Le Président
Nantes, le 7 novembre 2014
2014-235
Référence à rappeler :
Madame le Maire,
Je vous ai adressé par lettre du 3 octobre 2014
, le rapport d’observations
définitives pour les années 2007 et suivantes concernant la gestion de la politique à
destination du spectacle vivant pour la ville de Nantes,
que vous administrez. J’ai
également adressé des extraits de ce rapport à MM. RIMBERT et AYRAULT, vos
prédécesseurs.
Votre réponse a été enregistrée au greffe de la chambre le 4 novembre 2014. La
procédure est désormais close et vous trouverez ci-joint le rapport, complété de votre
réponse.
En application de l’article L.
243-5 du code des juridictions financières, ce
rapport doit être communiqué à votre conseil municipal dès sa plus proche réunion. Il
doit être inscrit à son ordre du jour, être annexé à la convocation adressée à chacun des
membres du conseil et donner lieu à un débat.
A compter de la date de cette réunion, que je vous serais obligé de me faire
connaître, la communication du rapport, complété de la réponse, à toute personne en
faisant la demande,
est de droit. J’en transmets par ailleurs une copie au représentant de
l’Etat dans le département et au
Directeur départemental des finances publiques.
Je vous prie d’agréer, Madame le Maire, l’expression de ma considération
distinguée.
François MONTI
Madame Johanna ROLLAND
Maire de la commune de Nantes
2, rue de l’Hôtel de Ville
44094 NANTES cedex 1
25, rue Paul Bellamy
–
BP 14119
–
44041 NANTES cedex 1 -
02 40 20 71 00
–
Télécopie 02 40 20 71 01
crcpdl@pl.ccomptes.fr
Nantes, le 3 octobre 2014
Référence à rappeler
–
2014-123
L1420/CG
Observations définitives concernant la gestion du
spectacle vivant par la Ville de Nantes
Années 2007 et suivantes
Principales observations du rapport
Le spectacle vivant est défini comme la rencontre physique entre
des interprètes, un public et une œuvre artistique dans des conditions de proximité
dans lesquelles le spectacle est diffusé.
La fonction culture constitue le premier poste de dépenses de la
ville de Nantes. Le spectacle vivant représente la première activité soutenue au
sein de ce budget. Les fonds qui y ont été consa
crés ont progressé d’environ 30
%
entre 2008 et 2012 pour atteindre 25 M€.
Ils se rapportent à des associations,
compagnies, établissements et équipements culturels, dénommés « structures »
dans le présent rapport.
93 % de ce budget est constitué de subventions qui ont été
versées, sur la période, à près de 200 structures différentes. Néanmoins, les
subventions sont très concentrées sur un nombre restreint de structures. En 2012,
la moitié des subventions était versée à quatre structures, les trois quarts à neuf et
90 % à 23.
Les conventions passées par Nantes avec ces structures ne
comportent des objectifs préc
is que lorsqu’elles concernent d’autres collectivités
publiques que la ville. Dans ses conventions bilatérales, la ville ne fixe
qu’exceptionnellement des objectifs quantifiés.
CRC des Pays de La Loire
3/52
Sur un plan financier, le suivi des conventions bénéficie de
l’appui efficace
et pertinent de la direction de la prévision et du conseil de gestion.
En revanche, il semble que le non-respect des engagements des structures,
notamment en ce qui concerne l’action culturelle, le jeune public et le soutien à la
création, n’entra
îne aucune conséquence dans les relations financières avec la
ville, ce qui peut s’expliquer par la quasi
-absence de subventions fléchées.
Plus spécifiquement, les relations contractuelles avec un certain
nombre d’associations posent question quant au respect des
règles européennes
concernant les aides d’Etat, à l’évolution non ma
îtrisée des subventions
ou à la
situation monopolistique dans certaines disciplines
1
. La ville soutient le secteur de
la création de l’association émergente jusqu’aux compagnies et formati
ons
confirmées. Elle a accompagné l’essor et la reconnaissance de créateurs de
dimension nationale ou internationale. Néanmoins, elle ne mesure pas
globalement
la
création
sur
son
territoire
et
s’investit
peu
dans
la
commercialisation des spectacles produi
ts. Par ailleurs, l’implication des
principales structures de diffusion dans la création est parfois faible.
Les retours d’information de la part des structures soutenues sont
perfectibles, les comptes rendus financiers étant parfois absents ou inexploitables,
cert
ains comptes rendus d’activités
très pauvres en informations. De surcroît, la
ville ne procède à aucune centralisation des données ni à une quelconque analyse
des chiffres d’activité. Dès lors, elle ne possède pas d’image synthétique de l’offre
de
spectacle vivant sur son territoire ni de l’économie de ce secteur ni même de la
composition des publics qui en bénéficient.
La
ville a
mis
en
place
une
initiative
pour favoriser
économiquement l’accès des familles à revenu modeste au spectacle vivant, la
plupart des structures de diffusion proposant des tarifs très réduits aux porteurs
d’une «
carte blanche ». Les chances de succès de cette initiative seraient accrues
si un travail était également accompli en parallèle sur d’autres facteurs tarifaires
fai
sant obstacle à l’accès aux spectacles, comme la place prise par les
abonnements.
Des quelques études de public disponibles, il apparait que le
public des spectacles vivant payants de la ville provient en très grande majorité de
l’agglomération, est, à l’e
xception de Stéréolux, plus âgé que la moyenne de la
population et vieillissant. Le public des retraités et des cadres et professions
intellectuelles est bien plus représenté que sa proportion réelle au sein de la
population. La proportion d’abonnés, voire
de multiabonnés, est importante.
Le coût des représentations ramené à la place connait une très
forte variabilité, de un à vingt. Dès lors, le montant des subventions ramenées à la
place est également très variable, s’échelonnant entre 12 et près de 200 € par place
pour l’ensemble des subventions publiques.
1
Avec le CREA pour les règles
européennes concernant les aides d’Etat, avec Stéréolux et Trempolino pour l’évolution
non-maitrisée des subventions et avec Royal de Luxe pour la situation monopolistique dans le secteur des arts de la rue.
CRC des Pays de La Loire
4/52
Il est recommandé à la ville de Nantes de :
1-
A
méliorer la qualité et l’opérationnalité des indicateurs de son plan
« Nantes
s’engage
».
2-
Engager une réflexion sur la modification du cadre juridique encadrant la diffusion
des spectacles de Royal de Luxe à Nantes
en envisageant une procédure d’appel à
projets.
3-
Accompagner les projets d’équipement d’un cadrage financier des associations
appelées à en bénéficier. Dans le cas précis de Trempolino, de stabiliser rapidement
le concours financier apporté.
4-
Formaliser des objectifs en matière de création et de diffusion de celle-ci avec les
compagnies et formations ; de
s’assurer que les conventions avec les structures d
e
diffusion comportent des objectifs clairs et évaluables
en matière de création locale
et que ces engagements soient respectés.
5-
S’assurer que la subvention qu’elle verse au centre de réalisation et d’études
artistiques (CREA) corresponde effectivement aux objectifs de sa convention et ne
finance pas l’activité concurrentielle de cette structure.
6-
Systématiser et harmoniser le recueil d’informations en matière d’occupation des
équipements mis à disposition, d’activité culturelle sur temps scolaire, de co
mptes
rendus financiers et d’activités, notamment pour l’offre de spectacle vivant,
l’économie des spectacles et la composition des publics.
7-
Rester vigilante à favoriser l’accès du plus grand nombre aux structures les plus
soutenues à la fois par l’action culturelle et par une approche globale de l’accès
tarifaire, tenant compte notamment des
formules d’
abonnements.
8-
Inscrire des objectifs clairement définis liés à l’action culturelle et au travail à
destination des publics spécifiques dans ses conventions avec les structures du
spectacle vivant
, tout en respectant le principe de liberté d’association
; d’affecter
formellement une partie de ses subventions à ces objectifs ; de quantifier et
d’
évaluer ceux-ci et de sanctionner leur non-respect
; d’inclure
dans les
conventions des références au plan «
Nantes s’engage
» et à l’initiative «
l’Art en
partage ».
CRC des Pays de La Loire
5/52
Sommaire
1
Les moyens municipaux mis en œuvre pour le spectacle vivant
7
1.1
Le budget municipal consacré à la culture en général et au spectacle vivant
en particulier
7
1.1.1
La place de la culture dans le budget municipal
7
1.1.2
La ventilation budgétaire de la culture
8
1.1.3
Les moyens affectés au spectacle vivant
8
1.2
Les moyens en bâtiments et équipements dédiés
9
1.3
Les subventions aux organismes de spectacle vivant
11
1.3.1
La répartition des subventions
11
1.3.2
Les modalités d’attribution des subventions
12
2
La politique du spectacle vivant et les initiatives municipales
13
2.1
Le pilotage de la culture et du spectacle vivant à la ville de Nantes
13
2.1.1
Le cadre institutionnel de décision politique
13
2.1.2
Les enceintes de coopération territoriale
14
2.1.3
L’inscript
ion du spectacle vivant dans le plan stratégique «
Nantes s’engage
»
15
2.2
L’orientation de l’offre
16
2.2.1
L’appui à la const
itution de structures : la création de Stéréolux
16
2.2.2
L’achat de spectacles
17
2.2.3
Les initiatives spécifiques à une discipline
18
2.3
Les initiatives de la ville pour démocratiser le spectacle vivant
19
2.3.1
La définition d’un cadre général et d’un
label : «
L’Art en partage
»
19
2.3.2
La création partagée
19
2.3.3
La politique « jeune public » et le lien spectacle vivant-éducation
20
2.3.4
Le soutien aux petits lieux de diffusion
23
2.3.5
Les publics spécifiques
23
2.3.6
L’accès par le prix
24
2.4
La création
26
2.4.1
Les initiatives de la ville en faveur de l’
émergence et de
l’expérimentation
: les Fabriques
27
2.4.2
Le soutien aux compagnies
27
2.4.3
Le soutien aux structures d’appu
i
28
2.4.4
La responsabilisation des structures de diffusion
29
3
Le suivi et l’évaluation des différentes initiatives municipal
es en faveur du
spectacle vivant
30
CRC des Pays de La Loire
6/52
3.1
Le suivi et les relations entre la ville et les organismes soutenus
30
3.1.1
Les rencontres et rendez vous
30
3.1.2
L’exploitation des comptes rendus financiers
30
3.2
L’évaluation de la politique publique par la v
ille de Nantes
32
3.2.1
La pratique d’évaluation de la ville
32
3.2.2
L’intérêt de recueillir des données évaluatives pour le pi
lotage de la
politique
33
3.3
Eléments d’évaluation du spectacle vivant par la chambre
34
3.3.1
La quantification de l’offre
34
3.3.2
La connaissance des publics
36
3.3.3
L’économie du secteur nantais et la répartition des subventions publiques
39
Annexe 1 : Définitions et principes du spectacle vivant
43
Annexe 2
: La légitimité et les fondements de l’intervention des pouvoirs p
ublics
dans le spectacle vivant
45
Annexe 3 :
Subventions par spectateur
49
Annexe 4 : Une estimation de la situation économique du secteur du spectacle vivant
50
CRC des Pays de La Loire
7/52
Le présent rapport de la chambre régionale des comptes est consacré à la politique du
spectacle vivant menée par la ville de Nantes, soit une masse financière représentant entre 20 et
25
M€ essentiellement dépensés sous forme de subventions publiques.
Depuis 2010, la chambre régionale des comptes a effectué les examens de gestion de
nombreuses structures culturelles de Nantes ou de son agglomération : les associations CRDC-Lieu
Unique, Grand T, Royal de Luxe, ARC de Rezé, la SEM Folle Journée, les syndicats mixtes de
l’orchestre national des Pays de la Loire (ONPL) et de l’opéra d’Angers et Nantes (SMANO) et la
régie de l’Espace Culturel de la Fleuriaye à Carquefou.
Le spectacle vivant a été défini comme «
la rencontre physique entre des interprètes, un
public et une œuvre artistique
». Le terme «
vivant
» renvoie aux conditions de simultanéité et de
proximité dans lesquelles le spectacle est diffusé (une définition plus développée du spectacle
vivant est présentée dans l’annexe 1 au présent rapport).
Ce rapport présente successivement les moyens municipaux mis en œuvre, le cadre de la
politique municipale et les différentes initiatives qui en découlent et, sur la base d’une compilation
d
’information
s
, évalue cette politique au sens de l’article L
. 211-8 du code des juridictions
financières
2
. Pour ce faire, la chambre s’est appuyée sur des concepts de théorie économique qui
sont rappelés en annexe.
1
Les moyens municipaux mis en œuvre pour
le spectacle vivant
1.1
Le budget municipal consacré à la culture en général et au spectacle vivant en
particulier
1.1.1
La place de la culture dans le budget municipal
Les charges de fonctionnement attribuées à la fonction culture se sont élevées à 59,8 M€ en
2012,
en progression de 15,4 % par rapport à 2007 (51,8 M€). Sur la période, ce
budget représentait
de 15 à 16
% de l’ensemble des charges de fonctionnement, se situant ainsi dans la moyenne des
villes comparables
3
. Cette fonction représente, hors les services généraux et les opérations non
ventilables, le premier poste communal de dépenses, que ce soit en cumulé sur la période ou par
exercice.
Les recettes de fonctionnement issues du soutien et des activités culturelles de la ville sont
marginales au regard des produits de fonctionnement dans leur totalité. Elles représentent moins de
1 % des recettes globales de fonctionnement. En cumulé sur la période, 14,3
M€ ont ainsi été
générés. Les principaux postes de ressources sont issus de diverses redevances (25 %), de la
participation publique locale ou nationale (35 %), et de locations (20 %).
Avec un volume financier de plus de 100
M€, la fonction culture a géné
ré, entre 2007 et
2012, 11 % des dépenses d’investissement cumulées réalisées. Là aussi, elle a représenté le premier
poste de dépenses, hors services généraux et opérations non ventilables.
2
«
L’examen de la gestion porte sur (…)
l’évaluation des résultats atteints par rapport aux objectifs fixés par
l’assemblée délibérante
».
3
Sur un échantillon limité à Marseille, Lyon, Nice, Grenoble, Strasbourg et Toulouse.
CRC des Pays de La Loire
8/52
Sur la période, le budget de la culture était essentiellement constitué de deux éléments : les
charges de personnel pour 35 %, et les subventions à des tiers, pour 57 %. Cela souligne les deux
principales modalités d’intervention de la politique culturelle
: les régies avec des moyens en
personnel (lecture publique et musées) et le passage par des organismes tiers avec des subventions
pour le spectacle vivant.
1.1.2
La ventilation budgétaire de la culture
Les comptes administratifs de la ville sont assortis d’une présentation p
ar centre de
responsabilité. Entre 2007 et 2010, il existait un seul CR pour la culture, qui a été scindé en trois en
2011
: le développement culturel, les établissements culturels et le patrimoine et l’archéologie.
Cette évolution a permis d’améliorer les fléchages et la précision budgétaires, notammen
t pour les
moyens généraux affectés ainsi que pour les charges de personnel.
Le total des dépenses budgétaires des trois centres de responsabilité culturels a progressé
de 5 % entre 2011 et 2012. Mais cette croissance n’est pas égale
ment répartie entre les trois centres
de responsabilité : le développement culturel a vu ses dépenses augmenter de 11 % passant de 25,2
à 28 M€ ; les dépenses des deux autres
centres de responsabilité ont soit stagné soit légèrement
diminué, autour de 22
M€ pour les établissements culturels et de 11,2 M€ pour le patrimoine et
l’archéologie.
Ce nouveau découpage budgét
aire permet d’affiner l’analyse et d’isoler les dépenses
consacrées au sp
ectacle vivant. Les 61 M€ des Centre de responsabilité
culturels de l’année 2012
(somme légèrement supérieure à celle de la fonction culture) se sont répartis entre deux grands
types
d’activités culturelle
s
: le spectacle vivant (42 % des dépenses) et l’ensemble muséal et
patrimonial (34 %). Viennent ensuite les dépenses consacrées à la lecture publique (17 %) et à
l’enseignement musical
4
(4 %). Entre 2011 et 2012 : les dépenses consacrées au spectacle vivant et
aux médiathèques ont progressé de, respectivement, 12 et 15 % au détriment du pôle patrimonial
(musées, château et patrimoine) qui a régressé de 8 %.
1.1.3
Les moyens affectés au spectacle vivant
1.1.3.1
Le budget général et l’organisation
Les coûts salariaux des personnels de la ville en lien avec le spectacle vivant, hors
enseignement, représentent 7 % de la masse salariale globale des centre de responsabilité culturels,
soit un total de 1,4
M€ en 2012. Ils correspondent principalement à de
s fonctions de pilotage plus
que de mise en œuvre.
La prise en compte du spectacle vivant passe donc bien avant tout par le
subventionnement et le conventionnement de structures autonomes.
C’est la direction du développement c
ulturel (DDC) qui est en charge du spectacle vivant.
Elle est composée de trois services qui jouent tous un rôle dans cette activité, appuyés par une
cellule de coordination administrative et financière qui emploie deux agents. La DDC couvre un
champ large dans tous les domaines du spe
ctacle vivant et de l’action culturelle et travaille en lien
étroit avec les organismes subventionnés ainsi que les établissements culturels.
Le service mission arts et spectacles peut être considéré comme le cœur du pilotage de la
politique du spectacle v
ivant. Il a pour mission d’instruire les dossiers de demande de subvention et
de suivre les projets qui concourent à la politique de soutien à la création et à la diffusion. Il est
donc chargé pour chacun des domaines de suivre les projets et l’activité de
s acteurs culturels nantais
de la petite association au grand équipement structurant grâce à quatre chargés de missions
thématiques.
4
Néanmoins, vu la méthode du prorata utilisée pour répartir les charges de personnel des CR entre les activités, il est
probable que la part de l’enseignement musical soit sous
-évaluée au bénéfice des médiathèques et des musées.
CRC des Pays de La Loire
9/52
Le service action culturelle et jeune public, doté d’un agent A, de deux agents B et d’un
agent C, met en œuvre le volet co
hésion sociale de la politique culturelle, en suivant toutes les
actions ou dispositifs permettant le rapprochement de tous les publics avec le fait culturel. Il
coordonne les actions culturelles menées par les établissements culturels municipaux ou par les
autres acteurs locaux. Il suit également le dispositif des créations partagées.
Le service régie technique et sécurité, comportant 13 agents, constitue un service
transversal, responsable notamment du bon déroulement sur la voie publique des manifestations
culturelles (fête de la musique, rendez-v
ous de l’Erdre...) et qui assure aussi le fonctionnement
technique de trois salles municipales servant à la diffusion de spectacles.
D’autres unités de la direction de la culture et des directions de la ville in
terviennent
également, mais de manière marginale, dans les domaines du spectacle vivant. Il est à noter
toutefois que, jusqu’en 2011, un chargé de mission directement rattaché au
directeur général adjoint
(DGA) culture était en charge du suivi des « grandes structures » du spectacle vivant comme le Lieu
Unique ou l’opéra. Mais depuis cette date, ce suivi a été transféré à la DDC, rationalisant ainsi
l’organisation.
1.1.3.2
La répartition budgétaire entre disciplines
Le tableau ci-dessous montre les volumes budgétaires affectés par la commune à
l’ensemble des activités entrant dans le champ du spectacle vivant, en dehors des dépenses de
personnel.
En k
€
5
2008
2009
2010
2011
2012
Evol.
Activités pluridisciplinaires
6 029
6 934
6 265
6 471
8 370
39 %
Activités théâtrales
1 533
1 933
1 444
2 407
2 556
67 %
Activités chorégraphiques
414
420
477
432
409
- 1 %
Activités musicales
3 054
3 073
3 263
2 151
2 366
- 23 %
Institutions musicales
7 211
7 298
7 337
7 862
7 436
3 %
Fabriques
2 345
3 192
TOTAL
18 241
19 658
18 786
21 668
24 329
33 %
Source : d
onnées issues des rapports d’activité des centres de responsabilité
Au total, les dépenses consacrées aux six secteurs ont progressé de 33 % entre 2008 et
2012, pour atteindre 24,3 M€. En 2012, le budget se répartissait à 34
% pour les activités
pluridisciplinaires, 31 % pour les institutions musicales (SMANO et ONPL), 13 % pour les
Fabriques (c’est
-à-
dire essentiellement de l’ap
pui à la création de musiques amplifiées
-Trempolino- et de la diffusion -Stéréolux-), 11 % pour les activités théâtrales, 10 % pour les
activités musicales (Jazz, chanson française et autres musiques classiques) et 2 % pour la danse.
