25 rue Paul Bellamy BP 14119
–
44041 Nantes Cedex 01
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Le présent document, qui a fait l’objet d’une
contradiction avec les destinataires concernés,
a été délibéré par la chambre le 19 novembre 2019.
RAPPORT D’OBSERVATIONS DÉFINITIVES
ET SA REPONSE
COMMUNE DE LUÇON
(Vendée)
Exercices 2014 et suivants
COMMUNE DE LUÇON
1
TABLE DES MATIÈRES
SYNTHÈSE
...............................................................................................................................
3
RECOMMANDATIONS
...........................................................................................................
6
INTRODUCTION
......................................................................................................................
7
1
LES SUITES DU PRECEDENT CONTROLE
....................................................................
9
2
LA QUALITE DE L’INFO
RMATION BUDGETAIRE ET FINANCIERE
.......................
9
2.1
Le rapport sur les orientations budgétaires
...................................................................
10
2.2
La publicité des informations budgétaires et financières
..............................................
10
2.3
Les états annexés aux documents budgétaires
..............................................................
11
2.4
La sincérité des prévisions budgétaires
.........................................................................
11
3
LA FIABILITE DES COMPTES
........................................................................................
12
3.1
Les écritures n’appelant pas d’observation
...................................................................
12
3.2
L’absence de comptabilisation de l’indemnité de remboursement anticipé d’un
emprunt structuré
..........................................................................................................
12
3.3
Les durées d’amortissement des subventions d’équipement
........................................
13
3.4
La concordance entre l’état de l’actif et l’inventaire
....................................................
13
3.5
Les provisions
...............................................................................................................
13
3.6
Conclusion sur la fiabilité des comptes
........................................................................
14
4
LA SITUATION FINANCIERE
.........................................................................................
15
4.1
La « fonction » finances
................................................................................................
15
4.2
Données de cadrage
......................................................................................................
15
4.3
Le fonctionnement
........................................................................................................
16
4.3.1
L’évolution des recettes de fonctionnement
...................................................................
16
4.3.2
L’évolution des dépenses de fonctionnement
.................................................................
17
4.4
Conclusion sur l’excédent brut de fonctionnement et la capacité
d’autofinancement
.........................................................................................................
18
4.5
L’investissement
...........................................................................................................
19
4.5.1
Les dépenses d’investissement
.......................................................................................
20
4.5.2
L’endettement
.................................................................................................................
20
4.5.3 Le fonds de roulement et la trésorerie
............................................................................
23
4.5.4
Conclusion sur le financement de l’investissement
........................................................
23
4.6
La prospective financière : objectifs et outils
...............................................................
24
4.7
Conclusion sur la situation financière
...........................................................................
24
5
LES LOTISSEMENTS
.......................................................................................................
25
5.1
L’équilibre du budget annexe lotissement zones industrielles à sa clôture en partie
assuré par la commune
..................................................................................................
25
5.2
L’équilibre incertain du lotissement d’habitations «
Michel Moy »
.............................
26
6
LA MAISON DE SANTE PLURI-PROFESSIONNELLE
................................................
28
6.1
Des objectifs atteints
.....................................................................................................
29
6.1.1 Le renouvellement de la couverture de santé
..................................................................
30
RAPPORT D’OBSERVATIO
NS DÉFINITIVES
2
6.1.2
L’exercice coordonné des soins malgré des actions de santé publique mal
identifiées
........................................................................................................................
30
6.2
Un équilibre financier non atteint
.................................................................................
31
6.2.1
Le coût d’exploitation pour la commune
........................................................................
31
6.2.2 Une répartition des charges à mieux définir
...................................................................
32
7
LES SYSTEMES D’INFOR
MATION
...............................................................................
33
7.1
Un accompagnement personnalisé par un délégué à la protection des données
« mutualisé »
.................................................................................................................
33
7.2
Une relation avec le principal sous-traitant à encadrer juridiquement
.........................
36
7.2.1 Le chargé informatique, interface entre les services et le principal prestataire
informatique extérieur
....................................................................................................
36
7.2.2 La nécessité de contractualiser la relation avec le principal sous-traitant
informatique
....................................................................................................................
36
7.3
Des procédures à mettre en place pour renforcer la sécurité informatique
...................
37
7.3.1 La prise en compte de la sécurité logique
.......................................................................
37
7.3.2 La nécessaire amélioration de la sécurité physique
........................................................
38
8
LA COMMANDE PUBLIQUE
..........................................................................................
39
8.1
Quelques achats ne respectant pas les règles de la commande publique
......................
39
8.2
Le marché de travaux de voirie passé en 2016
.............................................................
40
8.2.1 Un critère prix qui aurait pu se baser sur une meilleure évaluation des besoins au
stade de l’analyse des offres
...........................................................................................
40
8.2.2
Des erreurs dans l’application du bordereau de prix unitaires traduisant une
déficience du contrôle
.....................................................................................................
41
COMMUNE DE LUÇON
3
SYNTHÈSE
Le contrôle des comptes et de la gestion de la commune de Luçon effectué par la
chambre régionale des comptes Pays de la Loire a porté sur les exercices 2014 et suivants.
La situation financière
Entre
2014 et 2018, la situation financière de la commune de Luçon s’est nettement
améliorée, en particulier en 2017, exercice au cours duquel la collectivité a bénéficié de la
dotation de solidarité rurale versée par l’État (+
369 296
€
) et du fonds national de péréquation
des ressources intercommunales et communales (+ 122 348
€
). La fiscalité reversée par
l’intercommunalité, notamment, autorise sur la période une certaine stabilité des produits de
gestion, en dépit de la réduction des ressources institutionnelles (- 19,9 %) et de taux
d’imposition inchangés, supérieurs aux taux moyens des communes de la même strate
démographique.
Les mesures de gestion prises pour réduire les dépenses de fonctionnement (- 705 727
€
soit - 8,1 %) expliquent également
l’amélioration de la situation financière
: maîtrise des
charges de personnel par la réorganisation de services et la réaffectation d’agents, baisse des
charges à caractère général, réduction des subventions, en particulier celles attribuées à deux
clubs s
portifs n’évoluant plus en division nationale.
Par conséquent, le redressement se confirme en 2018. L’annuité de remboursement du
capital de la dette restant stable, la commune dégage une capacité d’autofinancement lui
permettant de ne pas contracter de nouveau prêt cette même année, tout en poursuivant des
investissements d’un montant annuel de plus de 2
M€ depuis 2017, parmi lesquels le
réaménagement du centre-ville. De même, depuis 2017, la dette ne pèse plus autant sur les
marges de manœuvre, puisque
la capacité de désendettement se situe autour de 5 années. Elle
reste cependant supérieure à celle de la strate, comme les frais financiers payés, et inclut des
emprunts à risques.
Ainsi, même si la situation financière peut désormais être qualifiée de satisfaisante, la
commune est appelée à maintenir sa vigilance pour maîtriser le risque représenté par le niveau
et la structure de sa dette.
À cet égard, il est regrettable que les documents budgétaires et les comptes n’aient pas
renseigné les élus et les citoyens sur le paiement par la collectivité, pour un montant de
870 000
€,
d’une indemnité de remboursement anticipé d’un emprunt à risque
s, intégrée dans
le taux d’intérêt majoré d’un nouveau prêt lors d’une opération de refinancement.
RAPPORT D’OBSERVATIO
NS DÉFINITIVES
4
La fiabilité des comptes et les lotissements
Sur la fiabilité des comptes, le contrôle permet de conclure à un
e mise en œuvre
des
précédentes recommandations de la chambre et à une bonne tenue des comptes. La commune
est toutefois invitée à enregistrer des provisions en fonction des risques avérés liés à son activité.
En particulier, est apparue insuffisante la provision constituée dans le cadre de l’opération de
lotissement « Michel
Moy » pour laquelle, en raison d’un retard dans la commercialisation, la
participation ré
pétée de la commune s’est élevée à la somme totale de 473
756
€
. À la fin de
cette opération, la commune devra faire supporter à l’aménageur la part du risque économique
lui revenant, et ce pour respecter le code de la commande publique et ne pas grever davantage
les finances communales. La chambre relève en effet que l
’équilibre du budget annexe
lotissement zones industrielles à sa clôture est en partie assuré par la commune.
La maison de santé
La chambre a par ailleurs examiné la maison de santé pluri-professionnelle. Au départ
initiative privée, se plaçant sur le territoire de l’intercommunalité, ce projet a pourtant été porté
par la seule ville-centre. Le contrôle débutant
à l’année
2014, l’implantation de cet équipement
n’a pu être
examinée. Le bilan d
ressé de son fonctionnement permet de conclure que l’objectif
poursuivi de renouvellement de la couverture de santé a été atteint, s’agissant en particulier des
médecins généralistes. La chambre note cependant que l’exploitation déficitaire de cette
struct
ure ne s’équilibre que par une subvention du budget principal communal d’un montant
annuel d’environ 20
000
€
, puisque les loyers versés par les professionnels ne couvrent pas les
charges réelles de fonctionnement ni le remboursement de l’emprunt souscrit. À cet égard, la
commune pourrait mieux faire participer les professionnels de santé à l’équilibre financier
de
l’opération en récupérant les différentes charges liées à leur utilisation des locaux. La chambre
note enfin
que le cadre juridique dans lequel entend se placer l’intervention immobilière de la
commune gagnerait à être clarifié, alors
qu’aucun document ne rend compte de l’exercice
coordonné des soins ni des actions de santé publique entreprises, justifiant pourtant les
financements publics accordés.
La commande publique
L’examen de la commande publique a révélé certaines irrégularités
, notamment
quelques achats (matériel informatique, écran géant) passés sans respect des règles de publicité
et de mise en concurrence. S’agissant du marché de travaux de voirie de 2016 et représentant
un montant de 1,1
M€
HT fin 2017, soit le marché le plus important sur la période, le critère
prix, qui a pourtant permis de départager les deux candidats au stade de l’analyse des offres,
s’est basé sur une évaluation
imparfaite des travaux à réaliser.
Au stade de l’exécution, des
anomalies ont été constatée
s dans l’applicat
ion du bordereau de prix unitaires, dont une erreur
ayant entraîné un surcoût pour la commune de 17 845
€
HT. Elles traduisent une déficience du
contrôle (visa de la direction générale et signature des élus) pouvant plaider en faveur du
renforcement du service finances et marchés publics.
COMMUNE DE LUÇON
5
Les systèmes d’information
Enfin, devant le risque, notamment financier, qu
’ils
peuvent représenter en cas de perte
de données ou de rupture d’activité, la chambre a examiné les systèmes d’information sous le
prisme de la sécurité informatique et de la protection des données personnelles, garantie par le
nouveau règlement européen dit règlement général relatif à la protection des données (RGPD).
La commune, en ayant en partie externalisé la fonction informatique, doit pallier le risque élevé
de dépendance vis-à-
vis de son principal prestataire. Cela devrait passer par l’encadrement
juridique de leur relation et la mise en place de procédures informatiques autorisant un suivi
des actions de ce sous-traitant, tout en renforçant de manière générale la sécurité logique et
physique des systèmes d’information.
RAPPORT D’OBSERVATIO
NS DÉFINITIVES
6
RECOMMANDATIONS
Recommandation n°
1 :
améliorer la qualité de l’information budgétaire et financière
(art. L. 2313-1 du code général des collectivités territoriales ; décret n° 2017-779 du 5 mai 2017,
arrêté du 17 novembre 2017)
Recommandation n°
2 :
constituer des provisions pour l’ensemble des risques identifiés,
notamment une provision pour comptes épargne temps (article L. 2321-2 et R. 2321-2 du code
général des collectivités territoriales, instruction budgétaire et comptable M14, tome 1, titre 1,
chapitre 2, compte 15)
Recommandation n°
3 :
encadrer juridiquement par un contrat la relation avec le principal
prestataire extérieur de services informatiques pour garantir la confidentialité des données et la
continuité du service
Recommandation n°
4 :
rendre effectif le contrôle en matière de passation et d’exécution des
marchés publics
COMMUNE DE LUÇON
7
INTRODUCTION
Le contrôle
Le contrôle des comptes et de la gestion de la commune de Luçon à compter de
l’exercice 2014 a été inscrit au programme des
travaux de la chambre régionale des comptes
Pays de la Loire pour l’année
2019.
Outre le suivi des suites du précédent contrôle, les axes suivants ont été retenus : la
fiabilité des informations budgétaires, la fiabilité des comptes et la commande publique au titre
de la régularité de la gestion, la situation financière, les systèmes d’information et la maison de
santé au titre de la performance de la gestion.
L’ouverture du contrôle a été notifiée le
25 janvier 2019 à
l’ordonnateur en fonction
depuis le 1
er
janvier 2014 : M. Pierre-Guy Perrier, maire depuis 2001.
L’entretien de début de
contrôle s’est tenu le 18
février 2019 avec lui.
