ENTITÉS ET POLITIQUES PUBLIQUES
MARSEILLE
EN GRAND
Un premier bilan
de la mise en œuvre
du plan (2021-2023)
Rapport public thématique
Évaluation de politique publique
Synthèse
Octobre 2024
2
Synthèse du Rapport public thématique de la Cour des comptes
g
AVERTISSEMENT
Cette synthèse est destinée à faciliter la lecture et l’utilisation
du rapport de la Cour des comptes.
Seul le rapport engage la Cour des comptes.
Les réponses des administrations, des organismes et des collectivités
concernés figurent en annexe du rapport
.
3
Synthèse du Rapport public thématique de la Cour des comptes
Sommaire
1
Une évaluation en temps réel
par les juridictions financières
5
2
Un plan exceptionnel au profit de Marseille
et de la métropole Aix-Marseille-Provence,
une configuration originale de l’action publique
7
3
Le plan Marseille en Grand, son contenu,
ses méthodes de mise en œuvre et ses objectifs
sont insuffisamment formalisés et partagés
par les acteurs
9
4
Les objectifs du plan n’ont pas été explicités ;
les mesures proposées répondent à des besoins
de la population mais ne les traitent
pas de manière globale
11
5
L’organisation retenue par les acteurs n’est pas
de nature à garantir une mise en œuvre effective
et rapide des actions du plan
15
6
La satisfaction des besoins prioritaires visés
par le plan est rendue hypothétique tant du fait
de son contenu que de l’organisation retenue
pour le mettre en œuvre
17
7 Conclusion et recommandations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
5
Synthèse du Rapport public thématique de la Cour des comptes
1
Une évaluation en temps réel
par les juridictions financières
Afin d’informer les citoyens sur les
effets concrets du plan Marseille
en Grand, il a été proposé que les
juridictions financières engagent, dans
le cadre de leurs compétences, une
évaluation de sa mise en œuvre par les
collectivités territoriales et l’État .
Dans cette perspective, des échanges
ont eu lieu à l’initiative du Premier
président de la Cour des comptes
avec le président de la République
pour manifester la disponibilité des
juridictions financières à mettre en
place un dispositif de suivi en temps
réel du plan Marseille en Grand .
Une réunion de travail organisée le
15 octobre 2021 à la préfecture des
Bouches-du-Rhône par le président de
la République, à laquelle participaient
le Premier président de la Cour des
comptes et le président de la chambre
régionale des comptes Provence-Alpes-
Côte d’Azur, a entériné le principe d’une
évaluation réalisée par les juridictions
financières . Cette évaluation donnera
lieu à des publications régulières sur
l’avancement du plan .
Conformément aux règles de l’évaluation,
l’enquête s’attache à répondre aux
quatre questions évaluatives suivantes :
l
Le plan, son contenu, ses méthodes
de mise en œuvre et ses objectifs sont-
ils partagés par les acteurs ?
l
Les objectifs du plan correspondent-ils
aux attentes de la population ?
l
Les acteurs ont-ils retenu une
organisation de nature à garantir une
mise en œuvre effective des actions
du plan, sur la base de calendriers
ambitieux et maîtrisés ?
l
Dans quelle mesure l’organisation
retenue et les actions prévues ou
mises en œuvre sont-elles de nature
à satisfaire les besoins prioritairement
visés par le plan ?
La réponse à ces questions évaluatives
interviendra de manière progressive,
au fur et à mesure de la publication
des travaux des juridictions financières .
Cette première publication se concentre
sur les enjeux de structuration du plan
et sur les risques associés pesant sur
l’atteinte des objectifs .
En 2025, les juridictions financières
établiront un premier bilan de la mise
en œuvre des recommandations du
présent rapport et réaliseront l’analyse
détaillée de certaines thématiques
transversales, notamment le pilotage
financier, la disponibilité et l’accessibilité
des données attachées au plan et
les méthodes de concertation mises
en œuvre .
En 2026, des monographies seront réa-
lisées sur les principaux volets théma-
tiques du plan (éducation, logement
et mobilité) . Elles auront pour objectif
de dresser un état des lieux détaillé
du territoire dans les domaines
concernés, d’analyser l’organisation
retenue par les acteurs à l’échelle
de chacun des volets thématiques
étudiés et de proposer une méthode
d’évaluation qualitative et quantita-
tive des effets des politiques mises
en œuvre .
