Sort by *
Lyon, le 7 juillet 2016
La présidente
N° D162845
Recommandée avec A.R.
Réf. :
ma lettre n° D162219 du 27 mai 2016
P.J. :
1
Monsieur le Maire,
Par lettre citée en référence, je vous ai communiqué le rapport d’observations définitives de
la chambre régionale des comptes concernant la gestion de la commune
d’A
utrans au cours
des exercices 2009 à 2014. Celui-ci a également été communiqué aux ordonnateurs en
fonctions au cours de la période.
A l’issue du délai d’un mois fixé par l’article L.
243-5 du code des juridictions financières, je
vous notifie à nouveau ce rapport, accompagné de la réponse écrite
qu’a
fait parvenir à la
chambre, dans ce délai, M. Thierry Gamot.
En application du même article, vous avez l’obligation de communiquer le rapport
d’observations d
e la chambre, auquel doit être jointe la réponse écrite, à votre assemblée
délibérante, dès sa plus proche réunion. Il doit faire l’objet d’une inscription à l’ordre du jour
de celle-ci, être joint à la convocation adressée à chacun de ses membres et donner lieu à
un débat.
Ce rapport devenant publiable et communicable dès cette réunion à toute personne qui en
ferait la demande, conformément aux dispositions de
l’article R.
241-18 du code des
juridictions financières, je vous serais obligée de me faire connaître à quelle date ladite
réunion aura lieu et de me communiquer, en temps utile, copie de son ordre du jour.
Monsieur Hubert ARNAUD
Maire d’Autrans
-Méaudre en Vercors
Mairie
Place de la Mairie
38880 AUTRANS-MEAUDRE EN VERCORS
2/59
Rapport d’observations définitives –
Commune d’Autrans (38)
En application de l’article R.
241-23 du code des juridictions financières, une copie du
rapport d’observations est, en outre, communiquée au préfet et au directeur
départemental
des finances publiques de
l’Isère.
J’appelle votre attention sur les dispositions de la loi n° 2015
-991 du 7 août 2015 portant
nouvelle organisation territoriale de la République et plus particulièrement sur son article 107
introduisant un article L. 243-7 au code des juridictions financières qui prévoit que "...
Dans
un délai d'un an à compter de la présentation du rapport d'observations définitives à
l'assemblée délibérante, l'exécutif de la collectivité territoriale ou le président de
l'établissement public de coopération intercommunale à fiscalité propre présente, dans un
rapport devant cette même assemblée, les actions qu'il a entreprises à la suite des
observations de la chambre régionale des comptes. Ce rapport est communiqué à la
chambre régionale des comptes, qui fait une synthèse annuelle des rapports qui lui sont
communiqués. Cette synthèse est présentée par le président de la chambre régionale des
comptes devant la conférence territoriale de l'action publique. Chaque chambre régionale
des comptes transmet cette synthèse à la Cour des comptes en vue de la présentation
prescrite à l'article L. 143-10-1."
.
En application de ces dispositions, je vous demande de me communiquer, après sa
présentation à l’assemblée délibérante dans le délai légal d’un an
, le rapport relatif aux
actions entreprises à la suite des observations de la chambre.
Je vous prie d’agréer, Monsieur
le Maire,
l’express
ion de ma considération la plus
distinguée.
Catherine de Kersauson
3/59
Rapport d’observations définitives –
Commune d’Autrans (38)
RAPPORT D’OBSE
RVATIONS DÉFINITIVES
ET
SA
RÉPONSE
Commune
d’Autrans (38
)
Exercices 2009 à 2014
Observations
définitives
délibérées le 18 avril 2016
4/59
Rapport d’observations définitives –
Commune d’Autrans (38)
SOMMAIRE
1-
PRESENTATION DE LA COMMUNE
......................................................................................
7
2-
L’ENVIRONNEMENT INST
ITUTIONNEL
.............................................................................
8
2.1-
Les relations intercommunales
......................................................................................
8
2.1.1-
La communauté de communes
..................................................................................
8
2.1.2-
Le syndicat Autrans-Méaudre
...................................................................................
9
2.2-
La création de la commune nouvelle
.............................................................................
9
3-
LA FIABILITE DES COMPTES
...............................................................................................
10
3.1-
Des annexes aux documents budgétaires incomplètes
...............................................
10
3.2-
Des erreurs d’imputation
.............................................................................................
10
3.3-
Des carences sur les remboursements de frais entre budget
.....................................
10
3.4-
Des travaux en régie potentiellement surévalués
.......................................................
11
3.5-
Une affectation des résultats 2011 incorrecte
.............................................................
12
3.6-
Une absence de restes à réaliser
..................................................................................
12
3.7-
Une comptabilité analytique imparfaite
.....................................................................
13
4-
LA SITUATION FINANCIERE
................................................................................................
14
4.1-
La formation de la capacité d’autofinancement brute
..............................................
14
4.1.1-
Les produits de gestion
...........................................................................................
14
4.1.2-
Les charges de gestion
............................................................................................
18
4.1.3-
L’incidence des services liés à l’activité touristique sur
la situation financière de
la commune
.............................................................................................................
21
4.1.4-
De l’excédent brut de fonctionnement à la CAF brute
...........................................
23
4.2-
Le financement des investissements
............................................................................
24
4.2.1-
De la CAF brute à une CAF nette très dégradée
.....................................................
24
4.2.2-
Un financement propre disponible peu important
...................................................
24
4.3-
La situation patrimoniale
.............................................................................................
25
4.3.1-
Une trésorerie en forte tension
................................................................................
25
4.3.2-
Un encours de dette constant mais peu soutenable en l’état
...................................
27
4.4-
Conclusion sur la situation financière de la commune
..............................................
29
5-
LA GESTION DE LA STATION DE SKI
................................................................................
29
5.1-
L’organisation administrative
.....................................................................................
29
5.1.1-
La forme juridique de la régie.
................................................................................
29
5.1.2-
Le statut du personnel permanent
...........................................................................
30
5.2-
L’activité de la station
..................................................................................................
32
5.2.1-
Le domaine de ski alpin
..........................................................................................
32
5.2.2-
Le domaine de ski nordique
....................................................................................
40
5.3-
Les mutualisations avec Méaudre
...............................................................................
43
5.4-
La question de l’avenir de la station
...........................................................................
43
6-
LA CESSION DE LA RESIDENCE DU SORNIN
...................................................................
44
6.1-
La procédure retenue
...................................................................................................
45
6.2-
L’évaluation de la valeur du bien et son prix de cession.
..........................................
45
6.3-
Le suivi par la commune.
.............................................................................................
46
6.4-
Les contentieux
.............................................................................................................
47
7-
LA GESTION DE LA COMMANDE PUBLIQUE
..................................................................
48
7.1-
L’organisation de la commande publique
..................................................................
48
7.2-
Des pratiques non conformes au codes marchés publics
...........................................
48
7.3-
Les défaillances de présentation des rapports d’analyse des offres
.........................
49
7.4-
La réalisation des deux plus importantes opérations de travaux de la période.
.....
49
7.4.1-
L’auberge de la Poya.
.............................................................................................
49
7.4.2-
La maison des associations
.....................................................................................
50
8-
ANNEXES
.....................................................................................................................................
52
5/59
Rapport d’observations définitives –
Commune d’Autrans (38)
SYNTHESE
La chambre régionale des comptes d’Auvergne, Rhône
-Alpes a examiné la gestion de la
commune d’Autrans pour les exercices 2009 à 2014,
en veillant à intégrer, autant que
possible, les données les plus récentes.
Autrans est une commune de moyenne montagne de 1 751 habitants située au sein du
massif du Vercors. Très proche géographiquement de Méaudre, elle a développé
historiquement une coopération avec celle-ci sur plusieurs aspects, qui a trouvé son
aboutissement dans la création d’une commune nouvelle au 1
er
janvier 2016.
La commune, qui s’est développée au début des années 1970 suite à l’accueil des jeux
olympiques d’hiver de Grenoble de 1968, a une activité touristique importante, grâce à sa
station de ski alpin et son domaine de ski nordique, gérés en régie directe.
Le domaine de ski alpin souffre périodiquement d’une absence d’enneigement et n’attire, de
ce fait, principalement que des clients locaux. Son exploitation est déficitaire globalement sur
la période. Le service de gestion des remontées mécaniques
n’a plus la capacité de porter
aujourd’hui des investissements importants et doit faire face à des dépenses prochaines
conséquentes sur les installations. L’exploitation du domaine de ski de fond est également
structurellement déficitaire et pèse sur les capacités financières du budget principal de la
commune. Les canons à neige installés entre 2006 et 2008 ont permis de pérenniser
l’activité mais ont accentué les charges d’exploitation. Le développement des activités
estivales apparaît difficile et
, au surplus, très coûteux, la piscine communale n’étant
notamment plus aux normes.
En tout état de cause, le développement de la commune en tant que station touristique
apparaît aujourd’hui complexe dans la mesure où les activités hôtelières stagnent et
où les
investisseurs privés sont peu présents. La cession de la résidence du Sornin, dans des
conditions peu favorables pour la commune, en est une illustration. Le conseil municipal doit
effectuer des choix stratégiques réalistes en matière de développeme
nt et d’orientation de
l’activité, dans le cadre de la commune nouvelle et une réflexion globale doit être opérée à
l’échelon de la communauté de communes, compétente à compter de 2016 en matière de
promotion touristique. Le maire en fonction jusqu’en déce
mbre 2015 a indiqué partager les
recommandations de la chambre.
La réorganisation des services qui découlera de l’institution de la commune nouvelle devra
être l’occasion de rénover la gestion interne qui manque de rigueur, tout particulièrement en
ce qui concerne les procédures budgétaire et comptable, les modalités de recrutement du
personnel et la commande publique.
La situation financière de la commune est très dégradée. Les taux d’imposition, augmentés à
trois reprises durant la période, sont très supérieurs à ceux de la strate. La capacité
d’autofinancement est
néanmoins
négative depuis 2011 et l’équilibre budgétaire n’a été
atteint que par le biais de recettes de cession d’actifs non reconductibles. La dette pèse
largement sur les capacités d’investissement et les dépenses d’équipement de la période ont
été très faibles. La trésorerie connait de fortes tensions : malgré la souscription de lignes de
trésorerie, les fournisseurs sont réglés avec retard.
Cette situation a conduit la nouvelle municipalité à prendre des mesures en 2014 et 2015 de
diminution des charges et de hausse des recettes. Si ces premières décisions ont permis de
rééquilibrer, bien que de façon précaire, le budget principal de la commune, il convient de
poursuivr
e les efforts en veillant à dégager des capacités d’autofinancement pour financer
les dépense
s d’équipements strictement nécessaires
.
6/59
Rapport d’observations définitives –
Commune d’Autrans (38)
RECOMMANDATIONS
Recommandation n° 1 : dans le cadre de la mise en place de la commune nouvelle, définir
une stratégie sur l’avenir de la station, sur la base de projections réalistes des possibilités de
développement
de
la
fréquentation
et
d’une
programmation
pluriannuelle
des
investissements indispensables ;
Recommandation n° 2
: veiller au maintien d’une capacité d’autofinancement suffisante afin
de respecter les règles d’équilibre réel du budget et de financer les dépenses d’équipement
indispensables ;
Recommandation n° 3 : réviser le statut des agents de droit privé dont la rémunération est
supportée par le budget principal de la commune ;
Recommandation n° 4 : procéder à une réorganisation de la commande publique afin de
respecter l’ensemble des règles en ce domaine
;
Recommandation n°
5 : établir l’état des restes à réaliser en fin d’exercice
;
Recommandation n° 6
: veiller à l’uniformisation des pratiques comptables pour la tenue du
budget annexe « remontées mécaniques » ;
Recommandation n° 7 : prendre les mesures nécessaires pour respecter le délai global de
paiement des fournisseurs.
7/59
Rapport d’observations définitives –
Commune d’Autrans (38)
La chambre régionale des comptes d
’Auvergne,
Rhône-Alpes a procédé, dans le cadre de
son programme de travail, à l’examen de la gestion de
la commune d’Autrans
pour les
exercices 2009 à 2014, en veillant à intégrer, autant que possible, les données les plus
récentes.
Le contrôle a été engagé par lettre en date du 29 avril 2015, adressée à M. Gamot, maire de
la commune
jusqu’au 31 décembre 2015
. Son prédécesseur sur la période contrôlée,
M. Tatin, a également été informé le 29 avril 2015.
Les investigations ont porté plus particulièrement sur les points suivants :
la fiabilité des comptes et la gestion budgétaire ;
la situation financière ;
la gestion de la station de ski ;
la cession de la résidence du Sornin ;
la gestion de la commande publique.
L’entretien préalable prévu par l’article L.
243-1 du code des juridictions financières a eu lieu
le 22 octobre 2015 avec M. Gamot. Il a également eu lieu avec M. Tatin à la même date.
Lors de sa séance du 23 novembre 2015, la chambre a formulé des observations provisoires
qui ont été adressées le 18 décembre à M. Gamot, ainsi que, pour celles les concernant, à
M. Tatin et aux personnes nominativement ou explicitement mises en cause.
Après avoir examiné les réponses écrites, la chambre, lors de sa séance du 18 avril 2016, a
arrêté les observations définitives reproduites ci-après.
1-
PRESENTATION DE LA COMMUNE
Autrans est une commune de moyenne montagne de 1 751 habitants. Implantée au nord du
ma
ssif du Vercors, cette commune rurale s’est développée autour des activités sportives
hivernales à partir des années 70, à la suite des jeux olympiques de Grenoble de 1968
1
.
Largement tournée vers le tourisme, elle compte 1974 logements, dont 57,9 % de
résidences secondaires (contre 9,5
% à l’échelle de la France métropolitaine et 8,5
% à
l’échelle du département de l’Isère)
. La médiane du revenu disponible par unité de
consommation en 2012 est de 19 931 euros
2
. Le taux de chômage de la zone d’emploi est
de 10,8 %.
Autrans est toujours un site de manifestations sportives importantes, en particulier en
matière de ski nordique. Elle a ainsi accueilli les championnats du monde de ski de fond en
2009 et il y est organisé annuellement la « Foulée blanche », évènement majeur dans cette
discipline
. Dans ce domaine comme dans d’autres, le secteur associatif joue un rôle
significatif d’animation de la commune
3
.
1
Elle a accueilli les épreuves sportives de ski de fond, biathlon, saut à ski (petit tremplin) et combiné nordique.
2
Contre 20 824,7 pour le
département de l’Isère.
3
La Foulée blanche est organisée par une association ; deux associations gravitent autour de la gestion
communale du ski de fond (le Centre sportif nordique et le Foyer du ski de fond)
; l’association des «
grands
évènements d’Autrans
» a porté la candidature aux JO de 1968 et au championnat du monde 2009 ; le festival
du film international de montage d’Autrans est organisé par une association
; l’office de tourisme est géré par
une association.
8/59
Rapport d’observations définitives –
Commune d’Autrans (38)
Le domaine skiable relève de la catégorie des « petites stations », qui représente seulement
9 % des stations françaises. Toutefois, Autrans est en situation de forte concurrence avec
les vingt-
quatre stations de ski de l’Isère et de la Drôme qui, pour dix
-
huit d’entre elles,
relèvent de la même catégorie
La station se compose d’un domaine de ski n
ordique de 130 km de pistes, ce qui en fait le
plus important des Alpes, et d’un domaine de ski alpin modeste de 20 km comprenant seize
remontées mécaniques et un télésiège. Des activités annexes sont également proposées
(chiens de traineaux, raquettes, luge, ...), notamment par le biais de pistes balisées
spécifiques.
La commune a un budget de plus de 4 M€ et emploie une trentaine d’agents permanents en
équivalent temps plein.
Au 1
er
janvier 2016, la commune
d’Autrans
en tant que telle a disparu pour laisser place à la
commune nouvelle d’Autrans
-Méaudre en Vercors. Le maire de cette nouvelle collectivité
territoriale est M. Hubert Arnaud. M. Gamot
est désormais maire délégué d’Autrans.
2-
L’ENVIRONNEMENT INST
ITUTIONNEL
2.1-
Les relations intercommunales
2.1.1-
La communauté de communes
Autrans est membre de la communauté de communes du Massif du Vercors (CCMV), qui
compte 11 500 habitants. Cet établissement public regroupe sept communes qui se sont
associées dès 1968 dans le ca
dre d’un syndicat de communes à l’occasion des jeux
olympiques de Grenoble. Ce syndicat s’est transformé en district en 1993 puis
en
communauté de communes le 1
er
janvier 2001.
Celle-ci a principalement pour compétences :
l’aménagement du territoire (plan local d’urbanisme i
ntercommunal, desserte
internet haut débit, animation du dispositif logement, programme local de l’habitat,
logements saisonniers, transport et mobilité) ;
le développement économique (actions et animation pour l’artisanat et le comme
rce,
promotion touristique intercommunale et promotion touristique globale en lien avec
Vercors Tourisme) ;
la jeunesse et vie locale (coordination des actions enfance-jeunesse, coordination
des actions prévention santé, accueil de loisirs, ludothèque, relais assistantes
maternelles,
accueil
des
personnes
âgées,
médiathèque
et
réseau
des
bibliothèques) ;
et la protection de l’environnement (collecte, traitement et valorisation des déchets,
développement des sites de compostages, gestion et traitement des eaux usées
participation au plan eau Vercors, exploitation de l’usine de compostage et de l’unité
de méthanisation produisant du biogaz, développement des énergies renouvelables,
soutien à la centrale villageoise photovoltaïque des quatre montagnes).
Le conseil communautaire a adopté, par délibération du 19 décembre 2014, le passage
d’une fiscalité additionnelle à une fiscalité professionnelle unique, et ceci dès 2015.
En
parallèle, de nouvelles compétences ont été transférées ou sont en cours de transfert :
zones d’activités économiques (délibération
du 23 janvier 2015), petite enfance. Par
délibération du 19 décembre 2014
, la CCMV a décidé d’engager la création d’un of
fice du
tourisme intercommunal (OTI) au 1
er
janvier 2016 ainsi que l'élaboration du schéma local de
9/59
Rapport d’observations définitives –
Commune d’Autrans (38)
développement et d'organisation touristique (SLDOT) afin de définir les orientations
stratégiques de cette politique publique ainsi qu’une organisation adap
tée.
Le bassin de vie
sur le territoire, au sens de l’Insee, est relativement cohérent avec le
périmètre actuel de la CCMV mais intègre aussi, à l’ouest, les communes de Rencurel
(300 hab.), Saint-Julien en Vercors (240 hab.) et Saint Martin en Vercors (427 hab.).
2.1.2-
Le syndicat Autrans-Méaudre
Outre la CCMV, les communes d’Autrans et de Méaudre se sont spécifiquement associées,
depuis 1971, au sein d’un syndicat interc
ommunal Autrans-Méaudre (SIAM). Une telle
association n’est pas incohérente dans la
mesure où la situation géographique des
communes les isole sur un plateau particulier.
Aux termes de ses statuts le SIAM est notamment compétent pour
l’assainissement
(antennes secondaires), les activités socioculturelles, l’alimentation en eau potable, l’étude et
la réalisation d’équipements touristiques. Ces statuts sont très imprécis car sur certains
aspects la compétence est définie très largement mais n’est exercée que de façon restreinte
(eau, activités socioculturelles, équipements touristiques). Il est en particulièrement
dommageable que la compétence sur le tourisme n’ait pas été étendue largement afin de
résoudre la situation des offices de tourisme coexistants d’Autrans et de Méaudre.
Le syndicat, qui n’a pas de personnel, a pour seul objet de p
orter administrativement la
gestion de services afin d’en partager les coûts. Les deux communes y contribuent
annuellement (entre 20 et 40 k€ par an pour Autrans).
2.2-
La création de la commune nouvelle
Les communes d’Autrans et Méaudre sont très proches géo
graphiquement (5 km de
distance) et constituent les seules communes sur un même plateau. Outre la création du
SIAM, elles ont pris plusieurs initiatives de rapprochement : communication institutionnelle
(journal municipal commun), campagne de promotion commune sous la marque Autrans-
Méaudre, politique tarifaire commune pour leur domaine skiable respectif.
Les articles 13 et 14 de la loi n° 2015-292 du 16 mars 2015 relative à l'amélioration du
régime de la commune nouvelle prévoient un régime financier très favorable pour les
communes nouvelles créées avant le 1
er
janvier 2016 puisqu’elles sont exemptées de la
contribution au redressement des finances publiques, qui se traduit par une baisse
conséquente des dotations de l’État et apporte, en sus, une bonification. Il s’agit d’un atout
non négligeable car la baisse des dotations des deux communes serait très importante.
