B - L’estimation de la situation financière de la commune
7
1 - Les recettes réelles de fonctionnement
7
2 - Les dépenses réelles de fonctionnement
9
3 - La formation de l’autofinancement
10
4 - Le financement des investissements et le recours à l’emprunt
10
5 - Une trésorerie qui trouve son origine dans les budgets annexes
11
C - La gestion des budgets annexes
11
1 - Le budget annexe « Eau potable »
12
2 - Le budget annexe « Assainissement »
12
III
LES PROCÉDURES DE GESTION INTERNE
13
A - La procédure budgétaire
13
1 - Le débat d’orientation budgétaire (DOB)
13
2 - L’impact des dépenses d’équipement sur l’équilibre budgétaire : le pilotage de la construction
du musée des pêcheries
14
B - La sécurité informatique
15
C - La commande publique
15
1 - Le marché « approvisionnement en carburants en stations-services par cartes accréditives »
16
2 - La réalisation de trois plans-reliefs de la ville de Fécamp
17
3 - La délégation de service public de la restauration collective
17
D - Les ressources humaines
18
1 - L'organisation des services municipaux
18
2 - Le contrôle de la régularité des principaux actes réglementaires
20
IV
LA GESTION DES RELATIONS AVEC LES SATELLITES
29
A - les délégations de services publics
29
1 - La présentation des rapports d’activités
29
2 - Le suivi des délégations de services publics de l’eau et de l’assainissement
29
B - Les subventions aux associations
32
1 - L’information du conseil municipal pour les associations qui bénéficient d’un montant de
subvention supérieur à 23 000 euros
32
2 - Les modalités d'attribution de subventions
33
PRINCIPALES RECOMMANDATIONS
34
Rapport d’observations définitives de la chambre régionale des comptes de Basse-Normandie, Haute-Normandie sur la gestion de la commune de Fécamp
PRINCIPALES OBSERVATIONS
La chambre a examiné la gestion de la commune de Fécamp à partir de l’année
2006. L’examen des documents comptables a montré que l’information budgétaire était
encore perfectible.
La sincérité des comptes n’est toutefois pas remise en cause, les remarques ne
portant que sur des points secondaires ou peu significatifs en volume. La situation financière
de la commune ne présente pas de risques particuliers, la création d’un parc éolien offshore
au large de Fécamp étant de plus susceptible d’apporter des recettes importantes à moyen
terme. La ville dispose d’une trésorerie importante en raison de budgets annexes largement
excédentaires, sans que le niveau de ces excédents soit toujours économiquement justifié.
Principal investissement de la commune, la construction du musée des pêcheries n'a
pas fait l'objet, dans ses documents d’aide à la décision, d'éléments de prospectives
financières concernant les coûts d’exploitation. La commune n'a donc pas mesuré l'impact
financier de la construction d'un équipement majeur avant son lancement, s'exposant ainsi à
une progression de charges non anticipées.
Les marchés étudiés font apparaître des marges de progrès quant au choix des
critères d’analyse des offres afin de s’assurer du caractère optimisé de ses achats.
L’examen de la gestion des ressources humaines a conduit à relever certaines
anomalies. Ainsi, la commune ne respecte pas toujours la réglementation relative aux durées
de travail maximales, tandis que la qualité des actes relatifs à la gestion des carrières apparaît
perfectible. L'attribution de nombreux logements à des agents n'apparaît pas toujours
conforme à la réglementation ainsi qu'aux exigences de transparence ou de bonne gestion du
patrimoine communal.
La commune a procédé à l’analyse de ses contrats de délégation de service public
d’eau et d’assainissement. Les négociations qui ont suivi ces analyses, ont permis un
meilleur suivi de ces contrats et une amélioration du service de l’eau potable. Toutefois, le
prix de l’eau, particulièrement élevé sur la commune de Fécamp, aurait pu être plus optimisé
encore en intégrant dans les comptes d’exploitation l’amortissement économique des travaux
réalisés et non l’intégralité de ces travaux.
Enfin, la commune dispose de marges de progrès quant à l’attribution des
subventions à ses principaux partenaires. Les rapports d’activité de ces partenaires
n’intègrent pas toujours des données comptables complètes. La commune verse également
des subventions sans tenir compte des besoins réels de ses partenaires en termes de
trésorerie.
Rapport d’observations définitives de la chambre régionale des comptes de Basse-Normandie, Haute-Normandie sur la gestion de la commune de Fécamp
I – RAPPEL DE LA PROCÉDURE
La chambre a inscrit à son programme l'examen de la gestion de la commune de
Fécamp à partir de l'année 2006. Par lettre en date du 02 février 2012, le président de la
chambre en a informé M. Jeanne, maire. L’entretien de fin de contrôle a eu lieu le 27 mars
2012 entre M. Jeanne et le rapporteur.
Le rapport d’observations provisoires a été transmis à M. Jeanne le 16 juillet
2012. L’ordonnateur a répondu par lettre du 11 septembre 2012 enregistrée au greffe de la
chambre le 12 septembre 2012. Des compléments à cette lettre ont été apportés par courriers
électroniques du 03 et du 05 octobre 2012.
Des extraits du rapport d’observations provisoires ont été transmis le 23 juillet
2012 à M. Dominique Heuzé, directeur général adjoint des services de la commune, et à la
société Eaux de Normandie. Leurs réponses ont été enregistrées au greffe de la chambre
respectivement les 25 et 26 octobre 2012.
Après avoir entendu le rapporteur et pris connaissance des conclusions du
procureur financier, la chambre a arrêté, le 31 octobre 2012, le présent rapport d'observations
définitives qui vous a été communiqué le 19 décembre 2012. En l’absence de réponse écrite
dans le délai imparti par la loi, ce rapport devra être communiqué à votre assemblée
délibérante lors de sa plus proche réunion suivant sa réception. Il fera l'objet d'une inscription
à l'ordre du jour, sera joint à la convocation adressée à chacun de ses membres et donnera lieu
à un débat.
Ce rapport sera, ensuite, communicable à toute personne qui en ferait la demande
en application des dispositions de la loi n° 78-753 du 17 juillet 1978.
L’examen de la gestion a été principalement conduit selon les axes suivants :
- la situation financière de la commune ;
- les procédures de gestion interne (budgétaires, commande publique, ressources humaines,
contrôle interne) ;
- la gestion des relations avec les satellites.
