Total des déductions / Produit brut IS et IT + déduction d’assiette (hors crédit d’impôt).
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Séance du 22 décembre 2011 - page 45 sur 84
De très nombreuses exonérations douanières amputent les recettes de la collectivité. Le code
des douanes prévoit une longue liste d’exonération de taxes et de droits d’entrée en fonction des
produits et des denrées. Parmi celles-ci plusieurs ont un impact budgétaire très fort. En premier lieu,
la détaxation des produits pétroliers
43
, qui fait perdre chaque année à la collectivité de la Polynésie
française une somme qui a été estimée à 3,9 milliards de F CFP en 2009.
Le maquis des exonérations douanières est coûteux. Ces exonérations ont en effet représenté
en moyenne une dépense fiscale de 3,8 milliards de F CFP par an de 2006 à 2009. Cette dernière
année, la dépense avait été de 4,3 milliards de F CFP. Parmi les plus fortes exonérations, figurent
celles pour les avions de transport international, qui sont exonérés de droits de douane et de TVA,
ce qui représente un coût de l’ordre de 500 MF CFP par an. Les paquebots de croisière sont, pour
leur part, exonérés de tous droits et taxes, ce qui a coûté de 230 MF CFP à 150 MF par an. Les
matières premières (agro-alimentaire, BTP, plastique, imprimerie) sont exonérées de droits de
douane, ce qui
a coûté de l’ordre de 240 MF CFP par an. Les objets d’art sont exonérés de toutes
taxes sauf de la TDL.
Ce coût élevé pour la collectivité renforce le plus souvent des positions monopolistiques au
détriment du libre jeu de la concurrence.
2.2.2.2. – L’augmentation des moyens de l’administration fiscale doit être envisagée
2.2.2.2.1. – Des moyens doivent être alloués en vue de réaliser les préalables
techniques de toute réforme
La réforme fiscale doit, en réponse aux problèmes posés, permettre de lisser les recettes par
une augmentation progressive des impôts directs et le développement de l’imposition des stocks
(patrimoine), de préférence à l’imposition traditionnelle des flux (revenus) et augmenter les
assiettes taxables par la suppression raisonnée des exonérations et dégrèvements inéquitables.
Pour y parvenir dans de bonnes conditions, des préalables techniques sont nombreux. A cet
égard, l’amélioration du cadastre, dont les imperfections avaient été soulignées dans un rapport de
la Chambre consacré à la gestion foncière
44
, est indispensable à la généralisation d’un impôt assis
sur le patrimoine foncier. D’une manière générale, la connaissance des revenus autres que salariés
doit impérativement progresser avant l’alourdissement de la fiscalité pour laquelle ils serviraient
d’assiette. Par exemple, l’augmentation des taux de CST, à laquelle la collectivité de la Polynésie
française fait périodiquement appel, pratiquée dans des conditions où la connaissance de tous les
revenus n’aurait pas été améliorée, aboutirait à renforcer les situations d’inégalité devant l’impôt
entre les salariés et les non salariés.
Le système fiscal polynésien n’est pas suffisamment organisé pour que soient encouragés les
comportements civiques que suppose son système déclaratif. L’administration de l’impôt joue, dans
un tel système, un rôle capital : en précisant les règles, en les adaptant au contexte économique, et
en assurant un contrôle fiscal de qualité.
43
La mission d’assistance s’est longuement penchée sur les moyens de mieux contrôler la détaxation de carburant (coloration). Elle
en a déduit qu’il était possible d’en réduire le coût de 20 % (900 MF CFP).
44
Rapport d’observations définitives du 4 novembre 2008 (Polynésie française – Affaires foncières).
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Aussi, le cadre comptable a-t-il besoin d’être stabilisé. Une délibération n° 85-1001 du
10 janvier 1985 a introduit le plan comptable 1982, sans en préciser la contexture exacte, créant
ainsi une insécurité juridique quant à l’application de ses règles.
Le plan comptable n’est pas opposable à tous les contribuables. La révision
45
de 1999 n’a
pas été transposée. L’adoption d’une norme comptable réglementaire
46
paraît indispensable pour
améliorer l’administration de l’impôt et le contrôle. De même, les « professions du chiffre »,
comptables et experts-comptables, ne sont pas régies par un texte réglementaire mais par une voie
conventionnelle : une association fait office d’ordre.
Des imprécisions dans le droit applicable laissent des pans entiers de la vie économique sans
normes réglementaires. Par exemple, le code de commerce s’applique, dans ses articles L-123-12 à
L-123-23, mais ne concerne que les commerçants, et pas les sociétés civiles et les professions
libérales.
La commission des impôts (article 431-2) a besoin d’évoluer dans sa composition, car elle
ne compte aucun membre délibérant du service des contributions, et dans son fonctionnement, car
celui-ci ne garantit pas un exercice satisfaisant du droit de recours. Seules les questions de fait
peuvent être évoquées devant elle, et son avis n’est que consultatif. L’interposition d’un arbitrage
présidentiel dans la procédure de l’impôt n’offre, pas toutes les garanties d’impartialité qu’est en
droit d’attendre tout contribuable d’autant que cette procédure prétorienne génère des retards
importants dans le traitement des affaires. Par exemple, une affaire de redressement dont la
commission a été saisie en février 2009, et dont l’arbitrage du président a été demandé en juin 2009,
n’est toujours pas résolue alors que le montant des droits à notifier est d’un milliard de F CFP.
A l’instar de la mission d’assistance, la Chambre territoriale des comptes recommande la
suppression de l’arbitrage présidentiel et la transmission rapide au juge de l’impôt lorsque le
précontentieux a échoué.
2.2.2.2.2. - Renforcer les services fiscaux
Une des raisons pour lesquelles, le système fiscal souffre de rendements fiscaux insuffisants
est à rechercher dans le dimensionnement trop réduit de l’administration fiscale par rapport aux
enjeux.
La mise en oeuvre d’une politique fiscale rénovée requiert l’allocation de moyens
supplémentaires afin d’améliorer les rendements fiscaux. Le taux de recouvrement en 2009 était de
93,72% alors qu’il était de 95,8 % en 2005. Mais ces
taux sont en moyenne inférieurs de 2 points
aux taux métropolitains.
Les recouvrements d’impôts ne sont pas uniformes. Le taux de recouvrement à échéance est
de 40% pour l’IS, de 38% pour l’IT, et seulement de 5,8% pour la contribution des patentes.
L’impôt foncier a un taux de recouvrement de 45%. La CST salarié a un taux de recouvrement pour
la partie déclarative de 71% et de 0,8% pour les non-salariés. La TVA (régime intérieur) a un taux
de recouvrement de 94%.
45
Il y en a eu 16.
46
Le plan de redressement adopté par la collectivité de la Polynésie française mentionne qu’un nouveau plan comptable a été publié.
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A titre indicatif, il restait 9 milliards de F CFP en restes à recouvrer sur les rôles émis de
2004 à 2009 pour 191 milliards de F CFP.
L’administration de l’impôt a un format très restreint. Elle compte 84 agents, dont 23 de
catégorie A. Le nombre trop réduit d’agents de cette catégorie, en dépit de leur qualité, ne permet
pas une administration des impôts accomplie.
Des missions sont de fait sacrifiées, faute de moyens
et de formation professionnelle organisée et performante.
C’est ainsi que le contrôle fiscal a été une mission qui n’a pas été exécutée avec des moyens
suffisants. Avec seulement 5 agents de catégorie A, la cellule de contrôle fiscal externe ne peut pas
remplir la totalité de ses misions.
Ainsi, depuis 2004, les statistiques du Contrôle Fiscal Externe (CFE) traduisent la faiblesse
des moyens consacrés au contrôle. En 2009, un renforcement des moyens, notamment sur le plan
qualitatif (détachement d’un inspecteur principal de la direction générale des finances publiques)
s’est aussitôt traduit par une forte augmentation des pénalités sur rappelés
47
.
Contrôle Fiscal Externe (CFE) de 2006 à 2010
2006
2007
2008
2009
2010
2011(avril)
CFE engagés
28
33
26
45
33
8
CFE clôturés
39
33
26
31
39
14
Droits
rappelés
353 892 864
231 218 692
169 063 931
736 811 531
1 409 643 025
2 034 683 547
Moyenne des
droits
9 074 176
7 006 627
6 502 458
23 768 113
36 144 692
145 334 539
Pénalités sur
rappelés
87 014 522
72 459 425
52 494 884
394 095 424
1 062 763 159
817 857 539
3 - La défiscalisation locale : un dispositif à reconsidérer au regard des
objectifs visés et des contraintes actuelles
Les
dispositifs
de
défiscalisation
outre-mer
sont
des
mesures
d’aide
fiscale
à
l’investissement qui offrent l’opportunité aux contribuables de réduire le montant de leurs impôts,
s’ils consentent à investir dans un secteur considéré par les pouvoirs publics comme déterminant
pour le développement économique et social du territoire.
Apparues en France pour la première fois en 1952, ces mesures ont été puissamment
renforcées par la loi Pons du 11 juillet 1986, puis « normalisées » par la loi Paul du 13 décembre
2000 et la Loi Girardin du 21 juillet 2003.
Le dispositif national, sous les différentes modalités qu’il a connues depuis 1986, n’avait pas
rencontré, dix ans après son lancement, le succès escompté dans les collectivités dotées de
l’autonomie fiscale, comparativement aux autres collectivités d’outre-mer soumises à une fiscalité
de droit commun.
47
Le contrôle fiscal va bénéficier en juillet 2011 d’un renfort temporaire : 4 vérificateurs et un inspecteur principal pour améliorer les
techniques de contrôle fiscal.
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De fait, en Polynésie française, l’absence d’impôts nationaux rendait partiellement
inopérante l’une des modalités du dispositif national, la défiscalisation directe, les investisseurs
locaux ne pouvant utiliser de crédits d’impôt. L’autre modalité, la défiscalisation externalisée,
n’avait pas été beaucoup utilisée en Polynésie française, les investisseurs métropolitains se
concentrant sur des projets d’investissements moins lointains.
Pour surmonter ces difficultés, la collectivité de la Polynésie française s’est dotée d’un
dispositif complémentaire, juxtaposé au dispositif national de soutien à l’investissement, utilisant la
marge d’initiative que lui confère son régime d’autonomie fiscale.
Cette création a aussi été justifiée par ses promoteurs par son inscription opportune dans le
contexte volontariste de la période qui a suivi la fermeture du Centre d’Expérimentation du
Pacifique (CEP). Pour s’affranchir du modèle de développement antérieur, qui reposait trop
exclusivement sur les transferts publics
48
, la collectivité de la Polynésie française et l’Etat, dans le
cadre d’un Pacte de progrès économique, social et culturel signé le 27 janvier 1993 et d’une loi
d’orientation sur le développement de la Polynésie française adoptée le 5 février 1994, ont décidé
d’encourager le développement des ressources propres
49
de la Polynésie française. Dans ce nouveau
cadre, le levier fiscal est apparu particulièrement adapté pour mobiliser l’épargne locale privée,
jusqu’alors récalcitrante pour financer des investissements productifs en Polynésie française.
Le premier objectif fixé au levier fiscal était de soutenir prioritairement « la construction
immobilière à vocation touristique ».
Le mécanisme fiscal, dans ses principes, est resté inchangé depuis l’origine. Le projet
défiscalisé ouvre droit à un crédit d’impôt aux personnes morales soumises à l’impôt sur les
sociétés (IS) et aux personnes physiques soumises à l’impôt sur les transactions (IT), dès lors
qu’elles financent le projet sous la forme de prises de parts sociales ou d’actions de la société qui
investit, d’apports de terrain ou de prêts en compte courant d’associés non rémunérés.
Un premier régime spécifique de défiscalisation dit « dispositif FLOSSE » a été créé par une
délibération n°95-55 AT du 24 mars 1995, votée par l’Assemblée de la Polynésie française. En
cohérence avec le projet de développement qu’elle venait d’adopter, la collectivité de la Polynésie
française a décidé d’orienter le dispositif incitatif en priorité vers la
« construction immobilière, à
vocation touristique ».
Plusieurs modifications significatives ont par la suite été apportées au dispositif initial, en
2004 puis en 2009, sans que ces ajustements en modifient le principe.
A titre d’exemple, un projet d’hôtel agréé en 2008 de 10 milliards de F CFP donnait lieu à
une dépense fiscale de 6 milliards (crédit d’impôts) dont la répartition était la suivante : 4 milliards
restaient au projet et 2 milliards constituaient la rémunération de l’investisseur fiscal qui, le cas
échéant, rétribuait le cabinet de défiscalisation chargé de monter le dossier (environ 0,5 milliard).
48
Les crédits de la Défense nationale (CEA-CEP).
49
Tourisme, pêche hauturière, perliculture.
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Séance du 22 décembre 2011 - page 49 sur 84
En termes de développement économique et social, le bilan de la défiscalisation locale après
quinze ans de mise en oeuvre n’est pas totalement convaincant. Si les réalisations n’ont pas manqué,
en particulier dans la construction hôtelière, les effets du dispositif sur le développement
économique et social restent incertains. Le levier fiscal a conduit à des surinvestissements notoires
dans les secteurs sur lesquels était censé s’appuyer le développement économique de la Polynésie
française : l’hôtellerie, le transport aérien et la pêche hauturière. A l’inverse, la réalisation
d’équipements structurants grâce à la défiscalisation locale est restée rare.
Plusieurs déficiences méthodologiques ont été directement à l’origine de ces résultats
mitigés. En particulier, le contrôle des projets, l’évaluation des réalisations, l’expertise du coût des
projets, n’ont pas été à la hauteur des enjeux, qu’ils aient été financiers ou économiques. Au
surplus, le paramétrage des incitations fiscales a été mal ajusté, entraînant une dépense fiscale de
108 milliards de F CFP depuis 1995 qui s’est avérée insoutenable dans la durée pour les ressources
de la Polynésie française.
La défiscalisation locale se révèle coûteuse pour le budget de la collectivité d’outre-mer sans
que ses retombées économiques et sociales aient profité durablement au développement du
territoire. Le dispositif mérite a minima d’être recadré tant en termes d’objectifs que de moyens
alloués, et sans que soit a priori exclu un abandon pur et simple de cette dépense fiscale au profit du
subventionnement direct, s’il s’avérait plus efficace.
3.1 - Les dispositifs de défiscalisation se sont révélés coûteux pour la
collectivité et très avantageux pour certains contribuables et investisseurs
En quinze ans, la collectivité de la Polynésie française, au travers les dispositifs de
défiscalisation dont elle s’est dotée, a abandonné 108 milliards de F CFP de recettes fiscales soit
environ 7,2 milliards par an, de 1996 à 2010.
Cette politique de défiscalisation locale a conduit la collectivité à se priver chaque année
d’environ un tiers du produit de l’impôt sur les transactions et de l’impôt sur les sociétés.
Le paramétrage du dispositif s’est révélé très avantageux pour certains contribuables et
investisseurs en leur offrant de bonnes opportunités d’optimisation fiscale sans exiger de fortes
contreparties en retour.