Tableau n° 1
En k€
2014
2015
2016
2017
2018
Dotations Autrans (DGF + DNP + DSR)
826
592
514
435
427
Dotations Méaudre (idem)
338
292
241
191
189
Total
1163
883
755
626
616
Dotations de la commune nouvelle
-
-
919
919
892
Source : commune
Consultée sur cette question en octobre 2015, les populations concernées ont donné un avis
favorable à 80 % des votes exprimés à Autrans et 50,5 % à Méaudre.
Les conseils municipaux d’Autrans et de Méaudre ont délibéré le 29 octobre 2015 à ce sujet
et ont décidé la création de la commune nouvelle « Autrans-Méaudre en Vercors » au
10/59
Rapport d’observations définitives –
Commune d’Autrans (38)
31 décembre 2015, ayant son chef-lieu à Méaudre. Chacune des communes conservera
néanmoins une mairie et un maire délégué. La création de la commune nouvelle devrait
avoir en outre pour conséquence la disparation du syndicat Autrans-Méaudre.
3-
LA FIABILITE DES COMPTES
3.1-
Des annexes aux documents budgétaires incomplètes
Les annexes aux budgets primitifs et comptes administratifs jouent un rôle d’information de
l’assemblée délibérante et des citoyens. Or plusieurs manquements ont été constatés en
l’espèce
en ce qui concerne le budget primitif principal :
l
’annexe relative au détail des crédits de trésorerie (A2.1) n’est pas servie, alors que
la commune y a eu recours en 2010, 2012, 2013 et 2014 ;
sont manquantes les annexes A3 (Méthodes utilisées pour les amortissements), A4
(état des provisions), A5 (étalement des provisions), A8 (état des charges
transférées), A9 (détail des opérations pour compte de tiers), annexes B1.2 à B3
4
(engagements hors bilan), C3.1 (liste des organismes de regroupement auxquels la
commune adhère), l’annexe C3.2 (liste des établissement créés), C3.3 (liste des
services individualisés dans un budget annexe), C3.4 (liste des services assujettis à
la TVA et non érigés en budget annexe) ;
l’annexe C1 (état du personnel) est fournie mais se révèle incomplète
5
.
Au compte administratif du budget principal, seules certaines annexes relatives à la dette
sont jointes
6
, à l’exclusion de toutes les autres annexes o
bligatoires.
La chambre recommande d’appliquer avec rigueur les
dispositions des instructions
comptables en matière de présentation des comptes déterminées par les maquettes
budgétaires officielles.
3.2-
Des erreurs d’imputation
Plusieurs erreurs importantes
d’imputation ont été repérées concernant
le FNGIR, l’IFER, la
TASCOM, la CVAE et le fonds départemental de péréquation de la taxe sur les droits de
mutation à titre onéreux. Ces anomalies sont précisées en annexe.
De plus, une erreur d’imputation importa
nte a concerné la subvention de fonctionnement
versée par le département de l’Isère pour l’entretien des pistes de randonnées en ski de fond
et la pratique de cette discipline dans le cadre scolaire. Les versements relatifs aux
exercices 2011 et 2012 ont été incorrectement inscrits en recette de la section
d’investissement en 2012. Cette erreur d’imputation a eu pour effet une hausse artificielle de
94
929 € des recettes d’investissement.
3.3-
Des carences sur les remboursements de frais entre budget
Le budget principal supporte le remboursement de frais au budget annexe « remontées
mécaniques », pour des mises à disposition ou prestations. Cependant, la méthode
appliquée souffre de deux carences :
4
L’annexe B3 (emploi des recettes grevées d’une affectation
spéciale) concerne en particulier le produit de la
taxe de séjour, qui par exception au principe d’universalité doit être affecté à des dépenses déterminées.
5
Les totaux des emplois budgétaires sont erronés.
6
Dans les comptes administratifs, les annexes relatives aux souscriptions de lignes de trésorerie sont présentes
sur certains exercices, mais non complétées.
11/59
Rapport d’observations définitives –
Commune d’Autrans (38)
les mandats ne comportent pas les éléments permettant
d’identifier le motif du
remboursement. Il s’agit cependant principalement du remboursement du salaire
d’un agent de droit privé qui exerce majoritairement la fonction d’agent chargé des
finances ;
les remboursements n’ont eu lieu qu’en 2009, 2010 et 2012
, pour respectivement
42, 45 et 60 k€, alors qu’ils
auraient dû intervenir lors de chaque exercice puisqu’il
s’agit de dépenses récurrentes
; la situation financière du budget principal a amené
à ne pas réaliser ces dépenses en 2011, 2013 et 2014.
En parallèle, le salaire du directeur de la station, qui est supporté par le budget principal, ne
fait l’objet d’aucun remboursement par le budget annexe «
remontées mécaniques », alors
même que sa fonction s’exerce pour une grande part dans le cadre du service
correspondant.
3.4-
Des travaux en régie potentiellement surévalués
L’instruction budgétaire et comptable M14 (tome II, titre 3, chapitre 3, paragraphe 1.2.1.3)
dispose que les immobilisations créées par une commune sont comptabilisées à leur coût de
productio
n (matériel et outillage acquis ou loués, frais de personnel, etc.) à l’exclusion des
frais financiers et des frais d’administration générale. La production immobilisée donne lieu à
une opération d’ordre budgétaire
réalisée en fin d’exercice.
Cette opération permet
d’intégrer dans la base de calcul du fonds de compensation de la
TVA le coût des matériels et matériaux utilisés pour la construction, le coût de la main
d’œuvre devant être isolé et ne pas apparaître dans l’assiette du fonds de compensation de
la TVA.
Durant la période sous contrôle, la commune a comptabilisé chaque année une somme de
69
900 € environ. Le détail des opérations réalisées en régie est reporté en
annexe 2.
Tableau n° 2
en €
2009
2010
2011
2012
2013
2014
Production immobilisée, travaux en régie
64 649
69 038
69 975
69 972
69 940
69 830
Source : comptes de gestion budget principal, retraitements CRC
Outre le fait qu’une telle stabilité du volume des travaux réalisés en régie soit peu
probable,
s’agissant d’opérations qui, par nature, sont variables d’une année sur l’autre, la chambre
relève que le détail des opérations réalisées ne correspond pas toujours à des
investissements identifiables, ou portant sur des travaux d’entretien qui o
nt pour effet une
augmentation notable de la durée d’utilisation
du patrimoine. Ainsi, les intitulés reportés
dans le détail des travaux en régie sont souvent imprécis et ne permettent pas d’identifier
qu’il s’agit bien de dépenses concourant à un enrichi
ssement du patrimoine communal
7
. A
l’inverse, certains intitulés concernent sans ambiguïté des charges de fonctionnement
8
.
Enfin, le volume horaire de travail affecté à certaines opérations semble excessif :
en 2011,
l’opération «
tables de pique-nique » est valorisée à hauteur de
12
112,55 €. Elle comporte la fourniture de tables pour 600,30, €, du «
gaz pour
soudure
» pour 657,66 €, des petits équipements pour 2 861,18 €, et la valorisation
de l’utilisation d’un camion et d’un fourgon pour 1 200 km et
455,01 heures de
travail (soit la main d’œuvre fournie par un saisonnier pendant trois mois) valorisées
7
Les intitulés : « réfection chemins » (2009), « travaux de voirie » (2011), « divers travaux de terrassement »
(2011 et 2012), en sont des exemples.
8
« Fleurissement commune » (2009), « entretien des véhicules » (2012, 2013, 2014) ; « entretien de bâtiments »
(2011 et 2014).
12/59
Rapport d’observations définitives –
Commune d’Autrans (38)
pour 165,41 €. Les moyens déployés pour installer des tables d’extérieur acquises
au prix
de 600,30 € semblent excessifs
;
en 2012, l’opération «
pose des nouveaux panneaux de rue » comptabilise 150 km
d’utilisation d’un camion communal pour 103,50 €, et 150 heures d’utilisation du
tractopelle communal pour 6
750 €
;
en 2013,
l’opération «
mise en place de panneaux/moloks/borne » comptabilise
140 heures
d’utilisation du tractopelle communal pour 6
300 €.
Ce défaut de fiabilité des comptes a pour effet d’inclure à tort des dépenses de
fonctionnement dans l’assiette des dépenses éligibles au fonds de compensation de la TVA
et
de majorer artificiellement
l’excédent
brut
de
fonctionnement
et
la
capacité
d’autofinancement du budget principal, les travaux en régie inscrits représentant 32
% de ce
solde intermédiaire de gestion en 2014 et 157 % en 2013.
La même constance
d’inscription de
travaux en régie a été constatée sur le budget annexe
« remontées mécaniques ».
3.5-
Une affectation des résultats 2011 incorrecte
La chambre a vérifié l’exactitude de l’affectation des résultats. Il en ressort une affectation
incorrecte du résultat de l’exercice 2011 au budget
primitif de l’exercice 2012.
En effet, le besoin de financement reporté de 2011 n'est pas couvert au budget primitif 2012.
Le besoin de financement s’élève à 86
600,31€ (résultat de la section d’investissement
A, diminué des restes à réaliser B). Or la p
art affectée à l’investissement en 2012
par le
conseil municipal a été nulle. Le virement à la section d’investissement aurait dû s’élever à
86
600,31 €. Le report en section de fonctionnement du budget 2012 aurait été diminué
d’autant, pour s’établir à 12
4 778
€ au lieu de 211
378 €, modifiant de ce fait les conditions
de l’équilibre réel du budget primitif 2012.
Tableau n° 3 : Affectation du résultat 2011 au budget primitif 2012
Résultat à la clôture de
l'exercice 2011
Solde des restes à réaliser
2011
Part affectée à
l'investissement exercice
2012
Investissement
71 399,69 € (A)
-
158 000,00 € (B)
Fonctionnement
211 378,47 €
-
0,00 €
Source : compte administratif 2011 et budget primitif 2012, budget principal.
Cette carence importante est due au fait que la délibération d’affectation du résultat, en date
du 3 avril 2012, ne mentionne aucun reste à réaliser en section d’investissement, alors
même qu’ils figurent au compte administratif 2011 et au budget primitif
2012, votés le même
jour. Le budget 2012 est par conséquent non sincère, le report des crédits en
fonctionnement étant excédentaire par rapport à ce qu’il aurait dû être.
3.6-
Une absence de restes à réaliser
La comptabilité budgétaire communale impose de
reporter au compte administratif d’une
année N et au budget primitif de l’année N+1 les restes à réaliser, en particulier en section
d’investissement. Les restes à réaliser correspondent aux dépenses engagées non
mandatées et aux recettes certaines n'ayant pas donné lieu à l'émission d'un titre (art.
R. 2311-
11 du CGCT). Les dépenses engagées renvoient à la notion d’engagement juridique
des dépenses, telle qu’une comptabilité d’engagement doit les retracer. Ce sont les
dépenses dont le paiement est certain
mais n’interviendra qu’en N+1.
13/59
Rapport d’observations définitives –
Commune d’Autrans (38)
La comptabilisation des restes à réaliser est essentielle puisqu’ils entrent dans le calcul de
l’appréciation du résultat de l’année N, et dans celui du besoin de financement de la section
d’investissement de l’année N+1
et qu’ils conditionnent donc le respect de l’équilibre
budgétaire tel que défini pa
r l’article L. 1612
-4 du CGCT.
L’état des restes à réaliser, établi
au 31 décembre de l'exercice, détaillé par chapitre ou article en fonction du vote du conseil
municipal, doit être visé par le maire et joint au compte administratif.
Au cas d’espèce, aucun reste à réaliser en section d’investissement n’a été comptabilisé au
titre des exercices 2012, 2013, et 2014. Cette situation est peu probable pour une commune
qui procè
de à des dépenses d’investissement, comme le montre
nt les deux exemples
suivants :
les marchés de travaux de la maison des associations ont été attribués en 2011 et
le règlement de ces marchés s’est étalé jusqu’en 2013. L’engagement comptable
datant de 2011, il aurait fallu reporter les dépenses engagées et non mandatées sur
les budgets primitifs 2012 et 2013 ;
un devis portant sur des travaux de terrassement a été signé le 28 avril 2014 pour
un montant de 15
872,40 €
; la réalisation de ces travaux étant prévue au printemps
2015,
l’entièreté de la somme engagée
aurait dû être reportée au budget primitif
2015.
En réalité, à la fin d’un exercice N, l’ensemble des dépenses engagées en section
d’investissement est reporté en mesures nouvelles du budget suiv
ant via le logiciel
comptable de la commune. Par cette méthode, la commune a faussé durant plusieurs
exercices le besoin de financement de la section d’investissement, en le minorant, et a
potentiellement masqué des déficits d’exécution des comptes adminis
tratifs. Cette
méconnaissance d’une procédure budgétaire obligatoire n’a cependant pas forcément
d’
impact budgétaire de moyen terme, dans la mesure où les restes à réaliser sont repris en
mesure nouvelle sur l’année suivante.
En tout état de cause, la ré
glementation applicable n’est pas respectée et
cette méthode ne
permet pas aux conseillers municipaux d’apprécier pleinement l’état de réalisation des
dépenses d’investissement et de se prononcer sur des mesures nouvelles véritables.
3.7-
Une comptabilité analytique imparfaite
La commune a élaboré un plan de comptabilité analytique, visan
t à mieux suivre l’activité
des services, ce qui est une bonne pratique. Il appelle cependant plusieurs observations.
Tout d’abord, le découpage des activités est peu lisible, puisque chacune est divisée en
sous-services. Ensuite, la comptabilité analytique comporte des erreurs de nature à fausser
son interprétation :
la subvention de fonctionnement de l’office du touris
me versée annuellement par le
budget principal (138 k€ en 2014) est enregistrée sous le service «
COM »
(commune), tout comme le produit de la taxe de séjour ;
la ventilation des dépenses de fluide est incomplète
: l’eau, fourniture de base d’une
piscine m
unicipale (bassins, douches, entretien) et de l’enneigement artificiel,
n’apparaît pas dans les dépenses affectées à ces deux services.
L’
architecture
de cet outil d’analyse des coûts doit être affiné
e et les erreurs qui peuvent
avoir pour conséquence une lecture faussée de la réalité doivent être corrigées.
14/59
Rapport d’observations définitives –
Commune d’Autrans (38)
4-
LA SITUATION FINANCIERE
La présente analyse financière a été réalisée avec le logiciel d’analyse des juridictions
financières qui est, sauf indications contraires, la source des tableaux. Les erreurs de nature
à affecter la fiabilité des comptes ont été retraitées, en particulier
la subvention de 95 k€ du
département de l’Isère, incorrectement inscrite en recette d’investissement
, en 2012.
Outre le budget principal, les comptes de la commune sont retracés dans trois budgets
annexes :
bois et forêt (403 k€ de recettes de fonction
nement en 2014) ;
eau et assainissement (525 k€ de recettes d’exploitation en 2014)
;
remontées mécaniques (1
328 k€ de recettes d’exploitation en 2014).
L’analyse financière porte principalement sur le budget principal, mais les relations
financières avec
les budgets annexes ont été intégrées dans l’analyse lorsqu’elles ont une
incidence significative.
La commune a un budget par habitant
qui n’est pas
comparable avec les communes de sa
strate démographique
9
, du fait de son statut de commune touristique (il leur est, par habitant,
deux à trois fois supérieur). Les comparaisons en euros par habitant seront donc évitées.
Cependant, des comparaisons, en pourcentage, pourront être effectuées
10
.
4.1-
La formation de la capacité d’autofinancement brute
Le budget principal se caractérise par une évolution des charges de gestion plus importante
que celle des produits. En conséquence, l
a capacité d’autofinancement brute est en forte
dégradation sur la période. Celle-ci ne représente plus que 6,1 % des produits de gestion en
2014, avec un point bas à 1,2 % en 2013, alors qu’il est usuellement considéré qu’un taux de
15 % constitue un seuil prudentiel minimum.
Tableau n° 4
en k€
2009
2010
2011
2012
2013
2014
Var. annuelle
moyenne
= Produits de gestion (a+b+c = A)
3 467
3 353
3 426
3 633
3 533
3 549
0,5%
= Charges de gestion (B)
2 839
2 883
3 036
3 244
3 378
3 164
2,2%
Excédent brut de fonctionnement (A-B)
628
470
390
388
155
385
-7,7%
en % des produits de gestion
18,1%
14,0%
11,4%
10,7%
4,4%
10,8%
+/- Résultat financier (réel seulement)
-219
-215
-204
-202
-210
-201
-1,6%
+/- Autres produits et charges excep. réels
10
17
26
24
98
33
27,9%
= CAF brute
419
272
211
210
44
216
-9,7%
en % des produits de gestion
12,1%
8,1%
6,2%
5,8%
1,2%
6,1%
4.1.1-
Les produits de gestion
Les produits de gestion s’élèvent à 3,55 M€ en 2014. Les trois quarts d’entre eux sont
considérés comme flexibles, dans la mesure ou la commune dispose d’un pouvoir de taux ou
de tarification sur ces recettes. En moyenne, dans la strate des communes de 0 à
3 499 habitants, le niveau des produits flexibles s’élève à 60 % des produits de gestion.
9
Communes de 500 à 2 000 hab. appartenant à un groupement fiscalisé.
10
Source : logiciel des juridictions financières, agrégation des communes de 0 à 3 499 habitants.
15/59
Rapport d’observations définitives –
Commune d’Autrans (38)
Les ressources institutionnelles, composées principalement des dotations de l’État et de
participations du département sont globalement stables. Les dotations de l’État
diminuent
cependant en 2014, du fait de la baisse de la part forfaitaire de la dotation globale de
fonctionnement (- 4,3 %). Cette évolution
avait vocation à s’accentuer fortement sur les
exercices suivants, mais ne sera pas effective du fait de la création d’une commune
nouvelle.
Tableau n° 5
en k€
2009
2010
2011
2012
2013
2014
Var. annuelle
moyenne
Ressources fiscales propres
1 791
1 580
1 924
1 880
1 894
1 984
2,07%
+ Ressources d'exploitation
689
708
740
886
772
769
2,22%
= Produits "flexibles" (a)
2 480
2 288
2 664
2 766
2 666
2 753
2,11%
Ressources institutionnelles (dotations et
participations)
923
995
905
1009
1 012
972
1,04%
+ Fiscalité reversée par l'interco et l'État
0
0
-213
-213
-215
-246
-
= Produits "rigides" (b)
923
995
692
796
797
726
-4,69%
Production immobilisée, travaux en régie (c)
65
69
70
70
70
70
1,49%
= Produits de gestion (a+b+c = A)
3 467
3 353
3 426
3 633
3 533
3 549
0,47%
Source : comptes de gestion budget principal, retraitements CRC
4.1.1.1-
Des produits fiscaux affichant des taux élevés et marqués par trois
augmentations
Les ressources fiscales propres représentent, en 2014, 56 % des produits de gestion (46 %
en moyenne dans l’ensemble de la strate 0
- 3 499 habitants).
Tableau n° 6
en k€
2009
2010
2011
2012
2013
2014
Var. annuelle
moyenne
Ressources fiscales propres
1 791
1 580
1 924
1 880
1 894
1 984
2,07 %
Source : comptes de gestion budget principal, retraitements CRC
La réforme de la fiscalité locale a bénéficié à la commune (transfert de la part
départementale de la taxe
d’habitation et de la taxe foncière sur les propriétés non bâties).
Cependant, et en conséquence, la commune est devenue contributrice au fonds national de
garantie individuelle des ressources (FNGIR) (
213 k€ par an
).
La fiscalité de la commune a été marquée durant la période par plusieurs augmentations de
taux de
la taxe d’habitation et
de la taxe foncière (2009, 2010 et 2015) ainsi que de
l’impôt
économique (2009). La hausse la plus importante a eu lieu en 2015, afin de répondre aux
difficultés financières (+ 9,8 % pour la TH et la TFPB).
Tableau n° 7
2008
2009
2010
2011
11
2012
2013
2014
2015
TH
13,00%
14,16%
14,30%
21,39%
21,39%
21,39%
21,39%
23,49%
TFPB
16,50%
17,97%
18,15%
18,15%
18,15%
18,15%
18,15%
19,93%
TFPNB
42,00%
45,76%
45,76%
47,98%
47,98%
47,98%
47,98%
52,68%
CFE (TP avant 2010)
14,00%
15,25%
23,13%
23,13%
23,13%
23,13%
23,13%
FPU
12
Source : états fiscaux « 1259 »
11
L’évolution des taux en 2011 est liée à la réforme de la fiscalité locale.
