Rapport d’observations définitives
COMMUNAUTE D’AGGLOMERATION DE LA REGION
DE DIEPPE
VOLET 1 : SERVICE PUBLIC D’ASSAINISSEMENT
NON COLLECTIF (SPANC)
(Seine Maritime)
Exercices 2010 et suivants
Observations délibérées le 14 octobre 2016
SOMMAIRE
SYNTHÈSE
..............................................................................................................................
1
OBLIGATIONS DE FAIRE
.......................................................................................................
2
PRINCIPALES RECOMMANDATIONS
..................................................................................
3
I -
RAPPEL DE LA PROCÉDURE
........................................................................................
3
II -
PRÉSENTATION DE DIEPPE-MARITIME
.......................................................................
4
A -
Une communauté d’agglomération de création assez récente
............................................
4
B -
La compétence assainissement
..............................................................................................
5
1 -
Une compétence transférée dès l’origine
...............................................................................................
5
2 -
Une compétence aux contours changeants
............................................................................................
5
3 -
Une compétence à géométrie variable
...................................................................................................
7
4 -
Des sources juridiques dispersées et des normes peu stables
..............................................................
7
III -
LE PILOTAGE DU SERVICE
...........................................................................................
7
A -
La mise en place du service et l’identification des installations d’assainissement
...........
7
1 -
Le statut du service
.................................................................................................................................
8
2 -
Le règlement du service d’assainissement non collectif
.........................................................................
8
3 -
Le pouvoir de police
................................................................................................................................
9
4 -
La planification de l’assainissement, une double obligation appréhendée globalement
.......................
10
5 -
Un zonage incomplet
............................................................................................................................
11
6 -
Un diagnostic débouchant sur un plan d’investissement susceptible de réduire le nombre d’assujettis
à l’ANC
.................................................................................................................................................
11
B -
Les moyens du service
...........................................................................................................
12
1 -
Les moyens propres
.............................................................................................................................
12
2 -
La non-assistance technique du département de la Seine-Maritime
....................................................
12
3 -
L’assistance technique du syndicat interdépartemental de l’eau
..........................................................
13
4 -
Le soutien financier de l’agence de l’eau Seine-Normandie
.................................................................
13
IV -
L’EXERCICE DES MISSIONS
........................................................................................
14
A -
Le contrôle des installations
..................................................................................................
14
1 -
Le contrôle des installations existantes
................................................................................................
14
2 -
Le contrôle de conception des installations neuves ou à réhabiliter, et d’exécution des travaux
..........
17
3 -
L’obligation de travaux des installations diagnostiquées
......................................................................
19
4 -
L’absence de suivi des installations soumises à travaux
......................................................................
21
B -
Les compétences optionnelles : entretien, travaux et traitement des boues
...................
21
1 -
Les études
............................................................................................................................................
22
2 -
Les travaux
...........................................................................................................................................
22
3 -
L’entretien des installations
..................................................................................................................
23
V -
LA FORMATION DU PRIX DU SERVICE D’ANC ET SON EQUILIBRE FINANCIER .. 24
A -
Rappel du droit
........................................................................................................................
24
1 -
La fixation de la redevance : un processus chaotique et, au final, irrégulier
.........................................
24
2 -
Tous les redevables ne paient pas la bonne redevance
.......................................................................
26
B -
Les comptes du SPANC
..........................................................................................................
27
1 -
Des comptes isolés dans un budget annexe
........................................................................................
27
2 -
L’information financière et la fiabilité des comptes
...............................................................................
27
3 -
L’équilibre des comptes
........................................................................................................................
28
VI -
LA RELATION AVEC LES ELUS ET LES USAGERS
..................................................
29
A -
La commission consultative des services publics locaux
.................................................
29
B -
Le rapport annuel sur le prix et la qualité du SPANC
..........................................................
29
1 -
L’adoption du rapport et sa diffusion
.....................................................................................................
29
2 -
Le contenu du rapport
...........................................................................................................................
30
C -
Le pouvoir de police du président
.........................................................................................
30
ANNEXE
................................................................................................................................
32
Rapport d’observations définitives de la chambre régionale des comptes de Normandie sur la gestion de la communauté
d’agglomération de la région de Dieppe – Volet 1 : service public d’assainissement non collectif (SPANC)
1
SYNTHÈSE
Depuis sa création, le 1
er
janvier 2003, la communauté d’agglomération de la
région de Dieppe (Dieppe-Maritime) est en charge de l’assainissement des seize communes
qui la composent. À ce titre, elle est chargée de gérer l’assainissement collectif et
l’assainissement non collectif.
Le service de l’assainissement non collectif de Dieppe-Maritime a été créé le
1
er
janvier 2006. Sa mise en place effective a été très progressive, puisque les communes ne
disposaient pas, à cette date, d’un tel service susceptible d’être transféré à la communauté
d’agglomération. Dieppe-Maritime a donc dû recruter le personnel qualifié puis, en décembre
2008, adopter un règlement de service. Ce règlement fixe la fréquence des contrôles à
10 ans, soit le maximum prévu par la loi.
Conformément à la loi, Dieppe-Maritime a adopté un schéma directeur
d’assainissement et un zonage définissant les zones d’assainissement collectif et les zones
d’assainissement non collectif. Ce zonage aurait toutefois dû comprendre les zones
concernées par le risque d’inondation par les eaux pluviales. Il devra donc être complété,
a
fortiori
si, comme elle en a le projet, la communauté d’agglomération se dote d’un schéma de
gestion des eaux pluviales.
La loi prévoit le transfert concomitant du pouvoir de police au président de
l’établissement mais réserve aux maires la possibilité de s’y opposer. C’est le choix fait par les
maires de Dieppe et de Tourville-sur-Arques, au cours du précédent mandat, ce qui a conduit
le président de Dieppe-Maritime à y renoncer pour l’ensemble des communes. À la suite des
élections municipales de mars 2014, cette opposition n’a pas été renouvelée dans les six mois
prévus par la loi. Le pouvoir de police de l’assainissement a donc été transféré au président
de Dieppe-Maritime pour l’ensemble des communes membres.
L’équilibre financier du service
Le service d’assainissement non collectif est un service public de nature
industrielle et commerciale (SPIC). Il doit donc être financé par une redevance payée par les
usagers et s’équilibrer en recettes et dépenses.
Depuis le 1
er
janvier 2015, le service est financé par une redevance générale qui
couvre les frais de service et le coût du contrôle diagnostic décennal, deux redevances
contrôle de conception, une redevance contrôle dans le cadre d'une vente et une redevance
pour l’entretien des installations.
Contrairement à ce que prévoit le code général des collectivités territoriales
(CGCT), la redevance générale n’a pas été fixée en tenant compte de la situation, de la nature
et de l'importance des installations. Par ailleurs, le montant de ces redevances doit être fixé
par l’assemblée délibérante et non par le président de la communauté d’agglomération,
comme cela a été fait en décembre 2014.
En revanche, ni le montant de la redevance générale, ni celui des redevances
particulières n’appellent d’observations.
L’exercice des missions
La principale mission du service consiste à contrôler les installations
d’assainissement et inciter les propriétaires à les mettre aux normes lorsque celles-ci
présentent des risques pour la santé ou l’environnement. Ainsi, l’ensemble des installations
existantes devaient être diagnostiquées avant le 31 décembre 2012.
Rapport d’observations définitives de la chambre régionale des comptes de Normandie sur la gestion de la communauté
d’agglomération de la région de Dieppe – Volet 1 : service public d’assainissement non collectif (SPANC)
2
Confiée à une entreprise privée, la première campagne de contrôle s’est déroulée
en 2009 et 2010 et a permis de contrôler 930 des 1 009 installations recensées.
Postérieurement à cette première campagne, Dieppe-Maritime a contrôlé 48 installations,
principalement dans le cadre d’une vente d’habitation. Au regard des sites identifiés, le taux
de contrôles paraît approcher les 95 %. En réalité, rapporté au nombre d’usagers
potentiellement assujettis à l’assainissement non collectif, ce taux pourrait être seulement de
44 %. En effet, faute d’une base de données complète et fiable, recensant précisément tous
les sites soumis à l’assainissement non collectif, Dieppe-Maritime n’est pas en mesure de
s’assurer que tous les sites ont été effectivement diagnostiqués.
Les contrôles opérés ont permis d’identifier 84 sites présentant un danger pour la
santé et 477 présentant un risque pour l’environnement. Toutefois, sur ces 477 installations,
436 doivent être recontrôlées pour déterminer celles qui sont effectivement soumises à
obligation de travaux, la réglementation ayant évolué depuis la date à laquelle le diagnostic a
été réalisé.
L’état des installations (ou l’absence d’installation) devrait logiquement conduire
Dieppe-Maritime à mettre en place un suivi rigoureux des installations devant faire l’objet de
travaux, à relancer les propriétaires et à les mettre en demeure lorsqu’ils n’obtempèrent pas.
Or, jusque-là, l’établissement s’est contenté de proposer aux propriétaires soumis à travaux
d’exercer la maîtrise d’ouvrage à leur place et d’instruire les projets de mise aux normes. Il ne
procède donc à aucune relance, ni à aucune mise en demeure, y compris lorsque l’habitation
est dépourvue de toute installation.
Au titre de ses missions obligatoires, Dieppe-Maritime assure également le
contrôle de conception qui consiste à contrôler les projets de réhabilitation des installations,
puis la bonne exécution des travaux. Entre 2010 et 2015, 91 contrôles de projet ont été
réalisés, ainsi que 32 contrôles d’exécution des travaux.
Au titre de ses missions optionnelles, Dieppe-Maritime assure, avec l’accord des
propriétaires, le suivi et la réhabilitation des installations et leur entretien. Cette mission,
proposée à 120 particuliers, s’est limitée à l’étude de 60 projets et à la réhabilitation de
13 installations. Pour un nombre important d’usagers, le prix des travaux semble constituer un
obstacle à la mise en conformité de leur installation.
Au final, parmi les 561 installations potentiellement les plus dangereuses, 13 ont
été accompagnées par le service, en vue de leur mise aux normes. Pour les autres, le service
ignore, à quelques exceptions près, si les travaux ont été réalisés, et n’a procédé à aucun
suivi, ni à aucune mise en demeure de réaliser les travaux.
Dix ans après sa création, et après huit années de fonctionnement, le bilan du
service est donc peu satisfaisant. Cette performance, d’autant plus surprenante que
l’établissement est engagé dans une démarche de développement durable, est le résultat du
choix de ne pas utiliser les moyens susceptibles de faire évoluer les comportements et d’inciter
les assujettis à réaliser les travaux de réhabilitation des installations les plus dangereuses.
OBLIGATIONS DE FAIRE
1 -
Placer le service de l’assainissement non collectif sous le statut de régie.
2 -
Compléter le zonage de l’assainissement non collectif.
3 -
Réserver à l’assemblée délibérante la compétence pour fixer le montant de la
redevance.
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d’agglomération de la région de Dieppe – Volet 1 : service public d’assainissement non collectif (SPANC)
3
4 -
Modifier les modalités de fixation du montant de la redevance pour tenir compte de la
situation, de la nature et de l’importance des installations.
5 -
S’assurer que les assujettis payent la redevance à laquelle ils doivent être soumis.
6 -
Compléter les informations délivrées par le rapport annuel sur la qualité du service et
respecter les délais de présentation dudit rapport.
PRINCIPALES RECOMMANDATIONS
7 -
Adopter un schéma de gestion des eaux pluviales.
8 -
Équiper le service des outils lui permettant de constituer une base de données complète
et fiable des assujettis.
9 -
Réaliser sans délai le diagnostic des installations non contrôlées.
10 -
Diffuser l’information relative aux obligations des assujettis au service d’assainissement
non collectif, en s’appuyant sur les services communaux et sur les organismes
professionnels.
11 -
Assurer le suivi et la relance des assujettis soumis à l’obligation de travaux.
12 -
Constituer des provisions pour faire face aux diagnostics futurs.
I -
RAPPEL DE LA PROCÉDURE
La chambre a inscrit à son programme de travaux l’examen de la gestion et des
comptes de la communauté d’agglomération de la région de Dieppe, dénommée
« Dieppe-Maritime » dans la suite du rapport.
Cet examen de gestion comporte plusieurs volets : le service public
d’assainissement non collectif, la situation et les perspectives financières de l’établissement
et la gestion des ressources humaines. Le premier est traité à part, les deux autres sont réunis
dans un cahier commun. Le présent document porte sur le service public de l’assainissement
non collectif. L’examen de ce thème s’inscrit dans le cadre d’une enquête pilotée
conjointement par la Cour et les chambres régionales des comptes.
Par lettres en date du 25 janvier 2016, le président de la chambre a informé
M. Jean-Jacques Brument, président de Dieppe-Maritime depuis mars 2014 et M. Patrick
Boulier, président de Dieppe-Maritime de mars 2008 à mars 2014, de l’ouverture de ce
contrôle. L’entretien de fin de contrôle, prévu à l’article R. 241-8 du code des juridictions
financières, a eu lieu le 4 mai 2016 avec M. Brument et le 10 mai 2016 avec M. Boulier.
Lors de sa séance du 20 mai 2016, la chambre a arrêté ses observations
provisoires. Elles ont été communiquées dans leur intégralité à M. Jean-Jacques Brument,
président en fonctions. Des extraits ont été adressés à M. Patrick Boulier, ancien président de
Dieppe-Maritime, à M. Sébastien Jumel, maire de Dieppe, à M. Lionel Avisse, maire de
Tourville-sur-Arques, à M. Pascal Martin, président du conseil départemental de la
Seine-Maritime et à M. Olivier Bret, directeur de la compagnie fermière des services publics.
