
suscite des
interrogations
quant à la sincérité du rattachement des recettes à l’exercice
- que la faiblesse des
montants en cause ne suffit pas à justifier. Ce manquement est illustré par les doutes qui
entourent le résultat net comptable de 2022 et par l’absence de su
ivi formalisé de
l’enregistrement des subventions par l’agent comptable
.
Alors qu’ils ne correspondent pas à des
« créances clients », les produits à recevoir liés à des subventions de financement sont
enregistrés à tort en « factures à établir » (compte 4
18100) jusqu’en 2023.
Les absences de
réponse à la DRFiP en 2022 et à la Cour à propos de
l’enregistrement de factures
portent atteinte
à la fiabilité de ces opérations. Les agents comptables en fonction
n’
ont pas répondu sur le point
de
la réalisation d’é
critures comptables par le correspondant régional QUALIAC sans
l’intervention du comptable
94
.
La mise en œuvre d’un suivi récent des subventions à recevoir
va dans le sens d’une évaluation plus sincère des créances
95
. Le montant des produits à recevoir
s’élè
ve à 1,12 M
€ en 2023.
Enfin, e
ntre 2017 et 2021, la chambre départementale d’agriculture de Corse
-du-Sud a
versé des cotisations au « Services inter consulaires Corse-du-Sud » (SICOS) pour un montant
total de 82 700 €.
L
’opportunité d
e cette
dépense n’est pas démont
rée : l
’argument selon lequel
cette adhésion permettrait de partager l’antenne locale de Sartène en mutualisant les coûts n’est
pas vérifié puisque les versements ont cessé depuis 2021. Enfin, alors que trois de ses élus sont
membres de cet organisme
96
, la
chambre n’a pas transmis
à la Cour les statuts, la liste des
membres du bureau et les procès-verbaux des assemblées générales de cette structure. L
’agent
comptable n’a pas transmis les pièces justificatives
de
l’enregistrement de ces opérations.
______________________ CONCLUSION INTERMÉDIAIRE ______________________
La chambre de région de Corse devra mettre le réseau consulaire sur la voie de la
viabilité économique et financière en corrigeant les fragilités structurelles qui demeurent,
particulièrement en Corse-du-Sud.
94
Rapport DRIiF précité : Le compte 418100 «
Clients factures à établir » présente un solde débiteur de 877
482,46 € à la balance du 20 juillet 2022 qui provient exclusivement de la balance d’entrée et dont le solde est nul
sur la balance du 15 août 2022. Il s’agit d’une régularisation effectuée tard
ivement le 29 juillet 2022 et qui a trait
à des subventions de fonctionnement dont le solde a été viré au compte 74 « Subventions de fonctionnement » par
le correspondant régional QUALIAC, sans l’intervention du comptable. La moitié de cette somme correspo
nd à
une subvention versée FranceAgriMer, sachant que le compte 4417 « subventions de fonctionnement » n’est pas
alimenté. Les précisions demandées à l’agent comptable sur ce mouvement n’ont pas été fournies à l’auditeur
après la réception du rapport d’aud
it provisoire »
.
95
Instruction comptable commune du 16 décembre 2022 (BOFIP-GCP-22-0014), page 357
.
96
Délibération du bureau du 23 avril 2019.
LES CHAMBRES D’AGRIC
ULTURE EN CORSE À LA VEILLE DE LA CONSTI
TUTION D’UNE
CHAMBRE UNIQUE DE RÉGION
47
Malgré des efforts, cette chambre ne parvient pas à surmonter des difficultés dont la
lisibilité est réduite par une fiabilité contestable des données et du dispositif financier et
comptable. Des irrégularités persistantes sont constatées ainsi que
le refus de mettre en œuvre
les recommandations de la DRFiP.
Les agences comptables ne sont pas adaptées à
l’exercice de
s missions et la fonction
d’ordonnateur pâtit des retards dans la mutualisation des services supports.
La constitution de la chambre de région devra dès
lors s’accompagn
er des diligences
permettant en matière de finances
de remédier aux insuffisances de l’organisation et de la
fiabilité des données financières et comptables et à la persistance d’irrégularités de gestion
.
___________________________________________________________________________
LES CHAMBRES D’AGRIC
ULTURE EN CORSE À LA VEILLE DE LA CONSTI
TUTION D’UNE
CHAMBRE UNIQUE DE RÉGION
48
4
UNE CONDUITE DES MOY
ENS D’ACTION QUI DOI
T
GAGNER EN RIGUEUR AU SEIN DE LA CHAMBRE DE
RÉGION
La constitution d’une chambre unique de région devra permettre au réseau consulaire
de mieux maîtriser ses moyens en ressources humaines, immobiliers et de commande publique.
4.1
De nécessaires ajustements dans la gestion des ressources humaines
Le chantier qui attend la nouvelle chambre de région est d’importance pour donner sa
cohérence et plus d’efficacité à l’action collective du personnel
du réseau. La dimension
régionale de la gestion des ressources humaines est restée faible, même si en raison de leur
proximité géographique (locaux de Vescovato) et fonctionnelle (même directrice) la chambre
régionale ne se distingue pas véritablement de la chambre départementale de Haute-Corse.
4.1.1
Une hausse des effectifs globaux dans un contexte de régionalisation limitée
Le nombre des agents du réseau consulaire en Corse a augmenté, de 99 à 108 entre 2017
et 2023 (Cf annexe n°6). Cette hausse a bénéficié à la chambre régionale (passée de 5 à 17
agents) en conséquence d
es transferts de compétences effectués pour l’essentiel en 2022
. Les
effectifs étaient relativement stables, voire en légère hausse en fin de période en Haute-Corse
(de 53 à 56) et en baisse en Corse-du-Sud (de 41 à 35). En accord avec
sa vocation d’ingénierie
transversale, les effectifs de la chambre régionale ont été quasi-exclusivement composés de
cadres jusqu’en 2021, rejoints par des non
-cadres depuis 2022 au titre des missions supports
mutualisées (finances, ressources humaines). Les transferts de moyens vers le niveau régional
depuis 2022 ont pesé sur les effectifs en Haute-Corse sans faire obstacle à leur stabilité, voire à
leur augmentation. En Corse-du-Sud, la baisse des effectifs tient principalement plus à un effort
de maîtrise des charges
qu’à des transferts vers la CRA
. La part des effectifs au niveau régional
reste cependant limitée (de 5 % à 15 % des effectifs totaux). L
’essentiel des agents demeur
e au
sein de la chambre de Haute-Corse (45 % en 2023 après 53 % en 2017) puis en Corse-du-Sud
(32 % en 2023 après 41 % en 2017, plus proche de sa part de
l’activité
agricole en Corse).
Comme nombre de ses homologues, la chambre régionale de Corse recourt à des
ressources humaines externes. Outre les apports
de la chambre départementale d’agriculture de
Haute-Corse,
elle s’est un temps
appuyée sur des personnels mis à disposition par la FDSEA
de Haute-Corse (une assistante et
, jusqu’en 2017,
un animateur). En 2017, les personnels mis à
disposition représentaient 36 % de
l’ensemble des charges de personnel (externe et internes)
:
19 % en provenance de la FDSEA et 17 % en provenance de la chambre départementale de
Haute Corse. En 2023 cette proportion
était en réduction mais s’élevait encore
à 20 %.
LES CHAMBRES D’AGRIC
ULTURE EN CORSE À LA VEILLE DE LA CONSTI
TUTION D’UNE
CHAMBRE UNIQUE DE RÉGION
49
4.1.2
Un enjeu de mise en cohérence des rémunérations et du temps de travail
L’évolution de la rémunération est relativement stable au sein de la chambre régionale
pour chacun des éléments qui la compose (traitements, primes-gratifications et autres primes).
En Haute-Corse,
l’augmentation du traitement résulte de l’attribution de points accordés
sur
décision du président. De 2017 à 2021, dernière année avant le transfert d’agents à la CRA, la
moyenne des points accordés à ce titre était de 300 (35 bénéficiaires en moyenne par an dont
une quinzaine de manière récurrente)
. Des pics d’attribution de points s’élevaient à 56 en 2018,
50 en 2019, 72 en 2020, 30 en 2021 et 30 en 2023. Par ailleurs, outre la gratification au
douzième qui dépend des traitements pe
rçus dans l’année,
le régime de primes exceptionnelles
pouvant être versées sur décision du président
est plus favorable qu’en Corse
-du-Sud. Le
montant de l
’enveloppe
dédiée
était d’environ 10
000
€
par an
jusqu’en 2021, il
a doublé par la
suite. Le montant attribué individuellement s
’
en trouve augmenté : six bénéficiaires en
moyenne reçoivent des primes supérieures à 1 000
€ contre deux auparavant.
Sans la réserver
aux salariés concernés, la chambre a décidé que le lancement de nouvelles prestations pouvait
faire l’objet d’un
« bonus
»
.
L’évolution des rémunérations en Corse
-du-Sud est sous forte contrainte financière et
traduit les économies consenties par les élus et surtout par les salariés. Depuis 2019, la masse
salariale globale a diminué de 8 % et celle des primes et gratifications de 2 %. Si la gratification
correspond de droit
au douzième des traitements perçus dans l’année
, l
’effort se fait au prix
de
faibles marges de manœuvre pour
l’attribution des points auxquels les salariés peuvent
prétendre sur décision du président, au-delà de la progression minimale garantie par le statut.
Par ailleurs, le montant des primes exceptionnelles,
versées en contrepartie d’une suractivité
ponctuelle ou en compensation de missions complexes et sensibles, est réduit à 4
827 € en 2023.
Cette austérité
aboutit à priver les autres salariés d’un droit auquel ils peuvent légitimement
prétendre et dont la chambre reconnait néanmoins le mérite. Elle est également confrontée à
des charges plus conjoncturelles, à l
’image
de ruptures conventionnelles en 2019 et 2022.
En Haute-Corse, les agents bénéficient
d’un
aménagement du temps de travail basé sur
35 ou 39 heures. Les
droits à congés s’inscrivent dans le cadre du régime national et restent
limités aux congés annuels, congés RTT, autres congés et absences
97
.
Sur la base d’
un
règlement intérieur
98
obsolète, l
a chambre octroie des autorisations d’absences en dehors des
cas limitativement prévus. Elle accorde également sans retenue sur salaire et de manière
croissante des congés dits « jours président » : 101 (2019), 129 (2020), 171 (2021) et 183
(2023). En 2020, trois jours ont été accordés en sus des droits ouverts. En Corse-du-Sud les
modalités d’aménagement du temps de travail ainsi que les règles de congés sont rappelées par
une note de service de 2022
. Les agents peuvent demander l’aménagement de leur temps de
travail de manière à étendre la durée de 35 h à 37 ou 39 h, avec un régime de congés RTT
adapté. L
a chambre octroie des autorisations d’absence en dehors des cas limitativeme
nt
prévus
99
(365 jours en 2019 et 641 jours en 2020) et les explications produites par la chambre
ne sont pas cohérentes avec les données enregistrées dans les livres de paie.
97
Articles 18 à 21 bis du statut faisant lui-même référence aux dispositions du code du travail.
98
Si les chambres de Corse ne se sont pas dotées du règlement intérieur relatif au fonctionnement de leurs
instances, elles disposent d’u
n tel texte relatif à leurs agents.
99
Articles 18 à 21 bis du statut faisant lui-même référence aux dispositions du code du travail.
LES CHAMBRES D’AGRIC
ULTURE EN CORSE À LA VEILLE DE
LA CONSTITUTION D’U
NE
CHAMBRE UNIQUE DE RÉGION
50
4.1.3
Harmoniser les régimes indemnitaires sur des bases plus rigoureuses
En Haute-Corse, l
es règles d’indemnisation des frais de déplacement des élus
sont fixées
par la session et celles applicables aux salariés de la chambre sont déterminées par note de
service. L’absence d’instance paritaire régionale met en défaut la chambre car les fra
is engagés
par les agents doivent être remboursés selon un tarif fixé par la commission régionale. Le
recours à un voyagiste réduit néanmoins le nombre de remboursements directs aux intéressés.
Le parc automobile est issu d’un contrat de location longue du
rée et la mise à disposition des
agents fait l’objet d’un règlement d’utilisation. Moyennant l’
enregistrement des kilomètres
privés, le personnel est autorisé à utiliser les véhicules de service pour un usage entre le
domicile et le lieu d’exercice de la m
ission. Les frais kilométriques engagés à titre personnel
font l’objet d’un prélèvement sur salaire (0,38
€/km). Les rappels à l’ordre récurrents de
l’obligation de déclaration et la menace
-
non mise en œuvre
-
d’une amende traduisent la
réticence des salariés à
l’appliquer
. Le véhicule mis à disposition de la directrice relève du
régime du véhicule de fonction et constitue un avantage en nature dument déclaré.
En Corse-du-Sud, la prise en charge des frais de déplacement des salariés et des élus
s’appui
e sur une délibération ancienne de la session dont seules les bases de remboursement du
carburant ont été actualisées. Les nuitées sont principalement prises en charge dans le cadre de
commandes auprès d’un voyagiste, à un montant largement supérieur (Pari
s :
216 €
, Luciana :
98
€
) à la grille établie pour le remboursement aux agents de leurs frais de mission.
Le non-
respect des règles d’utilisation des véhicules relevé par la DRFiP en 2022 et la MSA en
2023 demeure.
La chambre n’a pas pris de mesures corre
ctrices.
Les manquements relatifs
au remboursement de frais liés à l’usage du véhicule personnel à des fins professionnelles
concernent notamment les déclarations approximatives des kilomètres et la faiblesse du
contrôle lors de la mise en paiement. Des salariés sont autorisés à conserver le véhicule à leur
domicile
en raison de l’absence
de parking sécurisé
au siège. Les véhicules sont d’ailleurs
qualifiés de «
véhicules de service
» tout en étant affectés à des salariés déterminés dans un
cadre peu formal
isé. La chambre n’a pas défini la méthode d’évaluation de l’avantage en nature
que constitue cette mise à disposition et elle ne procède pas à sa déclaration lors de
l’établissement des bulletins de paie.
L’absence de suivi de l’utilisation des véhicules est d’autant plus préjudiciable que,
malgré une baisse de 32 % entre 2017 (114 732
€) et 2023 (78
365 €),
la gestion du parc, via
un contrat de location longue durée, demeure une charge importante pour la chambre. Enfin,
presque tous les
bénéficiaires d’un véhicule perçoivent
également une indemnité de transport
sensée compenser les frais engagés
à ce titre. L’agent comptable ne justifie pas le contrôle de
ces versements y compris les éléments de leur liquidation.
La chambre de région devra
activer des leviers
d’économie
s dans la gestion de ces dispositifs.
4.1.4
Poursuivre la maîtrise des dépenses de personnel dans un cadre de dialogue
social régional
Tandis que le montant des charges de personnel de la chambre régionale triplait entre
2017 et 2023 - 1 274
110 € en 2023
contre 413
022 € en 2017 (+200
%
100
), elles baissaient de
100
En incluant les charges relatives au personnel externe, majoritairement mis à disposition (c/621).
LES CHAMBRES D’AGRIC
ULTURE EN CORSE À LA VEILLE DE LA CONSTI
TUTION D’UNE
CHAMBRE UNIQUE DE RÉGION
51
11 % en Haute-Corse - 2
702 833 € en 2023 contre 3
050 180 € en 2017
–
et de 15 % en Corse-
du-Sud -
à 1 732 849 € en 2023
contre 2 050 620 € en 2017
(-15%). Elles représentent 65 % du
total des charges de la chambre régionale (5 points de plus que la moyenne nationale) comme
des deux chambres départementales (10 points de plus que la moyenne nationale).