L’entretien de fin de contrôle
a eu lieu le 30 avril 2019 avec
l’ordonnateur en fonction.
La chambre a délibéré ses observations provisoires lors de sa séance du 6 juin 2019. Celles-ci
ont été notifiées le 25 juin 2019 à
l’
ordonnateur en fonction, au président de la SEM Vendée
Expansion, à la présidente du conseil régional des Pays de la Loire, à la présidente de la
communauté de communes Sud Vendée littoral et au président du syndicat mixte e-collectivités
Vendée.
Elles ont également été communiquées à l’agence régionale de santé Pays de la Loire.
La réponse de l’ordonnateur
en fonction a été enregistrée au greffe le 26 juillet 2019.
Parmi les tiers destinataires d’extraits,
la Région a indiqué dans sa réponse enregistrée au greffe
le 30 juillet 2019
ne pas formuler d’observation
. La SEM Vendée Expansion
et l’agence
régionale de santé ont transmis une réponse enregistrée au greffe, respectivement, le 18 juillet
et
le 25 septembre 2019. Les autres destinataires n’ont pas répondu.
La commune
Luçon est une commune du département de la Vendée, située à une trentaine de
kilomètres de La Roche-sur-Yon ainsi que du littoral. Elle se trouve également en bordure du
Marais poitevin.
Elle s’étend
sur 31,42 km
2
.
La commune est membre de la communauté de communes Sud Vendée littoral, dont
elle est la commune la plus peuplée, et qui compte 44 communes pour un bassin de population
de 56 000 habitants. Cette intercommunalité a été récemment créée le 1
er
janvier 2017.
La population communale a baissé entre 2010 et 2015 (- 242 habitants), année où elle
s’élève à
9 636 habitants (11
791 habitants pour l’aire urbaine).
La répartition par tranches
d’âge montre une prédominance des 45
-74 ans, avec une augmentation sensible des plus de
60
ans et un recul des tranches d’âge les plus jeunes.
RAPPORT D’OBSERVATIO
NS DÉFINITIVES
8
Le taux de chômage est passé de 10,2 % en 2010 à 13,1 % en 2015. En 2015, la
commune comptait 5 598 emplois (- 378 par rapport à 2009) et plusieurs entreprises de plus de
40
salariés dans l’industrie, l’agroalimentaire, le commerce de détail, la construction ou la
menuiserie.
Luçon - population et revenus - 2015
Luçon
Vendée
Variation de la population par an 2010-2015
- 0,5 %
+ 1,0 %
Part des ménages fiscaux imposés
48,3 %
52,1 %
Médiane du revenu disponible par unité de conso.
19 218
€
20 073
€
Taux de pauvreté
14,5 %
10,0 %
Part des logements vacants
10,5 %
5,3 %
Source : INSEE - 2015
Le budget annuel de fonctionnement de la
commune s’élève à 8
M€, pour 1,8
3
M€
d’investissement en
moyenne sur les cinq dernières années. Elle emploie 115 agents.
Le maire de Luçon est M. Pierre-Guy Perrier, élu en 2001 et réélu en 2008 et 2014. Il
est également conseiller régional depuis 2004 et président du parc naturel du Marais poitevin
depuis 2016.
COMMUNE DE LUÇON
9
1
LES SUITES DU PRECEDENT CONTROLE
Dans son précédent rapport portant sur les exercices 2009 à 2013, la chambre avait émis
les recommandations suivantes :
« 1. Finir de fiabiliser les écritures comptables, en particulier les dotations aux
amortissements, et veiller à l’adéquation entre l’état de l’actif et le compte de gestion.
2. Coupler les prévisions de dépenses d'investissement du budget annexe de
l’assainissement au niveau des dépenses de voirie inhérentes à ces travaux.
»
S’agissant de la fiabilisation des dotations aux amortissements
, la commune procède
désormais
correctement
à
l’amortissement
des
biens
mentionnés
par
la chambre
(immobilisations relatives au réseau d’assainissement, immeubles productifs de revenus du
budget annexe zones industrielles
) et s’est engagée à rectifier la durée d’amortissement erronée
des frais liés à la réalisation de documents d’urbanisme.
S’agissant de l’adéquation entre l’état de l’actif, le compte de gestion et l’inventaire, la
commune enregistre correctement les biens mis à disposition (notamment cyber centre
intercommunal et collège Beaussire dont la propriété n’est pas transférée) et le suivi patrimonial
est adapté (cf. infra la fiabilité des comptes).
En ce qui concerne la suggestion de coupler les dépenses d’équipement ouvertes au
budget annexe assainissement avec les crédits disponibles pour la réfection de la voirie, dont
ces dépenses dépendent, la commune a également suivi la recommandation de la chambre,
puisque que les taux de réalisation de ce budget sont désormais satisfaisants. Le fonds de
roulement a également diminué, ce qui traduit une meilleure adéquation des ressources aux
investissements.
Au total, les deux recommandations émises par la chambre ont été suivies.
2
LA
QUALITE
DE
L’INFO
RMATION
BUDGETAIRE
ET
FINANCIERE
Le budget est l’acte
par lequel le conseil municipal prévoit et autorise les recettes et les
dépenses de l’exercice (
art. L. 2311-1 du CGCT). Il se matérialise par des documents sur
lesquels sont indiquées les recettes prévues et les dépenses autorisées. Il est constitué d’une
prévision initiale (budget primitif) qui peut être ajustée par un budget supplémentaire (afin
notamment d’intégrer le résultat de l’année antérieure) et des décisions modificatives en cours
d’année.
Les opérations de la commune de Luçon sont retracées dans un budget principal et deux
budgets annexes assainissement et maison de santé. La chambre
a examiné l’ensemble des
documents budgétaires portant sur le budget principal, lequel représente en 2017 plus de 96 %
de l’ensemble des dépenses et recettes de fonctionnement, 84
%
des dépenses d’investissement,
ainsi que 88 % de la dette.
RAPPORT D’OBSERVATIO
NS DÉFINITIVES
10
Elle a examiné les conditions dans lesquelles la commune établit son budget, en
particulier le rapport présenté à l’occasion du débat
d’orientation
s budgétaires, les états annexés
au budget et au compte administratif, ainsi que la sincérité des prévisions budgétaires.
2.1
Le rapport sur les orientations budgétaires
Entre 2014 et 2018, les rapports présentés à l’appui des débats d’orientatio
ns budgétaires
renferment pour l’essentiel les informations demandées
(art. L. 2312-1 du CGCT et
art. D. 2312-3 du CGCT).
Simple budget prévisionnel en 2014, les évolutions prévisionnelles des dépenses et des
recettes, en fonctionnement comme en investissement, sont ensuite examinées plus en détail,
notamment en 2016, où les grandes lignes des budgets annexes apparaissent également. À noter
toutefois qu’en
2017 et 2018, même si ces évolutions sont souvent chiffrées, aucun budget
prévisionnel n’est
plus présenté.
La commune a indiqué que cette nouvelle présentation retenue à partir de 2017
résulterait d’un souhait des élus. D’après elle, la présentation d’un budget prévisionnel ou
« pré-budget
» dans le rapport d’orientations budgétaires serait redondant avec le vote du
budget primitif. La chambre maintient que
, loin de limiter le débat lors de l’adoption du budget
primitif, la présentation d’un budget prévisionnel dans le rapport sur les
orientations budgétaires
permet d’éclairer ce débat par des éléments chiffrés.
Par ailleurs, l
a commune s’est efforcée d’évaluer l’impact financier de mesures
gouvernementales et
s’est adaptée
aux évolutions législatives en intégrant des éléments sur
l’ép
argne brute et la structure de la dette, ainsi que sur la programmation des investissements
et les autorisations de programme.
Cependant, les informations relatives à cette programmation devraient être reprises
chaque année et clarifiées, afin que les élus et les citoyens puissent appréhender les
engagements pris et le coût global des opérations d’investissement.
Les rapports d’orientations budgétaires gagneraient également en lisibilité s’ils
adoptaient un format identique chaque année. Celui de 2016 pourrait être retenu.
2.2
La publicité des informations budgétaires et financières
La commune est tenue d’assurer la publicité de certains documents budgétaires. La
chambre lui rappelle son obligation de mettre en ligne, sur son site internet, dans le délai d’u
n
mois suivant l’adoption des délibérations correspondantes, une présentation brève et
synthétique retraçant les informations financières essentielles afin de permettre aux citoyens
d’en saisir les enjeux (art.
L. 2313-1 du CGCT).
COMMUNE DE LUÇON
11
Si la liste des marchés conclus en 2018 est accessible (art. L. 2196-2 du code de la
commande publique), doivent encore être rendues disponibles par voie électronique les données
essentielles relatives aux subventions supérieures à 23 000
€
conformément aux formats
règlementaires (art. 10 de la loi n° 2000-321 du 12 avril 2000 relative aux droits des citoyens
dans leurs relations avec les administrations, décret n° 2017-779 du 5 mai 2017, arrêté du
17 novembre 2017).
Recommandation n°
1 :
améliorer la qualité de l’information budgétaire et
financière
(art. L. 2313-1 du code général des collectivités territoriales ; décret n° 2017-779 du
5 mai 2017, arrêté du 17 novembre 2017)
2.3
Les états annexés aux documents budgétaires
Les articles L. 2313-1 et R. 2313-3 du code général des collectivités territoriales
(CGCT), précisés par l’instruction budgétaire et comptable M14, fixent la liste des états annexés
aux documents budgétaires complétant l’information des élus et des citoyens et permettant
d’appréhender la situation et la gestion d’ensemble de la collectivité.
L’existence et la présentation de l’ensemble des états annexés au budget et/ou au compte
administratif ont été vérifiées pour le budget principal et les budgets annexes. La plupart de ces
états n’appell
ent pas de remarque particulière.
Cependant, la commune doit respecter le cadre fixé par la règlementation pour l’état du
personnel non titulaire en indiquant notamment la rémunération du collaborateur de cabinet,
par référence à un indice brut si elle le souhaite, et en présentant cet agent comme occupant un
emploi non permanent
, ce qu’elle s’est engagée à faire pour l’avenir
.
De même, il est fort regrettable pour l’information des élus et des citoyens que
l’inde
mnité de remboursement anticipé intégrée da
ns le taux d’intérêt fixe majoré du nouveau
prêt pour un montant de 870 000
€
lors du refinancement d
’un
emprunt structuré (cf. infra
l’endettement) n’apparaisse pas dans les états correspondants, en particulier l’état de la dette
relatif au remboursement
anticipé d’un emprunt avec refinancement et l’état des engagements
hors bilan.
À ce titre, aucune information sur cet aspect, en particulier en séance,
n’a été délivrée
au cours du conseil municipal du 30 septembre 2014 autorisant le maire à signer le nouveau
prêt ni au cours du conseil municipal du 17 mai 2016 autorisant le maire à signer le protocole
transactionnel.
2.4
La sincérité des prévisions budgétaires
Excepté pour le projet de l’école du centre
(cf. infra l’investissement)
, pour lequel la
commune a ou
vert depuis 2016 des crédits d’un montant total de 1,1
M€, qu’elle a ensuite
annulés, les taux d’exécution du budget principal comme des budgets annexes n’appellent pas
d’observation
.
RAPPORT D’OBSERVATIO
NS DÉFINITIVES
12
3
LA FIABILITE DES COMPTES
La bonne tenue des comptes, en donnant une image fidèle de la situation financière, est
un préalable indispensable à son analyse. Les contrôles ont porté sur des opérations que
l’ordonnateur est tenu d’enregistrer dans sa comptabilité exercice après exercice : patrimoine,
dette, recettes attendues, cha
rges pour l’avenir, engagements vis
-à-vis de tiers, etc. Ils ont été
réalisés de manière exhaustive sur le budget principal et par sondages sur les budgets annexes.
3.1
Les écritures n’appelant pas d’observation
Ne révèlent pas d’anomalie les contrôles effectu
és sur les points suivants : recettes et
dépenses à classer en fin d’exercice, reprise en fonctionnement de la quote
-part des subventions
d’investissement dites transférables, intérêts courus non échus, charges et produits constatés
d’avance, rattachement des produits et des charges à l’exercice, refinancement de la dette,
charges à répartir sur plusieurs exercices, cessions d’immobilisations, apurement des
comptes 23 « immobilisations en cours » des immobilisations achevées.
3.2
L’absence de comptabilisation de l’indemnité de remboursement
anticipé d’un emprunt structuré
L
a comptabilité de l’exercice 2014, au cours duquel un emprunt structuré a été
refinancé, ne reflète pas l’intégralité de cette opération puisque n’est pas enregistrée l’indemnité
de rembours
ement anticipé intégrée dans le taux d’intérêt majoré du nouveau prêt pour un
montant de 870 000
€
.
