Chambre régionale des comptes Corse, CS 60305, 20297 BASTIA CEDEX www.ccomptes.fr
RAPPORT D’OBSERVATIONS DÉFINITIVES
ET SA RÉPONSE
COMMUNE DE GHISONACCIA
Département de la Haute-Corse
Exercices 2019 et suivants
Le présent document, qui a fait l’objet d’une contradiction avec les destinataires concernés,
a
été délibéré par la chambre le 6 février 2025.
COMMUNE DE GHISONACCIA
2
TABLE DES MATIÈRES
TABLE DES MATIÈRES
..............................................................................................
2
SYNTHÈSE
......................................................................................................................
4
RECOMMANDATIONS
................................................................................................
5
RAPPELS DU DROIT
....................................................................................................
6
INTRODUCTION
...........................................................................................................
7
1
LE CONTEXTE GEOGRAPHIQUE ET SOCIO-ECONOMIQUE DE LA
COMMUNE
.............................................................................................................
7
2
LA QUALITE DE L’INFORMATION BUDGETAIRE ET COMPTABLE
.........
9
2.1
La qualité des informations budgétaires
...........................................................
10
2.1.1
Une transparence financière à renforcer
..................................................
10
2.1.2
Des prévisions d’investissement systématiquement surestimées
............
12
2.2
La fiabilité de l’information financière
............................................................
13
2.2.1
L’absence d’autonomie financière du budget du CCAS
.........................
13
2.2.2
Une comptabilité d’engagement qui fait défaut
......................................
14
2.2.3
Des carences dans la tenue de la comptabilité patrimoniale
...................
15
2.2.3.1
Des écarts conséquents entre les inventaires et les états d’actifs du
comptable
...............................................................................................................
15
2.2.3.2
Le transfert aux comptes définitifs des immobilisations en cours
..........................
16
2.2.4
Le transfert au compte de résultat des subventions d’investissement
.....
17
2.2.5
La création d’une régie générale des recettes communales
....................
17
2.2.6
Le principe de prudence
..........................................................................
18
2.2.6.1
Les amortissements
................................................................................................
18
2.2.6.2
Les provisions
........................................................................................................
18
3
L’ANALYSE FINANCIERE DE LA COMMUNE
..............................................
19
3.1
Le budget principal : une situation financière saine, bien que moins
favorable par rapport aux communes comparables
..........................................
19
3.1.1
La progression des produits de gestion due essentiellement à des
facteurs exogènes
....................................................................................
19
3.1.1.1
Les ressources fiscales propres
...............................................................................
20
3.1.1.2
Les autres ressources
..............................................................................................
23
3.1.2
Des charges de gestion qui augmentent plus rapidement que les
produits
....................................................................................................
24
3.1.2.1
Une hausse des charges à caractère général et des subventions allouées
...............
25
3.1.2.2
Des dépenses de personnel qui se stabilisent sur la période
...................................
26
3.1.3
Le maintien d’une capacité d’autofinancement élevée
...........................
26
3.1.4
De bons indicateurs en matière d’investissement
...................................
28
COMMUNE DE GHISONACCIA
3
3.2
Une épargne à surveiller dès l’exercice budgétaire 2024
.................................
29
3.3
La situation financière du budget annexe assainissement
................................
30
3.3.1
Une section d’exploitation équilibrée
.....................................................
30
3.3.2
Des investissements financés par de l’emprunt et les ressources
stables
......................................................................................................
32
4
LA COMMANDE PUBLIQUE
.............................................................................
33
4.1
Une fonction achat désorganisée
......................................................................
33
4.1.1
L’absence de procédures internes
...........................................................
33
4.1.2
Des actions engagées dans la réorganisation de la fonction achat
public
.......................................................................................................
35
4.1.3
L’absence de suivi des marchés et de conservation des pièces
...............
35
4.1.4
L’absence de recensement des besoins permettant de définir la
procédure applicable
...............................................................................
36
4.2
La majorité des prestations de fourniture et services achetées hors
marché et sans mise en concurrence
.................................................................
38
4.2.1
Des besoins courants insuffisamment couverts par les marchés
conclus
.....................................................................................................
38
4.2.2
Des conventions passées sans mise en concurrence avec des
structures d’insertion par l’activité économique
.....................................
40
4.2.3
La gestion des temps périscolaires et extrascolaires et des activités
éducatives, instructives en direction des familles et enfants,
attribuée sans mise en concurrence
.........................................................
41
4.3
Des manquements importants aux obligations liées à la passation des
marchés
.............................................................................................................
41
4.4
Un défaut de transparence dans l’attribution des marchés
...............................
43
4.4.1
L’absence de collégialité pour l’attribution des marchés
........................
43
4.4.2
L’absence de compte-rendu au conseil municipal des décisions
prises par le maire en matière de marchés publics
..................................
44
4.4.3
L’absence de publication des données essentielles
.................................
45
4.5
L’examen d’une opération d’investissement : la construction de la crèche
et du centre de loisirs sans hébergement
..........................................................
46
4.5.1
Une définition approximative du besoin générant des surcoûts
..............
46
4.5.2
Des irrégularités dans la passation des marchés de travaux
....................
47
4.5.3
La hausse de 40 % de l’enveloppe financière
.........................................
48
ANNEXES
......................................................................................................................
50
Annexe n° 1. Évolution des impôts directs locaux
.................................................
51
Annexe n° 2. Liste des principaux investissements (budget principal)
..................
52
Annexe n° 3. Prospective pluriannuelle de fonctionnement détaillée
....................
54
Annexe n° 4. Prospective pluriannuelle d’investissements
....................................
56
Annexe n° 5. Performances financières du budget assainissement
........................
57
Réponse de M. Francis Giudici, ordonnateur
COMMUNE DE GHISONACCIA
4
SYNTHÈSE
Ghisonaccia (Haute-Corse), située sur la Plaine Orientale, est, avec 4 300 habitants, la
ville la plus peuplée de la communauté de communes de Fium’Orbu Castellu.
La commune présente une situation financière satisfaisante entre 2019 et 2023. Bien
que les produits aient, de manière générale, augmenté moins rapidement que les charges, la
capacité d’autofinancement brute du budget principal, représentant les ressources dégagées
par le cycle de gestion, est positive sur toute la période. Cette épargne a permis à la commune
de financer un bon niveau d’investissement tout en limitant le recours à l’emprunt, et de
maîtriser ainsi la charge de sa dette.
Cependant, la chambre l’invite à la prudence. L’année 2024 amorce en effet une
dégradation prévisible de l’épargne pour les années à venir, due essentiellement à une hausse
des dépenses de fonctionnement liée à l’ouverture d’une crèche en septembre 2023.
Les nouveaux projets d’équipement devront tenir compte de cette évolution des dépenses
et par voie de conséquence de celle de l’épargne. La commune est, à ce titre, invitée à élaborer
un plan pluriannuel d’investissement chiffré en recettes et en dépenses, intégré dans une
prospective financière afin d’améliorer le pilotage de ses investissements.
Par ailleurs, l’analyse de la fiabilité des comptes de la commune révèle plusieurs
anomalies. D’une manière générale, l’information des élus gagnerait à être améliorée. Le
rapport d’orientations budgétaires mérite d’être enrichi, les prévisions budgétaires doivent être
plus réalistes en investissement et le maire doit rendre compte de l’ensemble des décisions
prises sur délégation du conseil municipal.
Le contrôle a également mis en évidence des carences importantes concernant la
commande publique. Les fondamentaux d’une bonne gestion des achats ne sont pas réunis. La
chambre a, ainsi, constaté l’absence d’instruments de pilotage formalisés. Il n’y a pas de
procédures écrites, pas de suivi effectif des marchés publics et pas d’archivage des pièces de
passation et d’exécution. De plus, le défaut de recensement des besoins conduit la commune à
ne pas toujours mettre en concurrence les prestataires. Des marchés sont ainsi inexistants pour
de nombreuses prestations pourtant récurrentes, dont les montants, s’ils étaient correctement
évalués, nécessiteraient des mesures de publicité et une consultation des entreprises. La
commune doit préalablement procéder au calcul de la valeur estimée de ses besoins, afin de
respecter les seuils de passation des marchés publics. La chambre réclame donc une remise en
ordre rapide de ces dysfonctionnements, au demeurant déjà signalés dans son rapport
d’observations définitives de 2014.
Enfin, le contrôle d’une opération significative, relative à la construction de la crèche,
témoigne de carences tant dans la définition du besoin, entraînant des retards importants et
des surcoûts significatifs, que dans la passation des marchés de travaux.
COMMUNE DE GHISONACCIA
5
RECOMMANDATIONS
Recommandation n° 1.
: Élaborer un plan pluriannuel d’investissement et un plan pluriannuel
de fonctionnement chiffré en recettes et en dépenses, intégré dans une prospective financière.
Page 30
Recommandation n° 2.
: Formaliser les procédures applicables en matière de commande
publique et faire délibérer le conseil municipal sur celles réalisées sous la forme de procédure
adaptée
Page 34
COMMUNE DE GHISONACCIA
6
RAPPELS DU DROIT
Rappel du droit n° 1 :
Diffuser sur le site internet de la commune les documents
budgétaires, conformément aux dispositions des articles L. 2313-1 et R. 2313-8 du code général
des collectivités territoriales.
Page 11
Rappel du droit n° 2 :
Améliorer l’information budgétaire et financière en enrichissant
le rapport d’orientation budgétaire par le chiffrage de perspectives pluriannuelles en matière de
fonctionnement et d’investissement, conformément aux dispositions de l’article D. 2312-3 du
code général des collectivités territoriales.
Page 11
Rappel du droit n° 3 :
Doter le budget du CCAS de l’autonomie financière,
conformément aux dispositions de l’article L. 2221-2 du code général des collectivités
territoriales et de l’article L. 123-6 du code social et des familles.
Page 13
Rappel du droit n° 4 :
Procéder, en lien avec le comptable public, à la mise en
concordance de l’inventaire et de l’état de l’actif, conformément aux dispositions de l’article
53 du décret n° 2012-1246 du 7 novembre 2012 et des instructions budgétaires et comptables
M 57 et M 49.
Page 16
Rappel du droit n° 5 :
Procéder à l’archivage des pièces de passation et d’exécution
des marchés publics, conformément aux articles R. 2184-12 et R. 2184 13 du code de la
commande publique.
Page 36
Rappel du droit n° 6 :
: Procéder au calcul de la valeur estimée des besoins de la
commune afin de ne pas contourner les seuils de passation des marchés publics conformément
aux articles R.2121-1 et suivants du code de la commande publique.
Page 37
Rappel du droit n° 7 :
Rendre compte au conseil municipal de toutes les décisions
prises par le maire en matière de marchés publics en vertu de la délégation que le conseil lui a
accordée, conformément à l’article L. 2122-23 du code général des collectivités territoriales.
Page 45
Rappel du droit n° 8 :
Procéder à la publication des données essentielles relatives aux
marchés publics conformément à l’article R. 2196-1 du code de la commande publique
Page 49
COMMUNE DE GHISONACCIA
7
INTRODUCTION
La chambre régionale des comptes Corse a inscrit à son programme de travail 2024 le
contrôle des comptes et de la gestion de la commune de Ghisonaccia, pour les années 2019 et
suivantes, en application des articles L. 211-3 et L. 211-4 du code des juridictions financières.
L’ordonnateur actuel, M. Francis Giudici, est maire depuis mars 2008. Il a été
destinataire de la lettre d’ouverture du contrôle, notifiée le 1
er
juillet 2024. Le préfet de la
Haute-Corse et le comptable public en fonctions en ont été avisés le même jour.
L’entretien d’ouverture du contrôle a été réalisé le 24 juillet 2024 avec le maire en
fonctions.
L’instruction a porté sur les axes suivants : la présentation de la commune, la fiabilité
des comptes, l’analyse financière et la gestion de la commande publique.
L’entretien de fin de contrôle prévu par l’article L. 243-1 du code des juridictions
financières a eu lieu le 9 décembre 2024 entre le magistrat rapporteur et le maire en fonction.
Le rapport d’observations provisoires a été adressé le 23 décembre 2024 au maire, qui
en a accusé réception le même jour. Sa réponse a été reçue au greffe de la chambre le
17 janvier 2025.
Un extrait du rapport d’observations provisoires a été transmis à un tiers concerné.
Aucune réponse n’a été apportée à la chambre.
Après avoir analysé la réponse du maire, la chambre a arrêté, le 6 février 2025, ses
observations définitives. Elles ont été adressées le 12 février 2025 à M. Francis Giudici,
ordonnateur, qui en a accusé réception le 12 février 2025. La réponse de M. Francis Giudici,
parvenue à la chambre le 26 février 2025, est jointe au présent rapport.
1
LE CONTEXTE GEOGRAPHIQUE ET SOCIO-ECONOMIQUE
DE LA COMMUNE
Située au sud de la Plaine orientale de la Corse, sur le principal axe reliant le nord et le
sud de l’île, Ghisonaccia est une commune littorale et rurale
1
de moyenne et basse altitude. À
l’est se situent l’étang d’Urbinu, deuxième lagune de Corse, ainsi que le domaine de Pinia,
pinède classée réserve naturelle. La majeure partie du territoire se compose de terres agricoles.
L’agriculture représente une part importante de l’activité
2
.
1
Elle fait partie des communes peu ou très peu denses, selon la grille communale de densité de l'Insee.
2
Ghisonaccia est la première commune de Corse en termes de surface agricole utilisée (4 592 hectares).
Source : Agreste, 2020. La part de l’agriculture représente 16 % de l’activité, contre 4 % à l’échelle de la Corse et
5 % au niveau national.
COMMUNE DE GHISONACCIA
8
Avec une population légale de 4 302 habitants, Ghisonaccia est la collectivité la plus
peuplée de la communauté de communes de Fium’Orbu Castellu, qui regroupe 13 communes
membres et 13 130 habitants
3
. La population communale croît de 0,5 % chaque année, rythme
supérieur au niveau national mais moitié moindre que la croissance démographique enregistrée
à l’échelle régionale.
Carte n° 1 :
Territoire de la commune de Ghisonaccia
Source/note : GéOrchestra.
La part des résidences secondaires atteint 47,2 %, contre 37,3 % à l’échelle de la Corse.
Reconnue en tant que commune touristique, Ghisonaccia envisage son classement en station de
tourisme
4
.
Le niveau de vie des habitants y est faible
5
. En 2021, le taux de pauvreté représentait un
quart des ménages, contre 20,3 % au niveau de la communauté de communes et 18 % au niveau
de la Corse, région déjà la plus pauvre de France métropolitaine. Le taux de chômage y est près
de cinq points supérieurs à la moyenne régionale.
La commune a transféré la collecte et le traitement des déchets à la communauté de
communes de Fium'Orbu Castellu, établissement public de coopération intercommunale à
fiscalité additionnelle.
3
Les chiffres qui suivent sont issus de l’INSEE.
4
Source ; portail de la Direction générale des entreprises. Le classement en station de tourisme, régi par
les articles L. 133-13 à L. 133-16 du code du tourisme, constitue un second niveau de reconnaissance plus exigeant
que la dénomination de commune touristique. Il est délivré pour 12 ans et ouvre droit à plusieurs avantages pour
la commune, parmi lesquels le surclassement démographique ou encore, la majoration de l’indemnité des élus et
une taxe additionnelle aux droits de mutation.
5
La médiane du revenu disponible par unité de consommation est près de 2 000 € inférieure à la moyenne
de l’île en 2021.
COMMUNE DE GHISONACCIA
9
Par délibération du 23 avril 2019, elle s’est opposée à ce que les compétences eau et
assainissement soient transférées à l’intercommunalité au 1
er
janvier 2020 et a repoussé ce
transfert au 1
er
janvier 2026. La commune exerce en régie la compétence de l’assainissement
collectif et adhère au syndicat intercommunal de la plaine du Fiumorbu qui assure la production,
le transport et la distribution de l’eau potable.
En ce qui concerne les services mutualisés, seuls l’instruction des permis de construire
et l’enlèvement de véhicules encombrants sont réalisés par l’intercommunalité.
La municipalité mène depuis plusieurs années une politique d’investissement
dynamique, avec plusieurs projets d’acquisition et de construction, tels que la création d’une
crèche, d’une nouvelle mairie, d’un groupe scolaire et d’un complexe sportif.
______________________ CONCLUSION INTERMÉDIAIRE ______________________
Ghisonaccia est une commune rurale et agricole de la Plaine Orientale. Avec une
population de 4 300 habitants, elle est la première commune de la communauté de communes
de Fium’Orbu Castellu. Elle a transféré à cette dernière la gestion des déchets mais a souhaité
conserver les compétences eau et assainissement jusqu’en 2026.