Les travaux
d’harmonisation
et la conduite des ressources humaines au sein de la chambre de région
devront prendre en compte la nécessaire maîtrise des charges de personnel
.
Le contexte tendu entre les deux chambres
départementales n’a pas permis à la
commission paritaire régionale (CPR) de fonctionner pendant plusieurs années. Son bureau
constitué en 2017 ne s’est jamais réuni
. Dès lors, le dialogue social au sein des deux chambres
départementales a été cantonné au leur niveau, non sans contenu. Les comptes rendus de la
commission paritaire départementale de Haute-Corse reflètent des échanges apaisés. En Corse-
du-Sud elle se réunit régulièrement depuis 2020 dans un contexte budgétaire pourtant dégradé.
Les avancées sont notables
: adoption d’une charte sur le télétravail, sensibilisation à la santé
au travail et aux risques psychosociaux. Ces dynamiques locales souffrent cependant de
l’absence de dialogue social au niveau régional
qui prive certaines décisions départementales
de légitimité (frais de déplacement, aménagement du temps de travail…) et les salariés des
recours auxquels ils ont droit en cas de litiges avec leur employeur pour
l’
appel des décisions
des commissions paritaire départementales.
La représentation du personnel a ainsi été écartée lors de la signature du règlement
intérieur concernant le personnel en 2023.
Le dispositif régional devra être réactivé en vue
de la constitution de la chambre unique de région
dont la perspective a suscité la création
d’une
intersyndicale des chambres d'agriculture de Corse.
La constitution d’un service de
ressources humaines dans la plénitude de ses attributions au sein de la chambre de région devra
également contribuer au bon fonctionnement des instances représentatives du personnel.
4.2
La nécessaire remise en ordre de la gestion immobilière
4.2.1
Des évolutions importantes hors de tout cadre régional
La gestion du patrimoine immobilier des chambres de Corse est marquée par
d’importantes évolutions avec la vente du siège des deux chambres départementales et le
transfert de ceux de la chambre de Haute-Corse et de la chambre régionale en périphérie de
Bastia (Cf annexe n°7).
Jusqu’en avril 2021, la chambre départementale d’agriculture de Haute
-
Corse et la chambre régionale avaient un siège commun à Bastia. La première était propriétaire
et louait à la seconde une partie de ses bureaux. Pour
s’établi
r dans une zone plus accessible
aux agriculteurs, un projet de délocalisation du «
pôle agricole
» a émergé entre les différents
acteurs du site
101
. La chambre de Haute-Corse a
pris une part prépondérante dans la constitution
de ce pôle, à Vescovato, sur des parcelles agricoles pour lesquelles, en 2012, elle avait pourtant
101
SAFER, FDSEA, Jeunes agriculteurs, Agri Gestion Corse, MSA, Frca, Aprodec et Fafsea.
LES CHAMBRES D’AGRIC
ULTURE EN CORSE À LA VEILLE DE LA CONSTI
TUTION D’UNE
CHAMBRE UNIQUE DE RÉGION
52
rendu un avis négatif de déclassement
102
. En Corse-du-Sud, la chambre a vendu son siège en
2017 et est désormais locataire à Ajaccio. Ces opérations
n’ont pas été conçues dans un cadre
régional et se sont déroulées hors de tout schéma directeur, pourtant de sa compétence
103
. Il
reviendra à la chambre de région d’y remettre de l’ordre.
4.2.2
En Haute-Corse, une délocalisation qui suscite des interrogations
Pour la vente de son siège, la procédure de vente
en l’état de futur achèvement
(VEFA)
est retenue par la chambre départementale de Haute-Corse qui se déclare «
maître d’ouvrage
de l’opération
»
104
. Le comité de pilotage n’ayant pas été institué
105
, un référent de chaque
acquéreur était en communication r
égulière avec l’équipe de la chambre qui les tenait informés
de l’avancement du projet.
Un programme fonctionnel et technique est produit le 23 mars 2017
par l’assistance à maitrise d’ouvrage chargée de recueillir les besoins des partenaires
. Du point
de v
ue de l’effectif
et de la surface, la chambre dispose à elle seule de la plus grande part du
bien. Les partenaires soumis à la réglementation des marchés publics (CDA, CRA, mutualité
sociale agricole - MSA) sont ainsi propriétaires de 69 % du bâtiment.
La phase de sélection du projet est conduite par le «
président délégué
» de la chambre
départementale qui a reçu mandat de la session. Dès 2016, les communes proches de la région
bastiaise jusqu'à Lucciana et Vescovato ont été informées du projet de création du «
pôle
agricole
». Début mars 2017, le président délégué indique au bureau son intention de
sélectionner trois ou quatre candidats qui devront respecter les délais et le chiffrage demandés
et être capables de suivre à la lettre le cahier des charges très précis rédigé par le bureau
d’études
106
. Lors de la réunion de bureau du 6 juillet 2017, il rend compte de la manifestation
d’intérêt de
s communes de Bastia, Borgo, Luciana et Vescovato dont il a rencontré les porteurs
de projet.
Il n’est pas produit de
compte rendu de ces entretiens mais les membres décident, à
ce stade,
d’écarte
r le projet de Luciana et de retenir les trois autres
107
.
Le 31 octobre 2017, à la suite de la présentation des projets présélectionnés par les trois
porteurs de projet eux-mêmes, les membres du bureau «
élargi
» retiennent,
à l’issue d’
un vote
à bulletin secret, le dossier du groupe Brandizi. Sans produire les références financières des
autres candidats ni un rapport d’analyse
des offres permettant de comparer les dossiers, la
cha
mbre départementale met en avant l’atout financier de l’offre retenue. Elle indique que
les
trois projets
se situent dans la fourchette de 3 300 € à 5 000 € le m², Bastia se trouvant dans la
fourchette haute des coûts, Borgo dans la médiane et Vescovato dans la fourchette basse
108
.
Lors de ce vote, l’offre de rachat du siège de Bastia par le Groupe Brandizi (2,5
M€),
datée du
7 juillet 2017 et connue des élus les plus directeme
nt à l’œuvre
dans ce dossier, n’a pas été
102
Avis de la commission foncière de la chambre d’agriculture de Haute
-Corse daté du 19 octobre 2012 dans
laquelle la chambre plaide
« pour le maintien des exploitations agricoles là où il y a du potentiel agricole ».
103
Article 512-1-2 4° du CRPM.
104
Article 1.1 du programme fonctionnel et technique du projet livré le 23 mars 2017.
105
La MSA représentée par son président, la SAFER Corse représentée par son président et le cabinet AGC
représentée par son président, qui est en outre, salarié de la chambre départementale
–
chef de Pôle
–
et à qui le
président a confié la conduite des opérations et la direction du COPIL.
106
Compte rendu de la réunion de bureau du 8 mars 2017.
107
Compte rendu de la réunion de bureau du 6 juillet 2017.
108
Compte rendu de la réunion de Bureau du 31 octobre 2017.
LES CHAMBRES D’
AGRICULTURE EN CORSE À LA VEILLE DE LA C
ONSTITUTION D’UNE
CHAMBRE UNIQUE DE RÉGION
53
portée à la connaissance de tous les membres présents. La délocalisation à Vescovato est actée
par la session le 20 décembre 2017
109
.
Les décisions prises ne semblent pas correspondre à la teneur des échanges tenus en
parallèle avec l’administration d’État.
Par exemple, le 8 mars 2017, le «
président délégué
»
annonce aux membres du bureau de la chambre que
« la construction va se faire en biphase :
vendre la chambre et en même temps faire appel à un promoteur
». Pourtant, lors de la réunion
de travail du 30 mars 2017 organisée par la direction départementale de la cohésion sociale et
de la protection des populations (DDCSPP)
110
, l
e choix de la VEFA n’est
pas acté et la vente
de l’ancien siège n’est pas évoquée
.
Le projet immobilier est estimé à 7,35
M€ TTC pour l’ensemble des partenaires dont
4,8 M€ à la charge de la chambre départementale
111
. Le plan de financement et le coût
d’acquisition o
nt évolué au cours du projet sans que les déterminants en soient pleinement
identifiables. Par exemple, la demande
d’emprunt
adressée au préfet le 26 janvier 2018
indiquait un financement porté en totalité par un emprunt de 4,8
M€
sans référence au soutien
(1,4
M€
) acc
ordé en 2015 par l’État
pour le regroupement des services au sein d’un siège
unique
112
et à
l’offre d’achat de l’ancien siège
(
2,5 M€
)
déjà comprise dans l’offre de VEFA
promoteur
retenu l’année précédente
113
. Enfin, les frais de rénovation du siège de Bastia sont
évalués à 50
000 € alors que le président
évoque 700 000
€
dans la presse et le vice-président
150
000 € par étage en commission départementale paritaire.
Quant au coût
d’acquisition du bien, à la charge de la chambre départementale
d’agriculture de
Haute-Corse, il
s’élève finalement à 4
019 945
€
TTC.
Les modalités de versement du prix prévues dans
l’acte de réservation
signé par le
président le 3 janvier 2019 ont ét
é modifiées lors d’un
entretien téléphonique avec le promoteur
et confirmées par courrier du président de la chambre daté du 20 janvier 2020.
L’acte de
propriété du biens acquis par la chambre, signé le par le président le 12 février 2020, vient acter,
a posteriori
, le nouvel échelonnement des versements en précisant, notamment, que pour le
montant du solde restant dû, soit 2 482 135,32
€ (62 %), une partie (2
400
000 €) sera
compensée par le prix de cession du bâtiment de Bastia
114
. Le premier versement du 29 janvier
2020
115
ne représente que 38 % (1
488 116,50 €
HT)
alors qu’à
la date de la mise hors d'eau,
hors d'air de la construction, à savoir le 30 septembre
2019, la chambre aurait dû payer 45 %
de la somme totale (1 801 549,77
€
HT). La chambre a bénéficié de facilités de paiement bien
que l
’emprunt
soit comptabilisé depuis le 18 octobre 2019. Le paiement est pris en charge par
l’agent
comptable
en l’absence des pièces justificatives obligatoires
116
(Cf annexe n°7).
109
Délibération n°14 de la session du 20 décembre 2017.
110
Compte rendu de la réunion de travail du 30 mars 2017.
111
Lettre de la DDFiP du 15 février 2018. Pourtant, le «
coût de l’opération », était d’un «
montant total de
6,65
M€
» le 13 juillet 2017 (offre Brandizi), et l’offre de rachat de l’ancien siège de 2,50
M€
de juillet 2017 (offre
Brandizi).
112
Courrier du 18 février 2015 par lequel le ministère de l’agriculture ramène le montant du prélèvement sur fonds
de roulement à 405
402 € alors qu’il était initialement fixé à 1
851
039 € par notification du 17
novembre 2014.
113
Offre d’achat des bureaux de Bastia pour 2,6 M€ datée de juillet 2017.
114
Acte de vente du 28 avril 2021.
115
Mandat n°2020-0071.
116
Arrêté du 31 janvier 2018 fixant la liste des pièces justificatives des dépenses.
LES CHAMBRES D’AGRIC
ULTURE EN CORSE À LA VEILLE DE LA CONSTI
TUTION D’UNE
CHAMBRE UNIQUE DE RÉGION
54
Les autres mandats sont intervenus le même jour, le 22 avril 2021
117
, avant la vente du
bien de Bastia.
Pour l’établissement de ces mandats, la chambre a généré simultanément un
mandat de 2 400 000 € pour l’achat et un ordre de recette pour la vente. L’agent comptable a
compensé ces écritures lors du paiement qui, du coup, ne s’est pas fait.
Le coût projet de délocalisation à la charge de la chambre départementale dépasse
l’acqu
isition proprement dite du bien immobilier. La Cour identifie des dépenses
supplémentaires qui portent le montant total à 4 444
522 € TTC
y compris les frais de notaire
(Annexe n° 7). Les actes notariés relatifs au projet immob
ilier ont été établis par l’épouse du
vice-président, mandaté par la chambre pour conduire le projet immobilier.
Par acte du 12 février 2020
118
,
la chambre départementale d’agriculture de Haute
-Corse
devient propriétaire des lots ayant fait l’objet d’une rés
ervation par acte authentique du 3 janvier
2019 (965,15 m² et 16 places de stationnement). Un état descriptif de division de la propriété
valant règlement de la copropriété, établi sur la base de 64 lots, est également enregistré le
12 février 2020. Un acte modificatif signé 28 mai 2021
119
entre la SCI Villacelli 2016 et la
chambre départementale vise à réviser la répartition entre les propriétaires des quotes-parts
comprenant désormais un nombre plus important de lots (94). Le récapitulatif des quotes-parts
mis à jour le 12 juillet 2021 fait état de la répartition entre les acquéreurs dont fait désormais
partie la chambre régionale d’agriculture
.
Tableau n° 12 :
Récapitulatif des quotes-parts de charges (mise à jour le 12/07/2021)
Propriétaire
QP parties
communes
générales
%
QP parties
communes
spéciales
%
SAFER
968
10,0
960
10,0
Sci Vallicelli
582
6,0
607
6,0
CDA
4 694
48,6
4 743
49,0
FDSEA
259
2,7
261
3,0
MSA
1 454
15,0
1 413
15,0
CRA
482
5,0
504
5,0
Sci Vallicelli
1 228
12,7
1 166
12,0
Total
9 667
100
9 654
100
Source : Réponse de la chambre départementale du 24 mai 2024
La chambre départementale loue une partie des bureaux à différents organismes.
L
’occupation du bâtiment par les partenaires correspond à des espaces dédiés
. Pourtant, la
chambre départementale a acquis un bureau au sein du pôle FDSEA situé au rez-de-chaussée
et, en même temps, alors qu’il ne dispose pas de bureau à l’étage, la signalétique du bâtiment
indique « FDSEA » en cette direction. La répartition des charges liées à la réalisation du projet
immobilier n’
apparaît pas proportionnelle à la part des biens acquis par chacun des partenaires.
La chambre a supporté seule les coûts d
’assistance à maîtrise d’ouvrage
et de travaux de réseaux
117
Mandats 2021-0349 et 2021-0350 du 22/04/2021.
118
Acte de propriété du 12 février 2020 publié le 26 février 2020 (volume 2020P n°1558).
119
Acte rectificatif de propriété du 28 mai 2021 publié le 26 février 2020 (volume 2021P n°4955).
LES CHAMBRES D’AGRIC
ULTURE EN CORSE À LA VEILLE DE LA CONSTI
TUTION D’UNE
CHAMBRE UNIQUE DE RÉGION
55
au bénéfice de tous les occupants. Le cahier des charges des marchés de placards et de
raccordement à la fibre optique dépasse ses propres besoins.
La mise en place d’un accueil
mutualisé illustre les limites de la contribution des partenaires aux charges communes. I
l n’y a
pas de réception partagée dans le bâtiment
depuis le départ à la retraite d’un agent de la chambre
non remplacé. Le mobilier appartenant à la chambre n’est pas utilisé
. La chambre a rapatrié
auprès d’elle la banque d’accueil téléphonique
qu’elle a financé
e et les occupants du bâtiment
ne s’accor
dent pas sur un partage des frais.
