La commune de La Bourboule, qui compte 1782 habitants et dispose d’un budget ordinaire de l’ordre de 6 M€, connaît une fréquentation touristique importante liée, principalement, aux sports d’hiver et au thermalisme. Ville réputée pour le traitement des affections des voies respiratoires et des troubles du développement de l’enfant, elle est la seule station thermale d’Auvergne à ne pas soigner les pathologies liées à la rhumatologie.
L’activité thermale est un des moteurs économiques du territoire : elle aurait généré près de 4,6 M€ de chiffre d’affaires et de l’ordre de 44 690 nuitées marchandes en 2022.
Une exploitation en régie fortement impactée par la crise sanitaire
L’exploitation thermale se concentre depuis 2017 sur un seul établissement, les Grands thermes, ayant accueilli 2 805 curistes en 2023 pour 4 158 en 2019. La baisse de fréquentation est principalement liée à la crise sanitaire ainsi qu’au programme de travaux en cours qui réduit la capacité d’accueil.
Alors que 82 % des établissements français sont gérés par des opérateurs privés, la commune de la Bourboule a fait le choix d’une gestion en régie pour son établissement thermal, depuis 2009. L’établissement « la régie des Grands thermes » est doté de l’autonomie juridique et financière.
Une stratégie claire de développement autour d’un thermalisme de santé
Pour enrayer la déprise démographique, la commune recherche l’équilibre entre économie résidentielle et économie thermale. Elle projette un développement de l’activité thermale avec l’objectif d’accueillir de 4 000 à 4 500 curistes d’ici à 2030, soit un niveau légèrement supérieur à celui de 2009, qui apparaît ambitieux au regard des niveaux actuels de fréquentation.
Après avoir hésité dans les années 1980-1990 entre une orientation de santé et un positionnement de loisirs, la commune a finalement souhaité développer le thermalisme de caractère médical, incitant la régie d’exploitation à s’investir dans plusieurs programmes de recherche et d’innovation. L’établissement thermal continue cependant de proposer une offre de bien être avec son spa, mais la commune n’entend pas pour l’heure développer ces activités dont la rentabilité n’est pas suffisamment assurée.
Des travaux de réhabilitation importants
Depuis 2023, la commune a engagé des travaux de réhabilitation lourde, dont le coût prévisionnel se monte à 13,4M €, loin de l’estimation initiale arrêtée à 8 M€ en 2021. L’opération est cofinancée à hauteur de 70 % par l’État et les financeurs publics locaux.
Malgré l’alourdissement de la dette lié à la réhabilitation des Grands thermes et à l’acquisition des thermes Choussy, la situation consolidée de la commune et du budget annexe thermal demeure saine.
En couverture des annuités de la dette et de la charge d’amortissements, la commune envisage notamment d’augmenter la redevance d’occupation acquittée par la régie à quelque 310 000 € en 2026 pour 250 000 € en 2023 et seulement 149 796 € en 2019. Aucune étude prospective sur les coûts d’exploitation à venir des Grands thermes n’a cependant été présentée au conseil municipal, en sorte de permettre d’apprécier la soutenabilité pour la régie d’une telle augmentation, démarche de prudence et préalable à la prise de décision définitive que recommande la chambre.
La situation financière de la régie se révèle en effet plus fragile, ses ressources propres ayant été diminuées de moitié entre 2019 et 2023. La lente reprise de l’activité post-covid, conjuguée à des conditions d’exploitation dégradées du fait des travaux en cours, a creusé le chiffre d’affaires alors que dans le même temps, la redevance d’occupation du domaine public a été réhaussée significativement. Il en est résulté, en 2023, un excédent brut d’exploitation, une capacité d’autofinancement brute et un résultat d’exploitation de la régie tous négatifs.
La perte de rentabilité tenant à la baisse de fréquentation, qui ne peut se rétablir tant que les capacités d’accueil demeureront réduites du fait des travaux en cours de réalisation, la commune ne peut ignorer les conditions d’exploitation dégradées qui subit la régie, et doit renoncer à alourdir la redevance qu’elle lui demande, voire envisager de l’alléger à titre temporaire dans l’attente d’un retour à pleines capacités d’accueil.
Des risques sanitaires maitrisés malgré une situation administrative à régulariser
Les sources ont bénéficié en 1878 d’un arrêté ministériel d’autorisation d’exploitation, puis d’une déclaration d’intérêt public en 1981 ; mais la commune ne dispose pas d’une autorisation d’exploitation à jour pour une utilisation à des fins thérapeutiques dans un établissement thermal, telle qu’exigée par l’article L. 1322-1 du code de la santé publique. Impérative, cette régularisation de la situation administrative de la source doit être également mise à profit pour définir avec précision et explicitement les conditions de préservation de la ressource en eau.
Pour le reste, les risques sanitaires de l’établissement paraissent maitrisés, ainsi que les problématiques de gestion des rejets dans le milieu naturel.
RECOMMANDATIONS
- Recommandation n° 1. Élargir le périmètre de l’étude d’impact pluriannuelle du projet de réhabilitation aux coûts de fonctionnement induits pour l’établissement des Grands thermes.
- Recommandation n° 2. Présenter l’étude d’impact, en son format complété, au conseil municipal.
- Recommandation n° 3. Établir une convention visant à clarifier le partage des dépenses, entre la régie chargée de l’exploitation du service et la commune en sa qualité de propriétaire des bâtiments et équipements.
- Recommandation n° 4. Procéder à la mise à jour de l’inventaire des biens meubles et immeubles communaux.
- Recommandation n° 5. Relancer la demande d’autorisation d’exploitation selon les exigences de l’arrêté ministériel du 5 mars 2007 de référence.