1.2
Les moyens en bâtiments et équipements dédiés
La ville de Nantes dispose de 94 sites dédiés aux affaires culturelles, tous équipements et
liens juridiques confondus. Il peut s’agir de bureaux, de lieux de stockage, de salles de répétition,
mais aussi de salles de spectacles. Sur ces 94 sites, 42 sont mis à disposition des associations.
5
Un k€ est égal à 1
000 euros.
CRC des Pays de La Loire
10/52
Parmi cet ensemble de lieux, il convient de souligner l’existence d’un certain nombre
d’équipements culturels structurants
:
-
le théâtre Graslin
qui dispose d’une jauge de 800 places et accuei
lle principalement
des
spectacles
d’opéra
mais
aussi
des
concerts
et
des
représentations
chorégraphiques. Ce lieu, dont la valorisation est de l’ordre de 600 k€ annuel, est
affecté au Syndicat Mixte Angers Nantes Opéra,
-
le Lieu Unique qui est occupé par la scène nationale du même nom sous convention
d’occupation avec paiement d’une redevance de près de 400 k€/an. Cette
association d’activité
s pluridisciplinaires
dispose d’espaces de près de 7
000 m² et
de plusieurs salles de spectacles dont la principale comporte une jauge de 500
places,
-
la salle Paul Fort
qui dispose de deux espaces de diffusion, l’un de 500 places assises
et l’autre, de type club
,
d’u
ne capacité de 140 spectateurs. Cet équipement est
principalement occupé par deux associations dont l’activité est la diffusion
musicale, la Bouche d’Air et le Pannonica,
-
le Studio Garnier, qui est composé de différents plateaux modulables pour un espace
total de 1 200 m², est occupé par le Centre Chorégraphique National,
-
la Fabrique Ile de Nantes dont la création a constitué le principal investissement
culturel de la période récente. Il s’agit d’un ensemble comprenant deux bâtiments.
Le premier est occup
é par l’association SONGO, gestionnaire de la scène de
musique actuelle Stéréolux et comprend deux sa
lles de diffusion, l’une de
400
places (salle micro) et l’autre de 1
200 places (salle maxi). Le second bâtiment
est occupé, entre autres, par l’associatio
n Trempolino. Il comporte plusieurs studios
de répétition et d’enregistrement ainsi que des bureaux. Il est donc principalement
destiné à un appui à la création,
-
d’autres lieux plus petits comme la salle Vasse, dotée de 348 places et confiée à la
compagnie théâtrale nantaise Sciences 89 qui en assure la direction artistique, ou le
Studio Théâtre, salle de 104 places, gérée en régie qui est occupée principalement
par le Conservatoire et le Théâtre Universitaire pour la diffusion ou l’enseignement
du théâtre et de la danse.
Au cours de la période, ces équipements ont représenté une charge d’investissement de
23,5 M€ dont 18,2 M€ pour la Fabrique et 3 M€ pour le Théâtre Graslin.
Il existe, en plus de ces lieux municipaux, quatre autres équipements publics destinés
intégralement ou partiellement au spectacle vivant
: les Nefs de l’î
le de Nantes (Nantes Métropole),
la Cité des Congrès (SEM Cité des Congrès ressortant de la compétence de Nantes Métropole),
l’Espace 44 confié par le département au Grand T, le Théâ
tre Universitaire qui appartient à
l’Université.
CRC des Pays de La Loire
11/52
1.3
Les contributions
aux organismes de spectacle vivant
1.3.1
La répartition des contributions
Sur les exercices 2009 à 2011, 192 structures différentes ont bénéficié de la participation
de la collectivité dans le cadre de leur programmation ou activité pour un montant global consolidé
de plus de 59 M€. En 2012, la ville a attribué une enveloppe de
contributions
de 23,3
M€ aux
structures relevant des champs pluridisciplinaires, théâtral, chorégraphique et musical ai
nsi qu’aux
« institutions musicales » et aux associations des Fabriques. Pour autant, ce soutien est très
concentré sur un nombre réduit de structures comme l’indique le tableau suivant
:
2009-2011
2012
Nombre de structures regroupant 25 % du total des contributions
1
2
Nombre de structures regroupant 50 % du total des contributions
3
4
Nombre de structures regroupant 75 % du total des contributions
8
9
Nombre de structures regroupant 90 % du total des contributions
19
23
Ainsi, le seul opéra, avec 20,6
M€ sur quatre ans, mobilise le quart de l’enveloppe globale.
Avec la scène nationale le Lieu Unique, 12,8 M€ sur quatre ans, et l’Orchestre National des Pays de
la Loire (ONPL)
, 9,4 M€, ils mobilisent plus de la moitié des
contributions. Sur les 160 structures
soutenues en 2011, seules 19 mobilisaient 90 % des contributions et huit
6
en mobilisaient les trois
quarts. La situation s’est légèrement améliorée en 2012 puisque ces chiffres étaient respectivement
de 23 et 9
7
.
En analysant la répartition des contributions par activité sur 2009-
2011, il s’avère que
:
-
les organismes dédiés aux activités chorégraphiques sont les moins soutenus. Sur les
trois derniers exercices cumulés, ils ne représentent que 2 % du soutien global de la
ville, dont 61 % sont affectés au Centre Chorégraphique National de Nantes,
-
les activités strictement théâtrales représentent 10 % du soutien global. Ce soutien
s’est porté à 44 % sur la compagnie Royal de Luxe et 23 % ont été affectés au TU,
-
les structures à vocation multi disciplinaire représentent 32 % du soutien global dont
la moitié est affectée à la scène nationale le Lieu Unique. Viennent ensuite
l’association Culturelles de l’Eté avec 13 % (cette association porte notamment le
festival des rendez-vous
de l’Erdre) et 9 % au C
omité des Fêtes devenu Nemo
depuis 2011. Ces deux derniers organismes proposant des programmations
gratuites,
-
les organismes à vocation musicale représentent 56 % des contributions
. L’opéra
compte pour la moitié de cette enveloppe et l’ONPL pour le quart.
On peut donc en
conclure qu’au titre du spectacle vivant, la répartition du soutien par
discipline n’est pas homogène. La ville soutient de manière importante et majoritaire la musique et
notamment les diffuseurs de musique classique. Si près de 200 structures ont été aidées, la
répartition budgétaire est affectée à 82 % pour dix organismes. En outre, si le soutien aux
6
En plus des trois précitées
: la Folle Journée, SONGO/Stéréolux, Royal de Luxe, la Culturelle de l’été et le Comité des
Fêtes/NEMO remplacé pour l’année 2011par la SEM le Voyage à Nantes.
7
L’association Trempolino, partie prenante de la Fabrique Ile de Nantes, s’ajoutant aux huit de 2011.
CRC des Pays de La Loire
12/52
différentes disciplines n’est pas similaire, il apparaît que pour cha
que discipline sectorielle du
spectacle vivant, près de la moitié du soutien par discipline est affectée à un seul organisme.
1.3.2
Les modalités d’attribution des
contributions
1.3.2.1
La transparence de la collectivité sur les moyens alloués
La publicité des budgets et comptes des collectivités est codifi
ée à l’article L. 2313
-1 du
code général des collectivités territoriales (CGCT)
. Y est précisé notamment au second alinéa qu’au
compte administratif est jointe la liste des concours attribués par la commune sous forme de
prestations en nature ou de subventions. Par ailleurs, par les articles combinés un et deux du décret
n° 2006-887 du 17 juillet 2006, les communes doivent rendre public, sous forme de liste, les
avantages attribués et leurs bénéficiaires.
La ville satisfait à ces dispositions. Cependant, le subventionnement est repris sous index
alphabétique et ne permet pas de connaître les volumes globaux alloués par activité.
Il n’est pas aisé
sous cette forme de rapprocher systématiquement le nom de l’association subventionnée de
l’activité soutenue. Dès lors, au vu du nombre très important d’associations subventionnées et
même si aucune disposition légale ne l’impose, la collectivité pourrait préciser le type d’activité
publique aidée (sports, culture,...) ou établir un classement par rubrique.
1.3.2.2
La demande, l’instruction et l’attribut
ion des contributions financières
Les demandes d’attribution de subvention auprès de la ville de Nantes doivent être
assorties d’un certain nombre de pièces dont la liste est inspirée du dossier unique Cerfa, à savoir,
par exemple, la présentation de l’ass
ociation, un budget prévisionnel, la description des actions, le
plus récent rapport d’activité approuvé, un compte rendu financier lorsque c’est un renouvellement
de subvention et le programme annuel des actions pour les conventions pluriannuelles.
C’est
la cellule administrative de la direction du développement culturel qui a la
responsabilité de la réception des demandes, de la vérification de leur complétude et de la
transmission aux chargés de mission.
Au sein d’un échantillon de 14 dossiers significat
ifs de subventionnement, il a été constaté
l’absence de plusieurs pièces : le rapport d’activité conforme pour deux associations, le rapport du
commissaire aux comptes pour trois associations pourtant excédant plus de 153
k€ de
subventionnement, le programme d’actions ou projet d’activités N+1 pour quatre structures.
En
réponse au rapport d’observations provisoire de la chambre, la ville de Nantes a précisé qu’en dépit
de ces manques, la circulation de l’information lui par
ait suffisante et satisfaisante.
Suite à l’enregistrement des demandes, ce sont les chargés de mission qui instruisent les
dossiers. Ils sont censés analyser les pièces recueillies et vérifier que le projet associatif entre dans
le champ de la politique cu
lturelle et qu’il s’inscrit dans les objectifs stratégiques définis dans le
plan d’actions «
culture
». Après étude de l’ensemble du dossier et des échanges éventuels avec
l’association, ils établissent une fiche avis qui sert de référence aux discussions d’arbitrage et
présentent ensuite les dossiers dans des séances de travail à la DDC avec la directrice, voire le
DGA.
Vient ensuite l’arbitrage des élus qui se déroule tout au long du cycle budgétaire ou en
amont de chaque conseil municipal. Si la subvention demandée est supérieure à 75
k€,
celui-ci
s’appuie également sur un avis de la direction de la programmation et du conseil de gestion (DPCG)
dont les travaux sont d’une grande qualité pour aider
à la décision.
CRC des Pays de La Loire
13/52
Le processus de décision a été examiné pour 11 attributions de subventions. Il en ressort
que la proposition émanant de la DPCG a été systématiquement inférieure à la demande de
l’association, en général dans une fourchette de réduction de 5 à 7
%.
1.3.2.3
Le conventionnement
Sur la période considérée, la ville de Nantes a contractualisé avec les associations sous des
formes diverses : des conventions annuelles, des conventions pluriannuelles, en règle générale
triennales, et des conventions multipartites.
De manière générale, l’objet et les actions pris
en compte pour le subventionnement de la
collectivité sont définis dans les conventions analysées. Il convient cependant de distinguer les
conventions multipartites des bilatérales. Dans le premier cas, le projet artistique et culturel est plus
clairement
décrit. C’est d’ailleurs dans ce cadre que les acteurs financeurs s’engagent. Certaines des
conventions définissent même le cadre quantitatif de création ou de diffusion figurant au projet de
l’association.
Dans le cas où l’association contractualise ave
c la seule ville de Nantes, les actions prises
en compte sont plus généralistes et à tout le moins non quantifiées.
A la lecture des documents, il apparaît que les termes des conventions définissant le
soutien de la ville au regard des actions menées sont propres à chacune des associations. Cela
démontre bien que le soutien est analysé et individualisé. Cependant, Nantes, comme vu infra, a
encadré l’ensemble de
son plan «
Nantes s’engage
» par des objectifs opérationnels et des actions
qui y contribuent. Ceux-ci ne sont aucunement mentionnés dans les conventions. Pour concrétiser
ce plan, des références à ses objectifs et actions pourraient être introduites dans les conventions
avec les associations.
Dans sa réponse au rapport d’observation
s provisoires, la
ville de Nantes a indiqué qu’elle
ne fixait que rarement des objectifs précis dans les conventions de subventionnement parce que,
selon elle, cela comporte un risque majeur de requalification de la convention dans le champ de la
commande publique. La chambre estime cette préoccupation juridique sans objet dans la majorité
des cas à partir du moment où l’initiative des actions subventionnées est laissée aux structures
subventionnées. De surcroît, elle rappelle que l’attribution de subventions à des associati
ons ne
saurait être systématique et doit répondre à un intérêt municipal dont les objectifs fixés
conventionnellement sont l’expression.
2
La politique du spectacle vivant et les initiatives municipales
La ville de Nantes dispose d’une politique du spectacle
vivant, non formalisée en tant que
telle mais présente dans plusieurs initiatives qui couvrent une partie importante de l’ensemble du
champ du spectacle vivant. Sont repris dans les développements suivants, après une présentation du
spectacle vivant par les services de la ville, successivement le cadre général décliné de « Nantes
s’engage
» et les différentes initiatives qui constituent une politique de spectacle vivant.
2.1
Le pilotage de la culture et du spectacle vivant à la ville de Nantes
2.1.1
Le cadre institutionnel de décision politique
Il n’existe pas de commission municipale dédiée à la culture ou au spectacle vivant en
particulier. Les délibérations relatives à la culture et au patrimoine, notamment les subventions, sont
présentées par les adjoints à la culture et au patrimoine dans le cadre de la commission « Sports,
culture, vie associative, jeunesse, relations internationales et coopération décentralisée
», l’une des
CRC des Pays de La Loire
14/52
quatre commissions municipales. Cette commission a lieu avant chaque conseil municipal, donc
cinq fois par an. Elle comprend 24 membres, dont les six élus adjoints et conseillers municipaux en
charge de la culture et du patrimoine, représentants de la majorité municipale (20) et de l’opposition
(4).
2.1.2
Les enceintes de coopération territoriale
La ville de Nantes appartient à plusieurs enceintes de dialogues entre les différents niveaux
de collectivités sur le spectacle vivant. Ainsi, au niveau politique, elle participe, aux côtés du
conseil régional et du conseil général, trois fois par an, à des réunions de concertation sur les
dossiers cofinancés par les trois niveaux de collectivité. Cette logique de concertation et de
coordination prévaut également dans les comités de suivi de Stéréolux et les comités syndicaux de
l’opéra et de l’orchestre.
Au niveau technique, ses chargés de mission sont i
nvités au comité d’experts du conseil
général qui examine les demandes de subventions qui lui son
t adressées ainsi qu’au comité
éducation artistique et culturelle de la même collectivité.
La ville est également représentée au sein de la conférence régionale consultative de la
culture (CRCC), mise en place par la région en 2009 et dont les membres ont été renouvelés en
2012. Cette conférence fonctionne sur la base de commissions sectorielles, dont l’une est
consacrée
au spectacle vivant, et de commissions transversales. Elle réunit de nombreux professionnels de la
culture (98 dont 36 pour le spectacle vivant) et des représentants des collectivités (54 dont 20 pour
les communes). La ville de Nantes y est représentée que par un élu et le secteur du spectacle vivant
nantais par quatre représentants, dont deux ont une vocation régionale et deux représentent une
structure de faible dimension, sur les 36 professionnels. Les chargés de mission de la DDC
participent aux diverses commissions thématiques.
Les questions traitées au niveau de cette conférence régionale intéressent la ville de Nantes
tant en termes d’actions concrètes (dossier commun, initiative Voisinage) qu’en termes de
connaissance et de réflexion sur la politique culturelle (observatoire, équilibre économique du
secteur). En revanche, celle-
ci ne s’est pas impliquée dans
l’observatoire régional économique du
spectacle vivant, ce qui a empêché une déclinaison locale de ses résultats.
Enfin, il n’existe pas d’enceinte de coopération au niveau de l’agglomération. Or, les villes
de la périphérie nantaise possèdent un certain nombre d’équipements, labellisés
8
ou non
9
, dont la
programmation est à la fois importante en quantité et de qualité. Cette programmation est, pour
certaines disciplines, complémentaire de l’offre nantaise
10
. De plus, le bassin de vie des spectateurs
ne correspond pas au seul périmètre de la ville. Les spectateurs des structures nantaises proviennent
principalement de la ville et de l’agglo
mération. Les spectateurs des structures de la périphérie
résident, pour une large part, à Nantes.
De manière informelle, il existe un réseau des directeurs de structure mais qui semble se
limiter aux structures labellisées. Ainsi, l’ARC ou l’ONYX ne sont
pas absentes des initiatives
d’organisation de l’offre.
8
Comme par exemple l’ARC, l’ONYX et le Nouveau Pavillon.
9
Cappelia, Fleuriaye, Pianocktail.
10
Positionnement de l’ONYX sur la danse, de l’ARC sur les musiques du monde et l’art vocal, du Nouveau Pavillon
sur les musiques traditionnelles, de la Fleuriaye sur le théâtre privé.
CRC des Pays de La Loire
15/52
2.1.3
L’inscription du spectacle vivant dans le plan stratégique «
Nantes s’engage
»
Initié en 2002, un plan stratégique a été mis en place en 2006 sous le titre de « Nantes
s’engage, la ville au service
des Nantais
» pour l’ensemble de l’action municipale. Celui
-ci
consistait à définir, pour chaque politique publique identifiée, des objectifs stratégiques, des
objectifs opérationnels et un plan d’action et
à les appliquer à chaque centre de responsabilité.
A ce jour, le deuxième plan de «
Nantes s’engage
» est en cours. Il comprend, pour
l’ensemble de la politique culturelle,
quatre orientations stratégiques, 13 objectifs opérationnels et
42 actions rattachées.
Pour les disciplines traditionnelles du spectacle vivant, les objectifs de programme
regroupent deux axes principaux : la diffusion-
création et l’action culturelle
-enseignement-
formation.
Pour la diffusion-création, le but est de soutenir une programmation diversifiée en aidant
les structures de diffusion, les festivals, les créations, les artistes et les compagnies. Il est commun
aux programmes de soutien aux activités chorégraphiques, aux activités théâtrales, aux activités
musicales et pluridisciplinaires ainsi qu’au programme de soutien aux deux
institutions
musicales
(SMANO et ONPL). Les Fabriques doivent favoriser l’émergence et le croisement
d’artistes et de nouvelles formes artistiques, promouvoir la mutualisation, favoriser la recherche en
laboratoire et conforter la créativité nantaise.
Pour
l’action culturelle, l’enseignement ou la formation, l’objectif consiste à développer
une politique de sensibilisation et d’ouverture à de nouveaux publics via l’action culturelle et les
pratiques collectives.
Chaque action est liée à un indicateur de suivi, ce qui, en théorie, devrait permettre une
évaluation. Néanmoins, la très grande majorité des indicateurs sont basés sur une mesure des
moyens mis en œuvre par la ville (montant global versé) et de répartition de ces moyens (nombre
d’associations subventionnées). Les seuls indicateurs mesurant réellement l’activité, au nombre de
trois sur 31, concernent les deux syndicats mixtes avec lesquels les liens institutionnels de la ville
sont plus forts.
De manière générale, pour les domaines culturels n’appart
enant pas au spectacle vivant, la
ville a mis en place des indicateurs pertinents pour les services qu’elle gère en régie portant à la fois
sur l’activité (par exemple, pour les médiathèques municipales, le nombre d’usagers inscrits, de
documents disponibl
es, de prêts, d’inscrits nantais, d’animations programmées) et sur la mesure du
coût (par exemple, pour l’école des Beaux
-
Arts, le coût d’un étudiant, des intervenants, des ateliers
Calder, du périscolaire).