Le niveau de vie des habitants y est faible. Un quart de la population se situe en dessous
du seuil de pauvreté. La commune développe sa vocation touristique, ainsi qu’une politique
d’investissement visant à doter le territoire de logements et d’équipements structurants.
2
LA
QUALITE
DE
L’INFORMATION
BUDGETAIRE
ET
COMPTABLE
La commune dispose d’un budget principal qui relève depuis le 1
er
janvier 2024 de
l’instruction budgétaire et comptable M57, comme toutes les entités locales. Le transfert de
nomenclature a entraîné l’adoption de son premier règlement de gestion budgétaire et
financier
6
.
6
Le règlement budgétaire et financier est facultatif pour les communes. Toutefois, celui-ci devient
obligatoire lorsqu’ils adoptent le référentiel M57 (III de l’article 106 de la loi NOTRe). Le règlement précise les
principales règles auxquelles la collectivité doit se conformer, notamment les modalités de gestion des
autorisations de programme et des autorisations d’engagement, les règles relatives à leur caducité, les modalités
de report des crédits de paiement y afférents, et d’information de l’assemblée délibérante sur la gestion des
engagements pluriannuels au cours de l’exercice (article L. 5217-10-8 du CGCT). D’une manière générale, il vise
à préciser le cadre de l’ensemble de la gestion budgétaire et financière de la collectivité.
COMMUNE DE GHISONACCIA
10
Ghisonaccia compte également un budget relatif au centre communal d’action sociale
(CCAS) et deux budgets annexes. Le budget annexe individualisant les opérations du
lotissement E Fitelle a été dissous au 31 décembre 2022
7
. Le second budget annexe, soumis à
la nomenclature M49, retrace les opérations relatives à l’assainissement. Un nouveau budget
annexe a été créé en 2024, relatif à l’aménagement d’un lotissement, « E Suare ».
L’examen de la situation financière porte principalement sur le budget principal et le
budget assainissement qui concentrent, en 2023, 98 % des recettes de fonctionnement et la
totalité des recettes d’investissement. Le budget du CCAS, indument rattaché (cf. point 2.2.1.),
et le budget du lotissement E Fitelle, dont la dernière opération est intervenue en 2022, ne
modifient pas les grands équilibres.
Tableau n° 1 :
Répartition des recettes entre les budgets de la commune de Ghisonaccia
Recettes 2023
Montant en €
En % du
total
Budget principal
Fonctionnement
4 888 006
95 %
Investissement
1 797 322
89 %
Budget assainissement
Fonctionnement
134 138
3 %
Investissement
220 243
11 %
Budget Lotissement
Fonctionnement
84 830
2 %
Investissement
-
-
Budget CCAS
Fonctionnement
43 764
1 %
Investissement
-
-
TOTAL
Fonctionnement
5 150 738
100 %
Investissement
2 017 565
100 %
Source/note : Chambre régionale des comptes à partir des comptes de gestion 2023.
2.1
La qualité des informations budgétaires
2.1.1
Une transparence financière à renforcer
L’examen des documents budgétaires et comptables de la commune de Ghisonaccia fait
apparaître une information insuffisante.
La publication des documents budgétaires sur le site internet de la ville n’est pas
effective. D’ailleurs, aucune délibération du conseil municipal n’a été mise en ligne entre 2020
et octobre 2024. À partir de cette date, la commune a créé un espace dédié sur son site internet
pour la consultation des délibérations, mais les documents budgétaires n’y sont pas publiés.
7
Par délibération du conseil municipal du 12 avril 2023, l’ensemble des lots ayant été commercialisés.
COMMUNE DE GHISONACCIA
11
La présentation brève et synthétique retraçant les informations financières essentielles
n’est pas non plus mise en ligne, en contravention avec les dispositions de l’article L. 2313-1
du code général des collectivités territoriales (CGCT).
Rappel du droit n° 1 :
Diffuser sur le site internet de la commune les documents
budgétaires, conformément aux dispositions des articles L. 2313-1 et R. 2313-8 du code
général des collectivités territoriales.
D’autre part, un rapport sur les orientations budgétaires, prévu aux articles L. 2312-1 et
D. 2312-3 du CGCT
8
, doit être présenté chaque année dans les deux mois précédant l’examen
du budget. Si la commune de Ghisonaccia respecte bien les délais pour la tenue du débat
d’orientations budgétaires, le contenu du document présenté n’évoque pas les engagements
pluriannuels, en particulier ceux envisagés en matière d’investissement
9
, alors même que le
niveau des dépenses de la commune dans ce domaine est élevé et que sa politique en la matière
est très dynamique (cf.
infra
). Le rapport se borne à développer le cadre budgétaire de l’exercice
à venir, sans présenter d’analyse prospective de la situation financière sur plusieurs années.
La chambre recommande à la commune d’organiser un débat d’orientations budgétaires
prospectif pluriannuel, sur la base d’hypothèses chiffrées de progression de ses engagements
budgétaires.
S’agissant des informations contenues dans les budgets et comptes administratifs, si les
états annexes apparaissent mieux renseignés ces dernières années, certaines informations sont
encore manquantes. Ces annexes doivent apporter des compléments d’information précieux aux
élus et aux contribuables sur les éléments du bilan de la commune (dette, ressources humaines,
entrées d’immobilisations…) et sa situation « hors bilan » (engagements donnés ou reçus envers
des tiers). Or, certaines données essentielles, comme la liste des organismes dans lesquels la
commune a pris un engagement financier, ou encore, la liste des services individualisés dans
un budget annexe, ne sont pas mentionnées. L’état des personnels n’est complété que depuis
2023. L’annexe relative aux établissements de regroupement auxquels la commune adhère ne
fait pas mention de la communauté de communes. L’information figurant aux budgets et
comptes administratifs devra donc être complétée.
Rappel du droit n° 2 :
Améliorer l’information budgétaire et financière en enrichissant le
rapport d’orientation budgétaire par le chiffrage de perspectives pluriannuelles en matière de
fonctionnement et d’investissement, conformément aux dispositions de l’article D. 2312-3
du code général des collectivités territoriales.
En réponse, le maire a confirmé sa volonté de compléter les états financiers et de mettre
en place progressivement un programme pluriannuel d’investissement afin d'avoir une
meilleure lisibilité sur la situation financière à venir de la commune.
8
Obligatoire pour les communes de 3 500 habitants et plus.
9
L’article D. 2312-3 du CGCT précise en effet que ce rapport doit comporter la présentation des
engagements pluriannuels, notamment les orientations envisagées en matière de programmation d’investissement
comportant une prévision des dépenses et des recettes.
COMMUNE DE GHISONACCIA
12
2.1.2
Des prévisions d’investissement systématiquement surestimées
Le taux d’exécution budgétaire permet de mesurer les écarts entre prévision budgétaire
et réalisation des dépenses et des recettes d’investissement et de fonctionnement.
Si les taux d’exécution sont satisfaisants en fonctionnement, la commune pratique une
surestimation systématique de ses prévisions en investissement. En moyenne sur la période, le
taux de réalisation des dépenses, intégrant les restes à réaliser, ne dépasse pas 41 % des crédits
ouverts pour le budget principal. Chaque année, plus de la moitié des dépenses prévues n’est
ainsi pas réalisée. Pour le budget assainissement, ce taux atteint tout juste 63 % en moyenne.
Le constat est similaire en matière de recettes, dont la réalisation est d’à peine 58 % en moyenne
sur la période pour le budget principal. Elle atteint en revanche 91 % pour le budget
assainissement.
Tableau n° 2 :
Taux de réalisation des dépenses et recettes des budgets principaux et assainissement
(RAR compris) (%)
Fonctionnement
Taux de réalisation
2019
2020
2021
2022
2023
Moyenne
Budget principal
en dépenses
94 %
88 %
97 %
96 %
91 %
93 %
en recettes
114 %
108 %
106 %
106 %
114 %
110 %
Budget
assainissement
en dépenses
94 %
99 %
85 %
96 %
91 %
95 %
en recettes
176 %
10
101 %
147 %
88 %
89 %
117 %
Investissement
Taux de réalisation
2019
2020
2021
2022
2023
Moyenne
Budget principal
en dépenses
37 %
45 %
40 %
51 %
33 %
41 %
en recettes
64 %
76 %
56 %
80 %
11
32 %
58 %
Budget
assainissement
en dépenses
59 %
56 %
71 %
65 %
58 %
63 %
en recettes
100 %
97 %
86 %
113 %
75 %
91 %
Source/note : Chambre régionale des comptes à partir des comptes administratifs et des budgets primitifs.
Ce constat est renforcé en tenant compte, parmi les dépenses engagées, de celles qui
n’ont pas été mandatées durant l’année, dont la part représente en moyenne plus de 20 % sur la
période. Ce volume important de restes à réaliser démontre que la commune souffre d’un défaut
de lisibilité à court et moyen terme qui la conduit à reporter les crédits sur l’exercice suivant.
10
Car les redevances assainissement (compte 70611) ont été prévues à 10 000 € et ont été finalement
perçues à hauteur de 105 000 € (voir analyse financière du budget annexe).
11
En raison de restes à réaliser concernant des subventions de la région et de l’État.
COMMUNE DE GHISONACCIA
13
Pour certaines opérations, la commune a commencé à mettre en place, à partir de 2024,
des autorisations de programme, concernant deux chantiers majeurs de la ville
12
. Elle gagnerait
à recourir plus largement à ce dispositif. Conçu comme une dérogation à la règle de l’annualité
budgétaire, prévue par l’article L. 2311-3 du CGCT, ce mécanisme présente l’avantage de ne
pas faire supporter sur un seul exercice budgétaire l’intégralité d’une dépense pluriannuelle,
mais les seules dépenses à régler au cours de l’exercice. Il doit avoir pour corollaire une
diminution des restes à réaliser. Il ne dispense pas la commune d’effectuer une juste évaluation
de ses besoins sur l’exercice.
Pour 2024, la même tendance à la surestimation des investissements se confirme pour
le budget principal. D’après l’état de consommation des crédits en investissement au
12 novembre 2024, seuls 23 % des crédits en dépenses et 34 % en recettes ont été consommés.
2.2
La fiabilité de l’information financière
2.2.1
L’absence d’autonomie financière du budget du CCAS
Bien que le budget du centre communal d’action sociale (CCAS) de Ghisonaccia,
distinct de celui de la commune, soit adopté par le conseil d’administration de cet établissement,
il est rattaché comptablement au budget principal de la collectivité
13
. Il ne dispose pas de son
propre compte (515) au Trésor.
Ce dispositif est irrégulier. Le CCAS est, en effet, un établissement public administratif
qui dispose de la personnalité juridique en application de l’article L. 123-6 du code de l’action
sociale et des familles. Son organe délibérant adopte son propre budget qui donc être distinct
de celui de la commune et non pas annexé.
Si les textes applicables aux CCAS prévoient une dérogation à cette règle en autorisant,
en dessous d’un seuil de recettes de fonctionnement annuelles
14
, une comptabilité annexée à
celle de la commune, ce seuil est franchi à Ghisonaccia.
La commune doit veiller à mettre en œuvre l’autonomie de compte dès lors que ce seuil
est amené à être dépassé.
Rappel du droit n° 3 :
Doter le budget du CCAS de l’autonomie financière, conformément
aux dispositions de l’article L. 2221-2 du code général des collectivités territoriales et de
l’article L. 123-6 du code social et des familles.
12
Pour la réalisation du complexe sportif et le calibrage du réseau pluvial (délibération du 11 avril 2024).
13
Par le biais d’un compte de liaison 452 qui, dans la comptabilité du budget principal, présentait un solde
créditeur de 48 460,27 € fin 2023.
14
Un seuil de 30 489 € est prévu pour les CCAS en application du décret n° 87-130 du 26 février 1987
relatif à la comptabilité des CCAS et des caisses des écoles. Sur la période sous contrôle, les recettes de
fonctionnement du CCAS de Ghisonaccia dépassent systématiquement ce seuil, sauf en 2020. Elles s’élevaient à
43 724 € en 2023. Pour 2024, les crédits de fonctionnement votés s’élèvent à 38 000 €.
COMMUNE DE GHISONACCIA
14
En réponse, le maire a indiqué que la commune se rapprochera du comptable public afin
de faire valoir la nécessité de doter le budget du CCAS de l’autonomie financière.
2.2.2
Une comptabilité d’engagement qui fait défaut
La commune a l’obligation de tenir une comptabilité d’engagement des dépenses,
conformément aux dispositions de l’article L. 2342-2 du CGCT. L’engagement juridique est
l’acte par lequel la collectivité crée ou constate à son encontre une obligation de laquelle
résultera une charge. Cette comptabilité contribue à la sincérité des comptes car elle permet de
rester dans les limites des autorisations budgétaires en recensant tous les engagements pris, sans
attendre leur paiement effectif.
Jusqu’au début de 2024, la tenue d’une comptabilité d’engagement a fait défaut au sein
des services municipaux. En pratique, les dépenses ont été effectuées sans engagement
préalable juridique ou comptable, permettant de vérifier les crédits disponibles en amont. La
constatation du service fait et le paiement s’effectuaient à la réception des factures. Il est ainsi
constaté l’absence quasi-systématique de bons de commande et de marchés.
Si le maire, en réponse à ces observations, fait valoir que des devis étaient
systématiquement demandés, aucune pièce en ce sens n’a été produite et, en tout état de cause,
ces devis ne sauraient, en aucun cas, être assimilés à un engagement comptable.
L’adoption d’un règlement budgétaire et financier début 2024, qui formalise les circuits
comptables et précise la nécessité d’un engagement préalable aux dépenses, a permis
d’améliorer les pratiques. Des bons de commande sont désormais générés
15
via
un logiciel et le
service fait est matérialisé par l’apposition d’une signature.
La comptabilité d’engagement facilite par ailleurs le rattachement des charges et des
produits à l’exercice concerné
16
, tel que prévu par les instructions M14 et M57 et par le principe
d’indépendance des exercices comptables. Peuvent être comptabilisés, selon les cas, des
charges à payer, des charges constatées d’avance, des produits à recevoir ou des produits
constatés d’avance. Selon les montants en jeu, le non rattachement de charges à l’exercice peut
affecter le résultat et la capacité d’autofinancement peut être indûment majorée.
La commune a confirmé qu’elle ne pratiquait pas le rattachement des charges et des
produits. Aucun des comptes associés n’est mouvementé sur la période. À titre d’exemple, les
intérêts courus non échus des emprunts en cours, dont l'échéance et le décaissement n'auront
lieu que l’année suivante, ne sont pas repris dans la comptabilité de l’exercice. D’après l’annexe
dédiée du compte administratif, ces intérêts se sont élevés à 47 558 € fin 2023.
Dans sa réponse, le maire indique toutefois que la commune
a
commencé à procéder
aux rattachements pour la fin de l’exercice 2024.
15
Premier bon de commande en date du 8 janvier 2024
16
En application de ce principe, les communes de 3 500 habitants et plus doivent rattacher à l’exercice
concerné toutes les recettes et toutes les dépenses de fonctionnement qui ont donné lieu à service fait entre le
1
er
janvier et le 31 décembre de l’exercice et pour lesquelles l’ordonnateur n’a pas reçu les pièces justificatives à
la fin de la journée complémentaire.
COMMUNE DE GHISONACCIA
15
Enfin, la chambre note une amélioration notable des délais de paiement depuis son
dernier rapport d’observations définitives, qui portaient sur les exercices 2009 à 2014. Lors de
la présente instruction, le délai global de paiement moyen des factures n’a, en effet, jamais
dépassé le délai maximum de 30 jours prévu par le code de la commande publique
17
: il était de
26,7 jours en 2022 et de 19,7 jours en 2023.
2.2.3
Des carences dans la tenue de la comptabilité patrimoniale
2.2.3.1
Des écarts conséquents entre les inventaires et les états d’actifs du
comptable
Selon les instructions budgétaires et comptables applicables, l’ordonnateur doit tenir à
jour l’inventaire des biens de la commune tandis que le comptable public élabore l’état de
l’actif. La concordance des documents permet de justifier les montants inscrits au bilan, lequel
doit reproduire une image fidèle du patrimoine de la collectivité.
La comparaison de ces documents révèle, en l’espèce, que l’inventaire du budget
principal
ne
détaille
qu’une
part
mineure
des
immobilisations
municipales.
Au
31 décembre 2023, son montant en valeur brute est inférieur de 45,7 M€ à celui figurant sur
l’état de l’actif. Pour le budget principal, la commune n’a donc pas inventorié près de 70 % des
immobilisations comptabilisées par le comptable public. Les écarts les plus significatifs
concernent les constructions, parmi lesquelles singulièrement les bâtiments publics, ainsi que
les réseaux de voirie.