3.1.1 - Une dépense fiscale très lourde
Par définition, une dépense fiscale, quel que soit son motif, ne peut pas faire l’objet d’une
limitation a priori du montant des crédits d’impôts annuellement allouables. Le raisonnement par
enveloppe fermée est proscrit en matière fiscale pour placer tout bénéficiaire potentiel dans une
situation de stricte égalité devant l’impôt.
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Séance du 22 décembre 2011 - page 50 sur 84
Cette
contrainte
rendait
donc
l’introduction
de
dispositifs
défiscalisants
délicate
particulièrement pour une collectivité dotée de l’autonomie fiscale qui ne bénéficiait pas de recettes
directes très abondantes
50
et qui, sur le plan technique, ne disposait pas d’une véritable imposition
sur le revenu
51
sur laquelle les crédits d’impôt de la défiscalisation auraient été susceptibles de
s’imputer.
En 1996, la dépense fiscale a représenté d’emblée un effort budgétaire de 2,3 milliards de
F CFP, puis s’est stabilisée autour de 5,3 milliards de F CFP en moyenne jusqu’en 2000
(cf. annexe 7).
Elle a franchi un nouveau palier entre 2001 et 2005, période durant laquelle elle a
globalement plus que doublé par rapport au niveau atteint en 2000 : 9,4 milliards en 2001,
12,2 milliards en 2002, 13,4 milliards en 2003, 8,8 milliards en 2004 et 9,7 milliards de F CFP en
2005.
De 2006 à 2008, la dépense s’est légèrement repliée en se maintenant cependant en
moyenne à plus de 7 milliards de F CFP. Ce n’est qu’en 2009, puis encore plus nettement en 2010
que, contrainte par des difficultés budgétaires, la dépense fiscale a diminué d’environ 2,5 milliards
d’une année sur l’autre, s’établissant d’abord à 4,6 milliards de F CFP en 2009 puis, à 4,3 milliards
en 2010.
L’abandon de recettes fiscales auquel a donné lieu la défiscalisation locale a représenté un
effort substantiel pour les finances polynésiennes. Rapportée aux impôts sur le bénéfice des sociétés
et sur les transactions qu’elle affectait, la dépense fiscale, à la fin des années quatre-vingt dix,
correspondait à environ 30% des produits bruts. En 2002 et 2003, lorsque la mesure a connu son
apogée, elle a représenté la moitié du produit brut fiscal. A partir de 2004, la perte volontaire de
recettes fiscales s’est progressivement réduite. Elle représentait encore 40 % des produits bruts en
2004 et 2005, avant de se stabiliser entre 2006 et 2009 à environ 30 % des produits bruts. En 2010,
alors qu’elle était en net repli, elle correspondait encore à un abandon de 24% des recettes fiscales.
Cet effort budgétaire direct a été en outre augmenté par des dispositions fiscales spéciales
qui, pour remédier aux difficultés d’exploitation des projets défiscalisés, ont mis en place des aides
fiscales et admis des dégrèvements d’impôt.
La forme la plus aboutie de cette intervention complémentaire a été le dispositif d’aide
fiscale à l’exploitation (AFE), instauré en 2004, lorsque les premières défaillances des entreprises
hôtelières qui avaient bénéficié de crédits d’impôts, ont commencé à se manifester.
Cette mesure a été adoptée par délibération n°2004-33 du 12 avril 2004. Elle était instituée
afin d’aider
« toutes entreprises réalisant en Polynésie française, pour les besoins de leur activité,
un investissement productif dans un secteur éligible au dispositif de défiscalisation
locale ».
50
Les recettes fiscales représentaient moins de 25% des produits de fonctionnement en moyenne
sur la période 1996-2010 pour la
Polynésie française.
51
Les revenus subissent à la place un prélèvement au profit du système de protection sociale, affecté au financement du régime de
solidarité (Contribution sociale territoriale).
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Entre 2004 et 2009, année de l’abrogation de cette disposition, a donc été couplée, de
manière quasi systématique, au dispositif de défiscalisation locale une aide complémentaire servie
sous forme d’exonérations fiscales d’un montant qui pouvait atteindre par projet 30 % de
l’investissement hors taxes. En outre, ce dispositif prévoyait une aide financière aux projets agréés à
l’AFE d’un montant maximum de 450 MF CFP, pour le financement, durant une période limitée à
7 ans, de dépenses immobilières, de dépenses d’infrastructure, d’honoraires d’architecte ou de
maîtrise d’oeuvre, de dépenses de formation, de dépenses de location d’aéronefs ou de navires.
L’aide complémentaire au dispositif de défiscalisation locale était accordée de manière
discrétionnaire par le président de la Polynésie française
52
. L’accès à cette aide complémentaire
était très large. Tous les secteurs éligibles au moment de la création de l’aide y ouvraient droit. Elle
était non seulement ouverte aux sociétés
53
qui réalisaient l’investissement productif, mais aussi à
celles qui simplement participaient au projet. Etaient ainsi concernés tous les investisseurs dans les
secteurs de l’élevage, l’agriculture, l’industrie agroalimentaire, les énergies renouvelables, les
transports, la production, la pêche industrielle, les activités portuaires et aéroportuaires,
l’environnement, la construction d’hôtel, de golf, la pisciculture et l’aquaculture.
Cette aide fiscale à l’exploitation a représenté, d’après la direction des contributions
publiques de la Polynésie française, une dépense fiscale supplémentaire estimée à 9 milliards de
F CFP
54
. Cette dépense serait à ajouter au coût estimé de la dépense fiscale résultant directement de
la défiscalisation locale pour chiffrer le coût global du dispositif. Ainsi chiffré, le coût véritable de
la défiscalisation locale depuis sa création serait de 117 milliards de F CFP, soit près du produit de
5 années de fiscalité directe.
3.1.2 - Les incitations fiscales ont été très avantageuses pour certains contribuables
et investisseurs
La défiscalisation locale est un moyen d’intervention publique qui repose sur une incitation
fiscale pour aider les investissements productifs outre-mer. La collectivité publique qui accorde des
crédits d’impôt doit veiller à ce que les avantages fiscaux ne soient pas disproportionnés par rapport
à l’objectif poursuivi. Les dispositions techniques doivent viser à maintenir un équilibre raisonnable
entre l’intérêt général et les intérêts respectifs de l’entrepreneur et de l’investisseur fiscal.
Le dispositif polynésien, par les paramètres qui ont été retenus dès l’origine, a été trop
orienté vers la satisfaction de l’intérêt de l’entrepreneur et surtout de l’investisseur fiscal, l’intérêt
général n’étant que secondairement pris en compte.
3.1.2.1. - Le paramétrage du dispositif a avantagé l’investisseur sans imposer des
contreparties à la hauteur de l’effort fiscal consenti
L’investisseur, en particulier, l’investisseur fiscal, qui n’intervient que pour des actions de
portages financiers, ont bénéficié d’avantages substantiels, sans être soumis en contrepartie aux
contrôles et aux obligations qui auraient été nécessaires pour préserver les intérêts publics.
52
Après avis consultatif de la commission des agréments présidée par le vice-président de la Polynésie française.
53
Y compris aux SEM et aux EPIC.
54
En 2005, 7,5 milliards de F CFP ont été agréés cette seule année (transport aérien).
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3.1.2.1.1. - Les taux de crédits d’impôt
La fixation de taux de crédits d’impôt à un niveau élevé a considérablement avantagé les
investisseurs sans leurs imposer des obligations.
La raison avancée par les autorités polynésiennes pour justifier ces taux élevés est qu’il
s’agissait d’investissements dans des secteurs prioritaires pour lesquels les apporteurs de capitaux
restaient réticents. Il importait avant tout de doter rapidement la Polynésie française d’un parc
hôtelier de luxe en lien avec la stratégie de niche choisie comme vecteur de son développement
économique. En termes quantitatifs, il s’agissait d’atteindre 350 000 touristes en 2005 et de
construire en dix ans les réceptifs en rapport.
Le dispositif fiscal reposait sur l’idée que plus le taux de crédit d’impôt était élevé, plus
forte était l’incitation fiscale, et, plus important serait le nombre des investissements. Par ailleurs, la
fixation de seuils d’éligibilité élevés, notamment pour la construction hôtelière, a conduit à
privilégier le financement de grands projets
55
.
Le maintien d’un taux de crédit d’impôt très élevé pour le secteur de l’hôtellerie et du
tourisme de 1995 à 2009 a effectivement permis de développer de nombreux hôtels internationaux
grâce à la baisse considérable de leur coût d’acquisition. Ce secteur, à lui seul, a donné lieu à
environ 70 milliards de F CFP de crédits d’impôt sur les 108 milliards de F CFP octroyés depuis
1995.
L’abaissement du coût d’acquisition a été d’autant plus fort qu’au taux élevé de crédit
d’impôt de 60%
56
de la défiscalisation locale s’est ajouté le taux de crédit d’impôt de 50 % de la
défiscalisation nationale. Ces mesures ont eu pour effet, dans le cas d’une double défiscalisation
57
,
de permettre au promoteur d’un projet hôtelier de recevoir une aide de 70 % du coût de son
investissement.
Le lancement de projets hôteliers est ainsi devenu possible avec un apport en fonds propres
ou en emprunts de l’investisseur réduit à 30 % du coût de l’investissement. Dans ces conditions, les
considérations habituelles d’un entrepreneur soucieux de la viabilité future de son investissement
couraient le risque évident d’être reléguées au second plan, notamment si aucune forte
conditionnalité n’était mise à l’octroi de ces avantages.
En 2004, le service du plan et de la prévision économique (SPPE) de l’administration
polynésienne avait conclu pour la construction hôtelière que ces taux étaient trop avantageux pour
les investisseurs locaux, et qu’ils perturbaient le calcul économique de l’entrepreneur. En 2006, le
rapport précédent de la Chambre territoriale des comptes consacré aux finances de la Polynésie
française avait mis en exergue le niveau élevé des taux de crédits d’impôts dans le secteur hôtelier,
alors que commençaient à se manifester les signes avant-coureurs d’une désaffection de la
destination et d’une chute de la fréquentation hôtelière.
De ce fait, la collectivité de la Polynésie française disposait d’un levier d’action important
pour diminuer le coût budgétaire de la défiscalisation par l’abaissement du taux de crédit d’impôt
dans le secteur hôtelier où se concentraient près des trois quarts de la dépense fiscale. Les taux de
crédits d’impôt dans la construction hôtelière ne seront abaissés qu’en 2009, laissant perdurer
durant trois ans une situation où, manifestement, l’avantage fiscal était globalement mal ajusté.
55
Le seuil d’éligibilité a été initialement fixé à 200 MF CFP hors foncier, puis entre 2004 et 2009 à un milliard de F CFP, avant
d’être ramené à 500 MF CFP sur l’île de Tahiti et 250 MF CFP hors Tahiti.
56
A l’origine, ce taux était de 50% avec une possibilité d’extension à 60 %, valable jusqu’au 31 décembre 1996. Elle a été
reconduite, année après année, jusqu’en 2002, puis pérennisée.
57
Expression signifiant que le cumul des deux dispositifs est possible.
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3.1.2.1.2. – L’utilisation des crédits d’impôt
En Polynésie française, les crédits d’impôt ont été accordés avant que la réalisation complète
des projets ait été constatée. Les crédits d’impôt ne sont pas, comme dans le dispositif national de
défiscalisation, accordés en fin de programme, à l’achèvement des travaux. Ils sont utilisables avant
la réalisation complète des projets.
Jusqu’en 2004, les dispositions de la délibération n° 95-55 AT n’exigeaient qu’un minimum
de pièces pour bénéficier de crédits d’impôt. Il suffisait de produire d’un récépissé de dépôt de la
demande et une estimation du coût du projet sur papier libre pour que, sur décision du président,
formalisée par un arrêté, l’ouverture des droits à réduction fiscale soit réalisée. Le fait générateur de
l’ouverture des crédits d’impôt a été, dans ce dispositif, l’arrêté du président, contrairement à ce qui
se pratique dans le dispositif national qui n’ouvre le droit aux crédits d’impôt qu’à l’achèvement du
projet.
Il n’est, dès lors, pas étonnant que les situations les plus surprenantes aient pu être
rencontrées en Polynésie française. Ainsi, parfois, des opérations ont reçu des crédits d’impôt alors
que le chantier avait débuté depuis plusieurs années. D’autres ont bénéficié de crédits d’impôt alors
que le chantier n’était qu’au stade initial. En dépit des améliorations apportées de manière
significative par la loi du pays du 1
er
avril 2009, des situations semblables perdurent par le jeu des
dérogations
58
accordées initialement par le président, et depuis 2009 par le conseil des ministres.
Ces dérogations consistent à repousser la date de fin de chantier
59
figurant sur l’arrêté d’agrément,
ce qui permet de bénéficier d’un agrément aux conditions qui étaient en vigueur à la date de l’arrêté.
A titre illustratif, un projet de construction d’un hôtel de luxe dans l’archipel des Îles-du-
Vent a obtenu le bénéfice de la défiscalisation locale pour une base éligible de 9 milliards de F CFP
ouvrant droit à 5,4 milliards de F CFP de crédits d’impôt en 2004. La date du dépôt de la demande
remonte à décembre 2002. Le permis de construire a été obtenu le 22 février 2005.
Ce programme a bénéficié de trois prorogations
60
du délai de présentation du certificat de
conformité, amenant le délai de 42 mois à 106 mois
61
, après validation par le conseil des ministres
de l’argumentation de la société qui a fait valoir les contraintes particulières du projet (délais
d’instruction du dossier, utilisation des énergies renouvelables, pression médiatique, manque
d’encadrement sur place, aléas climatiques).
La réglementation locale a permis cependant que soit octroyée la totalité des crédits d’impôt
prévus, soit 5,4 milliards de F CFP. Le chantier a débuté en mai 2009 mais bénéficie du régime
antérieur, à savoir un taux de crédit d’impôt à 60% au lieu des 40% actuels, instaurés en avril 2009,
car la date du dépôt de la demande remonte à décembre 2002, et la société a jusqu’au 31 décembre
2013 pour présenter son certificat de conformité.
58
Les articles 374-1 et 375-1 organisent une prorogation pour cas de force majeure, ou difficulté liées à l’obtention de
la défiscalisation nationale.
59
Au terme de la réglementation, le défiscalisant dispose de 42 mois pour présenter un certificat de conformité.
60
Arrêté n°1484 du 31 octobre 2007 (31 décembre 2011) ; arrêté n°1621 du 23 septembre 2010 (31 décembre 2013).
61
Arrêté n°1484 du 31 octobre 2007 (31décembre 2011) ; arrêté n°1621 du 23 septembre 2010 (31 décembre 2013).
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3.1.2.1.3. – La définition des bases éligibles et des contrôles
La base défiscalisable à partir de laquelle sont déterminés les crédits d’impôt, n’a reçu une
définition précise qu’en 2009, soit quatorze ans après le lancement de la mesure. C’est ainsi qu’il a
fallu attendre 2004 pour que les frais de montage ne soient pas inclus dans la base défiscalisable.
Dans ces conditions, on ne s’étonnera pas que les frais de montage aient eu tendance à être
particulièrement élevés, puisque pour 60 % d’entre eux ils ouvraient droit à des réductions fiscales a
due concurrence.