En revanche, pour la grande masse des associatio
ns qu’elle soutient par subvention, elle se
limite à des indicateurs de moyens non opérationnels. Certes, l’extension d’indicateurs d’activités se
heurte à la multiplicité des structures soutenues dont certaines sont de taille très réduite. Néanmoins,
la v
ille pourrait s’appuyer sur les importantes structures soutenues pour imposer des indicateurs
similaires à ceux des services en régie.
Recommandation n° 1 :
La chambre recommande à la ville d’améliorer la qualité et
l’opérationnalité des indicateurs de son
plan «
Nantes s’engage
».
En dehors de l’inscription de la culture et du spectacle vivant dans le plan d’action
«
Nantes s’engage
», le seul document d’orientation générale consacré au spectacle vivant contenant
à la fois un état des lieux des forces et f
aiblesses du secteur et des propositions d’actions concrètes
est une note interne datant de 2009. De celle-ci sont plus ou moins directement issues différentes
CRC des Pays de La Loire
16/52
initiatives sectorielles mises en œuvre dans la période 2009
-2013 et reprises dans les
développements suivants.
2.2
L’orientation de l’offre
2.2.1
L’appui à la constitution de structures
: la création de Stéréolux
L’appui à la création de structures ou leur création en direct sont des modes privilégiés des
pouvoirs publics pour modeler l’offre de spectacle vi
vant sur leur territoire. La ville de Nantes a
utilisé ce dispositif au cours des dernières décennies. Le début des années 2000 a été marqué par
deux modifications institutionnelles ayant une influence sur la définition de l’offre
: la création de la
scène nationale le Lieu Unique en 2000 et la constitution du syndicat mixte Angers Nantes Opéra en
2002.
Au cours de la période sous contrôle, c’est dans le domaine des musiques actuelles
11
, en
appuyant la création de Stéréolux que la ville a poursuivi ce type de projet. Stéréolux est né du
constat que son prédécesseur, l’Olympic, n’était plus adapté à la
diffusion de concerts amplifiés et
de la volonté de l’association qui le gérait de diversifier et d’amplifier son projet culturel.
La création d’un nouvel ensem
ble de salles de diffusion de musiques actuelles a pris une
place centrale dans le projet de la Fabrique de l’ile de Nantes, auquel Songo, l’association gérant
l’Olympic puis le Stéréolux, a été
inclus dès le départ.
Avec le changement de lieu de diffusio
n, le projet culturel de l’association a également
évolué, en concertation avec la ville : structuration d’une offre numérique de spectacles et
d’expositions
; travail approfondi d’action culturelle
; ouverture accrue au jeune public ;
propositions de spectacles pluridisciplinaires
; appui à la création et accroissement de l’offre de
concerts de musiques actuelles.
Stéréolux a débuté son activité à l’automne 2011. Ainsi, l’année 2012 marque une rupture
nette quant à la fréquentation globale du lieu qui a augmenté de 60 % pour atteindre
162 000 personnes. Mais cette très importante progression est avant tout due aux expositions. Le
nombre de spectateurs payants a progressé de 45 % par rapport à la moyenne des cinq années
précédentes et celui des concerts organisés par la structure de 27 %. Le nombre de spectacles pour
la jeunesse et, donc, de spectateurs jeunesse a également fortement progressé.
Le développement de l’activité
de l’association, marqué par une augmentation de l’équipe
permanente de 14 à 25 personnes, a été essentiellement financé par une hausse de 131 % des
subventions publiques, passées de 1
045 k€ en moyenne entre 2007 et 2010 à 2
414 k€ en 2012. Les
subventions de la ville de Nantes ont plus que triplé, passant de 615 à 1 881
k€, dont 301 k€
de
compensation de la redevance d’occupation du lieu. Dans le même temps, le chiffre d’affaires n’a
progressé que de 63 %. La dépendance aux subventions s’est donc accrue et la part de la ville dans
le financement a significativement augmenté, passant de 28 % des recettes en moyenne sur 2007-
2010 à 45 % en 2012.
Cette évolution est consécutive à la part plus importante tenue par l’action
culturelle et les activités non génératrices de ressources propres dans le nouveau projet de la
structure. Pour la seule activité de diffusion de concerts, le subventionnement par place achetée a
progressé significativement sur la période, ce qui tient en partie à une programmation plus
diversifiée et à une modération tarifaire.
11
Pop, rock, hip hop, musiques électroniques.
CRC des Pays de La Loire
17/52
L’anticipation de la progression des subventi
ons de fonctionnement consécutive à la prise
en main par Songo de son nouvel équipement et à la redéfinition de son projet n’a pas fait l’objet de
notes formalisées. Seuls des objectifs d’activité et un cadrage de l’équipe permanente ont été
fournis à la chambre.
Cependant, selon la ville de Nantes, dans sa réponse au rapport d’observations provisoires,
« ces choix stratégiques, qui ont entraîné une baisse des recettes propres et une augmentation
corrélative du subventionnement, ont été effectués en parfaite connaissance de cause avec, comme
ambition partagée, un renforcement du soutien aux pratiques artistiques et aux porteurs de projets
et initiatives nouvelles, une ouverture plus large vers de nouveaux publics ».
En revanche, la direction de la prévision et du conseil de gestion, dans un avis rendu sur la
demande de subvention pour 2013 a alerté les autorités de la ville sur le manque de maîtrise des
charges de la structure et sur l’absence de ressources propres suffisantes pour assumer ses ambitions
de développement.
2.2.2
L’achat de spectacles
Les collectivités interviennent fréquemment comme acheteur et programmateur de
spectacles pour les animations d’été, des fêtes ou des évènements particuliers. Elles peuvent
également gérer des salles de spectacle en régie et, ainsi, être en charge de la programmation. Il
n’est pas dans les habitudes de Nantes de programmer directement des spectacles et aucune des
structures de diffusion ne se trouve en régie, même si la gestion technique de trois salles est du
ressort de la ville.
La seule exception à cette habitude est constituée des spectacles de Royal de Luxe. Depuis
2009, la troupe s’est produite
quatre fois à Nantes. Au cours de la période sous revue, seul le
spectacle de 2011 a été commandé directement par la ville et payé par elle au titre de la diffusion
pour un montant de 930 k€, hors subvention de fonctionnement.
Pour le spectacle du printemps
2014, la subvention de la ville de Nantes est estimée
à plus de 2M€.
Les subventions attribuées par
la ville à l’associat
ion ont été supérieures à la simple subvention de fonctionnement pour quatre des
cinq années allant de 2009 à 2013, comme le montre le tableau suivant :
En k€
2009
2010
2011
2012
2013
Total
Subvention de fonctionnement
295
300
300
300
300
1 495
Création et diffusion
745
0
930
800
1 850
12
4 325
Total
1 040
300
1 230
1 100
2 150
5 820
Cette situation, en raison de l’importance des sommes en jeu, tant annuellement que pour
l’ensemble de la période, pose question. La contribution financière de la ville, qu’elle corresponde
au soutien à la création ou à l’achat d’une diffusion, ne prend qu’une seule forme juridique, celle de
la subvention conventionnée. Par ailleurs, l’association Royal de Luxe est la seule bénéficiaire
d’une politique de diffusion directe d
e la ville.
12
Chiffre des subventions votées par les conseils municipaux de Nantes de juin et octobre 2013.
CRC des Pays de La Loire
18/52
Cette troupe est de surcroît dans une situation de monopole concernant la diffusion des arts
de la rue alors même que son modèle économique est en total décalage par rapport aux normes de la
discipline. Or les arts de la rue sont, selon une étude du ministère de la culture
13
, la discipline la plus
fréquentée puisque 34 % des Français ont assisté à un spectacle au cours d’une année et l’une des
plus partagées
14
. En ne misant, dans cette discipline, que sur la compagnie Royal de Luxe, le choix
de
la ville porte donc sur l’organisation d’un évènement massif et rare plus que sur l’organisation
régulière de spectacles de moindre dimension. D’ailleurs, dans une note interne sur l’offre
culturelle, le constat était fait de l’importance des secteurs du c
irque et des arts de la rue pour
l’accès à la culture mais de leur peu de présence dans la ville.
La chambre ne méconnait ni l’importance de Royal de Luxe pour la ville de Nantes, tant
du côté de ses responsables que de celui de ses habitants ou de son tissu économique, ni les
retombées économiques de l’un de ses spectacles pour les entreprises et les salariés nantais.
Néanmoins, la ville de Nantes pourrait faire évoluer ses habitudes de diffuseur, notamment en
s’inspirant des procédures d’appels à projets
définis par la circulaire du Premier Ministre du
18 janvier 2010.
15
Recommandation n° 2 :
L
a chambre recommande à la ville d’engager une réflexion
sur la modification de l’instrument juridique encadrant la diffusion des spectacles de la
compagnie sur son territoire en envisageant une
procédure d’appel à projets.
2.2.3
Les initiatives spécifiques à une discipline
Il n’existe pas de politique à part entière, approuvée par les instances municipales, dédiée à
une discipline en particulier à l’exception des spectacles
pour enfants (cf. ci-dessous). Néanmoins,
des constats sectoriels ont été dressés par les chargés de mission de la direction du développement
culturel, suivis de propositions d’action et parfois d’actions concrètes. Ainsi, outre le cirque et les
arts de rue évoqués ci-dessus, il était constaté, concernant la danse, une réelle insuffisance de lieux
de création et de diffusion et, concernant le théâtre, l’absence de compagnie renommée et de
diffusions de spectacles de grands metteurs en scène.
Un ensemble de propositions découlaient de ces différents diagnostics. Certaines ont été
mises en œuvre, d’autre non. Parmi les initiatives issues de ces constats, on peut noter
:
-
l’accueil, à plusieurs structures et soutenu spécifiquement par la ville, d’A
riane
Mnouchkine pour plusieurs représentations dans des lieux aux dimensions
adaptées,
-
la facilitation de l’accueil à Nantes de la compagnie de Wajdi
Mouaw
ad à l’automne
2012,
-
la mise en place d’aides à la création pour des compagnies d
u nouveau cirque,
-
l’élaboration d’une typologie des compagnies de danse à soutenir selon leur
créativité, leur reconnaissance, etc.
Par ailleurs,
la ville a appuyé la mise en place d’un «
parcours Jazz » établi entre
six
structures de l’agglomération
: Pannonica, Cité des Congrès, Grand T, ONYX, Rendez-vous de
l’Erdre et ARC de Rezé. Le but est d’accroitre la visibilité de l’offre jazz sur l’agglomération.
13
Les pratiques culturelles des Français en 2008.
14
Au cours des 12 derniers mois, 53 % des cadres et professions intellectuelles supérieures ont assisté à un spectacle
pour 35 % des ouvriers et 39 % des demandeurs d’emplois. Ces taux sont de respectivemen
t 21 %, 3 % et 7 % pour les
concerts de jazz ou de 29 %, 9 % et 11 % pour un concert rock ; 25 %, 1 % et 5 % pour un concert classique et 48 %,
7 % et 11 % pour une pièce de théâtre.
15
Circulaire du 18 janvier 2010 relative aux relations entre les pouvoirs publics et les associations : conventions
d'objectifs et simplification des démarches relatives aux procédures d'agrément.
CRC des Pays de La Loire
19/52
2.3
Les initiatives de la ville pour démocratiser le spectacle vivant
2.3.1
La définition d’un cadre général et d’un label
: «
L’Art en partage
»
La politique dénommée « Art en Partage » constitue, selon la ville, la formalisation de sa
volonté d’accroitre l’accessibilité au spectacle vivant, en complémentarité et en cohérence avec le
soutien à la création et au
développement de l’offre. Cette po
litique possède une dimension
territoriale affirmée et une volonté de proximité avec les habitants. Les acteurs de l’art en partage
sont, outre les services municipaux, les associations locales et les institutions culturelles soutenues
par la ville. Le projet cible en priorité les quartiers où les habitants sont estimés les plus éloignés de
l’accès à la culture.
La mise en œuvre de cette ambition est concrétisée à la fois dans les volets «
action
culturelle
» des projets d’établissements et conventions d’ob
jectifs des associations culturelles ou
établissements municipaux et par le soutien et l’accompagnement des projets d’association qui
privilégient la proximité culturelle ou un travail en direction des publics spécifiques. En
conséquence, sa déclinaison contractuelle se fait à travers les chapitres « action culturelle » des
conventions entre la ville et les structures culturelles.
Néanmoins, et alors même que les projets des structures s’inscrivent fréquemment dans les
objectifs municipaux, à la lecture de
s conventions établies entre la ville et les associations, il n’est
jamais fait référence au concept de l’Art en Partage. Une note au bureau municipal d’avril 2009, qui
avait pour objet de présenter et de valider ce cadre, précisait : «
A
l’
avenir, chaque convention
d’objectifs comprendra un volet Art en partage
-Action culturelle s
elon le projet de l’institution
».
Les objectifs qui correspondent à l’ambition de l’Art en Partage sont rarement déclinés en
actions concrètes et encore moins en objectifs quantifiables ou mesurables ni sur le plan de la
programmation (nombre de spectacles, de représentations, de
jauge) ni sur celui de l’action
culturelle (nombre de scolaires accueillis, population des quartiers sensibilisée). Cette absence
d’objectifs précis et q
uantifiables est à mettre en rapport avec la pratique de Nantes qui ne se fixe
aucun objectif cible quantitatif pour la réalisation de sa politique, en termes de spectacles, de
disciplines, de créations
, de spectateurs, d’actions spécifiques jeunes publics
, scolaires ou autres
actions culturelles. Il n’est dès lors pas possible de corréler le soutien financier apporté par la ville
et la manière dont les structures remplissent leurs objectifs culturels.
De manière générale, au titre de son respect de la libe
rté d’association, la ville est attentive
à ne pas signer de conventions trop directives. Néanmoins, concernant l’Art en partage, et à
l’exception notable des créations partagées, il semble que la précision sur les actions en relevant
dépend avant tout du bon vouloir des associations. La précision des engagements des structures se
retrouve principalement dans leur projet propre, document de nature interne. Si celui-ci est précis
alors la convention qui unit la structure à la ville le sera également, comportant notamment des
objectifs quantifiés.
2.3.2
La création partagée
La ville a mis en place un programme concret relevant directement de l’Art en partage
: les
créations partagées. Cette initiative vise à faire travailler ensemble des artistes et des professionnels
de la culture avec des habitants autour de projets de création.
Chaque
projet bénéficie d’un financement fléché accordé par la commune. Pour être
agréés, ces projets doivent posséder une qualité et une pertinence artistiques et se baser sur la
partic
ipation du public à la création. Le projet doit se mettre en place à l’échelle d’un territoire ou à
CRC des Pays de La Loire
20/52
l’attention d’une population identifiée comme prioritaire. L’organisme soutenu s’engage à restituer
sous une forme non conventionnellement déterminée l’œuvr
e collective dans la ville.
Sont éligibles à ce dispositif les associations ayant un objectif artistique et culturel qui
bénéficient d’un financement municipal, pour le reste de leur activité, de moins de 200
k€. Les
organismes soutenus au-delà de ce seuil
peuvent s’engager dans le dispositif sans obtenir de
financement complémentaire.
Le budget alloué aux créations partagées représente moins de 1 % du budget consacré au
spectacle vivant. Les montants annuels ont été de 124 k€ en 2009, 213 k€ en 2010, 158 k€ en 2011
et 200 k€ en 2012.
L’implication des partenaires dans les projets est bonne et les résultats sont jugés
satisfaisants sur les deux premières saisons. En 2009-2010, 15 créations partagées ont été réalisées
sur neuf quartiers pour 1 300 personnes impliquées et 14 500 spectateurs. En 2010-2011,
12 créations partagées ont été réalisées sur neuf quartiers pour un bilan de 1000 personnes
impliquées et 12 500 spectateurs. Sur la saison 2011-2012, les créations partagées ont été au
nombre de 11 sur huit quartiers.
2.3.3
La politique « jeune public » et le lien spectacle vivant-éducation
L’un des publics cibles des politiques culturelles est le «
jeune public ». Le fondement de
cette priorité est que plus un individu est habitué jeune à être spectateur, moins il aura de réticence,
une fois adulte, à fréquenter les lieux de spectacle. L’exposition des enfants au spectacle vivant et
aux autres lieux de culture vise à réduire la barrière psychologique empêchant l’accès à la
consommation.
Le deuxième élément de l’i
mportance de ce public est que les enfants sont également des
élèves. En tant que tels, ils constituent un public captif par excellence. Les communes, qui ont
comme compétence l’enseignement primaire pour ce qui concerne notamment le sport et l’accès à
la
culture, peuvent donc contrôler à la fois l’offre de spectacle vivant et la demande.
Ces deux éléments correspondent aux deux axes de la politique de la ville sur le spectacle
vivant destiné au jeune public
: la réflexion sur l’offre et l’organisation de l
a consommation
scolaire.
2.3.3.1
L’orientation de l’offre jeune public
Dans une note de 2010, présentée au bureau municipal, la direction du développement
culturel définissait les axes d’une nouvelle politique culturelle destinée au jeune public. Elle
constatait, en préalable «
l’absence de proposition structurée et diversifiée de spectacles vivants
pour le jeune public
» et l’existence de «
quelques initiatives ponctuelles et éparpillées émanant
essentiellement des petits lieux de diffusion
» et se basait sur les «
attentes des publics, des familles
en particulier et des élèves des écoles primaires nantaises
».
Les objectifs recherchés se répartissent sur trois axes. En premier lieu, l’ambition
municipale était de consolider l’offre. Du côté de la création, cet ob
jectif passait par la mise en
place d’une aide aux compagnies jeune public nantaises et la mise à disposition de lieux de travail.
Concernant la diffusion, il était prévu une mise en réseau des acteurs jeune public avec
intervention de spécialistes, comme
l’association ACCORD qui gère les centres de loisirs, et la
création d’une aide à la diffusion spécifique destinée prioritairement aux
structures culturelles de
CRC des Pays de La Loire
21/52
diffusion recevant un soutien de la ville inférieur à 150 k€. Pour les structures au
-delà de ce
montant, la dimension jeune public peut s’inscrire dans les conventions d’objectifs.
Cependant, l’action culturelle tout comme la pr
ogrammation à destination de publics cibles
comme les enfants font partie des conventions qui lient la ville de Nantes aux structures culturelles.
Celles-ci devraient donc « naturellement » proposer une offre culturelle à direction du jeune public.
Or, cer
taines structures sont plus allantes que d’autres en la matière. La Folle Journée réserve de
nombreuses places au public scolaire ; le Grand T dispose d’une offre établie et réfléchie à
destination des élèves de collège et de lycée
; la Bouche d’Air, le Pa
nnonica et, plus récemment, le
Stéréolux se sont engagés dans des initiatives de programmation destinée au jeune public. A
contrario, la programmation du Lieu Unique n’est, selon ses responsables, pas adaptée à un public
familial. Celle de l’Opéra comporte
, selon les saisons, ou non, des spectacles destinés au jeune
public ainsi que des initiatives comme l’ouverture des coulisses du théâtre et des répétitions des
spectacles. La non-
permanence de ces actions s’explique, selon les organisateurs, par le manque
de
moyens et de disponibilités.
Cette différence met en lumière le fait que l’existence d’une programmation et d’initiatives
à destination de la jeunesse dépend avant tout du bon vouloir des responsables des structures. Même
lorsque des dispositions existent dans les conventions, leur non-
respect n’a pas de conséquence, en
ce domaine, sur l’évolution de l’attitude de la ville à l’égard des structures. La ville devrait veiller à
ce que les conventions avec les structures prévoient un volet jeune public et que ces engagements
soient effectivement respectés.
En réponse aux observations provisoires, la ville de Nantes a répondu que
« la plupart des
responsables des structures culturelles concernées sont recrutés sur un projet répondant à un appel
à candidature
des tutelles. Par exemple et s’agissant de l’appel à candidature du Lieu Unique –
Scène Nationale de Nantes-
, les tutelles (Ville et Etat) n’ont pas voulu identifier de priorités
relatives au « jeune public
». Dans ce cadre, le projet du Lieu Unique n’a pas
été sélectionné sur ce
critère ».