M. Jean-Jacques Brument y a répondu par courrier enregistré le 29 juillet 2016, M.
Pascal Martin par courrier enregistré le 3 août 2016, M. Olivier Bret par courrier enregistré le
11 août 2016 et M. Sébastien Jumel par courrier enregistré le 21 septembre 2016.
Après avoir entendu le rapporteur et pris connaissance des conclusions du
procureur financier, la chambre a arrêté, le 14 octobre 2016, le présent rapport d’observations
définitives.
Rapport d’observations définitives de la chambre régionale des comptes de Normandie sur la gestion de la communauté
d’agglomération de la région de Dieppe – Volet 1 : service public d’assainissement non collectif (SPANC)
4
Le rapport a été communiqué au président en fonctions et à son prédécesseur le
25 octobre 2016. Ce rapport, auquel est jointe la réponse de M. Jean-Jacques Brument,
enregistrée au greffe de la chambre le 24 novembre 2016, devra être communiqué par le
président en fonctions à son assemblée délibérante. En effet, l’article R. 241-18 du code des
juridictions financières dispose qu’ «
à réception du rapport d’observations définitives, la
collectivité ou l’établissement public concerné fait connaître à la chambre régionale des
comptes la date de la plus proche réunion de l’assemblée délibérante ou de l’organe collégial
de décision et communique, en temps utile, copie de son ordre du jour. »
Il fera l'objet d'une
inscription à l'ordre du jour, sera joint à la convocation adressée à chacun de ses membres et
donnera lieu à un débat.
La loi n° 2015-991 du 7 août 2015 a introduit un nouvel article du code des
juridictions financières rédigé comme suit :
« Art. L. 243-7.-1- Dans un délai d’un an à compter
de la présentation du rapport d’observations définitives à l’assemblée délibérante, l’exécutif de
la collectivité territoriale ou le président de l’établissement public de coopération
intercommunale à fiscalité propre présente, dans un rapport devant cette même assemblée,
les actions qu’il a entreprises à la suite des observations de la chambre régionale des comptes.
Ce rapport est communiqué à la chambre régionale des comptes, qui fait une synthèse
annuelle des rapports qui lui sont communiqués. Cette synthèse est présentée par le président
de la chambre régionale des comptes devant la conférence territoriale de l’action publique.
Chaque chambre régionale des comptes transmet cette synthèse à la Cour des comptes en
vue de la présentation prescrite à l’article L.143-10-1. »
Dans ce cadre, Dieppe-Maritime voudra bien notamment préciser les suites qu’elle
aura pu donner aux recommandations qui sont formulées dans le rapport d’observations, en
les assortissant des justifications qu’il lui paraîtra utile de joindre, afin de permettre à la
chambre d’en mesurer le degré de mise en oeuvre.
Ce rapport sera, ensuite, communicable dans les conditions prévues au livre III du
code des relations entre le public et l’administration.
II -
PRÉSENTATION DE DIEPPE-MARITIME
A -
Une communauté d’agglomération de création assez récente
Les conditions de création de la communauté d’agglomération Dieppe-Maritime
ont été difficiles, notamment parce que les coopérations intercommunales antérieures étaient
peu développées et très fragmentées.
La communauté d’agglomération a été créée par arrêté préfectoral du
28 décembre 2002 mais l’établissement n’a véritablement commencé à fonctionner qu’en 2004
et, comme tout était à construire, son développement a été progressif.
Dieppe-Maritime
rassemble
16
communes,
pour
une
population
de
49 373 habitants, soit 66,9 % de la population de l’aire urbaine. Elle est ainsi l’une des plus
petites communautés d’agglomération de France.
Rapport d’observations définitives de la chambre régionale des comptes de Normandie sur la gestion de la communauté
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5
B -
La compétence assainissement
1 -
Une compétence transférée dès l’origine
Le service public de l’assainissement non collectif (ANC) se définit par opposition
au service d’assainissement collectif (AC) qui est schématiquement constitué d’un réseau
souterrain de canalisations acheminant les eaux usées jusqu’à une station d’épuration
permettant de les nettoyer avant leur rejet dans la nature. Dès lors qu’un site rejetant des eaux
usées ne peut être raccordé au réseau d’assainissement collectif, il a l’obligation de s’équiper
de son propre système d’assainissement pour épurer ses eaux usées avant de les rejeter dans
la nature (infiltration dans le sol ou rejet dans le milieu naturel hydrologique superficiel, c'est-
à-dire les fossés et les cours d’eau). En obligeant les usagers non raccordés à traiter leurs
eaux usées, le service d’assainissement vise donc à prévenir toute pollution des sols et des
eaux de surfaces et souterraines et, ce faisant, à ne pas porter atteinte à la salubrité et à la
santé publique.
Le service public de l’assainissement non collectif est chargé de conseiller et
d’accompagner les particuliers dans la mise en place de leur installation d’assainissement et
de contrôler ces installations. Pour y parvenir, le service doit disposer d’un recensement précis
et actualisé des sites concernés, c'est-à-dire de ceux qui disposent d’une installation (ou d’une
filière) et de ceux qui en sont dépourvus.
La loi n° 2006-1772 du 30 décembre 2006 sur l’eau et les milieux aquatiques
(LEMA) précise que les communes sont compétentes en matière d’assainissement des eaux
usées et sont chargées du contrôle des installations d’assainissement. Elle ajoute que cette
compétence peut être transférée à un établissement public de coopération intercommunale
(EPCI).
L’assainissement n’est pas une compétence obligatoire des communautés
d’agglomération, seulement une compétence optionnelle
1
mais dès lors qu’elle lui est
déléguée, l’établissement intercommunal assure la totalité de cette compétence,
c'est-à-dire l’assainissement collectif et non collectif. La compétence assainissement ne se
scinde pas, il n’est donc pas nécessaire de borner la compétence de la communauté en
définissant un quelconque intérêt communautaire.
Dieppe-Maritime a reçu cette compétence dès sa création, c’est-à-dire à compter
du 1
er
janvier 2003, mais dans des termes peu précis : «
En matière d’eau et
d’assainissement : définition d’une politique communautaire en recherchant à optimiser
l’exploitation des équipements existants ou à créer pour faire face à l’évolution de la
réglementation et pour atteindre une juste répartition des services et des charges entre tous
les habitants de la communauté (traitement des boues, assainissement non collectifs …), ceci
en tenant compte du facteur lié à chaque zone.
»
Cette définition a nécessité une mise au point en décembre 2003, par arrêté
préfectoral, afin de préciser que la compétence déléguée est totale et non soumise à la
définition d’un intérêt communautaire.
2 -
Une compétence aux contours changeants
La loi du 12 juillet 2010 a rebaptisé la compétence assainissement en la limitant
aux eaux usées et en y intégrant la gestion des eaux pluviales lorsque «
des mesures doivent
être prises pour assurer la maîtrise de l'écoulement des eaux pluviales ou des pollutions
apportées au milieu.
»
1
Pour les communautés d’agglomération, l’assainissement et l’eau deviendront des compétences obligatoires le 1
er
janvier 2020.
Rapport d’observations définitives de la chambre régionale des comptes de Normandie sur la gestion de la communauté
d’agglomération de la région de Dieppe – Volet 1 : service public d’assainissement non collectif (SPANC)
6
L’article 156 de la loi du 12 juillet 2010 précisait que : «
les communautés
d’agglomération assurant, à la date de la promulgation de la présente loi, des compétences
dans le domaine de l’assainissement, à l’exception des eaux pluviales, délibèrent sur la
délimitation des zones mentionnées au 2° du II de l’article L. 5216-5 du CGCT avant le
1
er
janvier 2015.
» Dieppe-Maritime aurait donc dû délibérer avant le 1
er
janvier 2015 pour
délimiter ces zones, ce qu’elle n’a pas fait. Le zonage AC ANC avait été arrêté en mars 2013.
Dieppe-Maritime n’a donc pas cru utile d’y revenir.
En revanche, elle a délibéré le 16 décembre 2014 pour prendre la compétence
gestion des eaux pluviales, alors qu’elle n’avait pas formellement à le faire, d’autant que cette
prise de compétence n’a pas été adoptée dans les mêmes termes par les communes
concernées et qu’elle ne s’est pas traduite par une modification des statuts.
La loi du 7 août 2015 a de nouveau modifié le libellé de la compétence
assainissement, redevenue « assainissement », sans référence ni aux eaux usées, ni aux
eaux pluviales. Cette simplification s’explique par le choix du législateur de confier aux
communautés d’agglomération, à compter du 1
er
janvier 2018, la gestion des milieux
aquatiques et la prévention des inondations, extension qui engloberait la gestion des eaux
pluviales.
L’article L. 2226-1 du code général des collectivités territoriales (CGCT) définit la
gestion des eaux pluviales. Cette compétence vise à assurer la collecte, le transport, le
stockage et le traitement des eaux pluviales urbaines. À la différence de l’assainissement, la
gestion des eaux pluviales est un service public administratif. Il est donc financé par l’impôt et
non par une redevance.
En l’état actuel du droit, cette définition restera inchangée le 1
er
janvier
2018 lorsque les communautés d’agglomération devront prendre la compétence gestion des
milieux aquatiques et prévention des inondations.
Pour Dieppe-Maritime, la gestion des eaux pluviales revêt, au-delà du zonage
précité, un double enjeu :
-
dans certaines zones, les réseaux ne sont pas séparatifs, les eaux pluviales et
usées se mélangent et se déversent occasionnellement dans le port de Dieppe ;
et certains assujettis à l’ANC déversent leurs eaux usées dans ces réseaux,
sans traitement ;
-
plusieurs communes de l’agglomération, dont la commune de Dieppe
2
, ont
adopté un schéma de gestion des eaux pluviales ; cette démarche est
généralement combinée à l’adoption de leur plan local d’urbanisme (PLU) ;
l’intérêt d’un tel schéma est incontestable, il permet notamment d’intégrer au
PLU des limitations aux droits à construire (caves, sous-sols) et d’ajouter des
contraintes (élévation par exemple) pour éviter le risque d’inondation.
Dieppe-Maritime a indiqué qu’elle envisage de réaliser, d’ici 2019, un schéma
directeur de gestion des eaux pluviales à l’échelle de l’agglomération qui intègre et harmonise
les schémas communaux existants, pour ensuite définir un programme de travaux. Cette façon
de procéder semble cohérente. La chambre l’encourage donc à se doter d’un tel schéma.
2
Adopté le 26 mars 2015, soit postérieurement à la « prise de compétence » eaux pluviales par Dieppe-Maritime. La démarche
était lancée. Il a paru plus cohérent d’aller au bout, d’autant qu’elle a été fortement subventionnée par le département et l’agence
de l’eau.
Rapport d’observations définitives de la chambre régionale des comptes de Normandie sur la gestion de la communauté
d’agglomération de la région de Dieppe – Volet 1 : service public d’assainissement non collectif (SPANC)
7
3 -
Une compétence à géométrie variable
La compétence assainissement, si elle ne peut être scindée, est néanmoins à
géométrie variable puisque la collectivité a la possibilité d’exercer, en sus du contrôle des
installations, la compétence réhabilitation et entretien des installations d’assainissement
3
.
Dieppe-Maritime a fait le choix d’étendre sa compétence assainissement à ces
deux dimensions supplémentaires mais en restreignant leur portée. Le règlement du service
(article 11) prévoit ainsi que le service est compétent pour «
le suivi de la réhabilitation des
installations éligibles aux aides financières de l’agence de l’eau Seine-Normandie et du
département de la Seine-Maritime
», ainsi que pour «
l’entretien des installations réhabilitées
par l’intermédiaire du SPANC.
»
4 -
Des sources juridiques dispersées et des normes peu stables
L’ANC est régi par des dispositions de plusieurs codes : le code de la santé
publique : le code général des collectivités territoriales (CGCT), le code de la construction et
de l’habitation et, dans une moindre mesure, le code de l’urbanisme et le code général des
impôts.
Cette dispersion des sources ne facilite pas le travail des collectivités, ni la
compréhension par l’usager de ses obligations de mise en conformité. À cela s’ajoute la
variabilité des normes
4
. En effet, face à l’importance du nombre d’installations non conformes,
il a été décidé, en 2012, de revoir les normes applicables et de prioriser les obligations de mise
en conformité. Pour les installations domestiques, trois réglementations se sont succédé :
1996, 2009 et 2012. Pour les installations de plus grand débit
5
, la réglementation a été
actualisée en 2007, puis en 2015.
Les installations peuvent donc avoir été contrôlées sur la base de normes
différentes. Ces arrêtés s’appliquent tous aux rejets des eaux usées domestiques
6
, ce qui
exclut les rejets industriels ou agricoles. Pour autant, une exploitation agricole ou industrielle
pourra être concernée par la compétence du service ANC mais uniquement pour ses rejets
domestiques ou assimilés.
III -
LE PILOTAGE DU SERVICE
A -
La mise en place du service et l’identification des installations
d’assainissement
Le 1
er
janvier 2003, lorsque Dieppe-Maritime a officiellement pris la compétence
assainissement, aucune des 16 communes constituant la communauté ne disposait d’un
service d’ANC, et rares étaient celles qui avaient identifié les installations d’ANC.
En effet, la loi les contraignait à mettre en place un service public d’ANC avant le
31 décembre 2005. Sachant que la communauté d’agglomération était en projet et que cette
compétence avait toutes les chances de lui être transférée, les communes ont généralement
différé la mise en service de ces dispositions.
3
Article L. 2224-8 du CGCT.
4
Le CGCT prévoit que : «
Les modalités d'exécution de la mission de contrôle, les critères d'évaluation de la conformité, les
critères d'évaluation des dangers pour la santé et des risques de pollution de l'environnement, ainsi que le contenu du document
remis au propriétaire à l'issue du contrôle sont définis par un arrêté des ministres chargés de l'intérieur, de la santé, de
l'environnement et du logement.
