Synthèse
Le centre hospitalier universitaire (CHU) de Rouen, le premier de Normandie, avec 2 397 lits et places, concilie une offre de soins de proximité avec celle dévolue à un hôpital de recours. La thématique des urgences hospitalières illustre ce positionnement, dans une agglomération où la démographie des professionnels de santé de ville est fragile.
Ainsi, le service des urgences adultes assure la principale offre de soins non programmée de la région, avec une dynamique d’activité qui bien qu’enrayée provisoirement par la pandémie se rapproche en nombre de passages en 2022 de celui de 2017.
Le projet régional de santé, le projet médical partagé du groupement hospitalier de territoire, le contrat pluriannuel d’objectifs et de moyens et le projet d’établissement (mais singulièrement pas le projet de service des urgences) convergent sur deux priorités : d’une part, éviter le passage aux urgences des patients des cas non urgents et développer la réorientation des patients, et d’autre part, assurer la fluidité des prises en charge d’aval qui restent à structurer, grâce notamment au dialogue avec les partenaires hospitaliers et les professionnels de ville.
Toutefois, l’examen des données disponibles témoigne du peu de prise, pour l’heure, de ces orientations sur la réalité des parcours territoriaux des patients (proportion de patients âgés, faibles admissions directes notamment).
La part des patients aux pathologies les moins sévères progresse pour atteindre 86 % sur le site des urgences de Charles-Nicolle et même 95 % sur celui de Saint Julien. La vocation de ce site secondaire (20 % des passages) suscite des interrogations, car son profil proche d’un « centre de soins non programmés » plaide pour engager une réflexion sur son avenir.
En début de période, le déploiement d’une stratégie d’organisation interne structurante, avec la création d’une unité-tampon et d’une cellule de gestion des lits, s’est attachée à améliorer la performance des flux internes de patients, mais doit être aujourd’hui confortée.
En effet, dans le contexte des fermetures temporaires récurrentes de lits d’aval par manque de personnel, qui a triplé entre 2019 et 2022, un certain glissement de cette organisation appelle un renforcement du pilotage.
Afin d’évaluer ces démarches, la détermination d’indicateurs précis permettrait de mesurer l’atteinte des objectifs stratégiques fixés. À cette fin, l’amélioration significative du suivi des données par le CHU constitue un préalable pour mener une analyse plus fine (transferts depuis les urgences, réorientations) et une évaluation des dispositifs existants ou qui connaissent une montée en charge (équipes mobiles, plateformes téléphoniques, « services d’accès aux soins »).
Ce besoin d’indicateurs de suivi porte aussi sur le fonctionnement interne (flux par secteurs du service des urgences, délais d’attente ou délais de transmission des résultats), qui a été questionné en 2017 par un audit externe, mais dont les préconisations n’ont été que partiellement mises en œuvre.
Le fonctionnement du service reste fortement contraint par l’architecture du bâtiment des urgences du site de Charles-Nicolle (absence de hall d’accueil, structuration autour de deux longs couloirs), ce qui pourrait conduire l’établissement à réfléchir à une évolution de son agencement.
Le service reste également confronté à un problème de recrutement de médecins urgentistes, qu’il compense par un maintien des gardes de spécialistes aux urgences, auquel le CHU souhaite pouvoir mettre fin.
Recommandations
- (performance) : Piloter les objectifs territoriaux assignés par les différents documents stratégiques, par la mise en place et le suivi d’indicateurs précis et évaluables.
- (performance) : Renforcer la fonction de gestion des lits et poursuivre la réflexion sur l’articulation des urgences avec les services de spécialité (repositionnement de l’unité d’hospitalisation aval, réservation de lits).
- (performance) : Assurer la collecte de données nécessaires à l’analyse par l’établissement des flux de patients et de la qualité des prises en charge (hospitalisation externe en sortie d’urgence, temps d’attente des patients, répartition des patients par secteur, taux de re-consultation, réorientations de patients) et fiabiliser celles qui existent (taux d’hospitalisation interne, examens de biologie, venue des patients en transports).
- (performance) : Mener une réflexion sur l’avenir du site des urgences de Saint-Julien, qui s’apparente à un centre de soins non programmés compte tenu du profil de ses patients.