Sort by *
COMMUNIQUÉ DE PRESSE
28 février 2023
Audit flash
L’ACCUEIL ET LA PRISE EN CHARGE PAR L’ÉTAT DES
RÉFUGIÉS D’UKRAINE EN FRANCE EN 2022
L’audit flash présenté ce jour porte sur les conditions et la coordination de l’accueil et de la
prise en charge des réfugiés ukrainiens à la suite du déclenchement de la guerre dans le pays
le 24 février 2022. Depuis le début du conflit et jusqu’en septembre 2022, plus de 7,1 millions
de ressortissants ukrainiens avaient quitté leur pays. 4 millions ont bénéficié de la protection
temporaire ou d’un système de protection analogue en Europe. 115 000 ont été accueillis
par la France, principalement des femmes et des enfants. Dès le 9 mars 2022, une cellule
interministérielle de crise (CIC) Ukraine, placée sous l’autorité du Premier ministre et animée
par le ministre de l’intérieur, a été activée et s’est concentrée en priorité sur l'accueil des
personnes fuyant le conflit en coordonnant l’action de l’ensemble des acteurs concernés.
L’ensemble des dépenses engagées par l’État et la Sécurité sociale pour la protection
temporaire des Ukrainiens devrait s’élever à environ 634 M€ pour l’année 2022.
Une réaction immédiate des pouvoirs publics
Dès le 4 mars 2022, une décision européenne a permis d’accorder pour la première fois aux
réfugiés ukrainiens le statut dit de la « protection temporaire ». En France, grâce à une
coordination interministérielle assurée au sein d’une cellule de crise réunie dès le 9 mars 2022,
un relais opérationnel immédiat dans les préfectures et l’intervention d’associations et de
collectivités locales a permis de prendre en compte dans des conditions satisfaisantes les
premières arrivées. Au cours des trois premiers mois, les arrivées se sont concentrées sur les
métropoles et les territoires frontaliers de l’Est de la France, où plus de 80 000 personnes ont
été accueillies. Dans les principales métropoles, des lieux d’accueils ont été proposés dans des
formats parfois inédits, à l’image des « hub » et ont permis une réponse véritablement
mutualisée et une première mise à l’abri des réfugiés.
Des réponses massives et spécifiques pour l’hébergement et le logement
Principalement centré sur les métropoles, l’hébergement a constitué un défi de taille pour ces
zones tendues, déjà saturées par l’accueil ou la mise à l’abri d’autres publics précaires. Plus de
87 000 places ont été néanmoins créées, dont près de 60 000 demeuraient actives à la fin de
l’année 2022. Dans ce cadre, l’hébergement collectif (accueil de première urgence, nuitées
hôtelières ou assimilées) directement financé par l’État a représenté un tiers des réponses,
pour un coût unitaire représentant presque le double de celui des dispositifs offerts aux
demandeurs d’asile classiques, du fait de l’urgence des mises à l’abri et de l’incertitude pesant
sur la durée du conflit. L’hébergement citoyen, porté par une mobilisation sans précédent des
Français, a été essentiel : il représente plus de 40 % des solutions d’hébergement. Enfin, si les
propositions de logement pérenne progressent depuis l’automne, elles demeurent difficiles à
mettre en œuvre du fait, là encore, des incertitudes liées à la durée du conflit, mais aussi de la
situation économique des réfugiés.
Un accès aux droits élargi
Le statut de la protection temporaire, qui suppose l’octroi d’un « asile » de courte durée sans
souhait d’une installation durable, ouvre des droits supplémentaires à ses bénéficiaires par
rapport à un demandeur d’asile de droit commun, notamment en matière d’allocations
familiales, de logement, de santé, de scolarisation ou d’accès à l’emploi. Dans ce cadre, l’enjeu
d’un accueil efficace repose sur la rapidité de la délivrance des titres de séjour qui
conditionnent l’ouverture de ces droits. La mise en place de sas d’accueil a répondu à cette
nécessité. En décembre 2022, 86 000 autorisations de séjour demeuraient actives et 45 000
allocations pour demandeurs d’asile avaient été versées, 15 000 ménages étaient allocataires
des prestations familiales ou de logement, 107 000 personnes bénéficiaient d’une couverture
santé et 19 000 enfants étaient encore scolarisés.
Des enjeux liés à l’inscription dans la durée du conflit
À la fin de l’année 2022, le flux de personnes déplacées d’Ukraine vers la France continuait de
croître à un rythme de 2 000 à 4 000 réfugiés par mois. Le maintien sur le territoire de ceux-ci
et la possibilité d’une nouvelle vague soulèvent de nombreuses questions sur la soutenabilité
des dispositifs d’accueil mis en place et suggèrent des inflexions à leur apporter. De plus, la
capacité humaine et financière à maintenir une prise en charge dans la durée est en question.
Il convient également de prévoir les conditions de sortie du statut de la protection temporaire
- dispositif communautaire d’une durée d’un an et limité à trois ans au maximum. Par ailleurs,
la stabilisation de l’offre d’hébergement citoyen ou la capacité à maintenir une indemnisation
des hébergeurs ne sont pas garanties à ce jour, ainsi que les contraintes des logements situés
dans les métropoles qui appellent la mise en place d’une meilleure répartition territoriale, que
l’État tente de promouvoir auprès des personnes déplacées. Un accompagnement accru vers
l’emploi sera nécessaire pour faciliter l’accès au logement. Enfin, sur le plan budgétaire, et alors
que 400 M€ de crédits avaient été débloqués par l’État au début de la crise, l’ensemble des
dispositifs d’aide devrait atteindre, selon la Cour, environ 634 M€ sur l’ensemble de l’année
2022. Dans ce cadre, l’absence d’inscription de crédits dans la loi de finances pour 2023 prive
l’ensemble des intervenants de la visibilité nécessaire pour organiser les moyens d’agir.
Lire le rapport
CONTACT PRESSE :
Julie Poissier
Responsable des relations presse
T
01 42 98 97 43
julie.poissier@ccomptes.fr
@Courdescomptes
ccomptes
Cour des comptes
Cour des comptes