Tableau n° 3 :
Le suivi du patrimoine de la commune au 31 décembre 2023 (valeur brute)
(En €)
État de l’actif
Inventaire
Écart
Budget principal
64 430 467,51
18 761 930,64
45 668 536,87
Budget annexe
Assainissement
7 965 038,30
7 965 038,30
0
Total
72 395 505,81
26 726 968,94
45 668 536,87
Source/note : Chambre régionale des comptes à partir des inventaires et états de l’actif de la commune.
La commune est invitée à se rapprocher sans tarder du comptable public pour le
recensement des immobilisations et la mise en concordance des deux documents. En revanche,
l’état de l’actif et l’inventaire coïncident en ce qui concerne le budget assainissement.
17
Articles L. 2192-10 et R. 2192-10.
COMMUNE DE GHISONACCIA
16
Par ailleurs, les inventaires tenus par l’ordonnateur doivent lister des immobilisations
qui sont relatives à des biens « identifiables »
18
. Or, en l’espèce, la désignation de plusieurs
biens inscrits ne permet pas de distinguer la nature de l’immobilisation concernée. Plusieurs
dénominations se recoupent entre elles. Il conviendrait d’être plus précis dans la désignation
des biens comptabilisés au titre des immobilisations.
Rappel du droit n° 4 :
Procéder, en lien avec le comptable public, à la mise en concordance
de l’inventaire et de l’état de l’actif, conformément aux dispositions de l’article 53 du décret
n° 2012-1246 du 7 novembre 2012 et des instructions budgétaires et comptables M 57 et
M 49.
En réponse à ces observations, le maire a indiqué avoir initié, fin 2024, un travail de
mise en concordance des documents du budget principal, à travers des réunions régulières avec
le conseiller aux décideurs locaux
19
.
2.2.3.2
Le transfert aux comptes définitifs des immobilisations en cours
Les dépenses relatives aux immobilisations non terminées sont transitoirement
enregistrées aux comptes d’immobilisations en cours (c/23). Lorsque celles-ci sont achevées,
les montants sont virés aux comptes d’immobilisation définitifs (c/21). La procédure
d’amortissement peut alors être mise en œuvre pour les biens concernés.
Les immobilisations en cours à la clôture de l’exercice 2023 représentent un montant de
7,6 M€ pour le budget principal et 0,8 M€ pour le budget assainissement. Tant pour l’un que
pour l’autre, selon les actifs produits en 2023, des opérations achevées restent comptabilisées
aux comptes d’immobilisations en cours. C’est notamment le cas de la construction de la crèche,
pourtant réceptionnée depuis juin 2023. En outre, la situation n’a fait que se dégrader. Entre
2019 et 2023, les immobilisations en cours pour le budget principal ne représentaient que 1 %
des immobilisations comptabilisées aux comptes définitifs en 2019, contre 15 % en 2023. Le
budget assainissement ne comptabilisait quant à lui aucune immobilisation en cours en 2019.
La chambre rappelle que la commune doit transférer les immobilisations achevées au
31 décembre à leurs comptes d’affectation définitive (c/21). La commune a indiqué, en cours
d’instruction, qu’elle travaillait sur le transfert de la crèche, représentant à elle seule près de la
moitié des immobilisations en cours du budget principal fin 2023 (3,6 M€).
La chambre rappelle également que le solde de chaque compte inscrit au bilan de la
commune doit être justifié. À défaut, en concertation avec le comptable public, il devra être
procédé aux régularisations qui s’imposent afin de restaurer la fiabilité de la comptabilité
patrimoniale.
18
Cf. guide des opérations d’inventaire, Comité national de fiabilité des comptes locaux, Juin 2014.
19
Le conseiller aux décideurs locaux est un cadre de la direction départementale des finances publiques
(DGFiP), expert du conseil au service des élus locaux (maires, présidents d'EPCI). Il propose une offre de conseil
individualisé aux élus pour répondre à leurs besoins sur différents sujets.
COMMUNE DE GHISONACCIA
17
À titre subsidiaire, lors de la réalisation de travaux, la commune n’impute pas les
avances versées (obligatoirement) aux entreprises sur les comptes dédiés, qui ne font l’objet
d’aucun mouvement sur la période
20
.
En réponse, le maire a indiqué avoir commencé à comptabiliser ces avances, notamment
dans le cadre de la construction du complexe sportif.
2.2.4
Le transfert au compte de résultat des subventions d’investissement
Les instructions budgétaires et comptables M14, M57 et M4 prévoient que les
subventions d’investissement reçues par une commune ou par un service public industriel et
commercial (SPIC) en vue de financer un équipement amortissable font l’objet d’un virement
progressif au compte de résultat. Cette opération s’opère par quote-part annuelle au même
rythme que l’amortissement de l’immobilisation acquise ou créée au moyen de la subvention
21
.
La procédure de virement au compte de résultat des subventions transférables est mise
en œuvre par la commune, mais de manière insuffisante. D’après l’examen des comptes de
gestion du budget principal, entre 2019 à 2023, la quote-part transférée annuellement a
représenté en moyenne 2,2 % du montant des subventions transférables
22
. Ce rythme
correspond, en moyenne, à un amortissement des biens subventionnés sur 44 ans, durée bien
supérieure à celles prévues par l’assemblée délibérante. La procédure d’amortissement la plus
longue en vigueur au sein de la commune ne dépasse pas trente ans. Concernant le budget
annexe de l’assainissement, le taux de transfert est encore inférieur (1,7 %). Ces éléments
indiquent que la ville ne procède pas aux transferts requis pour toutes les subventions, ou bien
qu’un reliquat important de subventions n’a jamais fait l’objet de transferts.
La chambre demande à la commune de mettre en œuvre le virement au compte de
résultat des subventions transférables en respectant les règles prévues par les instructions
budgétaires et comptables.
2.2.5
La création d’une régie générale des recettes communales
Une régie générale des recettes communales a été créée par arrêté du 16 mai 2022 pour
regrouper les anciennes régies
23
ainsi que les produits liés à la gestion de la crèche multi-accueil,
suite à la création en 2023 d’un service municipal « Enfance-Jeunesse ».
20
Il s’agit des comptes 237 et 238.
21
Le montant du transfert annuel est égal au montant de la subvention, rapporté à la durée de
l’amortissement du bien subventionné.
22
En moyenne sur la période, la quote-part des subventions transférées (compte 777) s’est élevée à
71 701,56 € par an, tandis que les subventions transférables cumulées ont représenté un montant annuel moyen de
3 218 718,90 €.
23
Elles concernent l’encaissement des droits de place de marchés, foires et autre manifestations
commerciales, mais également l’encaissement des produits des repas pour la restauration scolaire, des produits de
l’abonnement annuel pour la bibliothèque municipale, des produits de la garderie scolaire, des produits de
l’abonnement au point accueil multimédia, des produits de la mise à disposition du gymnase, et des produits des
manifestations culturelles.
COMMUNE DE GHISONACCIA
18
Cette régie de recettes nouvellement créée a pris en compte les observations soulevées
par le comptable public lors de son contrôle en octobre 2021, notamment la nécessité de
nommer un régisseur suppléant, la création d’un compte de dépôt de fonds, et la création d’un
fonds de caisse (pour les régies de la garderie, du gymnase, et du point accueil multimédia).
2.2.6
Le principe de prudence
2.2.6.1
Les amortissements
Obligatoire pour les communes de plus de 3 500 habitants, l’amortissement permet de
constater comptablement l’amoindrissement de la valeur d’un élément d’actif résultant de
l’usage, du temps, du changement de technique ou de toute autre cause. Ce procédé comptable
est une dépense obligatoire qui permet de constituer un autofinancement nécessaire à l’entretien
lourd ou au renouvellement de ce patrimoine.
Entre 2019 et 2023, les durées d’amortissement étaient déterminées par une délibération
du 7 décembre 2011. Celle-ci fixait à 1 000 € le seuil unitaire en deçà duquel les
immobilisations de peu de valeur (ou dont la consommation est très rapide) s’amortissent en un
an.
Les dotations aux amortissements du budget principal portent sur de nombreux comptes
de classe 2, indiquant que la commune amortit ses différentes catégories d’immobilisations.
Les dotations aux amortissements ont particulièrement augmenté en 2021 et 2022 en
raison, selon la commune, d’un travail de régularisation des immobilisations correspondant aux
années antérieures (2012 à 2019). Elles étaient de 274 017 € au budget principal, en 2023.
2.2.6.2
Les provisions
Selon les instructions M 57 et M 4 et l’article L. 2321-2, 29° du CGCT, les créances
dont le recouvrement apparait compromis doivent être provisionnées à hauteur du risque
d’irrécouvrabilité estimé. La nomenclature comptable prévoit plusieurs catégories de
provisions : provisions pour risques, provisions pour risques et charges sur emprunts, provisions
pour charges à répartir sur plusieurs exercices, et autres provisions pour charges. À cela,
s’ajoutent les provisions pour dépréciation des comptes de tiers lorsque le recouvrement d’une
créance apparaît compromis.
La commune n’a pas constitué de provision, notamment pour recouvrer les titres
anciens. Ces derniers sont toutefois de faible montant et la commune effectue régulièrement
des admissions en non-valeur, notamment en 2019 pour 29 471,61 € pour le budget principal et
pour 23 979,01 € de créances douteuses
24
sur le budget de l’assainissement.
24
Sur le compte 416, dédié aux créances des clients douteux.
COMMUNE DE GHISONACCIA
19
______________________ CONCLUSION INTERMÉDIAIRE ______________________
Les données financières de la commune de Ghisonaccia doivent être complétées et
publiées sur son site internet.
Afin de donner une image fidèle des finances de la commune et de ses perspectives sur
les années à venir, la chambre l’engage à agir sans délai en vue de fiabiliser les informations
qu’elle produira aux élus et au public.
Les informations budgétaires et comptables comportent en effet des anomalies qui en
affectent la fiabilité. Les plus significatives concernent les discordances relevées pour des
montants importants dans la comptabilité patrimoniale, que la commune s’est engagée à
fiabiliser.
Par ailleurs, la comptabilité d’engagement doit être strictement appliquée et le budget
du CCAS doit être doté de l’autonomie financière, comme la loi l’y oblige.
3
L’ANALYSE FINANCIERE DE LA COMMUNE
3.1
Le budget principal : une situation financière saine, bien que moins
favorable par rapport aux communes comparables
3.1.1
La progression des produits de gestion due essentiellement à des facteurs
exogènes
Sur l’ensemble de la période, les produits de gestion
25
ont progressé de 15 %, passant
de 4,1 M€ à 4,7 M€, malgré une légère baisse en 2020, rattrapée en 2023. Ces produits
représentent 1 097 € par habitant, soit près de 600 € de moins en moyenne que les communes
de même strate géographique au niveau national
26
.
Les ressources fiscales propres sont les recettes qui ont le plus augmenté sur la période
(+ 0,56 M€). Avec la fiscalité reversée, elles constituent en 2023 un peu plus de 50 % des
produits. Les ressources institutionnelles et d’exploitation représentent l’autre moitié des
recettes et sont demeurées globalement stables.
25
Il s’agit des produits comptabilisés sur les comptes 70 à 75 de la nomenclature comptable, hors titres
et mandats annulés sur les exercices antérieurs.
26
La moyenne de la strate (communes de 3 500 à 5 000 habitants) appartenant à un groupement fiscalisé
se situe à 1 718 € par habitant. Source : DGFIP, Comptes individuels des collectivités locales, 2023.
COMMUNE DE GHISONACCIA
20
Tableau n° 4 :
Produits de gestion du budget principal (en euro)
En €
2019
2020
2021
2022
2023
Évolution
en %
Ressources fiscales propres (nettes
des restitutions)
1 729 539
1 803 122
1 928 472
1 943 641
2 285 769
32 %
+ Fiscalité reversée
70 092
60 401
40 919
61 331
139 515
99 %
= Fiscalité totale (nette)
1 799 631
1 863 523
1 969 391
2 004 972
2 425 284
35 %
+ Ressources d'exploitation
546 655
427 315
497 720
528 162
555 338
2 %
+ Ressources institutionnelles
(dotations et participations)
1 635 970
1 695 829
1 581 759
1 662 672
1 669 200
2 %
+ Production immobilisée,
travaux en régie
79 814
30 236
77 524
69 800
30 688
- 62 %
= Produits de gestion
4 062 070
4 016 903
4 126 395
4 265 606
4 680 510
15 %
Source/note : Chambre régionale des comptes d’après les comptes de gestion du budget principal.
Graphique n° 1 :
Répartition des produits de gestion en 2023
Source/note : Chambre régionale des comptes d’après les comptes de gestion du budget principal.
3.1.1.1
Les ressources fiscales propres
Les ressources fiscales propres sont composées aux trois-quarts des impôts directs
locaux, qui comprennent les produits de la taxe foncière sur les propriétés bâties (TFPB) et non
bâties (TFPNB), de la taxe d’habitation sur les résidences principales (THRP) et secondaires
(THRS) et de la cotisation foncière des entreprises (CFE). Les autres ressources fiscales
intègrent les impôts indirects : la cotisation sur la valeur ajoutée (CVAE), la taxe sur les surfaces
commerciales (Tascom) et l’imposition sur les entreprises de réseau (IFER).
Ressources fiscales
propres nettes
48%
Fiscalité
reversée
2%
Ressources
d'exploitation
13%
Ressources
institutionnelles
36%
Travaux en régie
1%
COMMUNE DE GHISONACCIA
21
Tableau n° 5 :
Évolution des principaux produits des ressources fiscales propres
Source : Chambre régionale des comptes d’après les états fiscaux DGFIP et les comptes administratifs.
La hausse des ressources fiscales propres provient de la forte progression des impôts
directs locaux sur la période (+ 36 %), particulièrement marquée en 2023.
Cette hausse est intervenue en dépit de la stabilité des taux votés par l’assemblée
délibérante, qui n’ont pas été révisés sur la période. Seule une majoration de 30 % de la
cotisation de la taxe d’habitation sur les résidences secondaires a été votée en décembre 2023,
mais ne sera applicable qu’à compter de 2025
27
.
En revanche, avec la suppression progressive de la THRP
28
, à compter de 2021, la
commune s’est vue transférer à son profit le taux départemental de la TFPB (+ 12,90 points).
Afin de garantir la compensation de la réforme, elle perçoit en outre une compensation
supplémentaire par l’« effet du coefficient correcteur ». La mise en œuvre de cette réforme
nationale s’est avérée favorable à la commune, grâce au dynamisme des bases sur lequel le
coefficient correcteur est appliqué.
Sur la période, la hausse des produits est donc essentiellement due à l’évolution des
bases fiscales (voir annexe n° 1). Celles de la TFPB sont notamment en augmentation de près
de 20 % (représentant près d’1M€ supplémentaire).
27
Conformément aux dispositions de l’article 1407 ter du code général des impôts (CGI), les conseils
municipaux des communes situées dans le périmètre d'application de la taxe sur les logements vacants prévue à
l’article 232 du CGI peuvent majorer d'un pourcentage compris entre 5 % et 60 % la part communale de la
cotisation de taxe d’habitation sur les résidences secondaires et autres locaux meublés non affectés à l'habitation
principale due au titre des logements meublés. L'instauration de la majoration est subordonnée à une délibération
prise avant le 1
er
octobre d'une année pour être applicable aux impositions dues à compter de l'année suivante.
28
L’article 16 de la loi de finances pour 2020 a prévu la suppression totale et définitive de la TH afférente
à l’habitation principale et une refonte du schéma de financement des collectivités territoriales et leurs
établissements, avec une compensation à l’euro près. Cette réforme a comporté, pour les communes, le transfert
de la part départementale de taxe foncière sur les propriétés bâties (TFPB) en 2021 et l’instauration d’un
mécanisme de coefficient correcteur, destiné à neutraliser les impacts de la réforme.
11%
12%
47%
48%
47%
54%
55%
23%
24%
24%
6%
6%
6%
6%
5%
18%
18%
16%
14%
15%
8%
7%
5%
5%
6%
2%
2%
2%
2%
3%
0
500 000
1 000 000
1 500 000
2 000 000
2 500 000
2019
2020
2021
2022
2023
TF
TH
CFE
CVAE
TASCOM
IFER
COMMUNE DE GHISONACCIA
22
Ce dynamisme s’explique par la revalorisation annuelle des valeurs locatives (des
habitations et des locaux industriels), indexée à l'indice des prix à la consommation harmonisé
(IPCH) de l’année précédente
29
. L’impact est particulièrement important en 2023
(revalorisation calculée sur l’IPCH de 2022, qui a atteint 7,10 %).
Tableau n° 6 :
Valeur de l’Indice des prix à la consommation harmonisé
2019
2020
2021
2022
2023
IPCH
1,20 %
0,20 %
3,40 %
7,10 %
3,90 %
Source : INSEE, I
ndice des prix à la consommation - résultats définitifs (IPC) - décembre 2023.