Elle précise également que les contraintes budgétaires de l’Opéra l’amène à ne prévoir
une œuvre orientée jeune public que tous les deux ans même si les répétitions peuvent accueillir
tous les ans des publics scolaires. Enfin, elle constate que
« toute politique publique et tout
dispositif d’incitation se heurtent à un moment donné à la liberté d’action associative. Si la ville
peut impulser des orientations par le biais de dispositifs financiers ou de mentions
conventionn
elles, cela ne constitue qu’un cadre qui ne saurait contenir des dispositifs imposés par
la Ville en termes de demande ou de commande ».
La chambre comprend parfaitement qu’en raison des contraintes budgétaires, la
programmation de l’Opéra ne peut comporter chaque année une œuvre destinée spécifiquement au
jeune public mais elle rappelle que dans le cahier des missions et des charges pour le réseau
national des opéras en région de 2010, il est rappelé que l’une des missions des opéras est de
proposer des actions de sensibilisation adaptées à la diversité des publics dont les scolaires. Ces
actions, lorsque les contraintes budgétaires ne permettent pas une programmation adaptée, peuvent
tout à fait prendre la forme d’une ouverture de répétitions ou toute autre mesure d’un coût
budgétaire modéré.
Le cahier des charges des scènes nationales prévoit que les principales missions de celles-
ci
recouvrent l’
initiation et
l’éducation artistique. La chambre convient qu’il ne s’agit pas de prévoir
pour autant une programmation jeune public mais de se donner les moyens de répondre à ces
missions.
Enfin, la chambre rappelle que le versement de subventions à une association doit répondre
à un intérêt municipal et que celui-ci est parfois précisé par le biais de clauses conventionnelles.
Dès lors que ces objectifs municipaux ne sont pas atteints, une municipalité est en mesure de le
prendre en compte et d’agir, notamment lors de la reconduction de la subvention.
CRC des Pays de La Loire
22/52
Le deuxième axe est l’impulsion et le soutien appo
rté à la créa
tion d’un festival
jeune
public. L’ambition est de créer un «
temps jeune public d’envergure nationale et européenne
». Le
festival est biennal. Il a été programmé du 13 au 17 avril 2011 et du 10 au 14 avril 2013. Il se
déroule à la fois dans des lieux du centre-ville (château, salles habituelles du spectacle vivant) et
dans les quartiers de Nantes, à travers les locaux scolaires, les maisons de quartier et centres
socioculturels.
Un bilan a été tiré de la première édition tant sur un plan quantitatif que qualitatif et a
satisfait la ville : 12 000 spectateurs dont 1 800 professionnels et 96 % de remplissage. La
subvention de la ville s’est élevée à 175
000 €.
Néanmoins, comme il est indiqué dans un compte-rendu de bilan de ce festival, «
en
dehors de ces cinq
jours tous les deux ans, l’offre est rare à Nantes
». La chambre estime
qu’effectivement, au vu des lacunes constatées dans le domaine du spectacle pour l’enfance la
cré
ation d’un festival biennal de cinq
jours ne semble représenter
qu’une réponse parti
elle.
2.3.3.2
L’articulation culture
-éducation
L’organisation de la consommation culturelle sur
temps scolaire et périscolaire est
essentiellement du ressort de la direction de l’éducation de la ville de Nantes. Interviennent
également dans ces dispositifs la direction de la culture de la ville, la DRAC et la direction
d’académie des services de l’éducation nationale. L’offre culturelle est celle des structures de
spectacle vivant de la ville.
Les initiatives de la ville sur temps scolaire s’inscrivent dans le cadre d’une charte pour un
parcours diversifié de l’éducation artistique et culturelle qui a été signée entre la ville et les deux
partenaires de l’Etat précités. L’objectif est que tous les élèves aient accès à la culture. La DRAC
reste le partenaire privil
égié des structures pour la définition de l’offre et la ville apporte son
expertise sur la diversification, le recensement et la communication de l’offre.
L’investissement des écoles, ou du périscolaire, dans les offres de spectacles vivants peut
prendre
la forme d’une consommation simple de spectacles ou de l’engagement dans un projet
culturel faisant intervenir l’enseignant et les chargés d’action culturelle des structures.
Les places proposées sont financées par les écoles et les familles. La ville prend en charge
le transport par le biais de la TAN (budget global de 500 k€ pour l’ensemble des transports pris en
charge par la direction de l’éducation). Elle prend également en charge une partie du coût des places
de certains dispositifs. Par ailleurs, les
chargés de mission de la direction de l’éducation peuvent
accompagner les projets des écoles.
Cette direction veille à ce que le maximum d
’
écoles publiques du territoire ait accès à
l’offre de spectacle vivant. Pour autant, elle a constaté avoir un problè
me à atteindre les
enseignants. Elle a donc créé un catalogue, également disponible sur internet, qui recense
l’ensemble de l’offre. L’offre scolaire est à peu près la résultante de l’offre des structures pour le
jeune public. Elle dispose des mêmes atouts
et des mêmes faiblesses, notamment le manque d’offre
théâtrale. En 2014, la ville a conventionné deux structures théâtrales pour compenser ces faiblesses.
La direction de l’éducation réussit à disposer d’une connaissance des écoles impliquées
dans des projets culturels mais ne d
ispose pas d’un bilan quantifié
de la pratique culturelle pendant
le temps scolaire, faute notamment d’un bon suivi de celle
-ci par les structures. Ce suivi devrait être
amélioré. En réponse au rapport provisoire, la ville a indiqué que les directions de la culture et de
l’éducation y travaillaient conjointement.
CRC des Pays de La Loire
23/52
2.3.4
Le soutien aux petits lieux de diffusion
Pour compléter et accompagner la politique en faveur du spectacle vivant, a été mise en
place un dispositif de soutien adapté « aux petits lieux de diffusion
». Il s’adresse aux structures de
diffusion du spectacle vivant établies à Nantes et à statut associatif.
Les aides versées à ces structures peuvent prendre la forme d’un
e subvention de
fonctionnement pour le projet associatif a
nnuel avec un plafond annuel de 75 € par an, d’un soutien
à projet spécifique par le biais d’une subvention exceptionnelle non renouvelable ou d’une mise à
disposition de local.
L’éligibilité est soumise à des critères de qualité artistique
, de soutien et de suivi de
parcours professionnel d’artistes nantais ou locaux. La structure doit bénéficier d’une
reconnaissance artistique ou professionnelle déjà acquise et s’inscrire dans une logique territoriale
par la mise en œuvre d’actions de sensibilisation.
Le dispositif a été mis en place en 2009. En 2011, six lieux étaient soutenus au titre du
spectacle vivant
16
. Le soutien de la municipalité aux petites scènes est ancien. Le nouveau dispositif
s’est traduit par une augmenta
tion de celui-
ci de 60 k€ annuels entre 2008 et 2010. Alors que
six
structures sont concernées par le dispositif, seules trois ont réellement bénéficié d’une évolution
de leur soutien.
Enfin, ce dispositif n’a pas bénéficié d’une évaluation quantitative an
te ou post, la ville
n’ayant fourni aucune estimation chiffrée de la diffusion ou de la fréquentation.
2.3.5
Les publics spécifiques
Les directives nationales d’accès à la culture pour tous incitent à tenir compte des publics
éloignés des pratiques culturelles.
L’empêchement peut être
physique pour les personnes souffrant
d’un handicap, les détenus, les personnes âgées et hospitalisées, ou culturel et social pour les
personnes issues des quartiers prioritaires ou entrant dans le champ de l’insertion sociale. La
ville
de Nantes a mis en œuvre plusieurs dispositifs d’accompagnement de ces publics.
2.3.5.1
Les personnes en situation de handicap
La ville de Nantes a créé le Conseil Nantais des Personnes Handicapées (CNPH), chargé
de générer des propositions pour une politique publique concertée, dans tous les aspects de la vie
quotidienne. Dans l’objectif de l’accessibilité culturelle, un atelier culture a été créé au sein du
CNPH, en septembre 2009 dont les objectifs sont
de rendre accessible physiquement l’offre
culturelle pour tous les différents types de handicap.
Outre la mise aux normes d’accessibilité des bâtiments et établissements municipaux, la
ville inclut
des préoccupations liées au public handicapé dans les projets d’établissements et les
conventions d’objectifs d
es structures et
le service de l’action culturelle accompagne les structures
pour la prise en compte de ces préoccupations.
Un certain nombre d’actions spécifiques ont été
mises en œuvre ou sont envisagées, notamment de l’audio
-description mais, en raison de leur coût,
elles ne peuvent concerner qu’une part très minoritaire de la programmation.
2.3.5.2
Les personnes en situation de précarité
Selon l’analyse de la ville, les acteurs locaux, les acteurs de quartiers, le CCAS ou les
associations développent des proje
ts culturels visant à favoriser l’accès des personnes en situation
précaire. Pour autant, le maillage et les initiatives n’ont pas toujours une visibilité claire entre les
16
Le dispositif concerne également les arts plastiques avec un soutien apporté aux galeries.
CRC des Pays de La Loire
24/52
acteurs sociaux et les acteurs culturels. En outre, les structures culturelles n’ont
pas toujours les
tarifs adaptés.
Dès lors, les objectifs de la ville ont visé à
coordonner les partenaires du champ d’insertion
et ceux du champ culturel, de clarifier et rendre lisible les actions, de communiquer sur l’offre
gratuite ou très accessible
et d’inclure dans les conventions d’objectifs la nécessité de toucher ces
publics.
2.3.6
L’accès par le prix
Dans un objectif de démocratisation culturelle, le prix d’un spectacle, même s’il ne
constitue pas la seule barrière, doit cependant être considéré par les décideurs publics. Les
phénomènes qui ont trait au prix
: l’abonnement qui augmente le besoin de financement en avance,
la prise de risque lorsqu’un billet doit être réservé en début de saison, peuvent également être pris
en compte.
A contrario, la différence entre le prix de vente et le coût du spectacle est couverte par la
subvention, c’est
-à-
dire par l’effort de la collectivité. Un prix trop faible engendrera un effort plus
important. La question de l’équité dans le retour des finances publiques se p
ose ici en fonction des
disciplines.
En dehors d’un suivi
de l’évolution des grilles tarifaires
, la
ville de Nantes n’a pas mis en
œuvre de réflexion sur la politique tarifaire des structures ni sur la question des abonnements.
Néanmoins, elle a mis en place une initiative, intitulée carte blanche, qui a pour objet de réduire le
coût d’achat po
ur les foyers les plus modestes et, en 2014, a introduit des clauses tarifaires pour le
jeune public dans les avenants de deux conventions.
2.3.6.1
L’absence de rôle de régul
ateur
La ville n’impulse pas de politique tarifaire d’ensemble par le biais des relations
contractuelles qu’elle entretient avec les structures de diffusion culturelle. Ces politiques tarifaires
relèvent d’initiatives privées. La seule présence d’aspects
tarifaires dans une convention bilatérale
résulte de la volonté de l’association et non de la ville.
Le deuxième élément tarifaire concerne les abonnements. Là encore, la ville n’intervient
nullement dans les choix individuels ou collectifs des structures. Dans la note de 2009 au maire
précédemment citée, le DGA à la culture envisageait l’appui à un abonnement transversal entre
structures de l’agglomération. Néanmoins, cette ambition n’a jamais été mise en œuvre.
Pourtant la question de l’abonnement n’est pas neutre tant du point de vue de l’accessibilité
culturelle que de celle de la répartition des finances publiques. En termes de gestion interne des
structures, les abonnements permettent une plus grande visibilité sur le déroulement de la saison
assez tôt dans celle-ci, assurent une entrée de trésorerie importante et garantissent une fréquentation
minimum aux choix de programmation plus risqués.
En termes d’économie publique, plus la part des abonnés progresse, plus le prix moyen du
billet diminue, limitan
t ainsi la part des ressources propres dans le financement de l’activité et
accroissant l’importance des subventions publiques pour permettre l’équilibre. Le spectateur muni
d’une place à tarif abonné bénéficie d’un effort public en sa faveur plus importan
t que celui qui paie
le tarif non-abonné.
CRC des Pays de La Loire
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Enfin, en termes d’accessibilité, la place prise par les abonnés peut s’avérer défavorable
aux primo-
accédants à la consommation culturelle. Une personne qui n’a pas l’habitude d’assister à
des spectacles vivants
ne débutera pas directement par la prise d’un abonnement qui le lie à une
structure. L’abonnement nécessite une sortie en trésorerie importante pour les ménages modestes et
une capacité d’anticipation à long terme en contradiction avec les situations de p
récarité. La place
prise par les abonnements peut donc s’opposer tant aux efforts de renouvellement des publics qu’à
celui, plus général, de démocratisation. Elle a tendance à concentrer l’effort public au profit des
spectateurs pouvant accéder à l’abonnem
ent, soit les plus aisés et les plus installés. Par ailleurs,
certaines formules d’abonnement permettent aux abonnés d’être prioritaire
s pour la réservation des
places voire le placement.
L’implication de la ville dans les modalités d’abonnement des structures qu’elle soutient
pourrait être revue à cette aune
, dans le respect du principe de liberté d’association
comme l’indique
la ville dans sa réponse.
Les structures ont individuellement pris des mesures qui atténuent légèrement les constats
précédents. La première initiative remonte aux années 2007 et 2008 : cinq structures
17
de
l’agglomération se sont associées pour proposer un abonnement commun, complémentaire à leur
abonnement propre. Cette formule d’abonnement commun revenait à ce que chacune des
cinq
structures propose deux
spectacles au sein de sa programmation. L’abonné avait un droit de tirage
de cinq
spectacles parmi les 10, avec l’obligation d’en choisir un par structure. En raison de sa trop
grande rigidité, cette initiative n’a pas rencontré de
succès : 84 abonnés la première année et 43 la
seconde. Elle a donc été abandonnée sans qu’aucune formule de remplacement n’ait été envisagée
par les structures ou par la ville.
La deuxième initiative repose sur des accords croisés entre les structures qui font
bénéficier les abonnés de leurs partenaires de tarifs préférentiels dans leur programmation. La
troisième repose sur la collaboration entre plusieurs structures pour monter un parcours jazz et un
parcours baroque.
Ces trois dispositifs permettent à
un spectateur d’atténuer le caractère
éventuellement
contraignant
d’un abonnement vis à vis d’une structure.
Enfin, les contingents de places réservées
aux porteurs de la carte blanche peuvent partiellement atténuer les effets négatifs des abonnements
sur
l’accessibilité.
2.3.6.2
L’initiative «
carte blanche »
En 2012, la ville a lancé le dispositif « Carte Blanche
», qui s’articule autour de deux axes
:
la création d’une carte de réduction nominative attribuée selon
des conditions de ressources
financières et la m
ise en place d’une offre de médiation pour permettre d’amener les publics
éloignés vers des offres identifiées.
Les partenaires de la ville s’engagent dans le projet en signant une charte et sans percevoir
de compensation financière spécifique. Les structures culturelles participantes peuvent notamment
faire bénéficier les porteurs de cartes de tarifs réduits et proposer une sélection d’offres à la
médiation pour des tarifs très réduits.
Un premier bilan de l’adhésion des structures au dispositif fait resso
rtir que sur 40 lieux
affiliés au dispositif, on comptabilise 13 structures ou festivals de diffusion culturelle, dont les
principales structures nantaises. Etant donné la jeunesse du dispositif, aucune évaluation n’en a été
tirée pour l’instant de la part
icipation du public concerné. Néanmoins, les tarifs proposés par les
structures dans ce cadre sont attractifs, se situant souvent au niveau des tarifs très réduits.
17
L’ARC de Rezé, l’ONYX de Saint
-Herblain, le Grand T, Angers-Nantes Opéra et le Théâtre Universitaire de Nantes.
CRC des Pays de La Loire
26/52
2.4
La création
Le soutien à la création constitue l’un des axes traditionnels des politiques
culturelles du
spectacle vivant au côté du soutien à la diffusion et de l’action culturelle. Dans les faits, il peut être
compliqué de séparer les actions en faveur de la diffusion de celles en faveur de la création, cette
dernière alimentant la première. Néanmoins, sur un territoire donné, les deux dimensions sont
moins liées. En effet, les diffuseurs pourraient se contenter d’une simple importation de spectacles
créés et produits en dehors du territoire. Il y a donc un intérêt pour une collectivité comme Nantes
de développer une politique de création à part entière.
Cette politique doit relever plusieurs défis parfois contradictoires. La création a besoin
d’un vivier foisonnant. Tous les projets ne peuvent aboutir à une diffusion mais pour obtenir une
cré
ation intéressante et diffusable, il convient d’entretenir un écosystème créatif diversifié. Par
ailleurs, les créateurs, artistes et compagnies, connaissent des cycles liés tant à leur propre
inventivité qu’à l’évolution de l’environnement artistique
: émergence - structuration - déclin. La
phase créative peut être d’une durée limitée ou pas, les exemples étant nombreux d’artistes créatifs
jusqu’à leur mort. Enfin, les compagnies doivent vendre des représentations de leur spectacle pour
dégager les ressources suffisantes à leur survie, ce qui suppose la juxtaposition, dans de petites
structures, de moyens humains et de compétences très diversifiées allant de l’artistique pur au
technique en passant par l’administratif, la communication et la commercialisati
on.
Les initiatives de la ville de Nantes recensées par l’équipe de contrôle peuvent se répartir
selon quatre axes :
-
un soutien à l’émergence pour des artistes (tant plasticiens que du spectacle vivant)
peu structurés,
-
un soutien aux compagnies plus installées,
-
une contractualisation avec des structures de professionnalisation, de formation et
d’appui aux compagnies,
-
une responsabilisation des structures de diffusion.
En matière chorégraphique, la ville assure une visibilité aux compagnies nantaises grâce à
l’action «
Nantes en Danse » organisée lors du festival Flash Danse du Théâtre universitaire. En
revanche, en matière théâtrale,
la ville ne s’est pas engagée dans la mise en place
d’un dispositif
d’aide à la commercialisation des spectacles produits par les compagnies nantaises à l’image de ce
que fait la région des Pays de la Loire pendant le festival d’Avignon. En effet, depuis 16 ans la
région loue une salle de représentation à Avignon pendant le festival off qu’elle met à disposition de
compagnies rég
ionales sélectionnées sur dossier. Le festival d’Avignon est un évènement théâtral
destiné à la fois à un public plus ou moins passionné et averti et à des professionnels,
programmateurs de salle, qui profitent de l’évènement pour sélectionner les spectacles qu’ils
diffuseront au cours de la ou des prochaines saisons. En 2013, ce sont huit compagnies régionales
qui ont bénéficié de cette exposition dont trois nantaises. La ville de Nantes ni ne s’associe à cet
évènement ni ne mesure ses effets pour les comp
agnies qu’elle soutient.
A contrario, l’organisation des Biennales du Spectacle Vivant (BIS) soutenue par la ville
de Nantes permet de mettre en contact, pendant deux jours, le tissu créatif local avec de nombreux
programmateurs et tourneurs. L’édition 201
4 des BIS a ainsi connu une fréquentation de
11 254 professionnels du spectacle et acteurs de la vie culturelle.
CRC des Pays de La Loire
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2.4.1
Les initiatives de la ville en faveur de l’émergence et de l’expérimentation
: les
Fabriques
L’initiative des Fabriques, dont l’origine date d
u début des années 2000, a été concrétisée
en janvier 2010 avec l’ouverture de la Fabrique Dervallières et à l’automne 2011 avec celle de la
Fabrique Ile de Nantes. Le troisième lieu, la Fabrique Chantenay-Bellevue, ouvrira après la
rénovation de l’ancienne salle de l’Olympic. L’un des axes de ce projet était d’attribuer des espaces
structurés à des artistes expérimentaux et émergents sur le modèle des squats industriels. Les
Fabriques Dervallières, dans une ancienne école élémentaire, et Chantenay, dans l’
ancienne salle de
l’Olympic, répondent à ce besoin.
La Fabrique Dervallières était pleinement opérationnelle début 2013. Elle comporte trois
espaces de résidence, une salle de création, des espaces administratifs, un studio d’enregistrement et
des espaces
communs, l’ensemble étant à destination d’artistes ressortant des arts plastiques ou du
spectacle vivant ou des deux.
