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COMMUNIQUÉ DE PRESSE
Le
11 octobre 2022
RAPPORT PUBLIC THEMATIQUE
L’IMMOBILIER UNIVERSITAIRE
Second poste budgétaire des universités après la masse salariale, le patrimoine immobilier est un
facteur stratégique de première importance pour l’insertion des universités dans leur territoire, et
un élément central pour l’accueil des étudiants et l’exécution des objectifs scientifiques. Il est
également au c
œ
ur de la question de l’autonomie des universités. Pour l’État, l’enjeu n’est pas
moindre, puisqu’il reste très majoritairement propriétaire de ces biens immobiliers (82% de
l’ensemble). Toutefois, il doit, comme les universités, faire face à l’indispensable remise à niveau
de ce patrimoine - représentant 18 millions de m2 de locaux, dont 78% sont consacrés aux activités
d’enseignement ou sportives -, dont un tiers est dans un état peu ou pas satisfaisant et qui ne
répond que rarement aux besoins de sobriété énergétique. La Cour des comptes a souligné à
plusieurs reprises l’enjeu que représente la politique immobilière, pour les établissements autant
que pour l’État. Le présent rapport, qui ne prend pas en compte les aspects relatifs au logement
des étudiants, se prononce notamment sur l’adaptation du patrimoine immobilier aux besoins
d’enseignement et à la démographie étudiante, les multiples modes de financement des
investissements et les conditions à réunir pour assurer la réussite de la dévolution du patrimoine.
Des priorités reconnues, des résultats épars
Au terme de son enquête, la Cour a constaté une forte mobilisation de l’ensemble des acteurs
concernés - parmi lesquels la direction générale de l’enseignement supérieur et de l’insertion
professionnelle (DGESIP) pour le ministère chargé de l’enseignement supérieur, et la direction de
l’immobilier de l’État (DIE) pour le ministère chargé de l’économie et des finances. Les universités,
quant à elles, ont pris la mesure de l’enjeu d’une gestion efficace de l’immobilier. Toutefois, le chemin
à parcourir reste long. La connaissance de ce patrimoine, qui s’est améliorée au fil des années, reste
imparfaite. Trop souvent, les systèmes d’information choisis par les universités sont difficilement
compatibles avec ceux développés par l’État. Il en résulte des lourdeurs pénalisantes dans la gestion
des données, mais également une imprécision de certains points des référentiels nationaux mis en
place par la DIE, tels que la qualité sanitaire des bâtiments ou leurs performances énergétiques. La
connaissance globale de l’immobilier universitaire est incomplète. Élément central de connaissance
et de pilotage par les établissements de leur politique immobilière, les schémas pluriannuels de
stratégie immobilière (SPSI). La traçabilité budgétaire des dépenses immobilières constitue l’autre
volet d’une gestion efficace du parc.
Seules les sept universités ayant opté pour la pleine propriété
de leur patrimoine immobilier ont obligation d’élaborer un budget annexe, mais
son contenu n’est
pas normé. Or, le respect de l’autonomie des établissements ne doit pas faire obstacle à une
harmonisation progressive des systèmes d’information et à la généralisation des budgets annexes
immobiliers dans un format homogène.
Grâce aux financements des contrats de plan État régions
(CPER) qui marquent un effort croissant des collectivités territoriales, ou de programmes
exceptionnels de l’État, comme le Plan Campus ou le Plan de relance, la priorité est désormais donnée
à la rénovation des bâtiments plutôt qu’à la construction. Cet effort est toutefois insuffisant pour
remettre à niveau un parc qui souffre d’un défaut d’entretien,
dont plus du tiers est classé
dans un
état peu ou pas satisfaisant. La performance énergétique d’ensemble est médiocre, alors que cette
dépense est croissante du fait des augmentations tarifaires et du développement du numérique.
Des financements multiples qui ne répondent pas au besoin global
Les universités ne disposent pas des moyens de remplir leur obligation d’entretien, tant le
financement de l’immobilier universitaire reste défaillant. Les moyens accordés pour l’entretien
courant, comme pour le gros entretien renouvellement (GER), sont inférieurs au niveau requis pour
maintenir le patrimoine en état. Cette insuffisance est d’autant plus accentuée que le montant global
consacré à l’immobilier dans la subvention pour charges de service public (SCSP) versée par l’État
stagne depuis plus de dix ans. À la faveur des crises, des programmes exceptionnels ont été mis en
oeuvre,
comme le Plan Campus (3 Md
en 2021), les
programmes d’investissements d’avenir (PIA),
ou le Plan de relance consécutif à la crise sanitaire. Cet effet de rattrapage ne répond
toutefois pas
au besoin global. Le ministère chargé de l’enseignement supérieur estime à 7 Md
le coût de
réhabilitation en attente, dont 75 % serait en lien avec la transition énergétique et environnementale.
Pour sa part, France Universités retient un montant de 15 Md
pour une rénovation totale.
L’enjeu de transfert de propriété
Alors que le transfert du patrimoine constitue encore une exception, la Cour a souligné, à plusieurs
reprises, qu’il ne pouvait y avoir d’autonomie des universités sans la pleine propriété de leur
immobilier, comme cela est le cas dans la plupart des pays européens. Le Gouvernement a annoncé
en décembre 2021 la poursuite de cette
démarche. L’enjeu porte sur la valorisation du parc
immobilier (locations, cessions, etc.)
et lacapacité à procurer des revenus récurrentsaux
établissements pour en assurer une meilleure maintenance. La création de filiales immobilières des
universités pourrait contribuer à une politique de valorisation plus active, à une gestion plus
performante, assurant notamment une transparence des financements,
une capacité de portage des
investissements, et une responsabilisation des acteurs, en ouvrant ainsi l’université sur son
environnement urbain en partenariat avec les collectivités responsables du droit des sols.
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