7
Synthèse du Rapport public thématique de la Cour des comptes
La ville de Marseille souffre de retards
importants dans le développement de
ses services à la population . Sa situation
sécuritaire, la dégradation de son parc
de logements ou le mauvais état de
ses écoles publiques sont largement
documentés . Insérée depuis 2016 dans
une métropole polycentrique, elle
n’occupe pas pleinement la fonction de
ville-centre de son aire urbaine .
Annoncé le 2 septembre 2021 par
le président de la République à
Marseille, au palais du Pharo, le plan
Marseille en Grand a vocation à
répondre à l’urgence de la situation,
tout en portant une ambition de
développement à long terme de la
ville et de la métropole . Suivi au plus
haut niveau de l’État, il aborde une
grande diversité de champs de l’action
publique, qui peuvent être regroupés
en sept volets thématiques :
l
Éducation ;
l
Santé ;
l
Logement ;
l
Mobilité ;
l
Insertion et emploi ;
l
Sécurité ;
l
Culture et rayonnement territorial .
Exceptionnel par son montant, que
l’État présente comme atteignant
5 Md€
1
, le plan Marseille en Grand
l’est également par son contenu . Du
fait de son étendue, le plan concerne
de nombreux acteurs publics, parmi
lesquels l’État, les collectivités
territoriales (région Provence-Alpes-
Côte d’Azur, département des Bouches-
du-Rhône, métropole Aix-Marseille-
Provence, ville de Marseille) et leurs
opérateurs
2
En raison de la complexité
du réseau d’acteurs, la définition de la
stratégie du plan et les modalités de son
pilotage d’ensemble représentent des
enjeux primordiaux .
L’État s’investit de manière significative
dans des domaines de compétences
relevant des collectivités territoriales .
Sa présence en qualité de financeur
mais également de codécideur illustre
la carence des pouvoirs locaux en
matière de conduite de certaines
politiques publiques placées sous
leur responsabilité, notamment
l’entretien des écoles publiques
et le développement du réseau de
transports urbains .
Un plan exceptionnel au profit
de Marseille et de la métropole
Aix-Marseille-Provence,
une configuration originale
de l’action publique
2
1
https://www .elysee .fr/emmanuel-macron/marseille-en-grand
2 La répartition de la maîtrise d’ouvrage des actions du plan est précisée dans les annexes
thématiques (n° 1 à 7) .
8
Synthèse du Rapport public thématique de la Cour des comptes
Un plan exceptionnel au profit de Marseille
et de la métropole Aix-Marseille-Provence
une configuration originale de l’action publique
L’annonce du plan Marseille en Grand
s’est accompagnée de la formulation
explicite de conditions préalables .
Partant du constat d’une inefficacité
des pouvoirs locaux, le président de
la République a souhaité que l’effort
financier de l’État soit précédé
d’une réforme de la gouvernance
métropolitaine, alors organisée autour
de conseils de territoire, organes
délibérants déconcentrés compétents
sur des périmètres correspondant
à ceux des intercommunalités qui
préexistaient à la création de la
métropole en 2016 . La persistance
de logiques de territoire était analysée
comme un obstacle au développement
d’une vision stratégique à l’échelle de
la métropole . En outre, la métropole a
été invitée à restaurer ses marges de
manœuvre financières par la remise
en cause des reversements qu’elle
opère au profit de ses communes
membres . Pris dans sa globalité, le
plan Marseille en Grand est conçu
comme un plan d’action au profit du
territoire, associé à un programme de
réforme de l’organisation des adminis-
trations locales .
9
Synthèse du Rapport public thématique de la Cour des comptes
L’analyse des conditions d’émergence
du plan Marseille en Grand atteste
d’une gestation rapide, ramassée sur le
premier semestre 2021, sans association
préalable suffisante des administrations
déconcentrées de l’État, des collectivités
territoriales et de la population . Par
conséquent, alors même qu’il poursuit
une ambition de développement à long
terme de Marseille et de sa métropole,
le plan Marseille en Grand n’a fait l’objet
d’aucune étude d’ensemble .
Au surplus, le plan a été mis en œuvre
malgré le caractère inabouti de la
réforme métropolitaine, présentée
comme une condition préalable .