12
Passage en fiscalité professionnelle unique, c’est
-à-
dire transfert à l’intercommunalité.
16/59
Rapport d’observations définitives –
Commune d’Autrans (38)
Les taux actuels sont ainsi largement supérieurs aux taux moyens de la strate
démographique de la commune. Ils sont aussi parmi les plus élevés du département de
l’Isère
13
. En conséquence, la commune présente un coefficient de mobilisation du potentiel
fiscal
élevé en 2015, s’établissant à 1,13.
Tableau n° 8
Taux moyens de la strate
2008
2009
2010
2011
2012
2013
2014
TH
8,73%
8,83%
8,95%
15,67%
15,76%
15,74%
15,83%
TFPB
12,87%
12,98%
13,32%
13,42%
13,59%
13,47%
13,56%
TFPNB
34,05%
34,15%
34,11%
35,75%
35,89%
35,69%
35,85%.
CFE (TP avant 2010)
7,91%
8,99%
17,90%
17,96%
18,13%
18,19%
18,40%
Source : les comptes des communes, données individuelles ministère des finances
En parallèle, la commune a adopté une polit
ique d’abattements favorable pour
la taxe
d’habitation. Tout d’abord, l’abattement général à la base
, facultatif, est porté au taux
maximum de 15 %. Ensuite, les 1
ère
et 2
ème
personnes à charge donnent droit à un
abattement de 15 % (abattement de droit commun à 10 %) et la 3
ème
personne à 25 %
(abattement de droit commun à 15 %). Il convient de noter que ces abattements ne sont
applicables qu’aux résidences principales, c’est
-à-dire aux habitants de la commune. Celle-ci
compte 58 % de résidences secondaires, qui ne bénéficient donc pas de ces mesures.
Le produit fiscal non recouvré du fait de ce dispositif est évalué à environ 80 k€ pour
l’exercice 2014. Ce montant est à rapprocher du produit attendu de la hausse des taux votés
en 2015 (161
k€). La seule suppression de l’abatte
ment général à la base représente 41 %
de cette somme.
Tableau n° 9
%
d’abattements
de droit commun
consenti par
délibération
Total des
abattements
2014
Produit de TH 2014
non réalisé en raison
des abattements
votés
abattement général à la base
0%
15%
310 081,00 €
66 326,33 €
abattement personnes de rang 1 et 2
10%
15%
166 631,00 €
11 880,79 €
abattement personnes de rang 3
15%
25%
37 688,00 €
3 224,59 €
total
81 431,70 €
Source
: CRC, d’après le tableau 1386
bis TH
Le volume des bases taxables de la commune est quatre fois supérieur à celui de la
moyenne de la strate. Sur 1 964 logements que compte la commune en 2012, seuls
750 sont des résidences principales (38,2 %), alors que 1 135 (57,8 %) sont des résidences
secondaires et des logements occasionnels. La comparaison des bases en volume est donc
peu pertinente. On peut cependant constater que l’évolution des bases de la taxe
d’habitation n’est pas très forte et est inférieure à l’évolution moyenne des base
s de la strate.
A contrario, l’évolution de bases de la taxe foncière sur le bâti est
importante.
13
En 2014, Autrans fait partie des 19 c
ommunes de l’Isère (département comptant 533 communes) appliquant à
la taxe d’habitation un taux supérieur à 20 %.
17/59
Rapport d’observations définitives –
Commune d’Autrans (38)
Tableau n° 10 : Évolution des bases nettes fiscales de la commune
En €/ habitant
2009
2010
2011
2012
2013
Vam
TH
4 057
4 050
4 191
4 358
4 519
2,73%
TFPB
2 681
2 922
3 027
3 129
3 315
5,45%
TFPNB
68
69
70
71
73
1,79%
CFE (TP avant 2010)
1 531
619
629
622
657
-19,06%
Source : les comptes des communes, données individuelles ministère des finances
Tableau n° 11 : Évolution des bases nettes fiscales dans la moyenne de la strate
En €/ habitant
2009
2010
2011
2012
2013
Vam
TH
907
938
964
1 001
1 059
3,95%
TFPB
747
784
819
831
875
4,03%
TFPNB
66
66
68
69
69
1,12%
CFE (TP avant 2010)
1 048
253
264
271
288
-27,60%
Source : les comptes des communes, données individuelles ministère des finances
Outre les impôts directs, la commune bénéficie notamment de la taxe de séjour. Elle a la
caractéristique d’être relativement stable, ce qui signifie que l’activité hôtelière, sans
régresser, ne progresse pas. Elle est acquittée principalement par quatre hébergeurs (31 k€
sur un produit total de 59 k€ en 2014), ce qui constitue un point de fragilité potentiel. La
commune est attentive à optimiser le recouvrement de cette taxe en cherchant à limiter les
défauts de déclaration. Elle a fait appel en 2014 à une société de conseil chargée d’effectuer
un recensement des biens en location saisonnière ne déclarant pas de taxe de séjour, ce qui
a conduit à une augmentation du produit perçu.
Tableau n° 12
2009
2010
2011
2012
2013
2014
C/7362 Taxe de séjour
51 854 €
47 931 €
60 819 €
49 307 €
50 030 €
58 865 €
Source : extrait grands livres comptables commune, budget principal, 2009 à 2014.
Enfin, la commune n’a pas saisi la faculté d’instaurer la taxe locale sur les enseignes et la
publicité extérieure.
4.1.1.2-
Des ressources d’exploitation dominées par les produits en lien avec
l’activité touristique et la filière bois
L
es ressources d’exploitation sont très directement liées au
caractère touristique de la
station. En 2014, 51 % des ressources d’exploitation se composent des droits d’accès au
domaine de ski de fond (406 k€). La réussite de l’activité touristique condition
ne donc très
largement la formation des ressources d’exploitation. S’agissant d’une activité volatile, liée
en partie aux conditions météorologiques, le produit de cette redevance a marqué
d’importantes fluctuations sur la période.
Les finances communales sont très dépendantes du budget annexe « bois et forêts »
puisque celui-ci reverse au budget principal chaque année de très importants excédents. Ils
représentent, à eux seuls, 1,035 M
€ sur la période, soit 22 % des ressources d’exploitation
totale.
Ces deux caractéristiques exposent la commune à un aléa important en cas de mauvaise
saison hivernale et/ou de difficultés de vente des coupes bois.
18/59
Rapport d’observations définitives –
Commune d’Autrans (38)
Tableau n° 13
4.1.2-
Les charges de gestion
Les charges de gestion présentent une augmentation continue et forte jusqu’en 2013. Leur
diminution s’amorce en 2014, sous l’effet de plusieurs actions détaillées ci
-dessous.
Tableau n° 14
en k€
2009
2010
2011
2012
2013
2014
Structure
moyenne
Charges à caractère général
934
937
1 069
1 153
1 188
1 107
32,3%
+ Charges de personnel
1 235
1 303
1 327
1 393
1 534
1 428
41,5%
+ Subventions de fonctionnement
415
428
433
482
447
418
13,3%
+ Autres charges de gestion
256
215
206
216
208
211
6,6%
+ Charges d'intérêt et pertes de change
219
215
205
202
210
201
6,3%
= Charges courantes
3 058
3 098
3 240
3 447
3 588
3 366
Charges de personnel / charges courantes
40,4%
42,1%
41,0%
40,4%
42,8%
42,4%
Source : comptes de gestion budget principal, retraitements CRC
4.1.2.1-
Des charges de gestion en hausse
Le poste des charges à caractère général a connu une variation annuelle moyenne de 3,5 %
sur la période. Le poste « achats » marque la plus importante progression (7,9 %, soit
147 k€ de dépenses supplémentaires entre 2009 et 2014). Cette évolution est en
grande
partie liée au coût de plus en plus important de l’achat de combustible pour les dameuses.
Le poste « locations » augmente également sensiblement, du fait du choix de la commune
de louer une dameuse et une pelleteuse plutôt que de procéder à leur achat, au regard des
difficultés à financer des dépenses d’investissement.
Les dépenses d’entretien et réparations sont directement liées au caractère touristique de la
commune. En effet, une grande partie des interventions est effectuée sur les véhicules
spécifiques (88 k€ d’entretien du matériel roulant en 2014). Cependant, ce poste n’est pas
excessivement élevé au regard des communes de taille comparable (en 2014,
respectivement 23,6 % des charges à caractère général et 21,8
%). L’explication en est
qu’u
n
certain nombre de prestations d’entretien est
assuré par le service technique.
en k€
2009
2010
2011
2012
2013
2014
Var.
annuelle
moyenne
+ Domaine et récoltes
345
436
362
394
507
412
3,6%
dont redevance de ski de fond
339
430
358
391
495
406
4%
+ Travaux, études et prestations de services
84
78
85
96
99
78
-1,4%
+ Mise à disposition de personnel facturée
14
0
1
0
0
0
-100,0%
+ Remboursement de frais
45
43
39
46
44
89
14,5%
= Ventes diverses, produits des services et du
domaine et remboursements de frais (a)
488
557
487
536
650
580
3,5%
+ Revenus locatifs et redevances
74
76
37
60
50
46
-9,2%
+ Excèdent reversé du budget annexe bois et forêts
146
92
234
302
90
171
3,1%
= Autres produits de gestion courante (b)
220
168
270
363
140
216
-0,4%
= Ressources d'exploitation (a+b)
709
725
757
899
790
796
2,3%
19/59
Rapport d’observations définitives –
Commune d’Autrans (38)
D’autres dépenses sont liées directement au caractère touristique de la commune, en
particulier les charges de publicité, publications et relations publiques (illuminations de Noël,
feu d’artifice, promotion d’évènements et du ski de fond) et les charges de transport
(principalement navette pour le ski de fond).
Tableau n° 15
en k€
2009
2010
2011
2012
2013
2014
Var. annuelle
moyenne
Charges à caractère général
934
937
1 069
1 153
1 188
1 107
3,5%
Dont achats autres que les terrains à aménager
316
360
465
467
471
463
7,9%
Dont locations et charges de copropriétés
7
45
47
75
86
69
59,2%
Dont entretien et réparations
256
175
227
248
287
241
-1,2%
Dont assurances et frais bancaires
41
48
48
53
55
40
-0,6%
Dont autres services extérieurs
38
23
40
42
42
40
0,7%
Dont remboursements de frais (bud. annex.)
42
45
0
60
0
0
-100,0%
Dont contrats de prestations de services avec
des entreprises
15
16
23
15
17
21
7,3%
Dont honoraires, études et recherches
17
43
54
49
52
58
27,1%
Dont publicité, publications et relations publiques
84
56
32
29
44
42
-13,0%
Dont transports collectifs et de biens
44
48
56
51
65
72
10,1%
Dont déplacements et missions
0
2
1
1
2
2
61,9%
Dont frais postaux et télécommunications
23
24
23
26
27
26
3,0%
Dont impôts et taxes (sauf sur personnel)
30
31
33
18
20
14
-14,4%
Autres charges de gestion
256
215
206
216
208
211
-3,8%
Dont indemnités (y c. cotisation) des élus
57
58
58
58
59
65
2,7%
Source : comptes de gestion budget principal, retraitements CRC
4.1.2.2-
Des charges de personnel à la structure atypique
Les charges de personnel,
d’un montant de 1,4 M€ en 2014, ont progressé de 15,6 % sur la
période. Représentant 41,5 % des charges de la gestion, elles se situent à un niveau
comparable aux communes de moins de 3 500 habitants.
La particularité du budget
principal est pourtant qu’il supporte des charges de personnel liées
à l’activité touristique (service des activités nordiques et sportives et office de tourisme). De
ce fait, les charges de personnel se composent d’ailleurs à 54 % de rémunération
s d
’agent
s
non titulaires, ce qui est atypique.
Tableau n° 16
en k€
2009
2010
2011
2012
2013
2014
Var. annuelle
moyenne
Charges de personnel
1 235
1 303
1 327
1 393
1 534
1 428
2,9%
dont salaire personnel titulaire
351
391
448
457
513
472
6,1%
dont salaire personnel non titulaire
520
534
531
581
626
558
1,4%
La ventilation des salaires et des charges afférentes par service permet d’isoler ces
différentes activités et permet de constater l’importance des charges liées aux saisonniers.
20/59
Rapport d’observations définitives –
Commune d’Autrans (38)
Tableau n° 17
En k€
2013
2014
« Commune » titulaires
689
689
« Commune » non titulaires
219
121
Sous-total activités « commune »
908
810
Service des activités nordiques et sportives (SANSE) permanents
238
180
SANSE saisonniers
163
201
Office de tourisme permanents
250
210
Office de tourisme saisonniers
69
45
Piscine saisonniers
33
33
Sous-total activités liées au tourisme
753
669
L’augmentation des charges de personnel sur la période est due à la hausse des charges
sociales mais aussi à quelques recrutements qui sont intervenus, notamment au sein des
services techniques et à l’office de tourisme. De plus, l’augmentation constatée en 2013
correspond pour partie à des départs à la retraite, qui ont donné lieu à indemnités dans le
cadre du dispositif prévu par la convention collective des remontées mécaniques (directeur
des remontées mécaniques, directrice du festival du film, ...). Ces départs ont été remplacés
en 2013
, ce qui explique que le personnel de la commune n’ait pas diminué.
Toutefois, la
commune a fait le choix de ne pas compenser
les départs du directeur de l’office de tourisme
et du directeur général des services en 2014, de même que le départ du policier municipal
en 2015. Un effort de maîtrise de la masse salariale a donc été engagé.
Tableau n° 18
Équivalents temps plein
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
Administratif
5,00
5,00
5,00
5,00
5,00
4,80
5,00
+ Police municipale
1,00
1,00
1,00
1,15
1,45
1,00
0,25
+ Technique
6,00
6,00
6,75
7,75
8,00
8,00
8,00
+ Ménage
3,34
3,34
3,34
3,34
3,34
3,44
3,44
+ ATSEM
1,65
1,65
1,65
1,65
1,65
1,75
1,75
= Total personnel dit « communal »
16,99
16,99
17,74
18,89
19,44
18,99
18,44
Service ski nordique
5,00
6,00
6,00
6,00
5,00
5,00
6,00
+ « Régie Office de tourisme
»
14
6,00
6,00
7,00
7,00
8,00
5,70
5,70
= Total personnel dit « régie »
11,00
12,00
13,00
13,00
13,00
10,70
11,70
TOTAL PERSONNEL
27,99
28,99
30,74
31,89
32,44
29,69
30,14
Source : commune
4.1.2.3-
Des subventions de fonctionnement importantes
Les subventions de fonctionnement versées représentent, en moyenne, 13,2 % des charges
courantes, niveau élevé puisqu’il est en moyenne de 5,7 % des charges courantes pour les
communes de moins de 3 500 habitants.
14
Comprend le personnel de l’office de tourisme, le directeur de la station, ainsi que la directrice de l’association
du festival du film de
montagne d’Autrans, mise à disposition.
21/59
Rapport d’observations définitives –
Commune d’Autrans (38)
Tableau n° 19
en €
2009
2010
2011
2012
2013
2014
Var.
annuelle
moyenne
Subventions de fonctionnement
415
428
433
482
447
418
0,2%
Dont subv. aux établissements publics rattachés
: CCAS, caisse des écoles, services publics (SPA
ou SPIC)
138
167
180
237
169
182
5,7%
Dont subv. aux personnes de droit privé
277
261
253
245
232
237
-3,1%
Des subventions d’équilibre récurrentes au budget annexe eau et assainissement
Le budget principal supporte chaque année une subvention d’équilibre (170 k€ en 2014)
destinée au budget annexe eau et assainissement.
En effet, celui-
ci doit procéder à d’importants versements à la communauté de communes
afin de financer une station d'épuration des eaux usées, alors même que des
investissements lourds sont nécessaires sur les installations propres de la commune. Le
réseau d
’assainissement de la commune reflue en effet une importante quantité d’eaux
parasites, ce qui engendre des pénalités de la part de l’agence de l’eau. D’importants
travaux de mise en séparatif des réseaux seraient nécessaires. De plus, le rendement du
rése
au de distribution d’eau est mauvais (64,8 % en 2014) et l’indice de perte en réseau est
élevé
(« 5,74 m
3
/km.j, soit de niveau médiocre au regard des critères de l’Agence de l’Eau
»
,
rapport du délégataire 2014
), ce qui a induit la mise en place d’un plan d’actions en 2015.
La nouvelle municipalité a significativement augmenté les tarifs de ce service en 2015,
permettant d’inscrire au budget principal une subvention d’équilibre deux fois moindre.
Un montant de subventions aux associations principalement
lié à l’office de tourisme
Les subventions aux personnes de droit privé sont importantes car elles représentent 7 %
des charges courantes de la commune, contre 3,3 % pour la moyenne des communes de
moins de 3 500 habitants. Une subvention annuelle conséquente est principalement
attribuée à l’association gérant l’office du tourisme (138 k€ en 2014), à laquelle s’ajoutent les
mises à disposition à titre gratuit de l’ensemble de ses agents, qui ne sont pas valorisées.
En parallèle, la commune alloue annuelle
ment environ 49 k€ à trois principales associations
sportives et culturelles
15
.
Si le niveau des subventions versées est en diminution depuis 2012, la commune a pris un
nouvel engagement financier en 2015
sur plusieurs années auprès d’une association, en
c
harge de l’organisation d’un important festival de musique dans le Vercors (9 000 € en
2015, 12
000 € en 2016 et 15
000 € en 2017).
4.1.3-
L’incidence des services liés à l’activité touristique sur la situation financière de
la commune
Les biais méthodologiques et les erreurs d’imputation des dépenses relevées supra ont
conduit la chambre à ne pas utiliser le résultat brut de la comptabilité par service produite par
la commune, mais à effectuer des retraitements. Ils n’ont pas vocation à
l’exhaustivité, mais
à donner une image plus réelle du coût des services.
15
Montants versés en 2014 aux associations
: Autranaise (27 k€), Foulée blanche (12 k€)
; cette subvention n’a
pas été votée en 2015, en raison de l’annulation de la manifestation pour manque de neige, Film de montag
ne
(10 k€).
22/59
Rapport d’observations définitives –
Commune d’Autrans (38)
Les activités liées au fonctionnement de l’office du tourisme, au ski nordique, et à
l’exploitation de la piscine municipale ont été
analysées. Les comptabilités analytiques des
services sont présentées en annexe 3.
4.1.3.1-
L’évaluation du coût de l’office du tourisme
La comptabilité analytique de la commune a été retraitée sur certains aspects : la subvention
annuelle a été ajoutée aux charges et la taxe de séjour a été comptabilisée comme produit.
En effet, par exception au principe d’universalité budgétaire, la taxe de séjour doit être
affectée à des dépenses destinées à favoriser la fréquentation touristique
16
. Certains coûts
potentiellement importants ne sont pas connus, à l'instar
du coût d’utilisation des locaux par
l’association, des fluides et télécommunications.
Le coût de la promotion du tourisme par le biais de l’office de tourisme excède largement la
seule subvention de fonctionnement versée à l’association en charge de cett
e mission de
service public, du fait en particulier de la mise à disposition à titre gratuit de l’ensemble du
personnel employé par l’office de tourisme, qui est recruté directement par la commune sous
le statut d’agents de droit privé. Le coût en a été a minima de 409 k€ en 2013 et 331 k€ en
2014, soit respectivement 11,6 % et 9,3 % des recettes de fonctionnement de la commune
(en 2014, le directeur de l’office de de tourisme n’a pas été remplacé).
Les dépenses de personnel prises en charge sur le budget
principal au bénéfice de l’office
du tourisme doivent faire l’objet d’un remboursement par l’association
17
. Si la subvention de
fonctionnement évolue en conséquence, le coût de la structure pour la collectivité sera plus
transparent. Les charges de personnel doivent donc être supportées
par l’office de tourisme
et les avantages en nature octroyés doivent être valorisés.
À moyen terme, une réflexion sur le statut et le financement de
l’
office de tourisme doit être
engagée dans le cadre de la prise de compétence prochaine de la communauté de
communes.
4.1.3.2-
L’évaluation du coût du service ski nordique
La chambre a cherché à déterminer le coût du service ski nordique qui est supporté par le
budget principal. Le service est partagé entre plusieurs codes dans la comptabilité
analytique : SSN (ski nordique), SS1 (SANSE personnel permanent), SS2 (SANSE
personnel saisonnier), GEVE (site du ski nordique). Certaines erreurs ont été corrigées, à
l’instar des consommations en eau pour les enneigeurs ou la prise en compte de la
subvention d’exploitation versée par le département de l’Isère.