La progression des bases fiscales est également le fait de l’implantation de constructions
nouvelles
30
et du travail annuel
de mise à jour réalisé, en commun avec les services de
l’administration fiscale, dans le cadre de la commission communale des impôts directs
31
.
Les autres ressources fiscales propres (CVAE, Tascom, et IFER) ont contribué plus
marginalement à la hausse observée (+ 0,11 M€ entre 2019 et 2023).
La CVAE n’est plus perçue à partir de 2023 et a été compensée sous la forme d’une
affectation d’une fraction du produit TVA
32
, enregistrée parmi les « autres taxes ».
Les produits issus des IFER, bien que représentant une part mineure des ressources, ont
plus que doublé sur la période, du fait du développement de la production d’électricité
photovoltaïque sur le territoire.
Enfin, la commune perçoit un produit de 40 000 € en moyenne sur la période au titre
des rôles supplémentaires, produit qui varie de 617 € (en 2022) jusqu’à 57 471 € (en 2023).
Au total en 2023, les produits des ressources fiscales propres représentent à Ghisonaccia
439 € par habitant, contre 711 € en moyenne pour les communes de même strate.
Cet écart s’explique principalement par la volonté de ne pas réviser les taux de fiscalité,
qui restent nettement inférieurs à la moyenne des communes comparables. Le taux de la TFPB
est notamment inférieur de 17 points au taux moyen de la strate et celui de la CFE, de 10 points.
29
Un coefficient forfaitaire qui tient compte de l’indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH)
publié par l’INSEE au mois de novembre précédant la taxation vient s’appliquer aux valeurs locatives cadastrales.
30
Au regard des états 1387 TF.
31
L'article 1650 du CGI prévoit la création d'une commission communale des impôts directs (CCID) dans
chaque commune, composée du maire et de commissaires désignés par le directeur régional ou départemental des
finances publiques. Dotée d’un rôle consultatif, la CCID participe notamment à l’évaluation des propriétés et peut
se prononcer sur les changements affectant les propriétés bâties et non bâties.
32
La suppression de la CVAE a été actée en loi de finances pour 2023.
COMMUNE DE GHISONACCIA
23
Tableau n° 7 :
Comparaison des éléments de fiscalité directe locale
Impôts
directs
locaux
Bases
Produits
Taux
€/ habitant à
Ghisonaccia
Moyenne de
la strate
€/ habitant à
Ghisonaccia
Moyenne de
la strate
€/ habitant à
Ghisonaccia
Moyenne de
la strate
TFPB
1 446
1 667
304
462
16,48 %
33,76 %
TFPNB
7
29
2
13
36,20 %
45,16 %
TH
364
519
58
77
16,04 %
14,90 %
CFE
329
583
27
121
8,16 %
20,74 %
Source/note : collectivites-locales.gouv.fr, comptes individuels des collectivités de 2023, fiche détaillée
Ghisonaccia.
3.1.1.2
Les autres ressources
La fiscalité reversée est composée du Fonds national de garantie individuelle des
ressources (FNGIR)
33
, quasi-figé sur la période (autour de 40 000 €) et du Fonds de péréquation
des ressources intercommunales et communales (FPIC)
34
. Ce dernier, représentant 35 % de la
fiscalité reversée, varie considérablement selon les années, subissant les conséquences des
indicateurs financiers issues des lois de finances. Il est notamment passé de 0 € en 2021
35
à près
100 000 € en 2023.
Les
ressources
institutionnelles
sont
constantes
sur
la
période,
composées
principalement de la dotation globale de fonctionnement (DGF). Celle-ci est caractérisée par
une hausse de 13% soit 150 000 € en valeur, venant ainsi contrebalancer la disparition des
compensations des exonérations de la THRP.
Les ressources d’exploitation sont caractérisées par leur stabilité générale. La hausse
des revenus locatifs, du fait notamment de l’acquisition par la commune d’un bâtiment (Linari)
destiné à la location, est notamment venue compenser la baisse des produits des ventes diverses.
33
La loi de finances pour 2010 a prévu un mécanisme pérenne destiné à assurer la stricte neutralité
financière de la réforme de la taxe professionnelle pour chaque collectivité territoriale.
34
Créé par la loi de finances pour 2012, ce mécanisme national de péréquation horizontale des ressources
des intercommunalités et de leurs communes se caractérise par le prélèvement d’une fraction des ressources
fiscales de certaines collectivités qui est ensuite reversée à des collectivités plus défavorisées. Il est réparti en
fonction de notions spécifiques : l’ensemble intercommunal, le potentiel fiscal agrégé, le potentiel financier
agrégé, le potentiel financier agrégé par habitant, et l’effort fiscale agrégé.
35
En 2021, l'effort fiscal agrégé (EFA) de la Communauté de Communes était inférieur à 1, l’excluant
ainsi des intercommunalités éligibles au FPIC comme le prévoyait alors l'article L. 2336-5 du CGCT.
COMMUNE DE GHISONACCIA
24
3.1.2
Des charges de gestion qui augmentent plus rapidement que les produits
Entre 2019 et 2023, les charges de gestion
36
ont été augmentées de 20 %, en dépit d’une
légère baisse en 2020, liée à la crise sanitaire
37
. Cette hausse est marquée en 2021 (+ 10 % par
rapport à 2019), au sortir de la période de confinement.
Tableau n° 8 :
Charges de gestion du budget principal
En €
2019
2020
2021
2022
2023
Evol. %
Charges à caractère général
1 266 843
1 162 285
1 473 971
1 512 814
1 675 859
32 %
+ Charges de personnel
1 461 055
1 512 047
1 517 572
1 604 123
1 579 562
8 %
+ Subventions fonctionnement
146 800
109 695
140 986
175 412
185 700
26 %
+ Autres charges de gestion
38
122 773
128 172
179 429
138 528
145 827
19 %
= Charges de gestion
2 997 471
2 912 199
3 311 957
3 430 877
3 586 949
20 %
Source/note : Chambre régionale des comptes à partir des comptes de gestion du budget principal.
Graphique n° 2 :
Répartition des charges de gestion en 2023
Source/note : Chambre régionale des comptes d’après les comptes de gestion du budget principal.
36
Il s’agit des charges comptabilisées sur les comptes 60 à 65 de la nomenclature comptable.
37
D’après la commune, l’absence d’achat de denrées alimentaires pour la cantine scolaire aurait à elle
seule généré une économie de 74 000 €, ce qui aurait plus que compensé les achats générés par la crise sanitaire
(masques, désinfection…).
38
Les autres charges de gestion concernent essentiellement les indemnités et frais des élus. Ces charges
regroupent également les contributions aux organismes de regroupement.
Charges à
caractère général
47%
Charges de
personnel
44%
Subventions de
fonctionnement
6%
Autres charges
de gestion
3%
COMMUNE DE GHISONACCIA
25
3.1.2.1
Une hausse des charges à caractère général et des subventions allouées
Les charges à caractère général, qui représentent près de 50 % des charges de gestion,
ont connu la progression la plus forte en cinq ans (+ 0,4 M€), en raison de la hausse des
principaux postes de dépenses, en particulier des prestations de services (+ 68 %) et des
publications et relations publiques (+ 92 %). L’inflation, invoquée par le maire dans sa réponse,
de l’ordre de 10 % sur la période, n’explique à elle seule qu’une partie de la hausse totale de
ces charges, qui s’est élevée à 32 %.
Les prestations de services ont continué à progresser en dépit, notamment, de la fin du
service de livraison de repas pour la cantine scolaire (passage à l’achat direct de repas auprès
du même prestataire, comptabilisé en achats alimentaires), qui représentaient 40 % de ce poste
en 2019. La commune explique notamment cette hausse par l’augmentation des besoins en
accueil de loisirs sans hébergement (ALSH), par de nouvelles prestations d’entretiens d’espace
vert confiées à des entreprises d’insertion et par les frais associés à l’organisation d’une
manifestation de jet-ski.
Parmi les frais de publicités et relations publiques, l’essentiel concerne les dépenses
pour fêtes et cérémonies, qui ont plus que doublé sur la période. D’après la commune, cette
hausse s’explique par la volonté d’organiser des manifestations culturelles en plus grand
nombre sur le territoire
39
, dans le but notamment d’obtenir des financements complémentaires
40
liés au classement de la commune en « station de tourisme ».
Les subventions versées représentent une part mineure des charges de gestion (5 % en
2023), mais n’ont eu de cesse d’augmenter, malgré une baisse marquée en 2020 liée à la crise
sanitaire. Si la participation allouée au CCAS est demeurée stable (35 000 € annuels, soit près
de 20 % du total des subventions en 2023), les sommes versées aux entités privées se sont
accrues de 35 %. Le nombre d’associations subventionnées, une quarantaine au total, est resté
équivalent, mais les montants accordés ont augmenté.
Une seule entité a bénéficié d’un montant supérieur à 23 000 €. La chambre rappelle à
la collectivité qu’elle doit publier sur son site internet les données essentielles des conventions
d’attribution pour les subventions supérieures à ce montant, en application du décret du
5 mai 2017 relatif à l’accès sous forme électronique aux données essentielles des conventions
de subvention.
Les autres charges de gestion concernent pour l’essentiel les indemnités versées aux
élus, qui ont augmenté de 25 % sur la période et de 14 % depuis le début de la présente
mandature (2020)
41
. Le maire, les huit adjoints et trois conseillers délégués perçoivent des
indemnités dans le respect des règles définies par les articles L. 2123-20 et suivants du CGCT.
39
Parmi lesquelles, l’organisation d’un concours lyrique, des programmations théâtrales et musicales,
divers évènements sportifs
et l’extension du marché de Noël.
40
Plusieurs avantages sont liés à ce classement, notamment la possibilité de sur-classement
démographique (article L. 133-19 du code du tourisme) ou encore la perception d’une taxe additionnelle aux droits
d’enregistrement, obligatoire pour les stations de moins de 5 000 habitants au taux de 1,20 % (article 1584 du
Code général des Impôts).
41
Délibération du conseil municipal du 24 juin 2020.
COMMUNE DE GHISONACCIA
26
3.1.2.2
Des dépenses de personnel qui se stabilisent sur la période
Les charges de personnel ont quant à elles connu une augmentation modérée (+ 0,1 M€),
en dépit des mesures nationales ayant revalorisé les rémunérations
42
et de l’incidence du
vieillissement et de l’avancement des agents (effet du glissement vieillesse technicité)
43
. La
baisse des dépenses observée en 2023 résulte des atténuations de charges plus importantes que
les années précédentes, liées aux remboursements des arrêts maladie des agents.
En 2023, ces dépenses s’établissent à 370 € par habitant, soit près de moitié moins
(- 269 €) que la moyenne de la strate
44
.
L’effectif de la commune
45
est quasi-stable, passant de 36,1 à 37,5 agents en équivalent
temps plein (ETP) entre fin 2019
et fin 2023
46
. La commune compte 90 % d’agents titulaires.
Ces derniers ont augmenté de 2,1 ETP, tandis que les agents non titulaires ont diminué de
0,8 ETP.
Il en résulte que le ratio de dépenses de personnel sur les dépenses réelles de
fonctionnement, prévu par l’article R. 2313-1 du CGCT, est de 44 %, proportion inférieure à
celle des communes comparables (47 %). Le ratio de rigidité des charges structurelles
47
s’établit
quant à lui à 35,3 %, bien en deçà sur seuil d’alerte de 55 % communément admis.
3.1.3
Le maintien d’une capacité d’autofinancement élevée
Bien que les produits aient, de manière générale, augmenté moins rapidement que les
charges, la capacité d’autofinancement (CAF) brute du budget principal, représentant les
ressources dégagées par le cycle de gestion, est positive sur toute la période. Elle s’établit en
moyenne à 0,9 M€ entre 2019 et 2023, soit 22 % des produits de gestion. Le dynamisme des
produits en 2023 a contribué à absorber la hausse marquée de charges observée en 2021.
42
Il s’agit, entre autres, de la majoration de la valeur et du nombre de points d’indice acté par décrets des
7 juillet 2022 et 28 juin 2023 portant majoration de la rémunération des personnels civils et militaires de l’État,
des personnels des collectivités territoriales et des établissements publics hospitaliers.
43
Le GVT correspond à l’augmentation annuelle de la masse salariale découlant du déroulement de
carrière (avancements, promotions…) et de l’ancienneté croissante des agents.
44
Source : DGFIP, Comptes individuels des collectivités locales, 2023.
45
Les communes situées dans la strate démographique comprise entre 3 500 et 4 999 habitants, à laquelle
appartient Ghisonaccia, sont au nombre de 968 et employaient 50 900 agents en équivalent temps plein (ETP) en
2022, soit en moyenne 52,5 ETP, contre 37,2 à Ghisonaccia.
46
Source : données transmises par la commune.
47
Le ratio de rigidité des charges structurelles permet de mesurer la part des recettes réelles de
fonctionnement mobilisée par les dépenses rigides que sont le personnel, la charge de la dette (dépenses
obligatoires) et les contingents et participations auxquels doit faire face la collectivité.
COMMUNE DE GHISONACCIA
27
Tableau n° 9 :
Évolution de la capacité d’autofinancement du budget principal
(e
n €)
2019
2020
2021
2022
2023
Produits de gestion
4 062 070
4 016 903
4 126 395
4 265 606
4 680 510
Charges de gestion
2 997 471
2 912 199
3 311 957
3 430 877
3 586 949
Excèdent brut de fonctionnement
1 064 599
1 104 704
814 438
834 729
1 093 561
CAF brute
988 589
1 021 324
715 808
764 112
1 020 563
En % des produits de gestion
24,3 %
25,4 %
17,3 %
17,9 %
21,8 %
CAF nette
869 865
866 430
558 591
604 517
858 535
Source/note : Chambre régionale des comptes à partir des comptes de gestion du budget principal.
Graphique n° 3 :
Évolution d’une année sur l’autre de chaque indicateur
Source : Chambre régionale des comptes à partir des comptes de gestion.
Ces disponibilités financières ont permis à la commune de couvrir l’annuité de sa dette,
laquelle est restée faible
48
, et à financer une partie de ses dépenses d’investissement.
La municipalité a confirmé qu’il s’agissait là d’une stratégie assumée de sa part,
consistant depuis plusieurs années à « rationaliser » ses dépenses de fonctionnement et en
particulier, ses dépenses de personnel, dans le but de continuer à soutenir ses différents projets
d’investissement et de faire face à d’éventuelles baisses de financements extérieurs.
La CAF brute de la commune (254 € par habitant) reste néanmoins inférieure à la
moyenne de la strate (349 €).
48
L’annuité en capital de la dette a représenté en moyenne un montant annuel de 0,15 M€ sur la période
sous contrôle.
0
1 000 000
2 000 000
3 000 000
4 000 000
5 000 000
2019
2020
2021
2022
2023
Produits de gestion
Charges de gestion
Excédent brut de
fonctionnement
CAF brute
CAF nette
COMMUNE DE GHISONACCIA
28
3.1.4
De bons indicateurs en matière d’investissement
La commune de Ghisonaccia mène une politique d’investissement dynamique dans tous
les secteurs d’activité dont elle assure la charge, notamment la voirie, l’assainissement, les
équipements scolaires et sportifs, son parc immobilier locatif. Les projets concernent à la fois
l’entretien des infrastructures existantes et la création de nouveaux équipements, tels que la
crèche municipale et le centre social inaugurés en 2023 (voir annexe n°3).
En cumulé sur la période, la commune a réalisé 14 M€ de dépenses d’équipement. Ces
dépenses représentent en 2023, 697 € par habitant, niveau supérieur aux communes de même
strate
49
.
Les investissements ont été financés en priorité par des subventions perçues (à hauteur
de 43 %) et par l’autofinancement dégagé par la commune (à plus d’un quart).
Graphique n° 4 :
Le financement de l’investissement du budget principal entre 2019 et 2023
Source/note : Chambre régionale des comptes à partir des comptes de gestion du budget principal.
L’emprunt contracté en 2019, à hauteur d’1 M€, a concerné une part mineure des
recettes d’investissement sur la période. D’une manière générale, l’encours de la dette est
maîtrisé : il s’établit fin 2023 à 3,8 M€, représentant une capacité de la commune à se
désendetter rapidement, sur 3,7 ans. La dette est composée de trois emprunts bancaires, classés
en catégorie 1A, soit la meilleure appréciation en matière de risque selon la charte Gissler
50
.
Enfin, 4 % des dépenses ont été couvertes par un prélèvement sur le fonds de roulement
net global
51
(FNRG) à compter de 2021. Celui-ci, bien qu’en diminution de 37 % sur la période,
demeure à un niveau élevé fin 2023 (2,6 M€), correspondant à 264 jours de charges courantes.