Les modalités d’acceptation de ces résidences diffèrent en fonction de leur durée (de
quelques jours à plus de six mois). Pour les durées
courtes, c’est uniquement la chargée de mission
de la DDC qui prend la décision, sur la base de critères définis collectivement par les porteurs du
projet
. L’accueil se fait indépendamment de toute exigence en termes de création, de diffusion,
d’action culturelle ou d’inscription dans le quartier. En revanche, pour les résidences longues, les
demandes sont examinées par un comité ouvert à des associations. L’acceptation est alors assortie
de conditions dont une ouverture sur le quartier des Dervallières et une présentation de la création.
Le soutien ne comporte pas de volet financier mais consiste en une mise à disposition d’espace et à
un appui et à une valorisation des créations. Dans ce cadre, de février 2012 à novembre 2013,
14 projets ont été présentés au public dans le cadre des « Jeudis de la Fabrique ». Cette initiative
répond donc au besoin des artistes émergents et a d’ores et déjà débouché sur des créations
diffusées.
2.4.2
Le soutien aux compagnies
La ville de Nantes soutient financièrement différentes compagnies de création ou
production de spectacles, ressortant de différents champs artistiques : danse, théâtre, musiques, arts
de la rue. Sur les 19 structures qui perçoivent 90 % du soutien financier de la ville, seules trois
constituent en premier ressort des structures de création
: l’ONPL (12 % du soutien sur la période),
Royal de Luxe (4 %) et le Centre chorégraphique de Nantes (1 %). Parmi les 54 structures dont la
subvention de 2011 était supérieure à 23 k€, 17 étaient des structures de création
: formations
musicales, compagnies théâtrales ou chorégraphiques, structures transversales. En outre, la ville
soutient une quantité non-dénombrée par elle de compagnies de création avec des enveloppes
budgétaires inférieures à 23 k€.
Au total, le nombre
de structures de création soutenues par la ville n’est pas connu de
manière synthétique pas plus que le budget qui y est consacré. Seuls les chargés de mission
sectoriels ont une vue globale de leurs secteurs. Aux observations provisoires de la chambre, la ville
de Nantes a répondu que celles-ci
« paraissent surprenantes dans la mesure où selon la
présentation faite, il n’y aurait comme mode pertinent de présentation des différentes aides
attribuées que celles opérant une ventilation entre la création, la d
iffusion et l’action culturelle
. Or,
il y a bien d’autres modes de distinction tout aussi pertinents (sinon davantage) comme par exemple
entre le fonctionnement courant et le soutien aux projets, ou entre le théâtre, la danse, la musique,
etc. La critique
de la Chambre apparaît donc en partie infondée d’autant qu’en suivant cette
logique, il faudrait multiplier à l’infini les critères de distinction. Ce qui, mis en parallèle avec leur
effet utile et leur degré réel de pertinence, doit aussi être apprécié au regard des moyens à engager
pour mu
ltiplier ces critères d’analyse
».
La chambre précise qu’elle n’entend pas critiquer le choix
de présenter l’allocation des subventions par discipline mais elle observe que la ville n’est pas en
CRC des Pays de La Loire
28/52
mesure d’avoir une vue sy
nthétique de son intervention dans le domaine de la création. Connaitre le
nombre de structures de créations soutenues et le budget consacré ne requière pas de moyens
supplémentaires significatifs.
Les conventions encadrant l’attribution des subventions c
oncernent trois aspects : la
création, la diffusion et l’action culturelle. De l’analyse d’un échantillon de conventions
d’associations percevant plus de 23 k€ de subventions municipales, il ressort que
des objectifs clairs
et chiffrés (sur le nombre de cr
éations, de représentations vendues, d’action culturelle) ne sont
présents dans les conventions que lorsque ceux-ci sont relatifs à des dispositifs précis de la ville
comme les créations partagées ou lorsque les conventions incluent d’autres partenaires pu
blics.
Dans ce dernier cas, il est possible de se demander si les objectifs fixés sont ceux de la ville ou ceux
des partenaires. Dans le cas le plus classique, les objectifs fixés ne sont pas contractualisés mais la
ville se réserve la possibilité de juger de ceux-
ci annuellement au moment de l’attribution de la
subvention. Néanmoins, il semble que la formalisation est avant tout dépendante du bon vouloir des
structures. La ville devrait veiller à généraliser cette formalisation.
2.4.3
Le soutien aux structures
d’appui
La ville subventionne des associations dont la mission première ou l’une des missions est
d’apporter un soutien à des artistes. Ce soutien va de la simple aide à l’écriture, à l’édition de
disques en passant par la mise à disposition de studios
d’e
nregistrement ou de salles de répétition.
Ces structures opèrent principalement dans le secteur de la musique.
La principale structure subventionnée dans ce cadre est Trempolino dont la subvention est
passée de 250 à 750 k€ entre 2007 et 2011, puis à 1
058
k€ en 2013 dont 200 k€ de compensation
de redevance. Cette évolution est relative à la mise en place et à la montée en puissance du projet de
la Fabrique Ile de Nantes dont Trempolino est, au côté de Stéréolux, le principal acteur.
Cette évolution semble toutefois peu maitrisée. Ainsi, la direction de la prospective et du
conseil de gestion (DPCG), chargée de donner un avis sur les demandes de subvention des
associations (cf. ci-dessus) notait dans sa fiche-
avis de 2013 sur l’association Trempolino
:
« La
situation de l’association est relativement fragile, son autonomie financière est faible, elle ne peut
financer le développement de ses activités. La dépendance aux financements de la ville est
croissante (43.9 % pour 28.4 % en 2010). Le projet associatif doit être stabilisé, la ville (
…
) doit
maitriser sa participation globale. Sur 2012, la collectivité a été largement sollicitée pour des
versements complémentaires en raison de la non-obtention des subventions prévues des autres
financeurs. La ville n’a pas vocation à pallier ce désengagement. L’association doit apprendre à
gérer au mieux les ressources dont elle dispose en ajustant son activité ».
La chambre n’a pas eu connaissance de documents prévisionnels sur l’évolution de
l’activité de cette association dans le cadre de sa prise en main de la Fabrique de l’Ile de Nantes ni
sur le cadrage budgétaire de celui-
ci et l’implication financière de la ville.
Pourtant, selon la ville et
l’association, un travail a été mené en 2010 entre l’équipe permanente de l’association, son CA et
les partenaires publics pour anticiper l’activité et les besoins budgétaires associés. Ce travail a été
structuré dans le cadre d’un comité de suivi qui s’est réuni tout au long du projet
pour prendre en
compte les évolutions. Or, c
e projet n’est toujours pas stabilisé, notamment dans le périmètre des
dépenses et dans celui des partenaires financiers. C’est la ville de Nantes qui seule assure les
nouveaux de besoins de financement.
Elle a encouragé l’association à modérer son dévelop
pement.
Recommandation n° 3 :
L
a chambre recommande donc qu’à l’avenir les projets
d’équipement s’accompagnent de projets financiers cadrés des associations qui les occupent
et, dans le cas précis de Trempolino, que la ville stabilise rapidement le concours financier
qu’elle apporte.
CRC des Pays de La Loire
29/52
2.4.4
La responsabilisation des structures de diffusion
Dans une fiche de 2008 «
Politique en faveur du spectacle vivant
», les chargés de mission
de la direction du développement culturel ont souligné le rôle crucial de prise de risque et
d’expertise que jouent les programmateurs pour la diffusion des créations. Ils
avaient également mis
en avant le fait
que les grosses productions ont du mal à exister sans l’implication d’un ou plusieurs
diffuseurs dans le cadre des coproductions. En parallèle, ils constataient le relatif retrait des
structures nantaises dont ils notaient une tendance à privilégier les productions extérieures et un
relatif désengagement budgétaire.
La chambre a cherché à actualiser ce point de vue et à comparer l’i
mplication des
diffuseurs nantais
18
à celle de structures similaires dans des villes comparables
19
. Concernant la
danse et le théâtre, ont été analysés le taux de spectacles coproduits ainsi que le taux des
représentations de compagnies de la ville et région
ales pour la saison 2013/2014. Pour l’opéra, sont
analysés les taux des spectacles maison et coproduits.
Pour le théâtre, il s’avère ainsi que 18 % des spectacles programmés par les trois
principaux théâtres nantais sont coproduits. Dans les cinq théâtres de comparaison, ce taux de
spectacles coproduits est de 33 % en moyenne et s’échelonne entre 24 % pour le TN de Toulouse et
41 % pour le TNB et pour la MC2 de Grenoble. A Nantes, le Grand T, avec 23 % de spectacles
coproduit se situerait en bas de cette fourchette.
L’indicateur du nombre de représentations impliquant des artistes de la ville est également
significatif. Seul le TU ouvre ses représentations à des artistes nantais dans une proportion
comparable aux structures des autres villes : 38 % contre une fourchette allant de 19 % (Rennes) à
51 % (Lille). En prenant en compte les troupes régionales, le Grand T
20
est à 12 % et le LU à 13%.
En moyenne, les structures nantaises réservent 21 % de leurs représentations à des compagnies
nantaises et régionales contre 36 % dans les villes de comparaison.
Pour la danse, les choses sont plus équilibrées, le Grand T et le TU étant même plus
ouverts à des compagnies locales, mais pour un volume de représentations plus faible.
Concernant l’opéra, la structure nantaise
se situe pleinement dans la moyenne nationale
tant en ce qui concerne le taux des spectacles produits par la maison (86 % contre 84 % en moyenne
dans 12 autres opéras de région
21
) que pour les spectacles coproduits (43 % contre 39 %).
L’économie générale de l’opéra se caractérise donc par le peu de circulation des productions entre
les différentes maisons. Ce manque de fluidité peut aboutir, au plan national,
à ce qu’un même
opéra soit produit simultanément par plusieurs structures différentes. Ainsi, au cours des saisons
2012/2013 et 2013/2014, la Traviata de Verdi a été produite dans cinq versions différentes par les
opéras de Paris, Montpellier, Marseille, Nantes et, en coproduction, par Limoges, Rennes et Reims.
Les compagnies locales (onze dont huit nantaises) ont assuré le cinquième des
représentations du festival jeune public de 2013.
18
Trois structures de diffusion ont été retenues pour la danse et le théâtre : le Grand T, le Théâtre Universitaire et le
Lieu Unique.
19
Pour la danse : la MC2 de Grenoble, le Pôle Sud de Strasbourg, les Théâtres Nationaux de Bretagne (Rennes) et de
Bordeaux. Pour le théâtre, les mêmes sans la structure strasbourgeoise et avec, en sus, les Théâtres Nationaux de
Toulouse et du Nord (Lille).
20
Dans sa programmation nantaise. Le Grand T, en effet, programme des spectacles dans le département de Loire
Atlantique et recourt pour ce faire fréquemment à des compagnies régionales.
21
Lyon, Strasbourg/Mulhouse, Toulouse, Bordeaux, Nancy, Marseille, Lille, Rouen, Rennes, Montpellier, Tours et
Avignon.
CRC des Pays de La Loire
30/52
Cette comparaison montre que c’est essentiellement pour le théâtre que l’implication des
structures dans la valorisation de la création locale, et dans la création en général, est la moins forte.
En réponse aux observations provisoires, la ville de Nantes s’interroge sur la pertinence
d’impliquer les structures de diffusion dans la valorisation des créations locales. La chambre
indique que le débouché des créations est un enjeu national souligné par plusieurs rapports récents.
De surcroît, elle rappelle que la circulaire de 1999 sur les scènes conventionnées précise que celles-
ci
« jouent un rôle majeur en termes de diffusion régionale et locale, et parfois de coproduction de
spectacles de théâtre, de danse et de musique. »
Le cahier des charges des scènes nationales précise
quant à lui que, sur leur territoire et pour ses habitants, celles-
ci ont pour mission d’accompagner les
professionnels de la création, notamment les compagnies émergentes.
Recommandation n° 4 : L
a chambre recommande à la ville, d’une part, de formaliser
des objectifs en matière de création et de diffusion de celle-ci avec les compagnies et
formations et, d’autre part, de s’assurer que les conventions ave
c les structures de diffusion
comportent des objectifs clairs et quantifiables en matière de création locale et que ces
engagements soient respectés.
3
Le suivi et l’évaluation des différentes initiatives municipales en faveur du
spectacle vivant
3.1
Le suivi et les relations entre la ville et les organismes soutenus
3.1.1
Les rencontres et rendez vous
L’une des premières modalités du suivi des organismes soutenus est l’organisation de
réunions avec leurs responsables. Selon la ville, ces rencontres permettent de faire le point sur
l’avancée des projets soutenus et de vérifier la cohérence de l’activité des structures avec les
objectifs de la ville. Elles viennent en complément de la participation de la ville au conseil
d’administration des structures. Néanmoins, celle
-ci est rare et se limite essentiellement aux deux
syndicats mixtes, à la SEM Folle Journée et au CRDC-
Lieu Unique. Ainsi, au total, pour l’année
2011 par exemple, ce sont plus de 460 rencontres qui ont été tenues dont plus de 100 pour le
montage du projet des Fabriques.
Une association percevant plus de 100 k€ de subvention de la
ville n’a fait l’objet d’
aucune concertation avec la ville cette année-là.
Les chargés de mission sont également présents lors de représentations ou de répétitions,
ce qui leur permet de vérifier, non seulement le caractère effectif du projet, mais aussi la qualité de
sa mise en œuvre. Ils essaient ainsi d’être présents sur les évènements clés ou présentant un intérêt
particulier.
3.1.2
L’exploitation des comptes rendus financiers
L’étude des comptes
rendus financiers et ses annexes est un outil important à la disposition
de la ville pour lui permettre de bien connaitre le niveau de réalisation budgétaire des projets qu’elle
soutient. Lorsque l’association a été so
utenue à plus de 75
k€, ses comptes rendus financiers sont
transmis à la Direction de la Programmation et du Conseil en Gestion (DPCG) qui réalise une étude
financière plus approfondie portant sur l’exécution du budget au regard de l’activité ainsi que sur
la
présentation analytique des résultats de l’association.
CRC des Pays de La Loire
31/52
Hormis, cette analyse, il n’existe pas à la DDC d’outil ni de dispositif permettant de
déterminer le niveau de réalisation des différents projets ni de règles, d’indicateurs ou de seuils
d’alerte
, notamment sur le taux de réalisation budgétaire, définissant un projet comme réalisé ou
pas. Le constat est réalisé au cas par cas par les services de la DDC qui vérifient que le projet a bien
eu lieu et qu’il a bien été diffusé.
De plus, la plupart des dossiers comportent des comptes rendus financiers insuffisamment
complets. Il est dès lors difficile de vérifier que la subvention accordée par la ville de Nantes est
utilisée à bon escient, notamment en
s’assurant
que son montant n’excède pas le coût de l’action
concernée ou que, dans le cas d’une subvention de fonctionnement générale, l’activité de la
structure subventionnée soit bien conforme. Néanmoins, dans le cas des structures les plus
subventionnées, l’activité est soit bien confinée au territoire n
antais (cas des lieux de spectacle) soit
très peu diversifiée (compagnies de théâtre). Un « mauvais » fléchage des subventions est, dès lors,
assez peu probable.
3.1.2.1
Le cas particulier du CREA
Dans un cas au moins, l’absence d’un
compte-rendu financier est préjudiciable au bon
suivi de l’association. Il s’agit du CREA, Centre de Réalisations et d’Etudes Artistiques. Cette
association est spécialisée dans la musique classique. C’est elle qui, par le biais d’une prestation de
service, réalise la programmation de
la Folle Journée. Mais la subvention de 100 k€
perçue de la
ville de Nantes ne concerne que l’organisation de spectacles de musique classique sur son territoire
en dehors de ceux de la Folle Journée. Or l’activité de l’association excède largement le terri
toire
nantais.
Sur la base des documents, tous assez sommaires, à disposition de la ville (rapport
comptable, rapport d’activités, fiche
-
avis de la DPCG), il est possible d’émettre des hypothèses sur
l’utilisation de la subvention nantaise
:
-
l’activité nan
taise dans le cadre des sept Concerts de Musique de Chambre (CMC),
objet de la subvention, compte pour 6 % des évènements organisés par le CREA,
0,5 % des concerts et rassemble 6000 spectateurs ;
-
en regard de ces chiffres, selon la fiche avis dressé par la DPCG, la subvention de la
ville au CREA en 2011 était de 107 k€ pour u
n total de produits perçus de
2 020
k€. Cette subvention compte donc pour 5
% des produits de l’association ;
-
dans la plupart des cas, l’association n’intervient qu’en direction artis
tique. Elle
élabore la thématique et la programmation d’un évènement, participe à sa politique
de communication et est rémunérée pour ce service. Néanmoins, dans le cas des
CMC, la ville de Nantes lui met à disposition des salles dans lesquelles elle
organise elle-même des concerts payants, avec un tarif compris entre 15 et 20
€.
Les 6000 billets génèreraient donc un produit compris entre 90 et 120
k€.
Y compris la subvention de la ville, le compte administratif (CA) de cette
manifestation serait de l’ordre de 190 à 220 k€, soit plus de 10 % des produits du
CREA. Ces concerts étant des concerts de musique de chambre, les charges sont
donc relativement réduites. Pas plus que la ville de Nantes, la chambre ne possède
d’élément sur leur coût. Néanmoins, une estimation peut être réalisée sur la base
des coûts de la Folle Journée. En 2011, les frais artistiques du festival (total des
cachets et contrats de cession, des frais de voyage et hébergement et honoraires de
programmation) a atteint 2,3 M€ pour 247 concerts, soit une moyenne de 9
500 €
par concert. Par translation, le total des charges liées à ces sept concerts pourrait
être évalué à environ 70 k€, somme éloignée tant du CA de la manifestation que
même de la subvention de la ville.
CRC des Pays de La Loire
32/52
Ces développements démontrent que la ville n’est pas en mesure de garantir que sa
subvention corresponde
bien à l’objet visé et n’est pas une subvention générale de fonctionnement.
Or, cette deuxième hypothèse serait, dans le cas du CREA, problématique. En effet, cette
association assure en général des prestations de direction artistique, notamment auprès de
collectivités qui recourent à elle pour établir un programme et contacter les artistes. Ce type de
prestation peut entrer dans le champ des aides d’Etat contrairement à l’activité d’un festival
22
ou
d’une compagnie artistique. Le seuil de minimis est de 200 k€ pour trois ans. Dès lors, les aides
versées par
Nantes, au CREA, à hauteur de 300 k€ sur trois ans, en raison d’absence de traçabilité
de leur utilisation, pourraient relever du cadre juridique
des aides d’Etat.
En réponse aux observations pro
visoires de la chambre, la ville et l’association ont répondu
que la convention les unissant, arrivée à échéance en 2013, a été modifiée afin qu’y soient mieux
développées les activités financées par la ville et qu’un dialogue de gestion avec la direction
du
conseil de gestion a été mis en place en 2014.
Recommandation n° 5
: L
a chambre recommande à la ville de s’assurer que la
subvention qu’elle verse au CREA corresponde effectivement aux objectifs de sa convention et
ne finance pas l’activité concurrentie
lle de cette structure.
3.2
L’évaluation de la politique publique par la ville de Nantes
3.2.1
La pratique d’évaluation de la ville
3.2.1.1
A travers le compte rendu d’activités du centre de ressources
La ville de Nantes établit, par centre de ressources, un compte rendu d
’activités annuel. La
direction du développement culturel établit ainsi son compte-rendu
d’activités. Outre les indicateurs
de moyens dont il a été vu l’inutilité pour évaluer les résultats, le rapport d’activités 2011 du
centre
de ressources 44 comporte u
n certain nombre d’éléments quantitatifs et factuels qui pourraient
constituer l’embryon d’une réflexion évaluative. Néanmoins, ces informations sont trop disparates
pour être réellement utiles. Des organismes importants par le volume de leurs subventions (Royal
de Luxe, Lieu Unique) ne sont pas ou que très légèrement évoqués.