Le directeur de la station a procédé à ce calcul pour les exercices 2011 et 2012. Il parvenait
à un coût du service de 158 k€ en 2011 et 165 k€ en 2012. La chambre a donc procédé à
ces calculs sur les exercices 2013 et 2014. Elle a repris pour partie la méthode utilisée en ne
comptabilisant que 8/12
ème
des charges de personnel permanent, dans la mesure où ceux-ci
s’occupent d’autres activités que le ski nordique. Cependant, il convient de constater que
leur activité reste directement liée au caractère touristique de la station et que les 4/12
ème
non comptabilisés ici pèsent, en tout état de cause, sur le budget communal.
La commune n’a pas procédé à l’affectation des emprunts, ce qui ne permet pas de faire
apparaître le coût du financement des investissements en lien avec le ski nordique.
Cependant, il a été décidé de faire apparaître le coût de l’amortissement des canons à neige,
dans la mesure où ceux-ci sont productifs de revenus. Ils ont été installés entre 2006 et
2008, pour un coût de 1,87 M€, dont 1 M€ financé par su
bventions. En retenant une durée
16
Article L. 2333-27 du CGCT.
17
En application de la loi n° 2007-148 du 2 février 2007.
23/59
Rapport d’observations définitives –
Commune d’Autrans (38)
d’amortissement de 30 ans, l’amortissement annuel est de 62 k€. Il conviendrait d’y ajouter
l’ensemble des autres investissements concernant le service, ce qui n’est pas fait ici.
Il ressort de cette analyse, qui ne compre
nd pas l’ensemble des coûts en cause, que le
service est fortement structurellement
déficitaire. L’intégration de ce service au sein du
budget
principal affecte donc très sensiblement l’équilibre de ce budget.
Tableau n° 20
e
n k€
2011
2012
2013
2014
Solde du service sans amortissement
-158
-165
-100
-218
Solde du service avec amortissement
-220
-227
-162
-280
4.1.3.3-
L’évaluation du coût du service «
piscine »
L’exploitation de la piscine municipale est déficitaire sur les
exercices 2013 et 2014 (déficit
de 26 et 56 k€). Les conditions météorologiques sont susceptibles d’aggraver fortement ce
déficit, s’agissant de deux bassins de plein air, ouverts en juillet et en août. Cela a été le cas
en 2014. Par ailleurs, des travaux importants de mise aux normes devront être réalisés, dont
le montant
n’a pas été déterminé
, en raison de défauts de conformité du grand bassin (cf.
infra).
4.1.3.4-
Conclusion sur l’incidence des services touristiques sur le budget
communal
Les plus importants services touristiques de la commune, portés par le budget principal, sont
fortement déficitaires et amoindrissent la capacité d’autofinancement.
Tableau n° 21
en k€
2013
2014
Coût de l’office de tourisme
410
331
Coût du service ski nordique
162
280
Coût de la piscine
26
56
TOTAL
598
667
CAF brute du budget principal
44
216
4.1.4-
De l’excédent brut de fonctionnement à la CAF brute
L’excèdent brut de fonctionnement (EBF) de la commune a été retraité en y intégrant le
versement en section de fonctionnement d’une subvention du département de 95 k€ en
2012, qui avait été incorrectement imputée en section d’investissement.
L’excédent b
rut de fonctionnement est structurellement bas
: il s’élève à seulement 4,4 %
des produits de gestion en 2013 et il est inférieur à 14 % depuis 2010. Cela confirme une
très grande fragilité au regard des taux moyens de la strate (22 % en 2014). Il est admis
communément qu’un EBF inférieur sur la durée à 18 %, est insuffisant pour couvrir de façon
satisfaisante l’annuité en capital et l’effort d’investissement. Cette situation est d’autant plus
préoccupante que l’EBF est majorée artificiellement par les écritures d’intégration de travaux
en régie dont la nature est instable.
Le niveau de l’EBF est d’autant moins soutenable que la dette de la commune est récente,
ce qui génère d’importantes annuités. La CAF brute atteint ainsi un point bas en 2013,
représentant 1,2 % des produits de gestion, niveau excessivement faible, le ratio prudentiel
étant de 15 % des produits de gestion.
24/59
Rapport d’observations définitives –
Commune d’Autrans (38)
Tableau n° 22
en k€
2009
2010
2011
2012
2013
2014
Var. annuelle
moyenne
Excédent brut de fonctionnement (A-B)
628
470
390
388
155
385
-7,7%
en % des produits de gestion
18,1%
14,0%
11,4%
10,7%
4,4%
10,8%
+/- Résultat financier (réel seulement)
-219
-215
-205
-202
-210
-201
-1,6%
+/- Autres produits et charges excep.
réels
10
17
26
24
98
33
27,9%
= CAF brute
419
272
211
210
44
216
-9,7%
en % des produits de gestion
12,1%
8,1%
6,2%
5,8%
1,2%
6,1%
Source : comptes de gestion budget principal, retraitements CRC
4.2-
Le financement des investissements
4.2.1-
De la CAF brute à une CAF nette très dégradée
La CAF brute, déjà très faiblement positive ne couvre pas le remboursement en capital de la
dette. La CAF nette, négative depuis 2011, atteint son niveau le plus faible en 2013,
s’établissant à
-
280 k€. Le caractère négatif de la CAF nette est un indicateur
important de
difficulté financière puisque l’équilibre budgétaire
18
peut être gravement compromis. Au cas
d’espèce, il n’a été attei
nt que grâce à la cession de la résidence du Sornin qui a eu lieu en
2011 pour 500 k€ et qui a engendré un résultat d’investissement positif reporté sur les
exercices suivants.
Tableau n° 23
en k€
2009
2010
2011
2012
2013
2014
Cumul sur les
années
CAF brute
419
272
211
388
44
216
1 277
- Annuité en capital de la dette
217
239
265
268
324
354
1 667
= CAF nette ou disponible
202
33
-54
-58
-280
-137
-390
Source : comptes de gestion budget principal, retraitements CRC
4.2.2-
Un financement propre disponible peu important
Les
principales dépenses d’investissement
réalisées durant la période sous revue ont été
consacrées au renouvellement du patrimoine routier (769 k€), à la construction d’une maison
des associations (674 k€),
à divers travaux sur des bâtiments (dont la réhabilitation du
gymnase pour 189 k€). Les dépenses d’investissement en faveur du ski nordique (248 k€)
19
ont été relativement réduites après l’important effort d’équipem
ent réalisé lors du mandat
précé
dent (canons à neige pour 1,87 M€).
Ces dépenses d’équipement paraissent peu élevées dans la mesure où, si la commune
affiche des recettes et dépenses de fonctionnement par habitant trois à quatre fois
supérieurs aux communes de sa strate démographique,
les dépenses d’équipement par
habitant sont identiques à celles de sa strate (jusqu’en 2014, où elles sont trois fois
inférieures). Cette situation atteste des difficultés à financer les investissements.
18
Aux termes de l’article L. 1612
-4 du CGCT,
« le budget de la collectivité territoriale est en équilibre réel lorsque
la section de fonctionnement et la section d'investissement sont respectivement votées en équilibre, les recettes
et les dépenses ayant été évaluées de façon sincère, et lorsque le prélèvement sur les recettes de la section de
fonctionnement au profit de la section d'investissement, ajouté aux recettes propres de cette section, à
l'exclusion du produit des emprunts, et éventuellement aux dotations des comptes d'amortissements et de
provisions, fournit des ressources suffisantes pour couvrir le remboursement en capital des annuités d'emprunt
à échoir au cours de l'exercice ».
19
Dont : refuge de Gève
: 63 k€, divers aménagement dont chalet SSN, équipements d’accueil, matériel
: 107 k€
et 62 k€ pour la réalisation d’un stade de biathlon.
25/59
Rapport d’observations définitives –
Commune d’Autrans (38)
Tableau n° 24
La CAF nette de la commune étant négative dès 2011, celle-
ci n’a disposé que de très peu
de ressources pour financer les investissements. Seule la cession de la résidence du Sornin
réalisée en 2011 a apporté une recette significative, mais dans des conditions non optimales
(cf. infra).
De ce fait, la commune a été contrainte de financer les 3,27 M€ de dépenses d’équipement
par 1,636 M€ d’emprunt. Ce taux de couverture des dépenses d’équipement de 53 % n’est
pas soutenable à moyen terme.
L
a diminution des dépenses d’équipement en 2014 (154 k€), qui
permet de revenir à un
niveau de financement propre disponible en apparence raisonnable (représentant 84 % des
dépenses d’équipement), est la conséquence de cette situation très fortement dégradée.
4.3-
La situation patrimoniale
4.3.1-
Une trésorerie en forte tension
Le fonds de roulement net global de la commune est profondément dégradé. Inférieur à
15 jours de charges courantes au 31 décembre des deux derniers exercices (2013 et 2014),
il largement inférieur au seuil d’alerte prudentiel de 30 jours de charges courantes. Il en est
de même pour sa trésorerie, en dégradation constance depuis 2009 (163 k€
au 31 décembre
2014 pour un équivalent de 17,7 jours de charges courantes).
20
L’exercice 2012 est retraité en retirant 95 k€ de subven
tion départementale.
en k€
2009
2010
2011
2012
2013
2014
Cumul sur
les années
= CAF nette ou disponible (C)
202
33
-54
-58
-280
-137
-390
Taxes d'aménagement
15
16
16
17
7
1
71
+ Fonds de compensation de la TVA
158
124
93
72
64
69
579
+ Subventions d'investissement
reçues
20
339
81
37
82
106
182
922
+ Produits de cession
0
0
530
1
0
0
532
+ Autres recettes
0
0
0
0
0
16
16
= Recettes d'inv. hors emprunt (D)
511
221
677
172
177
267
2 120
= Financement propre disponible
(C+D)
712
254
623
114
-103
130
1 730
Financement propre dispo /
Dépenses d'équipement
93,8%
44,4%
109%
20,9%
-15,4%
84,5%
52,9%
- Dépenses d'équipement (y compris
travaux en régie )
760
572
569
546
671
154
3 270
- Subventions d'équipement (y
compris subventions en nature)
46
1
0
1
-47
0
1
= Besoin (-) ou capacité (+) de
financement
-93
-319
54
-433
-727
-24
-1 541
Nouveaux emprunts de l'année (y
compris pénalités de réaménagement)
375
0
230
490
500
41
1 636
Mobilisation (-) ou reconstitution (+) du
fonds de roulement net global
282
-319
284
57
-227
17
94
26/59
Rapport d’observations définitives –
Commune d’Autrans (38)
Tableau n° 25
D’importants transferts de trésorerie des budgets annexes vers le budget principal ont eu lieu
jusqu’en 2011, la situation s’inversant en 2012.
Tableau n° 26
Contribution des comptes de
rattachement à la trésorerie
2009
2010
2011
2012
2013
2014
Commune d’Autrans
32,9%
61,3%
23,2%
-52,5%
-33,0%
-4,4%
Moyenne des communes de moins de
3 500 habitants
-
12,9%
12,9%
12,6%
12,4%
12,1%
Le tableau suivant retrace les contributions respectives des budgets annexes à la trésorerie
du budget principal. Un solde positif indique que le budget annexe a diminué le besoin en
fonds de roulement et
abonde la trésorerie du budget principal. A l’inverse, un solde négatif
indique que le budget annexe a augmenté le besoin en fonds de roulement et utilisé la
trésorerie du budget principal.
Tableau n° 27
Source
: CRC, d’après les balances des comptes du budget principal, 2009 à 2014
La chambre constate que :
le budget « eau et assainissement » abonde régulièrement la trésorerie du budget
principal ;
le budget « bois et forêts » utilise la trésorerie du budget principal au 31 décembre
de la plupart des exercices, ce qui s’explique par le fait que celui
-ci ne perçoive des
recettes que lors des ventes de bois (qui sont périodiques) ;
le budget « remontées mécaniques
» est volatile. L’analyse est d’ailleurs délicate en
raison de la nature de l’activité, qui s’étend sur deux exercices. La chambre relève
que la situation est moins favorable depuis l’ex
ercice 2011, le budget utilisant
fortement la trésorerie du budget principal (ou l’abonde peu en 2013).
La commune est donc exposée un risque important puisqu’une mauvaise saison hivernale
pourrait engendrer des difficultés de trésorerie significatives, ce que confirme une analyse de
la trésorerie mensuelle. En effet, les points bas sont atteints avant le lancement de la saison
de ski (octobre/novembre), avec une trésorerie quasi nulle en novembre 2013, et suite à sa
clôture (avril).
au 31 décembre en €
2009
2010
2011
2012
2013
2014
Fonds de roulement net global
242
-1
283
340
114
130
en nombre de jours de charges courantes
28,8
-0,2
31,9
36,0
11,6
14,1
- Besoin en fonds de roulement global
-143
-354
-112
225
-115
-32
=Trésorerie nette
385
352
394
115
228
163
en nombre de jours de charges courantes
46,0
41,5
44,4
12,2
23,2
17,7
Dont trésorerie active
385
552
394
465
378
313
Dont trésorerie passive (lignes de
trésorerie)
0
200
0
350
150
150
en k€
2009
2010
2011
2012
2013
2014
Comptes de rattachement avec les budgets
annexes (c/4511)
127
338
92
-244
-125
-14
Dont : compte de rattachement du BA eau et
assainissement (c/4511)
19
14
230
15
14
219
Dont : compte de rattachement du BA bois et
forêt (c/4512)
-113
53
61
-162
-187
-135
Dont : compte de rattachement du BA
remontées mécaniques (c/4514)
145
270
-200
-97
48
-98
27/59
Rapport d’observations définitives –
Commune d’Autrans (38)
Graphique n° 1: Trésorerie en nombre de jours de charges courantes
MOIS
2013
2014
Janvier
4
30
Février
30
43
Mars
40
60,5
Avril
15
17
Mai
26
47
Juin
23
26
Juillet
14
23
Août
30
16
Septembre
19,
21
Octobre
23
13
Novembre
2,6
30
Décembre
32
30
De plus, les délais de paiement des fournisseurs ne sont pas systématiquement respectés,
certaines factures étant conservées en mairie plus de trente jours après leur date de
réception. La réglementation en vigueur
21
impose aux collectivités territoriales de régler leurs
créanciers dans un délai global trente jours maximum (délais de l'ordonnateur et du
comptable inclus) qui court à compter de la date de réception par la commune de la
demande de paiement et se termine à la date de la mise en paiement par le comptable.
L’ordonnateur disp
ose ainsi de vingt jours maximum pour émettre l'ordre de payer (le
mandat) la dépense et le comptable de dix
jours maximum pour l’exécuter
.
Une liste des factures non mandatées reçues depuis plus de 20 jours a été établie à la date
du 4 juin 2015 à la demande de la chambre. Ce document fait état de 53 factures, dont la
plus ancienne a été reçue le 15 avril 2015 pour un montant total de 71
062,73 €. Ces retards
de paiement sont de nature à améliorer la trésorerie de la commune au détriment de celle de
ses fournisseurs. De plus, les intérêts moratoires en cas de dépassement du délai global de
paiement ne sont pas appliqués, alors qu’il s’agit d’une obligation.
Cette situation est anormale dans la mesure où la commune utilise des lignes de trésorerie,
qui ont pour vocation de pallier les difficultés de trésorerie et où elle a mis en œuvre des
plans prévisionnels de trésorerie afin de suivre les décaissements et encaissements
attendus mensuellement.
4.3.2-
Un encours de dette constant mais peu soutenable en l’état
L’encours de dette est de 4,6 M€ fin 2014, soit en légère diminution par rapport à fin 2009. Il
est resté très constant malgré un financement des dépenses d’équipement majoritairement
assuré
par l’emprunt, le niveau de ces dépenses étant peu élevé.
L’examen des contrats n’appelle pas d’observation particulière.
21
Décret n° 2013-269 du 29 mars 2013 relatif à la lutte contre les retards de paiement dans les contrats de la
commande publique.
28/59
Rapport d’observations définitives –
Commune d’Autrans (38)
Tableau n° 28
en k€
2009
2010
2011
2012
2013
2014
Var.
annuelle
moyenne
Encours de dettes du BP au 1
er
janvier
4 673
4 831
4 592
4 557
4 779
4 955
1,2%
- Annuité en capital de la dette (hors
remboursement temporaires d'emprunt)
217
239
265
268
324
354
10,2%
+ Nouveaux emprunts
375
0
230
490
500
41
-35,9%
= Encours de dette du BP au 31
décembre
4 831
4 592
4 557
4 779
4 955
4 642
-0,8%
- Trésorerie nette hors compte de
rattachement avec les BA, le CCAS et la
caisse des écoles
258
14
303
359
353
177
-7,3%
= Encours de dette du BP net de la
trésorerie hors compte de rattachement
BA
4 572
4 578
4 254
4 420
4 602
4 465
-0,5%
Source : comptes de gestion budget principal, retraitements CRC
La solvabilité de la commune est appréciée au regard de sa capacité de désendettement qui
exprime, en nombre d’années, le temps qu’il lui faudrait pour rembourser sa
dette si elle y
consacrait l’intégralité de son autofinancement brut.
Il est usuellement considéré qu’une
capacité de désendettement supérieure à douze ans est le signe d’une situation financière
dégradée.
Cet indicateur est particulièrement défavorable et volatile en raison des fortes variations de
la CAF. Il atteint son point haut en 2013, s’établissant à 113 années, niveau
exceptionnellement
élevé
pour
une
commune,
largement
au-dessus
des
limites
prudentielles.
La commune est fortement contrainte par le poids de ses investissements anciens. Elle a
renégocié en juin 2006 plusieurs dettes anciennes à hauteur de 1,941 M€, en souscrivant
simultanément un nouveau prêt de 900 k€ au titre des investissements de 2006 (carrière à
neige et retenue collinaire sur le site de Gève). Le remboursement de cette dette de
2,841 M€ sur 20 ans représente une part importante du stock : au 1
er
janvier 2015, le capital
restant dû sur ce prêt est de 1,961 M€ pour un encours de dette total de 4,632 M€ (soit 42 %
de l’encours d
e dette).
Tableau n° 29
2009
2010
2011
2012
2013
2014
Var.
annuelle
moyenne
Charge d'intérêts et pertes nettes de change
219
215
205
202
210
201
-1,6%
Taux d'intérêt apparent du budget principal
(BP)
4,5%
4,7%
4,5%
4,2%
4,2%
4,3%
Encours de dettes du BP net de la trésorerie hors
compte de rattachement
4 572
4 578
4 254
4 420
4 602
4 465
-0,5%
Capacité de désendettement BP, trésorerie
incluse* en années (dette Budget principal net
de la trésorerie*/CAF brute du BP)
10,9
16,8
20,1
21
104,9
20,6
Encours de dette du budget principal au 31
décembre
4 831
4 592
4 557
4 779
4 955
4 642
-0,8%
Capacité de désendettement BP en années
(dette / CAF brute du BP)
11,5
16,9
21,6
22,8
113,0
21,5
29/59
Rapport d’observations définitives –
Commune d’Autrans (38)
4.4-
Conclusion sur la situation financière de la commune
Autrans dispose d’un budget trois fois supérieur à celui des communes de sa strate
démographique, du fait de son statut de commune touristique. Les services touristiques
supportés par le budget principal (office de tourisme et ski nordique) sont très largement
déficitaires. Les charges comprennent notamment le remboursement des emprunts souscrits
pour l’installation de canons à neige entre 2006 et 2008, ainsi que
les dépenses de
fonctionnement correspondantes qui sont significatives.
La municipalité a augmenté à trois reprises les taux d’imposition durant la période sous
revue et ceux-ci sont maintenant très supérieurs à ceux de la strate. Pour autant, la capacité
d’autofinancement est très dégradée et l’équilibre budgétaire n’a été atteint que par le biais
de recettes de cession d’actifs non reconductibles. La dette pèse largement sur les capacités
d’investissement et les dépenses d’équipement de la période ont été très faibles. La
trésorerie connait de forte tension : malgré la souscription de lignes de trésorerie, les
fournisseurs sont réglés avec retard.
Cette situation a conduit la nouvelle municipalité à prendre des mesures en 2014 et
2015, dont principalement le non remplacement de trois fonctionnaires, ainsi que la hausse
des taux d’imposition et celle des recettes du budget «
eau et assainissement ». Toutefois la
capacité d’autofinancement brute prévisionnelle du budget primitif 2015 (337 k€, soit 8,7
%
des produits de gestion), r
este insuffisante, d’autant qu’une relance des investissements
était
prévue (775 k€, dont 461 k€ pour un équipement sportif subventionné cependant à 80
%).