49
En moyenne, les communes comprises entre 3 500 et 5000 habitants ont dépensé 677 € par habitant.
50
La charte Gissler propose une classification des produits d’emprunt en fonction des risques qui leur
sont associés. Sources : annexes aux comptes administratifs et données transmises par la commune.
51
Le FRNG représente la différence entre les ressources à plus d’un an (dotations/ réserves, subventions,
emprunts) et les emplois stables (investissements réalisés et en cours). Il est destiné à financer, dans un premier
temps, les investissements et les biens durables. Il contribue aussi à couvrir le décalage de trésorerie entre
encaissement de recettes et paiement des dépenses.
27%
7%
12%
43%
0,5%
1%
7%
4%
CAF nette
Taxe d'aménagement
FCTVA
Subventions d'investissement
Fonds affectés à l'équipement
Produits de cession
Emprunts
Mobilisation du fonds de roulement net global
COMMUNE DE GHISONACCIA
29
La trésorerie est abondante sur toute la période et s’établit fin 2023 à 3,5 M€,
correspondant à près d’une année civile de charges courantes.
La commune dispose donc d’indicateurs satisfaisants (taux d’endettement, FRNG,
trésorerie) avec un niveau d’investissement supérieur à la moyenne de la strate. La situation
financière prévisible à compter de fin 2024 appelle toutefois à une relative prudence.
3.2
Une épargne à surveiller dès l’exercice budgétaire 2024
(96) Selon la chambre, une baisse significative de l’épargne brute interviendrait dès
l’exercice 2024, de l’ordre de 30 %, liée à l’augmentation des charges de fonctionnement et, en
particulier, celle des charges de personnel, due à :
-
L’ouverture de la crèche municipale : un service municipal « Enfance-Jeunesse » a été
créé, générant, au 1
er
janvier 2024, le recrutement de 9,57 ETP (emplois permanents).
-
La restructuration des services support de la municipalité, avec le recrutement de deux
agents en janvier et juin 2024 (un agent de catégorie A et un de catégorie B).
Ces recrutements ont accru les dépenses de personnel de 0,58 M€ pour l’exercice 2024.
Par ailleurs, la création de la crèche a également généré des dépenses à caractère
général, qui peuvent être estimées à près de 0,10 M€.
Ces dépenses nouvelles ne sont compensées que partiellement par la perception d’une
subvention annuelle de la caisse d’allocations familiales, d’un montant prévisionnel de
0,43 M€
52
et par la fin du versement d’une subvention attribuée à une association pour ce même
objet
53
.
Face à cette baisse importante de l’épargne en 2024, la chambre, en lien avec la
commune, a esquissé une analyse prospective pour tenter d’apprécier les conséquences
financières des investissements prévus par la municipalité et d’étudier l’évolution possible des
équilibres de la commune.
Différentes hypothèses reprises en annexe n° 3 ont donc été étudiées et validées avec la
commune. Sur la base des éléments communiqués par cette dernière et en s’appuyant sur des
hypothèses prudentielles, les projections établissent, à l’horizon 2027, une hausse des charges
de gestion de 25 %, qui ne suit pas l’évolution des produits de l’ordre de 16 %. La capacité
d’autofinancement connaît, ainsi, une baisse de près de 15 % d’ici 2027 par rapport à 2023.
De plus, ces hypothèses sont basées sur une évolution des charges à caractère général
estimée à hauteur de 2,5 % par la commune, ce qui impliquera une maîtrise des dépenses
inédite, non observée les années antérieures (la variation annuelle moyenne s’est établie à 7,2 %
entre 2019 et 2023).
52
Dont 70 % perçus en 2024, et 30 % en 2025.
53
Une subvention était allouée à une association d’un montant de 14 098€ par an en moyenne sur la
période.
COMMUNE DE GHISONACCIA
30
En outre, au regard du programme d’investissements ambitieux programmés sur la
période 2024-2027, d’un montant de 26 M€ HT, la baisse de l’autofinancement amènera la
commune à devoir se doter d’un nouvel emprunt. Ce dernier est envisageable au regard de sa
capacité de désendettement actuelle (3,7 ans) qui lui est favorable.
Dans sa réponse, le maire indique, à ce titre, que l'étude d'un emprunt de 2 M€ sur 20 ou
25 ans est en cours.
Dès 2025, la chambre recommande l’utilisation d’une gestion en autorisations de
programme et crédits de paiement (AP/CP) pour les investissements.
La commune est également invitée à élaborer un plan pluriannuel d’investissement,
adossé à un plan pluriannuel de fonctionnement, afin d’améliorer le pilotage de ses
investissements, d’anticiper les dépenses et ainsi les conséquences sur ses soldes intermédiaires
de gestion, mais également en vue de garantir leur arbitrage lors des débats budgétaires.
Recommandation n° 1.
: Élaborer un plan pluriannuel d’investissement et un plan
pluriannuel de fonctionnement chiffré en recettes et en dépenses, intégré dans une
prospective financière.
Dans sa réponse, le maire a confirmé, comme indiqué au point 2.1.1., mettre en place
progressivement un programme pluriannuel d’investissement.
3.3
La situation financière du budget annexe assainissement
3.3.1
Une section d’exploitation équilibrée
La commune possède un réseau important
54
de canalisations de collecte et de pompage
des eaux usées qui sont envoyées pour traitement vers sa station d’épuration, qui traite
également une partie des effluents de la commune voisine de Prunelli-di-Fium’Orbu
55
.
La gestion du réseau d’assainissement collectif et l’exploitation de la station font l’objet
d’une délégation de service public
56
conclue avec la Société des Eaux de Corse
(enseigne
« Kyrnolia »), dont le contrat a été renouvelé le 1
er
mars 2023.
54
36 kms de canalisations de collecte. Source : rapport annuel 2023 sur le prix et la qualité du service
(RPQS) d’assainissement collectif.
55
La dernière convention de déversement entre les deux communes a été signée le 27 février 2023.
56
Aux termes de ce contrat, il revient au délégataire d’assurer notamment l’exploitation du service,
l’entretien et les réparations courantes, la maintenance et le renouvellement des équipements existants, ainsi que
les opérations individuelles de branchement au réseau. La commune conserve quant à elle la charge des travaux
d’extension et la création des nouveaux ouvrages. Elle réalise aussi les opérations groupées de branchement.
COMMUNE DE GHISONACCIA
31
La comptabilité du budget annexe ne retrace donc qu’une part réduite du coût complet
du service de l’assainissement, à savoir, la part des activités non déléguées à la société, ainsi
que la part de la redevance reversée par cette dernière à la commune.
Entre 2019 et 2023, les disponibilités financières sur ce budget ont ainsi été faibles. La
CAF brute s’est élevée, en moyenne, à 0,08 M€ par an (voir annexe n° 5). Ce budget annexe,
qui n’a pas de compte ouvert au Trésor, fonctionne comptablement avec le compte de liaison
45102, rattaché au budget principal.
Le chiffre d’affaires se compose essentiellement de frais de raccordement au réseau,
dépendants du nombre de constructions nouvelles. Le montant élevé en 2019 correspond à une
hausse des permis de construire accordés
57
mais aussi, selon la commune, à une régularisation
de titres non émis les années antérieures (2016 à 2018). L’année suivante, en 2020, des titres
ont été à l’inverse annulés pour un montant de 35 500 €
58
, imputés sur le résultat exceptionnel.
Les redevances assainissement reversées par le concessionnaire représentent la part
prépondérante des ressources d’exploitation du budget. Elles varient chaque année
59
et ce, alors
même que le tarif fixé par la collectivité n’a pas évolué sur toute la période et que le nombre
d’abonnés n’a eu de cesse d’augmenter
60
. Néanmoins, le montant perçu en moyenne sur la
période (54 973 € HT) correspondant au calcul de la redevance moyenne ci-dessous
(49 275 € HT), indiquent que les variations annuelles sont régularisées les années suivantes. Le
résultat de chaque exercice n’est donc pas le reflet des produits et des charges réellement
générés au titre de l’année considérée.
Tableau n° 10 :
Estimation de la redevance annuelle versée à la commune en fonction du nombre
d’abonnés et des volumes facturés
2019
2020
2021
2022
2023
Nb abonnés
1716
1742
1810
1830
1865
Volumes facturés en m3
281 328
257 866
270 009
287 390
295 213
Tarif par abonnement (part fixe) en
€
20,5
20,5
20,5
20,5
20,5
Tarif par m3 (part variable) en €
0,045
0,045
0,045
0,045
0,045
Montant annuel abonnement en €
35 178,0
35 711,0
37 105,0
37 515,0
38 232,5
Montant annuel part variable en €
12 659,8
11 604,0
12 150,4
12 932,6
13 284,6
Total estimé
47 837,8
47 315,0
49 255,4
50 447,6
51 517,1
Source : Chambre régionale des comptes d’après les rapports annuels du délégataire sur la qualité du service.
57
Une facture correspond notamment au raccordement de 24 logements nouveaux.
58
D’après les pièces fournies à l’appui, les raisons invoquées concernent notamment l’annulation de
permis de construire et le non démarrage de travaux.
59
Le chiffre 2022 est particulièrement faible, en raison d’une erreur d’imputation d’une partie de la
redevance d’assainissement due à la commune dans les « autres produits d’exploitation ».
60
Il est demeuré à 0,045 € HT le mètre cube (pour la partie variable) et à 20,5 € HT par abonnement et
par an (pour la partie forfaitaire).
COMMUNE DE GHISONACCIA
32
Les subventions d’exploitation, qui étaient versées par l’agence de l’eau sous forme de
primes à la performance épuratoire, ont progressivement été diminuées puis supprimées en
raison de défaillances en matière de surveillance et de performance de la station
61
.
Il en résulte que la capacité d’autofinancement a diminué drastiquement entre 2019 et
2022, avant un léger regain en 2023. Elle est restée néanmoins positive sur toute la période,
s’élevant en moyenne à 86 % des produits d’exploitation.
3.3.2
Des investissements financés par de l’emprunt et les ressources stables
Les dépenses d’investissement ont représenté 1,7 M€ sur la période, soit en moyenne
0,3 M€ par an. Pour l’essentiel, elles concernent des extensions de réseau et d’équipements
62
.
Ces dépenses ont été financées en priorité par la mobilisation du fonds de roulement
(32 %) et par de l’emprunt (30 %) et dans une moindre mesure, par l’autofinancement dégagé
par la section de fonctionnement (17 %) et le fonds de compensation de la TVA (FCTVA)
(15 %). Les subventions perçues ne représentent qu’une part mineure des financements (6 %).
Tableau n° 11 :
Financement des investissements et incidence sur le niveau du FRNG
du budget de l’assainissement
(en €)
2019
2020
2021
2022
2023
Moyenne
CAF brute
202 784
56 554
53 134
21 190
47 015
76 135
- Annuité en capital de la dette
13 519
13 722
21 164
21 211
20 682
18 060
CAF nette
189 264
42 831
31 970
-20
26 333
58 076
FCTVA
0
67 632
54 729
73 430
47 121
48 583
Subventions d'équipement
26 824
14 000
15 346
38 982
0
19 030
Financements propres
disponibles
216 088
124 464
102 045
112 392
73 454
125 689
Dépenses d'équipement
412 292
346 988
448 457
288 115
165 845
332 340
Besoin (-) ou capacité (+) de
financement propre
- 196 204
- 222 524
- 346 412
- 175 723
- 92 391
- 206 651
Nouveaux emprunts
0
0
500 000
0
0
100 000
Mobilisation ou reconstitution
du fonds de roulement
- 196 204
- 222 524
153 588
- 175 723
- 92 391
- 106 651
Source/note : Chambre régionale des comptes à partir des comptes de gestion du budget annexe assainissement.
L’encours de la dette, composé de deux emprunts bancaires, s’élève à 0,9 M€ fin 2023.
Le fonds de roulement, bien qu’en diminution, a été positif sur toute la période, permettant au
budget de l’assainissement de se financer par ses ressources propres et de générer une trésorerie.
61
Depuis 2020, le réseau de collecte issu du poste de Prunelli présente une situation de non-conformité
qui, d’après la commune, n’est pas résolue à ce jour.
62
Source : comptes administratifs.
COMMUNE DE GHISONACCIA
33
______________________ CONCLUSION INTERMÉDIAIRE ______________________
Ghisonaccia présente une situation financière confortable au regard des principaux
indicateurs de gestion. La hausse des produits en 2023, et en particulier des ressources fiscales,
a permis de compenser celle des charges de gestion, observée depuis 2021. Le dynamisme des
bases est le principal facteur d’évolution des produits. Les dépenses de personnel sont
demeurées contenues sur toute la période. Le ratio de rigidité des charges structurelles est
particulièrement limité.
La capacité d’autofinancement ainsi générée donne à la commune les moyens d’investir
tout en maîtrisant l’encours de sa dette. Les dépenses d’équipement sont ainsi plus élevées que
la moyenne des communes de même strate démographique. En 2023, le niveau de trésorerie
disponible permet de sécuriser le fonctionnement de la collectivité sur près d’un an.
Dans la mesure où le service public de l’assainissement fait l’objet d’une délégation à
une société privée, le budget annexe dédié présente des disponibilités financières limitées en
fonctionnement. En investissement, il a supporté près d’1,6 M€ de dépenses, principalement
financées par un prélèvement sur ses ressources stables et par de l’emprunt.
Nonobstant ses bons indicateurs financiers, la commune doit être vigilante dans ses
projections de dépenses futures, principalement du fait de l’augmentation des dépenses de
fonctionnement due à l’intégration de la crèche municipale et au regard des autres équipements
en cours de réalisation. Le recours à un nouvel emprunt s’avère nécessaire afin de faire face
aux nombreux projets. Pour plus de visibilité, la collectivité est encouragée à se doter d’un
plan pluriannuel d’investissement, ce qu’elle indique avoir commencé à mettre en place.
4
LA COMMANDE PUBLIQUE
4.1
Une fonction achat désorganisée
4.1.1
L’absence de procédures internes
La commune ne dispose pas de règlement intérieur de la commande publique. Elle a
cependant communiqué un règlement intérieur relatif à la passation des marchés publics qui a
été adopté par une délibération du conseil municipal en date du 7 octobre 2010. Ce règlement,
qui date de près de 15 ans et qui vise des dispositions du code des marchés publics de 2006
n’est absolument plus d’actualité. Aucun document n’est venu prendre en compte les nouvelles
dispositions du code de la commande publique adopté en 2019. La commune n’a pas non plus
formalisé de fiches de procédures rappelant les grands principes de la commande publique, les
règles applicables en matière de seuils ou de partage des responsabilités entre directions sur
l’ensemble de la procédure.
COMMUNE DE GHISONACCIA
34
La chambre rappelle que si la commune, dont l’essentiel de la commande publique se
compose de marchés inférieurs aux seuils de procédure formalisée
63
, est libre de définir ses
propres règles pour la passation de ces marchés (dans le respect des grands principes de la
commande publique), cette liberté ne vaut pas absence totale d’organisation de la procédure. Il
convient donc de faire délibérer le conseil municipal sur les procédures de publicité et de mise
en concurrence retenues pour les marchés conclus selon la procédure adaptée.
Recommandation n° 2.
: Formaliser les procédures applicables en matière de
commande publique et faire délibérer le conseil municipal sur celles réalisées sous la
forme de procédure adaptée
Dans sa réponse aux observations provisoires, le maire a indiqué qu’un nouveau
règlement de la commande publique sera adopté par le conseil municipal durant le premier
semestre 2025. Des fiches de procédures internes seront également rédigées et diffusées et si
nécessaire, des formations seront organisées.
Récemment, à la suite du contrôle de la chambre, une note de service
du 7 octobre 2024
est venue préciser les procédures à mettre en œuvre pour les achats de fournitures, services et
de travaux afin de respecter les principes de la commande publique.
Si cette note est bienvenue, les règles internes ne répondent qu’imparfaitement aux
exigences du code de la commande publique. En particulier, celle-ci n’exige la sollicitation de
trois devis que pour les commandes dont le montant est supérieur à 5 000 € HT pour les
fournitures et services et 10 000 € HT pour les travaux.
La chambre rappelle que la mise en concurrence est requise dès le premier euro, dès lors
qu’il existe une pluralité d’offres susceptibles de répondre au besoin, ainsi que le prévoit
l’article R. 2122-8 du code de la commande publique. Cette règle apparait d’autant plus
essentielle que l’évaluation du besoin et des montants est très lacunaire au sein de la commune,
la conduisant à se soustraire régulièrement aux seuils de procédure applicables
(cf. partie ci-après). Par ailleurs, la note susvisée précise que pour les achats d’un montant
inférieur à 300 € HT, aucun bon de commande n’est établi. Cette règle contrevient aux
dispositions de l’article L. 2342 2 du CGCT qui oblige le maire à tenir une comptabilité
d’engagement (voir supra).