»
5
Celles recevant une charge brute de pollution organique supérieure à 1,2 Kg par jour de DBO5 (demande biochimique en
oxygène mesurée au bout de cinq jours).
6
C'est-à-dire celles destinées exclusivement à la satisfaction des besoins des personnes physiques propriétaires ou locataires
des installations et de celles des personnes résidant habituellement sous leur toit, dans les limites des quantités d'eau nécessaires
à l'alimentation humaine, aux soins d'hygiène, au lavage et aux productions végétales ou animales réservées à la consommation
familiale de ces personnes (article R. 214-5 du code de l’environnement).
Rapport d’observations définitives de la chambre régionale des comptes de Normandie sur la gestion de la communauté
d’agglomération de la région de Dieppe – Volet 1 : service public d’assainissement non collectif (SPANC)
8
Dieppe-Maritime a créé son service d’ANC à compter du 1
er
janvier 2006
7
. Cette
création
ex nihilo
a cependant demandé un peu de temps. Elle a dû recruter les techniciens
qualifiés et adopter le règlement opposable aux usagers, sans lequel le service n’a qu’une
existence virtuelle, ce qui n’a été fait que le 18 décembre 2007, soit deux ans après l’obligation
de mise en place d’un service public d’ANC.
1 -
Le statut du service
Les collectivités ont la possibilité de déléguer la gestion des services publics ou
bien de les exploiter elles-mêmes en gestion directe.
L'article L. 1412-1 du CGCT prévoit que, pour l'exploitation directe d'un service
public industriel et commercial (SPIC) relevant de leur compétence, les collectivités
territoriales doivent constituer une régie dotée, soit de la personnalité morale et de l'autonomie
financière, soit de la seule autonomie financière.
L’assainissement (AC et ANC) étant un SPIC, il est soumis à cette obligation.
Comme le service de l’AC est délégué, seul le service de l’ANC est concerné par cette
obligation, actuellement non mise en oeuvre par Dieppe-Maritime. Le budget de l’ANC a
néanmoins été individualisé dans un budget annexe distinct de celui de l’AC.
2 -
Le règlement du service d’assainissement non collectif
a -
Un règlement adopté et actualisé avec retard
Le règlement a été adopté avec deux ans de retard, le 18 décembre 2007. Il a été
modifié le 18 mars 2011, pour tenir compte des modifications introduites par la loi du
12 juillet 2010 sur la fréquence des contrôles, puis le 14 avril 2015 pour tenir compte des
arrêtés de 2012 modifiant les prescriptions techniques et les modalités de contrôle des
installations, et pour transcrire les nouveaux tarifs adoptés fin 2014. Il a été adopté par le
conseil communautaire après avis de la commission consultative des services publics locaux.
Selon Dieppe-Maritime, le règlement a été distribué aux clients du service de l’eau
non raccordés à l’AC, c'est-à-dire que le document a été joint à la première facture, ce qui a
permis d’atteindre un large public. Depuis, il est remis aux usagers, à l’occasion des contrôles
opérés sur les installations ou sur les projets d’installation. Depuis peu, ce règlement est
disponible sur le site internet de l’établissement.
Dieppe-Maritime pourrait, à l’avenir, être plus réactive pour adapter son règlement
aux changements législatifs et réglementaires et pour transcrire ses propres décisions
tarifaires.
b -
Le contenu du règlement
Le contenu minimum du règlement est précisé par l’arrêté du 27 avril 2012. Il doit
notamment définir la fréquence des contrôles, ainsi que les modalités de réalisation de ces
contrôles. Outre les mentions obligatoires prévues par l’arrêté, ce règlement peut tenir compte
des conditions locales.
7
Délibération du 25 octobre 2005.
Rapport d’observations définitives de la chambre régionale des comptes de Normandie sur la gestion de la communauté
d’agglomération de la région de Dieppe – Volet 1 : service public d’assainissement non collectif (SPANC)
9
Le règlement adopté par Dieppe-Maritime, dans sa version 2015, contient les
mentions requises. S’agissant de la périodicité des contrôles, l’article L. 2224-8, III, alinéa
2 du CGCT prévoit que le contrôle diagnostic doit être effectué au moins tous les 10 ans. C’est
le délai retenu par Dieppe-Maritime qui a ainsi renoncé à moduler cette durée selon l’état des
installations diagnostiquées, ou des risques encourus par la population, ou à le moduler selon
le type d’installation, comme l’article 7 précité l’incitait à le faire. Cette décision de ne pas
moduler
la
fréquence
des
contrôles
est
d’autant
plus
surprenante
que
Dieppe-Maritime a adopté une stratégie de développement durable, ainsi qu’un
Agenda 21 qui vise, notamment, à protéger et valoriser les espaces naturels et à préserver et
améliorer la qualité des paysages. La réduction des pollutions du milieu naturel semble
pourtant s’inscrire dans cette logique.
Dieppe-Maritime a cependant indiqué que la périodicité des contrôles pourrait être
réexaminée en 2020, à l’issue de la future campagne de diagnostic qui permettra de reclasser
les installations en fonction des termes de l’arrêté du 27 avril 2012.
Enfin, le règlement du service rappelle dans son article 5 que le fichier des usagers
est créé et géré dans le respect des règles édictées par la loi et mises en oeuvre par la
commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL). Or, le fichier des assujettis au
service de l’ANC n’a fait l’objet d’aucune déclaration de cette nature, alors qu’il contient des
données personnelles telles que l’identité des assujettis. Au surplus, ces données font l’objet
d’échanges avec le délégataire du service de l’eau, chargé de recouvrer la redevance. En
revanche, le système d’information géographique, également utilisé par le service, a fait l’objet
d’une déclaration en juillet 2013.
Selon la CNIL, la situation a été régularisée en mai 2016.
3 -
Le pouvoir de police
L’article L. 5211-9-2 du CGCT prévoit que : «
lorsqu’un EPCI à fiscalité propre est
compétent en matière d’assainissement, les maires des communes membres de
celui-ci transfèrent au président de cet établissement les attributions lui permettant de
réglementer cette activité.
» Le pouvoir de police spéciale ainsi transféré au président de
l’établissement consiste à règlementer l’assainissement, c'est-à-dire, non pas à adopter le
règlement du service qui relève de la compétence du conseil communautaire mais à édicter
des normes réglementaires particulières en vue d'assurer la protection de la santé publique
dans la commune (article L. 1311-2 du code de la santé publique) et à faire respecter ces
normes. Ce pouvoir permet également au maire d’accorder des dérogations à l’obligation de
raccordement au réseau d’AC, ce qui entraîne le maintien en ANC de l’intéressé.
Les maires ont toutefois la possibilité de s’opposer au transfert de ce pouvoir de
police, dans les six mois suivant la date de l’élection du président de l’EPCI ou suivant la date
de transfert de la compétence.
Postérieurement aux élections municipales de 2008, les maires de Dieppe et de
Tourville-sur-Arques se sont opposés à ce transfert. N’ayant pas la possibilité d’en tirer
pleinement les conséquences et de s’opposer au transfert dudit pouvoir des autres maires, le
président de Dieppe-Maritime a donc bénéficié d’un pouvoir de police tronqué. La loi
n° 2012-281 du 29 février 2012 lui a permis de renoncer au transfert pour l’ensemble des
communes, ce qu’il a fait en mai 2012 par lettre adressée à tous les maires de l’agglomération.
Ces oppositions n’ont pas été renouvelées dans les six mois ayant suivi l’élection
du président de Dieppe-Maritime en mars 2014. Par conséquent, celui-ci dispose désormais
de la plénitude des pouvoirs de police de l’assainissement.
Rapport d’observations définitives de la chambre régionale des comptes de Normandie sur la gestion de la communauté
d’agglomération de la région de Dieppe – Volet 1 : service public d’assainissement non collectif (SPANC)
10
4 -
La planification de l’assainissement, une double obligation appréhendée
globalement
L’article L. 2224-10 du CGCT impose aux collectivités en charge de cette
compétence d’établir un zonage de l’assainissement.
Ce zonage, arrêté après enquête publique, consiste à délimiter les zones
d’assainissement collectif, c'est-à-dire les zones desservies par le réseau des canalisations
qui permettent d’acheminer les eaux usées vers les stations d’épuration. Par défaut, ce zonage
permet d’identifier les zones non desservies par le réseau, qui constituent ainsi les zones
d’ANC. Le zonage porte également sur les zones permettant l’écoulement des eaux pluviales
et les zones où ces eaux peuvent être stockées pour être traitées.
En matière d’assainissement collectif, le code fait également obligation, depuis la
loi du 12 juillet 2010, d’adopter un schéma d’assainissement, comprenant un descriptif détaillé
des ouvrages de collecte et de transport des eaux usées.
Confrontée à une double obligation (schéma et zonage), Dieppe-Maritime a fait le
choix, comme de nombreuses collectivités, de les satisfaire simultanément et d’entreprendre
un schéma directeur d’assainissement comportant l’analyse des installations existantes et la
planification des travaux de mise en conformité et d’extension du réseau d’AC, à l’échéance
2020, ainsi qu’un zonage distinguant les zones d’AC et d’ANC.
L’ampleur du projet s’est mécaniquement traduite par un report significatif de la
mise au point du zonage. En effet, le schéma directeur a été lancé en juin 2008. Un projet de
schéma, comprenant un zonage, a été adopté en mars 2010 mais il n’a été soumis à enquête
publique qu’en novembre et décembre 2012, soit après deux années passées à procéder à
des vérifications des relevés proposés par le bureau d’études. Il a été adopté le 26 mars 2013,
soit quelques mois avant l’échéance prévue par la loi. En revanche, le zonage a été adopté
près de 10 ans après le transfert de la compétence assainissement.
Le schéma a permis d’établir, pour chaque commune, une analyse complète
comprenant :
-
le bilan de fonctionnement actuel de l’ensemble des réseaux de collecte et
ouvrages associés ;
-
une orientation sur les choix de travaux à réaliser et sur la programmation de
ces derniers, avec une prospective à l’horizon 2020 ;
-
les moyens techniques à mettre en oeuvre pour optimiser la collecte et le
traitement des eaux usées, en assainissement collectif et non collectif ;
-
les coûts d’investissement et d’exploitation de l’ensemble des actions
préconisées, avec une estimation financière de la répercussion de ces
dernières sur le prix de l’eau ;
-
un programme hiérarchisé des actions à entreprendre, visant à améliorer et à
pérenniser le fonctionnement de l’ensemble des systèmes de collecte et de
traitement.
Rapport d’observations définitives de la chambre régionale des comptes de Normandie sur la gestion de la communauté
d’agglomération de la région de Dieppe – Volet 1 : service public d’assainissement non collectif (SPANC)
11
5 -
Un zonage incomplet
Le zonage adopté ne répond pas en totalité à l’article L. 2224-10 du CGCT. En
effet, il ne définit pas les zones concernées par les eaux pluviales, c'est-à-dire :
-
les zones où des mesures doivent être prises pour limiter l'imperméabilisation
des sols et pour assurer la maîtrise du débit et de l'écoulement des eaux
pluviales et de ruissellement ;
-
les zones où il est nécessaire de prévoir des installations pour assurer la
collecte, le stockage éventuel et, en tant que de besoin, le traitement des eaux
pluviales et de ruissellement lorsque la pollution qu'elles apportent au milieu
aquatique
risque
de
nuire
gravement
à
l'efficacité
des
dispositifs
d'assainissement.
Cette lacune tient au fait qu’entre 2003 et 2015, Dieppe-Maritime ne s’est pas
considérée compétente pour intégrer les eaux pluviales au périmètre de l’assainissement.
Comme indiqué ci-avant, elle envisage cependant de réaliser un schéma directeur des eaux
pluviales. Ce schéma permettra de compléter le zonage.
6 -
Un diagnostic débouchant sur un plan d’investissement susceptible de
réduire le nombre d’assujettis à l’ANC
Au-delà du descriptif des ouvrages d’AC (réseau et station d’épuration), le schéma
comporte plusieurs scénarios de mise aux normes des installations et d’évolution du réseau.
Il a conduit Dieppe-Maritime à adopter un plan pluriannuel d’investissement, dès
le 3 mai 2011, pour la partie la plus urgente et la plus coûteuse, c'est-à-dire la mise aux normes
des stations de traitement des eaux usées, puis pour mise à jour après l’adoption du schéma,
en mars 2013.
Un plan pluriannuel est un outil d’aide à la décision. Il doit donc offrir aux élus une
vision quasi exhaustive des opérations à réaliser à court et moyen terme. Les données qu’il
contient doivent être suffisamment complètes et fiables pour permettre d’opérer les arbitrages
en toute connaissance de cause. Pour cela, l’évaluation des opérations doit non seulement
porter sur les coûts d’investissement mais également sur les coûts futurs de fonctionnement
des équipements. Enfin, en toute logique, ce plan doit être examiné et adopté par le conseil
communautaire, seul compétent pour décider des investissements à réaliser.
Le plan pluriannuel d’investissement, adopté le 3 mai 2011, répond à la plupart de
ces exigences mais ne contient pas d’évaluation du coût du fonctionnement du service de
l’eau et de l’assainissement. Ce plan porte sur la période 2011-2020 et a été doté d’une
autorisation de programme unique de plus de 17 millions d’euros (M€), incluant des recettes
pour 4,5 M€ et un autofinancement de 12,5 M€.
Le plan prévoit l’extension du réseau d’AC à la commune de Sauqueville, à
échéance 2018, et du quartier de l’esplanade de Dieppe, en 2020. Cette mise en réseau
devrait entraîner une diminution du nombre des assujettis à l’ANC et une baisse des recettes
du service. Il prévoit également la mise en réseau du quartier de l’esplanade de Dieppe, en
2020, ce qui permettra de clarifier la situation des foyers de ce quartier, soumis à une
redevance eaux pluviales.