La création de la commune nouvelle « Autrans-Méaudre en Vercors » au 1
er
janvier 2016 est
de nature à faciliter le redressement de la situation financière compte-tenu de son incidence
sur le niveau des dotations de l’
État
. Cependant, elle ne peut avoir qu’un effet temporaire et
ne doit pas pour autant être un obstacle à la prise de décisions afin d’amél
iorer dans la
durée les indicateurs fondamentaux de l’entité, en particulier la capacité d’autofinancement,
qui devra être consacrée en priorité au financement des dépenses d’investissement
indispensables.
5-
LA GESTION DE LA STATION DE SKI
5.1-
L’organisation
administrative
5.1.1-
La forme juridique de la régie.
Les communes et syndicats de communes ont été autorisés à exploiter directement des
services publics industriels et commerciaux par le biais de régies par le décret-loi Poincaré
du 28 décembre 1926. Leur mo
de d’organisation a été explicité par le décret n° 55
-579 du
20 mai 1955 : les régies peuvent être soit dotées de la personnalité morale et de l’autonomie
financière, soit de la seule autonomie financière. La loi du 30 juin 1930 introduit une
exception, en autorisant les communes qui avaient des régies municipales avant le
28 décembre 1926 de conserver la forme de régie simple ou directe, sans autonomie
financière.
Par conséquent, aux seules exceptions précitées, une commune doit constituer, depuis
1926
, une régie disposant soit de l’autonomie financière et de personnalité juridique, soit de
la seule autonomie financière pour gérer un service public industriel et commercial et se
conformer aux dispositions législatives et réglementaires qui y sont applicables.
30/59
Rapport d’observations définitives –
Commune d’Autrans (38)
Ces principes généraux sont désormais codifiés aux articles L. 2221-1, L. 2221-4 et L .2221-
8 du CGCT. Le décret n° 2001-184 du 23 février 2001, relatif aux régies chargées de
l'exploitation d'un service public et modifiant la partie réglementaire du code général des
collectivités territoriales, prévoit que les régies existantes devaient se conformer à ces
dispositions avant le 31 décembre 2001.
La régie directe d’Autrans, instituée par
délibération du conseil municipal du 31 mars 1988, a
pour objet d’assurer l’entretien et l’aménagement des domaines skiables alpins et nordiques,
des biens meubles et immeubles liés à la pratique du ski et des installations touristiques et
sportives, ainsi que l’accueil et la sécurité du public. Elle n’e
st dotée ni de la personnalité
morale ni de l’autonomie financière et les dispositions précitées du CGCT ne sont donc pas
respectées.
Le budget annexe de la régie des remontées mécaniques devrait au minimum disposer de
l’autonomie financière (compte au T
résor propre) et appliquer les dispositions du CGCT y
ayant trait. La régie devrait être administrée, sous l'autorité du maire et du conseil municipal,
par un conseil d'exploitation
22
et son président ainsi qu'un directeur (art. R. 2221-3 du
CGCT). Des statuts, propres à la régie, devraient fixer les règles générales d'organisation et
de fonctionnement du conseil d'exploitation et les modalités de quorum (art. R. 2221-4 du
CGCT).
Par ailleurs, les comptes du service d’exploitation du domaine de ski de fond
ne sont plus
retracés dans le budget annexe. Pourtant, la commune applique à ce service public les
règles qui prévalent au sein du service des remontées mécaniques en rémunérant des
agents de droit privé sur le budget principal (cf. infra). Elle n’a donc p
as tiré toutes les
conséquences de ses choix d’organisation. La question plus large des installations
touristiques n’est pas non plus gérée par la régie, alors que cela était prévu.
5.1.2-
Le statut du personnel permanent
Une grande partie des agents permanents employés par la commune sont des agents de
droit privé, sous le régime de la convention collective nationale des remontées mécaniques
et domaines skiables.
5.1.2.1-
Le personnel du service des « remontées mécaniques »
Le service des remontées mécaniques, tel que défini par la loi n° 85-30 du 9 janvier 1985
dite « loi montagne », est régi par les articles L. 342-7 et suivants du code du tourisme. Il
constitue un service de transport de personnes à but touristique exécuté par ou pour une
personne publique, sous fo
rme d’un service public industriel et commercial. En
conséquence, les personnels de ce budget annexe doivent être recrutés sous un régime de
droit privé. Le fait que le service n’ait pas de personnalité morale est sans influence (Tribunal
des conflits, 4 juillet 1991, n° 02670 ; CE, 1
er
avr. 2005, n° 245088, syndicat national des
affaires culturelles)
, tout comme cela n’a pas d’influence en termes d’application de la
convention collective du secteur (Cour de cassation, chambre sociale, 28 avril 2006, n° 04-
40895 ; 19 Septembre 2007, n° 06-60.203).
La commune peut donc légalement appliquer aux six agents de droit privé permanents du
service des « remontées mécaniques » la convention collective nationale des remontées
mécaniques.
22
L’article R
. 2221-65 du CGCT dispose que «
dans les communes ou groupements de communes de moins de
3 500 habitants, le conseil d'exploitation peut être le conseil municipal. Dans ce cas, la présidence du conseil
d'exploitation peut être assurée par le maire ou par l'un de ses membres, désigné par le maire à cet effet
».
Néanmoins, pour que cette disposition soit applicable, encore faut-
il qu’une décision en ce sens ait été prise.
31/59
Rapport d’observations définitives –
Commune d’Autrans (38)
La
chambre relève néanmoins que l’agent en charge des finances et de la comptabilité du
service des remontées mécaniques exerce majoritairement cette fonction pour le compte des
activités générales de la commune. Cette situation n’
est pas régulière, cet agent devant avoir
un statut de droit public et être rémunéré sur le budget principal.
5.1.2.2-
Le personnel de droit privé rémunéré sur le budget principal dans le
cadre des activités touristiques
Le budget principal de la commune supporte la rémunération d’agents de
droit privé exerçant
soit dans le cadre du service de ski nordique (SANSE), soit pour tout ou partie dans le cadre
du service des remontées mécaniques.
D
es agents, mis à disposition auprès de l’association de l’office de tourisme communal ont
aussi été
recrutés sous un régime de droit privé, de même que la directrice de l’association
du festival international de film de montagne d’
Autrans (cf. annexe 4). La convention
collective nationale des remontées mécaniques leur est appliquée. Pour autant, leur
rémunération est supportée par le budget principal. Cette situation est due à la persistance
de la notion de « régie
» touristique dans gestion communale, qui n’a cependant
pas trouvé
de traduction juridique et budgétaire.
Tableau n° 30
Emplois
Service
d’affectation
Affectation véritable
Budget
Statut
actuel
Convention
collective
appliquée
Directeur de station
« Régie » Office
de tourisme
Directeur des
remontées
mécaniques et du ski
de fond
budget principal de la
commune
Droit
privé
Remontées
mécaniques
Chef de service
SANSE
Chef de service
adjoint
Technicien (2)
Adjoint technique
Nivoculteur - Dameur
« Régie »
Sanse
conforme
budget principal de la
commune
Droit
privé
Remontées
mécaniques
Hôtesse accueil
Animatrice station
Technicien polyvalent
Conseiller séjour
Conseiller séjour
« Régie » Office
de tourisme
100% au sein de
l’association de
l’office de tourisme
budget principal de la
commune
Droit
privé
Remontées
mécaniques
Directrice Festival du
Film
« Régie » Office
de tourisme
100% au sein de
l’association du
festival international
du film de montagne
d’Autrans
budget principal de la
commune
Droit
privé
Remontées
mécaniques
Source : commune
Outre la problématique liée à la transparence des coûts déjà évoquée, cette organisation
appelle plusieurs observations.
L’article 3 de la loi n
°
83-634 du 13 juillet 1983 portant droits et obligations des fonctionnaires
dispose que les emplois civils permanents des collectivités territoriales sont pourvus par des
fonctionnaires, sauf disposition législative contraire.
Dans ces conditions, il n’est pas
possible de recruter des agents de droit privé et de les rémunérer sur le budget principal
comme c’est le cas pour les personnes mises à disposition de l’office de tourisme, du fest
ival
du film et du service d’exploitation du domaine de ski de fond. Concernant cette dernière
activité, octroyer un statut de droit privé aux agents serait alors nécessairement reconnaître
que ce service revêt une nature industrielle et commerciale. En ce
cas, la constitution d’un
budget annexe relevant de l’instruction M4 et comprenant l’ensemble des écritures relatives
au service, serait obligatoire (art. 1412-1 du CGCT).
32/59
Rapport d’observations définitives –
Commune d’Autrans (38)
Par ailleurs, s
elon une jurisprudence traditionnelle, le directeur d’une régie mun
icipale est
nécessairement un agent de droit public, ce qui n’est pas le cas en l’espèce
23
. Une
modification de son statut aurait des conséquences sur l’octroi des diverses primes que
prévoit la convention collective.
Enfin, la convention collective nationale des remontées mécaniques ne saurait être
d’application large et la chambre relève que la gestion d’un office de tourisme ou d’un festival
de cinéma n’en relève manifestement pas. Au surplus, leurs agents de droit privé sont mis
irrégulièrement à disposition des associations de gestion respectives. En effet, aux termes
de la loi (art. 61, 61-1 et 62 de la loi n° 84-53 du 26 janvier 1984 portant dispositions
statutaires relatives à la fonction publique territoriale), les mises à disposition ne peuvent
con
cerner que des fonctionnaires, doivent faire l’objet de conventions ainsi que d’un rapport
annuel au conseil municipal. Aucune de ces conditions n’est réunie en l’espèce.
En définitive, le statut du directeur de station, celui des agents de droit privé affectés au
d’exploitation du domaine de ski nordique et celui des agents de droit privé mis à disposition
d’associations (office de tourisme et festival)
doivent être révisés.
5.1.2.3-
La situation de l’ancien directeur de la régie.
Le directeur de la régie était
jusqu’au 1
er
janvier 2011 M. Gamot, parallèlement directeur
général des services de la commune et qui a été élu maire en mars 2014.
M. Gamot a tout d’abord été mis à disposition
, pour une partie de son temps, auprès de
l’association du centre sportif nordique d’Autrans entre le 1
er
juillet 2009 et le 31 décembre
2010. À partir du 1
er
janvier 2011, il a été entièrement mis à disposition de deux autres
associations (respectivement à 70 et 30
%), liées à l’activité de ski nordique, pour une durée
de trois ans.
Les articles 61 et suivants de la loi n° 84-53 du 26 janvier 1984 relatifs à la mise à disposition
prévoient notamment que
«l'organe délibérant de la collectivité territoriale ou de
l'établissement public en est préalablement informé »
. Cette formalité
essentielle n’a pas été
respectée.
5.2-
L’activité de la station
5.2.1-
Le domaine de ski alpin
5.2.1.1-
Les caractéristiques de la station.
Le domaine de ski alpin d’Autrans est modeste (20 km de pistes). Il comporte douze téléskis
et un seul télésiège. La plupart des pistes sont concentrées au sein du domaine de la Sure,
situé à 6 km du village. En revanche, un petit domaine débutant borde le village.
23
CAA Marseille, 29 juin 1999, n° 96MA01170 ; CE, 28 décembre 2001, n° 236508 ; Tribunal des conflits,
20/03/2006, n° C3487.
33/59
Rapport d’observations définitives –
Commune d’Autrans (38)
Source
: commune d’Autrans
Cet éloignement du domaine principal ne correspond plus au modèle économique dominant
dit « skis aux pieds
», ce qui peut s’avérer préjudiciable à la station et représente un coût de
fonctionnement pour la commune, qui a mis en place un système de navettes (environ 40 k€
par an pour le marché de transport).
La station a un caractère très l
ocal, ce que relève l’analyse des forfaits vendus. En effet,
94,4 % des titres vendus sont des titres d’une seule journée ou moins (26,36 % de journée,
12,83 % de demi-journée matin et 34,49 % de demi-journée après-midi), ce qui confirme la
courte durée des séjours.
5.2.1.2-
Une fréquentation du domaine très dépendante des conditions
climatiques
Les saisons engendrent 117 000 « journées skieurs
» en moyenne, sans qu’une dynamique
ne se dégage de la fréquentation, celle-
ci étant notamment liée à l’enneigement et d
onc à
l’ouverture des pistes.
Tableau n° 31
08/09
09/10
10/11
11/12
12/13
13/14
14/15
Journées skieurs
137 734
106 123
126 405
96 376
117 986
132 279
102 485
Recettes TTC
(en k€)
1 105
910
1 147
922
1 190
1 293
907
Recette moyenne/JSK
8,02
8,58
9,07
9,57
10,09
9,77
8,85
Source : rapports de la commune
De 96 000 journées skieurs en 2011/2012 à 137 700 lors de la saison 2008/2009, la
fréquentation est très variable et impacte très fortement le chiffre d’affaires de la stati
on.
34/59
Rapport d’observations définitives –
Commune d’Autrans (38)
Graphique n° 2
Compte-tenu de la faible altitude de la station (village à 1 050 mètres et plus haut point du
domaine skiable, la Sure, à 1 650 mètres), la saison est relativement courte : elle démarre
généralement à la mi-décembre pour se terminer à la fin du mois de mars. Il peut néanmoins
arriver que la station ouvre pour quelques jours aux mois de novembre ou
d’
avril.
Le tableau ci-dessous répertorie le n
ombre de jours d’ouverture,
en débuts et fins de saison,
de la remontée mécanique la plus haute (les crêtes) et de celle la plus basse (le petit claret),
située directement à côté du village. Les mois de décembre sont souvent seulement à moitié
exploitables, tandis que le mois de mars a bénéficié ces dernières années d’un enneigement
plus régulier. L’aléa se montre bien plus important
sur la remontée mécanique de basse
altitude.
Tableau n° 32
: Nombre de jours d’ouverture
Décembre 08
Décembre 09
Décembre 10
Décembre 11
Décembre 12
Décembre 13
Les crêtes
16
6
14
13
15
18
Le petit claret
14
3
14
6
10
11
Mars 09
Mars 10
Mars 11
Mars 12
Mars 13
Mars 14
Les crêtes
29
31
24
16
31
30
Le petit claret
16
24
16
12
20
19
Source : rapports de la commune
Lorsque l’on considère le nombre global de jours d’ouverture, toutes remontées mécaniques
confondues, la saison 2011/2012 apparaît comme la moins bonne avec la saison 2014/2015,
ce qui est confirmé par les chiffres de fréquentation et les recettes de ladite saison.
Tableau n° 33
09/10
10/11
11/12
12/13
13/14
14/15
Nombre de jours
global d’ouverture
103
101
90
110
110
87
Source : commune
La commune suit les taux d’occupation de
s
remontées mécaniques. Les rapports d’activité
du service présentent un objectif optimal d’occupation empirique de 30
%. Au regard de cette
norme, les appareils de la station sont globalement sous exploités. Certains d’entre eux le
sont particulièrement et de façon continue, ce qui pose la question de l’intérêt économique
de leur maintien en activité et de leur entretien (Grand claret, Mortier). La remontée de la
« Jardinière » a, du reste, déjà été fermée.
800
900
1000
1100
1200
1300
1400
80 000
90 000
100 000
110 000
120 000
130 000
140 000
150 000
Journées skieurs
Recettes TTC (en k
)
35/59
Rapport d’observations définitives –
Commune d’Autrans (38)
Tableau n° 34
Source
: rapports d’activité du service
5.2.1.3-
L’équilibre économique du domaine
5.2.1.3.1-
Un équilibre précaire
Les données d’exécution budgétaire du budget annexe «
remontées mécaniques »,
transposées en compte de résultat, montre l’équilibre économique précaire du service.
Tableau n° 35
2008
2009
2010
2011
2012
2013
2014
Vente de marchandises
965
877
1096
930
966
1113
994
+ divers produits d’exploitation
26
42
45
17
211
24
216
191
+ production immobilisée
50
80
80
90
90
90
90
+ autres produits d’exploitation
25
20
21
10
5
6
6
= Produits d’exploitation (A)
1066
1019
1242
1047
1272
1425
1282
Autres achats et charges externes
279
231
258
385
462
402
441
Achats de matières 1ères et autres approvis.
0
0
0
0
0
0
41
25
+ Impôts et taxes sur rémunérations
3
4
4
5
4
5
3
+ Autres impôts et taxes
17
20
17
21
17
22
24
+ Salaires et traitements
331
335
390
399
386
465
447
+ Charges sociales
123
147
322
229
155
185
180
+ Dotations aux amortissements
318
293
322
228
267
271
286
+ Autres charges d’exploitation
2
0
0
2
3
1
1
= Charges d’exploitation (B)
1074
1031
1133
1221
1295
1352
1424
A+B = Résultat d’exploitation (C)
-8
-11
108
-174
-22
73
-142
Produits financiers
0
0
0
0
0
0
0
- Charges financières
25
18
16
15
17
30
27
= Résultat financier (D)
-25
-18
-16
-15
-17
-30
-27
C+D = Résultat courant (E)
-33
-29
93
-189
-39
43
-169
Produits exceptionnelles
26
114
40
70
88
26
20
31
- Charges exceptionnelles
0
0
0
0
0
0
0
= Résultat exceptionnel (F)
114
40
70
88
26
20
31
- Impôts sur les bénéfices
0
0
0
0
0
0
0
= Résultat de l’exercice
81
11
162
-101
-13
63
-138
Source : comptes de gestion
24
Conséquence de l
’ouverture de l’auberge du Poya
.
25
Ch
angement d’imputation des achats alimentaires de l’auberge.
26
Principalement quote-part
de subventions d’investissement virées au résultat et quelques cessions.
Taux d’occupation
12/13
13/14
Petit claret
22 %
25 %
Grand claret
8 %
8 %
Jardinière
10 %
fermé
Sure
26 %
26 %
Chaumes
18 %
18 %
Grande brèche 1
38 %
39 %
Grande brèche 2
18 %
19 %
Mortier
14 %
13 %
Crêtes
23 %
23 %
TS Quoi
18 %
29 %
Moyenne
20 %
24 %
36/59
Rapport
d’observations définitives –
Commune d’Autrans (38)
En effet, le résultat d’exploitation s’avère souvent négatif et, ponctuellement, dans des
proportions importantes (-
142 k€ en 2014). L’ensemble des résultats d’exploitation cumulés
depuis 2008 sont négatifs à hauteur de 176 k€. Seuls des produits exceptionnels permettent
au résultat net d’être positif sur davantage d’exercices.
Les résultats sont très l
iés aux conditions d’enneigement de la station. Le graphique suivant
compare l’évolution du résultat d’exploitation avec celui du nombre de jours d’ouverture de la
saison
27
. Sauf en début de période, les évolutions sont corrélées.
Graphique n° 3
La chambre a comparé le résultat courant du budget à la recette que rapporte une journée
skieur en moyenne (9 €), afin de déterminer le nombre de «
skieurs » qui ont manqué afin
d’atteindre a minima un équilibre du résultat coura
nt (de toute évidence insuffisant en soi
pour financer ensuite les investissements). Entre 2008 et 2014, 35 889 « skieurs » ont
manqué, soit 5 100 en moyenne par saison.
Tableau n° 36
2008
2009
2010
2011
2012
2013
2014
Moyenne
Nombre de skieurs manquants
(-
) pour assurer l’équilibre
-3 667
-3 222
10 333
-21 000
-4 333
4 778
-18 778
- 5 127
Pour atteindre un équilibre du résultat courant, sur l’ensemble des années, il aurait fallu que
la recette moyenne par journée
skieur soit supérieure de 0,40 € à ce qu’elle a été
28
. En tout
état de cause, une augmentation tarifaire, seule capable de combler immédiatement un
déficit d’exploitation régulier, aurait cependant très certainement des conséquences
négatives sur la fréquentation.
L’ordonnateur en fonction jusqu’au 31 décembre 2015
a fait
valoir que bien que les tarifs de la station aient été augmentés plusieurs fois, il ne lui
« semble pas que la fréquentation en ait été affecté hors aléa climatiques et situation de
l’enneigement. Nous y voyons la confirmation du bon niveau du «
produit ski
» d’Autrans
».
27
Cette comparaison n’est pas strictement pertinente car elle compare des résultats d’un exerci
ce comptable
avec des jours d’ouverture comptabilisés sur une saison.
28
Déficit du résultat d’exploitation sur la période (323
000) divisé par le nombre total de journées skieurs
enregistrées (819 000).