La chambre invite la commune à corriger la note de service sur ces points et à
accompagner ensuite sa diffusion dans l’ensemble des directions pour renforcer son
appropriation.
En réponse, le maire a indiqué que la note sera modifiée pour répondre aux observations
de la chambre.
63
Lorsque la valeur estimée du marché est égale ou supérieure aux seuils européens, le marché est passé
selon l'une des procédures formalisées suivantes : appel d’offres, procédure avec négociation, dialogue compétitif.
COMMUNE DE GHISONACCIA
35
4.1.2
Des actions engagées dans la réorganisation de la fonction achat public
De 2019 à 2024, la commune ne disposait pas d’un service dédié à la commande
publique ; l’assistance des services dans la passation et le suivi des marchés était assurée par un
agent de catégorie B employé sur un poste de secrétaire, en charge essentiellement de la gestion
budgétaire et financière
64
. La commune ne disposait pas non plus de logiciel de commande
publique.
À partir de 2024, des actions positives ont été engagées en vue de renforcer la fonction
achat. Des recrutements sont intervenus, en l’occurrence celui d’un agent de catégorie A en
charge spécifiquement de la commande publique et d’une responsable du service financier. Un
outil numérique dédié aux marchés a été acquis, offrant une sécurité juridique dans la rédaction
et la passation des marchés, en même temps qu’un nouveau système d’information financier
offrant lui aussi plus de fonctionnalités en matière de commande publique. La commune s’est
également dotée d’un abonnement lui donnant accès à une veille et une assistance juridique.
Compte tenu du caractère récent de cette réorganisation, ses effets ne sont pas encore
mesurables à ce jour. Néanmoins, les éléments relevés ci-après invitent à poursuivre et
approfondir la démarche engagée auprès de tous les acteurs concernés.
Dans sa réponse aux observations provisoires, le maire a confirmé sa volonté de corriger
les lacunes en matière de commande publique et de professionnaliser les pratiques de la
commune dans un contexte de développement porté par des projets structurants.
4.1.3
L’absence de suivi des marchés et de conservation des pièces
La commune ne dispose pas de tableaux de bord des marchés, comme un tableau de
suivi contenant les informations minimales permettant de suivre efficacement les échéances.
La numérotation des marchés n’est ni uniforme, ni exhaustive.
Aussi, tant pour la passation que pour l’exécution des marchés, la commune doit
renforcer le suivi de ses marchés et le partager avec les services prescripteurs. Elle doit établir
un recensement exhaustif, standardisé et fiable de ses marchés en cours.
Lors du contrôle, la commune a été dans l’incapacité de produire, pour nombre de
marchés, certains documents essentiels de procédure, tels que les avis d’appel public à la
concurrence, les avis d’attribution, les dossiers de consultation des entreprises, les rapports
d’analyse des offres ou encore, les procès-verbaux des commissions d’appels d’offres. Aucun
archivage centralisé n’a été réalisé au sein de ses services.
64
Sa fiche de poste contient trois lignes sur la commande publique à savoir :
Assistance et conseil pour les procédures règlementaires de l’achat public
Élaboration des documents de consultation, pièces administratives, analyse
Passation de marchés
COMMUNE DE GHISONACCIA
36
La chambre lui recommande de constituer des dossiers normalisés pour chaque
procédure afin de pouvoir justifier du respect des principes de traçabilité et de transparence des
procédures d’achat. Elle rappelle, en outre, que le code de la commande publique a introduit
des durées précises de conservation des pièces selon leur nature
65
.
Rappel du droit n° 5 :
Procéder à l’archivage des pièces de passation et d’exécution des
marchés publics, conformément aux articles R. 2184-12 et R. 2184 13 du code de la
commande publique.
Dans sa réponse, le maire a indiqué que des mesures correctrices ont été prises pour
répondre aux observations de la chambre. Un protocole d’archivage centralisé a ainsi été
instauré et un tableau de bord des marchés mis en place permettant de structurer, centraliser et
sécuriser la documentation relative à chaque procédure.
4.1.4
L’absence de recensement des besoins permettant de définir la procédure
applicable
L’obligation de définir précisément la nature et l’étendue des besoins, posée à l’article
L. 2111-1 du code de la commande publique (CCP), est un moyen d’assurer à la fois la
régularité et la performance des procédures d’achat.
La juste évaluation du montant des achats va notamment conditionner la procédure
applicable. Tous les besoins, dont la valeur estimée est supérieure à 40 000 € HT (ou
25 000 € HT avant le 1
er
janvier 2020), doivent notamment faire l’objet d’une publicité et d’une
mise en concurrence préalables à la signature du contrat
66
.
65
S’agissant des candidatures, des offres et des documents relatifs à la procédure de passation, la durée
de conservation minimale est de cinq ans à compter de la date de signature du marché. S’agissant des pièces
constitutives du marché, la durée minimale est également de cinq ans pour les marchés de fournitures ou de services
et de dix ans pour les marchés de travaux, de maîtrise d'œuvre ou de contrôle technique, à compter de la fin de
l'exécution du marché.
66
Conformément à l’article R. 2122-8 du code précité.
Pour un besoin inférieur à 40 000 € HT (et à 25 000 € avant le 1
er
janvier 2020), l’article R. 2122-8 du
code de la commande publique autorise l’acheteur à passer un marché sans publicité ni mise en concurrence
préalables. L’acheteur doit néanmoins veiller à choisir une offre pertinente, à faire une bonne utilisation des deniers
publics et à ne pas contracter systématiquement avec un même opérateur économique lorsqu’il existe une pluralité
d’offres susceptibles de répondre au besoin.
COMMUNE DE GHISONACCIA
37
Pour les marchés de fournitures ou de services, selon l’article R. 2121-6 du CCP, la
valeur estimée du besoin doit être déterminée, quel que soit le nombre d’opérateurs
économiques auquel il est fait appel et le nombre de marchés à passer, en prenant en compte la
valeur totale des fournitures ou des services qui peuvent être considérés comme homogènes
67
.
Pour les prestations récurrentes, qui font généralement l’objet d’un accord-cadre à bons de
commande, en aucun cas cette valeur ne s’apprécie au niveau de chaque commande : elle doit
tenir compte de la durée totale du marché envisagé, généralement sur quatre ans
68
.
Les achats répétés de faibles montants doivent être ainsi suivis scrupuleusement afin de
vérifier qu’au total, leur montant ne dépasse pas les seuils de publicité et de mise en
concurrence. Le recensement des besoins sur plusieurs années et le suivi des seuils sont donc
essentiels.
La commune a indiqué, lors de l’instruction, n’avoir procédé entre 2019 et 2024 à
aucune campagne de recensement des besoins à l’échelle de son territoire. Elle ne dispose pas,
non plus, d’une nomenclature des achats permettant de regrouper les dépenses par familles
d’achat homogènes. De plus, aucune alerte n’a été programmée dans le logiciel financier, et il
n’existe pas de procédure de contrôle interne, ce qui n’a pas permis de garantir le respect des
seuils réglementaires.
La commune doit donc procéder à un recueil systématique, annuel, piloté et coordonné
de l’expression des besoins par l’ensemble de ses services.
Lors du précédent contrôle de la commune portant sur les années 2009 à 2013, la
chambre lui avait déjà recommandé de recenser les segments d’achats et les entreprises pour
lesquels les seuils de commande annuels dépassaient 15 000 €, afin de passer les marchés
adéquats et se conformer aux dispositions du CCP. La chambre observe que la commune a fait
preuve d’immobilisme et n’a opéré aucune des régularisations déjà prescrites en 2014.
Rappel du droit n° 6 :
: Procéder au calcul de la valeur estimée des besoins de la commune
afin de ne pas contourner les seuils de passation des marchés publics conformément aux
articles R.2121-1 et suivants du code de la commande publique.
Dans sa réponse à la chambre, le maire a indiqué que pour respecter désormais les seuils,
un recensement annuel des besoins des services sera réalisé début 2025 pour la préparation du
budget et qu’une nomenclature des achats, en cours d'élaboration, sera intégrée dans le logiciel
financier.
67
Soit en raison de leurs caractéristiques propres, soit parce qu’elles constituent une unité fonctionnelle
(en ce qu’elles concourent à un même objet). Exemple, l’équipement d’une nouvelle salle de classe constitue une
unité fonctionnelle.
68
Selon l’article R. 2121-8 du CCP, pour les accords-cadres, la valeur estimée du besoin est déterminée
en prenant en compte la valeur maximale estimée de l'ensemble des marchés à passer ou des bons de commande à
émettre pendant la durée totale de l'accord-cadre. L’article R. 2125-1 précise que l’accord-cadre a une durée
maximale de quatre ans.
COMMUNE DE GHISONACCIA
38
4.2
La majorité des prestations de fourniture et services achetées hors
marché et sans mise en concurrence
En dépit de l’absence de cartographie des achats et d’un archivage défaillant des pièces
de la commande publique, la commune de Ghisonaccia a produit, à la demande de la chambre,
une liste des marchés publics passés entre 2019 et 2024. Il en ressort que seules dix procédures
formalisées ont été lancées, dont quatre ont été déclarées sans suite, soit en moyenne une
procédure par an qui a abouti. De plus, la commune n’a pu communiquer à la chambre toutes
les pièces liées à la passation de ces marchés.
4.2.1
Des besoins courants insuffisamment couverts par les marchés conclus
Comme indiqué
supra
, la commune de Ghisonaccia présente un défaut de recensement
préalable de ses besoins. Elle ne procède pas à un recueil systématique, annuel, piloté et
coordonné de l’expression des besoins par l’ensemble des services municipaux. Nombre
d’achats de même nature dépassent pourtant le seuil réglementaire. Sur un échantillon de
dépenses examinées, de très nombreuses commandes restent réalisées hors marchés.
En pratique, dans la mesure où la commune ne réalisait pas l’engagement juridique et
comptable des dépenses jusqu’en 2024 (voir partie 2.2 .2), la plupart des achats n’ont fait l’objet
d’aucun écrit sous forme de bon de commande. Ils ont été effectués directement sur place auprès
des fournisseurs, ces derniers transmettant leur facture à la commune pour règlement Le référent
« commande publique », tout comme le service financier, n’ont eu connaissance des
commandes passées qu’
a posteriori
, à réception de la facture.
La commune a confirmé, lors de l’instruction, qu’aucun bon de commande n’était
formalisé avant 2024 pour les achats de moins de 40 000 €, le premier ayant été établi le
8 janvier 2024. Elle a précisé que des devis ont souvent été demandés par mail, tout en
reconnaissant que cette démarche n’était pas systématique. Il en ressort que les prestations
étaient commandées auprès des sociétés sans mise en concurrence préalable et sans émission
d’un bon de commande valant engagement juridique.
En particulier, la plupart des prestations récurrentes n’ont fait l’objet d’aucune
procédure de publicité et de mise en concurrence. La commune a confirmé ne pas disposer de
marchés pour les fournitures d’entretien, de petits équipements, les fournitures administratives
et scolaires, les carburants ainsi que pour les prestations d’entretien des véhicules.
Le tableau qui suit liste, sans être exhaustif, à partir des comptes associés, des prestations
commandées par la commune, susceptibles d’être considérées comme homogènes et qui n’ont
pas fait l’objet d’un marché. Si la durée de quatre ans était, comme recommandé, retenue, les
montants auraient exigé
a minima
des mesures de publicité et de mise en concurrence et la
formalisation d’un contrat.
COMMUNE DE GHISONACCIA
39
Tableau n° 12 :
Dépenses de fonctionnement effectuées sans mise en concurrence
Source : Chambre régionale des comptes à partir des comptes de gestion.
Par ailleurs, l’article R. 2121-6 du CCP prévoit que les fournitures et services peuvent
aussi être considérés comme homogènes lorsqu’ils constituent une unité fonctionnelle, en ce
qu’elles concourent à un même objet. Ce mode de computation aurait pu concerner les dépenses
imputées sur le compte 6232 « fêtes et cérémonies », qui s’est élevé à un montant nettement
supérieur aux seuils de publicité et n’ont pas plus fait l’objet de mise en concurrence.
Tableau n° 13 :
Dépenses enregistrées au compte 6232 « Fêtes et cérémonies »
Source/note : Chambre régionale des comptes à partir des comptes de gestion.
La chambre demande à la commune de lancer dès 2025 l’ensemble des procédures de
mise en concurrence exigées par le code de la commande publique, pour l’ensemble des
prestations de travaux, de fournitures et de services qui le nécessitent au regard de leur montant.
Dans sa réponse, le maire indique que la commune a fait la liste des procédures de
marchés à lancer, qui correspondent précisément aux prestations identifiées par la chambre.
Compte-tenu de leur nombre, toutes ne pourront pas être préparées pour 2025 mais seront
finalisées sur une période de deux ans, afin d'assurer leur qualité et leur conformité.
2019
2020
2021
2022
2023
Total
60621 - Combustibles
33 379
41 327
40 061
43 403
49 109
207 278
60622 - Carburants
24 473
20 787
25 887
35 249
34 537
140 933
60631 - Fournitures
d'entretien
13 044
15 623
19 173
22 218
27 543
97 601
60632 - Fournitures de petit
équipement
26 096
81 838
50 637
68 130
22 150
248 852
6067 - Fournitures scolaires
30 818
20 484
17 898
27 711
18 977
115 888
615221 - Entretien et
réparations bâtiments
publics
59 595
23 139
43 510
19 950
56 468
202 662
615228 - Entretien et
réparations autres bâtiments
515
38 740
12 139
14 175
9 554
75 123
615231 - Entretien et
réparations voiries
43 034
9 903
-
-
16 462
69 399
615232 - Entretien et
réparations réseaux
8 500
13 962
4 248
15 275
42 748
84 733
61551 - Matériel roulant
30 076
29 565
16 804
35 861
38 917
151 223
6156 - Maintenance
40 389
79 161
76 119
99 633
117 021
412 323
2019
2020
2021
2022
2023
Total
6232 - Fêtes et cérémonies
80 207
34 829
152 918
183 680
184 119
635 754
COMMUNE DE GHISONACCIA
40
4.2.2
Des conventions passées sans mise en concurrence avec des structures
d’insertion par l’activité économique
Le code de la commande publique permet aux acheteurs publics de réserver certains
marchés ou certains lots d’un même marché à des entreprises adaptées ou à des établissements
et services d’aide par le travail. Dans ce cas, l’exécution de ces marchés ou de ces lots doit être
effectuée majoritairement par des personnes handicapées ou défavorisées. L’avis de publicité
doit mentionner le recours à cette réservation. Néanmoins, cette disposition ne dispense pas
d’organiser, entre ces seuls organismes, une procédure de mise en concurrence, qui sera
fonction des seuils et respectera les modalités de publicité prévues par le code.
Pour certains de ses besoins en matière de fonctionnement, la commune a passé des
conventions avec des entités qui œuvrent pour l’insertion par l’activité économique, mais sans
aucune mise en concurrence.
Entre 2019 et 2023, la commune a, ainsi, contractualisé avec une association pour un
montant de 171 181,86 €, afin d’assurer des prestations de nettoyage de locaux. Elle a
également conclu une convention avec deux autres associations, l’une pour un montant de
118 590 € et l’autre pour un montant de 77 695 €, concernant des prestations, identiques, de
divers travaux d’entretien extérieur
69
.
Tableau n° 14 :
Commandes passées aux associations
Entités
Objet
2019
2020
2021
2022
2023
Association X
Nettoyage extérieur
6 800
45 045
25 850
Association Y
Nettoyage extérieur
7 560
26 400
32 670
51 960
Association Z
Nettoyage des locaux
32 595
35 121
28 134
34 646
40 686
TOTAL
40 155
35 121
54 534
67 316
92 646
Source/note : Chambre régionale des comptes d’après le fichier des mandats et des titres du budget principal.
En réponse, le maire estime qu’au cas d’espèce, la mise en concurrence était
implicitement respectée dans la mesure où la ville avait contractualisé avec l’ensemble des
prestataires présents sur le territoire communal susceptibles de répondre aux besoins. La
chambre rappelle donc à la commune les obligations législatives précitées en matière de mise
en concurrence, lesquelles ne s’appliquent pas aux seules entreprises présentes sur un territoire
donné, la préférence locale contrevenant au principe d’égalité de traitement des candidats.
69
Création de pare-feu, ouverture de sentiers de randonnée, débroussaillage de parcelle…
COMMUNE DE GHISONACCIA
41
4.2.3
La gestion des temps périscolaires et extrascolaires et des activités éducatives,
instructives en direction des familles et enfants, attribuée sans mise en
concurrence
Entre 2019 et 2024, différents services ont été confiés au moyen d’une convention à un
association loi 1901, « Association Familiale des Rives du Fiumorbu » (AFARIF). Les services
concernent :
-
Une prestation de service Contrat éducatif Local (CEL) ;
-
Un contrat enfance et jeunesse CAF ;
-
Un ALSH extra-scolaire.