4.2.3
En Corse-du-Sud, une gestion immobilière contestable
L
’évolution du parc immobilier
de la chambre de Corse-du-Sud est marquée par une
décapitalisation avec la vente en 2017 de son siège acquis en 1988 à Ajaccio sur une superficie
de 1 664,40 m² pour une valeur de 1,76 M
€
120
dont une partie était louée à des tiers dans des
conditions contestables (absence ou non mise à jour des contrats de location, faiblesse des
loyers, non recouvrement des recettes). Le 28 décembre 2017, la chambre a vendu ce bien à
l’Office foncier de Co
rse (OFC) bénéficiaire des fonds du programme exceptionnel
d'investissements (PEI)
, pour le revendre à la ville d’Ajaccio en vue de construire des logements
sociaux. La vétusté du bâtiment,
la volonté des élus d’insuffler
une nouvelle dynamique à
l'activité et de permettre de meilleures conditions de travail ont justifié cette décision. La vente
s’élève à 2,9 M€
,
soit le montant estimé par France Domaine. Bien que l’acte de vente ait prévu,
moyennant versement de loyers, le maintien dans le bien jusqu’au
28 décembre 2019, la
chambre a continué à l’occuper le site jusqu’au
30 septembre 2023
121
. Le bail a été modifié, y
compris à titre rétroactif, par avenant.
Suite à l’abandon du projet d’acquisition d’un nouveau siège conformément au souhait
du préfet en raison de la situation financière dégradée de la chambre et de l’absence de schéma
imm
obilier régional, le recours à une location s’est imposé. Depuis le 2 oc
tobre 2023, la
chambre occupe une surface de 1 200 m² au sein du centre commercial « Saint Joseph »
d’Ajaccio pour un montant annuel de 120
000 €. Une partie est sous
-louée à des entités qui
étaient pour la plupart déjà présentes sur l’ancien site, au moti
f que le propriétaire souhaiterait
n’avoir qu’un seul interlocuteur. En tant qu’établissement public administratif, la chambre n’a
pourtant pas pour mission la gestion locative de biens appartenant à des tiers.
.
Elle n’a pas
vocation à mobiliser ses moyens, notamment humains (suivi des baux, opérations comptables
recouvrement des loyers…) en lieu et place d’une personne privée. En outre le retour financier
attendu des loyers paraît incertain. : les baux sont moins nombreux que les organismes
réellement hébergés, ni l
’occupation
des locaux par le syndicat des Jeunes Agriculteurs (au titre
du « point accueil installation »). Ni
l’association «
Nustrale », ni le personnel transféré à la
chambre régionale demeurés dans les locaux
n’
ont
encore fait l’objet d’un bail de
location. Le
retour financier est estimé à 45 000
€
mais il ne prend pas en compte ni le nettoyage des espaces
collectifs ni
la réalité des charges d’eau et d’électricité
.
La chambre reste
par ailleurs propriétaire d’un ensemble immobilier à Sartène aya
nt
hébergé le Centre de Formation Professionnelle et de Promotion Agricole (CFPPA). Acquis en
120
Copie de l’acte authentique du 8 février 1988 publiée au bureau des hypothèques d’Ajaccio, le 7 avril 1988,
volume 4765, numéro 11.
121
À l’engagement pris par le vendeur de libérer les lieux, un séquestre (300
000 €) a été constitué au moment de
la vente. Il a été enregistré dans les comptes seulement à partir de 2018 (compte 2755).
LES CHAMBRES D’AGRIC
ULTURE EN CORSE À LA VEILLE DE LA CONSTI
TUTION D’UNE
CHAMBRE UNIQUE DE RÉGION
56
1978, pour un montant équivalent à 1,21 M€, il est actuellement en état de friche. La chambre
cherche à vendre ce bien situé dans une zone désormais déclarée inondable. Sa valeur vénale a
été revue à la hausse
par les services du Domaine, passant de 200 000 € le 13 décembre 2016 à
260
000 € le 17 juin 2021. En attendant
la vente, la chambre ne valorise pas ce bien qui est par
ailleurs déclaré par le lycée agricole de Sartène dans le cadre des aides de la PAC.
4.3
Une commande publique qui devra être mieux maitrisée par la
chambre de région
La chambre de région devra également installer une fonction achat
à la hauteur des enjeux
d’économie
s et de sécurité juridique. À ce jour, celle
de la chambre régionale n’assure pas «
la
coordination et l’harmonisation des pratiques
»
122
.
Alors q
ue l’adhésion a
ux marchés
mutualisés est obligatoire pour les membres du réseau consulaire agricole
123
, les deux chambres
départementales ont continué
à s’approvisionner auprès de fournisseurs locaux
jusqu’à une date
récente (matériel informatique, consommables de bureau et papier). Les outils de pilotage de la
chambre départementale de Haute-Corse (tableau de suivi, nomenclature, guide des procédures
internes…) pourraient utilement être
repris dans le cadre de la chambre unique. Les modèles de
documents proposés par le ministère en charge des finances permettraient de pallier les lacunes
observées jusqu’ici
: confusion entre les mentions du règlement de la consultation et les
dispositions contractuelles dans les cahiers des charges, non-traçabilité des négociations dans
les rapports d’analyse des offres
, etc.
Au sein des deux chambres départementales, la session a donné au bureau le pouvoir de
se pr
ononcer sur l’attribution des marchés
, sans limitation de montant en Haute-Corse et en
deçà de 100 000
€ en Corse
-du-Sud. Le pouvoir de signature appartient au président. Seul celui
de la chambre départementale de Haute-Corse
l’
a délégué en partie à la directrice.
La durée des marchés portant sur des besoins récurrents conduit les deux chambres
départementales à se positionner souvent en deçà des seuils. Celle de Corse-du-Sud, dont les
besoins sont modestes, n’a pas une fonction
«
achats
» structurée. Néanmoins, ses achats
récurrents représentent parfois un montant élevé de dépenses. Sa démarche
n’est pas porteuse
d’économie
s.
Par exemple, l’achat de
la maintenance informatique, conclu à prix forfaitaire
sans redéfinition du besoin au moment de l’attribution du marché à un nouveau prestataire, n’a
pas été profitable. Une comparaison avec la prestation semblable achetée par la chambre de
Haute-Corse, dont le coût est deux fois moins élevé, aurait pourtant permis de négocier plus
avantageusement la proposition. Les règles de la commande publique peuvent aussi être
enfreintes. En 2018, le montant total (fourniture de matériel compris), payé au prestataire
s’élève à 92
717
€
TTC. La chambre a procédé à une consultation conduisant à lui renouveler
le contrat
. D’une part, la chambre n’a pas respecté la procédure d’appel d’offres alors qu’en
l’absence de montant maximal
, le marché est réputé dépasser le seuil de la procédure adaptée.
D’autre part, le support contractuel passé dans ces conditions ne peut régulariser des
engagements antérieurs conclus au mépris des règles de la commande publique. Enfin, au-delà
de la confusion dans le libellé des mandats et de la question du rattachement des dépenses à
122
Article D. 512-1-2 -1° du CRPM.
123
Article D. 513-1-20° du CRPM.
LES CHAMBRES D’AGRIC
ULTURE EN CORSE À LA VEILLE DE LA CONSTI
TUTION D’UNE
CHAMBRE UNIQUE DE RÉGION
57
l’exercice,
cette
situation illustre l’absence de comptabilité d’engagement et, donc, de gestion
prévisionnelle des dépenses.
Depuis 2020, le recours à un autre prestataire ne s’est pas traduit
par des économies. La
chambre explique la différence de coût par l’étendue du périmètre des
interventions et notamment la charge des séances de travail avec les prestataires informatiques
des organismes tiers hébergés sur site lors du déménagement en 2023
.
Les procédures mises
en œuvre par
les chambres départementales pour des achats
ponctuels sont également contestables. Le cahier des charges relatif à la fourniture de mobilier
de bureau rédigé par la chambre départementale de Haute-Corse reprend très précisément, en
guise de descriptif du besoin attendu, les spécifications techniques des produits proposés par le
candidat retenu. Les incohérences contenues dans le
rapport d’analyse des offres proposées
pour la f
ourniture et l’installation de placards
sur mesure à Vescovato, invitent quant à elles, à
s’interroger sur la méthode de notation appliquée.
En Corse-du-Sud, les commandes relatives au s
chéma d’aménagement pastoral (SAP)
traduisent une confusion certaine. En qualifiant à tort de travaux
124
, un marché ayant pour objet
des pr
estations de débroussaillage et de clôture, la chambre s’affranchit de la procédure d’
appel
d’offres
obligatoire pour ces achats
dont le montant s’élève, pour la seule année 2017, à
297 032
€
HT. La chambre qualifie
d’ailleurs
«
appel d’offres
» la procédure de marché adaptée
par laquelle elle a attribué ces commandes. Invoquant la perte de cartons d’archive
lors du
déménagement, la chambre n’a pas produit les pièces du marché et de la consultation. Pourtant,
si la procédure relevait des marchés de travaux comme invoqué, la durée obligatoire de
conservation de ces pièces était de dix ans
125
. L’adoption
a posteriori
d’une délibération de
régularisation par la session
126
rend compte d’un engagement du président au
-delà de sa
délégation de pouvoir. La Cour relève enfin que la chambre a fait bénéficier certains exploitants
agricoles de prestations de débroussaillage et de clôture alors que le soutien d’une entreprise
individuelle ne relève pas de son champ de compétence
127
. Ces mandats ont été pris en charge
par l’agen
t comptable sans alerter sa hiérarchie sur ces dérives de gestion.
4.4
Dégager les gains d’efficacité attendus de la mutualisation des moyens
dans le cadre de la chambre de région
Comme le souligne Chambres d’agriculture France, l’intégration régionale «
est une
condition nécessaire pour la viabilité du réseau agricole consulaire en Corse grâce aux gains
d’efficacité générés par une telle mutualisation
».
La constitution d’une chambre de région a
en effet vocation à conférer au réseau consulaire une assise plus large dont la simple
consolidation des données des trois chambres actuelles donne une première photographie (Cf
annexe n°8). Cette mutualisation comportera certes des coûts supplémentaires, ne serait-ce que
124
Article L1111-2 du code de la commande publique
Un ouvrage est le résultat d’un ensemble de travaux de bâtiment ou de génie civil destiné à rempli
r par lui-même
une fonction économique ou technique »
.
125
Durée de conservation
fixée par l’article 108 du
CMP 2016 applicable du 1
er
avril 2016 au 1
er
mars 2019.
126
Par délibération n°1 du 26 septembre 2016, la session décide «
de régulariser l’intégralité
de la procédure »
(référence : MP15SAPC).
127
Article L514-2 du CRPM
.
LES CHAMBRES D’AGRIC
ULTURE EN CORSE À LA VEILLE DE LA CONSTITU
TION D’UNE
CHAMBRE UNIQUE DE RÉGION
58
du fait de l’harmonisation du niveau des rémunérations. À l’issue d’un travail préparatoire
conduit par la chambre régionale avec les chambres départementales au cours de l’année 2024,
le réseau évalue à un peu moins de 140 000 euros pour la première année le surcoût net de la
fusion
128
et à 25 000 euros
la deuxième année (avec pour hypothèses d’importantes économies
sur les départs attendus).
L’intégration régionale complète
est surtout de nature à permettre des
gains d’efficacité par des économies d’échelle
, notamment en matière
d’organisation financièr
e
et comptable,
d’implantations immobilières, de marchés et de prestations
129
, qui constituent
autant d’occasions nécessaires de remédier
aux lacunes constatées par la Cour au sein des rois
chambres à la veille de leur fusion.
La Chambre régionale d’agricult
ure a finalisé
à l’automne 2024 avec les chambres
départementales un état des lieux dans la perspective de la future Chambre de région qui
concerne une « r
evue de l’
offre » des trois chambres et de leurs pratiques,
l’
organisation
des services support (comptabilité, finances, ressources humaines
), l’élevage, l’agronomie et la
transition écologique, le conseil eux entreprises, les territoires et la formation.
La Cour constate
l’engagement constant des services de la chambre régionale
avec les services départementaux
dans la préparation de la fusion régionale.
Ces travaux préparatoires devront contribuer à
dégager les gains d’efficacité attendus d’une pleine mutualisation au niveau régional.
______________________ CONCLUSION INTERMÉDIAIRE ______________________
La constitution de la chambre de région devra offrir un cadre plus adapté à une remise
en ordre et à
l’efficience des moyens d’action
par les nécessaires diligences identifiées par
la Cour en matière de gestion afin de remédier aux contraintes et aux défaillances en matière
de ressources humaines,
d’immobilier et de commande publique, qui gagneront à être gérés
dans une dimension régionale
afin de dégager les gains d’efficacité attendus
.
La création en janvier 2025
en application d’un décret du 29 juin 2024 d’une chambre
d’agriculture de région de Corse par fusion de la chambre régionale d’agriculture et des
chambres départementales de Haute-Corse et de Corse-du-
Sud à l’issue des prochaines
élections professionnelles est indispensable à la viabilité et à l’efficacité du réseau consulaire
agricole en Corse. Cette évolution majeure à laquelle les trois chambres de Corse doivent
continuer à apporter leur plein concours doit
s’accompagner d’une remise en ordre qui incombe
à la fois au réseau consulaire agricole en Corse,
à l’État, à la
Collectivité de Corse et à Chambres
d’agriculture de
France. Sept types de diligences devront être conduites à cette fin.
128
Dont 54 000 euros au titre de la convergence des avantages sociaux et 65 000 euros pour la TVA, les hausses
de la masse salariale étant largement atténuées par des hypothèses de gel des avancements et de non remplacement
de certains départs, options soumises au dialogue social.
129
Voir supra 2.2.2 pour les prestations, 3.4 pour l’organisation comptable et f
inancière et 4.2 et 4.3 pour
l’immobilier et les marchés publics.
LES CHAMBRES D’AGRIC
ULTURE EN CORSE À LA VEILLE DE LA CONSTI
TUTION D’UNE
CHAMBRE UNIQUE DE RÉGION
59
Recommandation Unique :
(MASA, Préfet de Corse-du-Sud et de région Corse,
Préfet de Haute-Corse, CRA, CDA 2A, CDA 2B, CDF, chambre de région de Corse) : à
l’occasion de la
mise en œuvre du décret n° 2024
-645 du 29 juin 2024 portant création
de la chambre d’agriculture de région de Corse, conduire les sept types de diligences
nécessaires au regard des lacunes identifiées par la Cour au sein du réseau consulaire
en Corse :
- En matière de gouvernance : remédier à la composition de la session, au respect des
règles du quorum, à l’absence de règlement intérieur, à la non mise en œuvre complète
du décret du 13 mai 2016 pour la mutualisation des services et à l’absence des
commissions, comités et services communs régionaux prévus par le code rural et des
pêches maritimes ;
-
En matière d’éthique et de prévention des conflits d’intérêt
: établir un règlement
intérieur comportant des règles et des sanctions en matière de prévention des conflits
d’intérêt pour les élus et les salariés de la chambre ;
- En matière de stratégie de développement agricole : assurer le suivi de la bonne mise
en œuvre du projet stratégique régional et clarifier les domaines d’intervention
respectifs de l’O
DARC et de la chambre pour favoriser une bonne coopération entre
ces acteurs de la politique agricole et rurale ;
- En matière de lutte contre la fraude
: remédier à l’insuffisance des efforts de contrôle
de l’établissement régional de l’élevage et au manq
ue de détermination à lutter contre
les fraudes et d’exemplarité des responsables des chambres dans ce domaine
;
- En matière de ressources propres et de réduction de la dépendance aux soutiens publics :
assurer le suivi analytique de l’activité, accroître
les prestations d’appui technique
facturées, notamment dans l’innovation, la recherche et le développement et adapter
leur mode de règlement ;
- En matière de finances
: remédier aux insuffisances de l’organisation et de la fiabilité
des données financiè
res et comptables et à la persistance d’irrégularités de gestion ;
- En matière de gestion : remédier aux contraintes et aux défaillances pesant sur les
moyens d’action de la chambre en matière de ressources humaines, d’immobilier et de
commande publique, qui gagneront à être gérés dans une dimension régionale afin de
dégager les gains d’efficacité attendus de la mutualisation
.