0
20
40
60
80
100
120
-200
-150
-100
-50
0
50
100
150
2009
2010
2011
2012
2013
2014
Résultat d'exploitation
Jours d'ouverture
37/59
Rapport d’observations définitives –
Commune d’Autrans (38)
De 16 € durant la saison 2009
-
2010, le tarif d’une journée adulte est
passé à 19 € pour la
saison 2015-
2016. Lorsqu’on les compare à des stations de ski situées à
proximité, il
apparaît que les tarifs d’Autrans se situent dans la moyenne mais comparés aux kilomètres
de pistes skiables, ils ressortent parmi les plus élevés, avec ceux de Méaudre. Les marges
de manœuvre sur la grille tarifaire dans un espace géographi
que très concurrentiel sont
donc limitées.
Tableau n° 37
Autrans
Méaudre
Lans en
Vercors
Gresse en
Vercors
Villard de
Lans
St Pierre de
Chartreuse
Tarif journée adulte 2015-2016 (en
€)
19
19
19
15,60 /
18,60
34
18 /
23
Tarif journée enfant 2015-2016 (en
€)
16,60
16,60
16,60
13,50 /
16,60
15 / 19,50
11 / 17,50
Longueur des pistes (en km)
20
18
24
20
125
35
Altitude (en mètres)
1050-1710
1012-1600
1420-1807
1245-1751
1050-2050
900-1800
Nombre de remontées mécaniques
11
10
12
10
19
16
Tarif journée adulte comparé aux
kilomètres de pistes (en €)
0,95
1,05
0,79
0,85
0,27
0,58
A recette moyenne par journée skieur inchangée et toutes choses égales par ailleurs, il
aurait fallu environ 125
000 journées skieurs par saison pour que l’équilibre soit atteint. Ce
niveau apparaît comme le niveau minimal, sans dégager de réelles marges de manœuvres
pour l’investissement.
Le seuil des 125 000 journées skieurs est atteint de manière erratique, selon les conditions
climatiques de la saison. Les bonnes saisons ne suffisent pas à compenser les moins
bonnes et, au regard de la faible évolution du nombre de lits en hébergement touristique, il
n’est pas certain qu’une
fréquentation plus haute soit envisageable (2 400 lits en 2008,
2 622 en 2013).
5.2.1.3.2-
Des déséquilibres potentiellement sous-évalués
Les règles d’amortissement des entreprises commerciales s’appliquent pour les opérations
retracées dans le budget annexe « remontées mécaniques », qui a trait à un service public
industriel et commercial
29
.
Les dotations aux amortissements du budget annexe suivent les évolutions de l’excédent
brut d’exploitation et du résultat d’exploitation, hormis sur l’exercice 2014. Autrement
dit, le
résultat d’exploitation du budget semble être piloté par la modulation des dotations aux
amortissements afin d’amoindrir les résultats négatifs ou de profiter des résultats positifs. Or
l’amortissement des biens ne peut être que linéaire.
29
Art. R. 2221-82 du CGCT : «
Les dotations aux amortissements et aux provisions sont liquidées selon les
dispositions et les durées d'usage applicables aux entreprises commerciales du même secteur d'activité
».
38/59
Rapport d’observations définitives –
Commune d’Autrans (38)
Graphique n° 4
Une analyse du détail des dotations aux amortissements montre ainsi qu’un certain nombre
de biens ont vu leur amortissement significativement augmenter lors de l’exercice 2010,
année de résultat très positif (cf. annexe 5). À
l’inverse, en 2011, alors que le résultat était
très négatif, des biens semblent de pas être entrés dans l’assiette de calcul des
amortissements et
n’ont été intégrés qu’en 2012
30
.
Ce pilotage est aussi mis en œuvre pour ce qui concern
e les remboursements de mise à
disposition de personnel par le budget principal. Il n’a pas été opéré en 2010 quand la
situation du budget annexe était favorable mais en 2011, alors que le résultat d’exploitation
était fortement déficitaire.
Graphique n° 5
La chambre rappelle que les méthodes comptables doivent être appliquées de manière
constante,
afin de ne pas fausser les résultats d’exploitation du budget annexe.
30
Le « refuge de la grande Poya
» apparait pour la 1ère fois en 2012, alors qu’il affiche une v
aleur nette
comptable minorée de deux années d’amortissement.
-200
-150
-100
-50
0
50
100
150
2008
2009
2010
2011
2012
2013
2014
Résultat d'exploitation
remboursement MAD
39/59
Rapport d’observations définitives –
Commune d’Autrans (38)
5.2.1.3.3-
Un domaine à l’infrastructure âgée et souffrant d’ab
sence de
planification
Le parc de remontées mécaniques d’Autrans est, en moyenne, très ancien (35 ans en 2014).
Tableau n° 38
2008
2009
2010
2011
2012
2013
2014
Télésiège à attache fixes
Nombre d'appareils
1
1
1
1
1
1
1
Age moyen
19
20
21
22
23
24
25
Téléskis à perches débrayables
Nombre d'appareils
10
10
9
9
9
8
8
Age moyen
37
38
37
38
39
42
43
Téléskis à perches fixes
Nombre d'appareils
1
1
1
1
1
1
1
Age moyen
24
25
26
27
28
29
30
Téléskis à enrouleurs
Nombre d'appareils
1
1
1
1
1
1
1
Age moyen
7
8
9
10
11
12
13
Tapis roulant
Nombre d'appareils
1
1
1
1
1
1
1
Age moyen
1
2
3
4
5
6
7
Nombre total d'appareils :
14
14
13
13
13
12
12
Age moyen total :
30
31
30
31
32
34
35
Source : service technique des remontées mécaniques et des transports guidés
Certains appareils ont plus de 50 ans (Grand Claret, Petit Claret), tandis que
d’autres s’en
approchent (Sure, Tremplin, Sauteurs). Un grand nombre ont été installé il y a une trentaine
d’années (Mortier,
Grande Brèche, Crêtes, Chaumes). Le télésiège de La Quoi approche
des trente ans d’exploitation.
Tableau n° 39
Nom de l'appareil
Capacité
Famille
Moment de puissance
31
Année de pose
Age
PETIT CLARET
1
Téléskis
25
1954
61
GRAND CLARET
1
Téléskis
84
1960
55
SAUTEURS
1
Téléskis
16
1966
49
SURE
1
Téléskis
244
1968
47
TREMPLIN
1
Téléskis
38
1969
46
MORTIER
1
Téléskis
126
1984
31
GRANDE BRECHE I
1
Téléskis
42
1984
31
CHAUMES
1
Téléskis
4
1984
31
CRETES
1
Téléskis
270
1985
30
COMBE LA QUOI
4
Télésièges
734
1989
26
GRANDE BRECHE II
1
Téléskis
56
2001
14
Source : service technique des remontées mécaniques et des transports guidés (STRMTG)
De fait, une grande part des installations de la station va devoir subir à très brèves
échéances la grande inspection des trente ans, relativement coûteuse. Ainsi, en 2016, sont
programmées les inspections des téléskis Mortier, Grande brèche 1, sans recours à un
prestataire extérieur (compétence disponible au s
ein du personnel), ce qui n’enlève rien au
coût de mise en conformité découlant de l’inspection. En 2017 est programmée l’inspection
du téléski des Crêtes. Ce planning d’inspection a été décalé d’un an, avec accord du
31
D
ébit horaire théorique de l’appareil, exprimé en p/h
.
40/59
Rapport d’observations définitives –
Commune d’Autrans (38)
STRMTG, en raison des chiffres d’affaire en baisse. De même, l’inspection du Petit claret
avait été décalée de 2008 à 2009 pour les mêmes raisons. La grande inspection du télésiège
de La Quoi est programmée pour 2019, avec un coût qui peut être estimé à 150 k€.
Aucun plan pluriannuel d'investissement concernant les opérations à effectuer sur ces
équipements
n’a été élaboré
. La vision en est détenue par les services techniques, sans
estimation des coûts cependant, mais n’est pas partagée par le conseil municipal.
En parallèle de ces dépenses
obligatoires, le budget dégage peu de marges pour d’autres
investissements qui pourraient être nécessaires au développement de la station (canons à
neige, nouvelles pistes et télésièges/skis).
Le choix de procéder à des investissements importants en matière de canons à neige sur le
domaine de ski nordique plutôt que sur le domaine de ski alpin répond à l’identité
traditionnelle de la commune, davantage tournée vers cette discipline. Malgré cet
investissement, le domaine de ski nordique est déficitaire, alo
rs qu’un investissement
identique sur le domaine de ski alpin aurait pu être de nature à assurer des recettes
d’exploitation plus régulières (bien que le domaine de ski alpin bénéficie d’une bonne
exposition à la neige). L’unique canon à neige installé sur
le domaine de ski alpin l’a été sur
la petite piste du Claret, plutôt que sur le domaine principal. Un seul canon à neige a alors
été installé, en milieu de piste. Un second canon à neige devait être installé en haut de la
piste mais ne l’a pas été. En conséquence, l’enneigement artificiel du haut de la piste est
impossible, ce qui rend l’investissement sur la moitié basse très peu efficace.
Les investissements sur le budget annexe « remontées mécaniques » ont porté
principalement sur la rénovation de
l’auberge du Poya, financé
e majoritairement par
emprunt.
Cet investissement effectué en 2011/2012 a permis d’améliorer sensiblement la
qualité de l’accueil des skieurs au pied des pistes et est générateur de recettes importantes.
Le budget annexe a un enc
ours de dette de 596 k€ fin 2014, soit une capacité de
désendettement de 4,1 années. Il n’est donc pas particulièrement endetté. Cependant, une
mauvaise saison rendrait très difficile le remboursement de cette dette et la situation du
budget principal de la commune rend très hypothétique le soutien financier de celui-ci.
De fait, la commune aurait des difficultés financières certaines à financer aujourd’hui des
installations importantes de canons à neige sur son domaine de ski alpin, alors que cet
invest
issement aurait été à même d’assurer un niveau de recettes supplémentaires.
Selon l
’ordonnateur en fonction jusqu’au 31 décembre 2015
, le domaine de ski alpin ne
répond effectivement plus à la norme actuelle du « skis aux pieds », il est peu connu du
grand public et constitue une activité démesurée pour la commune. En particulier, il estime
qu’une trop grande surface de piste est damée par rapport à la fréquentation, ce qui explique
que le service soit très coûteux, alors même que le potentiel de croissance de la
fréquentation est quasi-nul. Il considère aussi que si le domaine était exploité par un
prestataire privé, un certain nombre de pistes auraient été fermées
et qu’il n’est plus
raisonnable d’effectuer des investissements sur ce domaine, l
a limite du modèle économique
étant atteinte et la puissance publique ne pouvant plus le porter. Il estime
qu’il convient,
avant tout, de développer les lieux de séjour, insuffisants à l’heure actuelle.
5.2.2-
Le domaine de ski nordique
5.2.2.1-
L’organisation du domaine
Le doma
ine de ski nordique d’Autrans, qui s’étend sur 130 km, est le plus vaste des Alpes
(cf. annexe 6)
. Le site de Gève, le plus fréquenté et sur lequel s’est fondée la réputation de
41/59
Rapport d’observations définitives –
Commune d’Autrans (38)
la station, est accessible depuis le village par un bus ou par les pistes. Il concentre la quasi-
totalité des canons à neige que compte la station (18 enneigeurs pour 15 km de pistes) mais
aucun n’ayant été installé entre le domaine et le village, la liaison par ski avec le village n’est
pas
garantie. Outre la perte d’att
ractivité pour les clients, cet état de fait oblige la commune,
en cas de manque de neige, à mettre en place des transports par bus ou à transporter des
quantités importantes de neige par camions.
5.2.2.2-
La fréquentation du domaine
La fréquentation du domaine
est erratique. Malgré l’installation de canons à neige, les
saisons manquant de neige naturelle voient leur fréquentation en baisse (2011/2012,
2014/2015).
Tableau n° 40
08/09
09/10
10/11
11/12
12/13
13/14
14/15
Journées skieurs
96 157
88 460
117 841
97 596
113 025
127 830
107 768
Recettes TTC (en k€)
363
344
438
346
422
500
426
Recette moyenne/JSK
3,77
3,89
3,71
3,55
3,73
3,91
4,10
En moyenne, 34
000 titres d’accès sont vendus chaque saison. Ces chiffres sont à comparer
à ceux des années 2000, régulièrement au-dessus des 50 000 titres (évolution contraire au
ski alpin), malgré l’implantation de canons à neige.
Tableau n° 41
Les ventes de titres se composent très majoritairement de titre à la journée (80 %), ce qui
confirme, à l’instar du domaine ski alpin, le caractère passager et local des skieurs.
Le domaine de ski de fond d’Autrans est particulièrement connu pour la
Foulée blanche,
manifestation organisée en janvier. Il s’agit d’une série de manifestations autour d’un
évènement principal : une course de ski de fond avec plusieurs distances au choix (5, 10,
20 ou 42 km). Elle réunit chaque année entre 6 000 et 8 000 participants (près de 18 000 en
1987). La manifestation a cependant dû être annulée plusieurs fois depuis sa création pour
manque de neige, dont récemment en 2007 et 2015. C’est d’ailleu
rs en partie pour la bonne
tenue de cet évènement que la commune a investi dans des installations de neige artificielle.
Cet évènement est organisé par une association avec le soutien de la commune ; les
dépenses directes engagées par la commune (14 k€ en moyenne, dont 12 k€ de
subventions) restent modestes au regard de la notoriété que la manifestation apporte au
territoire. De nombreux coûts ne sont cependant pas valorisés à l’heure actuelle
: damage et
balisage des pistes, déneigement/enneigement, gestion de la sécurité, du stationnement et
de la circulation, etc.
08/09
09/10
10/11
11/12
12/13
13/14
14/15
Saison
2 100
1 769
2 207
1 690
2 015
2 549
2 108
Forfait 2 à 7 jours
4 168
3 840
4 142
3 612
3 899
3 845
3 672
Journée
24 113
22 878
31 003
23 786
27 147
32 825
25 672
Total
31 747
28 487
37 352
29 088
34 973
40 483
33 272
42/59
Rapport d’observations définitives –
Commune d’Autrans (38)
5.2.2.3-
L’équilibre économique du domaine
Comme il a été vu dans l’analyse financière, le service est structurellement déficitaire,
malgré l’installation de canons à neige, qui a permis de sécuriser l’activité (bien que la saison
2015 de la Foulée Blanche ait été annulée pour manque de neige).
Tableau n° 42
en k€
2011
2012
2013
2014
Solde du service sans amortissement
-158
-165
-100
-218
Solde du service avec amortissement
-220
-227
-162
-280
Une augmentation tarifaire à hauteur des déficits constatés (soit 2 € supplémentaires
nécessaires par journée skieur) ne paraît pas réaliste au regard de la situation de
concurrence du domaine et des tarifs constatés par
ailleurs. En effet, de 7 € en début de
période pour un accès journée, le prix du titre est passé à 9 € en fin de période, ce qui le
place dans la fourchette haute des prix du secteur
32
et laisse, a priori, peu de marges de
manœuvre.
Le domaine est avant tout très consommateur de ressources en eau
pour l’enneigement
artificiel des pistes.
Tableau n° 43 :
Consommation d’eau en m3
2009
2010
2011
2012
2013
2014
Canons à neige ski de fonds
13 546
28 161
24 136
21 538
10 404
16 483
Volume consommé total
218 838
209 675
197 486
193 471
169 670
158 174
% enneigement / volume total
6,2%
13,4%
12,2%
11,1%
6,1%
10,4%
Source : rapport du délégataire
L’eau utilisée est de l’eau potable fournie par le délégataire de service public de la
commune. Il n’y est pas ajouté d’additif. Cette consommation représente entre 6 et 12 % du
volume total consommé sur la commune. Elle bénéficie pour cet approvisionnemen
t d’un tarif
très avantageux, depuis un avenant conclu en 2007, qui crée un tarif spécial pour la
production de la neige de culture (entre 0,14 € et 1,37 € le m
3
selon la provenance, pour 1 €
le m
3
en moyenne en 2013 et 2014
33
). Ce tarif est à comparer au prix du m
3
pour un
consommateur de la commune, de 2,32 € en 2014.
Sous réserve de l’appréciation du juge administratif, cette situation ne semble pas régulière.
L'article L. 2224-12-1 du CGCT dispose ainsi que «
Toute fourniture d'eau potable, quel
qu'en soit le bénéficiaire, fait l'objet d'une facturation au tarif applicable à la catégorie
d'usagers correspondante, les ménages, occupants d'immeubles à usage principal
d'habitation, pouvant constituer une catégorie d'usagers. Les collectivités mentionnées à
l'article L. 2224-12 sont tenues de mettre fin, avant le 1er janvier 2008, à toute disposition ou
stipulation contraire. »
Il n’apparaît pas à la chambre que la production de neige de culture puisse être considérée
comme une «
catégorie d’usagers
» puisq
u’elle correspond à une utilisation spécifique d’un
usager, la commune. C
ette situation, qui fait supporter à l’ensemble des consommateurs du
service public de l’eau d’Autrans une charge indue au bénéfice des usagers du domaine de
ski de fond, doit donc être rapidement régularisée.
32
Les Rousses
: 8,40 €
; Lans en Vercors
: 8 €
; Manigod
: 8 €
; Monts Jura
: 8,50 €
;
33
Il existe plusieurs sources de captage.
43/59
Rapport d’observations définitives –
Commune d’Autrans (38)
5.3-
Les mutualisations avec Méaudre
Le domaine de ski alpin et nordique d’Autrans et de Méaudre ne sont pas communs mais
proches géographiquement. Les tarifs des deux stations s
ont identiques et l’achat d’un forfait
dans l’une entraîne l’accès à l’autre («
Méaudre et Autrans grand domaine »), que ce soit en
ski alpin ou en ski nordique. Touefois, chaque régie vend uniquement pour le compte de sa
commune et i
l n’y a pas de mesure des clients passant d’un site à l’autre, ni de reversem
ent
d’une régie de recettes à l’autre.
Enfin, en matière d’organisation des stations, deux liaisons de ski nordique permettent de
joindre les deux stations (5 km de piste). Cependant, elles ne sont pas équipées de canons à
neige et, en cas de faibles chutes, elles ne sont pas enneigées.
Dans les faits, les stations offrent une bonne complémentarité. Autrans dispose de canons à
neige sur son domaine nordique, tandis que Méaudre en dispose sur son domaine alpin. En
cas de grave manque de neige, les clients
peuvent donc se reporter sur l’une ou l’autre des
stations.
La création d’une commune nouvelle devrait favoriser la mutualisation
, notamment par la
mise en commun des équipes techniques et des dameuses (notamment pour le ski
nordique). L
a création d’une
structure ad hoc commune afin de gérer le domaine
(établissement public, société publique locale,...) pourrait être envisagée.
5.4-
La question de l’avenir de la station
La situation de la station de sports d’hiver peut être résumée ainsi
:
le domaine de ski alpin, modeste, pourrait apporter des recettes mais le manque de
neige, en absence de canons à neige, a des effets très néga
tifs sur l’équilibre du
service ; le matériel existant est vieillissant
et l’installation de nouveaux canons à
neige constitue un investissement très important. Toutefois, e
n l’absence
d’investissements,
le
développeme
nt de la fréquentation est hypothétique
(actuellement fréquentée très majoritairement par des skieurs locaux). Il manque
avant tout des lieux de séjours, mais il paraît peu évident de faire intervenir des
investisseurs privés ;
le domaine de ski nordique, identité de la station, a bénéficié d’importants
investissements en matière de canons à neige, qui sécurisent une partie de la
fréquentation. Cependant, cette activité est très largement déficitaire.
Afin de continuer à se développer, la station pourrait se tourner vers les activités estivales,
nécessairement moins couteuses mais aussi moins pourvoyeuses de recettes.
Le conseil municipal ne s’est jamais formellement
prononcé sur le sujet et sur une
réorientation stratégique globale de la station. Des initiatives ont néanmoins été prises, dont
notamment la création du festival international du film de montage (1983), la création de la
piscine extérieure (1987) reprise en régie au début des années 2000, la création de la
maison des sports au début des années 2000 qui offre des activités de fitness, loisirs et
tournois de sports collectifs, l’ouverture du télésiège deux jours par semaine en juillet
-août et
la création d’
un parcours de VTT en 2014. Parallèlement, des activités estivales exercées
par des personnes privées ont cependant disparu (centre équestre, parc aventure, karting).
La commune a lancé, en 2013, un appel à projets pour la mise en place de nouvelles
activités de loisirs estivales, en mettant en avant six sites potentiellement exploitables.
Seulement deux offres ont été déposées (hébergement en yourte et jeu de pistes collectif),
dont la réalisation est en cours mais n’est pas certaine. Cette initiative témoigne d’une prise
44/59
Rapport d’observations définitives –
Commune d’Autrans (38)
de
conscience de l’enjeu que représente la saison estivale pour la station mais aussi de la
difficulté d’attirer des investisseurs privés sur ce type d’activités.