Pour le fonctionnement de ces services, la commune a mis à disposition gratuitement
des locaux et a versé une subvention de fonctionnement d’un montant moyen annuel de 7 000 €.
Elle a dans le même temps commandé à l’association des prestations de services pour un
montant de plus de 105 000 €, soit un total de 527 147 € sur la période sous revue.
Le choix de l’association s’est fait, là encore, sans publicité ni mise en concurrence
préalable. Dans les faits, l’association a donc été sollicitée pour assurer un besoin spécifique de
la commune notamment la gestion d’un ALSH. Or, sur la base de ces éléments, cette prestation
constitue une prestation de service au sens du code de la commande publique et aurait dû faire
l’objet d’une procédure de marché public. Si la durée de quatre ans était retenue, compte tenu
du caractère homogène et récurent de la prestation, les montants en cause auraient même exigé
une procédure formalisée dans le respect des termes de l’article R. 2124-1 du code de la
commande publique.
Dans sa réponse, le maire a indiqué qu’une procédure de délégation de service public
sera lancée en 2025 pour la gestion des temps périscolaires et extrascolaires.
4.3
Des manquements importants aux obligations liées à la passation des
marchés
De manière générale, pour les achats ayant fait l’objet d’un marché, les procédures de
mise en concurrence ont été entachées de nombreux manquements aux règles de la commande
publique. Si la commune n’a signalé aucun contentieux, la chambre a relevé de nombreux
échanges avec les services en charge du contrôle de légalité de la préfecture signalant des
irrégularités majeures dans la passation des marchés.
COMMUNE DE GHISONACCIA
42
À titre d’exemple, en 2023, la commune a attribué et notifié les marchés de travaux dans
le cadre d’une opération de construction de bureaux dans le bâtiment de la poste de Ghisonaccia.
La transmission des marchés aux services du contrôle de légalité a conduit le maire, face à des
irrégularités substantielles conduisant le préfet à demander le retrait des marchés, à résilier ces
derniers et à payer les indemnités subséquentes s’élevant à près de 18 000 €. Les services de
l’Etat avaient notamment relevé une inégalité de traitement des candidats à travers la méthode
de notation des offres, la prise en compte d’offres variables selon le nombre de lots susceptibles
d’être obtenus, ainsi qu’une analyse des offres qui ne s’est pas faite selon les critères et
sous-critères énoncés dans le règlement de consultation, conduisant à une notation
approximative du critère relatif à la valeur technique.
En 2013, la commune s’est engagée dans un projet de construction d’un complexe
sportif sur un terrain de près de neuf hectares. À la suite de divers aléas et retards pris dans le
lancement du chantier nécessitant notamment le dépôt d’un nouveau permis d’aménager (études
archéologiques et environnementales), ce n’est qu’en octobre 2023 soit 10 ans après la décision
de construire, que les premiers marchés de travaux ont été notifiés aux entreprises.
L’examen de ces marchés, intervenus après une première procédure classée sans suite
pour motif d’intérêt général, motivée par l’inflation des matériaux, a révélé plusieurs
irrégularités
70
dans la procédure de passation, dont des difficultés liées à la transmission des
marchés aux services du contrôle de légalité
.
Par ailleurs, plus généralement, une proportion significative de procédures a été déclarée
sans suite. La chambre rappelle à la commune qu’elle ne peut déclarer sans suite une procédure
que dans des cas très précis. Les articles R. 2185-1 et R. 2185-2 du code de la commande
publique imposent à l’acheteur d’informer, dans les plus brefs délais, les soumissionnaires des
raisons de sa décision. Ces motifs doivent être énoncés de façon non équivoque et ne doivent
pas traduire une faute ou des carences de l'administration. Or, nombre de consultations ont été
déclarées sans suite par la commune au motif que le projet devait être modifié. Cette motivation,
qui démontre une mauvaise définition du besoin, n’est pas un motif d’intérêt général
71
.
Face au constat que nombre de procédures n’enregistrent qu’une seule offre par lot, la
commune n’a pas été en mesure de communiquer à la chambre les avis de publicité permettant
d’apprécier la régularité de la mise en concurrence, en particulier le délai laissé aux entreprises
pour remettre une offre, ainsi que les supports de publication.
De fait, pour les marchés de gros œuvre et maçonnerie, qui représentent les lots les plus
importants, la plupart des contrats se partagent entre les deux mêmes titulaires sur toute la
période sous contrôle.
70
Des offres ont été retenues alors que des pièces nécessaires à l’information de l’acheteur, n’ont pas été
communiquées (mémoire technique du co-traitant, moyens matériels et humains dédiés au projet) et étaient de
nature à rendre l’offre du candidat irrégulière ou a minima à régulariser. Cette absence était un motif suffisant pour
rejeter l’offre reçue. Par ailleurs, un sous-critère de la valeur technique sans lien avec l’objet du marché et donc
irrégulier est venu entacher d’illégalité la procédure de notation des offres. Sur d’autres lots, il a été relevé des
régularisations intervenues sans mention dans le procès-verbal de la commission d’appels d’offres et l’absence de
mise en œuvre d’une procédure d’offre anormalement basse pourtant justifiée par l’écart substantiel avec
l’estimation de la maîtrise d’œuvre.
71
La décision ainsi motivée est de nature à engager la responsabilité pour faute de l’administration.
Cf.
CAA de Marseille, 6ème chambre, 25/10/2021, 19MA02455, Inédit au recueil Lebon.
COMMUNE DE GHISONACCIA
43
Dans sa réponse, le maire fait valoir que ces attributions refléteraient la situation locale,
ainsi que les capacités techniques et financières des titulaires concernés.
La chambre recommande vivement à la commune, afin de susciter une plus large
concurrence, de :
-
Publier, même en deçà des seuils obligatoires, les avis de publicité au bulletin officiel des
annonces des marchés publics (BOAMP) et dans des journaux spécialisés correspondant
au secteur économique concerné par le besoin. La publicité faite sur de multiples supports
assure une plus grande visibilité et est susceptible d’atteindre un plus grand nombre
d’opérateurs, alors incités à déposer une offre.
-
Convier systématiquement à ses commissions d’appels d’offres le représentant de la
direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités (DREETS).
-
Effectuer des consultations ou réaliser des études de marché, solliciter des avis, informer
les opérateurs économiques du projet dans les conditions prévues à l’article R. 2111-1 du
code de la commande publique.
En réponse, le maire indique qu’afin de garantir une mise en concurrence plus large et
transparente à l'avenir, la commune s'engage à analyser le tissu économique local, à porter une
attention particulière aux critères de jugement des offres et à élargir les supports de publicité.
4.4
Un défaut de transparence dans l’attribution des marchés
4.4.1
L’absence de collégialité pour l’attribution des marchés
Une commission d’appel d’offres a été régulièrement constituée par délibération du
23 mai 2020. Elle est chargée d’attribuer les marchés dont les montants sont supérieurs aux
seuils européens et qui sont passés selon une procédure formalisée.
La chambre a demandé communication des procès-verbaux des réunions de la
commission d’appel d’offres. Seuls ceux concernant les réunions concernant l’opération de
construction du complexe sportif ont été remis. La commune a par ailleurs indiqué ne pas avoir
retrouvé les procès-verbaux de la commission d’appel d’offres concernant la fourniture de repas
pour le service de restauration scolaire
72
.
72
N°2020-07 – Fournitures repas service de restauration scolaire.
N°2023-03 Fournitures repas restaurant scolaire.
COMMUNE DE GHISONACCIA
44
Pour les marchés dont l’estimation se situe en dessous des seuils des procédures
formalisées
73
, le règlement intérieur de la commune de 2010 mentionné
supra
avait institué une
commission des marchés
ad hoc
amenée à se prononcer sur le choix des entreprises. Cette
commission avait pour objectif de rendre collégiale la décision d’attribution du marché.
Présidée par le maire, elle devait être composée d’un adjoint au maire et d’un conseiller
municipal et
« si le maire le juge nécessaire, au vu de l’importance du marché à attribuer,
d’autres membres du conseil municipal ».
Or, suite aux élections intervenues en 2014 et 2020, aucune nouvelle commission
ad
hoc
n’a été constituée.
Il en résulte que tous les marchés passés selon la procédure adaptée, c’est à dire la quasi-
totalité des marchés passés par la commune, sont attribués par le maire sans aucune consultation
préalable, ce qui est néanmoins permis par les textes. En revanche, le maire se doit d’informer
le conseil municipal des marchés qu’il a attribués sur la base de la délégation consentie
(cf.
infra
).
Dans sa réponse à la chambre, le maire s'engage à réactiver dès 2025 une commission
ad hoc
pour les marchés publics en dessous du seuil des procédures formalisées, et qui serait
mobilisée pour les projets structurants de la ville.
4.4.2
L’absence de compte-rendu au conseil municipal des décisions prises par le
maire en matière de marchés publics
Le conseil municipal a une compétence générale de droit commun pour régler par ses
délibérations les affaires de la commune. Il peut néanmoins déléguer au maire un certain
nombre d’attributions limitativement énumérées à l’article L. 2122-22 du CGCT.
À Ghisonaccia, le maire bénéficie d’une large délégation en matière de marchés
publics : une délibération du 23 mai 2020 lui permet de
« prendre toute décision concernant la
préparation, la passation, l’exécution et le règlement des marchés et des accords-cadres ainsi
que toute décision concernant leurs avenants, lorsque les crédits sont inscrits au budget ».
La
délégation ne limite pas en montant l’autorisation accordée.
Ainsi, seul le maire a le pouvoir de viser et de signer les bons de commande et les
marchés publics pour tous les budgets, et ce, quel que soit le montant.
En contrepartie des délégations qui lui sont consenties, en vertu des dispositions de
l’article L. 2122-23 du CGCT, le maire doit rendre compte à chacune des réunions obligatoires
du conseil municipal.
Or, la chambre observe que les procès-verbaux du conseil municipal de 2018 à 2023 ne
mentionnent pas de décisions prises par le maire en matière de commande publique.
L’information du conseil municipal prévue par l’article L. 2122-22 du CGCT n’est donc pas
exhaustive.
73
soit à la date d’adoption du règlement, 193 000 € HT pour les fournitures et services et 4 845 000 €
pour les travaux.
COMMUNE DE GHISONACCIA
45
La chambre rappelle l’obligation du maire de rendre formellement compte à son conseil
municipal de toutes les décisions prises sur délégation de ce dernier.
Rappel du droit n° 7 :
Rendre compte au conseil municipal de toutes les décisions prises
par le maire en matière de marchés publics en vertu de la délégation que le conseil lui a
accordée, conformément à l’article L. 2122-23 du code général des collectivités territoriales.
Dans sa réponse, le maire reconnaît qu'aucune décision formelle concernant les marchés
publics n'a été portée à la connaissance du conseil municipal entre 2018 et 2023, malgré les
obligations prévues par le CGCT. Toutefois, il indique que depuis novembre 2024, un processus
a été mis en place pour informer le conseil municipal de ses décisions.
4.4.3
L’absence de publication des données essentielles
Les dispositions de l’article R. 2132-2 du code de la commande publique imposent la
création d’un profil acheteur et la publication sur celui-ci des marchés dont la valeur est
supérieure ou égale à 40 000 € HT (ou 25 000 € avant le 1er janvier 2020).
Depuis le 1
er
janvier 2024, cette démarche d’ouverture des données, gage de
transparence, a été renforcée et davantage normée : les données essentielles des marchés notifiés
en 2024 doivent désormais, selon une liste précise, être publiées sur le portail national des
données ouvertes
74
.
La commune ne respecte pas cette prescription de publication annuelle. La liste des
marchés passés n’est notamment pas accessible sur son site internet.
La chambre lui rappelle donc son obligation de publier les données essentielles relatives
aux marchés publics selon les dispositions applicables.
Rappel du droit n° 8 :
Procéder à la publication des données essentielles relatives aux
marchés publics conformément à l’article R. 2196-1 du code de la commande publique
Dans sa réponse, le maire indique que depuis 2024, la commune publie les données
essentielles relatives aux marchés notifiés sur le portail national des données ouvertes. Pour
renforcer la transparence, il s'engage à rendre accessible, au cours de l'année 2025, ces données
sur la page internet de la collectivité.
74
Article R. 2196-1 du code de la commande publique. Les données sont listées par l’arrêté du
22 décembre 2022 relatif aux données essentielles des marchés publics.
COMMUNE DE GHISONACCIA
46
4.5
L’examen d’une opération d’investissement : la construction de la
crèche et du centre de loisirs sans hébergement
Le 31 janvier 2024, la commune a inauguré un bâtiment accueillant une crèche et un
centre de loisirs sans hébergement (CLSH), en réponse à la forte demande des familles pour
l’obtention d’un mode de garde collectif et au regard de l’exiguïté des locaux existants. La
crèche ouverte en septembre 2023, dotée d’une capacité de 43 places, est destinée à l’accueil
d’enfants de trois mois à quatre ans. L’opération a fait suite à une décision du conseil municipal
du 25 mai 2018, intervenue près d’un an après la notification du marché de maîtrise d’œuvre,
alors qu’elle aurait dû lui être préalable.
Ce projet d’une superficie utile de 1100m², dont 700 m² pour la crèche, était évalué à
2 450 000 € HT, dont 1 800 000 € HT pour les travaux.
4.5.1
Une définition approximative du besoin générant des surcoûts
La délibération susvisée a fixé le coût du projet à 2 450 000 € HT.
Pour financer cette opération, la ville s’est fondée sur un plan de financement très
favorable, ne lui laissant un reste-à-charge que de 20 % par rapport au coût final, l’Etat et la
collectivité de Corse prenant à leur compte 80 % du financement soit 980 000 € HT chacun.
Un marché de « maîtrise d'œuvre » a été passé avec un groupement solidaire de maîtrise
d’œuvre. Dans le marché notifié le 24 août 2017, le coût prévisionnel des travaux s’élevait
initialement à 1 800 000 € HT et le taux de rémunération est fixé à 8 % de ce dernier.
Le 12 décembre 2018, un avenant est passé au marché de maîtrise d’œuvre pour arrêter
l’estimation des travaux de construction de la nouvelle structure (au stade de l’avant-projet
détaillé) à hauteur de 2 287 925 €HT, soit une hausse de plus de 27 %. Le conseil municipal
n’a pas été informé de l’accroissement de cette enveloppe.
Ainsi, avant même le démarrage des travaux, l’enveloppe financière allouée aux travaux
est passée de 1,8 M€ à 2,3 M€ en raison de :
a)
La reconstitution du sol, suite aux conclusions de l’étude géotechnique faisant
apparaître une qualité de sol incompatible avec la réalisation de fondations du bâtiment ;
b)
L’augmentation de superficie de certaines zones, après consultation des services de la
petite enfance.
Ces travaux, qui ont eu également des incidences sur la rémunération de la maîtrise
d’œuvre, reflètent une mauvaise définition du besoin et des études de sol préalables
insuffisantes.
COMMUNE DE GHISONACCIA
47
4.5.2
Des irrégularités dans la passation des marchés de travaux
La commune a fait le choix de lancer une procédure adaptée en application des articles
L.2123-1 et R.2123-1-1 du code de la commande publique. Un avis d’appel public à la
concurrence a été publié le 14 décembre 2018 sur son profil d’acheteur et dans un journal
d’annonces légales (« Le petit bastiais »), avec une date limite de réception des offres fixée au
31 janvier 2019.
S’il est évident que le choix du support de publicité est fonction du montant du marché
public, il doit aussi être adapté à l’objet, à la nature, à la complexité, au degré de concurrence
entre les entreprises concernées et assurer une audience suffisante. La publicité choisie doit
garantir l’efficacité de l’achat, c’est-à-dire être à même de susciter la concurrence optimale. La
chambre considère qu’en l’espèce, pour une opération de travaux de plus de 2 M€, la publicité
méritait d’être élargie.
Sans avoir donné lieu à contentieux, l’attribution des marchés de travaux appelle les
observations suivantes.
Les travaux ont été décomposés en 9 lots et les critères de jugement des offres retenus
étaient le prix des prestations pour 40 % et la valeur technique de l’offre pour 60 %, sans que
cette dernière soit décomposée en sous-critères.
La valeur technique a été examinée dans les rapports d’analyse des offres à travers
plusieurs aspects que sont les moyens humains et matériels, la compréhension du projet, les
moyens mis en œuvre pour garantir la santé et la sécurité du chantier, la gestion des déchets, le
respect des délais et la qualité des prestations.