En effet, bien que la gouvernance
métropolitaine ait été réformée par
la loi à compter du 1
er
juillet 2022,
la réforme des relations financières
entre la métropole et ses communes
membres n’a pas été engagée . La
métropole Aix-Marseille-Provence ne
dispose donc pas des ressources qu’elle
aurait pu en attendre, alors qu’elle doit
orienter le développement du territoire,
notamment en matière de mobilité .
Selon la chambre régionale des
comptes Provence-Alpes-Côte d’Azur,
le montant des ressources versées
par la métropole à ses communes
sur des bases irrégulières atteint
178,47 M€ par an .
Le plan Marseille en Grand souffre
également d’un défaut majeur de
formalisation . Le contenu du plan ne
s’appuie sur aucun autre document que
la transcription du discours du président
de la République . Les tentatives de
contractualisation, portées par l’État,
se sont heurtées à la réticence des
collectivités territoriales . Les palliatifs
mis en œuvre, comme l’adoption de
protocoles sectoriels, sont insuffisants
et ne peuvent se substituer à un cadre
contractuel engageant l’ensemble des
parties prenantes du plan .
Par conséquent, les objectifs du plan
ne sont pas explicités et ne peuvent
qu’être déduits de la nature des
mesures proposées . Ils font dès lors
l’objet d’interprétations diverses
voire concurrentes de la part des
acteurs, qui ne s’entendent pas sur la
gouvernance adéquate .
L’absence de cadre contractuel nuit
ainsi à l’émergence d’un consensus
sur la nature du plan, son contenu,
ses méthodes de mise en œuvre
et ses objectifs . Deux ans après le
lancement de Marseille en Grand,
une contractualisation précise avec
l’ensemble des acteurs engagés
dans son déploiement serait de nature
à améliorer ses chances de réussite .
Le plan Marseille en Grand,
son contenu, ses méthodes
de mise en œuvre et ses objectifs
sont insuffisamment formalisés
et partagés par les acteurs
3
11
Synthèse du Rapport public thématique de la Cour des comptes
Les objectifs du plan n’ont
pas été explicités ; les mesures
proposées répondent à des besoins
de la population mais ne les
traitent pas de manière globale
4
Les objectifs n’ayant pas été explicités
par les acteurs, l’analyse de l’adéquation
avec les attentes de la population
ne peut être réalisée qu’au prisme
des actions proposées .
Les actions du plan Marseille en
Grand ciblent les manifestations les
plus saillantes des difficultés de la ville
de Marseille et de la métropole . Les
problématiques du logement, de la
sécurité, de la santé, de l’éducation, de
la mobilité et de l’insertion représentent
en effet les principales zones d’enjeux .
À peu d’exceptions près, les mesures
du plan répondent effectivement
à des besoins urgents ou importants
du territoire . Cependant, le plan
n’investit pas dans leur globalité les
nombreux champs de l’action publique
qui sont concernés . Du fait de sa
conception rapide et centralisée, et de
l’absence d’études et de concertation
préalables, ses volets thématiques
ne tiennent pas suffisamment compte
du caractère multiforme et plurifactoriel
des problèmes auxquels ils sont censés
répondre . La complémentarité des
volets thématiques n’est pas exploitée .
Une prise en compte insuffisante
des facteurs de l’échec scolaire
Les mesures du plan en matière
d’éducation se concentrent sur
l’amélioration du parc d’écoles
publiques de la ville de Marseille et
sur le développement de nouvelles
modalités d’organisation pédagogique .
Des opérations de construction,
reconstruction ou réhabilitation sont
prévues dans 188 écoles de la ville .
Partiellement financées par l’État,
elles sont conduites par une société
publique locale d’aménagement
d’intérêt national pour le compte de la
ville de Marseille . Le plan Marseille en
Grand a également conduit à l’adhésion
de 82 écoles au dispositif « écoles
innovantes » consistant à conférer
davantage d’autonomie pédagogique
aux équipes éducatives ainsi que
des budgets dédiés .
La conduite des opérations bâtimentaires
et l’expérimentation de nouvelles
modalités d’organisation pédagogique
ne sont pas suffisamment mises
en lien, alors même que l’ampleur
du programme de travaux représente
une occasion de prendre en compte
les nécessités pédagogiques dans
la conception du bâti scolaire .
