En 2022, cette tranche d’âge représentait 14 % de l’ensemble de la population. Une partie de cette jeunesse apparait en grande difficulté (décrochage scolaire, chômage, addictions, violence, perte de valeurs et de repères, souffrance) en raison de son environnement familial ou social. En 2023, les données disponibles indiquent que la délinquance des jeunes mineurs se concentre majoritairement sur les atteintes aux biens (vols simples). Il est toutefois observé une progression des faits délictuels graves (atteinte volontaire à l’intégrité physique) commis par ceux-ci.
En raison de la précarité dans laquelle elle est placée, une partie de la jeunesse polynésienne s’expose à des risques (alcool, toxicomanie, suicide, violences…). La direction de la santé organise des actions de sensibilisation dans les écoles et établissements scolaires ainsi que des formations au repérage des addictions pour les professionnels. Même si elle possède un service d’addictologie dont la moitié des patients a moins de 30 ans, la Chambre observe qu’il n’existe pas de service hospitalier spécifique et relève qu’il conviendrait d’en faire une priorité de santé.
Entre 2018-2023, des propositions d’orientations stratégiques ont été élaborées en conseil des ministres en vue d’élaborer un schéma directeur de la jeunesse, mais celles-ci n’ont pas été soumises au vote de l’Assemblée de Polynésie Française (APF). La succession de ministres n’a pas été favorable à la définition d’une politique publique en faveur de la jeunesse. En place depuis mi-mai 2023, le nouveau gouvernement ambitionne l’adoption par l’APF d’un schéma directeur de la jeunesse, pour les dix prochaines années, d’ici la fin de 2024. La Chambre relève la nécessité d’aboutir rapidement.
Le Pays n’a pas mis en place de véritable coordination interministérielle de la politique de la jeunesse, ni d’instance de coordination avec les acteurs concernés (associations et jeunes eux-mêmes). Sur ces deux points, la Chambre recommande d’améliorer d’une part, le pilotage interministériel et d’autre part, l’association des jeunes à la définition et l’animation des politiques en leur faveur. Dans sa réponse aux observations provisoires, le Pays déclare s’engager dans cette voie.
En l’absence d’un suivi qui aurait dû être réalisé par le ministère en charge de la jeunesse, le coût d’ensemble des politiques publiques de la jeunesse n’a pu être reconstitué pour la période 2018-2023. Le programme spécifique « Jeunesse » est principalement orienté sur des charges de personnel et le subventionnement aux associations pour un montant moyen de 160 MF CFP entre 2018 et 2022. La Chambre recommande au Pays de réaliser un bilan global annuel d’évaluation des subventions accordées qui devra figurer au Rapport Annuel de Performance du Président à l’APF.
Entre 2018 et 2023, les dépenses de soutien de l’Etat à l’exercice des compétences du Pays dans le domaine de l’éducation, de la jeunesse et de la vie associative enregistrent une progression, liée notamment à la masse salariale des personnels d’éducation. Cet accompagnement atteignait près de 67 Md F CFP en 2023.
En matière d’emploi, entre 2022 et 2023, la Chambre observe que le nombre de jeunes chômeurs était en progression (+ 200 personnes, soit 9 % de la classe d’âge). Pourtant, à l’exception du dispositif expérimental du contrat d’apprentissage, le Pays n’a pas organisé d’aides à l’emploi spécifiques à la jeunesse. Dans sa réponse, le Pays indique s’engager à renforcer l’insertion professionnelle des jeunes. Dans ce contexte, alors même qu’il accueille de plus en plus de stagiaires et de techniciens, le RSMA-Pf a maintenu un niveau remarquable d’insertion professionnelle qui s’élevait à 91 % en 2023 pour les jeunes volontaires stagiaires et 93 % pour les volontaires techniciens.
Par ailleurs, la Chambre relève l’existence de nombreux dispositifs pour aider financièrement les jeunes à bouger à l’extérieur du territoire polynésien. La juridiction recommande toutefois au Pays de mieux informer les jeunes de l’existence de ces aides. Dans sa réponse, le Pays indique prévoir de nouveaux moyens d’accéder à ces informations, au bénéfice des jeunes et des porteurs de projets. La Chambre souligne l’importance qu’il convient d’attacher à ces objectifs.