Ces imprécisions ont permis pour le même projet des modifications très importantes de la base
défiscalisable.
Le projet de construction d’un hôtel de luxe, dans le cadre des dispositions existantes, a ainsi,
pu bénéficier d’un doublement de la base éligible. Celle-ci, lors de l’agrément initial, était de 4,45
milliards de F CFP en 2002. Elle est actuellement de 9 milliards de F CFP depuis 2009. Une
dernière demande (juillet 2009) pour une base éligible à 10,4 milliards de F CFP (prise en compte
des travaux préparatoires au chantier) est actuellement à l’étude.
Les investissements ont été aidés sans qu’aucun référentiel, ni coût plafond, n’ait été au
préalable fixé par la collectivité de la Polynésie française, contrairement aux conditions en vigueur
dans le dispositif national. Ces conditions, qui peuvent être qualifiées d’extrêmement souples, mais
qui ne peuvent être reprochées aux bénéficiaires, ont sans aucun doute contribué à l’absence de
maîtrise de la dépense fiscale entraînée par les projets hôteliers.
C’est en particulier le cas des investissements hôteliers qui n’ont été limités dans leur montant
que très tardivement, et à un niveau élevé
62
. Ces investissements, qui ont représenté l’essentiel des
opérations de défiscalisation, ont ainsi connu depuis quinze ans une forte augmentation du coût de
construction du « bungalow sur l’eau »
63
.
Dans les principaux projets hôteliers défiscalisés, le coût par chambre ou bungalow n’a cessé
de croître, passant de 12 500 000 F CFP en 1998 , pour un hôtel de luxe à BORA BORA, à
41 043 062 F CFP pour un hôtel de la côte OUEST de TAHITI en 2009. Depuis 1995, le coût par
chambre, en moyenne, a plus que triplé.
La légèreté des contrôles a aussi participé au déséquilibre constaté entre les avantages fiscaux,
considérables, et les contreparties, relativement faibles. Les projets qui ont bénéficié des crédits
d’impôt de la défiscalisation locale ont été soumis à peu de contrôle de la part des services de la
collectivité territoriale. Aucune reprise fiscale importante n’a, à ce jour, été menée à son terme.
62
La base éligible a été plafonnée en 2009 à 5 milliards de F CFP sauf dans le secteur touristique (hôtels) où elle a été fixée à
8 milliards de F CFP.
63
Ce phénomène a été accentué depuis 2005 par une réglementation imposant aux nouveaux hôtels de Bora Bora souhaitant se
positionner en cinq étoiles, une surface intérieure minimale par bungalow de 65m².
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Cette situation s’explique largement par le fait que lorsque la défiscalisation locale a été
décidée en 1995, et jusqu’à présent, aucun moyen d’administration supplémentaire n’a été consacré
à cette mesure. Il n’y a pas eu une allocation de moyens à la hauteur des enjeux. Le contrôle des
opérations défiscalisées n’a pas fait l’objet d’un traitement spécifique. Il n’a pas été différencié des
vérifications et diligences normales du contrôle fiscal. Le contrôle sur place des opérations
défiscalisées n’a jamais été distingué des procédures du contrôle fiscal. Aucun moyen spécifique. Il
n’a été dédié au contrôle sur place des réalisations.
En n’allouant pas au contrôle des opérations défiscalisées des moyens suffisants, le risque a
été pris que certaines de ces opérations recèlent des irrégularités qui auraient autorisé des reprises
fiscales et des poursuites, et ce, d’autant plus que le contrôle fiscal en Polynésie française était
connu pour être notoirement insuffisant : la fréquence d’occurrence d’un contrôle sur place a été
estimée
64
dix fois moins élevé qu’en métropole.
Ainsi, pour contrôler les montages complexes auxquels nécessairement les dispositions
particulières de la défiscalisation conduisaient, les moyens du contrôle fiscal n’ont pas été
renforcés. De même, lorsqu’en 2004 des procédures d’agrément plus élaborées se sont mises en
place, le secrétariat de la commission a été assuré, à moyens constants
65
par le service des
contributions.
De plus, l’efficacité de ces contrôles a été altérée par les moyens juridiques très limités dont
disposent les agents des impôts. Il n’y a toujours pas de texte spécifique habilitant ces agents à
effectuer des contrôles sur place, en dehors des procédures du contrôle fiscal externe (CFE). Jusqu’à
la loi du pays du 1
er
avril 2009, le droit de communication ne leur était pas ouvert.
3.1.2.1.4. - Les conditions offertes aux investisseurs fiscaux
Les conditions offertes aux apporteurs de capitaux, les investisseurs fiscaux, ont été
particulièrement avantageuses. En effet, les conditions d’apport en compte courant d’associés
(CCA) non rémunérés n’ont été assorties d’aucune contrainte forte.
Dans le cadre du dispositif de défiscalisation locale, les investisseurs, contribuables
domiciliés fiscalement en Polynésie française, ont la possibilité de concrétiser leur investissement
par un apport en compte courant d’associé
66
. Ces investisseurs, le plus souvent, effectuent une
opération de portage, qui limite leur intervention au financement de la construction ou de
l’acquisition du bien d’exploitation, sans être impliqués dans la couverture des risques
d’exploitation du projet défiscalisé. L’apport en CCA, lorsqu’il est repris par l’investisseur fiscal,
est généralement remplacé par un emprunt bancaire classique contracté par le porteur du projet.
64
Par les services fiscaux polynésiens (Rapport de la mission d’assistance septembre 2010).
65
Les agents du contrôle fiscal.
66
Il n’existe pas de définition légale des comptes courants d’associés. Seule une réponse ministérielle en précise le sens :
«L’apport
en compte courant d’associé consiste pour l’associé à consentir des avances ou des prêts en versant directement des fonds ou en
laissant à sa disposition des sommes qu’il renonce provisoirement à percevoir».
Ce compte courant d’associé doit s’analyser comme
un prêt.
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Le code des impôts polynésien considère le CCA comme un financement éligible au
dispositif de défiscalisation, contrairement aux possibilités offertes dans le cadre national. : «
Sont
considérés comme financements au sens de l’article 378-1 les souscriptions de parts en numéraire
ou apports de terrain, effectués lors de la constitution ou d’une augmentation de capital, ainsi que
les apports en compte courant non rémunérés dans ladite société. Dans ce dernier cas, la société
est tenue de produire chaque année un extrait du Grand Livre relatifs à ces comptes courants,
annexé à sa déclaration de résultats.
Le financement étant réputé effectué à la date du versement
effectif des fonds
».
Mais, le CCA a été assorti d’obligations de durée qui ont permis des allers et retours très
rentables pour les activités de portage. L’article LP 916-21 qui organise la durée de détention des
financements éligibles, dans sa première version de 1995, fixait avec un minimum de contraintes, la
dernière limite pour apporter les capitaux ouvrant droit à l’aide fiscale à un mois avant la date
d’achèvement du programme d’investissement
67
. Depuis les modifications intervenues en 2004, les
fonds devaient être bloqués 18 mois. Depuis la loi du pays du 1
er
avril 2009, la durée a été
raccourcie : le financement doit être apporté au plus tard douze mois avant la date d’achèvement du
programme si celui-ci est égal à la quote-part de la base éligible.
Avant ces modifications, c’est-à-dire durant les dix premières années du dispositif, il a été
possible d’apporter des financements pour des durées relativement courtes et bénéficier de plein
droit des avantages fiscaux.
Par exemple, pour un projet immobilier sis à TAHITI, les sociétés d’un grand groupe
polynésien ont apporté leurs financements le 24 octobre 2005, quelques jours avant le certificat de
conformité obtenu le 28 octobre 2005 ; cette opération a permis aux sociétés de bénéficier de
116 millions de F CFP de crédits d’impôt. Dans un autre projet, le même groupe a apporté 400 MF
CFP à l’opérateur, le 10 mai 2004, le certificat de conformité ayant été délivré le 29 décembre
2004 : cette opération a rapporté à l’investisseur fiscal 240 MF CFP de crédits d’impôt. Dans un
autre cas, une banque locale a apporté 150 MF CFP à un projet hôtelier des Îles Sous-le-Vent le 25
juin 2002, le certificat de conformité ayant été délivré le 28 juin 2002.
La rentabilité intrinsèque de ces opérations rémunérées par des crédits d’impôt est, par
construction, particulièrement élevée. Elles ont, en quelque sorte, permis de rémunérer un prêt
d’argent à court terme par des crédits d’impôt.
Depuis l’origine, pour les plus gros investisseurs, ces opérations ont ainsi permis d’annuler
25,5 milliards d’impôt pour 46 milliards de F CFP de financements apportés par les banques
locales, 7 milliards d’impôts pour 15 milliards de F CFP d’apport pour les distributeurs d’énergie
(pétrole et électricité) et pour le secteur des télécommunications. Des crédits d’impôt de
4,6 milliards de F CFP ont été accordés au secteur de la grande distribution pour 8 milliards de
participation. Le secteur de l’automobile a bénéficié de 3,6 milliards de F CFP de crédits d’impôts
pour des participations qui se sont élevées à 6,8 milliards de F CFP. Ensemble, ces investisseurs ont
reçu plus de la moitié des crédits d’impôt accordés depuis 1996.
67
Par une attestation d’achèvement établie par l’investisseur dans les trois mois du délai imparti pour réaliser le programme.
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rédits
d’impôt.
fortement crû et représenté depuis 1996, un coût estimé à
environ 7 % des recettes budgétaires.
pte ces aspects, notamment dans le secteur phare de la construction
hôtelière.
besoins à satisfaire, n’a jamais
été à la hauteur de la bonification pour la construction hôtelière.
cial (location-vente). Les parkings ont bénéficié
d’un taux à 40 % en aérien, 60 % en souterrain.
e française accuse
toujours un retard considérable, notamment en
matière de logement social.
3.1.2.2. - Les secteurs bénéficiaires des aides fiscales les plus importantes
Il est intéressant de noter que si les banques sont les premières bénéficiaires des crédits
d’impôt, elles ne possèdent en direct aucun hôtel. Dans le cas des banques, dont le métier est
précisément de financer l’économie, cette économie d’impôt a confiné à l’effet d’aubaine.
En définitive, la défiscalisation locale a profité à tous les intervenants : les investisseurs
exploitants, les investisseurs fiscaux et les cabinets de défiscalisation
68
. Le gain fiscal élevé a
profité non seulement aux investisseurs mais également aux cabinets spécialisés en défiscalisation
(experts-comptables, notaires, établissements spécialisés), dont les frais bénéficiaient, jusqu’en
2004, d’une réduction fiscale implicite en étant incorporables dans l’assiette éligible aux c
Tous les acteurs économiques avaient intérêt à une inflation des projets afin de récupérer
soit, des crédits d’impôts, soit des rémunérations, les plus importantes possibles. Il n’est donc pas
étonnant que
la dépense fiscale ait
En face de ces demandes, la collectivité de la Polynésie française n’est pas parvenue à
concilier au mieux les intérêts, différents, des investisseurs exploitants et des investisseurs fiscaux.
Les premiers comme les seconds sont sensibles au niveau du taux de crédit d’impôt. Mais les
investisseurs fiscaux privilégient la garantie de récupérer leurs fonds en fin d’opération, après
déduction de la quote-part rétrocédée. La conciliation a été obtenue par un maintien à un niveau très
élevé du taux de crédit d’impôt jusqu’en 2009, permettant à chaque partie de sauvegarder au mieux
ses intérêts. Mais, en qualité de puissance publique, la collectivité de la Polynésie française devait
avant tout veiller aux intérêts économiques du projet, à sa viabilité et à son apport réel au
développement de la Polynésie française. Les nombreux échecs économiques du système
défiscalisant local démontreraient plutôt que la collectivité de la Polynésie française n’a pas
suffisamment pris en com
A contrario, dans un autre secteur, alors que les besoins en logements et sociaux étaient très
élevés, la fixation des taux de crédit d’impôt a été moins favorable à l’investisseur. La bonification
pour le logement social, qui aurait dû être maximale au regard des
Depuis 1995, le secteur immobilier a bénéficié d’un taux de 30 % en résidentiel, 45 % en
logement intermédiaire, 55 % pour le logement so
A ce jour, la Polynési
Le dispositif fiscal a privilégié, depuis l’origine, le développement du tourisme de luxe et
accessoirement, la construction résidentielle. Les aides fiscales ont surtout bénéficié au secteur de la
construction d’hôtels de luxe et de logements intermédiaires. Elles ont aussi créé des effets
68
Qui se rémunèrent d’un pourcentage négocié sur le crédit d’impôt obtenu.
En Polynésie française, la majorité des montages en
défiscalisation locale sont toutefois effectués directement par les directions financières et juridiques des investisseurs fiscaux ou du
groupe qui réalise le projet.
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d’aubaine dans les secteurs comme la grande distribution ou la restauration rapide, pour lesquels il
est difficile de déceler les objectifs d’intérêt général que poursuivait la collectivité.
fiscale. La défiscalisation locale a ainsi surtout bénéficié
au secteur de la construction hôtelière et plus précisément à l’hôtellerie de luxe, plutôt qu’aux
activité
en lien avec le tourisme (navires de croisière ou golf). Seules, deux
sociétés n’appartenaient pas au secteur touristique, mais à celui de la construction immobilière
(logem
s les plus importants ont atteint plus de
64 milliards de F CFP. Depuis 1996, une société a ainsi reçu plus de 14 milliards de F CFP de
crédits
vation hôtelière, la construction de logements
n’a pas rencontré un aussi grand succès. Les deux principales sociétés immobilières ont cependant
reçu un soutien significatif de 1,2 milliard de F CFP.
’aubaine. Parmi celles-ci
figurent l’existence d’autres aides publiques bénéficiant au commerce (aides à l’export,
infrastr
ial n’étaient pas exclus. Puis, la loi
du pays n° 2005-01 du 7 février 2005 a confirmé cette orientation en substituant à la précédente une
nouvelle dénomination : «
Autres constructions immobilières ».
3.1.2.2.1. - La construction hôtelière de luxe et de logements intermédiaires
Depuis 1995, le soutien fiscal accordé aux investissements dans le secteur touristique a
abouti à une forte concentration de l’aide
s touristiques dans leur ensemble.
Le secteur de la construction hôtelière de luxe a concentré environ 70 % des crédits d’impôt.
Entre 1996 et 2010, sur les 20 projets les plus aidés, 18 étaient liés à la construction
hôtelière ou aux activités
ent intermédiaire).
En cumul, les aides accordées aux 20 projet
d’impôts.
Par rapport au secteur de la construction-réno
3.1.2.2.2. - Des effets d’aubaine pour la grande distribution et la restauration
D’autres secteurs bénéficiaires de la défiscalisation sont plus inattendus. En général, dans les
dispositifs de défiscalisation, le commerce et la grande distribution sont exclus des secteurs
éligibles. C’est ainsi que le commerce n’est pas éligible à la défiscalisation métropolitaine. Cette
exclusion répond à plusieurs considérations afin d’éviter tout effet d
uctures etc.) et le niveau relativement bas des seuils de rentabilité.