Rapport d’observations définitives de la chambre régionale des comptes de Normandie sur la gestion de la communauté
d’agglomération de la région de Dieppe – Volet 1 : service public d’assainissement non collectif (SPANC)
12
B -
Les moyens du service
1 -
Les moyens propres
Le service public de l’ANC est rattaché au pôle cycle de l’eau, dirigé par une
ingénieure expérimentée, secondée par une technicienne, sur qui repose le service ANC. Il
comprend également trois techniciens et deux assistantes administratives.
En tout état de cause, le service de l’ANC représente une charge de travail
minoritaire pour le pôle. Sur une population estimée à 50 430 habitants, le service de l’eau
compte 22 490 clients, l’AC 21 002 clients et l’ANC 1 100 clients
8
. L’ANC représente donc
moins de 5 % des clients du service de l’eau.
La modestie des moyens humains mobilisés par Dieppe-Maritime explique le
recours régulier à des prestataires extérieurs.
2 -
La non-assistance technique du département de la Seine-Maritime
Le CGCT prévoit que : «
le département met à la disposition des communes ou
des EPCI qui ne bénéficient pas des moyens suffisants pour l'exercice de leurs compétences
dans le domaine de l'assainissement, de la protection de la ressource en eau, de la
restauration et de l'entretien des milieux aquatiques, de la voirie, de l'aménagement et de
l'habitat, et une assistance technique dans des conditions déterminées par convention.
»
Le département de la Seine-Maritime s’est doté d’un service d’assistance
technique à l’exploitation des stations d’épuration en décembre 1997, service qui, comme son
intitulé l’indique, n’est pas compétent pour l’assainissement non collectif.
En tout état de cause, cette intervention concerne les collectivités desservant
moins de 15 000 habitants. Dieppe-Maritime n’est donc pas concernée.
Si le département intervient dans le financement de la réhabilitation des
installations d’ANC, ses critères d’éligibilité paraissent restrictifs :
-
les revenus fiscaux du ménage doivent être compris entre 13 424 euros (€) pour
une personne seule et 37 892 € (5 enfants) ;
-
le financement est compris entre 10 % et 20 % des investissements à réaliser.
Selon le département de la Seine-Maritime, entre 2012 et 2015, 302 opérations de
réhabilitation d’installations d’ANC ont été subventionnées, pour un montant total de
454 921 €, soit une moyenne de 1 506 € par opération. Aucune d’elles n’est située sur le
territoire de Dieppe-Maritime.
8
Source : rapport sur la qualité du service. Ces informations sont sans doute assez approximatives car la somme des assujettis
à l’AC et à l’ANC est inférieur de 388 unités au nombre des clients du service eau.
Rapport d’observations définitives de la chambre régionale des comptes de Normandie sur la gestion de la communauté
d’agglomération de la région de Dieppe – Volet 1 : service public d’assainissement non collectif (SPANC)
13
3 -
L’assistance technique du syndicat interdépartemental de l’eau
La mission d’assistance qu’aurait pu exercer le département est en réalité assurée
par le syndicat interdépartemental de l’eau Seine-Aval (SIDESA). Créé en 1961, ce syndicat
mixte regroupe 98 collectivités compétentes en eau, assainissement et ruissellement
9
. Il est
compétent pour l’eau, l’assainissement collectif et non collectif, la lutte contre le ruissellement
et les inondations, et enfin, les rivières. Plus précisément, sa mission consiste à conseiller,
informer et représenter ses membres, à réaliser des études prospectives et à assurer des
missions d’assistance, soit en mettant ses services à disposition de ses membres (prestations
in house
), soit en répondant à des mises en concurrence.
Dieppe-Maritime est membre du SIDESA. Elle a notamment conclu avec lui un
marché d’assistance à la maîtrise d’ouvrage relatif à la réhabilitation de dispositifs
d’assainissement non collectif. En vertu de ce marché, le SIDESA prend en charge l’ensemble
du suivi des conventions d’étude et de travaux conclues par Dieppe-Maritime avec les
particuliers, pour qui elle assure elle-même une maîtrise d’ouvrage déléguée.
La prestation du SIDESA comprend :
-
la prise de contact et de rendez-vous avec les personnes intéressées, suivie
d’une rencontre avec le propriétaire ;
-
la rédaction des conventions et les signatures de ces conventions sont pilotées
par le syndicat qui en assure le suivi administratif et financier. Le syndicat gère
l’authentification des actes. Il gère, en parallèle, les dossiers de demandes de
subvention auprès du département et de l’agence de l’eau.
4 -
Le soutien financier de l’agence de l’eau Seine-Normandie
L’agence de l’eau Seine-Normandie est un établissement public de l’État doté de
la personnalité juridique et de l’autonomie financière. L’une de ses missions est de financer
les ouvrages et les actions qui contribuent à préserver les ressources en eau et à lutter contre
les pollutions. Ses orientations stratégiques concernent donc toutes les actions locales liées à
l’assainissement.
Pour faciliter la mise en oeuvre de la loi et la généralisation des services d’ANC,
l’agence de l’eau Seine-Normandie finance le premier contrôle de fonctionnement des
installations d’ANC, c'est-à-dire celui que les collectivités devaient effectuer avant le
31 décembre 2012. Dieppe-Maritime en a bénéficié, à hauteur de 17 000 €, en 2011. Cette
aide s’est éteinte fin 2015.
L’agence de l’eau finance également les études et les travaux
10
de mise en
conformité des installations d’ANC. Ces subventions sont prioritairement accordées dans le
cadre d’opérations groupées et sont fléchées en priorité en direction des installations
présentant un danger pour la santé ou un risque avéré pour l’environnement.
L’agence a ainsi indiqué que : «
les demandes de concours financiers des maîtres
d’ouvrage du bassin Seine-Normandie dépassent actuellement la capacité de l’agence à
répondre favorablement à l’ensemble des demandes d’aides,
» et qu’elle était contrainte de
resserrer ses financements sur les opérations prioritaires, au sens de la nouvelle
réglementation (arrêté ministériel du 27 avril 2012), c'est-à-dire la mise aux normes des
installations présentant des dangers pour la santé des personnes et/ou un risque avéré de
pollution de l’environnement
11
.
9
55 syndicats d'eau et/ou d'assainissement ; 17 syndicats de bassin versant ou de rivières ; 18 communes ; 2 communautés
d'agglomération ; 5 communautés de communes et 1 syndicat mixte d'urbanisme ; 1 parc naturel régional.
10
60 % du coût des travaux, plafonné à 9 000 € ; 300 € versée à la collectivité.
11
Courrier du 9 décembre 2015.
Rapport d’observations définitives de la chambre régionale des comptes de Normandie sur la gestion de la communauté
d’agglomération de la région de Dieppe – Volet 1 : service public d’assainissement non collectif (SPANC)
14
IV -
L’EXERCICE DES MISSIONS
Schématiquement, le rôle de Dieppe-Maritime est de veiller à ce que les eaux
usées des ménages et des entreprises ne soient pas rejetées dans la nature sans avoir été
préalablement assainies. Pour cela, la communauté doit assurer le contrôle des installations
recensées. Lorsque des travaux de mise aux normes ou d’entretien s’avèrent nécessaires,
elle doit s’assurer que les usagers y procèdent dans le délai fixé par la loi et dans le respect
des normes.
Dieppe-Maritime effectue également, à la demande du propriétaire et à ses frais,
l’entretien, des installations d’ANC qu’elle a réhabilitées et dans ce cas, l’établissement se
charge également du traitement des matières de vidange issues des installations.
Dieppe-Maritime peut également assurer la maîtrise d’ouvrage des travaux de mise aux
normes des installations éligibles aux aides de l’agence de l’eau.
A -
Le contrôle des installations
Le service public d’ANC est chargé de contrôler les projets de création d’une
installation d’ANC, les projets de modification d’une installation existante et le fonctionnement
et l’entretien des installations existantes.
1 -
Le contrôle des installations existantes
Les installations existantes devaient être diagnostiquées avant le 31 décembre
2012, et doivent l’être à nouveau, selon une périodicité déterminée par la collectivité qui ne
peut être supérieure à 10 ans. Par ailleurs, depuis le 1
er
janvier 2011
12
, le vendeur d’un
logement non raccordé au réseau d’assainissement collectif est tenu d’informer l’acquéreur de
l’état de l’installation d’ANC ou de son absence, en annexant à la promesse de vente ou à
l’acte authentique, un diagnostic réalisé par le service public d’ANC, datant de moins de trois
années.
Depuis l’arrêté du 27 avril 2012, la mission de contrôle consiste à :
-
vérifier l'existence d'une installation, conformément aux dispositions de l'article
L. 1331-1-1 du code de la santé publique ;
-
vérifier le bon fonctionnement et l'entretien de l'installation ;
-
évaluer les dangers pour la santé des personnes ou les risques avérés de
pollution de l'environnement ;
-
évaluer une éventuelle non-conformité de l'installation.
Les points à contrôler,
a minima
, sont également précisés par l’arrêté.
a -
Une mission limitée par l’absence de recensement des assujettis
La première campagne de contrôle s’est déroulée en 2009 et 2010. Les contrôles
ont été effectués, en vertu d’un marché de prestations
13
, par la compagnie fermière de services
publics (CFSP), par ailleurs délégataire du service public d’eau et d’assainissement collectif
de l’ensemble des communes de l’agglomération dieppoise.
12
Article L. 271-4 du code de la construction et de l’habitat.
13
Prestation facturée 109 920 € HT. Ce marché comportait également le contrôle de quelques projets d’installations neuves.
Rapport d’observations définitives de la chambre régionale des comptes de Normandie sur la gestion de la communauté
d’agglomération de la région de Dieppe – Volet 1 : service public d’assainissement non collectif (SPANC)
15
Pour cette campagne, Dieppe-Maritime s’est trouvée confrontée, comme la plupart
des collectivités en charge de l’ANC, au problème de l’identification des assujettis. À cette
date, elle n’avait pas encore son plan de zonage, ni son schéma directeur d’assainissement
qui auraient pu l’aider à identifier les sites à contrôler. Dieppe-Maritime a donc procédé,
comme la très grande majorité des collectivités, par recoupement avec le fichier des abonnés
à l’eau qui, normalement, permet d’identifier les clients raccordés au réseau d’assainissement
collectif, et ainsi isoler ceux qui ne le sont pas et doivent être contrôlés. Ce mode opératoire a
permis à la compagnie fermière d’identifier 1 009 sites à contrôler.
Sur cet effectif, seules 930 installations ont effectivement été contrôlées, soit
92 % des installations identifiées. Les 79 installations restantes ne l’ont pas été pour diverses
raisons, principalement parce que les sites n’étaient pas accessibles (non réponse du
propriétaire, résidences secondaires dont les propriétaires n’ont pu être contactés, résidences
en cours de succession, etc.).
À l’occasion de l’examen de cet aspect de la mission confiée à la CFSP, la
chambre a constaté qu’une partie des pièces du marché avaient été détruites
14
, sans
autorisation du service départemental d’archives, et bien avant le terme des 10 années de
durée d’utilité administrative, reconnu aux marchés publics par l’instruction du 28 août 2009
15
.
La chambre rappelle que la destruction d’archives publiques, sans accord préalable de
l’administration des archives, est susceptible de constituer une infraction pénale, y compris
lorsque celle-ci intervient par négligence.
Les contrôles réalisés postérieurement à cette première campagne ont été réalisés
par Dieppe-Maritime, soit 51 diagnostics initiaux et 73 contrôles de fonctionnement réalisés
dans le cadre d’une vente (installations déjà vérifiées entre 2009 ou 2010).
Entre temps, le nombre d’assujettis a beaucoup varié :
-
le nombre d’usagers payant la redevance ANC est passé de 1 009 en 2009 à
1 136 en 2015. Le fichier client de 2015 compte 2 423 clients non raccordés à
l’AC, soit autant de clients potentiellement concernés par le service d’ANC
16
;
-
selon le schéma directeur de l’assainissement, adopté en 2013, le nombre
d’assujettis serait de 1 231 ; ce chiffre est cependant peu fiable car si l’on
compile les données communales dudit schéma
17
, le nombre d’assujettis
retombe à 1 208 ;
-
ces données laissent de côté les habitations dont les occupants ne sont pas
abonnés au service de l’eau, parce qu’alimentés par un puits ou par une réserve
d’eau de pluie. Ils rejettent pourtant leurs eaux usées dans le milieu
hydrologique superficiel (fossés ou cours d’eau). À l’inverse, ces données
intègrent les abonnements dits « herbage », c'est-à-dire les abonnements qui
concernent un point d’alimentation en eau pour le bétail et qui ne nécessitent
pas d’être contrôlés.
14
Ainsi que le confirment plusieurs courriers échangés par Dieppe-Maritime avec le centre de gestion de Seine-Maritime, chargé
d’une mission d’archivage et comme le président l’a reconnu le 19 mai 2016, dans un courrier adressé à la chambre. Les pièces
produites par Dieppe-Maritime à la demande de la chambre sont en réalité des documents provisoires fournis par le titulaire du
marché. Ainsi, le cahier des charges n’est pas signé du président de Dieppe-Maritime. Par ailleurs, le rapport d’analyse des offres
n’a pas pu être retrouvé.
15
Instruction DAF/DPACI/RES/2009/018 du 28 août 2009.
16
Ces non raccordés devraient pourtant être identifiés à un double titre :
- les non raccordés situés en zone AC sont normalement astreints à payer l’équivalent de la redevance AC tant qu’ils ne se
sont pas raccordés, ce qui veut dire que si la communauté d’agglomération ne les a pas identifiés, elle ne peut leur faire
payer ladite redevance ; au surplus, si au terme du délai de deux ans qui leur est accordé, ils ne sont toujours pas raccordés,
cette somme peut être majorée jusqu’à 100 % ;
- ceux qui ne sont pas raccordables doivent être exonérés de cette redevance par un arrêté individuel.