Au surplus, les mesures du volet
éducation sont insuffisantes pour
atteindre l’objectif d’amélioration des
conditions de la réussite scolaire des
élèves . Le plan Marseille en Grand
12
Synthèse du Rapport public thématique de la Cour des comptes
Les objectifs du plan n’ont pas été explicités ;
les mesures proposées répondent à des besoins de la
population mais ne les traitent pas de manière globale
n’intègre aucune mesure spécifique
visant à améliorer le climat scolaire,
renforcer la santé des élèves ou accroître
la mixité sociale des établissements .
L’opportunité que représente le
caractère multithématique du plan n’est
pas mise à profit pour proposer une
politique intégrée adaptée au caractère
multifactoriel de la réussite scolaire .
Une absence de réflexion
sur la ségrégation résidentielle
Alors que la ville de Marseille se
caractérise par une forte polarisation
sociale de ses arrondissements, les
mesures relatives au logement se
concentrent sur la requalification des
grandes copropriétés dégradées et sur
la résorption des logements dégradés
du centre-ville .
Le plan ne prévoit aucune action
relative au renforcement de la mixité
sociale et de lutte contre la ségrégation
résidentielle, ni sur l’enjeu de production
de logements, notamment sociaux .
Ainsi, le volet logement est exclusive-
ment conçu comme un programme
de remédiation aux désordres les
plus urgents en matière d’habitat
et non comme une politique structu-
rante, alors que de nombreux enjeux
y sont attachés .
Une prise en compte parcellaire
de la question de la mobilité urbaine
Le volet mobilité urbaine du plan
Marseille en Grand consiste à financer
15 projets préexistants, inscrits au
plan des déplacements urbains de la
métropole Aix-Marseille-Provence .
La liste des projets retenus et leur
priorisation font l’objet de dissensus .
Par ailleurs, les projets financés
ne présentent pas de cohérence
d’ensemble à l’échelle métropolitaine
et ne répondent que partiellement à
l’objectif affiché par l’État de désen-
claver les quartiers nord . Par exemple,
le projet de prolongement du tramway
d’Aubagne jusqu’à La Bouilladisse
présente un intérêt localisé sans
dimension métropolitaine et n’entretient
pas de lien avec le cœur de réseau ni
avec la desserte des arrondissements du
nord . Il figure pourtant parmi les projets
inclus dans le plan Marseille en Grand .
Les enjeux connexes à la question
du réseau de transports urbains,
tels que la congestion routière
ou le développement des modes
de déplacement doux, ne font pas
l’objet de mesures spécifiques . Le plan
Marseille en Grand ne propose donc
pas de traitement global des difficultés
de mobilité urbaine et demeure centré
sur le cofinancement par l’État de
projets de transports en commun
préexistants, sans réorientation de la
stratégie métropolitaine .
Des actions insuffisantes
pour restaurer la capacité
d’intervention de l’assistance
publique – hôpitaux de Marseille
Le volet hospitalier permet au plan
de modernisation de l’assistance
publique – hôpitaux de Marseille de
bénéficier d’un taux de financement
de 89 % . Les financements de l’État et
des collectivités territoriales rendent
possible la mise en œuvre du plan de
modernisation . Mais la restauration des
équilibres bilanciels de l’établissement
n’est pas abordée, malgré sa situation
financière très fragile . Au surplus,
13
Synthèse du Rapport public thématique de la Cour des comptes
Les objectifs du plan n’ont pas été explicités ;
les mesures proposées répondent à des besoins de la
population mais ne les traitent pas de manière globale
les dispositifs de cofinancement de
l’État supposent que l’établissement
supporte d’importants décalages
de trésorerie . Dans ces conditions,
l’objectif de rétablissement de
sa capacité d’intervention autonome
ne pourra pas être atteint .
Un volet insertion et emploi
exclusivement ciblé sur
l’entrepreneuriat des jeunes
des quartiers défavorisés
Les mesures relatives à l’emploi se
concentrent sur les jeunes des quar-
tiers défavorisés . Elles ne prennent
donc pas en compte la diversité des
publics concernés par les difficultés
d’accès à l’emploi, qui concernent
toutes les classes d’âge . Par ailleurs,
les solutions proposées sont réduites
à la création d’entreprise, sans
réflexion plus large sur l’accès à
l’emploi, y compris salarié, ni mise en
lien avec les dispositifs des autres
acteurs de la politique de l’insertion
et de l’emploi .