A - Présentation de la commune
Fécamp fait partie de l’arrondissement du Havre dans le département de la Seine-
Maritime. Sa population est de 19 842 habitants en 2011 ce qui en fait la 9ème commune du
département et la 11ème de la région par sa population. La population communale diminue
régulièrement. En 1999, la ville comptait 21 028 habitants. La commune est également
membre de la communauté de communes de Fécamp (28 743 habitants). Cette dernière a
adopté la fiscalité professionnelle unique. Fécamp est donc la ville centre de la communauté
de communes avec plus de 67 % de la population. L’aire urbaine est de 27 373 habitants et
voit, elle aussi, sa population diminuer.
Rapport d’observations définitives de la chambre régionale des comptes de Basse-Normandie, Haute-Normandie sur la gestion de la commune de Fécamp
Le taux de chômage des 15-64 ans est de 16,1 % pour une moyenne
départementale de 12 %. La population dispose également d’un revenu moyen inférieur à la
moyenne départementale : le revenu moyen déclaré en 2010 (pour des revenus 2009) est de
17 849 euros par foyer pour une moyenne départementale de 21 799 euros. De même, 37,9 %
des foyers déclarent des pensions de retraite pour une moyenne départementale de 33,8 %.
Seuls 43,9 % des foyers sont imposables (moyenne départementale : 53 %).
2007
2008
2009
2010
2011
Population INSEE
21 479
21 479
19 914
19 629
19 842
Résidences secondaires
463
463
463
477
532
Places de caravanes
40
40
40
Population DGF
21 942
21 942
20 417
20 146
20 414
B - Les contrôles antérieurs
Dans son précédent rapport d’observations définitives, la chambre avait, en
particulier, relevé les points suivants :
- la méconnaissance de l'obligation d'intégration des immobilisations introduite par l'article
L. 2321-3 du CGCT depuis le 1er janvier 1996 ;
- l’absence de provision malgré le montant important des emprunts garantis.
La ville procède à présent régulièrement à l'intégration des immobilisations des
comptes 23 aux comptes 21 et provisionne aujourd’hui les risques et des charges qui, en 2010,
concernent la réalisation de travaux, le portage d’opérations par l’établissement public foncier
de Normandie, et principalement les emprunts garantis.
De plus la commune utilise le Protocole d’Échanges Standard (PES V2)
1
, avec la
trésorerie depuis du 1
er
octobre 2011. Ce dispositif permet à la collectivité l’amélioration de
sa chaîne de mandatement.
II - LA SITUATION FINANCIÈRE DE LA COMMUNE
A - Fiabilité des comptes
L’examen de la fiabilité des informations contenues dans les comptes constitue un
préalable à l’analyse financière. Il importe, en effet, compte tenu de l’accroissement régulier
des masses financières, que soit présenté à
l’assemblée délibérante un document budgétaire
fiable et sincère lui permettant d’orienter l’action de la collectivité en toute connaissance de
cause.
1
PES V2 .
Ce nouveau protocole enrichi, expérimenté dès 2007 par quelques collectivités pilotes, permet
de dématérialiser les données comptables de prise en charge (titres, mandats ainsi que les bordereaux avec
la mise en oeuvre de la signature électronique) et leurs pièces justificatives. Il vise à remplacer,
progressivement, les protocoles actuels de transmission des données, variés et non uniformisés sur le
territoire national, et nécessairement doublés d’une transmission papier lors de l’envoi à la trésorerie.
Rapport d’observations définitives de la chambre régionale des comptes de Basse-Normandie, Haute-Normandie sur la gestion de la commune de Fécamp
Le contrôle de la fiabilité des comptes a porté, notamment, sur la qualité de
l’information financière, l’état des méthodes comptables, le rattachement des charges et des
produits de l’exercice, les cessions d’actifs, les subventions d’investissement reçues, l’état de
la dette, les restes à réaliser, les prévisions et réalisations budgétaires et les opérations d’ordre.
1 - Les annexes budgétaires
Plusieurs annexes budgétaires sont insuffisantes.
a)
La fiabilité des résultats agrégés
Annexe obligatoire, le tableau des résultats agrégés de l’ensemble des budgets
communaux ne fait pas apparaître la réalité des résultats des budgets. A titre d’exemple, le
résultat du budget « assainissement » présenté en annexe au compte administratif 2010 est de
543 389 euros. Ce chiffre correspond au résultat de l’exercice. L’intégration des résultats de
l’exercice 2009 fait toutefois apparaître un solde du compte administratif 2010 de
3 846 320 euros. De même, le budget « eau » ne reprend pas le résultat antérieur de
2 983 383 euros.
2007
2008
2009
2010
Solde Budget Annexe Assainissement
1 140 124
1 056 871
429 489
543 389
Solde
Budget Annexe Eau
967 887
987 908
480 038
1 373 580
L’analyse des comptes pourrait être faussée par la lecture de ce seul état qui omet
une grande partie des résultats des budgets annexes. Ainsi, le budget communal dispose d’une
trésorerie significative, en raison de l’unité de caisse de l’ensemble de ses budgets. Cette
trésorerie lui permet de ne pas emprunter.
La chambre recommande à la commune de veiller à une bonne reprise des
résultats des budgets dans le tableau des résultats agrégés. Elle prend acte que l’ordonnateur
déclare avoir repris les résultats comme préconisé dès 2011.
b)
La liste des services individualisés dans un budget annexe
Annexe obligatoire, le tableau reprenant la liste des budgets annexes indique
qu’ils ne sont pas assujettis à la TVA. Cette information est erronée comme en témoignent les
facturations d’eau qui font apparaître une TVA.
La chambre prend acte de l’engagement de l’ordonnateur de modifier cette
annexe.
c)
La liste des organismes de regroupement auxquels adhère la commune
Annexe obligatoire, le tableau reprenant la liste des EPCI auxquels adhère la
commune n’indique que la seule communauté de communes. La commune adhère pourtant à
un syndicat de ramassage scolaire, au syndicat mixte de promotion de l'activité transmanche
et au SIAEPA de Fécamp Sud - Ouest. La liste de ces établissements est manifestement
incomplète ce qui peut être de nature à sous-évaluer des risques externes.
Rapport d’observations définitives de la chambre régionale des comptes de Basse-Normandie, Haute-Normandie sur la gestion de la commune de Fécamp
La chambre prend acte de l’engagement de l’ordonnateur de modifier cette
annexe.
d)
La comparaison du capital restant dû au 31/12/N entre le compte de gestion et
le compte administratif
Un écart a été relevé entre le capital restant dû d’un emprunt figurant à l’annexe
au compte administratif 2011 et le tableau d’amortissement de la dette propre :
N° de
contrat
Banque
Capital restant dû au 1
er
janvier 2012
(source annexe du compte
administratif)
Capital restant dû au 1
er
janvier 2012
(source tableau d’amortissement de
l’emprunt)
100 119
BFT
875 000 euros
883 338 euros
La chambre recommande à la commune de veiller à l’avenir à la qualité des
informations portées dans les annexes budgétaires.