La Polynésie française a fait un choix différent, prenant le risque évident d’offrir aux
investisseurs de certains secteurs de substantiels effets d’aubaine puisque le taux de crédit d’impôt
dont ils bénéficient atteint 30 %. Cette ouverture s’est opérée graduellement. D’abord, une première
délibération du 1
er
février 2004 a élargi l’éligibilité à la défiscalisation locale à la « construction
d’immeubles à usage mixte
69
», dont les locaux à usage commerc
69
Ces constructions sont définies comme ayant vocation à comprendre 20 % de logements dans le coût du projet.
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L’agrément du secteur commercial a été sollicité pour la construction à FAA’A d’un centre
commercial par deux sociétés
70
, en dépit des réserves exprimées par le service des contributions en
2008 (lettre du 18 juin 2008). Un arrêté du 25 septembre 2008
71
a accordé une aide fiscale de 475
millions de F CFP a un projet d’hypermarché dont la réalisation doit être achevée avant le 25
septembre 2013, pour un coût de 1,6 milliard de F CFP. Un projet connexe de 9 milliards de F CFP
pour le centre commercial (galerie marchande et parkings) est en cours d’examen.
Cette éligibilité au secteur du commerce a conduit la collectivité de la Polynésie française à
aider aussi fiscalement l’implantation de restaurants de restauration rapide. En 2008
72
, un crédit
d’impôt de 107 millions de F CFP a été accordé à un premier projet. En 2010, un autre projet a été
déposé. Il est, à ce jour, en instance de décision pour un montant de crédits d’impôt de 167 millions
de F CFP.
3.2. - Les retombées économiques et sociales de la défiscalisation s’avèrent
limitées
L’objectif général du développement économique par le tourisme grâce à la défiscalisation,
qui n’a jamais cessé d’être affirmé par les autorités polynésiennes, ne saurait suffire à conférer une
efficacité opérationnelle à ce dispositif.
En réalité, la politique de défiscalisation est restée peu définie dans ses objectifs et, en outre,
n’a jamais été officiellement évaluée, même si plusieurs indicateurs invitent à douter de son
efficacité et, en tout état de cause, de son efficience.
3.2.1 – L’absence de véritable évaluation
Quinze ans après le lancement de la mesure, aucune évaluation en termes d’emploi ou de
valeur ajoutée n’a été réalisée pour le compte de la Polynésie française. Par exemple, s’agissant des
investissements dans le secteur immobilier résidentiel, les liens, supposés ou réels, entre la
défiscalisation locale et la hausse rapide des prix immobiliers n’ont jamais été expertisés.
Lorsqu’est abordée la question des retombées économiques et sociales de la défiscalisation,
qui pourtant sont les véritables justifications des efforts fiscaux consentis par la collectivité, il est
très vite avancé par les autorités locales qu’il est hasardeux de conclure sur l’efficacité ou
l’inefficacité de cette mesure fiscale car le dispositif n’a jamais été officiellement évalué.
Cet argument, qui prend appui sur l’une des failles du système pour justifier son maintien,
repose sur un paradoxe qui ne saurait cependant interdire d’établir le bilan de la défiscalisation
locale, quinze ans après son lancement.
70
Sociétés qui appartiennent à un groupe qui possède déjà des centres commerciaux dans l’agglomération de Papeete.
71
Modifié par l’arrêté du 15 juillet 2010.
72
Arrêté d’agrément du 11 août 2008.
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Le fait qu’aucun cadrage macroéconomique n’ait accompagné la mise en oeuvre de la
mesure fiscale ne saurait dispenser par avance d’un bilan de l’impact réel de dispositif sur le
développement économique et social, qui justifie in fine une dépense fiscale aussi forte. Ce bilan
permettrait de savoir si l’aide fiscale massive apportée à la construction hôtelière et au tourisme de
croisière, et plus secondairement à la construction résidentielle, a eu les retombées escomptées en
termes de développement économique et social.
Des études économiques menées par des universitaires grâce aux financements de l’agence
française pour le développement (AFD)
73
, ont fortement mis en doute en 2008 l’efficacité
économique de la défiscalisation locale dans le domaine hôtelier. L’étude démontrait que l’aide
fiscale agissait avec efficacité sur l’offre, mais n’avait qu’un effet insignifiant sur la demande : «
La
demande hôtelière ne varie quasiment pas à une variation du prix (élasticité-prix de la demande
74
très faible) ».
La raison tenait aux caractéristiques de l’offre hôtelière de luxe qui a été développée en
Polynésie française : la diminution du coût d’une nuitée (prix) à laquelle concourt l’aide fiscale ne
peut avoir qu’une efficacité limitée en raison de la faible sensibilité de la demande aux prix. L’étude
concluait que
« la défiscalisation locale ne paraît pas pouvoir être considérée comme un instrument
efficace de développement du secteur hôtelier
»
.
Poursuivant ces analyses, les services de la
Polynésie française
75
ont lancé une autre étude économique avec le concours d’un cabinet
spécialisé. Cette étude visait cette fois à déterminer le montant de la valeur ajoutée induite par les
projets défiscalisés. D’après les calculs effectués, l’investissement pour la collectivité n’est pas
rentable : «
Le coût pour la collectivité est de 5 milliards de F CFP par an
76
. Selon toute
vraisemblance, la valeur ajoutée induite (directement ou indirectement) par la défiscalisation serait
inférieure à ce montant. La perte oscillerait entre 1 et 3 milliards de F CFP par an
».
Si ce constat mérite d’être encore affiné
77
, il est toutefois peu contestable au regard des
résultats de l’économie polynésienne que le levier fiscal n’a pas eu l’impact économique et social
positif qui était attendu. La réponse requiert néanmoins plus de nuances car elle varie en réalité
selon l’horizon choisi. A court terme, la défiscalisation locale a, mécaniquement, agi avec efficacité
sur l’offre, mais, à moyen-long terme, ses effets se sont révélés très limités, en raison de leur
manque d’effectivité sur la demande.
3.2.2 - Une mobilisation de l’épargne privée et du secteur de la construction
immobilière dont les effets ont été limités dans le temps
Si, incontestablement l’épargne locale, dans le cadre des dispositifs défiscalisants, s’est
investie dans l’économie du pays, et plus précisément dans l’industrie touristique, les retombées
économiques et sociales ont surtout eu un effet quantitatif de court terme en favorisant la
construction immobilière, en particulier hôtelière.
73
Comment évaluer les effets de la défiscalisation (Gaëlle Ferrant, Valérie Reboud, Christian Montet, Davis
Andiamboavonzy) Décembre 2008.
74
Variation de la demande en fonction d’une baisse du prix.
75
Service du plan et de la prévision économique, avec le concours scientifique du cabinet DME.
76
La mission d’assistance BOLLIET a retenu 7 à 8 milliards par an.
77
L’AFD procède actuellement à une modélisation de l’économie polynésienne qui permettra d’affiner les constats.
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3.2.2.1- La mobilisation des capitaux privés
Comparée aux investissements classiques de la collectivité d’outre-mer, la défiscalisation a
l’avantage de mobiliser des capitaux privés pour le développement de secteurs prioritaires.
Par ce levier fiscal, les capitaux investis viennent s’ajouter à ceux qui peuvent être consacrés
par la collectivité au soutien direct de l’économie. La capacité de financement des entreprises et des
établissements bancaires est ainsi sollicitée. Les emplois locaux de la capacité de financement de
l’économie sont stimulés pour éviter le placement à l’extérieur.
La mobilisation des capitaux privés a été réussie en Polynésie française puisque depuis 1996, ce
sont, d’après les statistiques fiscales, environ 215 milliards de F CFP d’épargne qui ont été investis
dans l’économie polynésienne, principalement sous forme d’investissement hôtelier et immobilier.
3.2.2.2 - Le soutien du secteur de la construction immobilière
L’effet le moins contestable de la défiscalisation locale a été l’impact positif sur le secteur
de la construction et du logement. Ce secteur a bénéficié de la défiscalisation qui, par ses avantages
spécifiques, a considérablement abaissé le coût de la construction pour les promoteurs.
Ce mécanisme fiscal a ainsi permis la construction d’hôtels, ou la rénovation
d’établissements existants, dans les standards de l’hôtellerie de luxe. Ce choix délibéré de
l’hôtellerie de luxe
78
a été le point d’appui principal de la stratégie de développement de la
Polynésie française.
Grâce à cette impulsion fiscale, le parc hôtelier s’est, transformé. Il était majoritairement
constitué d’établissements de moyenne gamme avant l’adoption de cette mesure. L’offre hôtelière
est devenue en quinze ans presqu’exclusivement constituée d’hôtels de luxe. Cette montée en
gamme ne s’est pas accompagnée d’une extension des capacités d’accueil.
Les données fournies par l’institut de la statistique de la Polynésie française (ISPF) montrent
en effet que, de 1996 à 2010, les capacités hôtelières n’ont pratiquement pas augmenté, passant de
3 044 chambres à 3 355 chambres, après un maximum atteint en 1999 à 3 396 chambres. Le nombre
d’hôtels a eu tendance à légèrement régresser : 53 en 1996, 47 en 2009. L’évolution a surtout été
qualitative puisque la totalité des hôtels sont maintenant classés en catégorie luxe alors que ce
n’était le cas que de la moitié auparavant.
Ces constructions ont contribué à la progression du secteur du BTP depuis 1995. Cette
progression s’est poursuivie jusqu’en 2004. Par la suite, le ralentissement du courant d’affaires, lié
aux premières difficultés de financement de la défiscalisation, s’est immédiatement répercuté sur le
secteur du BTP qui est en crise depuis 2009 avec l’approfondissement des difficultés économiques
et budgétaires.
L’effet d’entraînement de la défiscalisation sur le secteur du BTP a été aussi le fait du
lancement de programmes de construction d’immeubles résidentiels. Cet effet positif n’a cependant
pas été uniforme selon le type de logement réalisé.
78
Ou à haute contribution.
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D’une manière générale, la défiscalisation locale a rencontré un succès lorsque jusqu’en
2005, une demande solvable a répondu à l’offre de logements défiscalisés. D’après les statistiques
fiscales, le rythme de construction a fléchi après 2005. De
648 logements construits grâce à la
défiscalisation locale, le chiffre est tombé à seulement 219 en 2006, puis 77 en 2007, 158 en 2008 et
depuis, plus aucun.
Dans le domaine du logement social où par définition la problématique est différente, les
résultats ont été constamment médiocres.
La mesure en faveur du logement social a d’ailleurs connu une évolution contrastée.
Instaurée en 1995 dans le cadre du premier dispositif défiscalisant, la mesure a été une première fois
supprimée en 2004 au motif qu’il n’y avait pas de projets. Elle a ensuite été rétablie en 2009, mais
avec des taux de crédit d’impôt plus réduits qu’en 1995 : 45 % en zone urbaine et 40 % en zone non
urbaine. La mesure ne semble pas trouver plus de faveur auprès des investisseurs locaux
puisqu’actuellement, il n’y a qu’un projet de 30 logements qui est en cours d’agrément.
3.2.3. – Des valeurs ajoutées et des retombées en matière d’emploi peu significatives
sur le long terme
La principale cible de la défiscalisation locale a été le développement du tourisme de luxe.
Sur ce secteur, ont été concentré près des trois quarts des crédits d’impôt. Dès lors, de sa réussite ou
de son échec dépend en grande partie l’appréciation que l’on peut porter sur l’efficacité économique
et sociale de la défiscalisation locale.
S’il est manifeste que la défiscalisation a permis de doter rapidement la Polynésie française
d’une hôtellerie de luxe, ce succès n’a pas entraîné d’effets positifs durables sur la croissance de la
Polynésie française et sur son développement. L’évolution à la baisse des recettes touristiques
depuis 2000 est, à cet égard, révélatrice. L’accroissement du produit intérieur brut (PIB) qui était
attendu de la défiscalisation locale n’a pas été obtenu. Sous l’effet de la crise, il a même baissé
après une période de quasi stagnation depuis 2000.
Des surcapacités sont apparues dès 2001 par rapport aux possibilités réelles du marché
touristique. Les fortes incitations fiscales ont, malgré les premiers signes d’essoufflement, continué
à drainer les investissements dans ce secteur.
En définitive, cette dépense fiscale a malencontreusement entraîné des surinvestissements
dans le secteur hôtelier alors qu’en termes d’intérêt général, les équipements structurants font
encore défaut à la Polynésie française. En outre, les effets sur l’emploi de la défiscalisation ont été
très contrastés.
3.2.3.1. - Des surinvestissements dans le secteur de la construction hôtelière de luxe
L’effet de la défiscalisation locale sur l’offre a été immédiat. La capacité hôtelière a crû
fortement entre 1996 et 1999 (de 3044 à 3396 chambres). Les quantités offertes sur le marché ont
augmenté et sont montées en gamme. En revanche, la mesure fiscale est restée sans effet sur la
demande. Il en a résulté des surcapacités par rapport au marché solvable.
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La Polynésie française s’est spécialisée dans le tourisme de luxe qui représente désormais
60 % de l’offre hôtelière
Entre 1995 et 2010, le nombre d’hôtels à BORA-BORA a triplé. Ils sont à présent au
nombre de 14. L’hôtellerie de luxe y est surreprésentée après avoir bénéficié de l’aide fiscale. Un
des derniers hôtels construits a donné lieu à un crédit d’impôt de 6,2 milliards de F CFP pour un
coût de 10,4 milliards de F CFP.
Les investissements ont été effectués sans que les possibilités réelles du marché aient été
traduites dans les calculs prévisionnels de rentabilité. Après une période de croissance, au
démarrage de la mesure, le secteur touristique polynésien est en crise depuis 2001, comme le
montre la baisse tendancielle des recettes de ce secteur. Il représente actuellement environ 12 % du
PIB, après avoir culminé à 16% en 2000. De 32,6 milliards de F CFP en 1995, les recettes du
secteur ont d’abord progressé jusqu’en 2000, où elles ont culminé à 49,9 milliards de F CFP, puis
elles se sont progressivement érodées pour atteindre en 2009, 37,7 milliards de F CFP, rendant les
structures hôtelières peu rentables.
Malgré ce contexte de crise, les constructions hôtelières se sont poursuivies à un rythme
soutenu grâce aux dispositifs de défiscalisation. Les investissements défiscalisés ont continué à
croître jusqu’en 2009.
C’est ainsi qu’entre 2006 et 2009, sur l’île de TAHITI et aux Iles Sous-le-Vent, six hôtels de
classe internationale se sont ouverts alors que la clientèle touristique ne cessait de chuter (- 80 000
environ).
A ce jour, alors que la crise sévit, et que les exploitations des structures hôtelières souffrent,
des projets continuent à éclore. Un projet de villas de luxe de plus de 11 milliards de F CFP est en
cours de travaux. Un autre, associé à un golf, pour lequel un agrément de 5 milliards de F CFP a été
accordé, est en cours de lancement.
Dans une étude consacrée à l’économie polynésienne post CEP (1995-2003), l’Institut de la
statistique de Polynésie française partageait cette analyse : «
En définitive, l’effort important
consenti par le Pays, en particulier en matière de défiscalisation, ne s’est pas traduit par une
évolution du volume de touristes. La baisse de fréquentation coïncide avec l’octroi des plus
importantes enveloppes de défiscalisation
».
