Le lycée d’enseignement général, technologique et professionnel (LEGTP) Joseph Fourier d’Auxerre, établissement support du groupement d’établissements de l’Yonne (GRETA 89) connait un effectif stable de 1 300 élèves sur la période 2011-2016. La répartition par filières est également constante, avec une dominante technologique et professionnelle. Sa situation financière est marquée par une certaine maîtrise des charges d’exploitation en particulier les dépenses de fluides (gaz) et les prestations extérieures. L’augmentation des produits se fait ressentir en 2016, concernant les recettes liées à la restauration scolaire et les subventions reçues de la région Bourgogne-Franche-Comté. Cette situation permet au lycée de dégager depuis 2015 un résultat excédentaire supérieur à 100 000 €. Cependant, le résultat 2016 aurait pu être plus excédentaire qu’il ne l’a été, en raison de la non régularisation ou de l’annulation de rattachements de charges constatées en 2015.
Les GRETA sont des acteurs essentiels de la formation professionnelle initiale et continue et de l'orientation professionnelle au niveau académique. Mais les GRETA sont avant tout des prestataires de services auxquels font appel les régions dans le cadre de leur mission de pilotage et de mise en cohérence de l'ensemble des acteurs et des dispositifs en ce domaine. Pour la région Bourgogne-Franche-Comté et l’académie de Dijon, les politiques de chaque entité dans ce secteur sont définies respectivement dans un contrat de plan régional et un projet académique.
Depuis le 1er janvier 2014, le GRETA de l’Auxerrois-Puisaye a fusionné avec les deux autres GRETA du département de l’Yonne, pour devenir le GRETA 89. Dix‑neuf établissements publics locaux d’enseignement adhérent actuellement au GRETA 89, soit l’ensemble des lycées mais peu de collèges.
Les instances décisionnelles et consultatives du GRETA 89, instaurées par la convention constitutive du 5 décembre 2013, reflètent une vie institutionnelle faible tant en nombre de participants à l’assemblée générale qu’en termes de régularité des réunions du bureau ou des commissions consultatives. L’existence de « conférences hebdomadaires », réunissant le président du GRETA, le directeur opérationnel, le gestionnaire, les responsables d’antennes d’Avallon et Sens et les CFC du GRETA 89, ne saurait pallier ni même justifier cette carence.
Conformément aux objectifs du plan académique de formation continue qui souhaite qu’il n’y ait ni publics ni territoires oubliés, ni secteurs de formation supprimés, la fusion des trois GRETA de l’Yonne en 2014 a permis au GRETA 89 de proposer une offre de formation multisectorielle, même si quelques secteurs ou zones d’emploi ne sont pas couverts. Afin de faire connaître son offre de formation à un large public, le GRETA 89 a développé un plan de communication, venant en complément du plan de communication académique 2015 développé par le réseau des GRETA. Pour autant, la vision stratégique en matière d’offre de formations n’est pas particulièrement lisible ; en effet, le GRETA 89 ne dispose pas du plan pluriannuel de développement prévu par le code de l’éducation. Par ailleurs, il n’existe pas de procédure formalisée d’élaboration des offres de formations. L’analyse de besoins, l’étude de faisabilité et les choix de positionnement sont néanmoins débattus en « conférence hebdomadaire » ; en outre, un travail d’analyse a été réalisé en 2016-2017 par le GRETA 89 pour définir des actions à mener dans le cadre de l’élaboration des contrats d’objectifs signés par les GRETA et une agence commerciale est en cours de mise en place.
Pour la mise en œuvre des actions de formations, le GRETA 89 a recours à la cotraitance dans des groupements solidaires, à la sous-traitance ou est lui-même sous-traitant d’autres organismes de formations. C’est ainsi qu’ont été organisées les formations dispensées dans le cadre des « plateformes d'accompagnement à la qualification » (PAQ 2011-2015) mises en place par l’ancienne région Bourgogne, pour lesquelles les trois GRETA du département de l’Yonne ont conclu une convention de mandat poursuivie par le GRETA 89. Depuis 2017, le GRETA 89 organise ses actions de formations selon le même schéma pour le nouveau dispositif mis en place par la région Bourgogne-Franche-Comté, dit « amont de la qualification » (DAQ).
Le GRETA 89 a engagé une démarche qualité initiée par l’antenne d’Avallon qui est en cours de généralisation pour une labellisation EDUFORM attendue en 2019.