De fait, la fréquentation au cours de la saison estivale semble stagner.
Tableau n° 44 : Maison des sports
2008
2009
2010
2011
2012
2013
2014
Titres vendus
5 811
10 383
8 217
9 322
12 766
11 918
4 274
Recettes TTC
(en k€)
33
52
43
48
64
63
27
Source : commune
La remise aux normes de la
piscine d’été
doit aussi être envisagée. Le diagnostic effectué en
décembre 2011 relève de nombreuses difficultés en termes de respect des normes
d’hygiène et de sécurité. Les travaux à effectuer ont été évalué
s
à un peu moins d’1 M€,
ce
qui était hors de portée pour les finances communales. Une réflexion devra être menée dans
le cadre de la commune nouvelle
, d’autant que
Méaudre dispose aussi d’une piscine
estivale.
Elle constituera l’un des éléments de la stratégie d’ensemble qui devra être définie, en
tenant
compte en particulier des difficultés d’enneigement et de projections de fréquentation
réalistes avant d’engager de nouveaux investissements à caractère touristique. Cette
stratégie devrait prendre place dans un cadre élargi au niveau de la communauté de
communes, en charge de la promotion touristique du territoire communautaire.
6-
LA CESSION DE LA RESIDENCE DU SORNIN
Autrans est propriétaire depuis les jeux olympiques de Grenoble de 1968 d’un ensemble de
bâtiments construits à cette occasion. Quat
re d’entre eux servaient comme hébergements
touristiques (68 appartements), exploités par une société spécialisée dans ce secteur
d’
activité. Cette dernière a précisé à la chambre que cet ensemble immobilier était vétuste et
ne correspondait plus aux standards attendus par la clientèle.
La société, titulaire d’un bail précaire (durée d’un an reconductible tacitement), versait à la
commune une redevance d’occupation an
nuelle de 22
900 euros, à laquelle s’ajoutait une
part variable correspondant à 50 % du résultat net d’exploitation.
Il est précisé en préambule de la convention
que «
la commune d’Autrans, souhaitant gérer
au mieux de ses intérêts ce complexe, s’est tour
née vers la société
(…)
qui a pour activité
principale l’exploitation commerciale de résidences hôtelières et villages de vacances
»
et
que
« le présent contrat est avant tout destiné à gérer une situation provisoire. Il a vocation à
déboucher sur la concl
usion d’un partenariat de long terme entre les parties, dans le cadre
duquel sera notamment prévu un programme d’investissements permettant le maintien de
l’attractivité de l’installation
».
Il ne fait donc nul doute que la commune était fortement impliquée et intéressée à la gestion
de l’installation et à son devenir. Il s’agissait d’une politique d’aménagement touristique
municipale.
Par délibération du 2 septembre 2009, le conseil municipal d’Autrans a donné son accord au
principe de vente de l’
ensemble immobilier et a chargé le maire de mener les négociations
avec la société. Il était précisé que des travaux de rénovation étaient nécessaires, évalués à
45/59
Rapport d’observations définitives –
Commune d’Autrans (38)
3 M€. La délibération fait référence à l’évaluation opérée par France Domaine en décembre
2008
(2,45 M€).
Par délibération du 4 mars 2010, le conseil municipal a approuvé les termes de la promesse
de vente, fixant le prix de cession à 500 k€, ce qui générait une moins
-
value de 278 k€ par
rapport à la valeur nette comptable. Le contrat prévoyait, en outre, que la société devait
effectuer des travaux annexes (évalués à 150 k€), portant sur l’aménagement d’un parking
existant, qui servirait aussi à la piscine municipale, et sur la création d’un chemin piétonnier
bordant les installations. La délibération évoque aussi les motifs de la vente, à savoir :
qu’il s’agissait du projet de création d’une résidence de tourisme l
e plus important
depuis 20 ans ;
que ce projet avait été retardé pendant la période de candidature de Grenoble aux
jeux olympiques de 2018 ;
que ces installations pouvaient, à terme, évoluer vers une « friche touristique » ;
qu’il s’agissait d’une opportunité remarquable au regard des difficultés traversant
l’activité touristique de moyenne montagne et répondant parfaitement aux objectifs
du développement de la station et à sa renommée.
La délibération évoque une expertise réalisée par un cabinet privé, évaluant le bien entre
330 et 700 k€. Le compromis de vente a été signé le 23 mars 2010. Il a été suivi, le 11 mai
2010, de la conclusion
d’une convention d’aménagement touristique, prévue par l’article
L. 342-
1 du code du tourisme ayant vocation à encadrer l’opération, qui constitue le plus
important aménagement touristique de la station du mandat.
Le projet de la société était de rénove
r l’ensemble immobilier puis de revendre les
appartements à la découpe, dans le cadre de mesures de défiscalisation sur les résidences
de tourisme pour les acquéreurs. Ceux-ci concluent ensuite un bail commercial avec la
société, contre paiement d’un loyer
, qui est alors libre de commercialiser les biens pour une
durée de neuf ans en tant que résidence de tourisme. Le bail est ensuite reconductible. Des
recettes pour la société sont donc attendues lors de l’opération de revente à la découpe,
mais aussi tout
au long de l’exploitation commerciale.
Début 2016, sept appartements sur
soixante étaient encore en vente.
6.1-
La procédure retenue
Aucune obligation légale n’impose à une commune d’effectuer une mise en concurrence
lorsqu’elle procède à une cession simple d’un de ses biens. Cependant, il est de bonne
gestion, en particulier lorsqu’il s’agit d’un bien dont la valeur est significative, de procéder à
une adjudication publique. Cette procédure permet à la commune d’avoir la garantie
d’obtenir le meilleur prix d
e cession et/ou les meilleures contreparties à la vente.
La commune
n’a pas procédé ainsi, privilégiant une vente de gré à gré, ce qui a empêché,
en tout état de cause, de connaître la véritable valeur de l’ensemble immobilier sur le
marché. Cette valeur
n’a pu qu’être estimée.
6.2-
L’évaluation de la valeur du bien et son prix de cession.
L’article L
. 2241-1 du CGCT prévoit que les communes doivent consulter France Domaine
avant toute cession d’immeubles, afin qu’elles disposent d’une évaluation de la valeu
r du
bien. Cette procédure n’est cependant pas obligatoire pour les communes de moins de
2
000 habitants et n’était donc pas opposable au cas d’espèce
, bien que, par son statut de
commune touristique, Autrans possède un budget deux à trois fois supérieur aux communes
de sa strate démographique.
46/59
Rapport d’observations définitives –
Commune d’Autrans (38)
Cet avis a néanmoins été demandé et France Domaine a évalué
l’ensemble immobilier à
2,45 M€ en décembre 2008
. Le service avait déjà évalué le bien antérieurement à des
niveaux comparables (2,4 M€ en février 2004, 2,67 M€ en décembre 2005). Cette estimation
avait été effectuée sur la base d’une valeur très basse de prix au m² de 1
348 €, de laquelle
a été défalqué un abattement de 20 % pour quantité puis un autre supplémentaire de 10 %
au titre de la spécificité des
logements. L’estimation apparaissait donc relativement prudente.
La valeur de l’ensemble immobilier a ensuite été
estimée par un cabinet privé, mandaté par
la commune, selon trois méthodes
, qui aboutissaient à trois estimations d’un montant
respectif de 330 000, 663 900 et 700 000 euros. Son dirigeant a indiqué à la chambre que la
commune
« représente une part infime »
de son
chiffre d’affaires
et
qu’il n’avait donc pas
«
d’enjeu,
à quel titre que ce soit, qui aurait pu nous conduire à délivrer une quelconque
valeur de complaisance ».
La chambre constate cependant que cette évaluation paraissait
assez formelle, dans la mesure où
le prix de 500 k€ avait été fixé par la société dès
septembre 2008 dans une lettre envoyée au maire et
qu’
un projet de promesse de vente,
rédigé le 20 novembre 2009, prévoyai
t déjà un prix de 500 k€.
Cette analyse est corroborée
par une note manuscrite
du 15 janvier 2010, issue d’une réunion interne à la mai
rie, qui
indique qu’il convenait d’appeler l’évaluateur
« pour voir où en est son estimation (qui devrait
être la plus proche possible de 500 k€…)
»
34
.
Pour sa part, la société
a fait savoir à la chambre qu’elle estime ne pas avoir
« réalisé une
bonne affaire dans ce dossier, bien au contraire, et que, pour aller tout à fait au bout du
raisonnement, il est probable que, si nous avions utilisé les ratios habituels des métiers de
promoteur et d’exploitant de résidence de tourisme, nous aurions dû payer un pri
x bien
inférieur ».
6.3-
Le suivi par la commune.
Les articles L. 342-1 et suivants du code du tourisme
prévoient qu’
« en zone de montagne,
la mise en œuvre des opérations d'aménagement touristique s'effectue sous le contrôle
d'une commune ».
Dans ce cadre,
un contrat entre l’opérateur et la collectivité est
obligatoire, et doit comporter certaines dispositions à peine de nullité (art. L. 342-2 du code
du tourisme). Le Conseil d’État a jugé que la conclusion d’une telle convention était
obligatoire pour les o
pérations d’aménagement d’hébergement touristique (CE, 7 juillet 1999,
commune de Valloire, n° 181312).
La convention d’aménagement touristique entre la commune et la société n’a été conclue
que le 11 mai 2010, après que le préfet de l’Isère a demandé sa
production. Elle prévoit que
la société procède à des travaux de rénovation (façades, fenêtres, menuiseries, parties
communes, cuisines, sanitaires, peintures et sols des logements), sans détail ni montant
estimatif. Un délai est fixé au 30 juin 2012 pour leur achèvement. Les travaux doivent
permettre de classer l’installation comme une résidence de tourisme «
deux étoiles » a
minima, comportant au moins 250 lits. Une piscine extérieure chauffée doit être créée. La
société s’engage à exploiter l’ensemble im
mobilier pour neuf ans. La convention prévoit des
pénalités au m² en cas d’absence de rénovation à la date prévue, ainsi qu’en cas
de
changement de destination. Leur application aurait été toutefois difficile à mettre en œuvre,
la convention étant particulièrement imprécise, tant sur le contenu des rénovations que sur
leur montant, alors même que le montant prévisionnel de travaux de rénovation a justifié la
faiblesse du prix de vente (3 M€ de travaux prévu
s).
34
Le bien a été vendu 500 k€, auxquels s’ajoutent des travaux à la charge de la société inclus dans l’acte de
vente, estimés à 150 k€.
47/59
Rapport d’observations définitives –
Commune d’Autrans (38)
En tout état de cause, aucune clause du contrat ne portait sur les modalités de suivi des
engagements de la société. L’article L. 342
-2 du code du tourisme dispose pourtant que les
conventions d’aménagement doivent, à peine de nullité, contenir une stipula
tion sur
« les
modalités de l'information technique, financière et comptable qui doit être portée à la
connaissance des communes ».
Il rend obligatoire la production, par l’opérateur, d’un
« compte rendu financier comportant le bilan prévisionnel des activités et le plan de
trésorerie faisant apparaître l'échéancier des recettes et des dépenses »
35
.
Cependant, suite
à un recours gra
cieux effectué par le préfet de l’Isère
, le conseil municipal, par délibération
du 20 septembre 2010, a approuvé un avenant à la convention ajoutant une stipulation : «
La
société s’engage à fournir chaque année jusqu’à l’achèvement de l’opération un compte
rendu financier comportant le bilan prévisionnel des activités et le plan de trésorerie faisant
apparaître l’échéancier des re
cettes et des dépenses ».
L
e maire en fonction jusqu’au 31 décembre 2015
a précisé à la chambre que ce compte
rendu financier n’a jamais été produit.
La société a justifié cette lacune par
« les multiples
déboires auxquels [elle] s’est trouvée confrontée
dans le cadre de la réalisation de cette
opération ».
En définitive, la commune a peu encadré la réalisation de l’opération et s’est désintéressée
de son suivi, alors qu’il s’agissait d’une opération touristique d’envergure et que le faible prix
de cessi
on consenti à la société était la contrepartie d’un montant de travaux devant être
menés.
6.4-
Les contentieux
Un conseiller municipal et un contribuable ont saisi le tribunal administratif le 3 mai 2010,
mais ils ont retiré leur recours par courrier du 23 juin 2010. Ce retrait fait suite à la conclusion
d’un
« protocole transactionnel » (très peu formel), conclu entre les deux requérants, la
société et le maire, le 14 juin 2010. La chambre relève que ce dernier a signé le protocole,
alors qu’il n’avait pas é
té autorisé par le conseil municipal pour ce faire.
Par ce protocole, les deux requérants s’engagent à retirer leur recours et à ne plus intenter
d’action. Il est aussi indiqué que les signataires conviennent que ce protocole
« vise à
permettre la réalisa
tion d’une opération très importante pour le développement économique
et touristique de la station. Ils n’y ont aucun intérêt personnel et s’obligent à la discrétion
».
En contrepartie, la société s’engage à acheter à la commune un ensemble d
e forfaits de ski
pour 50
000 €
. Le protocole prévoyait que
« la facture correspondant à cet achat sera établie
et réglée dans les trois mois suivant la vente de l’immeuble pour un montant de 50
000 €
TTC ».
Le versement de cette somme n’a jamais été effec
tué, ce qui témoigne à tout le
moins
d’un manque de suivi de la commune. La chambre
recommande au nouvel
ordonnateur de prendre des mesures afin de faire respecter les termes de ce protocole.
35
En l’absence d’une telle clause, la cour administrative d’appel de Lyon a annulé la délibération autorisant la
conclusi
on de la convention d’aménagement d’un bar
-restaurant-discothèque (CAA Lyon, 27/11/2012,
n° 11LY01578).
48/59
Rapport d’observations définitives –
Commune d’Autrans (38)
7-
LA GESTION DE LA COMMANDE PUBLIQUE
7.1-
L’organisation de la
commande publique
Les services ne disposent d’aucun guide interne en matière de commande publique et
aucune procédure n’a été formalisée, ce qui constitue une carence importante. Chaque
service organise les mises en concurrence sans que des modalités de passation communes
ne soient établies ni que les marchés en cause ne fassent l’objet d’une vérification a priori
par un agent spécialisé. De fait, les pratiques sont hétérogènes, ce qui conduit à diverses
irrégularités relevées ci-dessous.
De plus, en rais
on de cette absence de centralisation, l’archivage des dossiers n’est pas
convenablement assuré, ce qui a entraîné des difficultés substantielles dans le cadre du
présent examen de la gestion. Pourtant, la durée d’archivage de l’ensemble des pièces liées
à
la passation et à l’exécution d’un marché public est, en général, de
dix ans (cf. instruction
du 28 août 2009 de la direction des archives de France, relative aux tri et conservation des
archives produites par les services communs à l’ensemble des collect
ivités territoriales et
structures intercommunales). La situation semble s’améliorer à partir de l’année 2014.
La chambre recommande de formaliser les procédures d’achats et, si le choix ne se portait
pas sur une centralisation de la fonction, d’uniform
iser a minima les pratiques.
7.2-
Des pratiques non conformes au code des marchés publics
Des pratiques non conformes aux dispositions du code des marchés publics ont permis de
favoriser le candidat attributaire du marché précédent :
pour le marché d’entreti
en de la piscine municipale 2014, une négociation a été
conduite avec le prestataire antérieur afin de faire diminuer son prix, en lui
permettant de n’effectuer qu’un passage par jour, alors que le second candidat
proposait deux passages, en conformité avec le cahier des charges imposé ;
pour le marché relatif à la fourniture de repas pour la cantine scolaire 2014, la
société qui était déjà prestataire de la commune a été retenue alors qu’elle n’a
rempli que très peu des prix du bordereau des prix unitaires
36
, ce qui aurait dû
conduire à son élimination.
Des pratiques irrégulières sont également constatées dans l’application des critères de
jugement des offres annoncés, notamment sur les deux plus importantes opérations de la
période,
l’
auberge de la Poya et la maison des associations :
le critère de la valeur technique n’a pas été noté, contrairement à ce qui était prévu
dans les documents de consultation pour le marché d’entretien de l’éclairage en
2013 et le marché d’entretien des cha
udières en 2014 ;
ce critère a été entièrement neutralisé, la même note étant attribuée à la quasi-
totalité des candidats pour chaque lot, faisant ainsi du prix le seul critère
déterminant dans le cas du marché d’extension de l’auberge de la Poya en 2011,
ce
qui est illégal
(CE, département de l’Isère, 6 avril 2007)
37
;
un critère de « références » des candidats a été appliqué dans plusieurs
procédures, ce qui est illégal (mise en accessibilité des ERP et voirie 2012, maison
des associations 2012, réalisatio
n voies douces 2013, entretien de l’éclairage
36
Alors même que les prestations demandées ne portaient pas que sur des produits biologiques.
37
En parallèle, un critère de délai a, lui aussi, fait l’objet de notations tellement proches qu’il ne départage guère
les candidats.
49/59
Rapport d’observations définitives –
Commune d’Autrans (38)
2013)
; en effet, il ne peut s’agir d’un critère de jugement des offres, mais seulement
d’un critère de jugement des candidatures, le pouvoir adjudicateur devant ensuite
juger
de la valeur intrinsèque de l’offre (Conseil d’État, 08/02/2010, commune de la
Rochelle, n° 31407) ;
la commune utilise des critères liés au respect du cahier des charges (marché de
grande inspection 2014), qui ne peuvent constituer des critères de jugement des
offres. La conformité au cahier des charges est, en effet, une condition de
recevabilité de l’offre.
Enfin, des marchés ont été attribués sur la base du critère de la valeur technique, sans que
celui-ci ne soit décliné en sous-critères : auberge de la Poya 2011, maison des associations
2011, déneigement 2012, charpentes gymnase 2013. Cette méthode de notation permet
d’attribuer une note sans référence objective à des éléments précis.
7.3-
Les défaillances de présentation des rapports d’analyse des offres
La rédaction d’un rapport d’analyse des offres, déclinant par critère de jugement des offres
l’appréciation du pouvoir adjudicateur, n’est pas obligatoire. Cependant, elle est fortement
recommandée dans la mesure où il appartient au pouvoir adjudicateur de pouvoir justifier
obj
ectivement son choix, notamment devant le juge administratif. Il s’agit, en tout état de
cause, d’une mesure de transparence extrêmement répandue.
Dans certaines procédures, aucun rapport d’analyse des offres n’a été élaboré
: camion
benne en 2010, travaux de voirie en 2011, charpentes du gymnase en 2013. Cette lacune
rend quasi impossible la vérification de la régularité de l’attribution. Pour
le marché relatif à la
rénovation des charpentes du gymnase, la valeur technique comptait pour 70 % de la note.
L’absence de rapport ne permet pas d’apprécier les conditions d’application de ce critère
alors qu’il s’avérait déterminant
.
Dans d’autres cas, les rapports d’analyse des offres sont extrêmement succincts, ce qui
empêche, de facto, d’apprécier l’objectivi
té des notations : auberge de la Poya en 2011,
maison des associations en 2012, réalisation voies douces en 2013, réfection éclairage
public en
2014. Pour ce dernier marché, alors qu’un grand nombre de sous
-critère était
annoncé, la notation de la valeur t
echnique n’est pas détaillée
; il a été attribué au candidat
local, qui présentait l’offre la plus onéreuse, sans que puisse être vérifiée la motivation de la
notation.
7.4-
La réalisation des deux plus importantes opérations de travaux de la période.
La cham
bre a vérifié les conditions de passation et d’exécution des deux plus importantes
opérations sur la période
: la rénovation/extension de l’auberge du Poya et la rénovation de
la maison des associations. Les deux opérations appellent des observations substantielles.
7.4.1-
L’auberge de la Poya.
L’auberge de la Poya est un refuge situé au pied des pistes du domaine de ski alpin,
accueillant un restaurant, un point de vente de forfait, un local de l’école du ski français et
des locaux pour le personnel. En 2010, il a été décidé de rénover et
d’
agrandir ce bâtiment.
Selon
l’ordonnateur en fonction jusqu’en mars 2014
, la commune était
«
dans l’obligation
d’aboutir à une remise à niveau de ce point d’accueil incontournable
»
mais
« la nécessité de
réaliser des sanitaires, une salle hors sac de capacité suffisante, un poste de secours,
d’héberger l’école de ski, d’installer les caisses des remontées mécaniques et d’aménager
un snack restaurant en gestion directe a été une gageure ».
50/59
Rapport d’observations définitives –
Commune d’Autrans (38)
Le marché de maîtrise d’œuvre n’a pas fait l’objet de mise en concurrence. Une offre de
service, en date du 28 avril 2010, a été effectuée directement au maire par un architecte
installé à Autrans.
