La TEP est depuis sa création une entreprise à capitaux publics majoritaires mais elle n’a été soumise à un statut naturel de SEM de la Polynésie française que très récemment, en août 2014.
Le chiffre d’affaire de la TEP avoisine le milliard de F CFP ; il est composé à 98% du produit de la redevance de transport fixée par la collectivité de la Polynésie française, et reversée par EDT-ENGIE aux termes d’accords conventionnels.
Sur le plan opérationnel, la TEP a, dès l’origine, sous-traité l’essentiel de cette mission à EDT-ENGIE, société concessionnaire de la distribution et principal producteur d’électricité.
Depuis plusieurs années, notamment depuis la livraison en 2012 du rapport demandé par le gouvernement de la Polynésie française à deux membres de la Commission de régularisation de l’électricité (CRE), la TEP se trouve placée au centre des réformes impulsées par la collectivité de la Polynésie française, détentrice de la majorité de son capital et, au surplus, autorité concédante du transport électrique haute tension (HT).
La TEP est à ce titre désormais appelée à changer de dimension, ce qui constitue, pour elle, un défi managérial de premier ordre.
En quelques années, il lui est demandé de devenir un gestionnaire de réseau, expert et indépendant, alors qu’elle n’agit, pour le moment, qu’en opérateur de réseau, qu’elle n’assure pas la conduite de réseau et qu’elle ne compte que 18 salariés.
Dès lors sans qu’aucun doute ne soit permis, les changements qu’impliquent la transformation de son rôle vont solliciter fortement la capacité d’adaptation de l’entreprise, alors même qu’ils doivent se produire au moment où la société a accusé des pertes d’exploitation récurrentes, et a disposé de capacités de financement réduites jusqu’en décembre 2016.
Aussi plusieurs difficultés se dressent encore sur la trajectoire de réforme.
Les premières concernent la régularisation inachevée des errements passés, notamment par rapport aux règles applicables aux sociétés d’économie mixte (SEM).
Les secondes, découlent des contraintes financières liées au retard d’ajustement du tarif sur les charges de la concession qui ont obéré son développement, notamment en la privant du financement autonome de ses investissements de sécurisation du réseau (boucle nord) et de ses nouvelles fonctions.
Les dernières enfin résultent des contraintes de l’exécution des contrats en cours (contrats de délégation, contrats de sous-traitance), notamment lorsqu’il est envisagé de leur apporter des modifications importantes ou de les dénoncer.
Aussi la mutation de la TEP actuellement entamée risque-t-elle de s’avérer plus ardue et par conséquent, plus coûteuse qu’envisagée initialement, et ce, quelle que soit la valeur des équipes managériales.
En guise de réponse, le conseil d’administration du 27 septembre 2016 a acté la diminution des charges grâce à la suppression de la caducité, agrémentée pour la énième fois d’une demande de hausse de la tarification à l’autorité concédante.
Pour autant, la fin des difficultés financières n’est pas acquise. La TEP doit notamment emprunter environ 3 milliards de F CFP pour assurer sa participation au financement des investissements (boucle nord), dans un horizon limité à 2022, tout en finançant la mise en capacité technique et juridique de sa structure.
La transition se traduit donc par l’addition de plusieurs coûts. Pour la TEP, au coût relatif à sa transformation en gestionnaire de réseau expert et indépendant s’ajoutent les investissements pour sécuriser le réseau. Et, pour la collectivité les coûts liés à l’indemnisation des fins des contrats, quels qu’en soient le terme et les modalités.
Au total, le financement risque de s’élever pour la société à 4 milliards de F CFP au minimum, et pour la collectivité, au coût résultant des modalités choisies concernant la fin de la délégation de service public.
Dès lors, malgré l’apport des subventions publiques, déjà acquises ou prévues, la TEP ne peut réussir le changement de dimension auquel elle est appelée, sans un ajustement du tarif par la collectivité de la Polynésie française, concédante.
Les décisions de la collectivité prises le 15 décembre 2016 concernant la tarification et l’avancement des travaux pour le bouclage Nord semblent augurer d’une issue positive.
Toutefois, le succès de la mutation reste tributaire de la réponse entrepreneuriale, dont la qualité doit être à la mesure du changement projeté et à la réussite de laquelle, l’équipe managériale s’est attelée.