S’agissant de marchés de travaux dont les prestations ont été définies par une équipe de
maîtrise d’œuvre, la pondération du critère « valeur technique » à hauteur de 60 % est élevée
puisque les offres des entreprises doivent répondre en tous points aux prescriptions des cahiers
des clauses techniques particulières.
Sur les 9 lots, 4 ont été attribués, un lot a été déclaré infructueux et 4 ont fait l’objet de
négociations avec les soumissionnaires.
Les rapports d’analyse des offres ne contiennent aucune mention des négociations
menées avec les entreprises. La négociation s’est en fait résumée en une simple phase de
dialogue sur le volet technique de l’offre, dont l’objectif était d’obtenir des confirmations sur
des points techniques.
Par ailleurs, un lot a été attribué à une entreprise pourtant classée deuxième par la
maîtrise d’œuvre, ayant proposé une offre plus onéreuse et techniquement moins bien notée.
Interrogée sur ce point, la commune a indiqué que l’entreprise classée première n’avait pas
fourni l’ensemble des attestations administratives obligatoires (attestations fiscales et sociales),
malgré une demande formelle envoyée le 14 janvier 2020 et que le marché a donc été attribué
à l’entreprise classée deuxième.
COMMUNE DE GHISONACCIA
48
Au final, les marchés de travaux ont été attribués comme suit :
Tableau n° 15 :
Liste des marchés, avenants et marchés complémentaires de travaux
Source/note : Chambre régionale des comptes à partir des données transmises par la commune.
La procédure a exclu
de facto
la commission d’appel d’offres, qui aurait pu être
utilement convoquée pour émettre un avis, avant attribution des marchés par le pouvoir
adjudicateur, eu égard au montant de l’opération.
Les marchés, avenants compris, qui auront donc connu une hausse globale de 12,7 % de
leurs coûts, soit un montant final de 2,3 M€ HT, ont, de même, été attribués par le maire sans
que le conseil municipal en ait été informé.
4.5.3
La hausse de 40 % de l’enveloppe financière
Suite à la découverte de pollution des sous-sols et à l’étude géothermique qui s’en est
suivie, des travaux complémentaires, chiffrés à presque 550 000 € en décembre 2020, ont été
réalisés.
Par ailleurs, des modifications des plans (biberonnerie — cuisine — cloison — plan de
change) ont également entraîné des coûts supplémentaires.
Le montant final concernant la construction de la crèche est de 3 776 002 € TTC, soit
une augmentation de l’enveloppe initiale de plus de 40 % et une prise en charge par la commune
plus importante que celle présentée au conseil municipal.
Ces constats mettent en exergue une carence dans la phase de programmation, qui vise
à réunir l’ensemble des conditions nécessaires à la réalisation d’un projet maîtrisé.
N°
lot
Objet
Montant attribué
HT
Montant des
avenants HT
Montant total
HT
1
Terrassements VRD Gros œuvre
817 957
149 711
967 668
2
Couverture bis charpente
189 988
26 429
216 417
3
Pergolas parement bois
74 580
7 277
81 857
4
Menuiseries intérieures extérieures
258 110
30 474
288 585
5
Ouvrages plâtre
180 595
33 159
213 753
6
Revêtement de sols et faïence
134 933
2 015
136 948
7
Peinture
31 951
31 951
8
Electricité CFO CFA SSI
156 145
156 145
9
Plomberie
214 765
13 567
228 332
Total
2 059 024
262 632
2 321 656
COMMUNE DE GHISONACCIA
49
Au final, la réception du chantier est intervenue en juin 2023, soit plus de six ans
75
après
la décision du conseil municipal. Après avoir accueilli 34 enfants au 1
er
septembre 2023,
l'activité de la crèche est aujourd’hui à son maximum, avec 43 enfants inscrits.
______________________ CONCLUSION INTERMÉDIAIRE ______________________
La commune de Ghisonaccia ne s’est pas dotée des outils fondamentaux pour assurer
le suivi de ses achats publics – et, par conséquent, respecter les seuils de formalisation – ou la
traçabilité de ses marchés, notamment en matière d’analyse des offres et d’archivage des pièces
contractuelles.
Des atteintes aux règles de la commande publique, en particulier en matière de publicité
et de mise en concurrence, constituent des irrégularités et des défaillances de gestion pour
lesquelles la chambre émet plusieurs recommandations. La commune s’est également dispensée
de procédures de mise en concurrence et de publicité pour nombre d’achats qui y étaient
pourtant soumis.
Plus globalement, la commune devra renforcer ses outils et procédures en matière de
commande publique, en consolidant son organisation « achat ».
Dans sa réponse aux observations de la chambre, le maire reconnaît les lacunes
identifiées par la chambre et indique que la commune poursuivra les efforts entrepris en 2024
pour améliorer la gestion et la transparence des marchés publics.
75
La durée globale prévisionnelle d'exécution du marché de maîtrise d'œuvre notifié en mai 2017 était
fixée à 30 mois.
COMMUNE DE GHISONACCIA
50
ANNEXES
Annexe n° 1. Évolution des impôts directs locaux
..........................................................
51
Annexe n° 2. Liste des principaux investissements (budget principal)
...........................
52
Annexe n° 3. Prospective pluriannuelle de fonctionnement détaillée
.............................
54
Annexe n° 4. Prospective pluriannuelle d’investissements
.............................................
56
Annexe n° 5. Performances financières du budget assainissement
.................................
57
COMMUNE DE GHISONACCIA
51
Annexe n° 1. Évolution des impôts directs locaux
Impôts directs locaux
2019
2020
2021
2022
2023
Taxe Foncière sur les
Propriétés Bâties
Bases
5 209 649
5 347 037
5 236 872
5 510 574
6 173 913
Taux
3,58 %
3,58 %
16,48 %
16,48 %
16,48 %
Produits en €
186 505
191 424
863 037
908 143
1 017 461
Taxe Foncière sur les
Propriétés Non Bâties
Bases
15 642
19 768
19 614
22 498
28 631
Taux
36,20 %
36,20 %
36,20 %
36,20 %
36,20 %
Produits en €
5 662
7 156
7 100
8 144
10 364
Taxe d’Habitation sur les
résidences principales et
secondaires
Bases
5 786 465
5 923 670
1 362 176
1 555 876
Taux
16,04 %
16,04 %
16,04 %
16,04 %
Produits en €
928 149
950 157
203 452
218 493
249 563
Effet du
coefficient
correcteur
226 936
239 374
268 275
Cotisation Foncière des
Entreprises
Bases
1 304 240
1 326 088
1 273 468
1 285 605
1 405 985
Taux
8,16 %
8,16 %
8,16 %
8,16 %
8,16 %
Produits en €
106 426
108 209
103 915
104 905
114 728
Total
1 226 743
1 256 945
1 404 440
1 479 059
1 660 391
Source/note : Chambre régionale des comptes d’après les états de notification délivrés par la Direction Départementale des
Finances Publiques.
COMMUNE DE GHISONACCIA
52
Annexe n° 2.
Liste des principaux investissements (budget principal)
n°
Opération budgétaire
Opération
État
d'avancement
Coût réalisation
HT
19
GROUPE SCOLAIRE
Numérisation des écoles
réalisé
92 958,00 €
21
BÂTIMENTS COMMUNAUX -
MAINTENANCE
Fourniture et pose d'un bâtiment modulaire à
usage scolaire
réalisé
76 510,00 €
21
BÂTIMENTS COMMUNAUX -
MAINTENANCE
VIDÉOSURVEILLANCE
39 370,42 €
22
VRD- ÉCLAIRAGE PUBLIC-VOIRIE
Travaux courants du réseau routier communal
réalisé
557 023,50 €
22
VRD- ÉCLAIRAGE PUBLIC-VOIRIE
Travaux de rénovation et amélioration des
performances énergétiques des installations
d'éclairage public
réalisé
339 620,00 €
22
VRD- ÉCLAIRAGE PUBLIC-VOIRIE
Rénovation de la rue St Michel/ Concorde
réalisé
329 189,86 €
37
ACQUISITION DE MATÉRIEL
Acquisition d'une balayeuse
réalisé
188 856,00 €
37
ACQUISITION DE MATÉRIEL
Acquisition camion nacelle
réalisé
23 900,00 €
46
COMPLEXE SPORTIF ROUTE DE LA
MER
en cours
921 002,47 €
49
CASERNE SAPEURS POMPIERS
Extension centre de secours
réalisé
367 719,45 €
50
NOUVEAU CIMETIÈRE
Nouveau cimetière route de Ghisoni
réalisé
593 967,30 €
53
BÂTIMENT ADMINISTRATIF RUE
SAINT MICHEL
lancé
COMMUNE DE GHISONACCIA
53
n°
Opération budgétaire
Opération
État
d'avancement
Coût réalisation
HT
55
CRÈCHE MULTI ACCUEIL ET CLSH
réalisé
3 692 134,24 €
56
CRÉATION JARDIN PARTAGE
réalisé
21 296,66 €
58
RÉSEAUX EAUX PLUVIALES ET
VOIRIES (gifi)
réalisé
1 405 697,67 €
60
CONSTRUCTION NOUVEAU
GROUPE SCOLAIRE
lancé
65
ACQUISITIONS FONCIÈRES
Acquisition Casa Romani
réalisé
293 800,00 €
66
RÉSIDENCE SENIORS
lancé
24 063,88 €
67
FICHE 9 ET 14 PLUVIAL
en cours
7 536,00 €
68
RÉNOVATION ET DIAGNOSTIC
BÂTIMENTS COMMUNAUX
Rénovation Bâtiment Donsimoni
réalisé
145 678,80 €
70
PLU ET ÉTUDES DIVERSES
71
ADRESSAGE
en cours
73
DIAGNOSTIC ÉNERGÉTIQUE BAT.
COMMUNAUX
74
DÉMOLITION DÉSAMIANTAGE
CRÈCHE ET CERVETTI
Démolition et Désamiantage
en cours
75 212,39 €
75
PLAN GUIDE
Étude plan guide du centre bourg
En cours
29 536,50 €
LOGICIEL PORTAIL FAMILLE
(crèche, cantine)
réalisé
14 077,59 €
MARCHE DE VÉGÉTALISATION
en cours
9 488,97 €
Source : données transmises par la commune.
COMMUNE DE GHISONACCIA
54
Annexe n° 3. Prospective pluriannuelle de fonctionnement détaillée
2023
2024
2025
2026
2027
Indications / hypothèses de travail
Ressources fiscales propres
2 285 769
1 954 199
2 080 068
2 129 053
2 179 231
État du consommé estimé au 31/12/2024 – puis à compter 2025 :
pour impôts directs locaux : + 2,5 %/an + 80 000 € (majoration
THRS)
Pour les autres taxes : + 1,5 %/an
+ Fiscalité reversée
139 515
559 561
507 848
516 342
525 048
Compensation CVAE : montant perçu en 2024 puis + 2,5 % /an
FPIC : montant notifié 2024 puis 50 000 €/an - FNGIR figé 2024
= Fiscalité totale (nette)
2 425 284
2 513 760
2 587 916
2 645 395
2 704 279
+ Ressources d'exploitation
555 338
620 567
636 082
647 710
659 566
État du consommé estimé au 31/12/2024 - puis + 2,5 %/an pour
ventes, produits des services et + 1,5 % /an pour les revenus locatifs
+ Ressources institutionnelles
1 669 200
1 804 661
1 976 109
2 002 395
2 029 894
DGF figée 2024. FCTVA : BP 2024 puis + 10 %/an.
Autres participations : moyenne années précédentes puis 10 %/an.
Compensation autres que DCRTP : 2 % par an.
Participations CAF : montants notifiés en 2024 et 2025, puis 5 %/an.
+ Production immobilisée, travaux régie
30 688
57 612
58 764
59 940
61 138
En 2024 : moyenne de 2019 à 2023, puis 2 %/an
= Produits de gestion
4 680 510
4 996 600
5 258 871
5 355 440
5 454 877
COMMUNE DE GHISONACCIA
55
2023
2024
2025
2026
2027
Indications / hypothèses de travail
Charges à caractère général
1 675 859
1 748 773
1 792 492
1 837 304
1 883 237
Total mandaté et engagé au 11/12/2024 - puis + 2,5 % /an (inflation)
+ Charges de personnel
1 579 562
2 159 000
2 202 180
2 246 224
2 291 148
État du consommé estimé au 31/12/2024 - puis + 2 % /an (évolution
annuelle moyenne observée les années précédentes)
+ Subventions de fonctionnement versées
(CCAS, associations)
185 700
144 400
145 844
147 302
148 775
État du consommé estimé au 31/12/2024 - puis + 1 % /an
+ Autres charges de gestion (indemnités élus
et autres)
145 827
168 167
169 849
171 547
173 263
État du consommé estimé au 31/12/2024 - puis + 1 % /an
= Charges de gestion
3 586 948
4 220 340
4 310 365
4 402 377
4 496 423
2023
2024
2025
2026
2027
Indications / hypothèses de travail
Produits réels de fonctionnement
4 680 510
4 996 600
5 258 871
5 355 441
5 454 877
Charges réelles de fonctionnement
3 586 949
4 220 340
4 310 365
4 402 378
4 496 423
Excédent brut de fonctionnement
1 093 561
776 260
948 506
953 063
958 454
Résultat financier négatif
- 75 596
- 75 971
- 75 971
- 75 971
- 75 971
Intérêts de la dette : moyenne 19-23 figée.
Capacité d'autofinancement brute
1 017 965
700 289
872 535
877 092
882 483
Source : Chambre régionale des comptes à partir des documents transmis et des hypothèses partagées avec la commune.
COMMUNE DE GHISONACCIA
56
Annexe n° 4. Prospective pluriannuelle d’investissements
Tableau n° 16 :
Détails des opérations en AP/CP (en euro)
Opération
Montant total
du projet
CP 2024
CP 2025
CP 2026
CP 2027
CP 2028
Complexe sportif
8 398 500
4 723 733
3 674 767
Calibrage du réseau pluvial
2 332 000
1 250 000
1 082 000
Construction école maternelle
5 739 778
573 978
2 582 900
2 582 900
Bâtiment administratif
7 054 834
705 483
3 174 675
3 174 675
Résidence autonomie
4 620 000
462 000
2 079 000
2 079 000
Projet alimentaire territorial
340 560
9 000
300 000
31 560
Total
28 485 672
5 982 733
6 336 228
6 251 135
7 836 575
2 079 000
Source : Chambre régionale des comptes à partir des délibérations et des hypothèses transmises par la commune.
COMMUNE DE GHISONACCIA
57
Annexe n° 5. Performances financières du budget assainissement
(en €)
2019
2020
2021
2022
2023
Moyenne
Chiffre d'affaires
105 000
19 500
4 000
8 500
4 500
28 300
+ redevances versées par le prestataire
81 577
66 344
54 822
15 882*
56 240
54 973
= Ressources d'exploitation
186 577
85 844
58 822
24 382
60 740
83 273
= Produit total
186 577
85 844
58 822
24 382
60 740
83 273
- Consommations intermédiaires
1 500
1 724
2 736
23 313
3 833
0
= Valeur ajoutée
185 077
84 120
56 086
1 069
56 907
76 652
- Charges de personnel
0
0
0
0
0
0
+ Subvention d'exploitation
27 007
15 031
7 729
0
0
9 953
+ Autres produits d’exploitation
0
0
0
29 256*
0
= Excédent brut d'exploitation
212 084
99 151
63 815
30 325
56 907
92 456
En % du produit total
113,67 %
115,50 %
108,49 %
124,37 %
93,69 %
111,14 %
+/- Résultat financier
- 7 300
- 7 097
- 9 181
- 9 135
- 9 892
- 8 521
+/- Résultat exceptionnel (réel, hors
cessions)
- 2 000
- 35 500
- 1 500
0
0
- 7 800
= CAF brute
202 784
56 554
53 134
21 190
47 015
76 135
En % du produit total
108,69 %
65,88 %
90,33 %
86,91 %
77,40 %
85,84 %
* Montant sous-évalué, car une partie de la redevance versée par le prestataire a été imputée par erreur sur le compte 752 (revenus
immeubles dans les « autres produits d’exploitation »).
Source : Chambre régionale des comptes à partir des comptes de gestion.
COMMUNE DE GHISONACCIA
58
RÉPONSE DE M. FRANCIS GIUDICI
ORDONNATEUR
COMMUNE DE GHISONACCIA
59
COMMUNE DE GHISONACCIA
60
COMMUNE DE GHISONACCIA
61
COMMUNE DE GHISONACCIA
62
COMMUNE DE GHISONACCIA
63
Chambre régionale des comptes Corse
Quartier de l’Annonciade
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20297 Bastia Cedex
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« La société a le droit de demander compte
à tout agent public de son administration »
Article 15 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen
Les publications de la chambre régionale des comptes Corse sont disponibles sur le site :
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