Pour élaborer son programme annuel d’activité (PAA) et en assurer son suivi, le GRETA dispose depuis 2015 des logiciels Pilot et ProgrE. Si le GRETA 89 se situe en troisième position des GRETA de l’académie pour le nombre de stagiaires formés, il est le premier en terme de chiffre d’affaires jusqu’en 2015, second depuis 2016. Cette situation s’explique par la participation du GRETA 89 aux plateformes PAQ 2011-2015 : avec plus de 43 % du chiffre d’affaire du GRETA 89 en 2015, plus de 32 % des heures stagiaires réalisées et près de 27 % des heures formateurs réalisées, les PAQ occupent une place prépondérante dans l’activité du GRETA. Cette dépendance n’est pas sans poser de questions quant à la possible fragilité de l’activité du GRETA pour les années à venir, surtout en l’absence de véritable stratégie quant à l’offre de formations.
Le chiffre d’affaires du GRETA 89 connait une progression importante depuis sa fusion, avec une forte augmentation en 2016 (+ 5 % entre 2015 et 2016). Les financements sont majoritairement issus de la Région Bourgogne, pour l’essentiel dans le cadre des PAQ. La diminution du nombre de stagiaires, amorcée dès 2013 sur les trois anciens GRETA, s’est accentuée en 2015. Par ailleurs, le nombre d’heures stagiaires a sensiblement diminué depuis la fusion. Pour autant, l’exercice 2016 semble amorcer une reprise d’activité du GRETA 89 dans les secteurs du tertiaire, de la sécurité des biens et des personnes, et surtout de l’insertion et des compétences clés, tant pour les formations de niveau V que pour les formations non diplômantes. S’agissant de l’évolution du nombre d’heures formateurs, certaines filières mobilisent plus de vacataires que de permanents, en raison essentiellement de l’absence d’enseignants permanents dans ces filières et du recours à des autoentrepreneurs.
Pour déterminer ses tarifs de formation, le GRETA 89 a mis en place depuis 2016 une matrice qui aurait dû permettre de fournir des éléments de construction de prix fiables. Pour autant, les tarifs sont souvent élaborés et varient au gré des profils des financeurs. Dès lors, le GRETA 89 ne maîtrise pas ses recettes qui dépendent beaucoup des donneurs d’ordre.
S’agissant de l’accompagnement et de la mesure de satisfaction des stagiaires, il serait souhaitable de renforcer une démarche d’évaluation et de suivi de leur intégration, en combinant les différents indicateurs existants, qui pourraient être complétés et fiabilisés en généralisant les enquêtes de satisfaction.
Si la situation financière du GRETA 89 semble satisfaisante en termes de chiffre d’affaires, résultat et fonds de roulement, la fusion des trois GRETA de l’Yonne n’a pas apporté d’économie d’échelle. Cependant, à l’instar du lycée Joseph Fourier, les résultats 2015 et 2016 auraient pu être plus excédentaires qu’ils ne l’ont été, en raison de la non régularisation ou annulation de rattachements de charges constatées en 2014 et 2015. Par ailleurs, la situation financière du GRETA 89 ne doit pas masquer les difficultés de recouvrement : le taux de non recouvrement des créances en 2016 est de 34,5 % et le délai global de recouvrement atteint 124 jours. Enfin, sa dépendance au DAQ et la méconnaissance des coûts sont autant de facteurs de risque.
L’évolution des effectifs sur la période 2011-2016 confirme que la fusion n’a pas permis de réaliser des économies de gestion des personnels. La comparaison avec les autres GRETA de l’académie de Dijon permet de constater que le GRETA 89 dispose d’un nombre important de formateurs permanents par rapport au nombre d’heures stagiaires, mais qu’il a su mieux que les autres GRETA maîtriser ce nombre face à la baisse du nombre des stagiaires et d’heures stagiaires entre 2014 et 2015. Pour les besoins en formateurs permanents, il conviendrait de réaliser au moins annuellement, à l’occasion de l’élaboration du programme annuel d’activités, des diagnostics d’opportunité préalables aux créations d’emplois et remplacements qui devraient être soumis à la commission du personnel qu’il faudrait réactiver. Il conviendrait également de mentionner dans le registre des effectifs et dans les états du personnel joints aux comptes financiers les vacataires et les conseillers en formation continue affectés par le rectorat au GRETA 89. Par ailleurs, les charges de personnel concernant ces derniers devraient être prises en compte dans le coût de revient des formations dispensées. Enfin, il conviendrait de réexaminer les contrats de travail des formateurs permanents contractuels, afin d’éviter les sous-services.