LES CHAMBRES D’AGRIC
ULTURE EN CORSE À LA VEILLE DE LA CONSTI
TUTION D’UNE
CHAMBRE UNIQUE DE RÉGION
60
ANNEXES
Annexe n° 1.
Lexique
..................................................................................................
61
Annexe n° 2.
Financement de l’activité des chambres d’agriculture de Corse par
les subventions et la facturation de prestations
.....................................
66
Annexe n° 3.
Situation financière -
chambre régionale d’agriculture de Corse
..........
68
Annexe n° 4.
Situation financière - Chambre départementale de Haute-Corse
..........
77
Annexe n° 5.
Situation financière - Chambre départementale de Corse-du-Sud
........
85
Annexe n° 6.
Gestion des ressources humaines 2017-2023
........................................
94
Annexe n° 7.
Gestion immobilière
..............................................................................
95
Annexe n° 8.
Compte de résultat et bilan agrégés des trois chambres
........................
97
LES CHA
MBRES D’AGRICULTURE
EN CORSE À LA VEILLE DE LA CONSTITUTION
D’UNE
CHAMBRE UNIQUE DE RÉGION
61
Annexe n° 1.
Lexique
AB
Agriculture biologique (label garantissant une production agricole sans apport
chimique suivant un cahier des charges européen)
ABA
A
ide au bovin allaitant (aide européenne à l’élevage
bovin extensif)
AFP
Association foncière pastorale (ou groupement pastoral
–
GP ; associations
regroupant des propriétaires de terrains situés en zone rurale souvent défavorisée et
notamment
de montagne pour la gestion foncière, l’aménagement, l’entretien et la
valorisation de ces espaces)
AITA
Programme public
pour l’accompagnement de l’install
ation des jeunes et de la
transmission des exploitations en agriculture
AMO
A
ssistance à maîtrise d’ouvrage
AOP
A
ppellation d’origine protégée
(un des signes d’identification de la qualité et de
l’origine
des produits alimentaires)
APCA
Assemblée permanent
e des chambres d’agriculture (
tête de réseau des chambres
d’agriculture devenue Chambres d’agriculture France CDF en 2022)
AREFLEC
: Association de r
echerche et d’
expérimentation sur les fruits et les légumes en
Corse (structure de recherche de la filière des fruits et légumes de Corse)
ASP
A
utorité de services et de paiements (agence de l’
État qui verse
l’essentiel des aides
directes agricoles européennes aux exploitants)
BCIM
B
ureau de l’identification et du contrôle du mouvement des animaux
(service du
m
inistère de l’agriculture
en charge de l’identification des animaux
)
BDNI
B
anque de données nationale d’identification (recueil
des données relatives aux
animaux
géré par la direction générale de l’alimentation du ministère de
l’agriculture
)
CAA
Cour admin
istrative d’appel
(instance d’appel de la juridiction administrative)
CASDAR
C
ompte d’affectation spécial «
développement agricole et rural » (compte du budget
de l’
État finançant des projets agricoles et dans le monde rural)
CDA
C
hambre départementale d’a
griculture
CDA 2A
C
hambre départementale d’agriculture de Corse
-du-Sud
CDA 2B
C
hambre départementale d’agriculture de Haute
-Corse
CdC
Collectivité de Corse (collectivité locale unique à statut et compétences particuliers
instituée en Corse par la loi du 7 août 2015)
CDF
Chambres d’agriculture France (ex APCA)
CDOA
C
ommission
départementale
d’orientation
de
l’agriculture
(commissions
départementales saisies notamment des projets d’installation des jeunes agriculteurs)
LES CHAMBRES D’AGRIC
ULTURE EN CORSE À LA VEILLE DE LA CONSTI
TUTION D’UNE
CHAMBRE UNIQUE DE RÉGION
62
CDPENAF
Commission départementale de préservation des espaces naturels, agricoles et
forestiers (se réunit dans chaque département pour statuer sur les changements
d’utilisation des sols à préserver notamment agricoles)
CEPPP
C
entre d’élaboration des Plans de Professionnalisation Personnalisé (
pour
l’installation des jeunes agriculteurs)
CGAEER
C
onseil général de l’agriculture, de l’alimentation et des espaces ruraux (corps
d’inspection du ministère de l’agriculture)
Chambre d’agriculture de région
C
hambre d’agriculture
de niveau régional résultant de la
fusion des chambres départementales et de la chambre régionale dans une région
donnée tout en conservant des chambres territoriales en application d
’une
ordonnance du 20 janvier 2022. Le réseau consulaire agricole comptera en janvier
2025 deux
chambres de région, celle de Corse et la chambre de région d’Ile de France
crée en 2017
CODAF
Comité opérationnel départemental anti-
fraude (réunit les services de l’État contre
les fraudes)
COP
C
ontrat d’objectifs et de performance (contrat
pluriannuel li
ant l’
État et ses
établissements publics pour leur fixer des objectifs)
COREDEF
C
omité régional d’orientation
de la recherche, du développement et de la formation
(comité institué au sein des chambres régionales d’agriculture)
COREL
C
omité régional de l’él
evage (comité institué au sein des chambres régionales
d’agriculture)
CRA
C
hambre régionale d’agriculture
. La France compte actuellement 12 chambres
régionales d’agriculture
CRE
Comité des ressources en eau
CRPM
Code rural et des pêches maritimes (ensemble des lois et règlements qui régissent
l’activité agricole et des pêches).
CTC
Collectivité territoriale de Corse (instituée par la loi du 13 mai 1991, prédécesseur de
la Collectivité de Corse)
CTOA
Commission t
erritoriale d’orientation
agricole (commissions territoriale saisie
notamment des projets d’installation des jeunes agriculteurs)
DAS
D
omaines d’activités stratégiques (priorités du projet stratégique des chambres
d’agriculture)
DDTESPP
D
irection départementale de l’emploi, du travail, des solidarités
et de la protection
des populations
(services locaux de l’
État)
DDTM
D
irection départementale des territoires et de la mer (services locaux de l’
État)
DGAL
D
irection générale de l’alimentation (ministère de l’agriculture)
DOCOBAS
D
ocument d’objectif agric
ole et sylvicole (
plan d’aménagement agricole et
forestier établi par les collectivités locales)
DRAAF
D
irection régionale de l’agriculture et de l’alimentation (services locaux d
u ministère
en charge de l’agriculture
)
LES CHAMBRES D’AGRIC
ULTURE EN CORSE À LA VEILLE DE LA CONSTI
TUTION D’
UNE
CHAMBRE UNIQUE DE RÉGION
63
DRFP
Direction régionale des finances publiques (services locaux du ministère en charge
des finances)
DPB
Droits à prime de base (droits à des aides pour les agriculteurs selon la superficie de
leur exploitation au titre de la politique agricole commune européenne)
EDE
Établissement départeme
ntal de l’élevage (structure en charge de l’identification
animale au sein des chambres départementales
d’agriculture
)
EPA
Établissement public administratif (statut de certains établissements publics à activité
administrative, comme les chambres d’agricul
ture)
EPCI
établissement public de coopération intercommunale (regroupement de communes)
EPIC
Établissement public industriel et commercial (statut de certains établissements
publics)
ERE
É
tablissement régional de l’élevage
(structure en charge de l’identi
fication animale
au sein des chambres d’agriculture de niveau régional)
ESA
E
spaces stratégiques agricoles (espaces préservés pour l’agriculture)
FAM
FranceAgrimer (agence de l’
État en charge du suivi, du financement et des
interventions dans le secteur agricole et des pêches)
FDSEA
Fédération
départementale
des
syndicats
d’exploitation
agricole
(syndicat
d
’
exploitants agricoles)
FEADER
Fonds européen agricole de développement rural (porte des financements européens
pour les aides aux agriculteurs et au monde rural)
ETP
Équivalent temps plein (mesure des effectifs)
GIRTEC
G
roupement d’intérêt général pour la reconstitution des titres de propriétés en Corse
(organe en charge de la reconnaissance de titres de propriété en Corse afin de lutter
contre le désordre foncier)
GMS
grandes et moyennes surfaces (distribution commerciale)
HVE
Haute
valeur
environnementale
(certification
des
exploitations
au
plan
environnemental)
ICHN
Indemnités compensatoires de handicap naturel (aide publique aux exploitants en
zones défavorisées au plan des conditions de production)
IDEL
I
nstitut de l’élevage
(institut regroupant les filières de production laitière)
IGP
I
ndication géographique protégée (l’un des signes de la qualité et de l’origine
des
productions alimentaires garantit par un cahier des charges)
INOSYS
Normes technico-économiques à l'échelle de l'exploitation agricole établies par les
chambres d’agriculture
Interbio
I
nterprofession de l’agriculture biologique
IPG
I
dentification pérenne généralisée (obligation d’ident
ification des animaux)
IRD
Innovation, recherche et développement
JA
Jeunes agriculteurs (syndicat de jeunes exploitants agricoles)
LES CHAMBRES D’AGRIC
ULTURE EN CORSE À LA VEILLE DE LA CONSTI
TUTION D’UNE
CHAMBRE UNIQUE DE RÉGION
64
KPMG
Société privée de conseil (Klynveld, Peat, Marwick et Goerdeler)
LOA
L
oi d’orientation agricole
(textes de loi fixant des orientations de politique agricole
de niveau législatif)
LOCITA
Logiciel
collectif d’identification et de traçabilité des animaux
(géré par une
association pour le compte de la chambre d’agriculture
en vue de la transmission des
données vers la banque de données nationale BDNI)
MASA
Mini
stère de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire
MSA
Mutualité sociale agricole (sécurité sociale des exploitants agricoles)
ODARC
Office de développement agricole et rural de la Corse (organisme public chargé du
soutien à l’agriculture et du m
onde rural relevant de la Collectivité de Corse)
OEHC
O
ffice d’équipement Hydraulique de la Corse
(organisme public chargé du soutien à
la politique de l’eau relevant de la Collectivité de Corse)
OFB
Office français de la biodiversité (établissement public national en charge de la
préservation de la biodiversité)
OLAF
Office européen de lutte contre la fraude (administration européenne en charge de la
lutte contre les fraudes)
PAC
Politique agricole commune (ensemble des dispositions financières et juridiques
constituant la politique agricole au niveau européen)
PACA
Provence Alpes Côte d’Azur
(région administrative)
PADDUC
P
lan d’aménagement et de développement durable de la Corse
(ensemble de mesures
en faveur du développement durable de la Corse)
PAI
Point accueil installation (
espace d’accueil
pour les jeunes agriculteurs)
PAT
Projet alimentaire territorial (regroupe les collectivités locales et les producteurs
autour de l’accès à l’alimentation)
PDE
Plans de développement des entreprises (
plan de développement de l’exploitation
des
jeunes agriculteurs installés)
Plan d’avenir pour la Corse
Ensemble des projets agricoles et ruraux financées en Corse
(2014-2018
) par l’État (FranceAgrimer) et la Collectivité de Corse (ODARC).
Plan ambition Corse
S
uccesseur du plan d’avenir pour la période 2021
-2025
PLU
P
lan local d’urbanisme
(organise l’urbanisme localement)
PMTVA
Prime au maintien de la vache allaitante (aide européenne aux éleveurs bovins
remplacée par l’ABA)
PPP
Plan de professionnalisation personnalisée (
dispositif d’accompagnement des jeunes
installés)
PRDA
Programme régional de développement agricole et rural (ensemble des projets
agricoles et ruraux financées en Corse par l’Etat via le Casdar pour la période 2014
-
2020)
PRDAR
Programme régional de développement agricole et rural (successeur du PRDA pour
la période 2022-2027)
LES CHAMBRES D’AGRIC
ULTURE EN CORSE À LA VEILLE DE LA CONSTI
TUTION D’UNE
CHAMBRE UNIQUE DE RÉGION
65
PRDC
Programme régional de développement agricole et rural de la Corse (déclinaison en
Corse du FEADER)
PSN
Programme stratégique national (mise e
n œuvre au niveau national d’une partie des
financements de la PAC)
SAFER
Société d’aménagement foncier et d’établissement rural
(établissement public en
charge du foncier)
SAGE
S
chéma d’aménagement et de gestion des eaux
(document de planification de la
gestion des eaux au niveau d’un
cours d’eau
)
SDAGE
S
chéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux
(document de planification
de la gestion quantitative et qualitative des eaux
à l’échelle d’un bassin hydraulique
)
SIGC
Système intégré de gestion et de contrôle (dispositif de gestion des aides
européennes)
SIQO
S
ignes d’identification de la qualité et de l’origine (labels garantissant le respect d’un
cahier des charges pour certaines productions alimentaires come les AOC, AOP, IGP,
AB)
TAFNB
Taxe additionnelle sur le foncier non bâti (taxe sur les exploitants agricoles
constituant l’une des
sources
de financement des chambres d’agriculture)
TMA
Travaux modificatifs acquéreur
VBT
Valorisation du bois et territoires
VEFA
V
ente en l’état
de futur achèvement
VIVEA
Fonds d’assurance
pour la formation pour les actifs non-
salariés de l’agriculture créé
en 2001 notamment
par les syndicats agricoles et les chambres d’agriculture
.
LES CHAMBRES D’AGRIC
ULTURE EN CORSE À LA VEILLE DE LA
CONSTITUTION D’UNE
CHAMBRE UNIQUE DE RÉGION
66
Annexe n° 2.