Conformément à l’instruction M14, cette indemnité
aurait dû être comptabilisée au débit
du compte 6682 «
indemnité de réaménagement d’emprunt
» par
opération d’ordre budgétaire
et neutralisée au crédit du compte 769 (charge transférée en investissement mais non répartie),
comme le traduit le tableau suivant.
Enregistrement qui aurait dû être effectué de l’IRA au titre de l’exercice 2014 –
budget princ
ipal (en €)
Libellé
Compte
Débit
Crédit
Indemnité remboursement anticipé d’emprunt
intégrée dans le taux d’intérêt du nouvel emprunt
6682
870 000
€
Transfert de charges financières
796
870 000
€
Source : CRC
COMMUNE DE LUÇON
13
Par ailleurs, cette charge future non exigible mais certaine dans son montant représente
un engagement hors bilan devant être enregistrée au compte 801.8 « autres engagements
donnés
» avec un montant réduit d’une fraction d’indemnité à chaque paiement d’annuité
(comité national de fiabilité des comptes locaux).
3.3
Les durées d’amortissement des subventions d’équipement
Les durées d’amortissement délibérées en 2014 par le conseil municipal en matière de
subventions d’équipement versées ne respectent plus les dispositions de l’article R.
2321-1 du
code général des collectivités territoriales, ce à quoi la commune a indiqué remédier.
Cette réglementation fixe également une durée maximale (et non par défaut) pour
plusieurs catégories d’immobilisations (subventions d’équipement, frais relatifs aux doc
uments
d’urbanisme, etc.), ce qui implique pour l’assemblée délibérante de statuer explicitement
sur
chacune d’entre elles
.
3.4
La concordance entre l’état de l’actif et l’inventaire
L’inventaire communal tenu par l’ordonnateur et l’état de l’actif tenu par le comptable
présentent des discordances évaluées à 1,88
M€ (2,87
%) pour le budget principal. La chambre
invite ainsi la commune à poursuivre le travail de mise en cohérence des différents documents
patrimoniaux. S’agissant des budgets annexes assainissement et maison de santé, ils n’appellent
pas de remarque.
3.5
Les provisions
Les dotations aux provisions pour risques, notamment liés à la souscription de produits
financiers ou afférents aux litiges et contentieux, figurent parmi les dépenses obligatoires
communales (art. L. 2321-2 29° et art. R. 2321-2 du CGCT ; tome 1, titre 1, chapitre 2,
compte
15 de l’instruction M14).
La commune a déclaré ne pas avoir de contentieux en cours.
En revanche, elle est tenue par des emprunts structurés ou à risques, pour lesquels des
provisions pourraient être constituées en se référant au guide pratique du provisionnement des
emprunts à risques élaboré par le conseil national de normalisation des comptes publics
(CNoCP) en 2013 et actualisé en 2015. En l’occurrence, le co
ût de sortie de ces emprunts
classés D4 et F6 selon la charte Gissler, est respectivement de 974 000
€ et 1,3
M€ au
31 décembre 2018 (cf. infra
l’endettement
).
RAPPORT D’OBSERVATIO
NS DÉFINITIVES
14
Par ailleurs, l’examen des créances restant à recouvrer au 31
décembre 2017 montre que
la commun
e détient, comme elle l’a indiqué, des
créances anciennes datant pour certaines de
2011 relatives à des factures de restauration scolaire impayées. Des diligences ont été effectuées
par les comptables successifs jusqu’à la période la plus récente et les mo
ntants en
jeu (2 746,88
€
pour les créances antérieures à 2014) ne sont pas de nature à remettre en cause
la fiabilité des comptes. Néanmoins, pour l’avenir, la commune pourrait mettre en place une
règle interne de provisionnement des créances douteuses en fonction de leur ancienneté, de leur
montant et de leur degré d’irr
écouvrabilité (surendettement, opposition à tiers détenteur
négative, etc.), ce à quoi elle a indiqué réfléchir.
En outre, dans le cadre de l’aménagement du
lotissement Michel Moy, si la commune a
bien provisionné la somme de 113 775,77
€
correspondant à un appel en garantie d’emprunt,
des avances de trésorerie n’ont pas fait l’objet de provisions. En conséquence, il serait de bonne
gestion de provisionner une somme supérieure (cf. infra les lotissements).
Enfin, la commune met en œuvre depuis 2004 un dispositif de
compte épargne-temps.
Alors que le nombre de jours épargnés au 31 décembre 2018 s’élève à 889, aucun
montant n’a
été valorisé ni provisionné, au
motif s que la commune n’a «
pas délibéré sur la monétisation
du compte épargne-temps ». Or, le fait que les jours inscrits ne puissent être indemnisés ne
dispense pas la commune
d’enregistrer
une provision
, ce à quoi elle s’est engagée,
puisque la
prise de ces jours sous forme de congés représente un coût à supporter, par exemple lié à la
mise en place de personnels de remplacement.
De manière plus générale, la chambre rappelle que la nécessité d’une provision n’est
pas liée à un éventuel excédent budgétaire.
Recommandation n°
2 : constituer des provisions
pour l’ensemble des risques
identifiés, notamment une provision pour comptes épargne-temps (article L. 2321-2 et
R. 2321-2 du code général des collectivités territoriales, instruction budgétaire et
comptable M14, tome 1, titre 1, chapitre 2, compte 15)
3.6
Conclusion sur la fiabilité des comptes
Ainsi, même si l’absence de comptabilisation de l’indemnité de remboursement anticipé
d’un emprunt structuré a pu affecter la sincérité des comptes de l’exercice 2014, les contrôles
effectués permettent de conclure à une bonne tenue des comptes et à un suivi patrimonial
adapté, donnant une image fidèle de la situation tant financière que patrimoniale. La fiabilité
des comptes est ainsi suffisante pour en permettre l’analyse
.
COMMUNE DE LUÇON
15
4
LA SITUATION FINANCIERE
Sauf mention
contraire, l’analyse de la situation financière a été réalisée sur le périmètre
du budget principal, lequel représente, en 2017, plus de 96
% de l’ensemble des recettes et
dépenses de fonctionnement, 84
% des dépenses d’investissement, ainsi que 88
% de la dette
(cf. supra la qualité de l’information budgétaire et financière).
4.1
La « fonction » finances
S’agissant de la «
fonction » finances,
l’organisation et les outils retenus, relativement
classiques, permettent d
’assurer une préparation et un suivi du bud
get de manière coordonnée
entre la municipalité
et l’administration et entre la direction générale et les différents servi
ces.
Au niveau des élus, le conseil municipal a bien fixé au maire des limites à la délégation
d’attribution qu’il lui a accordée pou
r les emprunts, et ce conformément aux 3° et 20° de
l’
article L. 2122-22 du code général des collectivités territoriales.
Au niveau de l’administration, le service finances et marchés publics s’est resserré,
puisqu’il inclut l’assurance et a perdu un
équivalent temps plein (ETP), du fait notamment de
sa responsabilité désormais assurée par le directeur général adjoint des services.
La dématérialisation comptable et budgétaire est achevée. L’engagement comptable est
visé par la direction générale, laquelle
n’a pas reçu délégation, et signé par les élus.
À noter qu’il n’existe pas de formalisation de
procédures internes, de la relation chef de
service / élu référent,
ni de l’association des élus référents au suivi du budget
, à la différence de
son élaboration.
4.2
Données de cadrage
Si les produits et charges de fonctionnement de la commune sont légèrement inférieurs
à ceux de la moyenne des communes de la même strate démographique (5 000 à 10 000
habitants), sauf en 2017 pour les produits, son excédent brut de fonctionnement est supérieur.
Toutefois, avec un encours de dette près de deux fois supérieur à la moyenne (1 609
€
par habitant et 131,67 % des produits de gestion, contre 849
€ et 72,79
% des produits de
gestion pour la strate en 2017), la capa
cité d’autofinancement (CAF) nette dégagée est très
inférieure à celle-ci.
Ainsi, la commune se situe dans la moyenne de la strate nationale, excepté pour sa dette,
très supérieure.
RAPPORT D’OBSERVATIO
NS DÉFINITIVES
16
4.3
Le fonctionnement
4.3.1
L’évolution des recettes de fonctionnement
Au cours de la période, les produits de gestion sont globalement stables autour de 11
M€
(- 0,3
%). La baisse des ressources institutionnelles, qui s’établissent à 2
M€ (
- 19,9 %), et des
ressources d’exploitation, qui s’établissent à 0,73
M€ (
- 16,7 %), est compensée par
l’augmentation de la fiscalité propre, qui s’établit à 6
M€ (+
8,6 %) et de la fiscalité reversée
par l’intercommunalité et l’État, qui s’établit à 2 M€ (+
6,2 %).
La fiscalité
Entre 2014 et 2018,
l’augmentation
des ressources fiscales propres tient essentiellement
à celle des impôts locaux, constitué
s principalement des taxes foncières et d’habitation,
qui
s’établissent à 5,
5
M€
(+ 9,2 %, soit + 2,2 % en moyenne annuelle). Les taxes sur les activités
industrielles connaissent une baisse sensible (- 167 775
€
). Les autres taxes, dont les droits de
mutation à titre onéreux, apportent 0,38
M€ (+
130 %).
En réponse aux observations provisoires, la commune a expliqué la baisse sensible des
taxes sur les activités industrielles par la perception progressive par le Sydev (service public
des énergies vendéennes) de la taxe sur la consommation finale d’électricité, en contrepartie
d’une augmentation du subventionnement du syndicat aux travaux de la commune.
Si depuis 2014 les taux demeurent inchangés, ils sont supérieurs aux taux moyens des
communes de la même strate : 17,23 % contre 15,13 %
en 2017 pour la strate s’agissant de la
taxe d’habitation et 26,87
% contre 20,85 %
en 2017 pour la strate s’agissant de la taxe foncière
sur les propriétés bâties. En prése
nce d’une évolution modérée des bases, cela se reflète dans le
produit par habitant de ces impôts, également supérieur à la strate, ce que la commune explique
par ses charges de centralité.
La commune est encouragée à travailler sur le diagnostic des bases fiscales des locaux
d’habitation et des activités économiques établi par un cabinet d’audit
proposant des actions de
vérification.
Les ressources institutionnelles
Entre 2014 et 2018, la diminution des ressources institutionnelles tient essentiellement
à celle de la part forfaitaire de la dotation globale de fonctionnement (- 563 479
€
), non
compensée par l’augmentation de la
part dotation d’aménagement (+
222 347
€
). Au total, la
dotation globale de fonctionnement (DGF) baisse de 17 %
pour s’
établir à 1,66
M€
. Elle connaît
cependant un sursaut en 2017 puisque la commune, passant sous le seuil de 10 000 habitants
(en population DGF), a bénéficié de la dotation de solidarité rurale au lieu de la dotation de
solidarité urbaine, ce qui a représenté un gain global de 369 296
€
.
Au titre de la fiscalité reversée par l’intercommunalité, la commune a également touché
pour la première fois en 2017 le fonds national de péréquation des ressources intercommunales
et communales (FPIC) pour un montant de 122 348
€
.
COMMUNE DE LUÇON
17
Les participations et autres attributions sont en baisse globale de 163 995
€
, ce que la
commune explique par le paiement ou non, selon les années, par la communauté de communes
du reversement du syndicat mixte parc Vendéopôle.
Les ressources d’exploita
tion
Dans un contexte de stabilité des taux et de baisse des dotations et participations, une
optimisation de ces recettes paraît nécessaire.
Les ressources d’exploitation
représentent 6,6 % des produits de gestion.
Elles sont constituées pour moitié des travaux, études et prestations de services, et pour
plus d’un
tiers des revenus locatifs et redevance.
4.3.2
L’évolution des dépenses de fonctionnement
Au cours de la période, les charges de gestion diminuent de 705 727
€
soit - 8,1 %
(- 2,1 % en moyenne annuelle).
Cette évolution s’explique par
la forte baisse des subventions de fonctionnement, qui
s’établissent à 747
324
€ (
- 33,2 %)
, ainsi que des charges à caractère général, qui s’établissent
à 2,19 M
€ (
- 10,6 %). La maîtrise des charges de personnel, qui
s’établissent à 4,75
M€
(- 1,1 %), y contribue.
Les charges de personnel
Entre 2014 et 2018, les charges de personnel sont stables. La baisse de la rémunération
versée aux agents titulaires (- 111 867
€
soit - 3,7 %), en particulier les indemnités perçues, est
à peu près équivalente à la forte hausse de celle versée aux agents non titulaires (+ 115 292
€
soit + 47,4 %). Celle-ci représente en 2018 environ 10 % de la rémunération totale des agents.
Interrogée, la commune a précisé que cela était dû au non remplacement de titulaires et
au recrutement de non titulaires en contrats aidés.