2
- La fiabilité des résultats comptables
a)
L’absence de reprise dans le compte de résultat des subventions d’équipement
reçues
L’instruction M-49, tout comme la M-14, prévoit la reprise, au compte de résultat,
des subventions d’équipement transférables reçues. Les subventions et fonds sont dits
« transférables » lorsqu’ils sont repris dans le résultat par opposition aux subventions et fonds
« non transférables » qui subsistent durablement au bilan.
Les subventions et fonds sont ainsi qualifiés lorsqu’ils servent à réaliser des
immobilisations qui sont amorties (y compris les subventions d’équipement versées).
Les subventions d’équipement transférables sont imputées au compte 131. Elles
doivent faire, chaque année, l’objet d’une reprise à la section de fonctionnement et disparaître
ainsi du bilan parallèlement à l’amortissement de l’immobilisation. La reprise annuelle est
constatée au débit du compte 1391 par le crédit du compte 777 « Quote-part des subventions
d’investissement transférées au compte de résultat » (opération d’ordre budgétaire). Le
montant de la reprise est égal au montant de la subvention rapporté à la durée de
l’amortissement du bien subventionné.
La reprise dans le compte de résultat des subventions reçues est particulièrement
sensible pour les budgets annexes d’assainissement. Ces budgets font apparaître, en général,
de fortes charges résultant de l’amortissement des équipements mais aussi d’importants taux
de subventionnement. La reprise des subventions permet ainsi de limiter la charge des
dépenses d’amortissement. Il en résulte une moindre sollicitation de l’usager.
Le compte de gestion du budget assainissement fait apparaître un solde net du
compte 131 de 1 972 677,92 euros. La chambre n’a pas constaté de reprises au compte de
résultat, aussi recommande-t-elle, de pratiquer la reprise des subventions d’équipement
reçues. Elle prend acte que l’ordonnateur déclare pratiquer cette reprise dès 2012.
Rapport d’observations définitives de la chambre régionale des comptes de Basse-Normandie, Haute-Normandie sur la gestion de la commune de Fécamp
b)
Les cessions d’immobilisations
La nomenclature M14 prévoit une neutralisation sur la section de fonctionnement
des opérations de cessions d’immobilisations. Cette neutralisation permet à la commune de ne
pas modifier l’affectation de son résultat comptable et d’affecter le produit de ces cessions au
financement de la seule section d'investissement. En 2007, les écritures de cessions
d’immobilisations en 2007 font pourtant apparaître un solde négatif sur la section de
fonctionnement de 206 948 euros ce qui a diminué le résultat comptable et altéré l’affectation
de ses résultats.
La chambre invite la commune à régulariser ces écritures et à veiller au bon
équilibre de ces opérations, conformément aux éléments que l’ordonnateur a transmis à la
chambre.
c)
Le rattachement des charges et des produits de fonctionnement à l’exercice
La commune pratique le rattachement à l’exercice des dépenses et des recettes de
la collectivité. Ces opérations n’appellent pas de remarque particulière.
d)
Le déséquilibre des opérations d’ordre en 2007
Les écritures d’ordre budgétaire doivent être équilibrées en dépenses et en
recettes. Un écart apparaît pourtant en 2007 entre les dépenses d’ordre de la section de
fonctionnement et les recettes d’ordre de la section d’investissement, hors opérations
patrimoniales. Cet écart fait apparaître davantage de recettes que de dépenses d’ordre à
hauteur de 181 564,47 euros. Il correspond à la cession de la piscine Pierre de Coubertin à la
communauté de communes de Fécamp. Dès lors, le solde global du compte administratif de la
commune est artificiellement augmenté de ce montant. Ce solde erroné a été repris les
exercices suivants faussant ainsi l’image comptable de la commune.
Il est donc recommandé de procéder à la rectification des écritures erronées qui
concernent la cession de la piscine, afin de fiabiliser le résultat du compte administratif.
3
Les travaux en régie
La commune pratique la comptabilisation des travaux en régie. Ce poste
représente 2,5 % des charges de gestion en 2010 et a varié fortement sur la période passant de
293 000 euros en 2007 à 606 000 euros en 2010. Ce poste incorpore également une partie liée
à la masse salariale. Le tableau suivant reprend, à titre d’exemple, les travaux en régie
déclarés en 2010 :
Rapport d’observations définitives de la chambre régionale des comptes de Basse-Normandie, Haute-Normandie sur la gestion de la commune de Fécamp
opérations de fin d'exercice / 2010
c/722
dt personnel
Fournitures et
matériels
Stade Gayant
13 911,90
11 827,20
2 084,70
Stade du Ramponneau
5 544,00
5 544,00
-
Auberge du cerf
2 217,60
2 217,60
-
Centre st Exupéry
739,20
739,20
-
Sous-total compte 2128
22 412,70
20 328,00
2 084,70
Hotel de ville
421 908,04
118 272,00
303 636,04
Club house basket
8 799,07
5 544,00
3 255,07
Foyer Lepiller Astu
8 563,34
5 174,40
3 388,94
Locaux i f s i
8 909,28
7 392,00
1 517,28
Foyer des marins
14 784,00
14 784,00
-
Maison de la justice et du droit
23 346,99
17 740,80
5 606,19
Salle casaux bussière
33 790,87
29 568,00
4 222,87
Self Marro centre st Exupéry
739,20
739,20
-
Bibliothèque centre st Exupéry
147,84
147,24
0,60
Casino
2 587,20
2 587,20
-
Locaux services techniques
1 293,60
1 293,60
-
Ecoles maternelles et primaires
59 138,76
52 575,60
6 563,16
Sous-total compte 2135
584 008,19
255 818,04
328 190,15
analyse production en régie 2010
606 420,89
276 146,04
330 274,85
Sur certains chantiers, les agents ne semblent pas avoir utilisé de matériels et de
fournitures alors même que ces dépenses permettent de bénéficier du FCTVA. Pour mémoire,
si le personnel peut être valorisé, il convient de noter que ce sont les seules dépenses ayant
concouru directement à la production desimmobilisations qui peuvent l’être. Les frais
d’administration générale et, par extension, les frais de suivi des travaux effectués par des
entreprises ne peuvent être intégrés. Il ne semble donc pas adéquat d’incorporer dans les
comptes une masse salariale qui n’utiliserait pas de matières premières pour ses activités.
Par ailleurs, le ratio masse salariale sur dépenses comptabilisées en régie varie
fortement d’une opération à l’autre alors que la nature des travaux ne semble pas le justifier
.