3.2.1.2
La conception de l’évaluation de la direction de la culture
D’après une série de réponses de la ville sur ses pratiques d’évaluation, il ressort que
les
données permettant une évaluat
ion des résultats existent dans les rapports d’activités des structures
ou des documents spécifiques. Mais elles ne sont ni centralisées ni analysées par manque de moyens
humains. En outre au travers de
ses réponses, il apparait que la ville estime qu’elle
n’a pas vocation
à développer un observatoire local du spectacle vivant.
Par ailleurs, alors que la ville a mis en place des outils de billetterie dans ses régies
culturelles (musée Jules Verne, musée des Beaux-Arts) qui permettent de développer une analyse
normée du public, elle n’a aucune ambition de travailler avec les principales structures qu’elle
soutient pour y développer ce type de produit harmonisé.
22
Arrêt
du conseil d’Etat,
Aix en Provence, 23 mars 2007.
CRC des Pays de La Loire
33/52
3.2.2
L’intérêt de recueillir des données évaluatives pour le pilotage de la politique
3.2.2.1
Concernant l’offr
e
La ville n’est pas, à ce jour, en mesure de préciser le nombre de spectacles proposés
annuellement. Elle dispose des rapports d’activité structure par structure mais ne centralise pas les
données. Elle ne peut donc connaître le nombre, par discipline, de spectacles ou de représentations
qui ont été diffusées ou créées et le nombre de spectateurs en ayant bénéficié ni les taux de
fréquentation.
Or, le nombre de spectacles diffusés et la fréquentation qu’ils génèrent peuvent être
considérés comme des indicateurs de performance des structures de diffusion. Le chiffre de la
fréquentation revêt un intérêt
à la fois sur le plan économique, comme élément de l’équilibre et de
l’indépendance financiers des structures, et sur le plan culturel comme indicateur de l’a
dhésion du
public à la programmation.
La centralisation de telles données peut être entreprise par des méthodes assez légères de
fiches de renseignements standardisées que les structures pourraient joindre aux rapports d’activité.
3.2.2.2
Concernant les questions économiques
La ville connaît les différentes offres tarifaires des structures mais ne peut décliner un prix
moyen par spectateur, il est vrai difficilement estimable. De même, elle ne dispose d’aucun élément
d’information sur les politiques d’abonnement.
En conséquence, elle ne connait ni la réalité
économique que rencontrent les spectateurs ni ne peut mesurer l’aide ponctuelle qu’elle apporte en
comparaison de l’effort financier déployé par le spectateur.
Tout comme le point précédent, ces données pourrai
ent faire partie d’une fiche synthétique
à renseigner par les organismes soutenus et centralisées par la ville.
Par ailleurs, Nantes n’a pas réalisé d’étude ou d’observatoire spécifique sur l’économie
globale du spectacle vivant
: le nombre d’entreprises,
d’emplois directs, les retombées économiques
sur le territoire. Un tel travail a été entrepris à la demande de la région et de la DRAC mais les
données n’ont pas été exploitées par la ville.
3.2.2.3
Concernant les publics
La ville ne dispose d’aucune étude global
e sur les publics des activités payantes de
spectacle vivant. Elle n’a pas non plus diligenté d’études à un cabinet extérieur à ce sujet. Elle
dispose des études entreprises par les structures elles-mêmes lorsque celles-ci lui ont fourni sans
avoir cherché à les exploiter.
La connaissance du public est importante pour les structures de diffusion elles-mêmes. Dès
lors, certains organismes s’enquièrent de la composition de leur public,
de leur origine
géographique, de leur milieu social, du
choix d’accès par l’abonnement... Pour autant, nombre
d’entre eux ne s’en préoccupent pas ou mènent des études de public qui ne débouchent pas sur des
résultats exploitables.
Connaître les catégories et les profils des spectateurs permet de comparer leur composition
à celle de la population, selon un certain nombre de critères objectivables : âge, sexe, catégories
socio-
professionnelles. Cette connaissance se doit d’être dynamique, l’objectif des politiques
publiques du spectacle vivant étant souvent la démocratisation, le rajeunissement ou le
renouvellement. Elle permet d’orienter les politiques et les soutiens selon les cibles identifiées
comme sous-représentées.
CRC des Pays de La Loire
34/52
En croisant la connaissance de la composition des publics par discipline avec celle du
soutien public par discip
line également, elle permet également d’identifier les personnes qui
bénéficient des efforts financiers de la ville. Y-a-t-il réellement redistribution ou « redistribution à
l’envers
» ?
En réponse aux observations provisoires de la chambre, la ville a indiqué comprendre
l’intérêt d’une meilleure connaissance du secteur mais reste prudente en raison de l’importance des
moyens à mettre en œuvre pour ce faire.
Par ailleurs elle estime que la création d’un observatoire
culturel, supposé capable de centraliser
l’information et de fournir des analyses transversales, relève
en partie d’une vision idéalisée des choses et n’est donc pas à l’ordre du jour. La c
hambre ne
recommande pas la création d’un tel observatoire formalisé mais estime nécessaire l’acquisition p
ar
la ville d’une connaissance dynamique du secteur culturel qu’elle soutient financièrement et des
effets de ce soutien.
Recommandation n° 6
:
La chambre recommande à la ville de systématiser et
d’harmoniser son recueil d’informations en matière d’occupat
ion des équipements mis à
disposition, d’activité culturelle sur temps scolaire, de comptes rendus financiers et
d’activités, notamment pour l’offre de spectacle vivant, l’économie des spectacles et la
composition des publics afin de pouvoir s’en servir comme base d’évaluation.
3.3
Eléments d’évaluation du spectacle vivant par la chambre
3.3.1
La quantification de l’offre
3.3.1.1
Les structures présentes à Nantes
La ville de Nantes dispose de six structures labellisées par le ministère de la culture
23
, ce
qui la situe au même niveau de dotation que quatre autres grandes villes
24
comparables et à un
niveau inférieur à six autres
25
.
Ce qui caractérise le plus Nantes est l’absence de CDN (ou de Théâtre National)
, qui, selon
la ville, découle de son choix propre. Les villes comparables à Nantes possèdent toutes ce type de
structure. Il y a, en tout 40 CDN en France. Celui des Pays de la Loire se situe à Angers. Or, les
CDN sont des acteurs essentiels du théâtre en France et particulièrement en régions. L’Etat leur
assigne des missions de création et de diffusion. Ils sont bénéficiaires de subventions importantes
du ministère de la culture et de la communication
26
. De plus, ces structures sont généralement
dirigées par des metteurs en scène artistiquement importants
27
.
La deuxième lacune est la faiblesse du Centre Chorégraphique qui, notamment en raison de
la faible surface dont il dispose, est le moins richement doté des 19 CCN de France par le
ministère :
500 k€. Le CCNN se trouvait, en 2010, au 17
ème
rang des subventions publiques en
percevant 953 k€ pour une moyenne de 1,7 M€.
23
Depuis la circulaire du 31 août 2010, il existe dix types de structures labellisées par le ministère de la culture : les
centres nationaux de création musicale (CNCM), les centres dramatiques nationaux (CDN), les centres chorégraphiques
nationaux (CCN), les scènes nationales, les scènes de musique actuelle (SMAC), le réseau national des opéras en
région, le réseau national des orchestres en région, les pôles nationaux des arts du cirque (PNAC), les centres nationaux
des arts de la rue (CNAR), les centres de développement chorégraphique (CDC).
24
Toulouse, Montpellier, Rennes et Grenoble.
25
Marseille et Lille, avec neuf structures, et Strasbourg, Lyon, Bordeaux et Rouen, avec sept structures.
26
Par exemple, 4 M € pour Villeurbanne
; 3,3 M€ pour Rennes
; 2,9 M€ pour Marseille
; 2,5 M€ pour Toulouse
;
2,1
M€ pour Caen
; 2 M€ pour Saint Etienne
; 1,9 M€ pour Dijon et Reims.
27
Par exemple, historiquement comme de manière contemporaine : Marcel Maréchal, Jean-Louis Benoit et Macha
Makeïeff à Marseille ; Christian Schiaretti à Reims puis à Villeurbanne ; Stanislas Nordey à Rennes ; Gildas Bourdet et
Daniel Mesguich à Lille ; Georges Lavaudant à Grenoble.
CRC des Pays de La Loire
35/52
Cette faiblesse des structures labellisées par le ministère tient notamment à des raisons
historiques et est partiellement compensée par le réseau des scènes conventionnées, qui ne sont pas
des structures labellisées et, à ce titre, bénéficient d’un soutien moindre de l’Etat. En prenant en
compte les deux scènes conventionnée nantaises (TU et Grand T), l’ARC de Rezé et l’ONYX de
Saint-
Herblain, l’agglomération devient l’une des plus richement dotées après Marseille et Lille et à
égalité avec Lyon.
La situation nantaise se caractérise donc par le nombre de structures entrant dans le cadre
du soutien du ministère de la culture plus que
par l’importance de celles
-ci. La ville est consciente
de cette lacune, notamment concernant le théâtre, et tente de la compenser en favorisant les
coopérations entre acteurs, ce qui a abouti, par exemple, à l’accueil de la compagnie d’Ariane
Mnouchkine pour une quinzaine de dates en 2011.
3.3.1.2
L’offre globale du secteur soutenu par la ville
Les 11 principales structures permanentes
28
soutenues par la ville proposent sur une année
environ 400 spectacles différents pour 640 représentations. La musique compte pour la moitié des
spectacles mais seulement le tiers des représentations. Le théâtre représente moins du cinquième des
spectacles proposés mais le tiers des représentations. Les spectacles chorégraphiques représentent
5 % des spectacles et des représentations.
En prenant en compte les évènements ponctuels (Rendez-v
ous de l’Erdre, Folle Journée),
le nombre annuel des levers de rideau des structures soutenues par la ville (les années de Festival
« Petits et Grands
») serait d’environ 1250, avec un net renforceme
nt du poids des concerts, qui
représentent plus de la moitié des représentations, notamment des concerts de musique classique, au
détriment du théâtre, qui ne compte plus que pour moins du cinquième des représentations.
En parallèle, l’offre privée ou sem
i-privée est importante. Parmi celles-ci, le TNT, géré par
l’association Désir des Arts, qui perçoit 50 k€ de subvention ann
uelle, organise par exemple
576 représentations pour 113 spectacles mais avec une jauge très réduite.
En volume de représentations, les principaux contributeurs sont le Grand T avec
130 représentations, le Stéréolux avec 105 concerts et la salle Vasse avec 108 représentations.
Suivent le Lieu Unique avec 78 représentations. La programmation des autres structures
significativement soutenues par la ville se situe entre 40 et 50 représentations par an. Dans la
région, selon l’étude précitée, les scènes conventionnées et labellisées programment en moyenne
plus de 90 représentations par an.
Le ratio de représentation par spectacle programmé est faible pour les structures à
dominante théâtrale ou pluridiscipl
inaire à Nantes lorsqu’on le compare aux habitudes de
programmation présentes dans des villes comparables
29
.
En revanche, en ce qui concerne l’opéra,
le ratio de l’ANO est très proche du ratio moyen des opéras de province.
28
Lieu Unique, Angers Nantes Opéra, le Théâtre U
niversitaire, le Grand T, le Pannonica, le Stééolux, la Bouche d’Air,
la programmation en propre du Conservatoire de Nantes (l’Heure Musicale du Jeudi), la programmation du CREA au
sein du conservatoire (Concerts de Musiques de Chambre), la programmation d
es concerts de l’ONPL à la Cité des
Congrès, la salle Vasse.
29
Concernant la danse, la moyenne des ratios du TU, du LU et du Grand T est de deux représentations par spectacle. En
comparaison,
ce ratio s’élève au minimum à trois
pour Pôle Sud, scène danse de Strasbourg, et pour le MC2 de
Grenoble. Il est de quatre au TNB de Rennes et de 5,4 au TN de Bordeaux. La différence est plus marquante pour le
théâtre. La moyenne nantaise est de 3,6 représentations par spectacle. Le nombre moyen de représentations par
spectacle pour les cinq structures de comparaison- les mêmes plus le TN Toulouse et le Théâtre du Nord et moins Pôle
Sud est de 6,4, soit trois représentations de plus et peut même atteindre 8,6.
CRC des Pays de La Loire
36/52
A nombre de représentations constant, l
’augmentation du
ratio de représentations par
spectacle permet de diminuer la part des coûts fixes mais accroit le risque de moindre remplissage
et donc de perte de recettes alors que les charges variables augmentent. En se positionnant à des
niveaux faible du ratio représentations/spectacle, et alors que les taux de fréquentation sont en
général élevés, les structures nantaises font donc un choix de programmation qui accroit leurs coûts.
L’offre de places au public nantais par les structures de dif
fusion permanentes peut être
estimée, en se basant sur leur jauge, autour de 450 000 places, soit 1,6 place par habitant de la ville.
A ce chiffre, il faut bien sûr ajouter les places des festivals, dont 150 000 pour la seule Folle
Journée. Dans ce total,
l’offre payante de musique représente
environ 60 % des places dont 25 %
pour la seule musique classique et l
’opéra
.
A l’exception de la Folle Journée, la principale structure du spectacle vivant, en termes de
nombre de places offertes à la vente, est le Grand T, structure essentiellement soutenue par le
département, avec plus de 100
000 places, suivi de Stéréolux et des concerts de jazz et de l’ONPL à
la Cité
avec environ 70 000 places chacun.
En dehors de cette offre portée par des structures publiques ou financées par des
subventions publiques, la ville de Nantes connait une activité privée dans les cafés concerts, les
théâtres privés et surtout à la Cité des Congrès. Celle-ci, en 2013-2014 propose ainsi environ
130 000 places pour des spectacles de tourneurs : one man show, chanson, ballets, pièces de théâtre
de boulevard.
3.3.2
La connaissance des publics
3.3.2.1
Les abonnés
Les chiffres qui concernent les abonnements sont extraits des rapports d’activité des
structures ou des précédents rapports de la chambre. Ils font en général référence à des saisons assez
anciennes.
Nombre
d’entrées
Nombre
d’abonnés
% des places
abonnés
Année de
référence
Lieu Unique
23 241
2 395
43 %
2008/2009
Grand T
100 422
9 013
49 %
2010/2011
Angers Nantes Opéra
23 651
2 200
30
58 %
2009/2010
31
Bouche d’Air
16 731
1 012
29 %
2011/2012
Le nombre de places achetées par des abonnés dans le total des entrées payantes varie,
pour les quatre structures nantaises, entre 29 et 58 %. Pour les quatre structures nantaises, les places
occupées par les abonnés ont été de 78 000 sur les 164 000 vendues.
Ces chiffres sont des moyennes et masquent des taux d’abonnés plus importants en
fonction des spectacles. Ainsi, au Grand T, 45 % des spectacles de théâtre de la saison 2009/2010
étaient remplis à pl
us de 70 % par des abonnés. A l’Opéra, le public des représentations de
« Manon
» de Massenet à Nantes, en septembre et octobre 2009, était composé à 70 % d’abonnés
;
celui de «
l’Elixir d’Amour
» de Donizetti, en mai 2011, à 63 %. Cette importance des abonnés
diminue nettement le nombre de spectateurs par rapport aux entrées vendues.
30
Pour ANO n’ont été prises en compte que les places «
abonnés » pour les représentations nantaises. Le taux étant plus
fort à Nantes qu’à Angers, le taux pris en compte ici est supérieur au taux publié dans le RA.
31
La chambre disposait des chiffres 2010/2011 mais ceux-ci concernent une saison peu représentative car limitée en
nombre de spectacles diffusés par les travaux qui ont eu lieu au théâtre Graslin.
CRC des Pays de La Loire
37/52
Par ailleurs, des phénomènes de multiabonnement
32
existent. Un même spectateur peut être
abonné à plusieurs structures, ce qui diminue encore la population des habitués de la consommation
culturelle dans les structures permanentes par rapport au nombre d’entrées.
Une meilleure connaissance des pratiques d’abonnement permettrait à la ville d’évaluer
plus précisément la population des bénéficiaires réguliers de sa politique de subventionnement du
spectacle vivant.
3.3.2.2
La structure démographique des spectateurs
L’âge des spectateurs constitue un indicateur pertinent pour mesurer la réussite de l’un des
objectifs des politiques du spectacle vivant, à savoir le renouvellement du public.
Les données sur cette question sont rares : une structure importante comme le LU
n’apporte pas de renseignement sur cette question
; des structures comme le TU ou le Grand T
disposent indirectement de ce type de renseignement par le biais des catégories socio
professionnelles. Angers-Nantes Opéra, la Folle Journée et Stéréolux ont publié ou publient des
données, reprises dans le tableau suivant :
Par tranche d’âge
<25
26-64
>65
Angers Nantes Opéra
33
(09/10)
13 %
62 %
25 %
Par tranche d’âge
<30
30-40
40-50
50-60
>60
Folle Journée
34
(2009)
15 %
8 %
13 %
23 %
42 %
Par tranche d’âge
<20
20-24
25-34
35-44
>45
Olympic/Stéréolux
35
(2011)
16 %
15 %
47 %
15 %
7 %
Stéréolux constitue un cas à part. Du fait de sa programmation de musiques actuelles, cette
structure attire un public bien plus jeune que les autres : 31 % ont moins de 25 ans et seulement
22 % ont plus de 35 ans. Néanmoins ce public vieillit également dans le temps. En 2001, les moins
de 25 ans représentaient 62 % des possesseurs de carte Olympic et les plus de 35, 5 %.
Concernant les trois autres structures, la part de la tranche démographique la plus âgée est
très représentée
: 25 % des abonnés individuels de l’ANO, en sachant que parmi les abonnés
collectifs de l’opéra, qui représentent 28 % du to
tal des abonnés, les clubs du troisième âge sont très
représentés
36
; 42 % de l’échantillon de spectateurs de la Folle Journée
; 35 % des abonnés de
l’ARC. Ce constat recoupe celui du Grand T où les retraités comptent pour 40 % des abonnés. Ces
taux ont eu tendance à progresser au cours des dernières années, le taux des plus de 65 ans était de
21 % à l’ANO en 2008/2009, ou à rester stable. Selon l’INSEE,
en 2011, les plus de 60 ans
représentaient 18 % de la population nantaise et 20 % de la population de l’a
gglomération.
En parallèle, la part des plus jeunes est faible. Elle a progressé dans le cas de l’opéra mais a
régressé dans celui de la Folle Journée.
Les tendances au vieillissement du public
,
conformes aux tendances nationales, devraient
amener la ville, au titre de ses objectifs déclarés de démocratisation et de renouvellement des
publics, à envisager d’engager des recensements plus exhaustifs de la démographie des
spectateurs
et de leur évolution dans le temps.
32
Seule l’ONYX, en 2009, a publié des données sur le multiabonnement, sur la base d’un sondage qu’elle avait réalisé.
Sur les 117 abonnés ayant répondu, le son
dage comptabilisait 107 abonnements à d’autres structures. 26 % de ces
abonnés étaient également abonnés au Lieu Unique et 22 % l’étaient au Grand T.
33
Pourcentage des abonnés individuels d’après le rapport d’activités de la structure
.
34
D’après un sondage
sur un échantillon de spectateurs repris dans le RIOP de la SEM.
35
Pourcentage des cartes Olympic/Stéréolux d’après le rapport d’activités de l’association
.
36
Selon le RA du SMANO,
« [Les séniors] restent très actifs dans les associations et, bien sûr, dans les universités et
clubs inter âges
».
CRC des Pays de La Loire
38/52
3.3.2.3
Les données socio-professionnelles
Les données socio-professionnelles sur les publics sont encore moins disponibles. Il est
possible d’en trouver dans les rapports d’activités de Stéréolux et de la Folle Journée, ainsi que dans
une structure de l’agglomération, l’ARC de Rezé.
Les données socio-économiques sur le public de Stéréolux possèdent une certaine
profondeur historique. Elles permettent de constater une progression des cadres, enseignants et
professions libérales ainsi que des employés, ouvriers et professions intermédiaires, respectivement
en hausse de +
12 et + 6 points. Cette progression s’est faite en parallèle de la diminution de
respectivement treize et cinq
points des étudiants et élèves et des demandeurs d’emploi. De fait,
cette évolution correspond au vieillissement du public évoqué précédemment.