Financement de l’activité des chambres d’agriculture de Corse
par
les subventions et la facturation de prestations
Tableau n° 13 :
Financements du Casdar
aux chambres d’agriculture de Corse
- 2017-2023 (
€
)
Années
Chambre régionale
Chambre de Haute-
Corse
Chambre de Corse
du sud
2017
91 675,00 €
166 250,00 €
142 500,00 €
2018
96 500,00 €
175 000,00 €
150 000,00 €
2019
90 895,00 €
165 778,00 €
141 288,00 €
2020
90 895,00 €
165 778,00 €
141 288,00 €
2021
90 895,00 €
166 595,00 €
141 288,00 €
2022
100 000,00 €
157 549,00 €
141 288,00 €
2023
125 549,00 €
132 000,00 €
141 288
,00 €
TOTAL
686 409,00 €
1 128 950,00 €
998 940,00 €
Source : MASA
Tableau n° 14 :
Prestations de service facturées par la CRA (2023)
Prestations
€
%
Conseil définition et analyse (télédéclarations)
37144
37 %
Concours général agricole
29 809
30 %
Conseil végétal (vin, oléiculture, arboriculture)
14 662
15 %
Observatoire
7 817
8 %
Organisation journée technique
5 500
5,2 %
Site internet
5 000
4,8 %
Source
: Cour des comptes d’après Grand livre CRA
LES CHAMBRES D’AGRIC
ULTURE EN CORSE À LA VEILLE DE LA CONSTI
TUTION D’UNE
CHAMBRE UNIQUE DE RÉGION
67
Tableau n° 15 :
Principales prestations de service facturées par la chambre de Corse du Sud
(comptes 706 - 2023)
Prestations
Montant en
€
En %
Commentaires
Forfait IPG animal
72 048
28 %
95 % bovins
Groupement pastoral
30 000
Zicavo
Diagnostic pastoral
4650
Contrôle laitier
17 353
Appui technique ovin
2 200
Appui technique caprin
3 960
Appui technique bovin
300
Appui technique
transformation
5600
Dont 5 000 fromages
Total animal
136 111
53 %
Productions fourragères
7 500
Accompagnement ponctuel
végétal
300
Total végétal
7 800
3 %
Déclarations de surface
62 814
24,5 %
Urbanisme
16 299
6 %
Dont 1 DOCOBAS (Coggia) et 1
ZAP (Péri)
Formation
5 586
2 %
Dont OCAPIAT, VIVEA
Marché producteur Ajaccio
3 355
1,3 %
Réseau Bienvenue à la ferme
3 876
1,4 %
Cotisations
Total
256 093
Source
: Cour des comptes d’après Grand livre
LES CHAMBRES D’AGRIC
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TUTION D’UNE
CHAMBRE UNIQUE DE RÉGION
68
Annexe n° 3.
Situation financière - chambre régio
nale d’agriculture
de Corse
Un compte de résultat modérément bénéficiaire
.
Depuis 2017, la chambre régionale dégage un bénéfice limité et sujet à de fortes
variations : en hausse de 2017 (près de 17
000 €) à 2020 (près de 55
000 €), en baisse en 2021
(22 0
00 €) et 2022 (12
500 €) et en hausse en 2023 (moins de 45
000 €) sans retrouver le niveau
de 2017.
Graphique n° 4 :
Évolution des résultats de 2017 à 2023 (€)
Source : Comptes financiers
de la chambre régionale d’agriculture de Corse
Les produits se sont fortement érodés entre 2017 et 2020, avec une baisse de près de
50 % compensée depuis lors, avec un niveau 2023 (1,6 M
€
) supérieur à celui de 2017 (1,4
M€
).
En raison de la durée d’exécution des conventions
de financement, une partie des produits
correspond à des soutiens attribués plusieurs années auparavant
130
.
Les charges de la chambre ont augmenté de 11 % pendant la période, passant d’un peu
plus de 1,4
M€
(2017) à plus de 1,5
M€
(2023)
. Elles sont impactées par l’intégration depuis
2022 de salariés transférés au tit
re de la mutualisation et d’un changement de comptabilisation
des financements qu’elle reçoit pour le compte des chambres départementales.
130
Grand livre 2022, compte 74 : 2018 (Casdar), 2019 (Casdar, Ecophyto), 2020 (FAM, FNSP…), 2021 (FAM…).
LES CHAMBRES D’AGRIC
ULTURE EN CORSE À LA VEILLE DE LA CONSTI
TUTION D’UNE
CHAMBRE UNIQUE DE RÉGION
69
Tableau n° 16 :
Évolution des produits et des charges de la CRA de Corse de 2017 à 2023 (
€
)
2017
2018
2019
2020
2021
2022
2023
17/23
Produits
1 423 420
1 339 806
1 111 188
715 085
879 146
1 281 646
1 605 797
13 %
Chiffre d’affaires
(70)
58 913
53 973
70 971
78 763
40 900
107 789
104 139
77 %
Subventions
d'exploitation (74)
1 111 726
1 027 744
784 010
364 501
507 711
574 305
992 776
11 %
Taxe financement
des chambres
244 119
255 448
255 448
271 244
323 060
599 321
498 762
104 %
Autres produits de
gestion courante
(75)
0
2 641
759
577
7 474
232
10 121
Produits
exceptionnels (77)
8 662
0
0
0
0
0
0
Reprises sur
amortissements et
provisions (78)
0
0
0
0
0
0
0
Charges
1 406 478
1 301 212
1 056 583
656 355
857 037
1 269 048
1 561 550
11 %
Dont
consommation
(60 à 62)
418 928
316 227
245 287
257 827
376 702
319 422
456 882
9 %
Dont charges de
personnel (64 et
631 à 633)
262 837
307 656
357 151
365 749
419 328
881 876
1 018 435
287 %
Dont autres
charges de gestion
courante (65)
715 674
667 924
442 052
25 835
40 999
47 243
64 010
-91 %
Dont charges
financières (66)
0
0
0
0
8 358
8 155
7 948
Dont charges
exceptionnelles
(67)
0
0
0
0
0
0
0
Dont dotations
amort. provisions
(68)
9 039
9 405
12 093
6 944
11 650
12 351
13 385
48%
Résultat net
comptable
16 943
38 594
54 605
58 730
22 108
12 598
44 247
161 %
Source : Comptes financiers
de la chambre régionale d’agriculture de Corse
La chambre est entrée depuis 2020 dans une phase incertaine avec un excédent brut
d’exploitation (EBE) négatif de 2020 à 2022 et un résultat d’exploitation en baisse
). Cette
dégradation correspond à l’impact de la crise sanitaire
,
puis à l’augmentation de
s dépenses de
personnels en lien avec la mutualisation, même modeste, alors que la chambre est très
dépendante de la TAFNB en provenance des chambres départementales et des subventions.
L’amélioration constatée dans les comptes de 2023 avec un EBE positif
et un résultat
LES CHAMBRES D’AGRIC
ULTURE EN CORSE À LA VEILLE DE LA CONSTI
TUTION D’UNE
CHAMBRE UNIQUE DE RÉGION
70
d’exploitation en hausse demeure fragile. Elle correspond pour l’essentiel au triplement des
subventions versées au niveau régional mais destinées aux chambres départementales. Dans ces
conditions, l’évolution de la capacité d’autofinancemen
t de la chambre depuis 2020 est
défavorable.
Tableau n° 17 :
Les soldes intermédiaires de gestion de la CRA de Corse
2017 à 2023 (€)
2017
2018
2019
2020
2021
2022
2023
Chiffre d’affaires
58 913
53 973
70 971
78 763
40 900
107 789
104 139
- Consommations
intermédiaires
(60+61+62-621)
268 743
210 291
132 191
124 949
228 340
203 766
201 206
- Impôts taxes et
versements assimilés
(sauf personnel)
890
=Valeur ajoutée
-209 830
-156 318
-61 220
-46 186
-187 440
-95 977
-97 957
+ Subventions
1 111 726
1 027 744
784 010
364 501
507 711
574 305
1 491 537
-Dépenses de
personnel interne et
externe
413 022
413 592
470 247
498 626
567 690
997 532
1 274 110
Excédent brut
d'exploitation
488 875
457 834
252 543
-180 312
-247 418
-519 204
119 470
+ Autres produits de
gestion (Hors cession)
244 119
258 089
256 207
271 821
330 534
599 553
10 121
+/- dotations nettes
aux amortissements,
dépréciations et
provisions
-9 039
-9 405
-12 093
-6 944
-11 650
-12 351
-13 385
- Autres charges de
gestion (Hors cession)
715 674
667 924
442 052
25 835
40 999
47 243
64 010
Résultat
d'exploitation
8 281
38 594
54 605
58 730
30 467
20 754
52 196
Source : Cour des comptes à partir des comptes financiers
de la chambre régionale d’agriculture
LES CHAMBRES D’AGRIC
ULTURE EN CORSE À LA VEILLE DE LA CONSTIT
UTION D’UNE
CHAMBRE UNIQUE DE RÉGION
71
Tableau n° 18 :
Capacité d’autofinancement et financement propre
disponible de la CRA de Corse
(€)
2017
2018
2019
2020
2021
2022
2023
Résultat net
16 943
38 594
54 605
58 730
22 108
12 598
44 247
Dotations aux amortissements,
dépréciations et provisions (68)
9 039
9 405
12 093
6 944
11 650
12 351
13 385
- Reprises sur amortissements,
dépréciations et provisions (78)
0
0
0
0
0
0
0
- Produits des cessions d'actifs
y compris financiers (775,756,
7672)
0
0
0
0
0
0
0
+ Moins-value de cessions
d'actifs y compris financiers
(675, 656 et 6672)
0
0
0
0
0
0
0
= CAF BRUTE
25 982
47 998
66 698
65 674
33 759
24 949
57 632
- annuité en capital de la dette
(16)
0
0
0
0
9 658
9 861
10 068
= CAF NETTE
25 982
47 998
66 698
65 674
24 100
15 088
47 564
Source : Cour des comptes à partir des comptes financiers
de la chambre rég
ionale d’agriculture
LES CHAMBRES D’AGRIC
ULTURE EN CORSE À LA VEILLE DE LA CONSTI
TUTION D’UNE
CHAMBRE UNIQUE DE RÉGION
72
Un triplement du patrimoine en six ans
Le bilan de la chambre régionale passe de
0,79 M€ en 2017
à 2,54
M€ en 2023, soit une
hausse de 222 %.
Tableau n° 19 :
Évolution du patrimoine de la CRA de Corse
de 2017 à 2023 (€)
2017
2018
2019
2020
2021
2022
2023
17/23
Immo.
Incorporelles
16 445
9 889
8 496
11 806
640
3473
496
-97 %
Immo.
Corporelles
2 289
9 122
7 072
4 416
400 984
396 427
391 649
17008 %
Immo.
Financières
0
0
0
0
0
0
0
Actif immobilisé
18 735
19 012
15 568
16 223
407 624
399 900
392 145
1 993 %
Créances
d'exploitation
584 241
865 804
530 505
760 480
1 096 883
1 083 977
1 389 071
138%
Disponibilités
184 621
366 066
991 205
1 026 559
476 616
458 720
758 776
311%
Charges cons-
tatées d'avance
0
0
0
0
0
0
0
Actif circulant
768 862
1 231 870
1 521 710
1 787 039
1 573 499
1 542 697
2 147 848
179 %
ACTIF NET
787 597
1 250 882
1 537 278
1 803 262
1 981 123
1 942 597
2 539 992
222 %
2017
2018
2019
2020
2021
2022
2023
17/23
Fonds propres
217 808
256 402
311 007
369 737
391 845
404 444
421 488
94 %
Provisions
0
0
0
0
0
0
0
Dettes financières
0
0
390 000
390 000
380 342
370 481
360 412
Dettes
d'exploitation
569 789
994 480
836 271
1 043 525
1 208 936
1 167 673
1 758 092
209 %
PASSIF
787 597
1 250 882
1 537 278
1 803 262
1 981 123
1 942 597
2 539 992
222 %
Source : Comptes financiers
de la chambre régionale d’agriculture
En 2023
, l’actif net de la chambre est composé d’une part des
immobilisations (15 %)
et d’autre part de l’actif circulant (85
%) qui regroupe les créances d’exploitat
ion et les
disponibilités financières immédiatement mobilisables par la chambre.
L’actif immobilisé est
quasiment réduit à l’immobilisation du siège acquis en 2021. Depuis cette date, ses
investissements sont contraints. Le montant net de ses immobilisations incorporelles se réduit
au rythme des amortissements, avec l
’absence d’investissements nouveaux depuis 2020
en
matière de parc logiciel.
LES CHAMBRES D’AGRIC
ULTURE EN CORSE À LA VEILLE DE LA CONSTI
TUTION D’UNE
CHAMBRE UNIQUE DE RÉGION
73
Graphique n° 5 :
Évolution
de l’actif net
de la CRA de Corse (
€
)
Source : Cour des comptes à partir des comptes financiers de la
chambre régionale d’agriculture
L’actif circulant est à l’image de l’augmentation de l’activité
. Les créances ont
augmenté de 138 % entre 2017 et 2023. Leur nature rend compte de la dépendance de la
chambre aux financements extérieurs. Alors que celles liées à la vente de biens ou services
observe une tendance à la baisse, les créances
comptabilisées à l’égard des entités publiques
(État et FAM) et des autres débiteurs progressent. La présentation détaillée des créances ne met
cependant pas en évidence cette situation car la chambre régionale applique partiellement et
tardivement l’instruction comptable relative aux opérations en compte de tiers
131
. Cette
situation procure à la chambre des disponibilités financières dont il faut dès lors nuancer le
montant, établi à 758 776
€
en 2023.
Tableau n° 20 :
Évolution des créances de la CRA de Corse (
€
)
2017
2018
2019
2020
2021
2022
2023
Créances sur des
entités publiques
194 400
301 112
217 943
350 646
608 146
261 050
-61 778
Clients - comptes
rattachés
387 141
411 800
34 598
41 357
145 643
176 114
202 395
Créances -
compte de tiers
105 574
Créances sur les
autres débiteurs
2 892
152 892
277 965
368 477
343 094
646 813 1 142 880
Total
584 433
865 804
530 506
760 480
1 096 883
1 083 977
1 389 071
Source : Comptes financiers de la chambr
e régionale d’agriculture
131
Instruction comptable n° BOFIP-GCP-15-0007 du 03/11/2015.
LES CHAMBRES D’AGRIC
ULTURE EN CORSE À LA VEILLE DE LA CONSTITUTION
D’UNE
CHAMBRE UNIQUE DE RÉGION
74
En 2023, le passif de la chambre régionale est marqué par le poids des dettes (83 %) qui
(2,11
M€) qui sont de deux types. Les dettes financières s’élèvent à 0,36 M€, avec une tendance
à la baisse au rythme du remboursement de l’emprunt.
Au contraire, les dettes d’exploitation (1,76
M€) ont augmenté de 209 % depuis 2017
(0,57
M€). Cette hausse est
portée par les « autres dettes non financières » dont le montant
s’élève à 1,20
M€ en 2023.
En l’absence de rapprochement entre les opérations enregistrées en
comptes d’attente et leur affectation définitive avant la clôture de l’exercice, la chambre
régionale maintient dans ses dettes des subventions de financement destinées aux chambres
départementales et d’ores et déjà encaissées.
Pour leur part, les dettes fournisseurs (0,26 M€) et
les dettes fiscales et sociales (0,13
M€) ne représentent respectivemen
t que 15 et 7 % des dettes
d’exploitation
en 2023.
Graphique n° 6 :
Évolution du passif de la CRA de Corse
(€)
Source : Cour des comptes à partir des comptes financiers
de la chambre régionale d’agriculture
Les fonds propres représentent 17 % du passif. D’un montant de 0,42 M€, soit 94
% de
plus par rapport à 2017 (0,28 M€), ils sont uniquement composés du report à nouveau des
bénéfices successifs. Grâce à l’emprunt, les ressources stables de la chambre régionale
permettent de financer son actif immobilisé. Cependant, l’
autonomie se réduit en raison de la
part croissante des financements externes dans l’ensemble du bilan
132
.
132
Depuis 2023, la part d
es capitaux propres sur l’ensemble du bilan est inférieure à 20 %.