Enfin, alors que le plan Marseille en
Grand s’accompagnera de créations
d’emplois, les dispositifs d’accompa-
gnement à la création d’entreprises
n’orientent pas les bénéficiaires
vers les gisements d’emploi induits
par le plan .
15
Synthèse du Rapport public thématique de la Cour des comptes
L’organisation du plan Marseille en
Grand est insuffisante au regard des
enjeux qu’il porte et de la complexité
qui le caractérise .
Du fait de l’étendue du plan et de
son réseau d’acteurs, les modalités
de sa gouvernance doivent être
innovantes . L’absence d’instance
décisionnelle unique au profit d’une
décision déconcentrée au niveau des
volets thématiques apparaît adaptée .
Toutefois, une telle organisation
suppose des modalités de remontée et
de partage de l’information efficaces
et une régulation générale de nature
à garantir la bonne exécution du
plan d’action et la synchronisation
des acteurs . Or, à l’exception d’un
comité de suivi interne aux services
de l’État, aucune instance n’a été
créée pour assurer le pilotage et le
suivi général du plan . Au surplus,
la planification du déploiement du
plan ne repose sur aucun calendrier
d’ensemble . L’absence d’échéances de
réalisation ne permet pas d’assurer
un suivi efficace et fait obstacle à la
synchronisation des actions présentant
des liens d’interdépendance .
Le caractère incomplet des mesures
proposées suppose que les acteurs
soient en capacité de coopérer
pour mettre en œuvre des actions
complémentaires pertinentes, gage
de meilleur succès des mesures du
plan . Des exemples de collaborations
réussies sont observées, mais leur
émergence n’est pas imputable à
l’organisation retenue . En effet, par son
absence d’instance de gouvernance
d’ensemble, et plus globalement
d’espaces d’échanges, le plan Marseille
en Grand, qui pourrait servir de
support à un dialogue des acteurs du
territoire, ne favorise pas l’émergence
de telles synergies .
Par ailleurs, les moyens que l’État a
consacré au suivi du plan ne sont pas
à la hauteur des enjeux et peuvent
être qualifiés d’indigents .Reposant
initialement sur la seule administration
préfectorale, sans ressource humaine
affectée, le suivi du plan Marseille
en Grand a pris une dimension
gouvernementale à l’occasion de
l’attribution du dossier à la secrétaire
d’État à la Ville en juillet 2023 . Le
dispositif administratif ne s’est
toutefois pas adapté à cette nouvelle
configuration, le suivi demeurant de
la compétence quasi exclusive des
services de l’État dans le département .
La capacité de la préfecture à assurer
l’animation des administrations
centrales et des agences de l’État
5
L’organisation retenue par
les acteurs n’est pas de nature
à garantir une mise en œuvre
effective et rapide des actions
du plan
16
Synthèse du Rapport public thématique de la Cour des comptes
L’organisation retenue par les acteurs
n’est pas de nature à garantir une mise en
œuvre effective et rapide des actions du plan
devra être vérifiée . Il convient
de souligner le renforcement, tardif,
des moyens humains que la préfecture
des Bouches-du-Rhône consacre
au suivi du plan par l’affectation à
temps plein d’un membre du corps
préfectoral . L’organisation retenue
apparaît lacunaire et n’apporte
pas de garantie quant à la mise
en œuvre effective et rapide des
actions du plan . En fin d’année 2023,
les sommes décaissées par l’État
se limitent à 1,31 % du montant total
annoncé .
Source : Cour des comptes
Les récentes évolutions du dispositif de
suivi de l’État attestent d’une prise de
conscience de cette situation mais ne
suffisent pas à doter le plan Marseille
en Grand d’une gouvernance de nature
à garantir le suivi et la régulation
de son déploiement, propice à des
échanges entre acteurs du territoire
et associant les publics bénéficiaires .
Le renforcement de la gouvernance,
des moyens et des outils de pilotage
reste indispensable, plus de deux
ans après le discours du président de
la République .
17
Synthèse du Rapport public thématique de la Cour des comptes
En l’état de sa mise en œuvre, le plan
Marseille en Grand présente des
insuffisances intrinsèques et organisa-
tionnelles de nature à compromettre
la pleine satisfaction des besoins qu’il
vise en priorité .