La chambre estime que la bonne comptabilisation de ces travaux n’est pas garantie. Pourtant,
cette écriture intervenant dans le calcul des opérations d’équilibre budgétaire et dans la
définition des dépenses réelles de fonctionnement, son exactitude revêt de l’importance pour
une bonne analyse des comptes.
La commune gagnerait à fiabiliser la comptabilisation des travaux en régie par la
justification de ces montants lors de l’émission des écritures de fin d’année.
*
En conclusion, et même si l’examen des documents comptables a montré que
l’information budgétaire était encore perfectible, la chambre estime que la sincérité des
comptes n’est pas remise en cause, les remarques ne portant que sur des points secondaires ou
peu significatifs en volume. Aucun élément ne fausse substantiellement l’appréciation
générale qui pourrait être faite de la lecture des comptes.
B - L’estimation de la situation financière de la commune
L’analyse de la situation financière de la commune a porté plus particulièrement
sur la période 2007-2010. Le budget de la ville comprend le budget principal ainsi que deux
budgets annexes relatifs aux services publics de distribution d’eau et d’assainissement.
Rapport d’observations définitives de la chambre régionale des comptes de Basse-Normandie, Haute-Normandie sur la gestion de la commune de Fécamp
La commune a délégué principalement à son intercommunalité les compétences
suivantes : développement économique, aménagement du territoire, déchets ménagers, lutte
contre les inondations, petite enfance et jeunesse, centre aquatique, tourisme.
La commune a pu fournir au cours de l’instruction une estimation de son compte
administratif pour l’exercice 2011. Les informations ci-dessous reprennent ces données.
1
- Les recettes réelles de fonctionnement
Même en tenant compte du changement de strate de la commune, ces recettes
réelles de fonctionnement par habitant sont supérieures à la moyenne de la strate de plus de
17 %. Elles sont de 1 481 euros par habitant en 2010, pour une moyenne nationale de
1 263 euros
2
. Cet écart s’explique par des produits des impôts directs (534 euros par habitant
contre 458 euros) et une dotation globale de fonctionnement (387 euros par habitant contre
236 euros) supérieurs à la moyenne de la state.
Le tableau suivant reprend l’évolution des recettes de fonctionnement sur la
période analysée :
2007
2008
2009
2010
au 31/12 2011
% moyen /
an
Produits des serv. du domaine
1 009 678
1 213 976
1 377 549
1 097 014
1 140 962
3,10%
Travaux en régie
293 457
400 730
312 167
606 421
357 367
5,05%
Contributions directes
8 545 091
8 819 535
10 188 457
10 474 464
10 735 416
5,87%
Autres impôts et taxes
3 816 529
4 095 702
4 173 932
4 433 150
4 727 552
5,50%
DGF
7 800 090
7 864 812
7 545 344
7 599 424
7 849 316
0,16%
Autres dot., subv. et part.
3 471 055
3 619 860
3 444 934
3 451 265
3 035 645
-3,30%
Atténuations de charges (Chapitre 013)
121 448
229 646
248 809
223 082
206 827
14,24%
Autres produits de gestion
610 497
664 165
801 746
819 799
780 467
6,33%
Recettes de gestion
25 667 844
26 908 426
28 092 938
28 704 618
28 833 553
2,95%
Autres produits exceptionnels (c/758)
2 000 000
Produits financiers
117 122
95 820
58 594
64 051
42 473
-22,40%
Produits exceptionnels
375 732
380 055
340 073
209 794
164 925
-18,60%
Recettes totales de fonctionnement
26 160 698
27 384 302
28 491 606
28 978 464
31 040 951
4,37%
* pour information : la ligne DGF incorpore la dotation de solidarité urbaine et la DNP – 2011 est une estimation issue de données fournies par la commune.
La période est marquée par le dynamisme des recettes. Il est concentré sur les
recettes fiscales de la commune avec une augmentation en moyenne pondérée des taux
d’imposition de 11 % en 2009 et la création du versement transport dont le produit en 2010 a
été proche de 570 000 euros (environ 1,95 % des recettes de fonctionnement).
En 2011, une somme de 2 millions d’euros apparaît en section de fonctionnement.
La commune indique qu’il s’agit d’une
« recette exceptionnelle due à la mise en place d'un
Bail Emphytéotique Administratif (…) pour la gestion des locaux occupés par la gendarmerie
pour laquelle nous percevions des loyers (les locaux nous appartenant). En contrepartie il y a
eu versement d'une soulte de ce montant ».
En parallèle, par décision n° 2011/54 du 29 décembre 2011, la commune a ouvert
un compte à terme, auprès du trésor public, pour placer ces fonds pour 1 an au taux nominal
de 0,53 %.
a)
La fiscalité directe
2
Sources : comptabilité publique, la moyenne de la strate supérieure se situe à 1 375 euros.
Rapport d’observations définitives de la chambre régionale des comptes de Basse-Normandie, Haute-Normandie sur la gestion de la commune de Fécamp
Les bases d’imposition communales sont très inférieures à la moyenne. Les bases
nettes de taxe d’habitation sont de 800 euros par habitant pour une moyenne de la strate de
1 222 euros par habitant, soit un écart de 34,5 %. Le produit de la fiscalité est de 527 euros
par habitant pour une moyenne de 450 euros par habitant soit un écart de 17 %. La commune
mobilise donc largement son potentiel fiscal et l’effort fiscal de la commune, qui rapporte les
produits fiscaux pesant sur les ménages au potentiel fiscal, ressort à 2,23 (moyenne de la
strate de 1,28).
Les recettes fiscales de la commune ont augmenté, en moyenne sur la période
2007-2010, de près de 7 %. Ce dynamisme est notamment lié à une augmentation :
- des taux d’imposition (3,53 % en moyenne annuelle sur l’ensemble des taux communaux)
avec une augmentation moyenne de 11,2 % en 2009 ;
- à la croissance décidée par le législateur des valeurs locatives (1,96 % en moyenne annuelle
sur la période 2007-2010) ;
- à la croissance du nombre de logements imposés à la taxe d’habitation (pour près de 1,3 %
en moyenne annuelle).
b)
L’évolution des dotations provenant de l’État
Le montant de la dotation globale de fonctionnement (DGF) est resté stable sur la
période malgré la diminution de près de 7 % de la population DGF. Cette augmentation
s’explique par la croissance de la dotation de solidarité urbaine (DSU) à hauteur de
336 000 euros entre 2007 et 2011. La commune est classée 143
ème
sur 731 bénéficiaires de la
DSU.
2 - Les dépenses réelles de fonctionnement
Les dépenses de fonctionnement de la commune sont de 1 430
3
euros par habitant
pour une moyenne de la strate de 1 122 euros soit un écart de 27,45 % (écart de 14,4 % avec
la strate des communes de 20 à 50 000 habitants). Cet écart s’explique par des charges
externes supérieures de plus de 40 %.