3.2.3.2. - Des structures hôtelières très peu rentables
Les taux de remplissage n’ont pas permis de rentabiliser l’exploitation des établissements
hôteliers. Ces difficultés montrent que l’action sur l’offre, aussi efficace qu’elle a pu l’être, s’est
avérée relativement limitée pour assurer, seule, un développement du secteur.
Quinze ans après le recours à la défiscalisation locale, en complément du dispositif national,
les hôtels de luxe qu’elle a contribué à construire et à rénover sont généralement mis en vente dès
leur sortie de la période de défiscalisation (7 ans). D’autres structures, confrontées à des pertes
d’exploitation récurrentes, tentent de modifier l’activité dès que l’opportunité se présente.
C’est ainsi qu’un hôtel de la côte Est de TAHITI (170 chambres et suites), qui a bénéficié de
2 milliards de F CFP de crédits d’impôt entre 2001 et 2006, a reconverti une partie de ses
installations en résidence.
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Le manque de rentabilité est aussi à l’origine d’un autre effet pervers de la défiscalisation
locale : l’effet d’éviction.
Depuis le début des années 2000, l’ouverture des hôtels défiscalisés s’accompagne de la
fermeture ou la réduction d’activité des hôtels précédemment installés. Dans un marché stable,
voire en diminution depuis 2001, ces nouveaux hôtels captent la clientèle des hôtels en service et
entraînent leur disparition du marché.
Un hôtel de la côte Ouest de TAHITI a ainsi été fermé le 31 mai 2010, après une période de
réduction d’activité qui a coïncidé avec à l’ouverture d’un autre hôtel dans le même secteur en
octobre 2009. La construction du premier hôtel cité avait bénéficié de 3,6 milliards de F CFP de
crédits d’impôt.
L’ouverture d’un hôtel de luxe à BORA BORA, en août 2008, a provoqué quelques mois
plus tard la fermeture d’hôtels défiscalisés plus anciens, l’un en octobre 2008 et l’autre, en février
2010.
De nombreux hôtels défiscalisés soit sont actuellement en activité réduite, soit ont dû fermer
ou être reconvertis. Ceci explique que l’offre en nombre de chambres se soit finalement réduite
entre 1999 et 2009 (de 3396 à 3355).
Pour maintenir sur le marché les structures défiscalisées, la collectivité de la Polynésie
française a considéré qu’il était légitime d’accorder des aides à l’exploitation, à l’emploi ou des
dégrèvements d’impôt. La forme la plus aboutie a été l’aide fiscale à l’exploitation (AFE) qui, entre
2004 et 2009, a été systématiquement couplée aux crédits d’impôt liés à l’agrément fiscal.
Dans le cadre de la révision du dispositif, un régime d’aide à l’exploitation, le régime dit des
investissements directs, a été substitué à l’ancienne (AFE). C’est bien la preuve que les projets
défiscalisés connaissent des problèmes de rentabilité persistants.
Enfin, le soutien fiscal à l’hôtellerie de luxe a aussi eu l’effet non désiré de concurrencer par
les prix la petite hôtellerie et les pensions de famille, pour se partager un nombre de touristes en
déclin.
3.2.3.3. - Des effets sur l’emploi non pérennes
Les effets sur l’emploi de la défiscalisation sont étroitement liés au fonctionnement du
dispositif. La défiscalisation a incontestablement permis de soutenir l’emploi dans le secteur du
BTP. Toutefois, elle ne permet pas d’assurer le développement durable de ce secteur, sauf à
accroître sans cesse le courant d’affaires défiscalisées. Le ralentissement du courant d’affaires, lié
aux premières difficultés de financement de la dépense publique et de la défiscalisation en 2004 et
2005, s’est immédiatement répercuté sur le secteur du BTP qui, depuis 2009, est en crise.
Après avoir soutenu l’emploi dans le BTP, la défiscalisation a permis de nombreuses
créations d’emploi dans le secteur hôtelier. En 1995, le nombre d’emploi dans l’hôtellerie était de
2 806. Il était en 2009 de 4 317, d’après l’enquête tourisme de l’ISPF. Il est toutefois difficile
d’avoir un décompte précis du nombre d’emplois créés ou induits spécifiquement par le dispositif,
faute d’étude approfondie sur les effets de la défiscalisation. De plus, ces créations d’emplois ne
sont pas pérennes. Le niveau de l’emploi dans l’hôtellerie a été affecté, tant par la crise économique
que par la surcapacité hôtelière créée par le dispositif.
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Par exemple, un hôtel de la côte Est de TAHITI, qui employait environ 200 personnes
lorsqu’il fonctionnait selon les standards de l’hôtellerie de luxe, n’emploie plus que 120 personnes
depuis qu’il a pu réduire son activité hôtelière. La fermeture d’un hôtel sur la côte Ouest de TAHITI
en 2010 a entraîné une perte sèche d’emplois d’environ 200 personnes. A BORA BORA, la
réduction d’activité d’un hôtel (120 chambres et bungalows) a réduit ses emplois salariés en 2008 et
2009 de 200 à 10 personnes.
En définitive, le secteur touristique, après plus de quinze ans d’aides économiques et fiscales
renforcées, ne représente que 15 % des emplois
79
, soit environ 10 000, dont 4 173 pour l’hôtellerie
et les services d’hébergement.
3.3 - Une reconsidération globale est nécessaire
Le bilan de la défiscalisation locale ne peut être que mitigé au regard des résultats. Le levier
fiscal qui a été choisi par le gouvernement FLOSSE, puis reconduit par ses successeurs, a certes
permis aux capitaux de s’investir en Polynésie française mais au prix d’une bonification publique
très lourde et pour des résultats qui restent difficilement mesurable et incertains.
Ce levier fiscal a été concentré sur la construction hôtelière, secteur qui totalise plus de 70 %
des projets aidés. La défiscalisation locale n’a donc pas permis d’aider la construction des
équipements structurants qui font encore défaut à l’économie polynésienne. Par ailleurs,
l’abaissement du coût du capital pour l’investisseur, auquel aboutit la défiscalisation, a finalement
relégué, sauf exception, la démarche entrepreneuriale au second plan, laissant l’optimisation fiscale
dicter sa loi. L’utilisation qui en a été faite en Polynésie française influence forcément l’opinion à
l’égard de la mesure elle-même.
Pour une part importante, les insuffisances constatées tiennent dans la combinaison efficace
des puissantes incitations fiscales qui avaient été décidées avec un encadrement réglementaire et
administratif peu rigoureux, trop souple à l’origine.
Le resserrement du dispositif fiscal opéré depuis 2006 reste insuffisant puisqu’il n’a pas
permis d’éliminer toutes les difficultés de pilotage.
La collectivité, déjà alertée par la mission d’assistance
80
en septembre 2010, aurait intérêt à
poursuivre sans tarder la révision des règles de défiscalisation sans éluder la redéfinition même de
cette politique, qui s’impose si l’on souhaite maintenir ce dispositif.
3.3.1. - Les réformes du dispositif sont encore insuffisantes
Le dispositif initial de 1995
81
avait confié au seul président de la Polynésie française les
décisions en matière de défiscalisation locale. Les projets étaient éligibles dès lors qu’ils
intervenaient dans un secteur éligible et qu’ils étaient agréés par le président. Le dispositif mis en
place n’a pas comporté de procédure d’agrément généralisé jusqu’en 2004. Les projets étaient
agréés par le président, seul.
79
Chiffres ISPF.
80
Le rapport BOLLIET avait préconisé un moratoire pour la défiscalisation locale.
81
La délibération n° 95-55 AT du 24 mars 1995 (JOPF du 5 avril 1995).
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Ce dispositif avait été d’emblée considéré comme cumulable avec la défiscalisation des lois
PONS et PAUL. Son objectif principal était la construction immobilière. Le levier fiscal était très
puissant : des taux de crédits d’impôt allant jusqu’à 60 % pour la construction hôtelière étaient
proposés
82
. Mais les obligations qui étaient mises à la charge du défiscalisant étaient très légères. A
titre illustratif, les conditions de reprise fiscale étaient réduites à la non-présentation du certificat de
conformité à l’issue du 30
ème
mois suivant la délivrance du permis de construire. Aucun objectif
précis en termes d’emplois ou de développement économique n’était fixé aux investisseurs
Ce système très souple a duré dans ses lignes directrices jusqu’en 2004.
En quinze ans, le dispositif a migré de l’accès quasi automatique du dispositif initial, placé
sous le seul contrôle du président de la Polynésie française, à un dispositif comportant un agrément
préalable et des taux de crédits d’impôt revus à la baisse, sans pour autant offrir la garantie d’une
exacte adéquation de la dépense fiscale aux besoins de l’économie.
3.3.1.1. - Les précisions apportées au dispositif fiscal demandent à être complétées
En dépit des nombreuses modifications
83
qu’a connues le dispositif depuis 1995, les
procédures d’accès à la défiscalisation sont restées très peu contraignantes. Toutefois, la sélection
des projets défiscalisés est devenue plus collégiale et plus transparente.
3.3.1.1.1. - La demande d’agrément
La demande d’agrément a dû, à partir de 2004, être déposée préalablement à l’achèvement
de l’opération qui la motivait alors que dans le dispositif précédent, l’agrément était possible pour
des demandes postérieures à l’achèvement de l’opération.
Le dossier de demande, très peu formalisé jusqu’à cette date, doit dorénavant fournir un
descriptif des financements dans lequel doit apparaître la part des crédits d’impôt et le prix de
revient de l’opération.
Toutefois, dans ce dispositif, le dépôt de la demande d’agrément reste possible sur la
production d’une simple demande de permis de construire. Le dossier est déposé au secrétariat de la
commission des agréments fiscaux.
La contexture des dossiers a été redéfinie en 2006. Le dossier comprend une attestation de
financement et, pour la première fois, des demandes précises de renseignements : sur le projet,
notamment la faisabilité économique, son intérêt économique en termes de valeur ajoutée et
d’emplois induits ; sur les avantages Girardin parallèlement sollicités ; sur le coût global du projet ;
sur l’engagement de maintenir en exploitation le bien défiscalisé durant une durée variable.
82
Les taux de crédits d’impôt étaient très élevés : de 40 à 20% pour la construction immobilière, de 50 % pour les projets hôteliers,
avec un régime dérogatoire à 60 % (PC déposé dans l’année). Cette dérogation pour un taux à 60% sera plusieurs fois reconduite de
1996 à 2002.
83
26 délibérations et 5 lois du pays.
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La base défiscalisable est restée longtemps mal définie. Encore à ce jour, en dépit des coûts
croissants constatés dans les projets défiscalisés, notamment le coût du bungalow ou de la chambre
d’hôtel, les assiettes défiscalisables n’ont pas été limitées dans leur montant. A la différence du
régime des investissements en loi Girardin,
aucune norme chiffrée ne limite le coût d’une chambre
d’hôtel ou d’un bungalow ou celui de sa rénovation.
La décision d’agrément fait l’objet d’un arrêté du président, elle fixe l’assiette défiscalisable
et le montant global des crédits d’impôt. En cas de rejet, elle est notifiée à la société demanderesse.
3.3.1.1.2. - Les procédures d’agrément
Pour la première fois en 1999, pour tenter de freiner la progression du coût de la dépense
fiscale, l’aide fiscale en faveur de la construction de logements intermédiaires a été conditionnée à
l’aval du ministre des finances. Celui-ci était chargé de contrôler le respect des engagements du
bénéficiaire de l’avantage fiscal en matière de vente ou de location. Cette première tentative ne
touchait pas la construction hôtelière et ses effets sont restés très limités.
Ce n’est qu’à partir de 2004 que les dispositifs défiscalisants ont évolué vers plus
d’encadrement.
Initialement, le président donnait, seul, les agréments après avis d’une commission
consultative des agréments fiscaux lorsqu’il s’agissait de construction immobilière, sans avis
consultatif lorsqu’il s’agissait de construction hôtelière. Cette commission était composée de
ministres et présidée par le président.
En 2004, quelques précisions ont été données sur le cadre de référence que devait utiliser la
commission. Il lui était recommandé de «
prendre en considération les avantages et les
inconvénients de l’investissement proposé, en matière d’emploi, de développement durable,
d’environnement et d’opportunité économique
». La présidence de cette commission était confiée
au vice-président. Le secrétariat de la commission a été transféré du secrétariat du président au
service des contributions publiques.
Un premier recadrage a été opéré par l’arrêté n°687 CM du 11 juillet 2006 qui a défini avec
plus de précision les modalités de fonctionnement de la commission consultative des agréments.
Les séances sont à l’initiative du vice-président. Le rôle du service des contributions est
renforcé. Ce service est désormais habilité à demander tous compléments d’informations ou pièces
manquantes aux requérants. Il constitue un dossier de présentation pour chaque dossier de demande
examiné en commission.
Le fonctionnement de la commission a été à nouveau amélioré dans le cadre de la loi du
pays n° 2009-7 APF du 1
er
avril 2009. Le recueil des avis circonstancié des ministres membres de la
commission ne peut désormais dépasser un mois après notification de la demande d’avis. Les
ministres du secteur concerné par le dossier mis en délibéré n’ont plus voix délibérative lors de
l’examen de l’avis.
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Le rôle du secrétariat, confié au service des contributions, a été encore renforcé par l’arrêté
n° 606 CM du 13 mai 2009. Le secrétariat peut décider de l’irrecevabilité d’un dossier s’il constate
qu’il est incomplet. Les méthodes de travail de la commission dans son examen des dossiers ont
aussi été précisées par un arrêté spécial n° 770 CM du 3 juin 2009. Ces lignes directives ont, pour la
première fois, défini la manière d’apprécier les retombées sociales et économiques des projets
défiscalisés. L’analyse repose sur 5 fiches détaillées qui sont obligatoirement remplies par le
bénéficiaire de l’avantage fiscal : une balance fiscale prévisionnelle en période de construction ou
d’investissement ;
une
balance
sociale
prévisionnelle
en
période
de
construction
ou
d’investissement ; une balance sociale en période d’exploitation (à joindre à la liasse fiscale) ; une
balance fiscale prévisionnelle en période d’exploitation (à joindre à la liasse fiscale) ; une balance
économique prévisionnelle en période d’exploitation (à joindre à la liasse fiscale).
En outre, le service des contributions peut, à tout moment, procéder à des vérifications sur
place dans le cadre de l’article L.412-1 applicable pour les vérifications de comptabilité.
L’avis de la commission des agents fiscaux est obligatoirement joint au dossier de demande.
Le conseil des ministres devient l’instance de décision à la place du président de la Polynésie
française, mettant fin à une prérogative discrétionnaire remontant à la création de la mesure fiscale.
Sur ces questions techniques, les ministres de la commission ont la faculté de recourir aux
collaborateurs de leur choix. Le fonctionnement interne de la commission consultative des
agréments fiscaux, à travers les comptes-rendus de séances de 2005 à 2009, a montré, très
fréquemment, les divergences d’optique qui existaient entre les avis techniques et juridiques du
service des contributions et ceux plus généraux des membres de la commission qui ont éprouvé des
difficultés à réunir des avis techniques de qualité, souvent faute de normes et de références
préétablies.