Dans les deux structures nantaises, en fin de période, les cadres, enseignants et professions
libérales comptent pour environ 30 % du public alors que les employés, ouvriers et professions
intermédiaires se situent entre 15 et 20 %. Dans le cas de la Folle Journée, les ouvriers sont absents.
En comparant ces résultats à la répartition de la population nantaise en catégories socio-
professionnelles selon l’INSEE, il s’avère que
le public des retraités et des cadres et professions
intellectuelles est bien plus représenté que sa proportion réelle au sein de la population alors que
celui des employés, ouvriers et professions intermédiaires est moins représenté.
Les quelques rares exemples de composition du public et leurs divergences avec la
composition réelle de la population sont peu surprenants tant ils correspondent à la situation
nationale. Néanmoins, une politique visant à la démocratisation du spectacle vivant devrait s’assurer
que les faits ne sont pas trop éloignés de la réalité et ainsi m
ieux mesurer son public et l’évolution
de celui-ci.
Par ailleurs, la sur représentation des retraités et des « seniors » (cf. le point précédent)
dans les publics pourrait amener la commune à examiner le bien-fondé de politiques tarifaires
favorables à cette catégorie de population
37
.
En réponse aux observations provisoires de la Chambre, la ville indique qu’elle doute
« de
la pertinence d’engager de lourds moyens d’investigation pour une meilleure connaissance des
publics alors qu’
il est de notoriété partagée par tous que les publics fréquentant les lieux de
diffusion culturelle ne sont pas représentatifs, sur le plan socio-professionnel et économique, de la
population. J’ajoute que le fait de vouloir démocratiser l’accès à la culture n’implique pas pour
au
tant d’engager des mesures préalables de connaissance du public pour en justifier le bien
-
fondé. »
La Chambre rappelle que l’intérêt d’une telle démarche n’est pas de connaître la
composition du public en un instant donné mais de pouvoir mesurer les évolutions de cette
composition sur une plusieurs années
afin, non pas de justifier l’objectif de démocratiser l’accès à la
culture, mais plutôt de vérifier que les actions menées en ce sens sont, ou pas, efficaces.
3.3.2.4
L’origine géographique du public
D’après des données présentes dans les rapports d’activité de quatre structures nantaises et
deux structures de l’agglomération
38
, le rayonnement des structures permanentes est essentiellement
restreint au département de Loire Atlantique qui procure environ 95 % de leur public. Seul le
Stéréolux, qui attire 20 % de son public à
l’extérieur du département et la Folle Journée, évènement
temporaire de portée internationale qui attire ainsi 40 % de son public possèdent un rayonnement
extra départemental.
37
Par exemple, ANO a un tarif réduit à l’abonnement aux
plus de 65 ans sans critères de ressources.
38
La Bouche d’Air, Le Grand T, Angers Nantes Opéra et la Folle Journée
; l’ARC (Rezé) et l’Onyx (Saint
-Herblain). Il
existe également des données relatives dans les RA de Stéréolux et de l’ANO
.
CRC des Pays de La Loire
39/52
Pour les structures permanentes nantaises, les résidents de la ville représentent entre 50 et
60 % du public. Entre le quart et le tiers du public provient des autres communes de la Communauté
urbaine et environ 15
% du reste du département. Dans les structures de l’aggloméra
tion, les
résidents de Nantes comptent pour le quart du public. Les résidents des villes en question
représentent entre 30 et 40 % du public.
Ces chiffres, qui mériteraient une fois encore d’être complétés, confirment le caractère
d’agglomération du specta
cle vivant. Ils démontrent que les subventions nantaises bénéficient
également, et classiquement, à un public non nantais. L’existence d’autres financeurs publics ainsi
que l’importance du public nantais dans les structures de l’agglomération viennent atté
nuer ce fait.
Néanmoins, ces flux ne peuvent compenser les charges de centralité assumées par la ville. Face à
ces constats, il est regrettable de relev
er l’absence de toute enceinte de dialogue métropolitain sur
ces questions.
3.3.2.5
Synthèse sur les publics
Les quelques éléments distillés dans les quatre chapitres précédents peuvent aider à dresser
un portrait du public nantais du spectacle vivant :
-
souvent abonné, ce qui pose un problème d’accessibilité pour les non abonnés et
réduit certainement le nombre de bénéficiaires,
-
plutôt âgé, mises à part les structures dédiées à la jeunesse, et vieillissant, y compris
pour ces structures,
-
appartenant plus fréquemment aux catégories socio professionnelles « supérieures »
que la normale,
-
habitant l’agglomération nantai
se plus que la ville stricto sensu.
Il se dégage de ces quelques éléments que la volonté de démocratisation, objectif central de
la politique du spectacle vivant, se confronte à la réalité d’un public apparemment bien plus
restreint.
Face à cela, certaines initiatives, comme les créations partagées, réussissent à mobiliser un
public nouveau et relativement nombreux : 150 000 personnes touchées en 2010/2011. Mais les
budgets qui y sont consacrés sont sans commune mesure avec les subventions accordées aux
structures classiques : 219
000 €. Par ailleurs, les spectacles des Géants de Royal de Luxe (2009,
2011 et 2014) assemblent dans les rues de Nantes des centaines de milliers de personnes. Mais la
brièveté de l’exposition de ce public au spectacle et leur irré
gularité ne peuvent compenser les
constats précédemment dressés. Néanmoins, pour la ville,
« le caractère exceptionnel de ces
spectacles et leur dimension de « fête collective » peuvent largement contribuer à permettre cette
démocratisation culturelle. »
3.3.3
L’économie du secteur nantais et la répartition des subventions publiques
3.3.3.1
La répartition du coût des représentations par l’achat privé et la contribution
publique
La chambre a analysé les rapports d’activités et les comptes rendus financiers des
neuf
principales structures permanentes de diffusion pour évaluer les niveaux de subvention et de
billetterie par fauteuil occupé (les tableaux correspondants sont présentés en annexe 3). Elle en tire
les enseignements suivants.
CRC des Pays de La Loire
40/52
La répartition de la contribution individuelle et de la contribution publique est très
hétérogène. Schématiquement, on peut découper l’échantillon de
neuf structures en trois groupes :
-
les structures où le spectateur assume plus de la moitié du coût de sa place : la Folle
Journée (58 %) et le TNT-Désir des Arts (55 %),
-
les structures où la participation du spectateur n’est pas majoritaire mais reste
importante
: Stéréolux (47 %) et la Bouche d’Air (38 %),
-
les structures où la participation du public est très minoritaire : ANO (7 %), le TU
(17 %), le LU (12 %), le Pannonica (13 %), le Grand T (20 %).
Il n’est pas possible de tirer de ce faible échantillon des enseignements en termes de
disciplines. Les taux de subventionnement de la Folle Journée et du TNT sont faibles pour des
raisons différentes. La Folle Journée est un festival concentré sur cinq jours, fondé sur une formule
de production en masse de représentations
et de maîtrise des coûts par l’inscription de l’évènement
dans un circuit étendu à toute la France et par la limitation de la durée des concerts. De plus, cette
manifestation fait appel de manière très importante à des ressources issues du secteur privé, qui
comptent à peu près pour le tiers du budget de l’évènement. Le TNT est un théâtre à petite jauge où
le coût des représentations est modéré.
Les deux structures appartenant au groupe intermédiaire diffusent toutes deux des
musiques actuelles dont les publics sont en général plus jeunes que la moyenne.
Les cinq structures du groupe où le déséquilibre entre la contribution individuelle et les
contributions
publiques est le plus grand appartiennent à des champs disciplinaires différents. Les
tranches d’âge intéressées sont également variées.
Le total des contributions individuelles et des contributions
par spectateur forme une
approximation du coût des représentations ramené au spectateur, en prenant en compte les charges
variables des représentations et les charges fixes de la structure. Là encore, les sommes varient
fortement d’une structure à l’autre, dans une échelle allant
de 11 € pour le TNT
-Désir des Arts à
208 € pour Angers Nantes Opéra. Mais ces chiffres ne sont pas en soi explicites. Les variations
s’expliquent par plusieurs facteurs
:
-
le coût des spectacles achetés,
-
la jauge de la salle qui explique les coûts unitaires importants du Pannonica et leur
différence avec ceux de la Bouche d’Air par exemple,
-
les taux de fréquentation et le nombre d’invitations qui peuvent concentrer le coût sur
un nombre restreint de spectateurs,
-
l’intensité de la prise en charge de la créat
ion par la structure de diffusion.
La ville ne dispose ni des retours d’information (sur le nombre de spectateurs exonérés et
la raison des exonérations par exemple) ni de l’analyse de l’information disponible (sur les taux de
fréquentation par exemple) ni
des méthodes d’encadrement de l’attribution des subventions pour
analyser cet indicateur du coût des représentations.
En regard de la grande variabilité précédemment décrite, la prise en charge par les
spectateurs est relativement homogène, le montant de la billetterie ramené au nombre de spectateurs
variant entre 12 et 19 €. Mais cet indicateur masque là encore des disparités dues à des situations
particulières. De fait, en ne prenant en considération que les recettes de billetterie et les spectateurs
lyriques de l’ANO à Nantes, la recette par spectateur payant serait de 22 €, donc légèrement au
-
dessus de la fourchette.
Il n’y a donc à Nantes que très peu de corrélation entre le coût des spectacles et le prix des
billets.
CRC des Pays de La Loire
41/52
Les sommes unitaires des soutiens au spectateur sont, en valeur absolue, importantes
voire très importantes. Un spectateur moyen assistant à une représentation sera bénéficiaire d’une
contribution de la ville de Nantes, par exemple, de 65 € au Lieu Unique, de 31 € au TU, de 132 € à
l’opéra et de 18 € au Stéréolux. Pour la seule activité lyrique de l’ANO, le spectateur payant qui
débourse en moyenne 22 € bénéficie d’une contribution de la ville de 210 € et publique de 330 €.
Ces chiffres marquent donc l’importance du soutien public à la consommation et
soulignent les éventuelles inégalités entre ménages
en fonction de la composition et de l’intensité de
leur consommation culturelle.
La ville de Nantes a mis en place l’initiative carte blanche qui permet aux ménages à
revenu modeste d’accéder à la consommation culturelle à un prix faib
le et les structures citées ont
toutes des tarifs réduits ou très réduits qui ont le même effet. Mais au-delà de ces initiatives, la ville
devrait être attentive à ce que les structures les plus subventionnées, selon les critères vus dans le
présent chapit
re, facilitent l’accès du plus grand nombre à la consommation culturelle
:
-
en limitant l’impact des formules d’abonnement et de réservation des billets sur
l’accès,
-
en faisant en sorte que les structures les plus bénéficiaires de subventions publiques
soient également celles qui soient le plus ouvertes à tous les publics, et notamment
aux scolaires, et consacrent une partie de leur budget à l’action culturelle.
Recommandation n° 7 :
la chambre recommande à la ville de rester vigilante à
favoriser l’accès du
plus grand nombre aux structures les plus soutenues à la fois par l’action
culturelle et par une approche globale de l’accès tarifaire,
tenant compte notamment des
formules d’abonnement.
3.3.3.2
Le financement de l’action culturelle et de la sensibilisation des j
eunes publics
Les données sur le budget des structures consacré aux actions culturelles et à la
sensibilisation des jeunes publics sont rares. Mais il apparait qu’il est compris entre 5 et 8
% pour
trois structures nantaises : le Grand T,
la Bouche d’Air e
t le Stéréolux. Le pourcentage du budget de
l’opéra consacré à ce type d’action varie significativement selon les saisons, la saison 2013/2014
manifestant un allant plus grand que les années 2010 et 2011.
L’ONPL propose une offre significative à destinati
on des « publics éloignés » et des jeunes
et scolaires
39
et la quantifie. Néanmoins, les retours pour la population nantaise ne sont pas mesurés.
Le budget qui est consacré à ces actions n’est pas non plus indiqué.
D’autres structures, dans la même situation de soutien important que l’ONPL, comme le
Lieu Unique, ne semblent pas avoir développé ce type d’initiatives. D’autres encore, dont les
budgets et les subventions sont plus faibles, comme le Pannonica, ont engagé plusieurs actions à
destination de ces publics sans que celles-ci ne soient mesurées ni identifiées budgétairement.
Globalement donc, l’encadrement de l’action culturelle des structures soutenues par la ville
souffre de plusieurs maux :
-
elle est insuffisamment tracée dans les moyens mis en œuvre,
-
ses résultats sont insuffisamment mesurés,
39
2 400 élèves de primaire accueillis dans des concerts à Nantes ; 650 élèves des collèges de Loire Atlantique et du
Maine et Loire ; 850 lycées et apprentis de la région des Pays de la Loire ; 1450 étudiants bénéficiant des « campus en
musique » ; 1 829 spectateurs étudiants à la Cité ; 8
140 jeunes de moins de 25 ans bénéficiant des tarifs à 3 € des
concerts symphoniques soit environ 12 % du public.
CRC des Pays de La Loire
42/52
-
les structures les plus soutenues par la ville ne contribuent que selon les années
(ANO) ou pas (LU) à ces actions.
Recommandation n° 8
:
la chambre recommande à la ville d’inscrire des objectifs
clairement défi
nis liés à l’action culturelle et au travail à destination des publics spécifiques
dans ses conventions avec les structures du spectacle vivant, tout en respectant le principe de
liberté d’association
; d’affecter formellement une partie de ses subventions
à ces objectifs ; de
quantifier et évaluer ceux-ci et de sanctionner leur non-respect
; d’inclure dans les
conventions des références au plan «
Nantes s’engage
» et à l’initiative «
l’Art en partage
».
CRC des Pays de La Loire
43/52
Annexe 1 : Définitions et principes du spectacle vivant
Le spectacle vivant a été défini comme «
la rencontre physique entre des interprètes, un
public et une œuvre artistique
40
». Le terme «
vivant
» renvoie aux conditions de simultanéité et de
proximité dans lesquelles le spectacle est diffusé. Il s’oppo
se donc au terme « enregistré » qui
s’applique aux spectacles diffusés tant dans des cadres collectifs (cinéma) qu’individuels (radio,
télévision, internet).
Pour autant, cette définition simple du spectacle vivant ne doit pas faire oublier que ce
secteur, par sa diversité et sa complexité, se prête mal aux tentatives de délimitation et de
segmentation trop strictes. Il peut être identifié au travers de quatre critères : artistique, économique,
institutionnel et selon les statuts professionnels.
Le secteur du spectacle vivant peut être segmenté sur la base des différentes formes
artistiques qui le composent : théâtre, musique, opéra, danse, marionnettes, cirque, etc. Ces
différentes formes renvoient à des savoirs et des techniques artistiques différents dont
l’existence
ressort par exemple dans les structures mises en place par le ministère de la culture : réseau des
opéras nationaux, scènes de musique actuelle, centres chorégraphiques nationaux, centres
dramatiques nationaux, pôles nationaux des arts du cirque. Néanmoins, la frontière entre les
différentes disciplines est parfois difficile à déterminer. Cette perméabilité des frontières
disciplinaires se retrouve dans la programmation des structures de diffusion de l’agglomération
nantaise qui, à côté de leur programmation dominante, adjoignent généralement des spectacles
d’autres disciplines tout en maintenant cependant une cohérence globale de la programmation.
Le critère économique conduit à différencier les entreprises du spectacle vivant selon deux
axes.
D’une part, ces structures peuvent être différenciées selon l’activité qu’elles exercent dans la
chaîne qui conduit de la production à la diffusion : création/production (compagnies, formations
musicales), distribution (tourneurs), diffusion (structures permanentes, festivals, collectivités).
Néanmoins, les entités ne se cantonnent pas à une seule activité. Ainsi, la plupart des structures de
diffusion permanentes significatives de Nantes interviennent dans le champ de la création et de la
production.
D’aut
re part, les structures peuvent être différenciées selon leur mode de financement.
Trois groupes ressortent schématiquement : les entités dont le budget est majoritairement couvert
par des subventions publiques, notamment les structures de diffusion, les e
ntités dont l’exploitation
est peu subventionnée mais dont l’activité est fortement conditionnée par les achats des structures
de diffusion, la commande publique ou l’aide à projet, comme les compagnies et formations
musicales, et enfin les entités du secteur privé telles que les théâtres privés, les cafés théâtre ou
autres petits lieux de diffusion.
Institutionnellement, les structures du secteur ressortent très majoritairement du régime
juridique du spectacle vivant, défini par l’ordonnance du 15 octobre
1945 dont les dispositions ont
été depuis lors intégrées dans le code du travail. C’est sur la base de l’article L
. 7122-1 de ce code
41
que les collectivités publiques peuvent faire le distinguo entre le secteur économique du spectacle
vivant et la pratique amateur, le présent rapport ne ciblant pas cette dernière.
40
Robin,
l’organisation du spectacle vivant
, Conseil économique et social, journal officiel, 1992.
41
«
Les dispositions de la présente section s'appliquent aux entrepreneurs de spectacles vivants qui, en vue de la
représentation en public d’une œuvre de l’esprit, s’assurent la présence physique d'au moins un artiste du spectacle
percevant une rémunération
. »
CRC des Pays de La Loire
44/52
La forme juridique des entités concernées n’est pas uniformisée. La majeure partie
appartient au modèle associatif mais il est également possible de trouver des sociétés commerciales,
des régies ou des syndicats mixtes. Seule une forme juridique a été pensée pour le secteur culturel :
l’établissement public de coopération culturelle (EPCC)
42
.
Les EPCC, qui peuvent selon leurs activités et la volonté de leurs fondateurs, prendre la
forme d’un établissement public administratif ou d’un établissement public industriel et
commercial, ont été créés par la loi du 27 février 2002. La particularité des EPCC est de constituer
des établissements publics où coopèrent différents niveaux de collectivités. Dans
l’esprit de leurs
promoteurs, ils permettaient ainsi de concilier, d’une part, les intérêts de l’Etat et de la principale
collectivité de financement, et, d’autre part, le positionnement de la principale collectivité de tutelle
avec les collectivités minoritaires dans le financement. Les différences majeures avec un statut
associatif reposent d’une part dans la composition du conseil d’administration où les collectivités
publiques et l’Etat occupent une place majoritaire et, d’autre part, dans l’appartenanc
e de ces
structures à la sphère publique. Ainsi, le degré d’autonomie de ces structures par rapport aux
collectivités est plus faible que dans le cas d’une association. On ne compte, début 2014, que deux
EPCC dans l’agglomération nantaise
: l’ONYX de Saint
-Herblain et le Grand T de Nantes, mais
dont le principal financeur est le département.
Enfin, le code du travail définit le spectacle vivant comme un secteur d’activité où il est
d’usage constant de ne pas recourir au contrat à durée indéterminée en raiso
n de la nature de
l’activité exercée et du caractère par essence temporaire de ces emplois. Dès lors, le régime dit de
l’intermittence du spectacle correspond à cette forme d’emploi. C’est sous ce régime que travaille la
majeure partie des artistes du spectacle vivant mais aussi une grande partie des techniciens.
L’intermittence est donc une caractéristique très forte des activités du spectacle.
42
Créés par la loi du 27 février 2002 relative à la démocratie de proximité.
CRC des Pays de La Loire
45/52
Annexe 2 :
La légitimité et les fondements de l’intervention des pouvoirs
publics dans le spectacle vivant
Élé
ments sur l’économie du spectacle vivan
t
La production de spectacle vivant se caractérise par sa forte intensité en main d’œuvre
:
artistes, intermittents, ouvreurs, etc. Le coût induit par celle-ci augmente encore avec la « taille » du
plateau artistique, qui comporte deux dimensions, la renommée des artistes et leur nombre. Par
ailleurs, ce secteur est également marqué par une faible productivité et la quasi-impossibilité de
dégager des marges de productivité importantes et par le fait que la quantité de travail ne peut être
diminuée sans altérer la qualité du produit. Il en découle que le coût des spectacles est en général
assez élevé.