Il est également à noter que la masse salariale de 697 euros par habitant est
supérieure de plus de 16 % à celle de la strate.
Les dépenses de fonctionnement de 2007 à 2011
2007
2008
2009
2010
au 31/12 2011
% moyen /
an
Charges à caractère général (Chapitre 0
6 769 788
7 283 021
7 409 227
7 271 270
7 711 405
3,31%
Charges de personnel (Chapitre 012)
12 868 118
13 518 637
13 764 385
13 909 108
13 836 637
1,83%
Subventions
2 327 126
2 238 494
2 313 580
2 435 680
2 570 704
2,52%
Autres charges de gestion
325 781
343 179
328 794
382 618
344 368
1,40%
Reversement de fiscalité
28 706
13 309
0
0
0
-100,00%
Charges de gestion
22 319 520
23 396 640
23 815 986
23 998 677
24 463 114
2,32%
Charges financières hors intérêts
0
5 991
0
90 944
0
Intérêts des emprunts
709 091
713 449
447 723
452 301
386 192
-14,09%
Charges exceptionnelles
578 394
709 279
270 374
553 901
267 818
-17,51%
Dépenses totales de fonctionnement
23 607 005
24 825 360
24 534 083
25 095 822
25 117 124
1,56%
Sources : Compte Administratif – les données 2011 sont issues des données provisoires fournies par la commune
3
Sources : comptabilité publique
Rapport d’observations définitives de la chambre régionale des comptes de Basse-Normandie, Haute-Normandie sur la gestion de la commune de Fécamp
La croissance des dépenses à caractère général est concentrée pour moitié sur le
compte 611 « prestations de services avec des entreprises ». Ce compte enregistre, outre les
dépenses de chauffage, celles liées à la restauration scolaire et aux transports urbains
4
, toutes
deux réglées par des délégations de service public évoluant en fonction de clauses de révision
contractuelles. Ce compte a augmenté de 531 000 euros pour atteindre 2 655 000 euros en
2011 et représente 30 % des charges à caractère général.
Si les charges de gestion ont évolué plus fortement que l’inflation, les charges de
fonctionnement ont vu leur évolution contenue notamment en raison de la diminution des
frais financiers payés par la commune. Celle-ci a en effet largement profité de la baisse des
taux d’intérêt pour diminuer le coût de la dette, par ailleurs, en diminution comme le décrit le
tableau ci-dessous. La commune bénéficie de taux moyens inférieurs à la moyenne de la strate
(4,3 %).
L’encours de dette de la commune s’est réduit depuis 2007. Il apparaît équilibré.
En effet, 54,6 % de cet encours est à taux fixe. Cette structure d’endettement a permis de
bénéficier de la baisse des taux sur la période examinée. Il n’y a pas d’emprunts à risques
autres que le risque de taux.
L’évolution de l’encours de la dette de 2007 à 2011
2007
2008
2009
2010
2011
%
Encours 31/12
17 076 962
14 727 462
14 957 039
15 808 815
13 714 686
-5,33%
Intérêts des emprunts
709 091
713 449
447 723
452 301
386 192
-14,09%
Taux d'intérêt apparent
4,15%
4,84%
2,99%
2,86%
2,82%
-9,25%
3 - La formation de l’autofinancement
Le tableau suivant reprend la formation de l’épargne nette :
2007
2008
2009
2010
au 31/12 2011
% moy / an
Recettes de gestion
25 667 844
26 908 426
28 092 938
28 704 618
28 833 553
2,95%
Charges de gestion
22 319 520
23 396 640
23 815 986
23 998 677
24 463 114
2,32%
Epargne de gestion
3 348 325
3 511 785
4 276 952
4 705 941
4 370 438
6,89%
Recettes totales de fonctionnement
26 160 698
27 384 302
28 491 606
28 978 464
31 040 951
4,37%
Dépenses totales de fonctionnement
23 607 005
24 825 360
24 534 083
25 095 822
25 117 124
1,56%
Epargne Brute
2 553 693
2 558 942
3 957 523
3 882 642
5 923 827
23,41%
Remboursement du capital de la dette
2 233 817
2 349 961
2 278 003
2 149 611
2 094 129
-1,60%
Epargne nette
319 875
208 981
1 679 520
1 733 031
3 829 697
86,01%
Sources : Compte Administratif - les données 2011 sont issues des données provisoires du CA
L’épargne de gestion de la commune s’est améliorée en raison de la mobilisation
de nouvelles recettes fiscales. La diminution des taux d’intérêt a également permis de
consolider l’épargne brute. Cet indicateur mesure la capacité de la commune à faire face à ses
4
La convention de délégation de service public du réseau urbain évolue selon les index suivants : 5 % de part
fixe, 13 % sur les prix à la consommation du gazole, 44 % sur les salaires, 11 % sur l’indice INSEE « autobus et
autocars » et 27 % sur un indice composé. Le rapport du délégataire indique cependant que ses « frais fixes »
représentent 25 % de ses charges. En sous-estimant sa part fixe, la commune voit augmenter sa contribution plus
fortement que les charges du délégataire.
Rapport d’observations définitives de la chambre régionale des comptes de Basse-Normandie, Haute-Normandie sur la gestion de la commune de Fécamp
dettes et donc sa marge de manoeuvre pour mobiliser des emprunts nouveaux. L’épargne brute
de la commune est de 201 euros par habitant pour une moyenne de la strate de 183 euros, soit
un écart de près de 10 %.
Avec la réduction de l’encours de la dette sur la période, la capacité de
remboursement de la commune est plus favorable avec un encours rapporté à l’épargne brute
de 4 années pour une moyenne de la strate de 5,2 années. De plus, le profil d’amortissement
de la dette fait apparaître une durée de vie moyenne de la dette de près de 5,5 années, ce qui
permettra à la commune de disposer rapidement de nouvelles marges de manoeuvre.
4 - Le financement des investissements et le recours à l’emprunt
La commune a investi 34 336 000 euros sur la période 2007-2011 soit une
moyenne de 6,8 millions d’euros par an. Cela représente un effort d’investissement supérieur
de 16 % à la moyenne de la strate.
Le financement de ces investissements a été assuré pour un tiers par l’emprunt et
paraît équilibré par des recettes pérennes. La situation financière de Fécamp ne présente donc
pas de risques particuliers.
5 - Une trésorerie qui trouve son origine dans les budgets annexes
La commune disposait d’une trésorerie de plus de 7 millions d’euros au
31 décembre 2010 alors que les dépenses agrégées indiquées par le compte administratif sont
de 40 314 000 euros. La commune dispose donc de 64 jours de trésorerie non rémunérée.