Pour ces raisons, la composition de la commission des agréments fiscaux demanderait sans
doute à être revue.
Un autre équilibre entre les membres du gouvernement et les techniciens de la fiscalité et du
développement économique serait à trouver afin de rendre plus effectif le filtre sélectif que doit
constituer la commission des agréments.
L’activité depuis 2004 montre en effet que les rejets ont été peu nombreux,
sauf en 2005
84
,
où systématiquement les dossiers présentés par le gouvernement précédent ont été rejetés, et en
2009, lorsque les conditions ont été durcies pour raisons budgétaires.
Nombre d’agréments
Année
Nombre de
dossiers déposés
CCII
AFE
Nombre de
rejets
Nombre de
dossiers en
instance au 31/12
Nombre de
séances
2004
44
15
10
14
11
2005
56
26
17
17
9
14
2006
37
19
4
7
21
8
2007
48
15
6
4
52
8
2008
10
19
8
2
16
3
2009
49
2
5
15
38
4
84
2005 a été une année de changement de majorité politique.
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La Chambre a bien noté que la récente évolution vers plus de rigueur dans le traitement des
dossiers d’agrément, par la responsabilisation croissante du service des contributions publiques, a
été remise en cause par une loi du pays n°2010-1 du 25 janvier 2010 qui a transféré le secrétariat de
la commission des agréments de ce service à la délégation pour la promotion des investissements
fiscaux (DPI), alors qu’elle ne compte que deux agents, de surcroît inexpérimentés en matière
fiscale.
Cette nouvelle organisation a compliqué inutilement l’examen des dossiers et a contrarié le
mouvement amorcé depuis 2009 vers la professionnalisation du traitement de ces dossiers
complexes.
3.3.1.1.3. - Les obligations de l’investisseur
Dans le dispositif initial, les obligations de l’investisseur étaient réduites au minimum : une
durée minimale d’exploitation pour l’investisseur exploitant, qui variait selon les secteurs éligibles,
un financement à apporter avant la délivrance du certificat de conformité pour l’investisseur fiscal.
Les obligations de l’investisseur fiscal n’ont été renforcées que par une loi du pays n°2006-
11 du 12 avril 2006 où une première durée minimale de 18 mois de mise à disposition des
financements a été introduite. Cette durée pouvait cependant être réduite lorsque la date de
délivrance du certificat de conformité
85
était antérieure à l’expiration du délai de 18 mois. Une
nouvelle modification, introduite par la loi du pays n°2009-7 du 1
er
avril 2009, a supprimé cette
option, mais a réduit la durée minimale de mise à disposition des fonds à 12 mois
86
.
Auparavant, les bénéficiaires du crédit d’impôt pour un projet hôtelier
87
devaient, sous peine
de reprise fiscale, satisfaire deux obligations. Pour l’investisseur fiscal, il devait initialement
conserver les parts, actions ou dépôts sur compte courant d’associé pour une période qui n’était pas
définie jusqu’en 2009. Pour l’investisseur exploitant, il devait maintenir l’immeuble à sa
« destination hôtelière » pendant les cinq années qui suivaient l’année de mise en exploitation. Mais
la part de l’avantage fiscal rétrocédé au projet de l’exploitant n’était pas fixée par le code des
impôts. Elle était fonction de la négociation entre les parties.
Ce n’est que par la loi du pays du 12 avril 2006 qu’a été mis fin au système de la libre
négociation entre les exploitants et les investisseurs fiscaux de la part rétrocédée au projet. Par ce
texte, la part rétrocédée au projet par les investisseurs fiscaux a, d’abord, été fixée à 60 % de
l’avantage procuré. La loi du pays du 1
er
avril 2009 a modulé cette obligation de rétrocession en
imposant un taux d’au moins 70 % lorsque l’apport en capital se limite à l’avantage financé, et un
taux de 60 % lorsqu’il correspond à l’intégralité du financement apporté.
En contrepartie, cette dernière loi du pays à renforcé les obligations d’information de
l’investisseur exploitant.
85
Article L 914-4.
86
Article L 916-21 : le financement doit intervenir au plus tard douze mois avant la date d’achèvement du programme
d’investissement.
87
Le cas le plus fréquent.
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Il est ainsi tenu de fournir un compte rendu d’exécution, qui atteste de la conformité du
programme à l’arrêté d’agrément. Il doit satisfaire à une reddition des comptes qui arrête le coût
final du programme. Ces documents sont adressés dans les 12 mois après l’achèvement du
programme. De même, un nouvel article du code des impôts (LP 917-2) oblige l’investisseur
exploitant à fournir en janvier N+2 après l’achèvement, tout document justifiant les emplois liés à
l’exploitation des investissements agréés.
Malgré ces améliorations, les obligations des investisseurs mériteraient d’être encore
précisées afin de diminuer les aubaines fiscales auxquelles ont conduit les dispositifs défiscalisants.
Grâce à ces améliorations, les allers et retours des investisseurs fiscaux, parfois relevés dans
plusieurs programmes, sont théoriquement prohibés depuis 2006. De la même manière, depuis
2009, le suivi des projets défiscalisés a été facilité et les possibilités de contrôles étendues.
Toutefois, la défiscalisation locale reste toujours une excellente opportunité fiscale pour les
investisseurs locaux.
Jusqu’à présent, les opportunités fiscales offertes aux sociétés qui investissent dans ce cadre,
leur ont permis de minimiser à l’extrême leur impôt sur les sociétés (IS). Depuis la création du
dispositif, l’optimisation fiscale a particulièrement bien fonctionné, grâce notamment à la possibilité
pour les groupes de sociétés d’apporter des capitaux en compte courant d’associés, par
l’intermédiaire d’une société du groupe, à des projets portés par une autre société du même groupe.
Cette pratique d’optimisation fiscale, au demeurant peu complexe, a permis à plusieurs
groupes et sociétés locales de faire de substantielles économies d’impôt qui, pour certains, ont pu
représenter plus de la moitié de l’impôt dû.
3.3.1.2. - Les méthodes doivent être renouvelées pour assurer l’efficacité de la dépense
fiscale
Deux points de méthode méritent à l’expérience de ces quinze ans de mise en oeuvre de la
défiscalisation locale, d’être révisés.
Il s’agit en premier lieu du ciblage sectoriel qui, après 2004, s’est estompé au profit d’une
action
étendue aux plus grands secteurs de l’économie polynésienne, quelles qu’en soient les
caractéristiques. Initialement concentré sur le tourisme et l’hôtellerie, et sur la construction
immobilière, le dispositif fiscal s’est progressivement étendu à d’autres secteurs sans que cette
extension se soit appuyée sur des études économiques préalables probantes.
En 2004, par la délibération du 12 février 2004, les secteurs éligibles ont ainsi été étendus,
entre autres, aux projets de résidences pour personnes âgées, aux cliniques, à l’industrie
agroalimentaire et à la construction de navires de pêche.
Cette extension a conduit à des soutiens fiscaux pour lesquels les effets d’aubaine ont été
maximaux, comme par exemple pour la construction d’hypermarchés ou de galeries marchande par
le secteur de la grande distribution.
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Observations définitives – Collectivité de la Polynésie Française – Finances
Séance du 22 décembre 2011 - page 71 sur 84
Il y aurait lieu de substituer à la démarche d’extension continue des secteurs éligibles qui a
prévalu, notamment à partir de 2004, une action plus ciblée et plus sélective.
La sélection des secteurs doit, en effet être affinée pour que la mesure fiscale ait des chances
d’être efficace sur le plan du développement économique et social. Dans cette optique, depuis 2009,
la détermination des secteurs éligibles a été partiellement renouvelée. La construction hôtelière, eu
égard aux résultats, a été moins encouragée. L’aide fiscale aux secteurs des énergies renouvelables
et du logement social et au secteur primaire a été réévaluée. Cette modulation s’est aussi
accompagnée d’un encouragement fiscal aux investissements hors secteur des Iles-du-Vent et des
îles-Sous-le-Vent, témoignant d’une approche plus soucieuse de l’aménagement du territoire. La
sectorisation actuelle accorde une majoration supplémentaire de 20 points pour les investissements
dans les secteurs prioritaires.
Cette approche matricielle par zones de développement prioritaire
88
, qui valorise l’aide en
fonction de la priorité accordée au secteur et à la zone géographique, a voulu renforcer le lien entre
la mesure fiscale et le développement économique.
La nouvelle méthodologie, couplant développement économique et aménagement du
territoire, est encore trop récente pour être appréciée dans ses résultats. La Chambre a relevé qu’une
nouvelle fois cette orientation a été décidée sans que des études probantes en aient démontré la
réelle pertinence. Elle mérite toutefois d’être poursuivie car elle peut permettre une meilleure
adéquation des projets aux besoins de l’économie polynésienne, si les autorités prennent garde de
ne pas étendre à l’excès les zones prioritaires de développement éligibles à la mesure fiscale.
En définitive, le dispositif fiscal a maintenant besoin de s’appuyer sur un cadrage
macroéconomique qui, jusqu’à présent, a été très insuffisant. Au contraire, il a été imprudemment
considéré que l’abaissement du coût du capital suffisait à garantir une retombée positive dans
l’économie.
La prise en compte du constat que les effets de la défiscalisation diffèrent selon les secteurs
économiques dans lesquels ils interviennent, souligne le besoin d’un cadre macroéconomique
général. Or, cet aspect n’a jamais été suffisamment intégré à la gestion de cette politique fiscale.
La gestion de ce dispositif a besoin d’être éclairée par des études économiques et un suivi
précis des projets défiscalisés. Si les outils pour améliorer l’information chiffrée sur les projets
viennent d’être mis en place courant 2010, rien émanant de la collectivité de la Polynésie française
n’est prévu à court terme au chapitre des études économiques d’envergure qui sont pourtant
nécessaires à l’évaluation de cet ensemble de mesures.
3.3.2. - Une redéfinition de la politique fiscale paraît indispensable
3.3.2.1. - Le dispositif conserve encore trop de souplesses pour être complètement
maîtrisable pour les finances publiques.
La loi du pays du 1
er
avril 2009 a profondément révisé le dispositif d’incitation fiscale. Le
dispositif actuel a vocation à s’appliquer aux agréments délivrés au plus tard en 2017.
88
Article L.931-1 du code des impôts.
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Séance du 22 décembre 2011 - page 72 sur 84
Le régime des investissements indirects est créé en substitution des anciennes
dénominations. Les crédits d’impôt sont accordés à toute entreprise ou particulier qui participe au
financement d’un programme qui se réalise dans un secteur éligible pour un montant variant de 60 à
70 % de l’avantage fiscal total. Le taux de crédit d’impôt pour le secteur de l’hôtellerie est ramené à
40 %. L’intérêt de cette opération d’investissement pour l’investisseur est de pouvoir bénéficier de
30 à 40 % de l’avantage fiscal.
Sous la dénomination de régime des investissements indirects, une nouvelle aide à
l’exploitation remplace l’AFE. C’est une aide puissante puisqu’il s’agit de 70 % du crédit d’impôt
au titre du régime des investissements indirects. Cette exonération fiscale est à valoir sur l’IS ou
l’IT accordée à toute entreprise qui investit dans son propre programme d’investissement réalisé
dans un secteur éligible, dont sont exclus le secteur de la santé, le logement et l’immobilier.
Un régime des investissements dans les fonds communs de placements
89
à risques dans les
banques et établissements financiers de la Polynésie française est créé. Ce nouveau dispositif de
défiscalisation des placements réalisés sur ces fonds (de 5 MF CFP à 200 MF CFP) oblige les
souscripteurs à détenir les fonds 5 ans contre un crédit d’impôt de 40 % du placement effectif.
3.3.2.1.1. - L’agrément dérogatoire
La loi du pays de 2009 a aussi introduit un régime d’agrément dérogatoire
90
qui consiste à
exonérer d’avis préalable, les programmes d’investissement d’un montant inférieur à 100 MF CFP,
quel que soit le secteur concerné.
La décision relève du seul président après avis de la commission de contrôle budgétaire et
financier
91
de l’Assemblée de la Polynésie française. Un arrêté n°608 CM du 13 mai 2009 a
organisé cette procédure « simplifiée ». Le ministre des finances transmet un projet de décision au
président après avis de la commission de contrôle budgétaire et financier.
Cette commission, créée par la loi organique de 2007, est donc désormais la seule instance
consultative à émettre un avis sur les dossiers de défiscalisation de moins de 100 MF CFP. Or, la
commission a pris le soin de préciser comment elle concevait son rôle :
«Le contrôle de la
commission de contrôle budgétaire et financier (CCBF) doit donc être entendu dans son sens
restreint c'est-à-dire celui d'un examen, d'une vérification ou encore d'une surveillance mais
nullement celui d'une maîtrise ».
Compte tenu du faible nombre de dossiers examinés chaque année dans le cadre de cette
procédure simplifiée (8 dossiers sur 34 en 2010), il est permis de s’interroger sur l’intérêt qu’il y
avait de se priver de l’avis technique de la commission consultative des agréments fiscaux pour ces
dossiers. Bien que la mesure soit trop récente pour que l’on puisse observer ses effets, la chambre
invite la collectivité à la plus grande vigilance pour éviter toute dérive.
89
Il n’a jusqu’à présent guère eu de succès.
90
Article LP 913-3 du code des impôts.
91
Article LO 157-2
de la loi organique du statut de la Polynésie française.
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Séance du 22 décembre 2011 - page 73 sur 84
3.3.2.1.2. - Le droit applicable
La refonte du dispositif s’est accompagnée également d’une amélioration de la
détermination du droit applicable pour traiter la demande. Un nouvel article du code des impôts
(L.911-2) indique désormais que le projet d’investissement est régi par la législation en vigueur au
moment du fait générateur qui correspond à la date du dépôt de la demande d’agrément à la
commission (secrétariat). Les conditions de recevabilité du dépôt ont été précisées. Ce dépôt n’est
recevable dans les dispositions actuelles qu’associé à une demande de permis de construire ou à une
demande administrative spéciale au projet.
Toutefois cette amélioration doit être relativisée car elle est contrebalancée par une
tolérance : il est admis qu’à défaut de ces documents, une simple facture pro forma où la nature et le
coût du projet sont mentionnés, suffit pour que la demande soit enregistrée.
En outre, l’agrément fiscal est un agrément discrétionnaire
92
qui n’a pas à être motivé. La
décision ne peut, en principe, être attaquée en recours pour excès de pouvoir. C’est une différence
importante avec la défiscalisation nationale qui est une décision fiscale pour laquelle le refus
d’octroi doit être motivé.
La chambre considère que la nature discrétionnaire de la décision prive le dispositif d’un
levier par lequel la collectivité de la Polynésie française conférerait une meilleure transparence à ses
décisions en matière d’agrément.
3.3.1.2.3. - La double défiscalisation n’est pas encadrée
La double défiscalisation n’est pas suffisamment encadrée et ciblée. Actuellement, aucune
condition spéciale n’a été définie pour les opérations en double défiscalisation.