LES CHAMBRES D’AGRIC
ULTURE EN CORSE À LA VEILLE DE LA CONSTI
TUTION D’UNE
CHAMBRE UNIQUE DE RÉGION
75
Tableau n° 21 :
Évolution des dettes de la CRA de Corse
(€)
2017
2018
2019
2020
2021
2022
2023
Dettes
569 789
994 480
1 226 271
1 433 525
1 589 278
1 538 154
2 118 505
Dettes
financières
0
0
390 000
390 000
380 342
370 481
360 412
Dettes
d’exploitation
:
569 789
994 480
836 271
1 043 525
1 208 936
1 167 673
1 758 092
Dont dettes
fournisseurs et
comptes rattachés
282 049
149 447
149 035
121 866
190 338
138 102
259 959
Dont dettes fiscales
et sociales
41 953
69 810
43 814
48 684
31 480
64 288
126 114
Dettes
correspondant à
des opérations pour
compte de tiers
915 401
168 546
Autres dettes non
financières
245 968
775 223
643 422
872 975
987 118
49 882
1 203 773
Source : Comptes financiers
de la chambre régionale d’agriculture
Des indicateurs bilanciels à relativiser
La variation des indicateurs bilanciels est à analyser à l’aune des observations formulées
ci-dessus quant à la comptabilisation des créances et
des dettes d’exploitation.
Tableau n° 22 :
Variation des indicateurs bilanciels de la CRA de Corse par rapport à n-
1 (€)
2017
2018
2019
2020
2021
2022
2023
Variation du FdR
38 317
448 049
58 075
-378 951
10 461
14 731
38 317
Variation du
Besoin en FdR
-143 128
-177 090
22 722
170 992
28 357
-285 325
-143 128
Variation de la
trésorerie
181 445
625 139
35 354
-549 943
-17 896
300 056
181 445
Source : Cour des comptes à partir des comptes financiers
de la chambre régionale d’agriculture
LES CHAMBRES D’AGRIC
ULTURE EN CORSE À LA VEILLE DE LA CONSTI
TUTION D’UNE
CHAMBRE UNIQUE DE RÉGION
76
Graphique n° 7 :
Évolution des indicateurs bilanciels de la CRA de Corse
(€)
Source : Cour des comptes à partir des comptes financiers
de la chambre régionale d’agriculture
LES CHAMBRES D’AGRIC
ULTURE EN CORSE À LA VEILLE DE LA CONSTI
TUTION D’UNE
CHAMBRE UNIQUE DE RÉGION
77
Annexe n° 4.
Situation financière - Chambre départementale de Haute-Corse
Une difficulté à tirer des ressources de
l’
activité opérationnelle
Les charges et les produits sont quasi-exclusivement des charges et des produits
d
’exploitation. Leur évolution est marquée par les opérations immobilières de délocalisation du
siège.
Graphique n° 8 :
Évolution des résultats de la chambre de Haute-Corse
de 2017 à 2023 (€)
Source : Comptes financiers de la chambre départementale de Haute-Corse
La chambre a connu une modeste amélioration de ses résultats, avec un bénéfice
exceptionnel (1 954
270 €) généré par la vente de l’ancien siège en 2021. Le compte
de résultat
pour 2022 laisse cependant apparaître une situation déficitaire de 104 828
€ qui n’avait pas été
observée depuis 2014. Le bénéfice de 53 307
€
observé en 2023 devra être confirmé. Au-delà
des dépenses ponctuelles liées à la délocalisation du siège, la chambre poursuit la baisse de ses
charges (personnel, consommations intermédiaires) qui se heurte au besoin de moyens
nécessaires pour développer son activité et réduire sa dépendance aux subventions. Excepté en
2021, en raison de la vente de l’ancien siège (2,4 M€), les produits sont stables sur cette période.
Au 31 décembre 2023, les produits s’élèvent à 4,39
M
€
, en baisse de 1,4 % par rapport à 2017
(4,45 M€).
LES CHAMBRES D’AGRIC
ULTURE EN CORSE À LA VEILLE DE LA CONSTI
TUTION D’UNE
CHAMBRE UNIQUE DE RÉGION
78
Tableau n° 23 :
Évolution des produits et des charges de la chambre de Haute-Corse de 2017 à 2023
(€)
2017
2018
2019
2020
2021
2022
2023
17/23
Produits
4 452 439
4 541 302
4 465 457
4 161 006
6 954 141
4 347 210
4 389 928
-
1 %
Chiffre d’affaires
(70)
1 010 712
1 151 765
1 058 973
1 013 177
1 010 720
954 288
1 005 928
0 %
Subventions
d'exploitation (74)
1 678 759
1 704 829
1 676 306
1 449 266
1 520 401
1 781 322
1 722 709
3 %
Autres produits de
gestion
courante
(75)
Dont Taxe pour
frais chambre
1 655 096
1 579 56
1 677 389
1 579 56
1 722 861
1 579 56
1 691 246
1 579 56
4 291 295
1 579 56
1 611 600
1 579 56
1 661 291
1 626 947
3 %
Produits
exceptionnels (77)
107 872
0
0
0
0
0
0
Reprises sur
amortissements et
provisions (78)
0
7 318
7 318
7 318
131 726
0
0
Charges
4 451 825
4 530 997
4 365 043
4 068 137
4 999 871
4 452 038
4 336 621
-3 %
Dont
consommation (60
à 62)
89 5 388
946 033
895 317
753 924
831 930
819 882
554 827
-38 %
Dont charges de
personnel (64 et
631 à 633)
3 050 180
3 079
736
2 924
162
2 802 994
2 804 990
2 725 243
2 696
265
-12 %
Dont autres
charges de gestion
courante (65)
391 490
383 928
449 111
412 598
1 198 510
720 670
729 612
86 %
Dont intérêts de
l’emprunt (66)
36 433
35 582
34 714
Dont dotation
amort. et
provisions (68)
113 310
113 850
88 946
89 740
119 568
137 194
140 445
24 %
Résultat net
comptable
614
10 305
100 414
92 870
1 954 270
-104 828
53 307
Source : Comptes financiers de la chambre départementale de Haute-Corse
L’examen de l’excédent brut d’exploitation met en lumière la difficulté constante de la
chambre à tirer des ressources de son activité opérationnelle.
Jusqu’en 2019, la capacité
d’autofinancement
(CAF)
parvenait à couvrir les dépenses d’investissement de la chambre qu
i
représentaient environ 80 000
€
par an entre 2017 et 2019. À partir de 2020, en raison de
l’acquisition du siège de Vescovato, leur montant a fortement augmenté. Toutefois le produit
LES CHAMBRES D’AGRIC
ULTURE EN CORSE À LA VEILLE DE LA
CONSTITUTION D’UNE
CHAMBRE UNIQUE DE RÉGION
79
de la cession de l’ancien siège de Bastia en 2021 a permis à la chambre de disposer d’un
financement couvrant largement (146 % en 2021) les investissements engagés. Passée cette
période, alors que le remboursement de l’emprunt demeure, la chambre couvre encore ses
dépenses d’équipement au prix d’une sobriété contrainte : 32
782
€
en 2022 et 46 035
€
en
2023
. Les dépenses d’investissement se réduisent aux achats de matériels informatiques. Bien
que l’utilisation du fonds de roulement ait été prévue dans le plan de financement du nouveau
siège, son évaluation s’est avérée en deçà des montants budgétés. La cham
bre départementale
de Haute-Corse se trouve dans une situation désormais plus favorable mais elle doit consolider
sa gestion courante pour dégager un niveau de CAF couvrant
le remboursement de l’emprunt
et les dépenses investissement nécessaires, sans mobiliser son fonds de roulement.
Tableau n° 24 :
Soldes intermédiaires de gestion de la chambre de Haute-Corse
de 2017 à 2023 (€)
2017
2018
2019
2020
2021
2022
2023
Chiffre d’affaires
1 010 712
1 151 765
1 058 973
1 013 177
1 010 720
954 288
1 005 928
- consommations
intermédiaires
895 388
946 033
895 317
753 924
831 930
819 882
554 827
- impôts taxes et
versements
assimilés (sauf
personnel)
138
7 449
7 507
8 880
8 440
12 399
8 583
=Valeur ajoutée
115 186
198 283
156 149
250 373
170 350
122 007
442 518
+ Subventions
1 678 759
1 704 829
1 676 306
1 449 266
1 520 401
1 781 322
1 722 709
-Dépenses de
personnel
3 050 180
3 079 736
2 924 162
2 802 994
2 804 990
2 725 243
2 696 265
Excédent brut
d'exploitation
-1 256 235
-1 176 624
-1 091 707
-1 103 355
-1 114 239
-821 914
-531 038
+ Autres
produits de
gestion (Hors
cession)
1 655 096
1 677 389
1 722 861
1 691 246
1 891 295
1 611 600
1 661 291
+/- dotations
nettes aux
amortissements,
dépréciations et
provisions
-113 310
-106 532
-81 628
-82 422
12 158
-137 194
-140 445
- Autres charges
de gestion (Hors
cession)
391 490
383 928
449 111
412 598
726 910
720 668
729 612
Résultat
d'exploitation
-105 939
10 305
100 415
92 871
62 303
-68 176
260 196
Source : Cour des comptes à partir des comptes financiers de la chambre de Haute-Corse
LES CHAMBRES D’AGRIC
ULTURE EN CORSE À LA VEILLE DE LA CONSTI
TUTION D’UNE
CHAMBRE UNIQUE DE RÉGION
80
Tableau n° 25 :
Capacité d’autofinancement et financement propre disponible
2017
2018
2019
2020
2021
2022
2023
Résultat net
615
10 305
100 414
92 870
1 954 270
-104 828
53 307
+ Dotations aux
amortissements, dépréciations
et provisions (68)
113 310
113 850
88 946
89 740
119 568
137 194
140 445
- Reprises sur
amortissements, dépréciations
et provisions (78)
0
7 318
7 318
7 318
131 726
0
0
- Produits des cessions
d'actifs y compris financiers
(756, 7672)
0
0
0
0
2 400 000
0
0
+ Moins-value de cessions
d'actifs y compris financiers
(656 et 6672)
0
0
0
0
471 600
2
0
= CAF BRUTE
113 925
116 838
182 043
175 292
13 712
32 367
193 752
- annuité en capital de la
dette (16)
0
0
0
0
40 519
41 370
43 372
= CAF NETTE (A)
113 925
116 838
182 043
175 292
-26 807
-9 003
150 380
+ Financements extérieurs
(134)
0
0
0
0
-365 878
0
0
+ Produits cessions d'actifs
(756)
0
0
0
0
2 400 000
0
0
Recettes
d'investissement
hors emprunt (B)
0
0
0
0
2 034 122
0
0
Financement propre
disponible (A+B)
113 925
116 838
182 043
175 292
2 007 315
-9 003
150 000
Source : Cour des comptes à partir des comptes financiers de la chambre de Haute-Corse
LES CHAMBRES D’AGRIC
ULTURE EN CORSE À LA VEILLE DE LA CONSTI
TUTION D’UNE
CHAMBRE UNIQUE DE RÉGION
81
Une augmentation du patrimoine portée par le projet immobilier
Le bilan de la chambre départementale de Haute-Corse passe de 4,16
M€
en 2017 à
8,35
M€
en 2023, soit une hausse de 101 %.
L’augmentation des composantes du bilan n’est
cependant pas linéaire. Au cours des exercices, leur importance a évolué au gré de l’exécution
des projets immobiliers.
Tableau n° 26 :
Évolution du patrimoine de la chambre de Haute-
Corse 2017 à 2023 (€)
2017
2018
2019
2020
2021
2022
2023
Immo.
incorporelles
50 309
56 263
74 731
56 867
41 960
27 256
12 552
Immo.
corporelles
739 833
671 842
659 509
2 113 967
4 252 845
4 163 138
4 074 324
Immo.
financières
94 593
94 593
94 593
94 593
94 593
94 593
94 593
Actif immobilisé
884 736
822 699
828 833
2 265 427
4 389 399
4 284 987
4 181 470
Créances
d'exploitation
1 751 281
2 057 505
2 136 337
1 877 331
2 806 389
3 132 367
3 642 185
Trésorerie
1 522 089
1 427 381
2 853 606
1 678 081
485 826
755 420
531 586
Charges consta-
tées d'avance
0
0
0
0
0
0
0
Actif circulant
3 273 370
3 484 885
4 989 943
3 555 412
3 292 215
3 887 787
4 173 770
ACTIF NET
4 158 106
4 307 584
5 818 776
5 820 839
7 681 614
8 172 775
8 355 240
2017
2018
2019
2020
2021
2022
2023
Fonds propres
3 652 895
3 655 883
3 748 979
3 834 531
5 657 075
5 552 247
5 407 547
Provisions
0
0
0
0
0
0
0
Dettes financières
0
0
1 700 000
1 700 000
1 659 481
1 652 111
1 608 738
Dettes
d'exploitation
505 210
651 701
369 798
286 308
365 058
968 417
1 338 955
PASSIF
4 158 106
4 307 584
5 818 776
5 820 839
7 681 614
8 172 775
8 355 240
Source : Comptes financiers de la chambre de Haute-Corse
En 2023, l’actif net de la chambre est composé pour une moitié des immobilisation
s et
pour une autre de l’actif circulant lequel regroupe les créances d’exploitation et de la trésorerie.
Entre 2017 et 2023, l’évolution de l’actif immobilisé (+373 %) a été plus forte que celle de
l’actif circulant (+28
%). L’actif net immobilisé s’élève
à 4,18 M€ en 2023
133
alors qu’il
représentait 0,88
M€ en 2017. Sa part dans le total de l’actif est passé de 21 à 50 % sur cette
période. La montant des immobilisations financières est cependant à confirmer (cf. 3.2.2.1.).
L’augmentation de l’actif circulant plus limitée, (3,
17
M€ en 2017 à 4,17
M€ en 2023), a vu sa
133
95 % au titre des constructions et agencements (c/213)
LES CHAMBRES D’AGR
ICULTURE EN CORSE À LA VEILLE DE LA CONS
TITUTION D’UNE
CHAMBRE UNIQUE DE RÉGION
82
part dans le total de l’actif baisser de 79 à 50
%. Les créances d’exploitation, passées de 1,75 à
3,64 M€, augmentent sous le poids des produits à recevoir. Les cont
raintes de calendrier
d’exécution des projets réalisés sur conventions, auxquels s’ajoutent les délais de justification
des actions auprès des financeurs, sont peu favorables à une comptabilisation effective des
produits l’année d’acquisition du droit par l’organisme
134
. Dans ce contexte, malgré une
augmentation exceptionnelle en 2019 du fait de
l’emprunt de 1,70 M€
, les disponibilités ont
chuté de 1,52
M€
en 2017
à 0,53 M€
en 2023.
Graphique n° 9 :
Évolution de l’actif de la chambre de Haute
-
Corse (€)
Source : Cour des comptes à partir des comptes financiers
de la chambre de Haute-Corse
Tableau n° 27 :
Évolution des créances de la chambre de Haute-Corse
(€)
2017
2018
2019
2020
2021
2022
2023
Créances sur des entités
publiques
1 340 272
129 878
95 719
142 769
191 902
42 383
644 740
Clients
et
comptes
rattachés
408 487
529 819
587 610
562 142
617 025
775 083
686 553
Créances sur les autres
débiteurs
2 522
1 397 808
1 453 009
1 172 421
1 997 463
2 314 901
2 310 891
Total
1 751 281
2 057 505
2 136 337
1 877 331
2 806 389
3 132 367
3 642 185
Source : Comptes financiers
de la chambre de Haute-Corse
134
Les subventions, accordées sous conditions, sont comptabilisées dans les créances (produits à recevoir) à la
signature (en N) mais
le titre n’est émis qu’après avoir justifié la réalisation de ces conditions (en N+1 ou N+2).