Pour couvrir ce coût, hors de toute intervention publique, la ressource principale est
commerciale. Pour les structures d
e diffusion, il s’agit avant tout de la billetterie
43
. Cette recette
dépend de deux paramètres : le prix unitaire du billet et le volume de billets vendus. Le volume de
billets vendus est une résultante du nombre de représentations et du nombre de fauteuils disponibles
pour chaque représentation. Multiplier le nombre de représentations permet de diminuer la part des
coûts fixes (coûts de création du spectacle, coûts de transport, d’installation et de communication)
mais se heurte au risque d’abaisser la fréq
uentation globale. Il est donc du ressort du programmateur
de trouver l’équilibre entre le risque d’un taux de remplissage faible et le bon lissage des coûts
fixes.
En revanche, la jauge (le nombre de fauteuils disponibles) n’est pas aussi adaptable. Elle
résulte des choix d’investissements initiaux ou au cours de la vie des équipements, dont certains
peuvent être très anciens (théâtres municipaux, opéras). Les programmateurs peuvent en revanche
adapter leurs salles, jouer entre plusieurs lieux de diffusion et programmer « hors les murs » dans
des lieux exceptionnels et à jauge plus importante.
Les champs de l’intervention publique d’un point de vue économique
L’intervention publique se place sur plusieurs plans
: la réglementation (statut des
intermittents,
statut des entrepreneurs de spectacles), la régulation (quotas de diffusion d’œuvres
francophones), le subventionnement et la mise à disposition de lieux, l’organisation (centres d’appui
et de ressources aux différentes disciplines) ou la reconnaissance (politique des labels). Les
collectivités locales sont absentes des deux premiers types d’intervention, du ressort de l’Etat ou des
autorités européennes. En revanche, leurs actions peuvent ressortir des trois dernières formes
d’intervention publique.
43
La vente de représentations, ressource principale des structures de création, est traitée ultérieurement. Les structures
de diffusion peuvent avoir des activités commerciales annexes (vente de CD, DVD, de captation, de livres, locations
d’espace, vente de boissons) mais qui restent généralement marginales. L’ensemble des structures peuvent également
bénéficier de mécénat mais cette pratique est encore peu courante à de notables exceptions près, dont la Folle Journée à
Nantes.
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46/52
Le s
ubventionnement des structures culturelles est l’intervention la plus courante des
collectivités locales. Celles-ci apportent des subventions tant sous forme de contribution directe que
sous forme de mise à disposition de locaux, de matériels ou de moyens humains. Les destinataires
de ces subventions sont soit les compagnies de création, soit les structures de diffusion. Les
subventions permettent donc aux compagnies de vendre leurs spectacles en dessous de leur coût réel
et aux structures de diffusion de v
endre des places en dessous de leur prix d’équilibre.
La majorité des subventions va aux structures de diffusion plus qu’aux compagnies. Ce
sont donc ces structures qui achètent les spectacles et font vivre le secteur de la production.
Une partie des subventions peut être fléchée sur des projets précis : actions pédagogiques,
sensibilisation des publics, abaissement du prix de vente pour des publics cibles. Ces subventions
échappent dès lors au schéma exposé précédemment.
En étant co-signataires des convent
ions passées entre les structures et l’Etat, les
collectivités locales participent également de la reconnaissance des structures
44
. Elles émettent un
signe à destination des publics de hiérarchisation qualitative de l’offre de spectacle vivant. Mais
leur action dans ce domaine peut aller au-
delà d’un simple accompagnement de la politique
nationale. D’une part, les collectivités jouent un rôle moteur dans l’agrément donné par l’Etat sous
forme de label ou de convention. Le projet d’agrément est fréquemment un
projet commun à la
structure et à sa collectivité d’implantation. D’autre part, elles peuvent également soutenir une
initiative locale et la promouvoir localement et nationalement sans que celle-ci apparaisse dans le
champ de la politique d’Etat. C’est le
cas notamment de certains festivals. Enfin, elles peuvent
également mettre en place un système de labellisation ou d’identification locale. C’est le cas de
petits lieux de diffusion comme des cafés-concerts ou de compagnies de création.
Le troisième axe
d’action d’une collectivité est l’implication dans l’organisation, au sens
large, du secteur. Il recouvre des actions de natures très différentes pour des objectifs également
différents :
-
dans l’appui à l’activité des organismes, que ce soit directement, p
ar la fourniture de
moyens temporaires pour des répétitions par exemple ou par des intermédiaires
subventionnés
spécialisés
dans
la
professionnalisation
ou
la
formation
professionnelle ;
-
dans l’appui à la commercialisation, directement, par la gestion d’es
paces de
diffusion dans des festivals comme Avignon ou, indirectement, par l’insertion de
clauses de diffusion de compagnies locales ou régionales dans les conventions avec
les structures de diffusion ;
-
dans l’organisation du marché de consommation locale
par la création de tarifs
locaux, d’abonnements communs, de cartes ciblées
;
-
comme acheteur de spectacle vivant et diffuseur, ce qui est le cas des arts de la rue
utilisés comme animation locale.
44
A ce titre, la Cour des Comptes, dans son rapport de 2009 sur les dépenses d’intervention du ministère de
la culture, notait
« Le label permet ainsi à son bénéficiaire de solliciter davantage de ressources des autres
financeurs. Autrement dit, le label crée à lui seul de la valeur au profit des structures et compagnies
bénéficiaires ».
CRC des Pays de La Loire
47/52
Les enjeux économiques de l’intervention publique dans le
secteur du spectacle vivant
La gestion des subventions et la question de la redistribution
Comme il a été vu ci-dessus, le spectacle vivant est un secteur essentiellement
subventionné. Lorsqu’un spectateur occupe un fauteuil, son coût est couvert par son a
chat de billet
et par une subvention publique de la collectivité ou d’un ensemble de collectivités publiques. P
our
chaque achat de billet, un spectateur est bénéficiaire d’une dépense publique. Le niveau de cette
dépense publique unitaire, qui représente l
’effort collectif en faveur de l’accès d’un individu aux
services culturels, dépend de trois facteurs : le coût global du spectacle, le nombre de spectateurs et
le prix du billet.
En s’appuyant sur ce constat, il est possible de décrire plusieurs situation
s où la dépense
publique unitaire peut être élevée et où, en conséquence, la question de la répartition de ses
bénéficiaires peut se poser avec plus d’acuité. Il en est ainsi
des spectacles dont le coût est très élevé
avec une fréquentation forte voire maximale et un prix du billet significativement plus important
que la moyenne, ce qui est typiquement le cas de l’opéra
; des spectacles dont le coût est moyen
mais qui ne suscitent qu’une faible fréquentation, ce qui peut être le cas des spectacles assez poi
ntus
et des spectacles gratuits avec une jauge limitée.
Dès lors, les collectivités doivent être conscientes des effets redistributifs de leur politique
culturelle. Celle-ci est fréquemment, même si pas unanimement, placée sous le signe de la
« démocratisation culturelle
», c’est
-à-
dire de l’accès du plus grand nombre à une offre culturelle de
qualité. En toute logique, cet effort de démocratisation devrait se traduire par une répartition
« équitable » des subventions unitaires, notamment les plus élevées d
’entre elles.
Or l’accès aux services culturels se heurte à un ensemble d’obstacles
: financier, physique,
social et organisationnel. Une politique culturelle se voulant démocratique devra donc avoir pour
objectif de réduire ces différents obstacles pour
que l’accès aux subventions par place soit le plus
fluide possible. Les leviers d’action sont nombreux, connus et expérimentés différemment selon les
collectivités (accès au spectacle vivant dans le cursus scolaire, réductions tarifaires ciblées, action
culturelle, etc.). Mais ils nécessitent au préalable une bonne connaissance des publics et de leur
évolution et une vigilance quant aux effets contradictoires de certains dispositifs.
Le rapport création-diffusion
Trois rapports récents
45
ont dressé le consta
t de l’insuffisante diffusion des productions du
spectacle vivant, notamment en comparaison des autres pays européens. L’un de ces rapports notait
que le taux de représentation hors de la ville-
siège de la création n’est que de 35%
; que la moyenne
de représentations par spectacle était estimée à 24 sur trois ans
; que les durées d’exploitation des
spectacles se réduisent d’année en année et que la vente interrégionale des spectacles est peu
développée.
En ne se vendant pas suffisamment, les créateurs de spectacles peinent à dégager des
ressources d’activités et, pour pouvoir rester équilibrer, ne peuvent compter que sur
une moindre
rétribution des créateurs, l’augmentation du coût unitaire des représentations vendues, laquelle est
compensée en grande partie
par un prélèvement sur les subventions publiques, l’augmentation de la
subvention directe qu’elles touchent ou le recours à d’autres financeurs et une meilleure
organisation du secteur de la création.
45
Rapport Latarjet de 2004
; Communication de la Cour des Comptes à la Commission des Finances, de l’Economie
Générale et du Contrôle Budgétaire de l’Assemblée N
ationale de 2009 ; Rapport sur le financement du spectacle
vivant : Développer, Structurer, Pérenniser de 2012.
CRC des Pays de La Loire
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Face à ce constat, la responsabilité des collectivités
porte à la fois sur l’amélioration des
conditions du marché et la meilleure organisation des compagnies mais également sur le message
envoyé aux créateurs pour contenir le volume de créations
et sur l’incitation des diffuseurs à ne pas
encourager la tendance à la baisse du nombre de représentations par spectacle.
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Annexe 3 : Subventions par spectateur
Année de
référence
Nombre de
spectateurs
Subventions
de Nantes
Subventions/
spectateur
Angers Nantes Opéra
2009/10
37 876
5 000 000
132
Lieu Unique
2010
26 619
1 739 203
65
Stéréolux
2012
65 950
1 160 600
18
Folle Journée
2011
114 000
979 000
9
Grand T
2010
87 142
468 182
5
Théâtre universitaire
2008/09
14 935
466 000
31
Pannonica
2010
9 486
146 000
15
Bouche d’Air
2011
14 942
140 000
9
Subventions
publiques
Subv. Pub./
spectateur (1)
Ressources
de billetterie
Billetterie/
spectateur (2)
(2)/(1+2)
Angers Nantes Opéra
7 341 425
194
547 146
14
7%
Lieu Unique
2 186 861
82
308 514
12
12%
Stéréolux
1 402 674
21
1 220 414
19
47%
Folle Journée
1 328 000
12
1 852 000
16
58%
Grand T
4 495 098
52
1 144 721
13
20%
Théâtre universitaire
1 061 453
71
212 326
14
17%
Pannonica
439 734
46
67 000
7
13%
Bouche d’Air
285 342
19
174 468
12
38%
Les données ont été retraitées pour pouvoir être exploitables :
-
l’activité d’Angers Nantes Opéra considérée est limitée à Nantes. C’est donc
l’intégralité de la subvention nantaise qui a été prise en compte et la part des autres
subventions publiques correspondant à l’activité sur Nantes,
-
l’activité du Lieu Unique pris
e en compte se limite au spectacle vivant. Sont donc
exclues les expositions, l’animation du lieu, les conférences et les visites du lieu.
Les subventions de Nantes et des autres partenaires publics sont adaptées pour ne
correspondre qu’au seul spectacle v
ivant,
-
grâce au budget analytique du Stéréolux, il a été possible d’exclure du calcul les
activités de soutien à la création et d’action culturelle mais aussi de diffusion
multimédia
. Les subventions sont là encore recalculées pour ne correspondre qu’à
la seule diffusion musicale,
-
pour le Grand T, il a été nécessaire d’exclure l’activité de diffusion de spectacles
dans le reste de la Loire Atlantique. Ont en outre été exclues l’action culturelle, les
activités à destination des publics scolaires et la formation. Les subventions
publiques sont redéfinies en conséquence,
-
pour les cinq structures restantes, le recalcul de la subvention n’était pas nécessaire,
les structures en question ayant une activité homogène tant géographiquement que
thématiquement.
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Annexe 4 : Une estimation de la situation économique du secteur du
spectacle vivant
La région des Pays de la Loire et la Direction Régionale des Affaires Culturelles (DRAC)
ont commandité une étude sur la situation socio-économique régionale du spectacle vivant à une
association de soutien aux musiques actuelles basée à Nantes, le Pôle. Cette étude a été menée sur la
base de «
l’observation participative
» grâce aux réponses de 400 des 1160 détenteurs de licences
d’entrepreneurs identifiés dans la région.
L’é
tude qui résulte de cet observatoire a été publiée en 2012. Elle donne des
quantifications principalement au niveau régional mais certains chiffres sont déclinés sur une base
départementale. En revanche, dans l’étude, aucun résultat n’est publié au niveau
des villes ou
agglomérations.
La composition du secteur
522 des 1160 détenteurs de licence sont localisés en Loire Atlantique, soit 45 % du total
régional. Ce département, le plus peuplé de la région, est également celui qui compte le plus
d’entités par
habitant : 4,1 détenteurs de licence pour 10 000 habitants contre 3,05 en Mayenne ;
3,03 en Sarthe ; 2,7 en Maine et Loire et en Vendée. La ville de Nantes regroupe 218 structures,
dont 91 ont répondu à l’enquête. Elle compte ainsi pour 42
% des structures de Loire Atlantique
46
et
19 % des structures de la région.
Selon l’angle d’analyse de cette étude, moins du quart des structures concernées échappent
presque totalement au champ d’intervention publique. Il s’agit à la fois des personnes de droit privé
doté
es d’un
budget supérieur à 1
M€ et d’un rayonnement national voire international (4 % de la
population) et des petites structures implantées très localement et très faiblement subventionnées
(18 % de la population). A l’inverse, 78 % des structures dépendent, plus ou moins fortement,
des
subventions publiques.
En termes d’âge, 54 % des structures nantaises avaient moins de dix années d’existence en
2010. Plus du tiers avait été créé au cours des cinq dernières années. Au niveau régional, ces
proportions sont moindres, respectivement 48 % et 28 %. Les structures âgées de moins de dix ans
ne représentent que 27 % du volume financier global et ne perçoivent que 28 % des subventions
publiques. La part importante des structures de moins de 5 ans dans l’échantillon laisse à penser que
ce sect
eur connait, pour un certain nombre d’entités, un cycle de vie assez court. De nombreuses
structures apparaissent et d’autres disparaissent régulièrement et, selon ces chiffres, assez jeunes.
L’étude n’avance cependant pas de chiffres de flux. Néanmoins, l’étude souligne que «
la Loire
Atlantique connaît une augmentation régulière et importante du nombre de création de structures
depuis 1982. Sa population croît également de 25 % sur la même période. »
Selon elle, ce
dynamisme démographique vient de ce que «
la culture constitue un thème fort des politiques
publiques, notamment à Nantes
».
46
Mais une partie importante mais non chiffrée des détenteurs de licence du département sont présents dans
l’agglomération.
CRC des Pays de La Loire
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L’emploi
Selon l’étude, l’ensemble de la région des Pays de la Loire compterait 6
415 salariés dans
le secteur du spectacle vivant dont 4065 salariés permanents et 2 350 intermittents artistiques et
techniques. Les structures ont, en général, un effectif salarial réduit, compris entre 1,8 et 5 ETP.
Seuls les centres de ressources et les « grandes » scènes de diffusion (théâtres de ville, scènes
labellisées et conventionnées, centres chorégraphiques et dramatiques nationaux) ont des effectifs
plus importants, de 9 à 19 ETP.
La ville de Nantes comptait, en 2010, 521 postes dans les structures du spectacle vivant,
qui représentaient 347 équivalents temps plein (ETP). La majorité de ces emplois, tant en postes
qu’en ETP, est constituée de contrats à durée indéterminée. Les équipes des structures comptent, en
moyenne, 5,9 postes et 3,9 ETP et sont donc relativement plus importantes que les moyennes
régionales.
Outre ces emplois permanents, ou quasi-permanents, les structures nantaises recourent à
317
975 heures d’intermittence. Sur une base de 1600 heures annuelles, ces heures de CDDU
représentent environ 200 ETP d’intermittents artistiques et techniques. Le nombre d’intermittent
s
travaillant à Nantes est nécessairement supérieur mais non mesuré.
En tout, le secteur du spectacle
vivant représente à Nantes environ 550 ETP.
Le budget et les ressources publiques
Le budget global des répondants à l’enquête régionale était de 209 M€. Par projection,
l’étude estimait ce budget global à 400 M€. Elle soulignait la concentration du budget au profit de
l’aval de la filière, la diffusion. Ainsi, les 168 structures de créa
tion (compagnies et formations
musicales) disposent d’un budget cumulé de 25 M€ alors que les 23 scènes conventionnées et
labellisées ont un budget cumulé de 42 M€. De plus, les présentations graphiques de l’étude
permettent de constater que l’opéra et l’o
rchestre des Pays de la Loire, toutes deux structures
régionales, disposent d’un budget cumulé, environ 22 M€, comparable à celui des 168 entités de
création précédemment citées.
Les charges de personnel comptent en moyenne pour 43 % du budget, avec un minimum
de 34 % pour les musiques actuelles et un maximum de 62 % pour les musiques classiques et
lyriques.
Au total, le budget cumulé des structures ayant répondu provient pour moitié de ressources
propres. Ce taux varie selon les disciplines du spectacle vivant concerné : il est plus faible pour les
musiques classiques et lyriques et le pluridisciplinaire, respectivement à 30 % et 28 %, et plus élevé
pour le cirque, les arts de la rue et les musiques actuelles, chacune comprise entre 75 et 80 % de
ressources
propres. Cette différence s’explique en partie par les caractéristiques intrinsèques des
disciplines artistiques
: la forte intensité en main d’œuvre artistique des disciplines lyriques et
classiques à l’inverse des musiques actuelles (
cf. ci-dessus) qui explique un coût de production plus
élevé et, en l’absence d’une politique tarifaire en relation, d’un recours plus important aux
financements publics. Elle s’explique également par la composition des populations concernées
: les
entités relevant des disciplines du cirque et des arts de la rue sont essentiellement des compagnies.
Le modèle économique des compagnies, surtout les plus jeunes et moins installées d’entre elles, est
avant tout basé sur la vente des spectacles créés, donc sur les ressources propres.
CRC des Pays de La Loire
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Les subventions publiques attribuées aux 370 structures ayant r
épondu à l’enquête du pôle
représente un total de 101 M€. Le premier financeur, et de loin, est la strate communale qui
attribuait 60 M€ en 2010. Suivent, à des niveaux proches, l’Etat (15 M€), les
cinq départements
ligériens (12,3 M€) et la région des Pays de la Loire (10 M€). Enfin, les structures perçoivent près
de 3 M€ d’aides à l’emploi.
Ce sont les structures pluridisciplinaires qui perçoivent l’enveloppe de subventions
publiques la plus importante (32 M€), ce qui correspond à leur positionnement de s
tructures de
diffusion. Elles sont suivies des structures de musique classique et lyrique qui perçoivent près de
20
M€ et de celles qui se consacrent au théâtre avec 14 M€.
Les structures nantaises percevraient, en 2010, une enveloppe de 10,4 M€ de subvent
ions
publiques des autres collectivités que la ville
dont 3,7 M€ de l’Etat, 1,7 M€ de la région et 4,8 M€
du département. Selon la cartographie du spectacle vivant établie par le ministère de la culture et de
la communication en 2013, les structures conven
tionnées par l’Et
at à Nantes auraient perçu
10,9
M€. En se basant sur ces deux évaluations et la connaissance des structures, la chambre évalue
le total des subventions publiques perçues par les structures nantaises en provenance d’autres
collectivités que
la ville à environ 11,5 M€.
L’étude précitée n’a pas publié de donnée sur le budget global des structures nantaises. Il
est possible d’évaluer ce budget en s’appuyant sur au moins deux méthodes
: l’application au total
des subventions publiques un taux moyen de subventionnement du spectacle vivant ou en
considérant que le rapport entre les subventions déclarées au niveau nantais et au niveau régional
est équivalent à celui existant entre le budget nantais et le budget régional. En appliquant ces deux
métho
des, le budget global des structures du spectacle vivant peut être estimé entre 58 et 87 M€.