Les différents rapports d’orientations budgétaires expliquent également la maîtrise des
charges de personnel par la réorganisation des services, la formation et la mutualisation
permettant de ne pas remplacer systématiquement les départs à la retraite ou en mutation, tout
en insistant sur le maintien de la qualité de service.
Les subventions de fonctionnement
Entre 2014 et 2018, les subventions de fonctionnement versées par la commune ont
diminué, avec un fort recul enregistré en 2017. En 2018, alors que les subventions versées aux
établissement publics rattachés repartent à la hausse pour atteindre 250 915
€ (
- 25,1 % sur la
période), celles dont bénéficient les personnes privées poursuivent leur recul pour s’établir à
490 685
€ (
- 37 % sur la période).
Sur les subventions aux établissements publics rattachés, la commune a indiqué avoir
pu diminuer la subvention versée au CCAS en 2017
en raison de l’augmentation de la
participation du département au service de maintien à domicile.
RAPPORT D’OBSERVATIO
NS DÉFINITIVES
18
Sur les subventions aux personnes privées, l
es rapports d’orientations budgétaires
expliquent que si la commune est attachée au dynamisme de sa vie associative, elle a révisé à
la baisse les subventions attribuées à deux clubs sportifs n’évoluant plus en division nationale
(Vendée Luçon Football et Luçon Basket). La commune a indiqué, sans préciser davantage,
que leur montant, calculé à partir
d’un barème incluant 4
indices, avait pu être « abondé en
raison de divers événements (difficultés ponctuelles, parcours en coupe de France) ».
Les charges à caractère général
Entre 2014 et 2018, la baisse des charges à caractère général tient essentiellement à la
baisse des honoraires, frais d’études et recherches ainsi qu’aux achats. Les autres postes
diminuent également, exceptées notamment les charges de publicité, publications et relations
publiques.
4.4
Conclusion sur l’excédent brut de fonctionnement et
la capacité
d’autofinancement
L’excédent brut de fonctionnement est constitué par l’excédent des produits sur les
charges de gestion. Il conditionne la capacité d’autofinancement brute, qui représente,
potentiellement, les ressources dégagées du fonctionnement, permettant de couvrir le
remboursement en capital de la dette et de financer l’investissement.
Au cours de la période sous revue, les produits de gestion ont diminué moins vite que
les charges de gestion, ce qui a entraîné une hausse de l’excédent b
rut de fonctionnement (EBF),
qui s’établit juste au
-dessous de 3
M€ (+
28,8 %) et représente 27,1 % des produits de gestion.
Dans le même temps, la réduction du déficit du résultat financier et l’augmentation des
« autres produits et charges exceptionnels réels » liée à la fin de la subvention versée du budget
principal au budget annexe lotissement zones industrielles (cf. infra les lotissements) ont permis
un redressement de
la capacité d’autofinancement brute (CAF)
,
qui s’établit à
2,49 M
€
(+ 68,2 %) et représente 22,7 % des produits de gestion.
L’annuité de remboursement du capital de la dette restant stable autour de 1,1
M€, la
capacité d’autofinancement nette suit la même trajectoire et s’établit à 1,37 M€
(+ 323,4 %).
En 2017, l’ensembl
e des ratios connaissent une très forte hausse (+ 42,5 %
pour l’EBF,
+ 87,3 % pour la CAF brute et + 701,3 % pour la CAF nette).
COMMUNE DE LUÇON
19
Formation de l’EBF et de l’autofinancement
Source : CRC, d’après les comptes de gestion
Ainsi, après une relative stagnation
suivie d’une très nette amélioration en 2017, en
partie liée à des éléments conjoncturels, les choix de gestion de la commune, notamment des
mesures volontaristes sur les charges à caractère général et des économies sur les subventions,
permettent de poursuivre dans la voie du redressement.
4.5
L’investissement
Au cours de la période sous revue, le financement propre disponible cumulé de 8
M€
(+ 97,1
% entre 2014 et 2018) n’a pas suffi à couvrir les dépenses et subventions d’équipement
de 9,45
M€ (+
44,3 % entre 2014 et 2018, 1,89
M€ en moyenne annuelle). Le besoin de
financement de 1,82 M€ a nécessité de recourir à l’emprunt pour un montant cumulé de 3
M€.
La commune a également puisé dans son fonds de roulement durant les exercices au cours
desquels elle n’emp
runtait pas. En 2018, le financement propre disponible représente 107,3 %
des dépenses d’équipement, en raison notamment de subventions d’investissement reçues de
531 692
€, ce qui permet à la commune de ne pas contracter de nouvel emprunt.
0
2 000 000
4 000 000
6 000 000
8 000 000
10 000 000
12 000 000
2014
2015
2016
2017
2018
Produits de gestion
Charges de gestion
Excédent brut de fonctionnement
CAF brute
CAF nette
RAPPORT D’OBSERVATIO
NS DÉFINITIVES
20
4.5.1
Les dépenses
d’investissement
Au cours de la période, l
es dépenses d’i
nvestissement ont représenté 9,16
M€, dont
8,6
M€ pour les dépenses d’équipement réelles et 0,56
M€ pour les travaux en régie. Après une
relative stabilité, elles passent au-dessus de 2
M€ en 2017 et
2018, en raison de la poursuite de
la rénovation du centre-ville et du début de celle des abords de la piscine intercommunale.
Sur la période, les travaux de voirie de manière générale constituent en effet et de loin
le premier investissement (85 %). En
dépit de l’ouverture de crédits pour le projet de l’école du
centre, les équipements scolaires, ainsi que les équipements sportifs, bénéficient
d’investissements moindres (respectivement moins de 4 et 11
%).
Les principaux investissements à venir étalés sur plusieurs années résident dans
l’installation de la fibre optique (1,5
M€) et le projet de l’école du centre.
Le montant de cet
investissement, d’abord évalué à 5,6
M€, est désormais estimé à 2,74
M€ à la suite de l’étude
d’un nouveau site avec le collè
ge Beaussire.
4.5.2
L’endettement
Le niveau de la dette
La commune a poursuivi son désendettement puisque les nouveaux emprunts contractés
pour un montant cumulé de 3 M€ sont inférieurs au remboursement en capital de la dette de
5,84
M€. Ainsi, l’encours de dett
e a diminué de 15,2 % (-
2,62 M€)
pour s’établir à 14,6
M€ en
2018. La capacité de désendettement (trésorerie incluse), qui oscillait autour de 10 années, est
brusquement descendue à un peu plus de 5 ans en 2017 grâce à l’amélioration de la capacité
d’auto
financement. Par suite, même si la dette communale est relativement élevée en
comparaison de la strate (cf.
supra données de cadrage), elle passe sous les seuils d’alerte et
peut désormais être qualifiée de maîtrisée.
La qualité de la dette
L
’encours de
dette comporte des emprunts structurés dits à risques, lesquels représentent
environ un tiers de la dette totale en 2018 contre un peu moins des deux-tiers en 2014.
La commune a en effet renégocié en 2014 un emprunt classé E3 selon la charte Gissler,
dont
le taux d’intérêt pouvait être multiplié si l’écart entre les taux interbancaires européens à
20 ans et à 2 ans devenait inférieur à 0,3 %. Cette opération de « désensibilisation » à hauteur
de 3,87
M€ a entraîné le paiement par la commune d’une indemnit
é de remboursement anticipé
de 870 000
€
, pour laquelle elle a bénéficié
d’une aide de l’État d’un montant total de
140 000
€
(21,5 %
de l’indemnité) dans le cadre du fonds de soutien créé par la loi d
e finances initiales
pour 2014 (cf. supra la qualité de
l’information budgétaire et financière)
.
La commune reste tenue par deux emprunts structurés classés D4 et F6, la catégorie F6
regroupant les produits déconseillés par la charte Gissler et que les établissements signataires
se sont engagés à ne plus commercialiser.
COMMUNE DE LUÇON
21
Pour ce dernier emprunt, la commune a conclu une convention avec l’État lui permettant
de bénéficier d’une aide du fonds de soutien d’un montant maximal d’environ 1,5
M€ sous
la
forme dérogatoire d’une bonification des intérêts dégradés payés, pour le cas où l’évolution
de
la parité entre le dollar et le franc suisse venait à entraîner un effet multiplicateur sur le taux
d’intérêt du prêt en cause
(article 6 du décret du 29 avril 2014).
La commune bénéficie donc
d’un
« filet de sécurité
». Elle ne peut cependant l’activer
que si le franchissement à la baisse de la barrière de
0,9 entraîne un taux d’intérêt supérieur au
taux de l
’usure de 2008
de 7,64 %
, et dans la limite du montant maximal annuel d’aide de
109 240
€
correspondant à un ta
ux d’intérêt de 15,4
% en 2019. En effet, si
l’indice est inférieur
à un certain niveau, le fonds de soutien plafonné ne couvre pas le surplus d’intérêt.
Une fonction de calcul
1
a permis de déterminer ce niveau et de réaliser la simulation
suivante avec un capital restant dû de 1,4
M€ en 2019.
Évolution du taux d’intérêt suivant la parité USD/CHF (simulation en 2019 avec un
capital restant dû de 1 400 000
€)
Indice USD/CHF
Taux d’intérêt
Si Indice > 0,9
3,3 %
La commune paie les intérêts au taux de 3,3 %.
Si 0,834 < Indice < 0,9
3,3 % à 7,64 %
Si l’indice reste supérieur à 0,834, le taux du prêt est inférieur au taux
de l’usure de 7,64
% et la commune paie l’intégralité des intérêts.
Si
0,74 < Indice < 0,834
7,64 % à 15,4 %
La commune paie les intérêts au taux de l’usure de 7,64
% et le fonds
de soutien est activité pour le surplus.
Si Indice < 0,74
> 15,4 %
La commune paie les intérêts au taux de l’usure de 7,64
% et au-delà
de 15,4 %. Le fonds de soutien est activité pour les intérêts au taux
compris entre 7,64 % et 15,4 %.
Source : commune
–
retraitement CRC
Le graphique suivant permet de visualiser la prise en charge des intérêts par la commune
(rouge, violet et vert) et l’État (bleu).
1
(FSmax*100)/K + taux usure = 3,3 + 55*(0,9 - Indice)/Indice. Ce qui équivaut à : Indice = 49,5/[(FSmax*100)/K
+ 59,34]. Avec FS max = montant maximal annuel de l’aid
e et K = capital restant dû.
RAPPORT D’OBSERVATIO
NS DÉFINITIVES
22
Zone de
taux d’intérêt et répartition de la prise en charge
Source : commune
–
retraitement CRC
Fin 2028, avec un capital restant dû de 741 988
€, la commune paiera des intérêts
au-
delà de la couverture du fonds de soutien si l’indice est inférieur à
0,66.
Hist
oriquement, si l’indice ne s’éloigne pas très fortement de
0,9, cette barrière n’a
jamais été franchie depuis 2015 et l’indice de
0,74 n’a jamais été atteint ces quarante dernières
années. La commune suit cette évolution de la parité USD/CHF dans un tableau.
Si l’aide n’est activable que jusqu’en 2028 ou 2029 (déduction faite du montant des
aides déjà versées le cas échéant) alors que le terme du contrat de prêt est prévu en 2033,
l’indemnité de remboursement anticipé, que la commune devrait payer en cas d
e refinancement,
sera faible à cette date.
À cet égard, cette indemnité diminue avec le capital restant dû pour se rapprocher du
montant maximal d’aide fixé à 1
529 355,52
€.
Interrogée, la commune a indiqué qu’elle n’envisageait pas de sortir de cet empr
unt
structuré compte tenu du coût de sortie de 2 080 155,37
€ et de l’aide du fonds de soutien dont
elle peut bénéficier.
La chambre considère que la commune doit continuer à suivre l’évolution du risque
au
regard de la parité entre le dollar et le franc suisse et des éléments exposés. Le dépôt de sa
demande tendant au bénéfice du fonds de soutien sous sa forme dérogatoire tous les trois ans
doit être l’occasion d’arbitrer régulièrement entre conservation d’un contrat de prêt non
excessivement dégradé perme
ttant de limiter le recours supplémentaire à l’emprunt et sortie
définitive.
De même, la commune a justifié l’absence de refinancement du dernier emprunt
structuré indexé sur le Libor/USD 12 mois jusqu’en 2026 par la double circonstance que
l’indemnité de
remboursement anticipé est évaluée à 970 000
€ au 31décembre 2017, alors que
la perspective que l’indice de ce prêt dépasse la barrière de 7,5
% est, d’après elle, assez
lointaine.
0
5
10
15
20
25
Taux fixe 3,3%
Taux usure 7,64%
Fonds de soutien
Taux>fonds de soutien
COMMUNE DE LUÇON
23
Les frais financiers
À l’image de l’encours de dette, les frais financiers
sont en très nette baisse (- 13,6 %
pour le budget principal entre 2014 et 2018). Ils restent cependant très supérieurs à ceux des
communes comparables.