La puissance du soutien public que procurent ces mécanismes nécessiterait plus de
précautions. En matière de construction hôtelière, les taux de crédit d’impôt ont pu en théorie
atteindre 90 % de la base défiscalisable : 30 % dans le cadre national, et 60 % dans le cadre de la
défiscalisation locale. Plus communément, ils ont entraîné des défiscalisations avec des taux de
70 %.
Dans ces conditions, les intérêts purement fiscaux des investisseurs locaux ont pu largement
prospérer, sans inciter au développement de projets économiques viables et pérennes.
Il conviendrait donc de mieux encadrer ces mécanismes, dans le cadre d’accords fiscaux
passés avec le gouvernement français.
92
Article LP 913-5 du code des impôts.
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Séance du 22 décembre 2011 - page 74 sur 84
3.3.2.2. - La comparaison avec d’autres moyens d’intervention publique plus efficients
doit être systématiquement opérée
Autant le bilan de quinze ans de défiscalisation, que les difficultés budgétaires actuelles de
la collectivité de la Polynésie française, plaident pour le recadrage de la défiscalisation locale et
pour que soient envisagés d’autres moyens d’intervention publique, plus sélectifs et mieux
contrôlables.
3.3.2.2.1. - L’étroitesse des marges de manoeuvre de la collectivité plaide pour un
recadrage de la mesure fiscale
Dans la gestion de la défiscalisation, la question du coût budgétaire a longtemps été trop
négligée. Or, il est maintenant avéré que la perte des recettes fiscales de 5 à 12 milliards de F CFP
par an engendrée par la défiscalisation n’a jamais été récupérée par un retour fiscal équivalent.
Au contraire, tout démontre, même en l’absence de suivi précis, que ce retour fiscal n’a non
seulement pas eu lieu mais que la dépense fiscale a généré des coûts associés importants (AFE).
La collectivité de la Polynésie française est actuellement confrontée à une situation
budgétaire très dégradée qui requiert la mise en oeuvre de profondes réformes structurelles et
fiscales.
Dans ce contexte, le recadrage de la défiscalisation sur les secteurs où son efficacité
économique et sociale peut être démontrée doit désormais être la démarche au terme de laquelle la
dépense fiscale doit être décidée.
Il s’agit donc pour la collectivité de recadrer la politique de défiscalisation, sans a priori, en
mesurant bien le risque budgétaire et financier qui est pris lorsque le soutien fiscal aboutit à mettre
sur le marché des outils non rentables qui ne peuvent ensuite se dispenser du soutien public.
Plusieurs exemples de ce type d’intervention sont encore d’actualité dans l’économie polynésienne.
A titre d’illustration, les soutiens fiscaux à la SEM TNR ont placé la collectivité de la Polynésie
française dans l’obligation de prolonger son intervention à travers la SAS AVAI’A pour un coût qui
a dépassé un milliard de F CFP
93
.
3.3.2.2.2. - Le recours à d’autres moyens alternatifs doit être étudié
Dans le rapport de la mission d’assistance, le moratoire proposé pour la défiscalisation
locale est destiné, non pas à supprimer la mesure fiscale, mais à promouvoir une approche recentrée
et plus efficace de la défiscalisation locale, qui permettra de réduire le montant des crédits d’impôt à
environ 2 milliards de F CFP.
93
Rapport de la CTC du 31 août 2007 (SEM TNR).
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Depuis quinze ans le destin des projets défiscalisés montre que l’efficacité de la dépense
fiscale est loin d’être absolue. Les difficultés de l’industrie hôtelière, développée sans référence
pertinente avec le marché touristique potentiel, ou la constitution d’une flotte aérienne
internationale sans rapport avec la clientèle potentielle, ont montré combien la défiscalisation peut
perturber le calcul de l’entrepreneur, et générer à terme de lourdes charges publiques.
Dans ces conditions, il serait justifié d’étudier d’autres moyens d’intervention publique dans
certains secteurs stratégiques du développement de la Polynésie française. Cette orientation serait
particulièrement pertinente pour les secteurs dans lesquels les projets restent peu nombreux, comme
par exemple dans le secteur du logement social. Dans ces secteurs, l’utilisation d’un système de
subventionnement classique de l’investissement serait plus adaptée à une collectivité aux moyens
fiscaux nécessairement limités.
Le subventionnement autoriserait en outre un contrôle plus aisé des fonds publics versés
Bien que l’évolution du système de défiscalisation depuis 2006 ait permis de mettre en place
un dispositif moins imprécis, le système reste peu contrôlé.
La recherche de la moralisation du dispositif passe maintenant par un renforcement des
contrôles. Le contrôle fiscal, avec ses moyens limités, a déjà décelé plusieurs cas d’utilisation
abusive de la défiscalisation locale à des fins de pure optimisation fiscale. L’un d’eux concerne une
présomption d’utilisation irrégulière des crédits d’impôt obtenu pour un programme au financement
d’un autre programme. Dans cette optique, les opérations en double défiscalisation doivent être
mieux contrôlées. Une convention fiscale avec la France a été signée le 9 décembre 2009 par les
autorités polynésiennes afin de permettre des contrôles fiscaux nationaux sur les réalisations
défiscalisées en loi GIRARDIN
94
.
Malgré ces avancées appréciables, la question du maintien de la politique de défiscalisation
locale, dans ses conditions actuelles, est posée, notamment celle de son association avec les
avantages fiscaux de la loi GIRARDIN.
En définitive, dans ce type d’intervention fiscale, la méthode et l’encadrement juridique
conditionnent l’efficacité et l’efficience de la dépense fiscale. L’équilibre entre l’intérêt économique
et social du projet et l’attractivité des avantages fiscaux pour les investisseurs locaux n’a pas encore
été trouvé de manière totalement satisfaisante.
94
La collectivité était certes liée à la France par une convention fiscale, mais uniquement en ce qui concerne certains revenus de
capitaux mobiliers (RCM), ce qui était totalement inopérant en matière de défiscalisation.
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Séance du 22 décembre 2011 - page 76 sur 84
Conclusion générale et recommandations
La Polynésie française doit se résoudre à rééquilibrer ses finances publiques pour retrouver
toutes ses capacités d’intervention et d’investissement.
La reproduction des solutions palliatives du passé (augmentation des taxes et des impôts
existants) n’est plus à la hauteur des enjeux. L’assainissement pluriannuel dans lequel est engagée
la collectivité doit être l’occasion, non seulement de conforter les équilibres fondamentaux menacés
en optant pour une modernisation fiscale significative, mais aussi de rendre la dépense publique
plus efficace pour le développement du pays grâce à la réalisation d’équipements structurants qui
lui font encore défaut. Pour cela, la collectivité doit encore réaliser des économies sur le
fonctionnement de l’administration afin de restaurer sa capacité d’autofinancement, retrouver la
confiance des prêteurs, et favoriser les conditions qui permettront l’émergence d’un partenariat
rénové avec l’Etat.
Compte tenu des observations faites dans le cadre de ce rapport, la chambre recommande :
1) de mettre en oeuvre les propositions du rapport de la mission d’assistance, déjà formulées
par la chambre dans le cadre de nombreux rapports communiqués entre 2006 et 2011 sur la
Polynésie française et ses organismes périphériques (établissements publics, SEM…), visant
notamment à :
- améliorer la sincérité des comptes ;
- développer une approche de consolidation des comptes avec les organismes
périphériques ;
- poursuivre la politique de maîtrise des dépenses de fonctionnement afin d’améliorer
le niveau de l’épargne ;
- relancer une politique d’investissements structurants ;
2) d’adopter les décisions stratégiques permettant de fixer le périmètre de l’administration et
des organismes périphériques de la collectivité ; pour ces derniers, mettre en place des
conventions d’objectifs et de moyens afin d’en contrôler les performances ;
3) d’éviter le recours aux emprunts structurés, à caractère spéculatif, qui font courir un
risque élevé de pertes exponentielles à terme, et dont la collectivité ne peut maîtriser tous les
paramètres nécessaires à leur gestion ;
4) de créer des outils de suivi et d’évaluation des politiques publiques dont l’expertise serait
confiée à un comité mis en place à cet effet, et dont les analyses seraient présentées devant
l’Assemblée de la Polynésie française ;
5) d’engager une réforme en profondeur du système fiscal ayant pour objectifs :
- d’améliorer son efficacité, notamment par un rééquilibrage entre fiscalité directe et
indirecte ;
- de rechercher une plus grande équité, en étudiant la possibilité de développer des
impôts progressifs sur les revenus (sur le modèle d’une CST rénovée) et le
patrimoine et en rationalisant les champs d’exonération et de dégrèvement de
l’impôt ;
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Séance du 22 décembre 2011 - page 77 sur 84
- de renforcer les moyens qualitatifs et quantitatifs des services fiscaux afin de
parvenir à une meilleure connaissance des bases fiscales et d’améliorer le
recouvrement et le contrôle ;
- d’assurer la stabilité et la répartition équitable des moyens de financement des
communes, par la voie fiscale ou par celle de dotations réaménagées ;
6) de procéder, en ce qui concerne les dispositifs de défiscalisation :
- à la définition d’une stratégie d’aide cohérente par filières et secteurs géographiques ;
les apports de la loi du pays du 1
er
avril 2009 méritent à cet égard d’être complétés, en
particulier par une sélection plus fine des secteurs éligibles, et au besoin, par le retrait
de certains d’entre eux lorsque l’objectif du développement économique n’a pas été
atteint ;
- à l’amélioration de la procédure d’agrément, en prévoyant notamment la motivation
des décisions et la possibilité de recours des contribuables concernés ;
- au contrôle physique de la conformité des réalisations, au suivi et à l’évaluation
périodique du dispositif, en termes de bénéfices pour le développement économique du
Pays, afin d’en rendre compte annuellement devant l’Assemblée de la Polynésie
française ;
- à la révision des paramètres des mécanismes défiscalisants, pour en réduire le coût,
notamment dans le cas de double défiscalisation.
R U B R I Q U E S (MFCFP)
2 004
2 005
% Evol.
2006
% Evol.
2007
% Evol.
2008
% Evol.
2009
% Evol.
2010
% Evol.
ITS REELS DE FONCTIONNEMENT
104 093
116 549
12,0%
117 417
0,7%
117 866
0,4%
116 492
-1,2%
111 816
-4,0%
118 137
5,7%
dt IMPOTS DIRECTS
22 024
23 561
7,0%
25 145
6,7%
24 866
-1,1%
26 948
8,4%
24 642
-8,6%
26 318
6,8%
dt IMPOTS INDIRECTS
71 257
75 607
6,1%
76 965
1,8%
78 996
2,6%
77 970
-1,3%
69 129
-11,3%
65 830
-4,8%
SES REELLES DE FONCTIONNEMENT
92 729
95 247
2,7%
98 231
3,1%
105 882
7,8%
110 126
4,0%
104 670
-5,0%
106 651
1,9%
ENSES REELLES HORS REMBT INTERETS
90 637
93 451
3,1%
96 343
3,1%
103 377
7,3%
107 621
4,1%
102 553
-4,7%
104 108
1,5%
dt PERSONNEL
26 221
27 380
4,4%
30 418
11,1%
31 125
2,3%
31 134
0,0%
32 310
3,8%
32 010
-0,9%
dt subventions et participations, courantes ou exceptionnelles[1]
43 254
51 492
19,0%
52 132
1,2%
54 652
4,8%
57 925
6,0%
52 979
-8,5%
50 062
-5,5%
EDENT BRUT DE FONCTIONNEMENT
13 456
23 098
71,7%
21 074
-8,8%
14 489
-31,2%
8 871
-38,8%
9 263
4,4%
14 029
51,5%
dt DOTATIONS.AMORT.
-
-
-
-
-
-
1 957
TE DE DETTE
10 342
9 707
-6,1%
9 643
-0,7%
9 316
-3,4%
9 774
4,9%
9 612
-1,7%
10 156
5,7%
dt INTERETS
2 092
1 796
-14,1%
1 888
5,1%
2 505
32,7%
2 505
0,0%
2 117
-15,5%
2 543
20,1%
dt CAPITAL
8 250
7 911
-4,1%
7 755
-2,0%
6 811
-12,2%
7 269
6,7%
7 495
3,1%
7 613
1,6%
FINANCEMENT BRUT (Epargne brute)
11 364
21 302
87,5%
19 187
-9,9%
11 984
-37,5%
6 366
-46,9%
7 146
12,3%
11 487
60,7%
OFINANCEMENT NET (Epargne brute - K des emprunts)
3 114
13 391
330,0%
11 433
-14,6%
5 173
-54,8%
-904
-350
3 874
TES REELLES INVEST.
29 273
18 478
-36,9%
23 511
27,2%
25 247
7,4%
26 529
5,1%
29 598
11,6%
26 303
-11,1%
STISSEMENTS REELS.
32 325
31 993
-1,0%
25 794
-19,4%
31 799
23,3%
30 605
-3,8%
30 977
1,2%
28 688
-7,4%
IN FINANCEMENT INVEST.
-3 052
-13 515
-2 283
-6 552
-4 076
-1 379
-2 385
ité nette de financement de l'investissement
62
-124
9 150
-1 379
-4 980
-1 729
1 489
EVEMENT POUR DEPENSES D'INVEST. (jusqu'en 2006)
16 131
14 349
17 745
-
-
-
-
CTATION RESULTAT 1068 (à c/ de 2007)
-
-
-
18783
15 066
9 072
9295
RUNTS ENCAISSES
11 438
7 200
10 000
11 153
11 767
17 387
13 544
OURCES EMPRUNT NETTES
3 188
-711
2 246
4 342
4 498
9 892
5 931
RS DETTE (hors CAVC)
60 205
59 495
61 741
66 083
70 580
80 472
86 402
BRE HABITANTS
245 405
245 405
245 405
259 706
259 706
259 706
259 706
2 004
2 005
2006
2007
2008
2009
2010
urs DETTE / REC.REEL.FONCT.
58%
51%
53%
56%
61%
72%
73%
urs DETTE / AUTOFINANC.BRUT
5,30
2,79
3,22
5,51
11,09
11,26
7,52
M51, comptes 64 et 65. En M52, comprend les comptes 65, à l’exception des comptes 653 (indemnités, vacations, frais mission), 654 (pertes sur créances irrécouvrables) et 658 (charges diverses de gestion courante) ; comprend également le compte 674 et le compte
elon les années.
PRODU
DEPEN
DEP
EXC
ANNUI
AUTO
AUT
RECET
INVE
BESO
Capac
PREL
AFFE
EMP
RESS
ENCOU
NOM
enco
enco
[1] En
678, s
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ANNEXE 1 :
Situation financière de la Polynésie française : 2004 – 2010
ANNEXE 2 :
Produits de la fiscalité directe 2004-2010
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
731
Impôts st taxes sur le revenu (hors défisc.)