17
Le schéma comporte un rapport global de synthèse et des rapports particuliers par commune.
Rapport d’observations définitives de la chambre régionale des comptes de Normandie sur la gestion de la communauté
d’agglomération de la région de Dieppe – Volet 1 : service public d’assainissement non collectif (SPANC)
16
Dieppe-Maritime reconnait elle-même que l’effectif des sites à diagnostiquer est
certainement supérieur au nombre d’usagers payant la redevance annuelle d’ANC (1 136 en
2015), de 2 à 300 unités, soit un total d’assujettis qui pourrait atteindre 1 436.
La vérité se situe donc entre l’hypothèse basse de 1 136 assujettis (ceux qui
payent la redevance) et l’hypothèse haute, au moins égale au nombre de sites non raccordés,
soit 2 423 assujettis. Avec 1 071 sites diagnostiqués au 31 décembre 2015, le taux de contrôle
s’établirait entre 94 % et 44 %, hors prise en compte des contrôles opérés sur des installations
identiques (contrôle initial et contrôle dans le cadre d’une vente).
Tableau n° 1 : évolution du taux de contrôle des installations en ANC (données cumulées)
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
nb d'usagers payant la redevance SPANC (1)
1009
1093
1092
1105
1122
1133
1136
nb usagers identifiés par le service (2)
nb usagers identifiés par fichier client Véolia (3)
nb d'usagers contrôlés (CFSP Veolia)
540
930
930
930
930
930
930
nb d'usagers contrôlés (SPANC)
12
15
20
32
48
nb d'installations neuves contrôlées (SPANC)
4
26
39
80
93
Total des usagers contrôlés
540
930
946
971
989
1042
1071
en % 1
53,5%
85,1%
86,6%
87,9%
88,1%
92,0%
94,3%
en % 2
37,6%
64,8%
65,9%
67,6%
68,9%
72,6%
74,6%
en % 3
22,3%
38,4%
39,0%
40,1%
40,8%
43,0%
44,2%
Source : données div erses retraitées CRC
2423
1436
Ainsi, la principale difficulté du service réside dans la constitution d’une base de
données fiable permettant d’identifier le propriétaire de l’habitation et, éventuellement,
l’occupant de cette même habitation, s’il est différent du premier. Cette base doit être
facilement actualisable, principalement à l’aide des données clients transmises par le
délégataire du service de l’eau. Dans l’idéal, cette base de données devrait être couplée à un
logiciel de cartographie.
Le service est aujourd’hui dépourvu d’un tel outil
18
. La communauté
d’agglomération dispose bien d’un système d’information géographique mais les données qui
y sont enregistrées sont incomplètes ; de plus, il n’est pas connecté aux différents tableurs
utilisés par le service
19
.
Le service est conscient du peu de fiabilité de sa base de données. Il privilégie
aujourd’hui la mise à jour de son système d’information géographique mais ce travail est fait
au fil de l’eau.
b -
La qualité des contrôles
Les différents contrôles opérés depuis 2009 ont été conduits sous l’empire de
réglementations différentes : arrêtés de 1986, 2009 et 2012. Par conséquent, ils ne sont pas
homogènes.
L’échantillon de rapports de contrôle examinés par la chambre, tous effectués en
2015, n’appellent pas d’observation. Chaque installation est qualifiée dans les termes prévus
par l’arrêté du 12 avril 2012 : installation complète/incomplète, absence d’installation, située
dans une zone à enjeux sanitaire, etc. Chaque rapport précise la nature des travaux à réaliser
et les délais.
18
À l’issue de la campagne de contrôles confiée à la CFSP, Dieppe-Maritime a été équipée du logiciel utilisé par l’entreprise,
comme le prévoyait le marché. Mais ce logiciel a été abandonné car, selon le service, il était trop lourd à mettre à jour.
19
Un par commune et un tableur recensant les contrôles opérés dans l’année.
Rapport d’observations définitives de la chambre régionale des comptes de Normandie sur la gestion de la communauté
d’agglomération de la région de Dieppe – Volet 1 : service public d’assainissement non collectif (SPANC)
17
Enfin, il convient de noter que le contrôle de l’entretien des installations n’est opéré
qu’à l’occasion du contrôle décennal.
c -
La programmation des contrôles futurs
Dieppe-Maritime envisage de lancer une nouvelle campagne courant 2017, pour
achever le contrôle des installations non encore diagnostiquées. En 2019-2020, elle prévoit
de planifier une autre campagne pour contrôler de nouveau toutes les installations. Pourtant,
le règlement du service précise à l’article 13-2
que : «
l’intervalle entre deux contrôles est
décompté à partir de la date du dernier contrôle effectué par le SPANC, qu’il s’agisse d’une
vérification de l’exécution des travaux, du précédent contrôle périodique, d’une contre-visite,
d’un contrôle exceptionnel ou d’un contrôle réalisé pour les besoins d’une vente de l’immeuble
à usage d’habitation.
» En application de ce règlement, elle devra planifier le contrôle décennal
des installations en fonction des dates du plus récent contrôle et non pas contrôler toutes les
installations en 2019-2020. Faire autrement entraînerait des frais inutiles. La chambre prend
acte de l’engagement de Dieppe-Maritime de programmer les futurs contrôles conformément
aux dispositions de son règlement du service.
Sur le contrôle des installations existantes, la chambre recommande à
Dieppe-Maritime de se doter d’une base de données fiable, et de réaliser sans délai le
diagnostic des installations qui y ont échappé.
2 -
Le contrôle de conception des installations neuves ou à réhabiliter, et
d’exécution des travaux
Selon l’arrêté du 27 avril 2012 relatif aux modalités d’exécution de la mission de
contrôle des installations d’ANC, le contrôle de conception compte deux étapes. La première
consiste en un examen préalable du projet, sur la base du dossier fourni par le propriétaire, et
qui vise à vérifier :
-
l'adaptation du projet au type d'usage, aux contraintes sanitaires et
environnementales, aux exigences et à la sensibilité du milieu, aux
caractéristiques du terrain et à l'immeuble desservi ;
-
la conformité de l'installation envisagée, au regard de l'arrêté du 7 septembre
2009 modifié relatif aux prescriptions techniques, ou de l'arrêté du 22 juin
2007 susvisés.
La seconde consiste en une vérification de l'exécution des travaux qui vise à :
-
identifier, localiser et caractériser les dispositifs constituant l'installation ;
-
repérer l'accessibilité ;
-
vérifier le respect des prescriptions techniques réglementaires en vigueur.
En dehors des quelques dossiers vérifiés par la compagnie fermière lors de la
première campagne de contrôle, cette mission est assurée par le service d’ANC de la
communauté. Depuis la création du service, 91 projets de conception ont été contrôlés,
c'est-à-dire des constructions neuves, ainsi que des réhabilitations d’installations anciennes.
Elle opère ces contrôles également lorsqu’elle est maître d’ouvrage délégué car la prestation
de conception est elle-même déléguée à un bureau d’études. Elle contrôle donc la prestation
du bureau d’études, au titre de sa mission contrôle, et le fait payer à l’assujetti.
Jusque-là, cette prestation n’a pas été facturée car Dieppe-Maritime n’a institué
cette redevance que depuis le 1
er
janvier 2015 et n’a pas réalisé de prestation de cette nature
depuis. En revanche, le contrôle d’exécution des dossiers pour lesquels elle a assuré la
maîtrise d’ouvrage déléguée, sera facturé pour les opérations en cours.
Rapport d’observations définitives de la chambre régionale des comptes de Normandie sur la gestion de la communauté
d’agglomération de la région de Dieppe – Volet 1 : service public d’assainissement non collectif (SPANC)
18
Au cours de la période sous contrôle, elle n’a réalisé que 32 contrôles d’exécution.
Ce décalage avec le nombre de contrôles de conception s’explique par les impondérables d’un
chantier de cette nature ou par la décision du particulier de différer un investissement coûteux
et
sans
bénéfice
tangible
pour
lui-même.
Mais,
là
encore,
Dieppe-Maritime n’est pas outillée pour suivre précisément la concrétisation des projets
puisqu’elle ne relance pas les intéressés qui ne sont donc pas incités à réaliser les travaux.
Tableau n° 2 : Les contrôles de conception
2010
2011
2012
2013
2014
2015
contrôle conception réhabilitation
0
4
4
30
7
contrôle conception neuf
4
16
8
7
4
contrôle après modification projet initial
0
0
5
2
4
20
12
42
13
2
3
10
11
6
Source : Dieppe-Maritime
Total
91
32
contrôle de l'exécution
Le contrôle de conception se heurte à deux difficultés :
-
le code de l’urbanisme
20
conditionne l’octroi d’un permis de construire à la
validation de l’installation d’ANC par la collectivité. Mais rien de tel n’existe
lorsque
l’habitation
n’est
pas
soumise
à
une
telle
autorisation.
Dieppe-Maritime n’est donc pas certaine d’être saisie de tous les projets de
conception qui devraient, normalement, lui être adressés. Il lui arrive même
parfois de n’être saisie qu’au moment du contrôle de l’exécution, ce qui la
conduit à formuler des réserves qui auraient dû être identifiées en amont
21
;
-
pour le contrôle de l’exécution, l’usager omet parfois de solliciter le service
d’ANC pour que celui-ci effectue ce contrôle. Lorsqu’il le sollicite, il arrive que
cette demande intervienne après le remblaiement des tranchées, ce qui ne
permet pas au service de réaliser un contrôle complet et totalement efficace.
Pour tenter de surmonter ces difficultés, Dieppe-Maritime a mis au point des fiches
déclaratives, renseignées et signées par les propriétaires, ce qui, selon elle, faciliterait le suivi
des projets de réhabilitation dans la durée. Cette initiative pourrait utilement être complétée
par le renforcement du suivi des assujettis soumis à obligation de travaux et par une
information des services communaux qui ont l’avantage de mieux connaître leurs administrés.
Elle pourrait également solliciter les différentes associations professionnelles (CAPEB
22
,
chambre des notaires, etc.) dont les membres pourraient servir de relais auprès des
particuliers pour leur rappeler leur obligation d’informer le service d’ANC.
L’échantillon des rapports examinés n’appelle pas d’observation quant à la qualité
des opérations de contrôle réalisées.
20
Cf. article R. 431-16 du code de l’urbanisme, le particulier doit joindre à toute demande de permis de construire une attestation
de conformité de son projet d’installation d’ANC. Cette attestation est délivrée par le SPANC.
21
Cf. avis n° 2013-E-03.
22
Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment.
Rapport d’observations définitives de la chambre régionale des comptes de Normandie sur la gestion de la communauté
d’agglomération de la région de Dieppe – Volet 1 : service public d’assainissement non collectif (SPANC)
19
3 -
L’obligation de travaux des installations diagnostiquées
a -
Éléments de contexte
Depuis la loi du 12 juillet 2010, le propriétaire de l’immeuble est contraint de
réaliser les travaux de mise en conformité. L’article L. 1331-1-1 II du code de la santé publique
prévoit que : «
le propriétaire fait procéder aux travaux prescrits par le document établi à l'issue
du contrôle prévu au III de l'article L. 2224-8 du CGCT, dans un délai de quatre ans suivant la
notification de ce document.
»
Au regard du droit positif (arrêté du 7 septembre 2009 modifié le 7 mars 2012),
l’installation contrôlée est déclarée non conforme si elle :
-
présente des dangers pour la santé des personnes ;
-
présente un risque avéré de pollution pour l’environnement ;
-
est incomplète ou significativement sous dimensionnée, ou présente des
dysfonctionnements majeurs.
Cependant, l’obligation de travaux sous quatre ans ne concerne que les
installations non conformes, au titre des deux premières occurrences. En revanche,
l’acquéreur d’un bien immobilier est tenu de réaliser dans le délai d’un an, les travaux de mise
en conformité, quel que soit le motif de non-conformité
23
. Ces travaux peuvent également être
réalisés par le vendeur, avant la vente effective.
Ainsi, l’obligation de travaux pèse prioritairement sur les installations présentant
des dangers pour la santé des personnes et un risque de pollution pour l’environnement.
Une installation présentant des dangers pour la santé des personnes, est une
installation :
-
qui présente un défaut de sécurité sanitaire (contact possible avec les eaux
usées par exemple) ou un danger pour la sécurité des personnes (fosse ouverte
par exemple, avec risque de chute) ;
-
incomplète
ou
présentant
des
dysfonctionnements
majeurs,
ou
significativement sous-dimensionnée, située dans une zone à enjeu sanitaire
(périmètre d’une zone de captage par exemple) ;
-
située à moins de 35 mètres en amont hydraulique d'un puits privé déclaré et
utilisé pour l'alimentation en eau potable d'un bâtiment ne pouvant pas être
raccordé au réseau public de distribution.
Le territoire de Dieppe-Maritime compte plusieurs zones à enjeu sanitaire. Elles
correspondent aux zones d’influences microbiologiques immédiates sur le littoral de sept
communes : Varengeville-sur-Mer, Hautot-sur-Mer, Sainte-Marguerite-sur-Mer, Dieppe,
Rouxmesnil-Bouteilles, Saint-Aubin-sur-Scie et Offranville.
23
Code de la construction et de l’habitat, article L. 271-4 : II «
(…) En cas de non-conformité de l'installation d'assainissement
non collectif lors de la signature de l'acte authentique de vente, l'acquéreur fait procéder aux travaux de mise en conformité dans
un délai d'un an après l'acte de vente.