4.5.3
Le fonds de roulement et la trésorerie
Le fonds de roulement, c’est
-à-
dire l’écart entre les ressources
stables et les emplois
stables, correspond au résultat de clôture. Le fonds de roulement et la trésorerie augmentent sur
la période (respectivement + 57,1 % et + 19,7 %) et représentent entre 2 et 3 mois de charges
courantes depuis 2017. Cela pose la ques
tion de l’adaptation de la stratégie d’endettement au
rythme des investissements.
La chambre attire l’attention de la commune sur le fait que si
le fonds de roulement et
la trésorerie venaient à dépasser le seuil de 90 jours, elle devrait alors justifier de la nécessité
de mobiliser de nouvelles ressources d’emprunt ainsi que fiscales.
4.5.4
Conclusion sur le financement de l’investissement
Le graphique suivant retrace les modes de financement de l’investissement.
Les modes de financement de l’investissement
Source
: CRC, d’après
les comptes de gestion
RAPPORT D’OBSERVATIO
NS DÉFINITIVES
24
4.6
La prospective financière : objectifs et outils
La commune poursuit des objectifs financiers définis, à savoir maîtriser ses dépenses de
fonctionnement, dégager une CAF nette annuelle supérieure à 500 000
€
, poursuivre son
désendettement et ne pas augmenter ses taux d’imposition
sous la mandature actuelle.
Pour
cela, elle élabore des plans pluriannuels d’investissement qui n’appellent pas
d’observation particulière, et s’est
dotée d’un outil de prospective
qui apparaît suffisamment
détaillé tout en retenant des hypothèses réalistes.
La chambre note cependant que le plan pluriannuel d’investissement pourrait utilement
être validé en conseil municipal (art. L. 2311-2 du CGCT).
4.7
Conclusion sur la situation financière
Entre 2014 et 2018,
la situation financière de la commune s’est nettement améliorée,
en
particulier en 2017, exercice au cours duquel elle a bénéficié de la dotation de solidarité rurale
versée par l’État (+
369 296
€
) et du fonds national de péréquation des ressources
intercommunales et communales (+ 122 348
€
).
La fiscalité reversée par l’intercommunalité, notamment, autorise à cet égard sur la
période une certaine stabilité des produits de gestion, en dépit de la réduction des ressources
institutionnelles (- 19,9
%) et de taux d’imposition inchangés, bien que supérieurs aux taux
moyens des communes de la même strate démographique.
Les mesures de gestion prises pour réduire les dépenses de fonctionnement (- 705 727
€
soit - 8,1 %)
expliquent également l’amélioration de la situation financière : maîtrise des
charges de personnel par la réorganisation de services et la réaffectation d’agents, baisse des
charges à caractère général, réduction des subventions, en particulier celles attribuées à deux
clubs sportifs n’évoluant plus en division nationale.
Par suite, le redressement se confirme en 2018. L’annuité de remboursement du capital
de la dette restant stable, la commune dégage une capacité d’autofinancement lui p
ermettant de
ne pas contracter de nouveau prêt cette même année, tout en poursuivant des investissements
d’un montant annuel de plus de 2
M€ depuis 2017, parmi lesquels le réaménagement du centre
-
ville.
De même, depuis 2017, la dette ne pèse plus autant su
r les marges de manœuvre, puisque
la capacité de désendettement se situe autour de 5 années. Elle reste cependant supérieure à
celle de la strate, comme les frais financiers payés, et inclut des emprunts structurés.
Ainsi, même si la situation financière peut désormais être qualifiée de satisfaisante, la
commune est appelée à maintenir sa vigilance pour maîtriser le risque, impliquant un
provisionnement (cf. supra les provisions), représenté par le niveau et la structure de sa dette.
COMMUNE DE LUÇON
25
5
LES LOTISSEMENTS
5.1
L’équ
ilibre du budget annexe lotissement zones industrielles à sa clôture
en partie assuré par la commune
En 2001 et 2004, deux lotissements industriels ont été créés, d’une surface totale de
106 182 m² dont 82 241 m² commercialisables. La comptabilité de cette opération était retracée
dans un budget annexe pour l’isoler du budget principal en termes d’économie et de risque, et
appliquer le régime fiscal correspondant (assujettissement à la TVA). Dès 2008, la chambre
préconisait un transfert de ce budget annexe
vers l’intercommunalité en considération des
statuts de celle-
ci et de l’intérêt communautaire.
Dans le cadre de sa politique de développement économique, la commune avait choisi
de vendre des terrains de ces lotissements industriels à un prix inférieur à leur prix de revient.
Le budget annexe était donc déficitaire, en plus de devoir supporter le remboursement d’un
emprunt. La subvention exceptionnelle du budget principal vers le budget annexe nécessaire au
solde de ce dernier était évaluée au 1
er
janvier 2013 à 879 551,53
€
. I
l a été décidé d’étaler cette
charge sur 5 ans.
Si le coût pour le contribuable pouvait paraître élevé, la commune faisait valoir des
recettes directes (taxe locale d’aménagement d’une société implantée sur son territoire d’un
montant de 258 000
€
pendant 2 ans, reversement de l’intercommunalité de 635
000
€
issu des
excédents du syndicat mixte Vendéopôle Sud Vendée Atlantique, vente de terrains pour
375 000
€) ou indirectes (implantation d’autres entreprises s’appuyant sur les infra
structures
coûteuses de la première tranche). La chambre avait estimé que cet équilibre à moyen terme
reposait a priori sur des hypothèses raisonnables et que les recettes viendraient financer le
déficit et la dette (cf.
rapport d’observations définitives
2014).
Finalement, les recettes avancées par la commune n’ont pas été aussi importantes que
prévues. En effet, les cessions de terrains ont représenté un montant de 312 898
€ à partir de
2013 (au lieu de 375 000
€). D’après l’examen des
fichiers de titres, les bénéfices du syndicat
mixte (c/7488) ont été reversés pour un montant de 300 936
€
entre 2014 et 2017 (au lieu de
635 000
€
). La taxe acquittée par la société précitée
s’est élevée
à 445 965
€ (au lieu de
516 000
€
). Au total, la subvention du budget
principal s’est élevée à 1
101 810
€
.
Par ailleurs,
les cessions n’ayant pas permis de dégager la trésorerie nécessaire au
remboursement de l’intégralité du capital restant dû, l’emprunt a été transféré à la commune
pour un montant de 590 249,83
€
et
à l’
intercommunalité pour un montant de 287 336,27
€.
L’analyse financière du budget principal révèle que la prise en charge de
ce prêt a ralenti le
désendettement de la commune (cf. supra
l’endettement)
. La commune a indiqué que, plutôt
que de conclure un emprunt plus onéreux, cet emprunt avait été transféré car son taux était
intéressant et que les fonds prévus pour son remboursement anticipé à la clôture du budget
annexe avaient été réaffectés.
RAPPORT D’OBSERVATIO
NS DÉFINITIVES
26
Bilan budgétaire dépenses
–
recettes pour le budget principal (e
n €)
Budget principal
Dépenses
Recettes
Fonctionnement
Subvention au BA c/6748
1 101 810
Reversement SMPVA
300 936
Intérêts emprunt BA
30 000
Investissement
TLE Leclerc
445 965
Emprunt BA transféré au BP
590 250
Remboursement emprunt
590 250
Source : comptes administratifs
Ainsi, le choix de la commune de vendre les terrains des zones industrielles à un prix
inférieur à leur prix de revient, réalisant ainsi une moins-value, a fait peser sur le budget
principal une subvention d’équilibre d’un montant total de 1,1
M€ en partie compe
nsée par des
recettes (taxe locale d’équipement et reversements du syndicat mixte).
5.2
L’équilibre incertain du lotissement d’habitations «
Michel Moy »
En 2011, la commune a confié la réalisation d’un lotissement
, dénommé Michel Moy,
à la SEM Vendée expansion,
dans le cadre d’une concession d’aménagement
d’une durée
initiale de 6 ans (article L. 300-
4 du code de l’urbanisme)
: acquisition, études, maîtrise
d’ouvrage des travaux
, vente. Malgré une autorisation de vente des lots accordée en 2012, des
difficultés de commercialisation
se sont fait sentir, pouvant s’expliquer par la concurrence
d’autres programmes à des prix comparables à Luçon où à des prix très inférieurs dans les
communes environnantes. Fin 2018, 9 terrains individuels sur 14 viabilisés restent invendus, ce
qui représente un montant de 325 200
€
TTC et une superficie de 4 089 m², alors que la cession
de ces terrains de la tranche sud est un préalable à
l’aménagement de la tranche
nord,
comprenant 21 parcelles.
Ces difficultés ont entraîné plusieurs participations de la commune. En 2012, une
garantie d’emprunt pour un montant de 113
775
€ a été accordée
à la SEM. Fin 2014, ont été
apportées tout à la fois une «
participation à l’équilibre de 40
000
€
» autorisant une baisse du
prix de vente de 80 à 60
€
par mètre carré de quatre terrains, ainsi qu’une avance de trésorerie
de 180 000
€ pour l’année 2015
au vu d’une trésorerie présentant un solde débiteur de 21
302
€.
En 2016, l’avance de trésorerie de 180
000
€ a été renouvelée. En 2017, la
concession
d’aménagement a été prolongée jusqu’au 31 décembre 2021, date de fin de validité du permis
d’aménager
.
Ainsi, à la fin de l’opération, son équilibre, qui est atteint fin 2018 grâce à une
participation communale pour un montant total de 473 756
€
, est incertain, d
’autant que des
charges fiscales ainsi que d’entretien (environ 11
000
€
TTC par an) existent et que la voie
d’accès aux parcelles non vendues n’est pas encore réalisée.
COMMUNE DE LUÇON
27
Devant le risque, si la commune a bien, à la demande du comptable, provisionné la
somme de 113 775,77
€
correspondant à l’appel en garantie d’emprunt, les avances de
trésorerie, dont le remboursement n’est pas très encadré juridiquement, n’ont pas fait l’objet de
provisions. En conséquence, il serait de bonne gestion pour la commune de provisionner une
somme supérieure, pouvant atteindre 473 755,77
€ (cf.
supra les provisions).
À cet égard, le traité de concession prévoit qu’un éventuel déficit à la clôture sera
assumé par la commune à hauteur de 70 %
. La chambre est d’av
is que les 30 % restants pris en
charge par le concessionnaire peuvent être regardés comme un risque économique lié à
l’opération, représentant une réelle exposition aux aléas de celle
-ci au sens de la règlementation,
à la condition que la garantie d’emprunt et les avanc
es de trésorerie en particulier,
précédemment accordées et qui ont modifié l’économie initiale du contrat,
ne représentent pas
davantage.
En réponse aux observations provisoires, la SEM Vendée expansion a indiqué qu’il était
bien envisagé
, d’une part,
que
la garantie d’emprunt et les avances de trésorerie viennent en
déduction par compensation du prix payé par la commune pour l’achat des terrains aménagés
ou non
, et d’autre part,
que le déficit final, évalué à 45
000 €
, soit pris en charge à hauteur de
30 % par le concessionnaire.
Ainsi, l’opération examinée, lancée au sein d’un marché immobilier morose,
concurrencée par d’autres programmes et comprenant une part importante de surface non
cessible, ne semble pas avoir rencontré le succès escompté. En présence de nombreuses
parcelles encore invendues, semblant appeler une baisse du prix de cession initialement fixé,
l’équilibre financier recherché apparaît compromis. Pour ne pas grever davantage les
finances
communales, la chambre invite la commune à faire s
upporter à l’aménageur la part du risque
lui revenant
2
, ce à quoi elle s’est engagée
.
2
En application de l’
article L. 1121-1 du code de la commande publique, en vigueur au 1
er
avril 2019, «
La part de
risque transférée au concessionnaire
»,
en contrepartie notamment du droit d’exploiter l’ouvrage lorsqu’il s’est vu confier
par
l’autorité concédante l’exécution de travaux, «
implique une réelle exposition aux aléas du marché, de sorte que toute perte
potentielle supportée par le concessionnaire ne doit pas être purement théorique ou négligeable. Le concessionnaire assume
le risque d'exploitation lorsque, dans des conditions d'exploitation normales, il n'est pas assuré d'amortir les investissements
ou les coûts, liés à l'exploitation de l'ouvrag
e (…) qu'il a supportés.
»
RAPPORT D’OBSERVATIO
NS DÉFINITIVES
28
6
LA MAISON DE SANTE PLURI-PROFESSIONNELLE
La commune a construit une maison de santé d’une superficie d’environ 1
000 m
2
, située
place du Grand champ de foire et ouverte au public le 1
er
octobre 2013. Pour suivre cet
investissement d’un montant total de 1,9
M€, en partie subventionné, ainsi que son
fonctionnement, elle a créé un budget annexe.