18 482 757 671
16 508 693 459
19 894 291 485
19 905 756 002
22 337 957 909
19 916 182 415
20 391 810 693
73111
Impôt sur le bénéfice des sociétés
8 620 868 230
7 700 301 457
9 130 963 684
9 483 205 620
10 765 320 386
9 523 380 471
10 435 662 831
73112
Crédit dimpôt de défiscalisation locale IS (E/O)
10 250 252 021
8 542 503 763
7 235 059 107
7 443 189 525
7 194 683 644
7 513 447 326
4 907 041 670
73113
Contribution supplémentaire à l'IS
3 830 224 136
3 564 520 776
4 334 422 538
3 882 344 297
4 943 284 936
3 905 021 710
3 374 809 949
73114
Impôt sur les transactions
3 140 647 156
2 859 343 004
3 239 592 862
3 299 295 791
3 438 136 273
3 533 130 391
3 460 186 209
73115
Crédit d'impôt de défiscalisation locale IT (E/O)
984 770 441
1 029 956 979
841 406 348
770 492 248
885 093 392
956 073 455
486 197 718
73116
Impôt sur le revenu des capitaux mobiliers
1 415 017 850
1 117 991 140
1 755 841 023
1 790 159 000
1 680 488 234
1 567 197 644
1 702 590 562
73117
Taxe sur le produit net bancaire
445 975 240
491 568 000
501 126 280
527 886 760
524 803 880
516 709 260
516 401 560
73121
Taxe sur !es activités d'assurance
313 268 834
301 227 914
307 826 177
285 382 740
324 678 117
316 622 243
308 449 269
73122
Taxe s/les excédents de provisions techniques
10 555 480
46 965 820
11 369 656
82 529 667
27 974 261
48 282 361
73123
Impôt forfaitaire sur les sociétés civiles de participation
16 284 667
18 908 999
20 473 966
28 603 997
73124
Impôt sur les plus-values immobilières
44 905 257
46 884 548
39 372 304
51 684 145
43 967 591
32 189 469
22 393 432
73125
Taxe d'urbanisme commercial
119 422 003
162 667 390
449 490
-
-
73126
Retenue a la source des non.résidents
425 886 968
416 301 140
418 758 794
395 475 936
515 390 336
473 483 000
494 430 523
7606
Taxe additionnelle à l'IS
245 964 000
-
-
-
-
732
Droits int. de consommation s/ les véhicules
1 904 390 820
1 905 470 350
2 060 475 350
2 306 210 945
2 227 357 450
1 728 561 200
1 604 191 670
7321
Taxe de mise en circulation
1 904 390 820
1 905 470 350
1 868 125 350
2 031 575 945
1 969 562 450
1 534 531 200
1 422 496 670
7322
Taxe environnement pour le recyclage des véhicules
192 350 000
274 635 000
257 795 000
194 030 000
181 695 000
733
Impôt foncier
967 032 379
1 727 454 618
1 712 951 701
1 573 650 308
1 532 670 516
1 663 242 066
1 802 570 372
731
Impôt foncier sur les propriétés bâties
967 032 379
1 727 454 618
1 712 951 701
1 573 650 308
1 532 670 516
1 663 242 066
1 802 570 372
734
Taxes intérieures sur les bateaux de croisières
52 023 500
68 925 500
380 485 972
242 278 502
152 835 276
115 310 863
479 134 844
7342
Taxe sur les activités de croisière
52 023 500
68 925 500
380 485 972
242 278 502
152 835 276
115 310 863
107 275 467
7341
Redevance de Promotion Touristique
-
-
-
-
371 859 377
738
Autres impôts et taxes directs
617 407 316
3 349 973 085
1 096 972 473
837 538 376
697 266 177
1 218 588 862
2 040 630 029
7381
Taxes sur les licences de débits de boissons
39 375 320
39 348 825
39 301 775
37 995 658
40 180 925
40 840 279
39 947 400
7383
Taxe d'apprentissage
157 620 382
158 826 643
164 592 721
176 235 931
182 119 550
181 715 684
184 615 870
7387
Amendes et pénalités - Contributions
418 107 656
3 151 733 561
893 077 977
623 306 787
474 965 702
996 032 899
1 816 066 759
762
Patentes
2 303 958
64 056
-
-
-
-
-
22 023 611 686
23 560 517 012
25 145 176 981
24 865 434 133
26 948 087 328
24 641 885 406
26 318 337 608
88 626
93 680
98 108
95 710
103 368
94 522
98 571
Fiscalité directe par habitant
Produits de la fiscalité directe (hors défisc.)
Chambre territoriale des comptes de la Polynésie française
Observations définitives – Collectivité de la Polynésie Française – Finances
Séance du 22 décembre 2011 - page 79 sur 84
Chambre territoriale des comptes de la Polynésie française
Observations définitives – Collectivité de la Polynésie Française – Finances
Séance du 22 décembre 2011 - page 80 sur 84
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
711
Taxe sur la valeur ajoutée
38 939 997 958
41 154 701 090
41 824 746 781
43 339 701 567
43 562 943 552
39 470 745 863
38 289 976 979
7111
Taxe sur la valeur ajoutée à l'importation
19 192 204 520
20 770 796 551
20 356 591 317
21 161 534 819
22 113 379 162
18 201 339 798
18 048 184 359
7112
Taxe sur la valeur ajoutée régime intérieur
19 747 793 438
20 383 904 539
21 468 155 464
22 178 166 748
21 449 564 390
21 269 406 065
20 241 792 620
712
Droits à l'limportation
24 308 756 927
26 818 626 995
26 971 889 850
26 805 738 688
26 314 036 098
22 472 611 913
20 985 299 098
71211
Taxe de consommation sur les hydrocarbures
3 511 247 715
3 657 096 673
3 482 763 770
3 521 124 798
3 501 343 469
3 513 176 659
3 531 191 215
71212
Taxe intérieure produits pétroliers
1 328 466 794
1 849 001 681
1 885 236 220
234 978 911
187 682 408
149 301 797
166 081 927
71213
Taxe spécifique except/ certains carburants
1 026 121 285
1 063 304 830
1 023 609 831
1 065 562 104
1 055 164 148
1 039 708 977
1 041 619 844
71221
Taxe supplémentaire de solidarité ad valorem
0
0
0
23 002 198
23 437 472
24 028 116
25 468 047
71222
Droit de consommation sur les autres produits
1 340 342 456
1 608 008 925
1 190 117 510
1 329 843 051
1 428 350 925
795 090 798
0
71223
Taxe spécifique sur consommation boissons
viniques
0
0
0
292 004 476
0
0
128 698 782
71224
Taxe de consommation s/autres boissons
alcoolisées
0
0
0
53 985 976
0
0
25 154 466
71225
Taxe pour le développement du sport et de la jeun.
0
0
0
0
0
172 779 813
71226
Droit spécifique spécial sur la bière
0
0
0
0
0
69 112 510
71231
Taxe supplémentaire de solidarité spécifique
82 110 292
70 295 754
65 953 998
45 558 788
46 287 716
43 749 176
41 435 784
71232
Droits de consommation tabac
3 077 768 672
3 311 159 380
3 182 446 034
3 320 556 346
3 273 305 258
2 018 775 290
0
71241
Taxe de consommation pour la prévention
0
0
193 579 752
70 631 852
0
0
215 946 799
71251
Taxe spécifique grands travaux et routes
0
0
798 680 954
1 154 180 681
1 138 880 073
836 775 147
1 144 703 059
71261
Droits de douane
4 696 161 339
5 556 525 650
5 585 890 650
5 666 987 440
5 772 019 548
4 934 759 706
5 060 404 358
71262
Taxe pour l'environnement, l'agriculture et la pêche
2 572 144 529
2 742 451 415
2 656 533 573
2 715 912 088
2 843 281 983
2 421 113 679
2 484 584 529
71263
Taxe de statistique
203 549 790
208 615 004
200 938 153
206 395 847
205 950 221
181 877 442
76 042 800
71271
Taxe forfaitaire postale
48 706 990
58 260 591
59 605 961
29 556 020
25 728 102
23 406 156
35 241 564
71272
Taxe forfaitaire voyageurs
11 885 249
11 499 939
19 629 359
67 015 470
66 319 064
58 896 327
58 390 860
71273
Taxe forfaitairelmarchandises vendues aux
enchères
1 050 981
0
0
11 847 214
187 139
0
0
71281
Taxe de développement local
1 980 592 109
2 187 026 712
2 037 921 202
1 941 863 515
1 970 731 880
1 623 332 451
1 659 986 257
71282
Versement forfaitaire CEA-CEP
4 425 589 145
4 495 380 441
4 588 982 883
4 646 868 603
4 775 366 692
4 808 620 192
4 857 474 097
71284
Taxe de consommation s/ tabacs & alcools importés
0
0
0
407 863 310
0
0
190 982 387
75010
Taxe sur l'audiovisuel
3 019 581
0
0
0
0
0
0
713
Droits intérieurs de.consommatIon
.
2 880 090 283
2 875 104 196
3 644 232 042
3 921 891 182
3 973 789 128
3 445 556 745
2 661 532 825
71311
Produits du cru
512 588 045
525 964 886
554 488 061
541 203 620
608 150 979
529 964 419
0
71321
Taxe sur la production de boissons alcoolisées et
produits sucrés
0
0
702 258 953
1 130 481 117
1 130 256 802
797 591 322
351 416 376
71322
Taxe sur la production de boissons alcoolisées
0
0
0
0
0
0
16 800 100
71381
Taxe sur les conventions d'assurance
1 033 100 948
1 070 319 785
1 115 772 931
1 176 413 257
1 172 876 798
1 152 416 735
1 204 963 038
71382
Taxe sur la publicité
287 261 490
195 813 378
165 117 731
185 145 268
155 299 074
154 371 636
140 941 039
71384
Taxe sur les jeux
1 047 133 320
1 083 006 147
1 106 594 366
888 647 920
907 205 475
811 212 633
779 909 962
71385
Taxe sur l'énergie électrique
0
0
0
0
0
0
167 502 310
7512
Droit spécifique spécial sur la bière
6 480
0
0
0
0
0
0
714
Droits à l'exportation
1 113 876 954
1 153 306 401
1 004 293 398
942 404 912
370 257 802
33 032 600
484 652 270
7141
Droit spécifique sur les perles exportées
1 113 876 954
1 153 306 401
1 004 293 398
942 404 912
370 257 802
33 032 600
484 652 270
715
Droit de timbres et d'enregistrement-
3 747 346 396
3 388 326 472
3 345 281 795
3 904 160 974
3 542 093 967
3 535 715 557
3 222 926 413
7151
Droits d'enregistrement
3 053 679 143
2 801 192 768
2 850 495 712
3 355 084 036
3 007 575 407
3 001 463 664
2 797 148 208
7152
Droits de timbre et visa
617 976 150
492 134 800
383 021 300
463 201 400
463 796 800
460 023 850
358 002 950
7153
Taxe hypothécaire
75 691 103
94 998 904
111 764 783
85 875 538
70 721 760
74 228 043
67 775 255
718
Autres Impôts et taxes-indirects
266 641 310
216 685 014
175 159 757
82 618 869
207 679 053
171 637 288
186 034 831
7181
Amendes et confiscations - Douanes
140 020 753
115 266 150
65 164 000
35 667 833
61 523 399
25 790 410
28 989 898
7182
Amendes et pénalités - DAF
21 066 823
28 668 529
24 820 589
32 843 898
23 628 555
27 270 204
26 452 248
7184
Divers régulansation de droits et taxes supprimés
0
0
7 449 850
302 894
0
0
772
Produits sur exercices antérieurs
105 553 734
72 750 335
85 175 168
6 657 288
122 224 205
118 576 674
130 592 685
71 256 709 828
75 606 750 168
76 965 603 623
78 996 516 192
77 970 799 600
69 129 299 966
65 830 422 416
286 747
300 623
302 419
306 426
298 968
261 868
246 067
Fiscalité indirecte par habitant (Nbre au 01.01.N)
Impôts indirects
Produits de la fiscalité
ANNEXE 3 :
Produits de la fiscalité indirecte 2004 -2010
ANNEXE 4 : Evolution des résultats cumulés de 2004 à 2010 (budget principal)
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Observations définitives – Collectivité de la Polynésie Française – Finances
Séance du 22 décembre 2011 - page 81 sur 84
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ANNEXE 5 :
Dépenses réelles d’investissement hors remboursement de la dette (prévisions budgétaires et réalisations)
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
Dépenses réelles d'investissement
(hors remboursement de la dette)
inscrites au budget de la collectivité
78 335 250 715
72 171 872 066
68 211 886 981
71 758 745 466
66 400 241 322
67 080 345 927
57 075 560 233
Dépenses réelles d'investissement
(hors remboursement de la dette)
exécutées
31 482 181 236
31 992 587 758
25 793 926 503
31 798 707 536
30 605 494 538
30 977 123 280
28 688 042 719
taux d'exécution budgétaire
40,19%
44,33%
37,81%
44,31%
46,09%
46,18%
50,26%
ANNEXE 6 :
Répartition de l’encours de la dette de la collectivité de Polynésie
française, par bailleurs de fonds
BAILLEURS DE FONDS
En cours au
31 décembre 2010
Groupe DEXIA
35 470 903 463
AGENCE FRANCAISE DEVELOPPEMENT
21 562 088 322
AFD (1
er
guichet - bonifiés)
4 978 375 612
AFD (2
ème
guichet – 7%)
312 852 371
AFD (Guichet unique)
16 270 860 339
Groupe CNCEP + Banque de Tahiti (BDT)
13 202 875 103
BANQUE DE FINANCEMENT ET TRESORERIE - PCTM
6 913 548 132
BANQUE DE POLYNESIE
5 151 354 184
MARCHE OBLIGATAIRE
2 386 634 845
CREDIT LYONNAIS
815 990 457
BEI - FONDS EUROPEEN DE DEVELOPPEMENT
553 290 083
CAISSE DEPOTS ET CONSIGNATIONS
357 031 104
TOTAL GENERAL
90 765 033 913
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ANNEXE 7 :
Tableau récapitulatif du montant des crédits d’impôt imputés de 1996 à
2010
ANNEE du
FINANCEMENT
Somme LEVEE de
FINANCEMENTS
Somme ENVELOPPE
1996
4 520 904 518
2 356 332 057
1997
12 506 707 855
5 637 237 132
1998
11 244 750 689
5 410 119 341
1999
11 777 340 377
4 993 029 169
2000
12 391 997 832
5 307 445 887
2001
18 080 886 744
9 400 543 040
2002
23 810 837 900
12 219 002 372
2003
27 124 630 482
13 368 569 464
2004
16 696 105 774
8 823 202 933
2005
18 540 888 474
9 742 381 345
2006
13 267 231 950
7 203 451 554
2007
13 987 560 115
7 021 788 976
2008
14 416 920 208
7 631 601 993
2009
9 011 940 225
4 634 738 500
2010
8 455 937 307
4 354 225 044
TOTAL
215 834 640 450
108 103 668 807
Cet état a été établi le 24/06/2011, soit postérieurement à l'émission des rôles
principaux d'IS et d'IT.Ces données sont susceptibles d'évoluer encore, mais de
manière assez marginale, pour tenir compte par exemple des imputations s'exerçant
sur des sociétés ayant un exercice ne correspondant pas à l'année civile.
Tableau récapitulatif du montant des crédits d'impôt
imputés de 1996 à 2010.
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