»
Rapport d’observations définitives de la chambre régionale des comptes de Normandie sur la gestion de la communauté
d’agglomération de la région de Dieppe – Volet 1 : service public d’assainissement non collectif (SPANC)
20
Une installation présentant des dangers pour l’environnement est une installation
incomplète
ou
présentant
des
dysfonctionnements
majeurs,
ou
significativement
sous-dimensionnée, située dans une zone à enjeu environnemental. Les zones à enjeu
environnemental sont les zones identifiées par le schéma directeur d'aménagement et de
gestion des eaux (SDAGE) ou le schéma d'aménagement et de gestion des eaux (SAGE)
démontrant une contamination des masses d'eau par l'assainissement non collectif sur les
têtes de bassin et les masses d'eau.
Le territoire de Dieppe-Maritime ne compte aucune zone à enjeu environnemental.
En revanche, plusieurs communes connaissent des situations de fragilité :
-
la nappe phréatique affleure dans le bourg de la commune de Sauqueville. Tous
les rejets se diffusent donc presque immédiatement dans celle-ci. Un rejet non
traité pourrait donc aisément la polluer ;
-
la taille des parcelles de la commune de Tourville rend parfois impossible la
réhabilitation des filières de traitement. Seul un raccordement au réseau d’AC
permettra donc de mettre fin aux rejets polluants.
Ces deux communes, ainsi que celle de Saint-Aubin-sur-Scie, devraient être
raccordées à l’AC en 2018.
b -
L’état des installations diagnostiquées
Les contrôles ont été effectués sous l’empire de réglementations différentes (1986,
2009 et 2012). Les installations peuvent donc être déclarées conformes ou non conformes au
regard de la réglementation applicable à la date du contrôle. Dieppe-Maritime devrait ainsi être
en mesure de connaître le taux de conformité des installations contrôlées. Pourtant, le rapport
annuel
sur
la
qualité
de
l’eau
indique
que
le
taux
de
conformité
est
de
27 %, stable entre 2010 et 2014. Mais Dieppe-Maritime précise que ce taux a été calculé
d’après les contrôles de la première campagne de 2009-2010 (27 % des 930 installations, soit
251 installations conformes et 679 non conformes). Ce taux ne prend donc pas en compte les
contrôles opérés après 2010.
Aujourd’hui, Dieppe-Maritime a pris le parti d’évaluer la conformité des installations
au regard de la réglementation de 2009-2012. Pour cela, elle procède, au gré des contrôles
opérés en cas de vente, au reclassement des installations déjà contrôlées depuis 2009. Au
terme de ce recensement, 5,3 % seulement des installations sont « conformes ou semblant
conformes ». Sur les 948
24
non conformes, 84 sont considérées « dangereuses pour la santé
ou la sécurité » et 477 présentent un risque plus ou moins avéré de pollution de
l’environnement. Au total, ce sont donc 561 installations qui appellent une correction en raison
d’un danger potentiel.
Toutefois, sur ces 477 installations, 436 doivent être recontrôlées pour déterminer
celles qui sont effectivement soumises à travaux selon les critères édictés en 2012.
24
Parmi ces 948, 4 sont recensées comme desservies par le réseau AC mais facturées en ANC, 3 pour lesquelles l’abonné à
l’eau est inconnu et 11 sont situées dans le quartier de l’Esplanade. Tant que la situation des 7 premières n’est pas clarifiée, elles
ne peuvent pas être considérées comme étant aux normes. Quant aux 11 installations du quartier de l’Esplanade, la suite du
rapport suffit à démontrer que leur conformité ne peut pas être certifiée.
Rapport d’observations définitives de la chambre régionale des comptes de Normandie sur la gestion de la communauté
d’agglomération de la région de Dieppe – Volet 1 : service public d’assainissement non collectif (SPANC)
21
Tableau n° 3 : l’état des installations d’ANC
4 -
L’absence de suivi des installations soumises à travaux
L’état des installations (ou l’absence d’installation) devrait logiquement conduire
Dieppe-Maritime à mettre en place un suivi rigoureux des installations devant faire l’objet de
travaux, à relancer les propriétaires et à les mettre en demeure lorsqu’ils n’obtempèrent pas.
Or, jusque-là, elle s’est contentée de proposer aux propriétaires soumis à travaux d’exercer la
maîtrise d’ouvrage à leur place et d’instruire les projets de mise aux normes.
Elle ne procède donc à aucune relance, ni à aucune mise en demeure, y compris
lorsque l’habitation est dépourvue de toute installation.
Pour inciter plus fermement les assujettis à réaliser les travaux, Dieppe-Maritime
aurait également pu moduler le rythme de contrôle des installations en fonction de l’état de
celles-ci, option qui aurait été conforme à l’esprit de l’arrêté de 2009 modifié en 2012,
c'est-à-dire de traiter d’abord les installations les plus dangereuses. Dieppe-Maritime n’a pas
fait ce choix puisqu’elle a fixé uniformément à 10 ans le délai de contrôle des installations.
Elle s’est cependant donné la possibilité de réaliser un contrôle exceptionnel avant
la date du prochain contrôle périodique dans deux cas : lorsque le service d’ANC reçoit des
plaintes écrites pour nuisances causées par une installation ou sur demande du maire, au titre
de son pouvoir de police administrative (salubrité). Mais, à ce jour, cette disposition n’a jamais
été mise en oeuvre par les maires des communes membres.
Le choix opéré n’apparaît pas cohérent avec la stratégie de l’établissement qui est,
par ailleurs, engagé dans un projet territorial de développement durable.
La chambre recommande donc à Dieppe-Maritime de mettre en place un suivi des
installations soumises à travaux et de relancer régulièrement les assujettis soumis à cette
obligation.
B -
Les compétences optionnelles : entretien, travaux et traitement des
boues
En sus de ses missions obligatoires, le service d’ANC peut assurer des missions
optionnelles : l'entretien, les travaux de réalisation et les travaux de réhabilitation des
installations d'assainissement non collectif, ainsi que le traitement des matières de vidange
issues des installations d'assainissement non collectif.
nb d'installations non contrôlées
116
10,3%
nb d'installation conforme ou semblant conforme
59
5,3%
nb d'installation non conforme
948
84,4%
avec travaux d'amélioration mineurs
270
incomplète, sous dimensionnée ou dysfonctionnant hors zone à enjeu
24
incomplète, sous dimensionnée ou dysfonctionnant dans zone à enjeu
29
absence d'installation
12
avec obligation de travaux
436
dangeureuse pour la santé ou la sécurité
84
84
non qualifiable
75
desservie par le réseau AC mais facturée en ANC
4
immeuble en ANC mais abonné eau inconnu
3
quartier Esplanade à Dieppe
11
Source : Dieppe-Maritime
févr-16
477
561
Rapport d’observations définitives de la chambre régionale des comptes de Normandie sur la gestion de la communauté
d’agglomération de la région de Dieppe – Volet 1 : service public d’assainissement non collectif (SPANC)
22
En mars 2011, au vu de l’état des installations diagnostiquées par la compagnie
fermière et compte tenu des orientations adoptées par l’agence de l’eau pour financer ces
travaux (maîtrise d’ouvrage publique et opérations groupées), Dieppe-Maritime a décidé
d’élargir ses missions aux missions optionnelles précitées mais en limitant leur portée :
-
le suivi et la réhabilitation des installations éligibles aux aides financières de
l’agence de l’eau Seine-Normandie et du département de la Seine-Maritime ;
-
l’entretien des installations réhabilitées, par l’intermédiaire du service d’ANC.
Courant 2011, elle a donc sollicité les propriétaires contraints de mettre leur
installation aux normes et éligibles aux aides de l’agence de l’eau, soit 120 d’entre eux.
60 se sont déclarés intéressés et, parmi eux, 24 ont conclu avec Dieppe-Maritime une
convention en vue de réaliser les études nécessaires à la remise aux normes de leur système
d’assainissement. Le service a donc réalisé les 24 études ; 13 seulement ont donné lieu à la
conclusion d’une convention de travaux.
1 -
Les études
Les conventions d’étude, conclues en avril 2013 par les 24 particuliers, présentent
un contenu identique. Le montant de l’étude, fixé à 892,22 € pour les filières d’une capacité
inférieures ou égales à 10 équivalent habitants et à 1 178,76 € pour celles d’une capacité
supérieure à ce seuil, permettait de couvrir les frais de maîtrise d’oeuvre (418,89 € TTC pour
les premières et 705,93 € TTC pour les secondes), l’assistance à maîtrise d’oeuvre
25
(445,83
€ TTC) et les frais de gestion de l’opération par Dieppe-Maritime (27,50 € TTC). Ce montant
était payable en deux fois : 50 % à la signature de la convention et 50 % à la remise de l’étude.
La convention prévoit que le pétitionnaire ne pourra bénéficier d’une subvention
au titre des études que s’il réalise ensuite les travaux en signant une convention de travaux
avec le service d’ANC.
Même s’il est difficile de connaître précisément les raisons du renoncement des
11 intéressés, le coût des travaux est, selon Dieppe-Maritime, la principale raison de ces
décisions. Le coût prévisionnel moyen, tel qu’estimé par les 13 études suivies de travaux,
ressort à 7 660 € après subvention, ce qui représente un budget conséquent. Le délai de
réalisation sous maîtrise d’ouvrage publique est également identifié comme un frein. Ainsi,
cinq ans ont été nécessaires entre les premières consultations des propriétaires concernés et
la réception des travaux.
Quant aux 11 autres, selon Dieppe-Maritime, un aurait mis son installation aux
normes, les autres auraient, soit vendu leur maison, soit n’auraient pas mis leur installation
aux normes.
2 -
Les travaux
Les travaux pour lesquels Dieppe-Maritime exerce la maîtrise d’ouvrage déléguée
portent sur la conception, les travaux préliminaires, les travaux de réalisation de la filière, les
travaux de remise en état du site, la mise hors service des installations défaillantes et la
réception des travaux. Les travaux relatifs aux eaux pluviales en sont exclus.
Dieppe-Maritime ne réalise pas elle-même ces travaux. Elle en a confié la
réalisation à une entreprise.
25
Intervention du SIDESA (réunion publiques, vérification de l’éligibilité des particuliers aux aides publiques, etc…)
Rapport d’observations définitives de la chambre régionale des comptes de Normandie sur la gestion de la communauté
d’agglomération de la région de Dieppe – Volet 1 : service public d’assainissement non collectif (SPANC)
23
Le tableau ci-dessous, élaboré à partir des 13 conventions de travaux, permet de
mesurer l’importance du montant prévisionnel des travaux. Le coût final supporté par l’usager,
après déduction des subventions de l’agence de l’eau, ressort à 50 % du montant brut mais
peut, dans certains cas, atteindre 66 %.
Tableau n° 4 : le coût prévisionnel des travaux
en €
en %
convention n°2015-02
11 123,86 €
5 612,26 €
50,45%
convention n°2015-03
11 090,59 €
5 595,49 €
50,45%
convention n°2015-04
13 932,88 €
7 028,38 €
50,44%
convention n°2015-05
12 393,76 €
6 252,46 €
50,45%
convention n°2015-06
17 797,01 €
10 537,00 €
59,21%
convention n°2015-07
10 676,16 €
7 149,76 €
66,97%
convention n°2015-08
21 725,88 €
13 745,88 €
63,27%
convention n°2015-09
15 701,90 €
8 441,90 €
53,76%
convention n°2015-10
12 308,45 €
6 209,45 €
50,45%
convention n°2015-11
8 242,85 €
4 159,85 €
50,47%
convention n°2015-12
17 351,13 €
10 091,13 €
58,16%
convention n°2015-13
8 588,91 €
5 752,51 €
66,98%
convention n°2015-15
16 983,89 €
9 003,89 €
53,01%
moyenne
13 685,94 €
7 660,00 €
55,97%
Source : conventions conclues avec les particuliers
coût TTC à la charge du propriétaire
coût TTC des travaux
Le règlement des travaux est échelonné : 40 % à la signature de la convention, 40
% à la réception des travaux et le solde après réalisation du contrôle de bon fonctionnement,
six mois après mise en service. Dieppe-Maritime n’a pas souhaité mettre en place un
remboursement échelonné sur plusieurs années, solution qu’elle a jugé trop compliquée,
notamment en raison de l’obligation de refacturer aux particuliers les frais financiers
engagées
26
.
L’engagement du particulier avec Dieppe-Maritime prend la forme d’une
convention de délégation de maîtrise d’ouvrage. La convention définit les obligations de
chacun et fixe le coût maximum des travaux supporté par le particulier. Le particulier ne sait
donc pas précisément combien va lui coûter l’opération, il n’en connaît que le montant
maximum, ce qui pourra le conduire à souscrire un emprunt légèrement surdimensionné pour
financer cet investissement.
Sur les 13 opérations, cinq sont achevées. Elles se sont toutes traduites par un
montant final de travaux inférieur au montant prévu (environ 15 %, pour celles où tous les
travaux prévus ont été réalisés). Pour deux de ces opérations, l’écart a été plus important :
- 27 % et - 43 %, écarts dus à des incertitudes ne pouvant être levées qu’en phase travaux.
3 -
L’entretien des installations
Dieppe-Maritime a également pris cette compétence mais elle ne s’applique
qu’aux installations pour lesquelles elle a assuré la maîtrise d’ouvrage déléguée. À ce jour,
aucune des 13 opérations n’est arrivée à son terme. Cette compétence n’est donc pas encore
mise en oeuvre. Elle conduira la communauté à conclure un marché public pour
13 installations seulement.
Le montant de la redevance associée n’a pas encore été fixé.
26
Le service d’ANC étant un service public industriel et commercial (SPIC), les redevances et prestations doivent couvrir toutes
les dépenses.