Le subventionnement de la région, à hauteur du tiers, est conforme à son règlement
d’intervention des 27 et 28 janvier 2011
3
. À noter que ce règlement indique que : « hors
agglomération et en secteur rural, la Région soutiendra prioritairement les projets portés par des
établissements publics de coopération intercommunale ».
Or, bien que le diagnostic territorial de santé identifie des besoins «
à l’échelle du bassin
de vie », au-delà même du territoire intercommunal en zone rurale, littorale et rétro-littorale, le
projet a été porté par la seule ville-centre, contrairement à ce qui est indiqué dans le projet
professionnel où elle apparaissait uniquement comme maître d’œuvre.
La commune a indiqué
qu’il avait été convenu de cette situation au regard, d’une part,
de l’état d’avancement de son
projet, en tant que ville centre de la communauté de communes, dont les autres communes
membres étaient classées en zone caractérisée par une offre de soins insuffisante
, et d’autre
part, de la participation financière de la communauté de communes.
À noter également que la commune a repris ce pro
jet, résultant d’un groupe de travail
réuni à l’initiative de médecins généralistes en 2008 et ayant d’abord réfléchi à un projet privé
4
.
Enfin, si l’agence régionale de santé plaçait le territoire «
hors des zones à risques de
désertification médicale »,
en n’intégrant pas les médecins généralistes exerçant en milieu
hospitalier, le projet vise à anticiper l’augmentation des besoins et le vieillissement de ces
médecins en attirant de nouveaux professionnels recherchant de nouveaux modes d’exercice.
Il n’en reste pas moins que le cadre juridique dans lequel entend se placer l’intervention
immobilière (construction et location) de la commune mériterait d’être clarifié.
En effet, d’une part, le territoire n’a été reconnu en zone caractérisée par une offre de
soins insuffisante
ou des difficultés d’accès aux soins pour la profession de médecin
(art.
L. 1434-4 du code de la santé publique 1° reprenant art. L. 1434-7 du même code) que le
28 décembre 2017, faisant obstacle avant cette date aux « aides destinées à favoriser
l’installation ou le maintien de professionnels de santé
dans [c]es zones », lesquelles doivent au
demeurant être formalisées dans des conventions prévoyant des contreparties (art. L. 1511-8 du
CGCT 1
ère
alinéa).
D’autre part, si la commune a p
u qualifier la maison de santé de maison médicale,
structure de garde pouvant également bénéficier d’aides si elle participe à la permanence des
soins, il ne s’agit pas là du projet financé notamment par l’État et la Région (
art. L. 1511-8 du
CGCT 3
ème
alinéa).
3
Aide régionale de 25 %
des dépenses d’investissement plafonnée à 300
000
€
, cofinancement à hauteur de 20 %
minimum par le maître d’ouvrage public, cumul possible avec les contrats territoriaux, le FEADER, etc.
4
Ce projet priv
é de maison de santé, situé en périphérie, aurait été abandonné à la suite d’une «
mise en garde de la
préfecture » sur les difficultés à pérenniser son fonctionnement.
COMMUNE DE LUÇON
29
Interrogée sur ce point
, l’agence régionale de santé a indiqué pour sa part avoir versé
une dotation du fonds d’intervention régional pour financer l’exercice coordonné des soins et
non des dépenses immobilières (art. L. 6323-5 du code de la santé publique, cf. infra), aide non
conditionnée au
lieu d’implantation
ou la nature publique ou privée du portage du projet.
Le coût d’investissement et le financement de la maison de santé (en €)
Source : commune
Dans le cadre du présent contrôle des comptes et de la gestion à compter de l’exercice
2014, la maison de santé ayant été achevée antérieurement, il a été décidé non pas d’examiner
sa
création (implantation, concertation, information, recueil d’avis, etc.) mais de dresser un
bilan de son fonctionnement.
6.1
Des objectifs atteints
Une maison de santé est « une personne morale constituée entre des professionnels
médicaux, auxiliaires médicaux ou pharmaciens. / Ces professionnels assurent des activités de
soins sans hébergement de premier recours (…) et, le cas échéant, de second recours (…) et
peuvent participer à des actions de santé publique, de prévention, d'éducation pour la santé et à
des actions sociales dans le cadre du projet de santé qu'ils élaborent et dans le respect d'un cahier
des charges déterminé par arrêté du ministre chargé de la santé. (…) / Ce projet de santé est
signé par chacun des professionnels de santé membres de la mais
on de santé. (…)
»
(art. L. 6323-3 du code de la santé publique). La dotation de financement du fonds
d’intervention régional de l’agence régionale de santé, dont peuvent bénéficier les maisons de
santé signataires d’un contrat pluriannuel d’objectifs et d
e moyens, « contribue à financer
l’exercice coordonné des soins
» (art. L. 6323-5 du code de la santé publique). Le règlement
d’intervention de la région fixe également un cadre «
règlementaire » au financement.
Financeurs
Montant de la
subvention
Montant
perçus
Remarques (dispositifs, etc.)
État
300 000
290 000
Dotation d’équipement des territoires ruraux (DETR)
100 000
92 237,42
Fond national d’aménagement et de développement du territoire (FNADT)
Région
300 000
300 000
Contrat territorial sectoriel
300 000
276 960,97
Contrat territorial unique
50 000
49 744,86
FEADER
Département
50 000
50 000
Aide pour création de MSP
42 000
42 000
Aide pour équipement des cabinets médicaux
EPCI
100 000
100 000
Commune
740 000
Emprunts de 715 000
€
Total
1 200 943,25
1 940 943,25 avec financement communal
RAPPORT D’OBSERVATIO
NS DÉFINITIVES
30
6.1.1
Le renouvellement de la couverture de santé
La maison de santé pluri-professionnelle est prévue pour accueillir neuf médecins
généralistes, quatre médecins spécialistes, huit
infirmiers. Aujourd’hui, y sont installés
huit médecins généralistes, dont six depuis peu à Luçon, une dermatologue, une orthoptiste,
récemment arrivée, une psychologue, huit infirmières. Cette composition est conforme au code
de la santé publique et au règlement d’intervention de la région. Ainsi, l’objectif de
renouvellement et d’extension de la couverture de santé, notamment
par des médecins
généralistes, est atteint.
Parmi les facteurs attractifs, on peut citer la situation en centre-ville, à proximité du
centre hospitalier départemental Vendée site Luçon, en zone de revitalisation rurale permettant
de bénéficier d’exonérati
ons fiscales, les facilités de stationnement, des locaux agréables et
réglementaires, notamment en termes d’accessibilité aux personnes en situation de handicap et
de déchets d’activité de soins à risque infectieux (DASRI), des portes distinctes permettant
de
respecter une certaine confidentialité.
Il existe un bureau pour accueillir un stagiaire étudiant en médecine (avec possibilité de
mettre à disposition un logement de fonction par la commune) et au moins un médecin agréé
comme maître de stage par la faculté de médecine.
6.1.2
L’exercice coordonné des soins malgré des actions de santé publique mal
identifiées
L’exercice coordonné, la continuité et la permanence des soins sont notamment assurés
par :
-
une salle de soins commune, une salle de réunion de 60 m
2
et une salle de repos ;
-
des dossiers médicaux partagés ;
-
un secrétariat commun employé par une société civile de moyens (SCM) pour les
médecins généralistes ;
-
une coordination lors des vacances et un planning des présences pour ces derniers ;
-
une gestion des « semi urgences
» en l’absence de rendez
-vous ;
-
l
’accueil de consultations spécialistes de médecine du travail
.
Toutefois, si le projet professionnel prévoit la tenue
de réunions, ainsi qu’une
coordination et différentes tâches de gestion assurées à tour de rôle par les professionnels, aucun
coordonnateur garant des principes régissant la maison de santé n’est
précisément identifié. De
même, si une association « maison de santé Esculape » a bien été déclarée au journal officiel
pour regrouper les professionnels « afin de réaliser des actions de santé publique et de
prévention
», elle n’existe pas pour la commune qui a renvoyé vers la SCM mentionnée
ci-dessus.
COMMUNE DE LUÇON
31
Enfin, de telles actions sont organisées mais ne sont présentées dans aucun document,
lequel pourrait intégrer des indicateurs. Pourtant, la convention de subvention signée le
24 janvier 2013 avec la Région
renferme bien des modalités de suivi et d’évaluation puisque
«
le bénéficiaire s’engage à
transmettre tous les ans (…) un rapport d’activité (…) pendant au
moins trois ans à compter de son ouverture. (…) Le rapport d’activité s’appuiera notamment
sur la méthodologie retenue par le bénéficiaire (…).
». À cet égard, aucun rapport annuel
d’activité n’a été transmis au motif que les financeurs n’en ont pas fait la demande.
En réponse aux observations provisoires, la commune s’est engagée, après consultation
des médecins, à faire apparaître les actions de santé publique menées dans un « document
écrit ».
6.2
Un équilibre financier non atteint
6.2.1
Le coût d’exploitation pour la commune
Le résultat financier de la mise en location des locaux de la maison de santé reste
déficitaire
5
. Les loyers versés couvrent à peine les charges réelles de fonctionnement (charges
générales et frais financiers).
Résultat financier du budget annexe maison de santé
(hors subvention d’équilibre)
(en
€)
2014
2015
2016
2017
2018
charges générales 011
34 035
28 829
31 605
30 770
30 068
autres charges 65
15
frais financiers 6611
21 567
21 293
20 176
19 337
18 333
amortissements 68
15 855
13 729
71 210
61 921
62 403
Total charges d'exploitation
71 457
63 851
122 991
112 043
110 804
charges récupérées 70
812
loyers 75
55 338
57 343
61 238
58 815
61 276
produits exceptionnels 77
17 600
1 672
725
31
subventions transférables 777
37 239
37 031
37 031
Total recettes exploitation
72 938
57 343
100 149
96 571
98 338
Résultat d'exploitation
1 481
- 6 508
- 22 842
- 15 472
-12 466
Source : comptes administratifs
–
budget annexe maison de santé
5
C
e résultat a été calculé comme s’il s’agissait d’une activité économique, en établi
ssant un compte de
résultat théorique. Celui-
ci intègre les dotations aux amortissements et provisions car on peut considérer qu’elles
représentent la ressource que l’exploitation doit dégager annuellement pour financer l’investissement.
Sont
intégrées aus
si les subventions d’investissement versées au résultat pour la même raison, mais de façon inverse.
RAPPORT D’OBSERVATIO
NS DÉFINITIVES
32
Une autre présentation de l’équilibre économique de l’opération, plus classique en
collectivité, est de comparer les loyers versés à l’emprunt souscrit. Ces loyers
, une fois les
charges déduites, ne permettent pas de rembours
er cet emprunt. Une subvention d’équilibre
versée du budget principal vers le budget annexe est alors nécessaire.
Couverture de l’emprunt par les loyers
(en €)
2014
2015
2016
2017
2018
charges réelles
55 602
50 122
51 781
50 122
48 401
produits réels
72 938
57 343
62 910
59 540
61 308
CAF brute
17 336
7 221
11 129
9 418
12 907
remboursement d'emprunt
20 502
26 295
28 373
30 534
31 957
CAF nette
- 3 166
- 19 074
- 17 244
- 21 116
-19 050
Subvention BP vers BA
0
26 200
24 000
24 000
20 000
Source : comptes administratifs
–
budget annexe maison de santé
Interrogée, la commune inclut bien la subvention versée, en plus des loyers perçus, dans
l’équilibre de l’opération et justifie ce choix par l’objectif d’assurer le «
remplissage dans les
meilleurs délais » par « des loyers attractifs » discutés avec les professionnels de santé, sans
présenter de bilan financier autre que les comptes administratifs. L’instruction a permis de
montrer que les loyers fixés se situaient à peu près autour des prix du marché mais que
l’opération ne s’équilibre pas avec un effecti
f au complet.
Si l’objectif d’une collectivité n’est pas, par définition, de « faire des bénéfices » et
si
elle doit veiller à la bonne couverture de son territoire par des activités d’intérêt général, elle
pourrait construire un modèle d’opération plus é
quilibré.
En réponse aux observations provisoires, la commune soutient que le système de
couverture de santé retenu est moins onéreux que d’autres
, comme le recrutement de
professionnels,
et prévoit en 2019 des loyers d’un montant plus élevé s’élevant à
74
958,84 €
(+ 10 %) autorisant un résultat excédentaire et une réduction de la subvention versée du budget
principal au budget annexe maison de santé
. Sans cette hausse, l’équilibre financier n’est pas
atteint.
6.2.2
Une répartition des charges à mieux définir
Le
contrat, signé entre la commune et l’occupant, est un bail professionnel classique
respectant l’article
57 A de la loi n° 86-1290 du 23 décembre 1986 et le code civil. Il met à la
charge du locataire différentes obligations, notamment d’assurance et les travaux d’entretien et
de réparation.
