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Collectivité de la Polynésie française : le tourisme

CTC POLYNÉSIE FRANÇAISE

L’évaluation par la Chambre de la politique publique du tourisme, domaine qui est du ressort de la Polynésie française, a pu s’appuyer sur la production par celle-ci de deux plans stratégiques successifs : le plan 2015-2020 puis une stratégie rédigée en 2019 que le Pays a dénommé Fari’ira’a Manihini, ou FM 27.

Les observations du présent rapport ont conduit la Chambre à émettre cinq recommandations.

Ces deux plans marquent un effort en faveur de l’organisation et de la transparence de l’action publique locale. Mais la méthode développée s’est révélée insuffisamment aboutie, à cause d’une présentation sous la forme d’une liste pléthorique d’actions classées sans ordre de priorité, et sans que le budget prévisionnel et les indicateurs de performance soient renseignés.

Plus largement, la politique publique du tourisme est affichée depuis près de trente ans par la collectivité de la Polynésie française comme l’une de ses priorités stratégiques majeures de développement. Les dernières publications font état d’une recette générée par les touristes non-résidents de 77 Mds F CFP en 2022. Le Pays évalue communément l’impact du tourisme à partir de cet indicateur brut. Or, l’ISPF soustrait à raison de ce montant l’estimation des dépenses effectuées par les résidents lors de leurs séjours hors de Polynésie française, soit un total annuel de dépenses extérieures de 30 Mds F CFP la même année. La recette touristique nette est ainsi réduite à la différence, soit 47 Mds. Cependant, la Polynésie française se caractérise par le poids écrasant des importations de marchandises par rapport aux exportations au sens de la balance des paiements. Cette particularité mériterait que soient engagés des travaux d’expertise appropriés pour estimer la manne touristique réelle pour la Polynésie française. Une première approche estimée par la Chambre indique que le montant net ne serait dès lors que de l’ordre de 24 Mds F CFP en 2022.

Par ailleurs, alors que la Chambre avait déjà formulé dans son précédent rapport sur la politique du tourisme en 2013 des recommandations sur l’insuffisance de l’étude de la satisfaction des touristes, aucun progrès n’a été enregistré depuis sur le sujet. Bien au contraire, l’estimation du taux de fidélisation ou son équivalent a été supprimée. En effet miroir, la perception du tourisme par la population locale mériterait d’être mieux prise en compte dans la définition de la politique publique, notamment son degré d’acceptation/rejet social, a fortiori en considérant l’objectif nouveau du gouvernement d’accueillir 600 000 touristes en 2034 (261 813 estimés en 2023). Les premières projections mathématiques réalisées par le Pays et recueillies dans le cadre de l’instruction en décembre 2023 concernant cette nouvelle cible de fréquentation, envisagent plutôt un objectif de 454 000 touristes à cet horizon de 10 ans. Sur le principe, l’exécutif justifie, lors de l’instruction, la cible de 600 000 touristes par la volonté de compenser à terme, partiellement ou totalement, les transferts apportés par l’État en Polynésie française, qui sont pour rappel de plus de 200 Mds F CFP chaque année. Selon la Chambre, ce serait a minima dans l’hypothèse de calcul la plus favorable 1 million de touristes qu’il faudrait accueillir pour obtenir une recette nette de 200 Mds F CFP.

Cette trajectoire est susceptible d’aller à l’encontre d’un tourisme durable et inclusif tel qu’affirmé par le Pays dans son plan FM 27. De plus, dans l’hypothèse où certains de goulots d’étranglement seraient réglés comme l’aéroport international de Tahiti-Faa’a et le marché local de main-d’œuvre qualifiée, cela demanderait de toute façon davantage du temps, au-delà de 2034 certainement. D’ailleurs, les projets du Mahana Beach à Punaauia et à Moorea, qui n’ont pas vu le jour malgré des tentatives répétées de la collectivité depuis 10 ans ne rassurent pas sur les capacités à attirer des investisseurs fiables et réellement engagés.

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