Rapport d’observations définitives de la chambre régionale des comptes de Normandie sur la gestion de la communauté
d’agglomération de la région de Dieppe – Volet 1 : service public d’assainissement non collectif (SPANC)
24
V -
LA FORMATION DU PRIX DU SERVICE D’ANC ET SON EQUILIBRE
FINANCIER
A -
Rappel du droit
Le service ANC est soumis aux mêmes règles juridiques et financières que le
service d’AC, c'est-à-dire que :
-
le budget du service doit être équilibré en recettes et dépenses, quel que soit
son mode de gestion (L. 2224-1 du CGCT), et doit être financé par les
redevances des usagers ;
-
le budget général de la commune ou de l’établissement public compétent ne
peut prendre en charge les dépenses du service, sauf dérogations
(L. 2224-2 du CGCT) ; parmi ces dérogations figurent la possibilité, quelle que
soit la population des communes et groupements de collectivités territoriales,
de financer un service public d’ANC lors de sa création et pour une durée limitée
aux cinq premiers exercices.
1 -
La fixation de la redevance : un processus chaotique et, au final, irrégulier
La redevance doit permettre de couvrir les frais du service et de faire payer à
l’usager le service dont il est le bénéficiaire. La collectivité doit donc fixer une redevance pour
le contrôle et, le cas échéant, une redevance entretien et traitement des boues.
Jusqu’en 2015, Dieppe-Maritime avait fait le choix de ne percevoir qu’une seule
redevance. Celle-ci couvrait la totalité des frais du service et était perçue annuellement. Elle
n’était payée que par l’abonné à l’eau qui peut, dans certains cas, n’être que locataire. Or,
l’article R. 2224-19-8 du CGCT prévoit que la redevance « contrôle de conception » est payée
par le propriétaire de l’habitation. La pratique contrevenait donc à ces dispositions.
À compter de 2015, Dieppe-Maritime a décidé d’instituer des redevances
supplémentaires. Le service d’ANC est désormais financé par :
-
une redevance générale qui couvre les frais de service et le coût du contrôle
diagnostic décennal ;
-
deux redevances « contrôle de conception », une pour le contrôle du projet,
l’autre pour le contrôle de l’exécution des travaux ;
-
une redevance contrôle dans le cadre d'une vente,
-
une redevance pour l’entretien des installations.
La redevance générale demeure annualisée, c'est-à-dire qu’elle est perçue en dix
fois puisque la périodicité des contrôles est fixée à 10 ans. Les autres redevances sont perçues
en une seule fois, à l’issue de la prestation.
La redevance générale couvre les frais du service, ainsi que le contrôle décennal.
Elle est payée par l’utilisateur, c'est-à-dire l’abonné au service de l’eau. Les autres redevances
financent des prestations ponctuelles et sont désormais payées par le redevable prévu par les
textes. Le propriétaire d’une résidence louée ne paiera donc pas le fonctionnement régulier du
service mais seulement les prestations ponctuelles dont il est susceptible de bénéficier.
Une redevance eau pluviale est par ailleurs facturée aux 117 assujettis du seul
quartier de l’Esplanade à Dieppe. Cette dernière sera examinée plus loin.
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d’agglomération de la région de Dieppe – Volet 1 : service public d’assainissement non collectif (SPANC)
25
a -
La fixation du montant de la redevance
La redevance générale a beaucoup varié au cours de la période. Les deux
premières années, son montant a été fixé à 41 € (2006), puis à 32 € (2007), sans que cet écart
ne puisse être expliqué. Pour ces deux années, elle n’a finalement pas été facturée aux
intéressés car le service n’était pas effectif.
Le service ayant commencé à fonctionner en 2008, la redevance a été facturée à
compter de cette date. Elle a successivement été fixée à 29 € (2008), puis portée à
30 € (2009). Dieppe-Maritime ayant opté pour l’assujettissement à la TVA en 2013
27
, elle a
fixé le montant de la redevance à 27,27 € HT (2014
28
) et enfin, 28,40 € HT (2015).
À compter du 1
er
janvier 2015, les tarifs des redevances sont les suivants :
-
redevance générale : 28,40 € HT par an ;
-
redevance « contrôle conception » : 60 € HT (projet
29
) et 87 € HT (exécution
30
) ;
-
redevance « contrôle de fonctionnement », en cas de vente : 87 € HT
31
.
L’article R. 2224-19-5 du CGCT prévoit que «
(…) la part représentative des
opérations de contrôle est calculée en fonction de critères définis par l'autorité mentionnée au
premier alinéa de l'article R. 2224-19-1 et tenant compte, notamment, de la situation, de la
nature et de l'importance des installations. Ces opérations peuvent donner lieu à une
tarification forfaitaire.
»
Le montant de la redevance générale a été calculé pour couvrir les charges
annuelles du service, en intégrant le coût futur de la campagne de diagnostic (2019-2020),
campagne qui crée des à-coups dans les dépenses et qui oblige l’établissement à lisser ses
recettes. Dieppe-Maritime n’a cependant fourni aucun élément ayant trait à la situation, à la
nature et à l'importance des installations, contrairement aux dispositions précitées, ces
éléments n’ont manifestement pas été pris en compte car les redevances sont identiques, quel
que soit le type d’installation.
b -
L’intervention du président
Le 24 décembre 2014, le président a fixé le tarif 2015 de la redevance annuelle en
se fondant sur une délibération de mai 2014 qui ne l’autorisait pas à prendre une telle décision,
la fixation des redevances relevant de la seule compétence de l’assemblée délibérante et ne
pouvant être déléguée (article L. 5111-10 du CGCT). L’arrêté apparaît donc irrégulier.
La chambre rappelle que la fixation de la redevance relève de la seule compétence
du conseil communautaire. Elle demande également à Dieppe-Maritime de fixer les
redevances en tenant compte de la situation, la nature et l'importance des installations.
27
Sans modification du prix (TTC) payé par les redevables.
28
Jusqu’en décembre 2013, les délibérations fixant le montant de la redevance n’indiquait pas le montant de TVA applicable, la
communauté d’agglomération n’ayant pas opté pour ce régime. En décembre 2013, elle a opté pour l’assujettissement à la TVA,
sans changer le montant total de la redevance. Celle-ci est donc passée à 27,27 € HT + 2,73 € de TVA.
29
Ce coût a été justifié par le SPANC, selon le décompte suivant : 1h pour le technicien, pour un coût horaire de 24,04 €,
12 minutes pour la validation par le directeur, pour un coût horaire de 36 €, 24 minutes pour le traitement du dossier par l’assistant
administratif, pour un coût horaire de 20,01 € de l’heure, 36 minutes pour le traitement comptable du dossier, pour un coût horaire
de 21,15 € auquel il faut ajouter 8,06 € HT de frais divers.
30
Ce coût a été justifié par le SPANC selon le décompte suivant : 2h pour le technicien, pour un coût horaire de 24,04 €,
12 minutes pour la validation par le directeur, pour un coût horaire de 36 €, 24 minutes pour le traitement du dossier par l’assistant
administratif, pour un coût horaire de 20,01 € de l’heure, 36 minutes pour le traitement comptable du dossier, pour un coût horaire
de 21,15 € auquel il faut ajouter 11,72 € HT de frais divers.
31
Mêmes éléments que le contrôle exécution.
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26
2 -
Tous les redevables ne paient pas la bonne redevance
En principe, les foyers raccordés à l’AC paient la redevance AC, ceux non
raccordés, où qu’ils se trouvent (en zone AC
32
ou en zone ANC), sont soumis à l’obligation
définie par l’article L. 1331-1-1 du code de la santé publique et doivent payer la redevance
ANC qui est la contrepartie du service (contrôle).
En réalité, selon le fichier client de la compagnie fermière :
-
990 assujettis «
raccordables mais non raccordés
» paient la redevance AC
33
,
alors que, par définition, ils ne rejettent pas leurs eaux usées dans le réseau ;
ils devraient pourtant payer une redevance pour non raccordement, ainsi que
la redevance ANC, puisque n’étant pas raccordés, ils doivent être équipés d’une
filière ;
-
à Dieppe, 37 foyers paient la redevance ANC, alors que, selon le zonage,
149 foyers sont en zone ANC et devraient y être assujettis ;
-
382 non raccordables ne paient ni redevance AC, ni redevance ANC ; leur statut
non raccordable les contraint pourtant à s’équiper d’une filière de traitement et
à payer la redevance ANC.
Dieppe-Maritime est consciente des anomalies du fichier clients mais indique ne
pas disposer des moyens pour opérer les contrôles permettant de les corriger
34
.
Par ailleurs, dans le quartier de l’Esplanade, les assujettis payent une redevance
eau pluviale, sans aucun fondement légal
35
puisque le service de gestion des eaux pluviales
est un service public administratif financé par l’impôt.
Cette situation inédite est le résultat d’une longue évolution historique. Les
premières habitations du quartier, situé dans un secteur très escarpé, dénué de réseau
hydrologique, ont été raccordées au seul réseau existant, le réseau pluvial. Avec le
développement de l’urbanisation, ce réseau a ensuite été raccordé au réseau d’AC. Puis, les
habitations nouvelles ont été autorisées à se raccorder au même réseau sans devoir s’équiper
d’une filière de traitement. Les eaux usées, traitées ou non, selon que les habitations étaient
équipées d’une filière d’assainissement, ainsi que les eaux pluviales collectées sont donc
dirigées vers le port dans lequel elles se déversent, sauf par temps sec où elles sont envoyées
dans le réseau d’assainissement collectif
36
, ce qui permet de diminuer l’impact de ce
déversement. Le quartier compte donc des habitations équipées d’une filière d’ANC qui
rejettent leurs eaux traitées dans le réseau pluvial, et des habitations qui rejettent leurs eaux
usées dans le réseau sans traitement.
32
S’ils sont raccordables, ils doivent se raccorder dans les deux ans. À défaut, ils peuvent être astreints au versement de la
pénalité prévue par l’article L. 1331-8 du code de la santé publique.
33
Bien plus onéreuse que la redevance ANC.
34
Par exemple, Dieppe-Maritime ne dispose pas de toutes les informations sur la réalité des branchements au réseau d’AC. Une
partie des raccordables sont sans doute raccordés mais Dieppe-Maritime n’en est pas informé. Pour être efficace, le contrôle du
fichier des abonnés à l’eau devrait mobiliser le délégataire du service de l’eau ainsi que les communes.
35
. Cette situation tient au fait que le délégataire bénéficiait d’une délégation de service public portant sur l’eau, l’assainissement
des eaux usées et des eaux pluviales. Lorsque Dieppe a transféré la compétence eau et assainissement des eaux usées à
Dieppe-Maritime, elle a conservé la partie de la délégation correspondant aux eaux pluviales. Source : rapport du délégataire à
la commune de Dieppe.
36
Système dit de « prise de temps sec ».
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27
Cette redevance, instituée par la commune de Dieppe avant le transfert de la
compétence à Dieppe-Maritime, s’apparente à une redevance AC. Elle est d’ailleurs calculée
sur la base du volume d’eau consommé. Outre son intitulé trompeur, il n’y a rien d’anormal à
ce qu’elle soit facturée aux habitations raccordées directement au réseau unitaire (pluvial et
assainissement). En revanche, les habitations du quartier équipées d’une filière d’ANC ne
devraient pas y être soumises. L’extension du réseau d’AC au quartier devrait permettre de
résoudre ce problème. Mais elle n’interviendra pas avant plusieurs années. D’ici là, il est
indispensable que toutes les habitations du quartier soient contrôlées pour déterminer la
nature des équipements existants, celle des rejets collectés par le réseau et de soumettre les
usagers à la redevance correspondante.
La chambre rappelle que les foyers non raccordés à un réseau d’AC doivent être
équipés d’une installation d’ANC et soumis à la redevance ANC.
B -
Les comptes du SPANC
1 -
Des comptes isolés dans un budget annexe
Le CGCT
37
prévoit que les opérations relatives à l’assainissement collectif et à
l’assainissement non collectif sont regroupées au sein d’un même budget annexe, qui doit
cependant faire apparaître la répartition entre les opérations correspondant à chaque type
d’assainissement.
Dieppe-Maritime a fait le choix d’isoler l’ANC dans un budget annexe distinct du
budget annexe de l’AC, ainsi que du budget annexe de l’eau. Ce choix est justifié par le fait
que la gestion de l’eau et de l’AC est déléguée à un opérateur unique, alors que l’ANC est
géré en régie.
2 -
L’information financière et la fiabilité des comptes
a -
Le débat d’orientations budgétaires
Un débat d’orientations budgétaires a lieu chaque année. Il s’appuie sur une courte
note de présentation. Le document annonce généralement le nombre d’installations
contrôlées, le nombre de celles restant à contrôler et fait un point sur les redevances et les
financements de l’agence de l’eau.
Ces données sont complétées de projections chiffrées allant jusqu’en 2020, soit la
date à partir de laquelle Dieppe-Maritime estime devoir renouveler les premiers contrôles
opérés lors de la prise de compétence. Néanmoins ces tableaux présentent une limite car la
projection financière repose sur une augmentation des dépenses de 2 % et une augmentation
de la redevance générale de plus de 3,5 % par an, ce qui semble peu cohérent au regard de
l’inflation constatée depuis 10 ans (1,7 % par an), surtout si les contrôles futurs sont
progressivement lissés pour tenir compte de la date du plus récent contrôle.
37
Article R. 2224-19-1 du CGCT : «
Le conseil municipal ou l'organe délibérant de l'établissement public compétent, pour tout ou
partie du service public d'assainissement collectif ou non collectif, institue une redevance d'assainissement pour la part du service
qu'il assure et en fixe le tarif. Lorsque le service d'assainissement concerne à la fois l'assainissement collectif et l'assainissement
non collectif, deux redevances distinctes sont instituées. Le budget annexe du service d'assainissement ou le budget commun
d'eau et d'assainissement établi dans les conditions fixées par l'article L. 2224-6 ou l'état sommaire mentionné à l'article L. 2221-
11 doivent faire apparaître dans un état complémentaire la répartition entre les opérations relatives respectivement à
l'assainissement collectif et à l'assainissement non collectif. Le compte administratif doit faire apparaître de la même manière
cette répartition.