COMMUNE DE LUÇON
33
Le loyer a été défini en fonction de la superficie occupée
. Il est assorti d’un
coefficient
attribué en fonction de l’utilisation des parties communes, mis à part de nombreux espaces
représentant entre 100 et 200 m
2
. Sont également à la charge de la commune le ménage des
locaux, l’eau, le gaz, l’électricité, les abonnements, la maintenance téléphonique et
informatique.
Pourtant, le bail, à la différence du projet professionnel, stipule que les charges sont
incluses dans le loyer, lequel est réévalué annuellement suivant l’indice des loyers des activités
tertiaires (ILAT). La taxe d’enlèvement des ordures ménagères est à
la charge de chaque
professionnel. Aussi, la commune devrait appliquer ces clauses contractuelles et récupérer les
charges liées à l’utilisation des locaux par les professionnels, après avoir identifié dans leur
nature et leur montant ces charges récupérables (entretien, énergie, communication, etc.),
autorisant ainsi leur maîtrise et leur révision. La chambre incite donc la commune à mieux faire
participer les professionnels de santé à l’équilibre financier de l’opération.
Si la commune a donc rempli se
s objectifs, c’est au prix d’un coût annuel de l’ordre de
30 000 à 45 000
€ au sein d’un cadre juridique qui reste incertain.
7
LES SYSTEMES D’INFOR
MATION
Avec la transposition en droit français du règlement européen dit règlement général sur
la protection des données ou RGPD
6
et la modification de la loi dite informatique et libertés
7
,
la commune doit se préparer à l’opposabilité de nouveaux droits et obligations.
Dans sa version
consolidée, le régime juridique de la protection des données prévoit des dispositions essentielles
reprises dans les développements qui suivent.
7.1
Un accompagnement personnalisé par un délégué à la protection des
données « mutualisé »
Après des années « a minima » en matière de règlementation « informatique et
libertés », puisque notam
ment aucun fichier n’était déclaré à la CNIL,
la commune a fait part
d’un «
changement de paradigme ».
Le responsable juridique et patrimoine a rédigé une note ayant abouti à la désignation
obligatoire d’un délégué à la protection des données qui relève d
u syndicat mixte e-collectivités
Vendée. Ce délégué est donc « mutualisé ».
Si ce choix est possible, le RGPD précise qu’il doit tenir compte de la «
structure
organisationnelle » et de la « taille » des autorités publiques
8
.
6
Règlement (UE) 2016/679 du 27 avril 2016 du Parlement européen et du Conseil relatif à la protection des personnes
physiques à l’égard du traitement des
données à caractère personnel et à la libre circulation de ces données.
7
Loi n° 78-
17 du 6 janvier 1978 relative à l’informatique, aux fichiers et aux libertés.
8
Article 37 du RGPD
RAPPORT D’OBSERVATIO
NS DÉFINITIVES
34
La limite initiale liée au nombre important de collectivités suivies par le délégué à la
protection des données relevant de e-collectivités Vendée (entre 150 et 200) semble levée par
le recrutement de deux agents supplémentaires, ce qui porte à trois
le nombre d’agents pouvant
être désignés délégués. Par ailleurs, le transfert de compétences vers le référent RGPD de
chaque collectivité n’est pas exclu.
Le délégué à la protection des données désigné à Luçon a indiqué être intervenu
trois jours au cours du deuxième semestre 2018 auprès du responsable juridique et patrimoine,
désigné référent RGPD, de la direction générale, des différents chefs de service, auxquels une
fiche reprenant les réflexes édités par la CNIL a été distribuée, pour cartographier les
traitements de données personnelles dont les fichiers Excel, mettre à jour le règlement sur le
fonctionnement de la vidéo protection ainsi que les formulaires administratifs, entamer
l’élaboration du registre des activités de traitement
9
sur le logiciel Madis et une procédure de
suppression des données sensibles. Il a également indiqué être intervenu auprès du prestataire
extérieur et de l’hébergeur du site internet.
Lors de l’instruction, le délégué à la protection des données est intervenu pour une
quatrième journée et a présenté le logiciel Madis. Ce logiciel libre, développé pour les
collectivités, apparaît comme un outil complet leur permettant de se mettre en conformité avec
le RGPD, dont il reprend la structure, et de documenter cette conformité.
S’agissant plus particulièrement des formulaires administratifs, celui d’inscription à
l’école reprend l’exemple de mention proposée par e
-collectivités Vendée et renseigne bien sur
les droits des personnes concernées
10
.
Si la commune a indiqué ne pas utiliser de « cookies » sur son site internet, la politique
de confidentialité de celui-ci a été revue (formulaires de contact, abonnement au flux RSS, suivi
de navigation même si la durée de conservation
n’est pas
précisée), de même que son règlement
sur la vidéo protection du 1
er
février 2019 (finalité, règles de conservation et de communication
des images notamment).
Comme elle le reconnaît, il reste à travailler sur les autres formulaires, qui ne contenaient
pas non plus les mentions de la loi dite informatique et libertés. Enfin, le logiciel Madis permet
de prendre en compte l’exercice de leurs droits par les personnes concernées et le cas de
violations de données
11
.
La convention de mise à disposition du 17 avril 2018 signée avec e-collectivités Vendée
r
eprend pour l’essentiel les missions et fonctions du délégué à la protection des données définies
par le RGPD
12
. Elle précise également que le délégué, en plus de présenter un bilan annuel de
son activité, est chargé, « pour le compte de la commune », de :
9
Article 70-14 de la loi dite informatique et libertés et article 30 du RGPD
10
Article 7 de la loi dite informatique et libertés et articles 6 et 7 du RGPD sur le recueil du consentement ; article
32 de la loi dite informatique et liberté et article 13 et
14 du RGPD sur l’obligation d’information du responsable de traitement
;
article 38 de la loi dite informatique et libertés et article 21 du RGPD sur le droit d’opposition
; article 39 de la loi dite
informatique et libertés et article 15 du RGPD sur le dr
oit d’information et d’accès
; article 40 de la loi dite informatique et
libertés et articles 16 à 19 du RGPD sur le droit de rectification, le droit à l’effacement (ou «
droit à l’oubli
») et le droit à la
limitation du traitement ; article 20 du RGPD sur le droit à la portabilité des données ; article 7 du RGPD sur le droit de retrait
du consentement.
11
Articles 39 et 40 de la loi dite informatique et libertés et articles 12 et 19 du RGPD sur l’obligation du responsable
de traitement de notification et communication aux personnes exerçant leurs droits ; articles 33 et 34 du RGPD sur notification
à l’autorité de contrôle et communication aux personnes concernées en cas de violation de données personnelles.
12
Article 38 du RGPD.
COMMUNE DE LUÇON
35
-
«
piloter la production et la mise en œuvre (…) de lignes directrices, de
procédures et de règles pour une protection (…) des données personnelles
» ;
-
«
assurer la bonne gestion des demandes d’exercice de droits, de réclamations et
de requêtes formulées par les personnes concernées » ;
-
«
tenir l’inventaire et documenter les traitements de données à caractère
personnel ».
Par ailleurs, la commune s’engage à «
s’assurer de [l’]accord [du délégué] avant mise
en production de tout nouveau traitement comportant des données personnelles ».
Cette convention fixe un tarif à la journée. Si cela peut apparaître comme un frein pour
les collectivités à faire appel au délégué qu’elles ont désigné, seules sont facturées les
interventions sur place à la différence des courriels échangés, et les collectivités auraient préféré
ce système à une tarification forfaitaire ou à l’augmentation de l’adhésion annuelle pour toutes
les collectivités, même celles n’utilisant pas le service.
La solution retenue par la commune permet d’avoir un délégué ayant à la f
ois des
compétences juridiques et techniques, ce qui est relativement rare, dont le positionnement
départemental extérieur permet d’être entendu. Il apporte également un message de
sensibilisation adapté à l’univers des collectivités.
En conclusion, la commune est bien accompagnée pour se mettre peu à peu en
conformité avec le RGPD. En effet, à travers les outils qu’elle utilise, notamment le système de
vidéo-
protection ou les applications relatives à l’état civil ou aux affaires scolaires, elle traite
de données sensibles nécessitant une analyse approfondie de la législation afin de déterminer
les mesures particulières à prendre (étude d’impact, information renforcée, recueil du
consentement, consultation ou autorisation préalable de la CNIL, etc.).
Toutefois, les rôles doivent demeurer bien identifiés et la commune rester « responsable
de traitement » au sens du RGPD en ne transférant pas au délégué à la protection des données
des obligations lui incombant. Pour ce faire, elle doit s’approprier une stratég
ie informatique et
rester maître des arbitrages et priorités
, ce qu’elle entend
.
À cet égard, la chambre met en garde la commune sur le fait que la production des
« lignes directrices », « procédures » et « règles » en matière de protection des données
personnelles, dont le pilotage est assuré par le délégué à la protection des données dans la
convention de mise à disposition signée avec le syndicat mixte e-collectivités Vendée, ne doit
pas aboutir au transfert de son pouvoir règlementaire, ce qui entachera
it d’incompétence ces
normes.
Par ailleurs, il aurait été souhaitable que cette convention vise le principal prestataire
informatique extérieur puisque celui-ci tient une place importante au sein de la commune et que
les missions du délégué s’étendent au
« sous-traitant » dans le RGPD.
RAPPORT D’OBSERVATIO
NS DÉFINITIVES
36
7.2
Une relation avec le principal sous-traitant à encadrer juridiquement
7.2.1
Le chargé informatique, interface entre les services et le principal prestataire
informatique extérieur
La « fonction » informatique, identifiée par la commune au sein de la direction des
services techniques, est partagée entre un prestataire extérieur et un agent interne en poste
depuis de nombreuses années, chargé des réseaux dans toute leur diversité, ce qui implique
d’être présent sur des sites dispersés et d’être joignable facilement.
L’objectif assigné à la fonction informatique est simple et réside dans le bon
fonctionnement des postes afin que les agents puissent travailler sereinement, notamment sur
les applications métiers.
À cette fin, une réunion hebdomadaire regroupant la direction générale et les services
techniques permet de coordonner cette fonction avec l’action des autres services puis au chargé
informatique de faire l’interface avec le prestataire extérieur
.
7.2.2
La nécessité de contractualiser la relation avec le principal sous-traitant
informatique
Hormis les « logiciels métiers », le principal prestataire extérieur est une société
spécialisée en matière informatique. Entre 2014 et 2017, cela représente des dépenses de
fonctionnement
(prestations de service) et d’investissement (fourniture de matériel) reprises
dans le tableau suivant.
Montant des dépenses payées à AIR informatique (en €/TTC)
Section
2014
2015
2016
2017
2014-2017
Fonctionnement
5 196,45
10 474,80
10 840,60
8 293,60
34 805,45
Investissement
77 824,86
17 118,33
21 475,90
13 580,00
129 999,09
Source : fichiers de mandats 2014-2017
Plus de la moitié de la facturation des prestations de service est relative à la maintenance
des serveurs et la mise à jour des antivirus. Le reste concerne l
’installation et la
configuration
de matériel (postes, copieurs, routeurs, réseaux)
, la réparation d’ordinateurs, la suppression de
fichiers, la mise à jour de systèmes, etc. La commune a précisé que le prestataire intervenait
quand le chargé informatique n’était pas en mesure de traiter la demande ou était absent
.
Le prestataire extérieur intervient également pour l’achat de matériel.
En 2014, une part
importante du parc informatique a été renouvelée auprès de cette société pour un montant total
de 77 824,86
€
.
COMMUNE DE LUÇON
37
Ce montant excédant le seuil alors applicable de 15 000
€
HT, la commune aurait dû
passer un marché public selon la procédure adaptée après évaluation de ses besoins, ce qui peut
lui être recommandé
et ce qu’elle s’est
engagée à réaliser
pour l’avenir (cf.
infra la commande
publique).
Par ailleurs, l’absence de dépassement de ce seuil n’exclut pas la mise en concurrence
informelle de professionnels. Il en est de même s’agissant des prestations de service puisque là
aussi, la commune fait appel au même intervenant extérieur depuis plusieurs années.
Surtout, si la commune justifie l’absence de contrat par le fait qu’il serait «
moins
onéreux de fonctionner à l’intervention
», cela fait obstacle à l’encadrement juridique
de la
relation avec ce sous-traitant. Or, au regard de la place prise par ce dernier au sein des systèmes
d’information de la commune
et en dépit de la production d’une
« attestation de conformité au
RGPD »
, un tel contrat, sur lequel la commune s’est enga
gée à travailler, apparaît nécessaire
tant pour garantir la confidentialité des données auquel il peut avoir accès
13
que pour assurer la
continuité du service et identifier ses missions.
Recommandation n°
3 : encadrer juridiquement par un contrat la relation avec le
principal
prestataire
extérieur
de
services
informatiques
pour
garantir
la
confidentialité des données et la continuité du service.
