RAPPORT D’OBSERVATIO
NS DEFINITIVES 
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SYNTHÈSE 
La prise en charge des enfants de moins de 3 ans relève en France 
d’une 
pluralité d
’acteurs et de dispositifs 
publics ou privés, essentiellement financés 
par de l’argent public. Les collectivités territoriales y jouent un rôle
essentiel, 
dans le financement et surtout dans 
la mise en œuvre opérationnelle
de 
l’accueil
En 2022, 1,3 
million de places d’accueil
, aidées et encadrées par les pouvoirs publics 
(accueil formel) étaient proposées en France aux 2,2 
millions d’enfants de moins de trois ans, 
soit 
environ 59 places pour 100 enfants.
Par ailleurs, 11 % des parents étaient indemnisés par 
la prestation partagée d'éducation de l'enfant (Prepare) et près de 30 
% de l’ensemble des 
parents ne bénéficiaient ni de place d’accueil, ni d’aide. 
L’
offre 
proposée aux familles repose essentiellement sur deux modes d’accueil. 
Les 
assistantes maternelles
, agréées par la protection maternelle et infantile et salariées des 
parents, qui 
peuvent accueillir chacune jusqu’à quatre enfants
: 
elles proposent plus de la 
moitié des places d’accueil formel, avec près de
52 % des places
, mais leur offre est en net 
recul depuis 2013. 
Et les structures 
d’accueil 
collectif (crèches)
, dont le nombre a augmenté 
d’un
quart depuis 2013 : 
elles
proposent près de 38 
% des places d’accueil formel
. 
Le 
financement des crèches est assuré majoritairement par la branche famille de 
la sécurité sociale
, à travers les caisses d’allocation familiales (CAF). Mais 
les concours 
financiers des CAF additionnés à la participation financière des familles sont plafonnés aux 
deux tiers de leur coût de revient. 
Les crèches doivent donc
obtenir un financement 
complémentaire qui provient le plus souvent de subventions communales, quand la crèche 
est gérée par la commune ou par une association
, ce qui correspond au cas de figure le plus 
répandu, ou 
du versement d’employeurs
en contrepartie de la réservation de berceaux, quand 
les crèches sont gérées par des entreprises du secteur marchand. 
La situation de la région Bourgogne-Franche-Comté reproduit, en les 
amplifiant, les caractéristiques nationales de l’accueil du jeune enfant
: un 
niveau élevé de l’offre, 
des inégalités spatiales entre départements et entre 
territoires urbains et ruraux 
La région Bourgogne-Franche-
Comté bénéficie d’un niveau d’accueil
des enfants 
de moins de trois ans 
nettement plus élevé que la moyenne nationale, avec 67 places pour 
100 enfants
, globalement constant sur la période 2017-2021 contrôlée par la chambre. Cette 
situation favorable est principalement due à 
un niveau important d’offre d’accueil individuel
, 
par les assistantes maternelles. 
Cette prédominance 
de l’accueil individuel 
constitue pour 
l’
offre 
d’accueil régional
autant un atout qu’un risque, 
en raison de la forte baisse du nombre places proposées par les 
assistantes maternelles, notamment du fait de leur départ massif à la retraite. Ce sont ainsi
5 000 
places qui ont été perdues ces cinq dernières années
. 
L’offre d’accueil collecti
f
, par les 
crèches, qui connaît en Bourgogne-Franche-Comté comme au niveau national un certain 
 
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dynamisme
, ne pourra pas 
compenser la baisse de l’accueil indivi
duel attendue 
d’ici 2030. 
Car
50 % des assistantes maternelles vont partir en retraite entre 2023 et 2030 et seule une partie 
d’entre elles sera remplacée.
Dans ce contexte, les 
inégalités importantes 
dans le niveau de l’offre d’accueil
qui 
existent 
entre les huit départements de la région et,
au sein de chacun d’entre eux, 
entre 
territoires à dominantes urbaines
(où les places en crèches sont nettement plus nombreuses 
et progressent, notamment 
sous l’effet du développement de
s micro-crèches privée) 
et rurales
(où l’accueil individuel est sauf exception 
très dominant), 
sont destinées à se creuser
. 
Ces 
inégalités spatiales se doublent 
d’inégalités sociales
, dans la mesure où les restes à charge 
pour les familles diffèrent selon les modes d’accueil
: les crèches qui appliquent le barème 
national de la Caisse nationale d’allocations familiales (Cnaf) en contrepartie d
e ses 
financements sont, pour les familles les moins aisées, plus accessibles que les assistantes 
maternelles ou les crèches privées lucratives. 
Sans être financièrement prépondérante, l’action des collectivités 
territoriales est au cœur de la politique d’accueil du jeune enfant
: les 
contrôles de la chambre régionale Bourgogne-Franche-Comté illustrent 
leurs initiatives pour mieux répondre aux besoins des familles et mettent en 
évidence les limites de leur action 
Les
moyens à disposition des collectivités territoriales
pour agir et adapter l’offre 
d’accueil à l’évolution des besoins des familles et des enfants
sont structurants
, aussi bien 
pour 
l’organisation de l’offre d’accueil des enfants de moins de trois ans, que pour sa gestion
. 
Les départements ont la charge, aux côtés des CAF, de l
’autorisation 
et du contrôle de la qualité 
de l
’offre
; les communes ou leur EPCI créent des places de crèches et en assurent la gestion ; 
elles 
jouent aussi un rôle important d’
information et 
d’
accompagnement des parents et des 
assistantes maternelles du territoire, dans le cadre des réseaux petite enfance. 