L’acte d’engagement de la maîtrise d’œuvre a été conclu le 17 mai 2010. Il porte sur un
mon
tant prévisionnel de travaux de 282 k€ et des honoraires de maîtrise d’œuvre fixé
s à
12 % du montant des travaux, soit un peu plus de 30 k€.
Il a été signé alors que le conseil
municipal n’avait pas délibéré sur le
lancement de cette opération et que le budget primitif
2010 ne la prévoyait pas. Le conseil municipal
n’
a délibéré que le 21 juin 2010 sur le principe
d’une rénovation, sans aucun détail sur le contenu ou le montant de l’opération.
Celle-ci comportait alors deux phases
: extension Nord / Ouest (sanitaires et sans d’entrée),
76,6 k€ et extension Sud / Est
(extension de l’espace commercial et salle hors sac),
205,4 k€.
Le 23 mars 2011, un premier avenant a été conclu, relatif à
117 k€ de travaux
supplémentaires (extension Nord-Est du bâtiment, local ESF), portant le montant des travaux
à 399 k€ (+ 41,5
%). Les honoraires de maîtrise d’œuvre passent à 49,2 k€.
Entre temps, un acte d’engagement avait été conclu le 3 mars 2011, portant sur les mêmes
travaux que l’acte d’engagement conclu le 17 mai 2010, et intégrant les travaux nouveaux
prévus dans l’avenant du 23 mars 2011 (soit 399 k€ HT). L’existence de ce docu
ment
pourrait traduire une volonté de masquer l’augmentation des travaux par la conclusion d’un
nouvel acte d’engagement. Cependant, celui
-ci ne sera jamais appliqué.
Les marchés ont été attribués par délibération du conseil municipal du 6 juin 2011. Le
montant total des marchés est de 509,6 k€, soit 110 k€
de plus que le montant prévu par le
maître d’œuvre. Plusieurs irrégularités importantes ont marqué la notation des offres et ont
été présentées supra.
Le 12 octobre 2011, un second avenant au contrat
de maîtrise d’œuvre, lui aussi appelé
« avenant n° 1 » et se référant à un «
acte d’engagement initial signé en date de mars
2011
», est conclu. Il relève le coût prévisionnel des travaux à 492 k€ HT (soit + 23,3 % par
rapport à l’avenant du 23 mars 2011 et + 74,5 % par rapport à l’acte d’engagement initial du
17 mai 2010), sans détailler les travaux en cause.
De plus, des travaux nécessaires sur la cuisine n’avaient pas été inclus dans le projet initial.
En conséquence, différents prestataires sont interv
enus à l’automne 2011, hors du marché
conclu en juin 2011, sur simples devis. La chambre relève les prestations suivantes, parmi
les plus importantes, pour un total de 120 k€
: équipements et installation de la cuisine
(77 k€), équipements et installation
du bar
(16,8 k€), autres équipements restaurant et
bar
(15 k€), travaux de chauff
erie
(8 k€), peintures
(3,3 k€).
Selon les comptes de la commune, le coût total de l’opération s’élèverait à 720 k€ HT,
auxquels il faut ajouter les frais de maîtrise d’œuvre (50 k€).
En définitive, cette opération n’a pas été maîtrisée
: les besoins ont été mal définis, ce qui a
conduit à devoir conclure plusieurs avenants avec le maître d’œuvre, à
passer commande
d’importantes prestations hors marché et à plus que double
r le coût des travaux projetés
initialement. En outre, le contrat de maîtrise d’œuvre est marqué par d’importantes
irrégularités, de même que le choix des entreprises attributaires.
7.4.2-
La maison des associations
Par délibération du 4 octobre 2007, le conseil municipal a approuvé un projet de
réhabilitation et de transformation du bâtiment de logements de l’école élémentaire en
maison des associations.
51/59
Rapport d’observations définitives –
Commune d’Autrans (38)
Le maire a indiqu
é à l’assemblée délibérante
qu’une étude préliminaire a évalué le coût de
l’opération à 455 k€ et que celle
-
ci sera lancée courant 2008. Un contrat de maîtrise d’œuvre
a été établi en date du 12 novembre 2007, portant sur un montant de travaux de 455 k€ et
61,4 k€ d’honoraires. Pendant plusieurs années, aucun commencement d’exécution n’a eu
lieu.
Lors de la séance du 20 septembre 2010, le maire a indiqué au conseil municipal que le
projet avait été revu à la baisse, le projet initial ayant été jugé trop coûteux, et que l’opération
était dorénavant évaluée à 300 k€. Le contrat de maîtrise d’œuv
re est cependant maintenu,
alors que le projet avait été fondamentalement modifié.
Par délibération du 17 décembre 2010, le conseil municipal approuve la fixation du montant
de l’opération à 259 k€ ainsi qu’un avenant au contrat de maîtrise d’œuvre, qui s
era signé le
18 février 2011, et qui dim
inue la rémunération à 42,7 k€.
Par délibération du 19 juillet 2012,
il approuve un nouveau montant de travaux de
409 k€, suite à l’intégration des normes
d’accessibilité qui auraient été omises jusqu’alors (alors qu’elles sont mentionnées dans le
programme). L’avenant est signé le 23 juillet 2012.
Les irrégularités qui ont entaché la dévolution des marchés de travaux ont été exposées
supra.
Les montants des travaux effectués ont significativement dépassé les montants contractés
avec les entreprises attributaires. Lorsque l’on cumule le montant des offres retenues par la
commune pour les deux tranches, souvent inférieures aux estimations, on parvient à un
montant total pour l’opération de 443 k€ TTC. Or les comptes
de la commune font apparaître
des dépenses pour cette opération supérieures de 52 % (674 k€ TTC), sans prise en compte
des frais de maîtrise d’œuvre. La cause en est due à de multiples lots qui ont largement
dépassé les montants prévus, sans nécessairement que des avenants soient conclus.
En définitive, cette opération, la plus importante du mandat, n’a pas été maîtrisée et a eu un
coût significatif pour la commune. Le bâtiment est actuellement utilisé principalement par
l’école de musique itinérante.
Selon
l’ordonnateur en fonction jusqu’en mars 2014
, cet
équipement accueille en outre le festival du film, les activités du CCAS, le club des anciens
de la commune
, ainsi qu’un logement pour des besoins d’urgence ou pour l’accueil ponctuel
d’un saisonnier
.
52/59
Rapport d’observations définitives –
Commune d’Autrans (38)
8-
ANNEXES
Annexe 1 : E
rreurs d’imputation
Défaut d’inscription du versement au FNGIR en 2012 et 2013
En 2011 et en 2014, le reversement au FNGIR a été correctement enregistré
: il a fait l’objet
d’une recette au compte 7311 (contributions directes), et d’une dépense au compte 739116
(reversement sur FNGIR). Les écritures retracent correctement la recette fiscale brute et le
prélèvement qui lui est appliqué.
En 2012 et 2013, le versement au FNGIR n’est pas correctement retracé dans les comptes.
Si le pr
élèvement du versement dû par la commune d’Autrans au FNGIR est directement
effectué par l’État sur le produit des centimes qu’il lui reverse cha
que mois, il aurait dû
apparaître dans les comptes sous la forme
d’une recette au compte c/73111
Taxes foncières
et d’habitation
38
et d’une dépense au compte
c/73923
reversement sur FNGIR
.
En effet,
«
Les reversements et restitutions sur impôts et taxes (…) en application du
principe budgétaire de non contraction des charges et des produits, (…) ne peuvent pas
d
onner lieu à l’émission d’un titre de recettes diminué du montant du reversement.
»
(Extrait
de l’instruction comptable M14, Tome 1).
Imputation incorrecte du produit des IFER, de la CVAE, de la TASCOM
En 2011, 2012 et 2013 le produit des IFER aurait dû être enregistré au compte 73114, en
lieu et place du compte 73111, le produit de la TASCOM aurait dû être enregistré au compte
73113, en lieu et place du compte 73111, le produit de la CVAE aurait dû être enregistré au
compte 73112 en lieu et place du compte 73111.
Recettes de fonctionnement
Produit du fonds départemental de péréquation de la taxe sur
les droits de mutation à titre onéreux
En 2013 le produit de la taxe sur les droits de mutation aurait dû être enregistré au compte
7381 (taxe additionnelle aux droits de mutation ou à la taxe de publicité foncière), en lieu et
place du compte 7482 (compensation pour perte de la taxe additionnelle aux droits de
mutation ou à la taxe de publicité foncière).
38
Instruction M14 :
« Les reversements et restitutions sur impôts et taxes sont des moindres produits et non des
charges d’exploitation enregistrées en classe 6. Ils font donc l’objet obligatoire de l’émission d’un mandat sur une
subdivision du compte 739.
Par ailleurs, en application du principe budgétaire de non contraction des charges et des produits, ils ne peuvent
pas donner lieu à l’émission d’un titre de recettes diminué du montant du reversement ou d’une restitution institué
par la loi ou une convention. »
« Compte 73923
Reversement sur FNGIR
Ce compte enregistre les prélèvements effectués par l’État sur le FNGIR au titre des excédents constatés pour
être redistribués aux collectivités déficitaires (cf. commentaire du compte 7323). »
53/59
Rapport d’observations définitives–
Commune d’Autrans
Annexe 2 : Détail de la production immobilisée, budget principal, 2009 à 2014
Tableau n° 45
2009
2010
2011
2012
2013
2014
enrobé à froid
10 297,08
travaux au
SSN
19 931,88 enrobé à froid
9767,07
entretien des
écoles
3 901,51
tvx sur routes
et chemins
7742,15
tvx sur les
routes,chemins
14 055,03
peinture/crépis
bâtiments
10 486,16 enrobé à froid
7 116,24
entretien des
véhicules
6925,94
pose des
nouveaux
panneaux de
rue
23 062,43
entretien des
véhicules
5 265,71
entretien des
véhicules
8 619,63
Pont de
l'Achard
3 280,90
travaux école
maternelle
4 013,52
divers travaux
de terrassement
11395,52
travaux à la
scierie et au
parc de la
madeleine
9 632,08
salle des fêtes
rampe
handicapés
2 452,10
divers tvx de
terrassement +
curage des
fosses
11 870,09
Cloture claret
5 829,90 tables en bois
7 115,26
entretien de
bâtiments
4048,88
entretien de la
salle
polyvalente
7 294,20
travaux dans
divers
bâtiments
communaux
18
109,14
travaux
d'électricité sur
les bâtiments
communaux
10 610,20
réfection
chemins
10 329,56
mise en place
des moloks
30 860,93
travaux à la
scierie
13063,88
divers travaux
de
terrassement
12 823,29
mise en place
panneaux/Molo
ks/Borne
22
038,28
travaux
d'entretien sur
les bâtiments
communaux
8 317,54
jardinière
tonkin
2 956,40
travaux de
voirie
12660,74
entretien des
véhicules
3 336,10
chalet Jean
Babois
6 385,61
mise en place
de panneaux
routiers et de
trottoirs
16 357,37
wc secs
2 949,16
tables de pique-
nique
12112,55 enrobé à froid
9 922,87
remise en état
du gymnase
7 964,85
fleurissement
commune
18 537,83
54/59
Rapport d’observations définitives–
Commune
d’Autrans
Annexe n° 3 : Comptabilité analytique des services « touristiques »
Tableau n° 46 : OFFICE DE TOURISME
2013
2014
CHARGES
En €
dont retraitement
dont retraitement
compte
60636 vêtements de travail
1 035,27
225,00
6475 médecine du travail
574,08
685,44
6574
subvention
139 100,00
139 100,00
134 100,00
134 100,00
chap. 012
dépenses de personnel (SP1 SP2)
318 895,62
255 203,88
sous total charges (A)
459 604,97
390 214,32
PRODUITS
7362
taxe de séjour
50 029,91
50 029,91
58 865,19
58 865,19
sous total produits (B)
50 029,91
58 865,19
solde (=B-A)
-409 575,06
-331 349,13
Source: CRC, d’après la comptabilité analytique fournie par la commune et retraitée, budget principal, exercices
2013 et 2014.
55/59
Rapport d’observations définitives–
Commune d’Autrans
Tableau n° 47 : SERVICE SKI DE FOND
2013
2014
En €
dont
retraitement
dont
retraitement
compte
CHARGES
60611
eau
10 863,51
10 863,51
13 168,22
6 165,45
60612
électricité
31 281,20
308,74
29 834,33
60621
combustible
74 797,62
76 082,88
60622
carburants
10 736,76
10 185,65
60628
autres fournitures
1 303,60
988,90
60631
fournitures entretien
3 456,54
3 314,11
60632
fournitures petit équipement
11 604,84
11 791,57
60633
fournitures de voirie
0,00
543,47
60636
vêtements de travail
1 800,68
1 230,06
6064
fournitures administratives
1 071,02
863,18
6068
autres matières et fournitures
3 693,04
2 432,13
611
prestations de service
8 400,00
10 395,99
6135
locations mobilières
38 208,95
37 758,92
61522
entretien de bâtiments
12 941,20
1 355,70
6 262,36
61523
entretien de voies et réseaux
947,23
2 929,20
61551
entretien matériel roulant
63 006,33
40 878,97
61558
entretien autres biens mobiliers
3 314,01
12 512,23
6156
maintenance
3 202,49
6 588,97
6184
organismes de formation
876,27
204,00
6226
honoraires
2 212,60
2 212,60
0,00
6231
Annonces
0,00
864,00
6232
fêtes et cérémonies
254,06
501,69
6236
catalogues et imprimés
1 913,60
2 645,65
6238
frais divers de pub
128,49
230,55
6248
frais de transports divers
45 115,15
62 024,64
11 120,64
6251
voyages et déplacements
311,48
0,00
6262
frais de télécommunication
3 268,91
4 303,01
6475
médecine du travail
420,99
1 714,11
668
autres charges financières (frais CB,
ANCV)
2 543,74
1 827,66
70389
cotisation nordic isère
18 407,27
26 559,81
chap.
012
dépenses de personnel (SS1 8/12
ème
et SS2)
321 600
321 000
sous total charges (A)
677 650
688 916
PRODUITS
70382
redevances ski de fond
495
265,85
406
171,85
7082
commissions
406,22
357,59
7083
locations diverses
4 476,50
2 319,00
708781
évacuation par traineau
7 900,00
12 455,00
758
produits divers de gestion courante
1 170,52
0,00
7788
produits exceptionnels divers
21 957,07
0,00
7473
participation département
46 515,00
46 515
49 265,00
-46 515
sous total produits (B)
577 691
470 568
Solde (=B-A)
-99 959
-218 347
Amortissement canons à neige
-62 000
-62 000
Solde avec amortissement
-161 959
-280 347
Source: CRC, d’après la comptabilité analytique fournie par la commune et retraitée, budget principal, exercices
2013 et 2014.
56/59
Rapport d’observations définitives–
Commune d’Autrans
Tableau n° 48 : PISCINE MUNICIPALE
En €
2013
2014
compte
dont retraitement
dont retraitement
CHARGES
60611 eau
1 665,53
1 665,53
4 805,36
4 805,36
60612 électricité
21 582,38
21 582,38
13 167,65
60628 autres fournitures
533,08
0,00
60631 fournitures entretien
353,00
548,88
60632 fournitures petit équipement
2 761,17
1 928,38
60633 fournitures de voirie
0,00
692,24
60636 vêtements de travail
0,00
196,58
61522 entretien de bâtiments
4 363,46
1 548,82
4 748,21
61558 entretien autres biens mobiliers
2 302,23
0,00
6156 maintenance
14 689,27
15 208,34
6182 documentation
103,00
103,00
53,00
6184 organismes de formation
140,00
0,00
6231 Annonces
0,00
138,00
6236 catalogues et imprimés
962,29
800,40
6558 autres dépenses obligatoires
0,00
70,00
chap. 012 dépenses de personnel (PISC)
32 577,92
33 194,63
66111 intérêts réglés à l'échéance
0,00
0,00
1641 emprunts remboursement
0,00
0,00
ss total charges (A)
82 033,33
75 551,67
PRODUITS
70382 redevances
55 907,30
19 984,10
ss total produits (B)
55 907,30
19 984,10
solde (=B-A)
-26 126,03
-55 567,57
Source: CRC, d’après la comptabilité analytique fournie par la commune et retraitée,
budget principal, exercices
2013 et 2014.
57/59
Rapport d’observations définitives–
Commune d’Autrans
Annexe n°4
: Relations avec les associations du festival du film et de l’office de
tourisme
Tableau n° 49
Festival du Film
Office de tourisme
Activités
Organisation du festival du
film de montagne d’Aut
rans
Gestion de
l’office de tourisme communal
Personnels mis à
disposition
Oui (directeur)
Oui (directeur et ensemble des 5 autres salariés)
Convention pour le
personnel mis à disposition
Non
Non
Statut du personnel mis à
disposition
Droit privé convention
collective remontées
mécaniques
Droit privé convention collective remontées mécaniques
Remboursement du
personnel mis à disposition
Non
Non
Mise à disposition d’un
bâtiment
Non
Oui
Valorisation en nature dans
la convention
-
Non
Membres du conseil
administration
Jean FAURE, membre
honoraire fondateur (ancien
maire)
Un membre du CA conseiller
municipal
Selon les statuts, le CA compte 22 membres dont 6
représentants de la commune et 16 « socioprofessionnelle ».
Le président est, de droit, le maire ou un représentant.
Le directeur de la station, est aussi membre du CA, ce qui porte
le nombre de représentants de la commune à 7.
58/59
Rapport d’observations définitives–
Commune d’Autrans
Annexe n°5 : Détail des amortissements du budget annexe "remontées mécaniques"
Tableau n° 50
Date
de mise en service
Durée
Valeur brute Amortissements 2009
2010
2011
2012
SOLDE RACH TK SRMV
1990
15
6 408,51
427,24
534,04
427,24
427,19
TELESKI SRMV FRAIS
1991
15
2 242,18
149,48
186,85
149,48
149,46
TRAVAUX TELESIEGE
1993
15
28 404,92
1 893,66
2 367,08
1 893,66 1 893,67
SOLDE TELESIEGE
1995
20
20 673,92
1 033,70
1 722,83
1 033,70 1 033,70
TRAVAUX TELESIEGE
1996
20
10 423,53
521,18
868,63
521,18
521,18
TRAVAUX TELESIEGE
1997
20
18 427,48
921,37
1 535,62
921,37
921,37
REMPLACEMENT POUL
1998
20
5 447,11
272,35
453,93
272,35
272,35
MISE EN CONFORMITE
1998
20
6 867,60
343,38
572,30
343,38
343,38
TRAVAUX TELESIEGE
1998
20
13 404,88
670,24
1 117,07
670,24
670,24
TEKESKI DE CLARET
1999
20
12 640,31
632,02
1 053,36
632,02
632,02
TELESKI DES CHAUMES
1999
20
38 665,95
1 933,30
3 222,16
1 933,30 1 933,30
TELESKI DE LA SURE
1999
20
9 603,53
480,18
800,29
480,18
480,18
TELESIEG MISE CONF
1999
20
3 334,06
166,70
277,84
166,70
166,70
TRAVAUX TELESIEGE
1999
20
13 216,66
660,83
1 101,39
660,83
660,83
TRAVAUX MSE CONF
2000
20
3 700,74
185,04
308,40
185,04
185,04
TRAVAUX RM
2000
20
13 346,77
667,34
1 112,23
667,34
667,34
TRAVAUX EN REGIE
2003
20
7 423,46
371,17
618,62
371,17
371,17
MISE EN CONFORMITE
2003
20
480,00
24,00
40,00
24,00
24,00
BOAMP
2003
20
610,74
30,54
50,90
30,54
30,54
BOAMP
2004
20
200,45
10,02
16,70
10,00
10,00
REPARATION TSF
2004
20
6 510,00
325,50
542,50
325,50
325,50
GDE VISITE
2004
20
22 026,00
1 101,30
1 835,50
1 101,30 1 101,30
Tableau n° 51 : Biens intégrés seulement en 2012
Valeur brute
Valeur nette
Amorti 2012
2121
TRAVAUX EN REGIE
9/2010RM
2010
5
50 523,92
50 323,92
10 104,78
2131
TRAVAUX EN REGIE
10/2010RM
2010
12
29 476,12
29 476,12
2 456,34
2135
REFUGE GRD POYA
6/2010RM
2011
12
397 257,36
329 257,36
33 104,78
59/59
Rapport d’observations définitives–
Commune
d’Autrans
Annexe n°6 : Plan des pistes
Source
: commune d’Autrans