Le caractère insuffisant de la gouver-
nance et des moyens de pilotage et de
suivi fait peser un risque sur la rapidité
de réalisation des actions prioritaires .
Par ailleurs, le plan mêle sans les
distinguer des mesures d’urgence et
des projets de développement à long
terme . Or ces deux types d’intervention
répondent à des logiques différentes
en matière de réflexion préalable,
de circuits de décision et de modalités
de mise en œuvre .
Malgré l’urgence de la situation
marseillaise et la volonté d’obtenir
des résultats rapides, le déploiement
du plan Marseille en Grand s’inscrit
dans le cadre du droit commun
et aucune procédure dérogatoire n’a
encore été décidée . Les principaux
financements demeurent soumis
aux règles d’engagement usuelles
et aux délais d’instruction associés .
Au surplus, les financements du volet
logement dépendent des décisions
du comité d’engagement de l’agence
nationale pour la rénovation urbaine et
sont soumis aux règles de caducité de
droit commun . Leur octroi au bénéfice
du territoire n’est donc pas garanti .
Aucune exception à la répartition
des compétences n’a été décidée,
de telle sorte que la mise en œuvre
de certaines mesures se heurte à la
pluralité des acteurs en situation de
décision, notamment en matière de
logement . La réflexion récente sur
l’opportunité d’une opération d’intérêt
national apparaît pertinente bien
que tardive .
La garantie d’une satisfaction rapide
des besoins prioritaires passe par une
meilleure distinction entre les mesures
d’urgence, qui doivent bénéficier d’un
pilotage renforcé et, le cas échéant,
de modalités de mise en œuvre
exceptionnelles ou dérogatoires, et les
projets de plus long terme .
La satisfaction des besoins
prioritaires visés par le plan
est rendue hypothétique
tant du fait de son contenu
que de l’organisation retenue
pour le mettre en œuvre
6
18
Synthèse du Rapport public thématique de la Cour des comptes
La satisfaction des besoins prioritaires
visés par le plan est rendue hypothétique
Source : Cour des comptes
19
Synthèse du Rapport public thématique de la Cour des comptes
Ainsi, le plan Marseille en Grand
est parvenu à mettre en lumière
les problématiques de Marseille
et de sa métropole et la nécessité
d’une action publique volontariste et
partenariale, portée par l’État .
Toutefois, le plan présente des
insuffisances intrinsèques et
organisationnelles de nature à
compromettre la pleine satisfaction
des besoins identifiés . Ses conditions
d’émergence sont à l’origine d’un
défaut de cohérence d’ensemble
de son plan d’action . Les modalités
de mise en oeuvre adoptées depuis
son annonce sont lacunaires et
inadaptées à son ampleur et sa
complexité
Dès lors, des risques structurels
pèsent sur sa mise en œuvre, sur
sa capacité à remédier rapidement
aux problèmes les plus saillants
et,
in fine
, sur la réalité des
effets attendus au bénéfice de la
population . La résorption de ces
risques suppose une formalisation
rapide du plan et la mise en place
d’une gouvernance adaptée .
1.
Doter le plan Marseille en Grand
d’un cadre contractuel définissant
ses périmètres, ses objectifs, ses
calendriers et ses méthodes de mise
en œuvre, associant l’ensemble
des acteurs de son déploiement
et précisant l’articulation des
financements publics (
Premier
ministre, métropole Aix-Marseille-
Provence, ville de Marseille, 2024
) .
2.
Assortir le contrat d’un dispositif
séquentiel d’évaluation du plan
Marseille en Grand, général et
par thématique (
Premier ministre,
métropole Aix-Marseille-Provence,
ville de Marseille, 2024
) .
3.
Formaliser des modalités de
gouvernance générale du plan
Marseille en Grand, associant
au sein d’une même instance
l’ensemble des acteurs de son
déploiement (
Premier ministre,
métropole Aix-Marseille-Provence,
ville de Marseille, 2024
) .
4.
Réaliser des rapports d’étape
périodiques et rendre compte
publiquement du niveau de
mise en œuvre des actions du
plan au regard des calendriers
prévisionnels, qui restent à
établir (
ministère de l’intérieur
et des outre-mer, métropole
Aix-Marseille-Provence, ville de
Marseille, 2024
) .
Conclusion
et recommandations