Avec la 
généralisation des schémas départementaux des services aux familles 
(SDSF) à partir de 2022, la coordination des actions en faveur de la petite enfance a 
progressé
. Chaque département dispose désormais 
d’un état des lieux partagé et identifie des 
actions prioritaires à mener. Sans être prescriptifs, les SDSF constituent néanmoins un cadre de 
référence pour les politiques communales et l
es plus détaillés d’entre eux peuvent avoir un effet 
d’entrainement
sur le développement de l’accueil du jeune enfant
. 
Pour autant, la 
coordination 
des actions à l’échel
le intercommunale, pourtant promue par les CAF dans 
le cadre de leur conventions globales territoriales
, n’est pas systématique, ce qui peut 
être 
problématique
. Car une vision des besoins 
à l’échelle des bassins de vie
, prenant en compte 
les dynamiques de déplacement domicile-travail 
est en effet à même d’apporter les réponses les 
plus adaptées à ces besoins. Ainsi, dans les deux grands pôles urbains de Bourgogne-Franche-
Comté (
Besançon et Dijon), l
’exercice de la
compétence petite enfance reste strictement 
communal
, tandis que dans les territoires à dominante rurale, la politique d’accueil du jeune 
enfant reste inégalement intégrée. 
C
onfrontées à une forte érosion de l’accueil individuel
, alors qu’il représente toujours
une part importante de l’offre d’accueil, 
toutes les 
collectivités territoriales de la région ne se 
sont pas emparées pleinement de tous les leviers
à leur disposition pour favoriser l’exercice 
professionnel des assistante maternelles, comme l’illustre le
maillage encore incomplet des 
relais petite enfance, l
eur investissement variable dans l’accompagnement des 
assistantes 
 
RAPPORT D’OBSERVATIO
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maternelles, ou le nombre encore 
modeste des maisons d’assistantes maternelles
(MAM). 
Certaines 
initiatives intéressantes prises dans 
ce domaine, à l’image de l’incubateur de 
MAM
du Grand Chalon, font exception. 
En matière de gestion des crèches, les 
exemples de Besançon, de Dijon ou du 
Grand Chalon
, montrent comment ces collectivités 
parviennent à proposer une offre élevée 
d’accueil
collectif,
financièrement accessible aux familles les plus modestes, tout en mettant 
en évidence 
l’importance des moyens 
financiers et humains à déployer pour y parvenir. 
Cet 
engagement financier constitue un frein pour des collectivités ne disposant pas du même 
potentiel financier
. 
Malgré les dispositifs d’accompagnement financier des CAF, l’accès des 
usagers ayant des besoins spécifiques (parents en insertion, enfants porteurs de handicap, 
parents ayant des horaires de travail atypiques) reste par ailleurs souvent insuffisamment pris 
en compte au titre 
de l’accueil du jeune enfant.
La qualité de 
l’accueil
du jeune enfant 
et l’accompagnement des parents 
sont une 
préoccupation de 
l’ensemble des collectivités
gestionnaires de crèches. 
L’accompagnement 
des parents primo-accédants au service progresse
à la faveur de la diversification des 
canaux d’information, de la structuration des procédures d’attribution de places
et du 
développement de lieux de soutien à la parentalité. 
La recherche
d
’une
simplification du 
traitement des demandes, par la mise en place de guichets uniques (rôle que certains relais petite 
enfance jouent déjà) et celle
d’
une plus grande transparence 
dans les règles d’attribution 
des places, permettraient de continuer à faire progresser cet accompagnement. 
Dans les collectivités qu’elle a auditées, la chambre régionale a relev
é que 
l
’accueil 
offert aux jeunes enfants profitait 
d’
une meilleure prise en compte de leurs besoins
, 
déclinée à travers la mise en place de multiples activités, et 
d’
une attention à la 
professionnalisation et aux conditions de travail des personnels. 
Cette évolution qui répond 
aux objectifs de la charte nationale d’accueil du jeune enfant, 
se heurte cependant au 
manque d’attractivité et 
aux difficultés de recrutement des métiers
du secteur de la petite 
enfance, auxquelles les collectivités arrivent inégalement à faire face, en fonction de leur taille 
et de leurs moyens. 
Les 
contrôles 
assurés par les services de protection maternelle et infantile des 
départements
constituent une condition essentielle
pour 
s’assurer de la sécurité des enfants 
pris en charge et de la prise en compte effective de la qualité
dans l’accueil
tant dans les 
crèches que par les assistantes maternelles. Les 
procédures d’examen préalable à l’exercice 
sont 
satisfaisantes, au regard des dispositifs de contrôle dont la chambre a pris connaissance dans le 
cadre de ses contrôles (départements du Doubs et de la Nièvre). Mais les services 
départementaux rencontrés par la chambre 
s’accordent sur
la 
nécessité 
d’au
gmenter la 
fréquence des visites de contrôles
. Indépendamment de ces contrôles extérieurs, les 
collectivités et les structures gestionnaires de crèches ont une responsabilité première pour 
garantir le respect des règles de sécurité et de qualité de l’a
ccueil des jeunes enfants et doivent 
elles-
mêmes déployer des contrôles réguliers des entreprises ou associations lorsqu’elles 
délèguent la gestion de places d’accueil.