LES CHAMBRES D’AGRIC
ULTURE EN CORSE À LA VEILLE DE LA CONSTI
TUTION D’UNE
CHAMBRE UNIQUE DE RÉGION
83
La composition du passif a été impactée par la souscription de
l’
emprunt précité
135
.
Depuis, il est composé des fonds propres et des dettes financières.
Les fonds propres s’élèvent à 5,40 M€ en 2023, soit 48
% de plus qu’en 2017 (3,65
M€).
Alors que leur montant augmentait faiblement, porté par une succession d’exercices
modestement excédentaires de 2017 à 2020, son niveau a brutalement augmenté du fait du
bénéfice exceptionnel dégagé en 2021. Parmi ces fonds (38 %), figure un reliquat de capitaux
reçus de l’État, de l’ODARC, de l’ex
-
fonds de solidarité de Chambres d’agriculture France et
du département de Haute-Corse entre 2000 et 2002. Au regard de graves difficultés financière
rencontrées à cette époque par la chambre, ce reliquat avait contribué à sa recapitalisation pour
un montant total de 13,5 M€. Sur la période, le montant des fonds propres représente, en
moyenne, 73
% de l’ensemble des ressources fi
nancières de la chambre et confère à la chambre
une certaine autonomie dans la gestion de ses activités. Cependant, ce taux doit être nuancé au
regard
du poids croissant des dettes d’exploitation et celui, certes raisonnable, de l’endettement
bancaire (19 % en 2022).
Depuis 2017, les dettes ont été multipliées par six. Les dettes financières tendent à
diminuer en proportion (29 % en 2019 et 19
% en 2023) au profit des dettes d’exploitation (6
%
en 2019 et 16 % en 2023)
: alors que ces dernières s’élevaient
à 0,50 M€ en 2017, elles
représentent 1,34 M€ en 2023. Pour justifier la forte augmentation du poste
« autres dettes non
financières
», la chambre invoque des difficultés exceptionnelles en période de fin de gestion ;
celles-
ci n’
auraient pas permis le ra
pprochement des fonds enregistrés en comptes d’attente et
les comptes de tiers auxquels ces fonds étaient destinés.
Graphique n° 10 :
Évolution du passif de la chambre de Haute-Corse
(€)
Source : Cour des comptes à partir des comptes financiers de la chambre de Haute-Corse
135
Du fait de la crise sanitaire, la CDA a demandé le report de l’annuité à 2020. En 2021, la CDA a donc reçu
l’appel de fonds pour les annuités 2020 et 2021. Afin d’y faire face, la CDA a souscrit à la banque un nouvel
emprunt sans intérêt en 2022 (34 000
€
). La durée initialement prévue de 30 ans est dès lors repoussée à 31 ans.
LES CHAMBRES D’AGRIC
ULTURE EN CORSE À LA VEILLE DE LA CONSTI
TUTION D’UNE
CHAMBRE UNIQUE DE RÉGION
84
Une dégradation des indicateurs bilanciels face à un besoin de financement
croissant
Graphique n° 11 :
Indicateurs bilanciels de la chambre de Haute-Corse
Source : Cour des comptes financiers de la chambre de Haute-Corse
LES CHAMBRES D’AGRIC
ULTURE EN CORSE À LA VEILLE DE LA CONSTI
TUTION D’UNE
CHAMBRE UNIQUE DE RÉGION
85
Annexe n° 5.
Situation financière - Chambre départementale de Corse-du-Sud
Des résultats d’exploitation structurellement dégradés
Hormis un bénéfice exceptionnel de 2 010 413
€ en 2017
, la chambre a connu des
exercices déficitaires de manière constante, d’un montant moyen de 200
000
€, puis un faible
retour à l’équilibre entre les produits et les charges depuis deux ans. Cette inversion de la
tendance est très relative en 2022
(36 822 €)
et
en 2023 (2 889 €)
. La chambre a effectué une
contraction marquée de ses charges qu’elle ne parvient plus à réduire. Ses produits, qui
demeurent limités, soulignent une fragilité récurrente, voire structurelle. La vente du siège a
certes permis de dégager un excédent en 2017 mais ne constitue pas une solution à long terme
pour une chambre dont les résultats et la situation patrimoniale demeurent fragiles.
L’amélioration depuis 2022 correspond aux efforts conduits par la chambre mais ne permet p
as
d’affirmer qu’elle est durablement sortie des difficultés. D’autant que le
résultat comptable de
l’exercice 2022 est frappé de certaines incertitudes en raison de l’affectation, à cet exercice,
d’une subvention de la collectivité de Corse de 200
000
€
pour des actions menées en 2021. Au
regard des produits qui seraient rattachables à cet exercice,
l’excédent de 2022 serait de 8
616
€
.
Ces démonstrations, qu’il convient de relativiser au vu des décalages récurrents au cours des
exercices précédents pou
r ces types de financements, ne font qu’accentuer la conviction que
l’équilibre retrouvé depuis 2022 reste précaire.
Graphique n° 12 :
Évolution des résultats de la chambre de Corse-du-Sud 2017 à 2023 (
€
)
Source : Comptes financiers de la chambre départementale de Corse-du-Sud
La chambre n’est pas parvenue à mobiliser des financements et à impulser une
dynamique de prestations pour relancer significativement son activité
: son chiffre d’affaires
est resté stable (ne dépassant pas 13 % des ressources pendant la période pour une moyenne
nationale de 32
%), l’augmentation des subventions d’exploitation observée en 2022 n’est liée
LES CHAMBRES D’AGRIC
ULTURE EN CORSE À LA VEILLE DE LA CONSTI
TUTION D’UNE
CHAMBRE UNIQUE DE RÉGION
86
qu’à l’enregistrement décalé de la totalité d’un financement accordé pour 2021 et 2022 et les
autres produits de gestion se réduisent désormais quasi-exclusivement à la fiscalité affectée
dont le montant est resté identique jusqu’en 2023. En l’absence de provisions
pour risques et
charges de fonctionnement, la baisse des reprises sur dotations reflète la baisse de dépenses
d’investissement désormais t
rès contraintes. Durant la période concernée, hormis en 2017, les
produits sont restés à peu près stables autour de 2,5 M€, avec un pic à 2,7 M€
en 2023.
La chambre insiste sur ce
qu’elle qualifie
«
d
’aboutissement d’un long parcours
d’austérité
»
en vue d
’un retour à l’équilibre
depuis 2022 en soulignant par exemple les
économies induites par le non remplacement de cadres dirigeants durant cette période. Il est
indéniable que ces non-remplacements - par ailleurs non sans lien avec la situation spécifique
d
e l’ancien directeur de la chambre
-
ont permis d’importantes économies et on lourdement
contribué à la charge de travail dévolue à l’équipe dirigeante de la chambre. Ils illustrent aussi
les impossibilités financières et de management devant lesquelles la chambre est placée dans
ses dimensions et son cadre actuel. Le montant global des charges a ainsi nettement baissé, de
20 % entre 2018 et 2017 (de 3,89 à 2,75
M€) même si l’ampleur de cette baisse doit être
modulée par l’impact comptable de la vente du siège et de l’extinction d’une dette de 300
000
€. Elle atteint alors –
15 %
136
. Mais hormis en 2020 du fait de la crise sanitaire, elles ne se sont
que légèrement réduites depuis lors pour atteindre 2,5
M€ en 2022 et même remonter à 2,7 M€
en 2023.
Les charges de personnel
s’élèvent à 1
,73 M
€
en 2023. Elles représentaient 2,05 M
€ en
2017 (-15 %). Au-
delà de la contraction opérée en 2018 en lien avec l’évolution des effectifs,
cette situation atteint ses limites. Les efforts consentis sur la rémunération se heurte désormais
à la problématique de l’attractivité des emplois. Le poids des charges de personnels traduit le
déséquilibre défavorable des charges de structure par rapport aux charges variables qui résultent
de l’activité.
La baisse des
consommations intermédiaires est plus durable. Passant de 0,80 M
€
en 2017 à 0,50 M
€
en 2023 (-37 %), elle traduit
de l’effort d’économie
réalisé. Le montant
élevé de 2017 s’explique par le recours à des prestataires
de service pour la réalisation du projet
d’accompagnement pastoral (SAP) prenant fin cette année
-là. Incontournables, les frais de
déménagement et la hausse des carburants engendrent 12 %
d’augmentation
entre 2022 et 2023.
Les dépenses relatives aux achats et aux services extérieurs ne représentent plus que
19 % du total des charges. La hausse des autres charges de gestion courante
s’explique quant à
elle l’augm
entation des cotisations versées au profit de la structuration du réseau, auprès de
Chambre d’agriculture France et
de la chambre régionale. Elles constituent désormais 17 % des
charges de la chambre.
136
Selon le rapport d’exécution 2018 de l’ordonnateur passage de 3,3 à 2,8 millions d’euros de charges entre 2017
et 2018.
LES CHAMBRES D’AGRIC
ULTURE EN CORSE À LA VEILLE DE LA CONSTITUTIO
N D’UNE
CHAMBRE UNIQUE DE RÉGION
87
Tableau n° 28 :
Évolution du compte de résultat de de la chambre de Corse-du-Sud 2017 à 2023
2017
2018
2019
2020
2021
2022
2023
17/23
Produits
5 901 528
2 580 014
2 533 357
2 465 506
2 373 363
2 541 196 2 707 530
-54 %
Chiffre d’affaires
(70)
325 563
323 679
316 246
327 949
285 472
326 916
312 750
-4 %
Subventions
d'exploitation (74)
1 138 727
1 004 858
957 321
844 751
887 959
1 053 820
1 117 831
-2 %
Autres produits de
gestion courante
(75)
1 283 694
1 230 835
1 239 148
1 274 708
1 182 794
1 143 320
1 250 310
-3 %
Dont Taxes
affectée
1 143 096
1 143 096
1 143 096
1 143 096
1 143 096
1 143 096
1 177 388
3 %
Produits
exceptionnels (77)
2 900 000
0
0
0
0
0
0
Reprises sur
amortissements et
provisions (78)
253 544
20 642
20 642
18 098
17 138
17 140
17 140
-93 %
Charges
3 891 115
2 754 863
2 863 870
2 556 374
2 576 697
2 504 374 2704641
-30 %
Dont
consommation
(60 à 62)
798 766
668 064
655 509
476 434
466 718
451 456
506 803
-37 %
Dont charges de
personnel (64 et
631 à 633)
2 050 620
1 737 401
1 855 687
1 746 137
1 751 158
1 603 708
1 732 849
-15 %
Dont autres
charges de gestion
courante (65)
285 472
275 173
302 946
284 163
311 602
416 056
438 239
54 %
Dont charges
financières (66)
8 095
7288,25
894,54
5,05
0
0
0
-100 %
Dont charges
exceptionnelles
(67)
664 089
0
0
0
0
0
0
-100 %
Dont dotations
amort. provisions
(68)
57 088
32 665
40 769
41 910
43 717
29 222
24 767
-57%
Résultat net
comptable
2 010 413
-174 849
-330 513
-90 868
-203 335
36 822
2 889
-
100 %
Source : Comptes financiers de la chambre départementale de Corse-du-Sud
LES CHAMBRES D’AGRIC
ULTURE EN CORSE À LA VEILLE DE LA CONSTI
TUTION D’UNE
CHAMBRE UNIQUE DE RÉGION
88
Tableau n° 29 :
Les soldes intermédiaires de gestion de de la chambre de Corse-du-Sud 2017 à 2023
(€)
2017
2018
2019
2020
2021
2022
2023
Chiffre d’affaires
325 563
323 679
316 246
327 949
285 472
326 916
312 750
- Consommations
intermédiaires
798 766
668 064
655 509
476 434
464 834
451 456
506 803
- Impôts taxes et
versements assimilés
(sauf personnel)
26 985
34 273
8 064
7 724
3 502
3 931
1 984
=Valeur ajoutée
-500 189
-378 657
-347 327
-156 209
-182 865
-128 471
-196 037
+ Subventions
1 138 727
1 004 858
957 321
844 751
887 959
1 053 820
1 117 831
-Dépenses de
personnel
2 050 621
1 737 401
1 855 687
1 746 137
1 753 041
1 603 708
1 732 849
Excédent brut
d'exploitation
-1 412 082
-1 111 200
-1 245 693
-1 057 595
-1 047 947
-678 360
-811 055
+ Autres produits de
gestion (Hors cession)
1 283 694
1 230 835
1 239 148
1 274 708
1 182 794
1 143 320 1 250 310
+/- dotations nettes
aux amortissements,
dépréciations et
provisions
118 981
-12 022
-20 127
-23 812
-26 579
-12 082
-7 627
- Autres charges de
gestion (Hors cession)
285 472
275 173
302 946
284 163
311 602
416 056
438 239
Résultat
d'exploitation
-294 879
-167 560
-329 617
-90 863
-203 335
36 822
-6 610
Source : Cour des comptes à partir des comptes financiers de la chambre de Corse-du-Sud
Dans ce contexte, la capacité d’autofinancement de la chambre est restée négative
jusqu’en 2022. Malgré une trajectoire croissante, le flux de gestion courante de la chambre ne
génère pas suffisamment de ressources pour financ
er la totalité des besoins d’investissement
nouveaux. Si le produit exceptionnel de la vente a permis à la fois de couvrir les investissements
de 2017 et d’abonder le fonds de roulement, ce n’est qu’en 2022 que la capacité
d’autofinancement dégagée par la
chambre a permis de contribuer, pour une faible partie
(10,6
%), à la couverture des investissements de l’année, le reste étant pris en charge par un
prélèvement sur fonds de roulement.
LES CHAMBRES D’AGRIC
ULTURE EN CORSE À LA VEILLE DE LA CONSTI
TUTION D’UNE
CHAMBRE UNIQUE DE RÉGION
89
Tableau n° 30 :
Capacité d’autofinancement et financement propre disponible
de la chambre de
Corse-du-Sud
2017-2023 (
€
)
2017
2018
2019
2020
2021
2022
2023
Résultat net
2 010 413
-174 849
-330 513
-90 868
-203 335
36 822
2 889
Dotations aux amortissements,
dépréciations et provisions (68)
57 088
32 665
40 769
41 910
43 717
29 222
24 767
- Reprises sur amortissements,
dépréciations et provisions (78)
253 544
20 642
20 642
18 098
17 138
17 140
17 140
- Produits des cessions d'actifs
y compris financiers (775,756,
7672)
2 900 000
0
0
0
0
0
0
+ Moins-value de cessions
d'actifs y compris financiers
(675, 656 et 6672)
786 700
0
0
0
0
0
0
= CAF BRUTE
-499 344
-162 826
-310 385
-67 056
-176 756
48 904
10 516
- annuité en capital de la dette
(16)
334 083
17 465
0
0
0
0
0
= CAF NETTE (A)
-833 427
-180 292
-310 385
-67 056
-176 756
48 904
10 516
Source : Cour des comptes à partir des comptes financiers
de la chambre de Corse-du-Sud
Un patrimoine réduit de moitié en six ans
Le bilan de la chambre départementale de Corse-du-Sud passe de
4,48 M€ en 2017
à
2,21
M€ en 2023, soit une baisse de 51 %
.
Tableau n° 31 :
Évolution du patrimoine de la chambre de Corse-du-Sud de
2017 à 2023 (€)
2017
2018
2019
2020
2021
2022
2023
17/23
Immo.