Les comptes 451 non budgétaires du budget principal retracent les opérations de
trésorerie réalisées, tant en dépenses qu’en recettes, par les budgets annexes. Un compte 451
créditeur au budget principal traduit un apport de trésorerie qui provient de l’excédent du
budget annexe et inversement.
Les soldes des comptes 451 enregistrés au budget principal de la ville de Fécamp
traduisent les apports de trésorerie en provenance des budgets annexes.
Soldes créditeurs
2008
2009
2010
c/451001 budget annexe
« eau »
1,985 millions d’euros
2,12 millions d’euros
2,984 millions d’euros
c/451011 budget annexe
« assainissement »
3,056 millions d’euros
3,45 millions d’euros
3,981 millions d’euros
Source comptes de gestion 2008 à 2010
Au 31 décembre 2010, le compte 451 présente donc un solde créditeur de
6 967 000 euros qui permet à la commune de mobiliser ses emprunts plus tardivement et
surtout de ne pas avoir recours à une ligne de trésorerie.
Toutefois, la construction d’une station d’épuration
réduira ces excédents.
La commune a ainsi pu, grâce à un solde des budgets annexes de 5 042 000 euros
au 31 décembre 2008, reporter la mobilisation d’un emprunt en diminuant sa trésorerie.
C - La gestion des budgets annexes
La commune connaît un prix de l'eau particulièrement élevé. Le compte rendu
annuel du délégataire de service public, fait apparaître pour une facture type de 120 m3
Rapport d’observations définitives de la chambre régionale des comptes de Basse-Normandie, Haute-Normandie sur la gestion de la commune de Fécamp
annuels, volume généralement retenu pour une famille moyenne, de 604,26 euros TTC au 20
octobre 2010. Le prix unitaire moyen du m3 est donc de 5,0355 euros TTC. L’agence de l'eau
Seine-Normandie affiche un prix moyen de 3,72 euros en 2011 sur son territoire (source : site
de l’agence de l’eau Seine-Normandie) soit un écart de 35 %.
La part de la commune dans ce tarif est de 0,876 euros HT soit 18 % du tarif TTC
du
mètre
cube
moyen.
Les
excédents
des
budgets
annexes
« eau
potable »
et
« assainissement » ont été précédemment soulignés.
1 - Le budget annexe « Eau potable »
Le tableau suivant reprend la formation des excédents budgétaires du budget
annexe :
Budget eau
Crédits ouverts
Réalisé
Crédits ouverts
Réalisé
Crédits ouverts
Réalisé
Fonctionnement
857 912,37
-
446 136,79
-
453 112,21
Recettes
2 024 784,00
959 481,00
2 387 596,53
502 670,04
1 743 978,27
516 952,52
Dépenses
2 024 784,00
101 568,63
2 387 596,53
56 533,25
1 743 978,27
63 840,31
Investissement
129 995,86
-
33 901,66
-
920 468,12
Recettes
2 409 681,84
177 656,91
3 193 240,11
38 480,72
3 350 553,56
1 096 401,81
Dépenses
2 409 681,84
47 661,05
3 193 240,11
4 579,06
3 350 553,56
175 933,69
Résultat global
987 908,23
-
480 038,45
-
1 373 580,33
Résultat N-1
1 515 437,00
2 503 345,23
2 983 383,68
Résulat cumulé
2 503 345,23
-
2 983 383,68
-
4 356 964,01
2008
2009
2010
Outre des écarts significatifs dans la réalisation de la prévision budgétaire,
d'importants excédents ont été accumulés étant précisé que ce budget ne comporte aucun
endettement. Dès lors, en l'absence de travaux significatifs à horizon rapproché, la chambre
recommande d’engager une réflexion sur le niveau de redevance prélevée par la commune.
2 - Le budget annexe « Assainissement »
Le tableau suivant reprend la formation des excédents budgétaires du budget
annexe :
Budget assainissement
Crédits ouverts
Réalisé
Crédits ouverts
Réalisé
Crédits ouverts
Réalisé
Fonctionnement
848 816,98
-
500 754,34
-
479 111,64
Recettes
1 738 162,54
1 147 100,06
2 146 879,52
661 160,51
1 743 978,27
638 026,58
Dépenses
298 283,08
2 146 879,52
160 406,17
1 743 978,27
158 914,94
Investissement
89 930,77
-
-
36 047,24
-
-
64 277,33
Recettes
3 452 211,80
204 682,33
18 609 913,01
226 921,21
3 350 553,56
174 140,61
Dépenses
294 613,10
18 609 913,01
262 968,45
3 350 553,56
109 863,28
Résultat global
758 886,21
-
464 707,10
-
543 388,97
Résultat N-1
2 622 726,80
3 381 613,01
3 846 320,11
Résulat cumulé
3 381 613,01
-
3 846 320,11
-
4 389 709,08
2008
2009
2010
Le budget annexe « assainissement » connaît également des écarts significatifs
dans la réalisation de la prévision budgétaire ainsi que d’importants résultats accumulés. Le
solde du compte administratif est de 4 390 000 euros et le montant de la dette de 43 000 euros
au 31 décembre 2010.
Ce budget prendra en charge le financement de la mise aux normes d'une station
d'épuration pour un montant de 7 523 000 euros hors taxes, selon le marché attribué lors du
conseil municipal du 6 mai 2011. Le plan de financement adopté le 1
er
juillet 2011 fait
apparaître une charge nette de 3 087 000 euros.
Rapport d’observations définitives de la chambre régionale des comptes de Basse-Normandie, Haute-Normandie sur la gestion de la commune de Fécamp
La commune a donc choisi d'autofinancer cet important équipement.
Un financement de cet équipement par l’emprunt aurait permis de lisser la charge
sur une plus longue période et de réduire ainsi le niveau de la redevance municipale.
Ce budget annexe devra toutefois porter la charge des amortissements de cet
équipement alors même qu’aucun emprunt n’aura été mobilisé. Le risque de voir à nouveau
gonfler l’excédent de ce budget, par le biais d’une recette d’investissement ne couvrant
aucune dépense, est potentiellement important si la commune ne pratique pas la reprise des
subventions d’équipement reçues.
Cette dernière ne dispose pas d’une projection budgétaire pluriannuelle de ses
budgets annexes. Le faible niveau de réalisation de ses inscriptions budgétaires et la politique
d’autofinancement des équipements « eau potable » et « assainissement » expliquent
d’importants excédents budgétaires. Une réflexion sur le niveau des redevances permettrait
probablement de contenir le niveau du prix de l’eau actuellement plus élevé que dans la
moyenne des communes.