7.3
Des procédures à mettre en place pour renforcer la sécurité
informatique
7.3.1
La prise en compte de la sécurité logique
La commune, qui a identifié des risques informatiques parmi lesquels la disponibilité
du système, la confidentialité des données et la traçabilité des accès devant être autorisés,
respecte les règles de base de la sécurité logique : stratégie de droits attribués par les
responsables hiérarchiques suivant les services et tâches des agents, habilitations administrateur
limitées, sauvegarde journalière des données sur des serveurs géographiquement distants,
quelques contrôles en cas d’échange de données interf
acées, dispositif de prévention des
intrusions, prise en charge des dysfonctionnements, même s’il n’a pu être vérifié qu’un compte
utilisateur nominatif existait pour chaque agent utilisateur.
13
Voir notamment la délibération de la CNIL n° SAN-2018-001 du 8 janvier 2018 prononçant une sanction financière
à l’encontre de la société Établissements Darty et fils
après avoir considéré que la circonstance que la société fasse appel à un
prestataire sous-traitant ne la décharge pas de son obligation de préserver la sécurité des données traitées pour son compte, en
sa qualité de responsable du traitement.
RAPPORT D’OBSERVATIO
NS DÉFINITIVES
38
Cependant, des procédures
14
pourraient être formalisées à ces différents niveaux pour
reprendre des règles simples mais essentielles (par exemple, création, modification et
suppression des comptes utilisateurs et messageries électroniques dont des agents et élus ne
disposent pas
, droits d’accès aux répertoires parta
gés et applications métiers, utilisation et
suppression des données sensibles
15
, gestion des licences, plan de sensibilisation et formation,
etc.) intégrant des revues et tests à fréquence régulière (par exemple, tests d’intrusion, contrôle
de la qualité des sauvegardes, etc.).
En plus de
documenter la conformité au RGPD, cela permettrait aux actions d’être
davantage suivies et supervisées, particulièrement lorsqu’elles font intervenir un prestataire
extérieur. Il pourrait s’agir d’un élément central dans le recrutement d’un nouveau chargé
informatique suite au départ à la retraite du précédent, ce dont la commune prend acte dans le
cadre d’une réorganisation
.
De même, la commune pourrait saisir l’occasion de la réactualisation
en cours de sa
charte informatique datant de 2004 pour définir les modalités de communication de celle-ci et
approfondir les thématiques de protection des données personnelles et de sécurité informatique
que cette charte aborde déjà, en plus d’articuler les droits et obligations des a
gents en matière
d’utilisation des outils informatiques (par exemple, consignes sur les mots de passe et
l’utilisation des messageries personnelles).
À cet égard, la chambre encourage la commune dans sa démarche visant à diagnostiquer
les risques attachés aux outils dits nomades et aux connexions wifi public, avant d’étendre ces
pratiques.
7.3.2
La nécessaire amélioration de la sécurité physique
Ainsi, la sécurité physique gagnerait à être améliorée pour protéger les bases de
données, notamment sensibles, identifiées par la commune.
L
’accès aux pièces abritant les serveurs
internes, au sein de
l’hôtel de ville et
du forum
des services,
n’est pas totalement sécurisé
,
bien qu’ils reçoivent du
public, et malgré la présence
des agents pendant les heures d’ouverture
.
Les locaux sont climatisés, équipés d’une alarme
température et mis hors d’eau uniquement pour le local de la mairie, et les
serveurs disposent
d’onduleurs.
Surtout, la pièce dédiée du forum des services regroupe des serveurs de la commune
mais aussi ceux d’autres entités faisant appel à des prestataires différents, ce qui pos
e un réel
problème de sécurité
, en dépit d’
« attestations de conformité au RGPD » demandée par la
commune à ces prestataires.
En externe, la commune a indiqué devoir régulièrement faire face à des pannes avec les
stations nationales gérant les
carte nationale d’identité
,
non équipées d’onduleurs.
14
Article 34 de la loi dite informatique et libertés
14
et article 32 du RGPD sur l’obligation du responsable de traitement
de mettre en place des mesures de sécurité.
15
Article 5 du RGPD à concilier avec les règles
d’archivage
.
COMMUNE DE LUÇON
39
Selon la commune qui ne produit toutefois pas de contrat, les serveurs extérieurs
enregistrant les données de la police et de la vidéo-protection font
l’objet d’une certification
de
sécurité, comme les autres serveurs externes hébergeant les messageries et les applications
relatives aux affaires scolaires et au centre de loisirs.
À cet égard, d
es clauses d’accessibilité
des serveurs, de confidentialité et de destruction
des données en fin de prestation
sont prévues par le contrat relatif à l’hébergement de ces
dernières applications.
Le renforcement de la sécurité
implique enfin l’encadrement de l’utilisation des outils
dits nomades (portables, smartphones, tablettes, etc.). À cette fin, la commune pourrait fiabiliser
l’inventaire de son matériel informatique et prévoir dans ses procédures le suivi et la restitution
de ceux de ces outils mis à disposition (agents, élus, écoles, associations, etc.).
En réponse aux
observations provisoires, la commune a indiqué souhaiter formaliser peu à peu ses procédures
sans alourdir ses charges de personnel.
8
LA COMMANDE PUBLIQUE
Lors du présent contrôle, ont été examinés : les achats sans référence à un numéro de
marché et le marché de travaux de voirie le plus important attribué.
8.1
Quelques achats ne respectant pas les règles de la commande publique
Comme vu précédemment, l’achat d
e matériel auprès de la société informatique
précitée, qui représente environ 130 000
€
sur la période 2014-2017, dépasse le seuil alors
applicable de 15 000
€
HT en 2014, ce qui aurait dû appeler la commune à passer un marché
public selon la procédure adaptée, avec publicité et mise en concurrence, après évaluation
globale de ses besoins intégrant les demandes du service scolaire, ce qui n’a pas été le cas
mais
ce qu’elle s’est engagée à réaliser pour l’avenir
(cf.
supra les systèmes d’information)
(article 5
et article 27 du code des marchés publics alors en vigueur).
D’autres achats, dépassant les seuils, auraient également
dû être passés avec le même
formalisme : écran géant de 20 m
2
en 2015 et 2016 auprès du Vendée Luçon Football pour un
montant total de 70 000
€ (acheté 80
000
€ par le club, revendu par la commune 56
000
€ après
deux ans), columbarium en 2016 pour un montant de 36 191
€, travaux de sécurisation des
établissements scolaires en 2017 pour un montant total de 38 151
€.
Concernant
l’écran géant, la commune a indiqué avoir préféré l’achat de cet équipement
devenu obsolète pour le club, avec l’objectif non attein
t de le revendre à court terme, au
versement d’une subvention nécessaire pour éviter le dépôt de bilan de l’association et dont le
montant aurait été supérieur à la perte constatée. Ainsi, cet achat ne correspond pas à un besoin,
et contourne en outre les règles de subventionnement.
RAPPORT D’OBSERVATIO
NS DÉFINITIVES
40
Concernant le nouveau columbarium et la sécurisation des établissements, la commune
a invoqué respectivement un « souci esthétique
d’harmonisation
paysagère » et non technique,
ainsi que
l’urgence Toutefois, elle n’a pas
démontré
s’être trouvée dans un des cas énumérés
par la réglementation lui permettant de s’affranchir d’une publicité préalable et d’une mise en
concurrence (article 35 du code des marchés publics repris par article 30 du décret n° 2016-360
du 25 mars 2016 relatif aux marchés publics alors en vigueur).
8.2
Le marché de travaux de voirie passé en 2016
Entre 2014 et 2018, la voirie (voirie, équipement urbain, rénovation du centre-ville et
des abords de la piscine) constitue de loin le premier investissement (cf.
supra l’investissement).
Pour ces travaux, la commune a passé deux marchés à bons de commande (article 77 du code
des marchés publics alors en vigueur). Le premier de 2012 ayant été examiné lors du précédent
contrôle, ce sont les conditions d’attribution en 2016 et d’exécution en 2016 et 2017 du
deuxième qui ont été contrôlées. Fin 2017, les factures établies par le titulaire en référence à ce
marché s’élèvent à 1
,1
M€.
N’appellent pas de commentaire notamment le formalisme adopté (procédure adaptée)
répondant au montant du marché, le délai de publicité, la compétence du signataire du marché
ayant reçu délégation, le respect des montants initialement fixés au stade de l’exécution
(montant annuel maximal de 1 000 000
€
HT). En revanche, les éléments suivants appellent des
observations.
8.2.1
Un critère prix qui aurait pu se baser sur une meilleure évaluation des besoins
au stade de l’analyse des offres
Malgré l’intérêt des entreprises pour la consultation (15
dossiers retirés), deux dossiers
ont été déposés.
L’ana
lyse des offres a été réalisée par le service des marchés publics pour la
vérification des pièces administratives et par le service voirie des services techniques pour le
jugement des offres. L’offre la mieux
disante a été recherchée à partir des critères de la valeur
technique pour 60 % et du prix pour 40 %. Les candidats ayant recueilli la note maximale de
10 sur le critère technique, le critère prix a permis de les départager.
S’agissant d’un marché à
bons de commande, ce dernier critère a été analysé à
partir d’un bordereau de prix unitaires et
de bons de commande tests.
COMMUNE DE LUÇON
41
Un bordereau de prix unitaires ne prévoyant pas tous les matériaux et prestations
utilisés
Le bon de commande n° 5 inclut des matériaux et prestations dont les références qui
signifient « prix nouveaux » (« PN1 » à «
PN19 ») n’ont pas de correspondance dans le
bordereau de prix unitaires (BPU) du marché de 2016. D’autres bons de commandes passés en
2016 en 2017 incluent également des « prix nouveaux » sans correspondance dans le BPU. Cela
représente 19 produits et 20,7 % du montant des neuf premiers bons de commande passés en
2016 et 2017 (cf.
annexe). Aucun avenant n’a été passé pour
cinq de ces produits, la commune
indiquant que cette situation serait régularisée.
Un bordereau de prix unitaires test peu représentatif des travaux réalisés
L’équipe de contrôle a examiné la pertinence du bordereau de prix unitaires test, d’un
montant total de 1,94
M€, par rapport à un échantillon représentatif des
neuf premiers bons de
commande passés et payés entre mi-2016 et fin 2017 (18 mois), pour un montant total de
1,14
M€. Des anomalies flagrantes sont apparues. Par exemple, les enrobés bitumineux
constituent 53 % du BPU test. Or ils ne représentent que 7,9 % des neuf bons de commandes
passés. À contrario, différents produits, qui ne constituaient que 3,3 % du BPU test, représentent
43 % des neuf bons de commandes passés. Les bons de commandes test sont également peu
représentatifs des travaux réalisés.
En réponse aux observations provisoires, la commune a indiqué que les réunions de
riverains et les
préconisations de l’architecte des bâtiments de
France, ne pouvant être
anticipées,
expliquaient l’existence de matériaux nouveaux ou utilisés dans des proportions
différentes de celles prévues, et q
u’elle serait attentive aux constats de la chambre pour l’avenir.
8.2.2
Des erreurs dans l’application du bordereau de prix unitaires traduisant une
déficience du contrôle
Les quatre premiers bons de commande n° 1 à 4 passés en octobre et novembre 2016
dans le cadre du nouveau marché de 2016 ont été établis sur la base du bordereau de prix
unitaires du précédent marché de 2012.
Par ailleurs, le bon de commande n° 5 passé en avril 2017 renferme une erreur sur la
référence et par suite le prix unitaire du béton désactivé, qui est le principal composant de ce
bon de commande, dès lors que la surface du chantier de 4 150 m
2
n’était pas inférieure mais
supérieure à 50 m
2
. Le surcoût versé par la commune à la société Eiffage représente
17 845,00
€
HT.
RAPPORT D’OBSERVATIO
NS DÉFINITIVES
42
La commune a émis un titre de recette à l’encontre de la société pour récupérer les
sommes indues. Il
n’en reste pas moins que ces erreurs traduisent une déficience du contrôle
,
lequel suit pourtant la chaîne suivante : bon de commande test établi par les services techniques
et validé par un élu, engagement en comptabilité du bon de commande validé par la direction
générale et signé par l’adjoint délégué, réception des travaux v
isée par le responsable des
services techniques et signée par l’élu, validation de la facture par le responsable des services
techniques. Cela pourrait plaider en faveur du renforcement du service finances et marchés
publics qui a été resserré (cf. supra la « fonction » finances), constat sur lequel la commune
s’accorde en projetant de recruter un juriste et de systématiser le contrôle par ce service des prix
appliqués dans les bons de commande voirie.
Recommandation n°
4 : rendre effectif le contrôle en matière de passation et
d’exécution des marchés publics
Chambre régionale des comptes Pays de la Loire
25, rue Paul Bellamy
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Adresse mél.
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des Pays de la Loire
sont disponibles sur le site :
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