Incorporelles
657
0
1 359
3 864
2 542
2 966
1 253
91 %
Immo. corporelles
494 303
511 265
487 044
470 340
478 645
457 889
480 870
-3 %
Immo. financières
69 566
69 566
69 566
69 566
69 566
69 566
69 566
Actif immobilisé
564 526
580 831
557 969
543 769
550 752
530 421
551 689
-2 %
Créances
d'exploitation
3 800 729
1 230 605
1 398 602
1 209 277
1 353 136
1 508 993
1 330 965
-65 %
Disponibilités
112 273
1 876 233
790 062
847 393
330 054
356 562
328 610
193 %
Charges cons-
tatées d'avance
0
0
0
0
0
0
0
Actif circulant
3 913 002
3 106 838
2 188 663
2 056 671
1 683 191
1 865 556
1 659 575
-58 %
ACTIF NET
4 477 528
3 687 669
2 746 632
2 600 440
2 233 943
2 395 976
2 211 264
-51 %
LES CHAMBR
ES D’AGRICULTURE EN
CORSE À LA VEILLE DE
LA CONSTITUTION D’U
NE
CHAMBRE UNIQUE DE RÉGION
90
2017
2018
2019
2020
2021
2022
2023
17/23
Fonds propres
2 685 246
2 489 755
2 138 601
2 029 635
1 809 162
1 828 844
1 814 593
-32 %
Provisions
0
0
0
0
0
0
0
Dettes financières
334 083
17 465
0
0
0
0
0
Dettes
d'exploitation
1 458 198
1 180 448
608 031
570 805
424 781
567 133
396 671
-61 %
PASSIF
4 477 528
3 687 669
2 746 632
2 600 440
2 233 943
2 395 976
2 211 264
-51 %
Source : Comptes financiers
En 2023,
l’actif
net de la chambre est composé d’une part des immobilisations (2
3 %)
et d’autre part de l’actif circulant (7
5
%) qui regroupe les créances d’exploitation et les
disponibilités financières immédiatement mobilisables par la chambre. Depuis la sortie du siège
de l’actif en 2017
137
, le montant des immobilisations est relativement stable passant de 564 526
€
en 2017 à 551 689
€
en 2022 (-
2%). Le produit de la vente du siège n’a pas été réinvesti dans
l’immobilier et les investissements réalisés sur la période se réduisent quasiment à l’achat
d’équipements informatiques rendus nécessaires pour l’exercice des
missions (serveur,
logiciels…). Outre les très faibles immobilisations incorporelles, qui constituent en moyenne
0,31 % de l’actif net immobilisé, la chambre comptabilise des immobilisations financières dont
elle n’est pas en mesure de justifier le montant
débiteur de 69 566
€
au 31 décembre 2023.
L’actif circulant hors trésorerie est essentiellement composé des créances d’exploitation
dont la baisse (-65 %) globale entre 2017 et 2023 masque une double
évolution. Il s’agit d’une
part de la baisse des créances liées à la cession du siège
138
et d’autre part, l’augmentation des
créances directement rattachées au cycle d'exploitation. Entre 2017 (0,89 M
€) et 2023
(1,33 M
€),
ces dernières augmentent de 48 %. Malgré des campagnes ponctuelles de
recouvrement (cf. infra)
139
, le délai d’enc
aissement des produits facturés demeure élevé, avec
une tendance haussière et atteignant 11,8 mois en 2022.
137
Le montant net des immobilisations corporelles était de 1 134 644
€
en 2016.
138
Le compte 462 « Créances sur cessions d’immobilisations » enregistre la constatation du produit de la vente
(2 900
000 €) en 2017 puis, à partir de 2018, le séquestre (300 000 €) maintenu dans les comptes jusqu’à la fin de
l’occup
ation locative du bâtiment en septembre 2023.
139
L’examen de ces créances met en lumière les défaillances/faiblesses de la chambre en matière de recouvrement.
LES CHAMBRES D’AGRIC
ULTURE EN CORSE À LA VEILLE DE LA CONSTI
TUTION D’UNE
CHAMBRE UNIQUE DE RÉGION
91
Graphique n° 13 :
É
volution de l’actif net
de la chambre de Corse-du-Sud 2017-2023 (
€
)
Source : Comptes financiers de la chambre départementale de Corse-du-Sud
Tableau n° 32 :
Évolution des créances de la chambre de Corse-du-Sud 2017-2023
(€)
2017
2018
2019
2020
2021
2022
2023
Créances
d'exploitation
3 800 729
1 230 605
1 398 602
1 209 277
1 353 136
1 508 993
1 330 965
Créances
directement
rattachées à
l’activité
894 412
930 605
1 098 602
909 277
1 052 773
1 042 325
1 330 965
dont créances
clients (4111)
137 531
204 239
253 625
186 558
175 291
320 920
207 555
dont factures à
établir (418100)
756 881
726 366
844 976
722 719
877 482
721 405
0
Dont produits à
recevoir (4687)
0
0
0
0
0
0 1 120 409
Créances sur
cessions d’immo
.
2 900 000
300 000
300 000
300 000
300 000
300 000
0
Source : Comptes financiers de la chambre départementale de Corse-du-Sud
En 2023, le passif de la chambre est composé des fonds propres (82 %) et des
dettes (18 %). Les fonds propres
de la chambre s’élèvent à 1,81
M€ en 2023, soit
-32 % par
rapport à 2017 (2,69
M€). Ils sont particulièrement élevés depuis l’enregistrement du bénéfice
LES CHAMBRES D’AGRIC
ULTURE EN CORSE À LA VEILLE DE LA CONSTI
TUTION D’UNE
CHAMBRE UNIQUE DE RÉGION
92
de la vente immobilière de 2017
140
. Depuis cette date, ils représentent en moyenne 75 % du
passif. Si ce taux élevé lui confère une certaine autonomie, il convient de le relativiser au regard
de la nature exceptionnelle de ce bénéfice qui ne reflète pas le résultat d’exploitation de
l’établissement. Les déficits successifs des années suivantes ont d’ailleurs contribué à
la
réduire. De plus, dans une position peu prudentielle, la chambre ne comptabilise pas de
provisions.
Les dettes
de la chambre s’élèvent à 0,40 M€ en 2023, soit
-78 % par rapport à 2017
(1,79
M€). Cette forte baisse résulte de l’arrivée à échéance de deux emprunts bancaires
souscrits en 2007
141
et 2015
142
et surtout de l’apurement de dettes sociales en application d’un
plan de règlement des cotisations proposé par la Mutualité sociale agricole
143
. Dans le même
temps, les dettes fournisseurs progressent de 50 % sans que l’activité de la chambre progresse
pour autant
144
. Depuis 2022, elles augmentent et le délai de paiement des fournisseurs est de 5
mois alors qu’il était, en moyenne, de 2,5 mois entre 2017 et 2021.
Graphique n° 14 :
Évolution du passif (
€
)
Source : Comptes financiers de la chambre départementale de Corse-du-Sud
140
Le montant des capitaux propres était seulement de 850 902 € en 2016.
141
Emprunt de 161 782
€ s
ouscrit auprès du Crédit Agricole (CRCA), remboursable sur 12 ans, Centre agro
Vazzio.
142
Emprunt de 300 000
€
souscrit auprès de la Caisse d’
É
pagne PAC, remboursable sur 3 ans, Prêt relais.
143
Au début des années 2010, l’insuffisance de trésorerie a condui
t la chambre à différer le paiement de ses charges
sociales. Un plan de règlement des cotisations patronales sur sept ans a été accordé à la chambre en 2015.
144
Le montant des produits facturés (comptes 70 et 75) a baissé de 3 % entre 2017 et 2023.
LES CHAMBRES D’AGRIC
ULTURE EN CORSE À LA VEILLE DE LA CONSTI
TUTION D’UNE
CHAMBRE UNIQUE DE RÉGION
93
Une tendance à la dégradation des indicateurs bilanciels
Graphique n° 15 :
Indicateurs bilanciels de la chambre de Corse-du-Sud 2017-
2023 (€)
Source : Comptes financiers de la chambre départementale de Corse-du-Sud
LES CHAMBRES D’AGRIC
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TUTION D’UNE
CHAMBRE UNIQUE DE RÉGION
94
Annexe n° 6.
Gestion des ressources humaines 2017-2023
Graphique n° 16 :
Charges de personnel de la chambre départementale de Corse-du-Sud (
€
)
Graphique n° 17 :
Charges de personnel de la chambre départementale de Haute-Corse
(€)
Graphique n° 18 :
Charges de personnel de la chambre régionale (
€
)
Source : Comptes financiers (
Augmentation de la valeur du point d’indice : 6,234 € au 1
er
janvier 2016, 6,284 €
au 1er
juillet 2018, 6,4570 € au 1
er juillet 2022).
LES CHAMBRES D’AGRIC
ULTURE EN CORSE À LA VEILLE DE LA CON
STITUTION D’UNE
CHAMBRE UNIQUE DE RÉGION
95
Annexe n° 7.
Gestion immobilière
Tableau n° 33 :
Calendrier des pièces comptables et des actes authentiques siège de Vescovato
Date
Pièces
Modalités de
paiement
09/01/2019
Signature de l'acte de réservation - modalités initiales de paiement
35% - 10% - 55%
20/01/2020
Accord relatif aux modalités de paiement par échange de courrier
38 % - 62 %
29/01/2020
Émission du mandat 2020-0071 - Achat siège de Vescovato
38%
12/02/2020
Signature de l'acte de propriété - Modalités de paiement modifiées
38 % - 62 %
26/02/2021
Publication de l'acte de propriété du siège de Vescovato
22/04/2021
Émission du mandat 2021-0349
–
Achat siège de Vescovato
60 %
22/04/2021
Émission du mandat 2021-0350
-
Achat siège de Vescovato
2 %
02/09/2021
Émission de l'ordre de recette n°2021-3037
–
Vente du siège de
Bastia (date comptable au 31/12/2021)
Compensation
28/05/2021
Acte modificatif de propriété sans conséquence sur le prix de vente
Source :
Cour des comptes d’après p
ièces comptables et actes authentiques
Tableau n° 34 :
Évolution du coût d’acquisition
du siège de la chambre de Haute-Corse
Montant HT
(€)
Montant TTC
(€)
Détail initial du calcul du prix de vente
Non transmis
Non transmis
Détail du calcul du prix de vente (mis à jour 18 septembre 2018)
3 619 544,48
3 957 498,93
Acte de réservation (3 janvier 2019)
3 916 096,06
4 003 443,93
Montant total payé (exercices 2020 et 2021)
3 932 236,06
4 019 906,73
Source :
Cour des comptes d’après r
éponses de la chambre et mandats de paiement
LES CHAMBRES D’AGRIC
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TUTION D’UNE
CHAMBRE UNIQUE DE RÉGION
96
Tableau n° 35 :
Tableau récapitulatif des dépenses à la charge de la chambre de Haute-Corse
Raison sociale
Monta
nt TTC (€)
Acquisition construction
SEURL Pieri
4 003 444
Frais notaire
SEURL Pieri
3 200
Frais de dossier bancaire
Crédit Agricole
500
Conseil financier
Kalliste Fiduciaire
Non facturé
Conseil juridique
Maître Muscatelli
Non facturé
Conseil juridique
Maître Ingelaere
7 380
Évaluation du besoin AMO
AO Conseil
27 360
Suivi travaux AMO
AO Conseil
64 200
Rédaction du marché (DCE)
AMO Autrement
8 640
Menuiserie intérieures placards
ABP Sud Menuiseries
65 910
Déménagement
DEMECORSE
37 200
Mobilier de bureau
Cors' Aménagement
106 488
Gardiennage
ABC Securita
23 630
Fonctionnement Support et Réseau
Corsica Consulting
11 257
Installation informatique création réseau câblage
bâtiment
MFI
13 403
Equipement informatique
MFI
4 649
Écrans numériques interactifs tactiles
SAS Copie Conforme
22 405
Solution de téléphonie unifiée
SARL AROBASE
14 105
Aménagement cuisine - quotte part CDA
SARL Commerce Import
Distribution
9 900
Travaux Vescovato (menuiserie, plomberie...)
SCI Vallicelli
16 500
Signalétique - quotte part CDA
Syndic Bastia Immobilier
4 371
Total
4 444 542
Source :
Cour des comptes d’après
Livre journal 2017 à 2022 et réponses de la chambre
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TUTION D’UNE
CHAMBRE UNIQUE DE RÉGION
97
Annexe n° 8.
Compte de résultat et bilan agrégés des trois chambres
Tableau n° 36 :
Compte de résultat agrégé des trois chambres de Corse au 31 décembre 2023 (
€
)
CRA 2023
CDA 2023 2B
CDA 2A 2023
Agrégation au
31/12/2023
Produits
1 605 797
4 389 928
2 707 530
8 703 255
Ventes produits, prestations,
marchandises (70)
104 139
1 010 712
312 750
1 427 602
Subventions d'exploitation (74)
992 776
1 722 709
1 117 831
3 833 316
Autres produits de gestion courante (75)
508 882
1 661 291
1 250 310
3 420 483
Dont taxes
498 762
1 626 947
1 177 388
3 303 097
Produits exceptionnels (77)
0
0
0
0
Reprises sur amortissements et
provisions (78)
0
0
17 140
17 140
Charges
1 561 550
4 336 621
2 704 641
8 602 812
Dont consommation (60 à 62)
456 882
554 827
506 803
1 518 512
Dont charges de personnel (64 et 631 à
633)
1 018 435
2 696 265
1 732 849
5 447 549
Dont autres charges de gestion courante
(65)
64 010
729 612
0
793 622
Dont charges financières (66)
7 948
34 714
0
42 662
Dont charges exceptionnelles (67)
0
0
0
0
Dont dotation amortissements et
provisions (68)
13 385
140 445
24 767
178 596
Résultat net comptable
44 247
53 307
2 889
100 443
Source : Cour des comptes à partir des balances 2023
LE
S CHAMBRES D’AGRICUL
TURE EN CORSE À LA VEILLE DE LA CONSTITU
TION D’UNE
CHAMBRE UNIQUE DE RÉGION
98
Tableau n° 37 :
Bilan agrégé des trois chambres de Corse au 31 décembre 2023 (
€
)
CRA 2023
CDA 2023 2B
CDA 2A 2023
Agrégation au
31/12/2023
Immobilisations
incorporelles
496
12 552
1 253
14 301
Immobilisations
corporelles
391 649
4 074 324
480 870
4 946 843
Immobilisations
financières
0
94 593
69 566
164 159
Total actif immobilisé
392 145
4 181 470
551 689
5 125 303
Créances d'exploitation
1 389 071
3 642 185
1 330 965
6 362 221
Disponibilités
758 776
531 586
328 610
1 618 972
Charges constatées
d'avance
0
0
0
0
Total de l'actif circulant
2 147 848
4 173 770
1 659 575
7 981 193
TOTAL ACTIF
2 539 992
8 355 240
2 211 264
13 106 496
CRA 2023
CDA 2023 2B
CDA 2A 2023
Agrégation au
31/12/2023
Fonds propres
421 488
5 407 547
1 814 593
7 643 627
Provisions
0
0
0
0
Emprunts
360 412
1 608 738
0
1 969 151
Dettes d'exploitation
1 758 092
1 338 955
396 671
3 493 719
TOTAL PASSIF
2 539 992
8 355 240
2 211 264
13 106 497
Source : Cour des comptes à partir des balances 2023
des trois chambres d’agriculture de Corse