III – LES PROCEDURES DE GESTION INTERNE
La chambre a examiné la qualité de la procédure budgétaire, la sécurité
informatique municipale, la commande publique ainsi que la politique de gestion des
ressources humaines.
A - La procédure budgétaire
La chambre a procédé à un examen de la qualité de la procédure budgétaire mais
également du respect par la commune de ses obligations en matière d’affectation des résultats
ou de justification des restes à réaliser. Ces points n’appellent pas de remarques particulières.
La chambre formule toutefois des remarques tenant à la tenue du débat
d’orientation budgétaire ou à la prévision des conséquences financières des investissements
structurants décidés par la commune.
Rapport d’observations définitives de la chambre régionale des comptes de Basse-Normandie, Haute-Normandie sur la gestion de la commune de Fécamp
1 - Le débat d’orientation budgétaire (DOB)
Conformément à l’article L. 2312-1 du CGCT un débat a lieu au conseil
municipal sur les orientations générales du budget de l'exercice dans un délai de deux mois
précédant l'examen de celui-ci.
Le débat d’orientation budgétaire (DOB) 2010 a porté sur le contexte budgétaire
national, les priorités de la ville pour l’année 2010 et la situation financière rétrospective de
2005 à 2009.
Dans une réponse récente, le ministère de l’intérieur
5
reprend l’obligation dégagée
par la jurisprudence administrative de présenter des éléments de prospective :
« De même, lorsque la note explicative de synthèse communiquée n'est pas
suffisamment détaillée, notamment si elle ne comporte pas d'éléments d'analyse prospective,
ni d'informations sur les principaux investissements projetés,
sur le niveau d'endettement, sur
son évolution et sur l'évolution des taux de la fiscalité locale, le débat sur les orientations
budgétaires doit être regardé comme s'étant tenu sans que les membres de l'assemblée
délibérante aient bénéficié de l'information prévue par les dispositions législatives
applicables. Cette circonstance constitue une irrégularité substantielle de nature à entacher
d'irrégularité la procédure d'adoption du budget primitif (CAA Douai 14 juin 2005, commune
de Breteuil-sur-Noye ; TA Nice 10 novembre 2006, M. Antoine Di Lorio c/commune de La
Valette-du-Var ; TA Nice 19 janvier 2007, M. Bruno Lang c/commune de Mouans-Sartoux) ».
Alors que les DOB 2010 et 2011 présentaient les autorisations de programmes
avec le montant des crédits de paiements, aucun élément prospectif d’engagements
pluriannuels n’a été mentionné dans les documents distribués afin d'appuyer ce débat. Plus
globalement, le débat ne mentionnait aucune prospective ni en 2010, ni en 2011.
Afin de sécuriser sa procédure budgétaire et d’enrichir ce débat important, la
chambre invite la collectivité à présenter une vision pluriannuelle des engagements envisagés
et de leur financement, conformément à l’article L. 2312-1 du code général des collectivités
territoriales, avec notamment l’élaboration d’un programme pluriannuel des investissements.
2 - L’impact des dépenses d’équipement sur l’équilibre budgétaire : le pilotage de
la construction du musée des pêcheries
L’opération «
musée des pêcheries »
a fait l’objet du vote d’une autorisation de
programme à l’origine de 9 675 520 euros en 2007 portée à 13 500 000 euros en 2008. Cette
autorisation de programme constitue le principal investissement communal. A ce titre, les
mécanismes d’aide à la décision ont été examinés par la chambre.
Par délibération du 7 octobre 2005, le conseil municipal a attribué une mission de
maîtrise d’oeuvre pour la réalisation d’un musée dans l’ancienne usine des pêcheries de
Fécamp.
Les études menées ont conduit à l’élaboration d’un projet qui prévoit la
réhabilitation du bâtiment principal et la construction d’un bâtiment annexe neuf, répondant
au programme rédigé par un cabinet extérieur avec les utilisateurs et la direction des Musées
de France. Ce projet se déploie sur une surface de 4 516 m² et comprend :
5
Réponse AN n°113040 publiée au JO le 25/10/2011
Rapport d’observations définitives de la chambre régionale des comptes de Basse-Normandie, Haute-Normandie sur la gestion de la commune de Fécamp
- des salles d’exposition permanente permettant la présentation et la conservation des
collections municipales, complétées par un belvédère panoramique ;
- deux salles d’exposition temporaire, et des espaces d’accueil avec librairie ;
- un auditorium d’une centaine de places, un espace pédagogique et un espace de
documentation ouvert au public ;
- des espaces logistiques comportant des bureaux, vestiaires, ateliers, réserves et climatisation.
Une étude de programmation de juillet 2004, dans sa phase 2 « aide à la
décision », proposait trois scénarios présentant des projets allant de 7 440 883 euros à
9 756 035 euros TTC. Ces scénarios ne portaient que sur des programmes fonctionnels
détaillant notamment les surfaces affectées à ce projet. Aucun scénario n'était accompagné par
un compte de résultat prévisionnel résultant des conditions d'exploitation propres à chaque
hypothèse. Aucune projection en termes de recettes ou de dépenses de fonctionnement de
l’équipement n’a été communiquée. Le projet scientifique lui-même, rédigé en 2003, ne
proposait aucune projection financière.
La chambre remarque qu’un projet de cette envergure a été initié sans que son
incidence sur la section de fonctionnement n’ait été estimé. La commune s'expose ainsi
potentiellement à des coûts de fonctionnement non anticipés pouvant influencer ses équilibres
financiers.
Au plan budgétaire l’opération a pris du retard en 2008 et 2009 du fait de marchés
infructueux. Ce volume important de crédits reportés, de 1,7 million d’euros en 2008 et de
4,9 millions d’euros en 2009, explique un taux de réalisation des crédits d’investissement en
repli pour 2008 et 2009.
Par délibération du 30 mars 2012, le conseil municipal a validé les AP/CP qui
représentent 52 millions d’euros depuis 2007. Dix millions d’euros de crédits de paiements
sont inscrits en 2012 dont 4,2 millions d’euros pour l’opération « musée des pêcheries » qui
est réalisée à hauteur de 7 millions d’euros et dont 6,4 millions d’euros restent à financer à
l’horizon 2013. Force est de constater que ce projet a pris du retard.
La chambre a pris acte de la réponse de l’ordonnateur, qui ne met en évidence que
les éléments de conception scientifique et architecturale du projet de musée. Cette réponse est
en effet dépourvue d’élément chiffré, tant au niveau des investissements nécessaires pour la
réalisation du musée des pêcheries tel qu’il est conçu à ce jour, que de son exploitation en
application du projet scientifique et technique susmentionné.