»
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d’agglomération de la région de Dieppe – Volet 1 : service public d’assainissement non collectif (SPANC)
28
b -
La fiabilité du budget primitif
Pour présenter des comptes en équilibre et compenser le résultat reporté,
Dieppe-Maritime majore ses dépenses de manière artificielle. Ainsi, le budget primitif
2016 présente un volume de dépenses s’établissant à 113 731 €, alors que les dépenses
réelles des dernières années oscillent entre 20 000 € et 26 000 €.
Pour éviter cet écueil, il suffirait que la communauté d’agglomération provisionne
le montant des diagnostics futurs
38
.
c -
La fiabilité du compte administratif
Les opérations budgétaires sont peu nombreuses. Le budget ne comporte ni
provisions, ni amortissements, ni immobilisations, ni même location de matériel.
Dans ces conditions, le remboursement annuel de 2 585 € de frais divers aux
autres budgets apparaît légèrement sous-dimensionné pour couvrir réellement l’ensemble des
coûts spécifiques au service d’ANC.
Les travaux réalisés chez les particuliers sont correctement inscrits en opération
pour compte de tiers. Cela n’a pas toujours été le cas mais la seule écriture défaillante a été
corrigée dès 2014.
La chambre recommande à Dieppe-Maritime, comme s’y est engagé le président,
de provisionner le coût des contrôles futurs, ce qui lui permettra d’améliorer la fiabilité de ses
comptes.
3 -
L’équilibre des comptes
L’équilibre des comptes du budget est assuré par les redevances. Par conséquent,
le constat de cet équilibre doit permettre de s’assurer de l’adéquation du montant des
redevances avec les charges du service. Cette vérification suppose que le budget soit complet
et sincère, ce qui semble être le cas en l’espèce.
Dieppe-Maritime a été invitée à justifier le montant de la redevance (puis des
redevances). En réponse, elle a fourni des éléments techniques indiquant que toutes les
charges de fonctionnement sont prises en compte. Pour les redevances particulières, Dieppe-
Maritime a fourni les éléments de décomposition des unités d’oeuvre (coût horaire des
intervenants, de l’ingénieur au comptable public), sans que ces éléments ne puissent être
vérifiés.
Pour vérifier que la redevance est fixée à un niveau adéquat, il suffit de s’assurer
que le service ne dégage pas de marges inutiles. Dans le cas de Dieppe-Maritime, cette
estimation est difficile à faire car les dépenses du service sont en partie cycliques, cycles dus
aux campagnes décennales de diagnostic des filières. Ainsi, les dépenses 2010 ressortent à
79 311 €, pour cause de paiement de la seconde tranche du marché de la compagnie fermière.
Celles de 2011 chutent à 12 968 €. Les dépenses se sont stabilisées à partir de 2012 mais
devraient connaître un nouveau pic en 2016 et 2017, en raison de la programmation du
diagnostic des installations non contrôlées en 2010, et un second en 2019-2020 pour le
contrôle décennal.
38
Selon l’instruction comptable M4, compte 157.2 : «
Les provisions pour charges à répartir sur plusieurs exercices correspondent
à des charges prévisibles, ne présentant pas un caractère annuel, telles que les frais de gros entretien et de grandes visites, qui
ne sauraient être supportées par le seul exercice au cours duquel elles sont engagées. (…) La provision est constituée de manière
linéaire, par exemple, de la date de la dernière campagne de contrôle jusqu’à la date de la campagne de contrôle suivante, par
le débit annuel du compte 6815.
»
Rapport d’observations définitives de la chambre régionale des comptes de Normandie sur la gestion de la communauté
d’agglomération de la région de Dieppe – Volet 1 : service public d’assainissement non collectif (SPANC)
29
Le caractère cyclique des dépenses tend cependant à s’estomper car le
renouvellement du diagnostic décennal interviendra de manière plus échelonnée
qu’auparavant. À l’inverse, les diagnostics réalisés en 2009 - 2010 ont été subventionnés par
l’agence de l’eau, subvention qui a peu de chance d’être reconduite en 2019-2020. Pour ces
raisons, les budgets 2019 et 2020 devraient connaître des hausses sensibles mais sans doute
moins élevées que celles constatées en 2009 et 2010. Dans ces conditions, il n’y a rien
d’anormal à ce que le service constitue des réserves pour y faire face, sous forme de
provisions.
La campagne de diagnostics 2009-2010 a été facturée 92 246 € par la compagnie
fermière. Les réserves du budget service d’ANC ne devraient donc pas aller
au-delà de cette somme, soit un résultat d’environ 10 000 € par an. Sur les quatre derniers
exercices (cf. annexe 1), le résultat moyen correspond à cette somme. Le montant des
redevances apparaît donc
adapté aux charges du service.
VI -
LA RELATION AVEC LES ELUS ET LES USAGERS
A -
La commission consultative des services publics locaux
En vertu de l’article L. 1413-1 du CGCT, une commission consultative des services
publics locaux (CCSPL) doit être constituée dans les communes de plus de
10 000 habitants, ainsi que dans les EPCI de plus de 50 000 habitants.
L’article L. 1413-1 du CGCT prévoit que la commission est composée des
membres de l'assemblée délibérante et des représentants d'associations locales, nommés par
l'assemblée délibérante ou l'organe délibérant
La commission, constituée en mai 2014, comporte des représentants de
l’assemblée délibérante. En revanche, elle compte deux personnes physiques qui ne
représentent aucune association locale.
La commission a bien été consultée en 2015, lors de la dernière actualisation du
règlement du service.
B -
Le rapport annuel sur le prix et la qualité du SPANC
1 -
L’adoption du rapport et sa diffusion
En vertu de l’article L. 2224-5 du CGCT, le président de l’EPCI doit présenter à
son assemblée délibérante un rapport annuel sur le prix et la qualité du service public
d'assainissement, destiné, notamment, à l'information des usagers.
Le conseil communautaire de Dieppe-Maritime a effectivement délibéré sur un
rapport relatif aux services d’eau et d’assainissement mais ce rapport n’est pas toujours
présenté dans les six mois qui suivent la clôture de l’exercice. Ainsi, le rapport 2013 a été
soumis au conseil communautaire le 30 septembre 2014, celui de 2014 le 29 septembre 2015.
Ce rapport est également diffusé aux communes membres de Dieppe-Maritime,
ainsi qu’à différents services de l’État, au département de la Seine-Maritime et à l’agence de
l’eau. Ce n’est qu’ensuite, que le public est informé qu’il peut consulter ce rapport, soit bien
au-delà des 15 jours suivant son adoption, comme le prévoit la loi.
Le rapport est ensuite envoyé aux maires des communes adhérentes, à charge
pour eux de le présenter au conseil municipal.
Rapport d’observations définitives de la chambre régionale des comptes de Normandie sur la gestion de la communauté
d’agglomération de la région de Dieppe – Volet 1 : service public d’assainissement non collectif (SPANC)
30
2 -
Le contenu du rapport
Selon le décret n° 2007-675 du 2 mai 2007, le rapport doit porter sur les
caractéristiques techniques du service, la tarification de l'assainissement et les recettes du
service, les indicateurs de performance et enfin, le financement des investissements.
Les rapports annuels de Dieppe-Maritime appellent plusieurs remarques :
-
les données présentées sont, dans certains cas, approximatives ; ainsi, le
nombre d’usagers est invariablement évalué à 1 100, ce qui semble assez
éloigné de la réalité. De même, la conformité des installations est exprimée au
regard des contrôles effectués en 2009 et en 2010, sous l’empire de l’ancienne
réglementation ; ces données n’ont donc pas été actualisées, ni pour tenir
compte des nouveaux contrôles réalisés, ni pour tenir compte du changement
de réglementation. Dans ces conditions, les taux de conformité indiqués sont
erronés ;
-
le rapport ne contient aucune information sur le financement des
investissements en lien avec le service d’ANC ; ces informations auraient pu
figurer au rapport 2014 car les comptes enregistrent des dépenses et des
recettes d’investissement (comptes de tiers).
La chambre demande donc à Dieppe-Maritime de compléter son rapport annuel
sur le prix et la qualité du service.
C -
Le pouvoir de police du président
Comme indiqué précédemment, à la suite du refus des maires de Dieppe et de
Tourville-sur-Arques, le président de Dieppe-Maritime a renoncé à exercer le pouvoir de police
de l’assainissement pour l’ensemble des communes de la communauté d’agglomération entre
mai 2012 et mars 2014.
Disposant dorénavant de la plénitude de son pouvoir de police de
l’assainissement, le président peut agir auprès des assujettis, en coordination avec les maires
intéressés, pour leurs rappeler leurs obligations et, dans un second temps, les mettre en
demeure de se mettre aux normes.
La chambre recommande à Dieppe-Maritime de se donner les moyens de faire
progresser plus rapidement l’assainissement non collectif.
*
La finalité du service de l’assainissement est de faire en sorte que les eaux usées
domestiques ne soient pas rejetées dans la nature avant d’avoir été correctement épurées.
Pour cela, le service est chargé de contrôler les installations d’assainissement et d’inciter les
particuliers à mettre aux normes les filières les plus dangereuses pour la santé et
l’environnement. Pour garantir à ce service une réelle efficacité, il doit avoir les moyens de
contrôler tous les sites potentiellement polluants car il suffit d’une filière défaillante pour porter
gravement atteinte au milieu naturel.
Rapport d’observations définitives de la chambre régionale des comptes de Normandie sur la gestion de la communauté
d’agglomération de la région de Dieppe – Volet 1 : service public d’assainissement non collectif (SPANC)
31
Le service de l’ANC de Dieppe-Maritime est certes un service encore jeune et
l’obligation de ne plus rejeter d’eau usée dans la nature n’est pas encore totalement
intériorisée par la population. Le service est cependant opérationnel depuis 2008. Or,
aujourd’hui, la chambre constate que :
-
les habitations concernées par l’ANC (qu’il y ait une installation ou pas) ont été
recensées de manière partielle ;
-
les installations recensées n’ont pas toutes été contrôlées ;
-
parmi les 561 installations potentiellement les plus dangereuses, seulement 13
ont été accompagnées par le service d’ANC, en vue de leur mise aux normes.
Pour les autres, le service ignore, à quelques exceptions près, si les travaux ont
été réalisés, et n’a procédé à aucun suivi, ni à aucune mise en demeure de
réaliser les travaux.
Dix ans après sa création, et après huit années de fonctionnement, le bilan du
service est donc peu satisfaisant.
Cette performance, d’autant plus surprenante que l’établissement est engagé dans
une démarche de développement durable, est le résultat du choix de ne pas utiliser les moyens
susceptibles de faire évoluer les comportements et d’inciter les assujettis à réaliser les travaux
de réhabilitation des installations les plus dangereuses.
Pour atteindre les objectifs du service, un plan d’actions, doté des moyens
adéquats, doit être adopté au plus vite.
*
Rapport d’observations définitives de la chambre régionale des comptes de Normandie sur la gestion de la communauté d’agglomération de la région de Dieppe – Volet 1 : service public
d’assainissement non collectif (SPANC)
32
ANNEXE
Annexe 1 : données issues des comptes de gestion
N° de compte
intitulé
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
moy enne
2012 2015
Dépenses de fonctionnement
6063
fourniture d'entretien
10,28 €
611
Sous-traitance générale
35 510,00 €
56 736,56 €
1 643,30 €
1 761,63 €
1 775,35 €
1 091,20 €
2 132,95 €
6161
Multirisques
315,22 €
253,55 €
628,18 €
380,14 €
-
€
6168
Autres
328,00 €
358,10 €
493,77 €
618
Divers
92,16 €
-
€
6215
Persel affecté par collectivité rattacht
19 948,08 €
18 499,13 €
18 385,79 €
6226
Honoraires
3 061,76 €
-
€
6231
Annonces et insertions
1 136,20 €
-
€
6287
Remboursements de frais
15 709,00 €
18 122,36 €
11 010,04 €
21 011,04 €
2 772,98 €
2 585,08 €
-
€
6718
Autres charg except sur opérat gestion
2 958,00 €
-
€
673
Titres annulés exercices antérieurs
0
TOTAL
51 547,00 €
79 311,22 €
12 968,56 €
26 087,98 €
25 124,59 €
22 647,71 €
21 022,79 €
23 720,77 €
Recettes de fonctionnement
7062
Redevance d'assainissement non collectif
35 090,00 €
29 925,02 €
30 909,16 €
32 859,90 €
34 432,59 €
33 698,76 €
34 169,29 €
748
Autres subv exploitation
3 149,00 €
958,87 €
17 093,88 €
7718
Autres prod except sur opé gestion
192,00 €
111,68 €
50,42 €
26,88 €
774
subventions exceptionnelles
12 000,00 €
TOTAL
50 431,00 €
30 995,57 €
48 003,04 €
32 859,90 €
34 432,59 €
33 749,18 €
34 196,17 €
33 809,46 €
Résultat de fonctionnement de l'exercice
-1 116,00 €
-48 315,65 €
35 034,48 €
6 771,92 €
9 308,00 €
11 101,47 €
13 173,38 €
10 088,69 €
Résultat de clôture à la fin de l'exercice
54 242,75 €
5 927,10 €
40 961,58 €
46 023,72 €
38 175,56 €
58 755,19 €
78 628,65 €
55 395,78 €
Investissements
2314
Constructions sur sol autrui
1 709,78 €
1 709,78 €
4581
Opér pour cpte de tiers - dépenses
17 156,16 €
19 381,94 €
229 371,00 €
4582
Opérations pour cpte de tiers - recettes
9 994,16 €
Source : compte de gestion 2009 à 2014 et compte administratif 2015