La chambre ne peut donc pas conclure que ce projet est compatible avec le
maintien des équilibres financiers de la commune dans le futur. Elle recommande à la ville de
Fécamp de veiller à se doter systématiquement, dans ses documents d’aide à la décision, des
éléments de prospective financière concernant notamment les coûts d’exploitation de ses
principaux projets d’équipements.
Rapport d’observations définitives de la chambre régionale des comptes de Basse-Normandie, Haute-Normandie sur la gestion de la commune de Fécamp
B - La sécurité informatique
Le service informatique dispose d’une bonne connaissance de son patrimoine.
Une mise à niveau du parc informatique et une amélioration sensible du service rendu aux
utilisateurs est à noter. Cette amélioration du service a ainsi permis le déploiement de
l’application PESV2 précédemment évoquée.
La commune s’est dotée d’une charte informatique approuvée par le comité
technique paritaire en décembre 2006. Cette charte a évolué en juillet 2010 notamment pour
sa partie relative à l’utilisation d’internet.
Des problèmes de sécurité demeurent et trouveront des réponses adaptées dans les
prochaines années. Ainsi, la commune ne dispose pas d’une salle extérieure à l’hôtel de ville
permettant une sauvegarde des données stockées dans les serveurs situés au sein du service
informatique. Par ailleurs, la salle informatique n’est pas sécurisée par un digicode et un
système de protection contre les incendies suffisant. Un incendie aurait donc de graves
répercussions sur l’activité municipale.
C - La commande publique
La chambre a procédé à l’analyse des mandats émis par la commune pour
l’exercice 2012. Le respect des seuils prévus par le code des marchés publics n’appelle pas de
commentaires particuliers, y compris pour les marchés à procédure adaptée.
Il a été plus particulièrement procédé à l’examen de la passation de marchés
formalisés en ce qui concerne :
- les marchés de travaux relatifs à la construction du nouveau musée, lesquels n’appellent pas
de remarques particulières ;
- deux marchés formalisés de fournitures courantes identifiés aléatoirement et en raison de
leur nature à partir de la liste des marchés attribués par la commune : la fourniture de
carburants et la réalisation de plans-reliefs de la ville.
Ces deux derniers marchés appellent des remarques quant à la procédure de
passation retenue par la commune.
1 - Le marché « approvisionnement en carburants en stations-services par cartes
accréditives »
La commune a eu recours à un appel d'offres ouvert européen concernant son
approvisionnement en carburants. Il s'agissait d'un lot unique conclu pour une durée d’un an
renouvelable deux fois, soit un total de trois années. L'estimation du marché portait sur un
volume annuel de 50 000 litres de super SP 95, 70 000 litres de gazole et 2 000 litres de GPL.
Les critères de jugement des offres étaient répartis à hauteur de 50 % sur le prix
mesuré par le « rabais consenti » et à 50 % sur la valeur technique mesurée par la nature des
services et des prestations, les caractéristiques du produit et la traçabilité et moyens de
contrôle.
Rapport d’observations définitives de la chambre régionale des comptes de Basse-Normandie, Haute-Normandie sur la gestion de la commune de Fécamp
L'annonce a été lancée le 29 juillet 2011 dans le BOAMP du 2 août 2011 et au
JOUE pour une mise en oeuvre au 1er janvier 2012. Le délai de réponse a été fixé au 29
septembre 2011. Une seule offre a été reçue. Cette offre a été retenue et le marché attribué.
La date choisie pour lancer l’appel d’offre était peu propice à l’expression d’une
concurrence importante.
De plus, les critères retenus et leur pondération paraissent insuffisamment adaptés
à l’achat considéré.
En effet, le choix d’une pondération à hauteur de 50 % s’agissant de critères
techniques peut apparaître surprenant pour l’achat de fournitures pourtant très normées et
régulièrement contrôlées. Les éventuelles contraintes exigées par la commune auraient pu
justifier le recours à un allotissement, voire à des exigences au niveau du cahier des charges.
La chambre s’interroge également sur le critère retenu pour classer les offres en
termes de prix. L’offre retenue propose un rabais sur un barème résultant de la moyenne des
prix affichés dans les stations du réseau du fournisseur. Le choix de mesurer le prix à partir
d'un barème arrêté par le fournisseur lui-même, apparaît peu pertinent et à bien des égards peu
conforme aux exigences du code des marchés publics. En effet, en prenant en compte le seul
« rabais consenti », sans que le prix du barème soit spécifié par la collectivité, la commune ne
peut comparer les offres de fournisseurs dont la nature du réseau peut être différente.
2 - La réalisation de trois plans-reliefs de la ville de Fécamp
La commune a lancé une consultation pour la réalisation de trois plans reliefs de
la ville dans le cadre de la création du musée des pêcheries à la cité des terre-neuvas. Ces
maquettes ont vocation à rejoindre le belvédère vitré sur le toit du musée. Il s'agit de
comprendre l'évolution du territoire fécampois.
La commune a procédé à une publicité le 7 juin 2010 au BOAMP et au JOUE
demandant une réponse avant le 15 septembre 2010. Les critères retenus pour le choix des
offres tenaient compte de la conception pour 40 points, de la durabilité pour 30 points et du
coût pour 30 points. Huit entreprises ont remis une offre.
Les réponses des candidats variaient de 64 017 euros à 136 200 euros. La société
la plus chère a été retenue pour la qualité de son offre en obtenant 79,1 points, la deuxième
n'en réunissant que 50.
Les auteurs du rapport d’analyse rappelaient que le prix était conforme aux
estimations initiales et soulignaient
« la qualité incomparable de la proposition tant sur le
plan esthétique que pédagogique »
.
Surtout, il a été reproché aux autres candidats de ne pas avoir explicité leur
démarche dans leurs méthodes de travail, leur démarche pédagogique, la pertinence des
dispositifs à destination du public non voyant … A cet égard, le règlement de consultation
était peu explicite. Ce dernier demandait :
- une
« note méthodologique détaillant les différentes étapes de conception et de réalisation
des maquettes, les matériaux utilisés, les dispositions constructives retenues pour assurer
la solidité des maquettes »
;
- « tout élément complémentaire permettant d'apprécier la qualité des prestations proposées
(échantillon de matière ou extrait de la maquette, documentation sur des réalisations
similaires, etc) laissé à l'initiative du candidat »
.
Rapport d’observations définitives de la chambre régionale des comptes de Basse-Normandie, Haute-Normandie sur la gestion de la commune de Fécamp
Ainsi, certaines offres ont vu leur notation justifiée par des mentions telles que
« démarche pédagogique : non développé dans le dossier et pas convaincant sur l'échantillon
– 2/10 », « pertinence des dispositifs à destination du public non-voyant : non abordé –