COMMUNIQUÉ DE PRESSE
17 janvier 2025
ÉTABLISSEMENT PUBLIC
LE CENTRE NATIONAL DE LA MUSIQUE
Le Centre national de la musique (CNM) est né en janvier 2020 de la fusion entre le Centre
national de la chanson et quatre autres associations. Son objectif initial consistait à rassembler
les acteurs d’une filière musicale complexe, frappée par la crise du disque et le téléchargement
illégal. Paradoxalement, le CNM est né au moment où les effets négatifs de la transition
numérique s’étaient atténués, avec l’essor de l’écoute musicale en flux (
streaming
) dont les
revenus
ont permis de stabiliser le modèle économique de la musique enregistrée. La gestion de
la crise Covid a fait changer de dimension le CNM, son budget a presque triplé en comparaison
du budget total des organismes qu’il a remplacés. Malgré la sortie de crise et alors que la
musique
live
et enregistrée bénéficie d’une forte croissance du marché, le CNM se retrouve avec
des moyens beaucoup plus importants que prévus à l’origine. Il est d’autant plus urgent de
s’interroger sur la stratégie de cet opérateur de l’État et sur son impact réel sur les filières
musicales.
Des moyens en forte hausse, mais une stratégie qui manque de clarté
Le CNM se retrouve aujourd’hui avec un budget (147 M
€
en 2024) qui a presque triplé par rapport
aux moyens totaux des organismes qu’il a remplacés (53 M
€
).
En effet, avec la crise sanitaire, le CNM est devenu le bras armé de l’État pour l’octroi des crédits
d’urgence et de relance au secteur de la musique : sur les 423 M
€
de crédits exceptionnels à répartir
sur la filière musicale, il a conservé une centaine de millions d’euros. De plus, il a bénéficié de la
création en 2024 d’une taxe affectée supplémentaire (taxe streaming) qui devrait lui procurer une
ressource additionnelle prévue à 15 M
€
en rythme de croisière.
Or, cette augmentation tendancielle des ressources du CNM s’est réalisée sans évaluation préalable
des besoins et sans stratégie claire. Au demeurant, le CNM n’est pas le seul opérateur de la filière
musicale, puisque les grands opérateurs de musique classique (comme l’Opéra de Paris) sont hors
de son champ d’action, le ministère gère directement certaines aides et les organismes de gestion
collective (comme la SACEM) ont leurs propres dispositifs d’aides. Cependant, le ministère de la
Culture n’a pas formalisé de stratégie musicale globale.
Une logique de guichet, des dépenses insuffisamment étayées
Une logique de guichet et de saupoudrage des aides du CNM a prévalu.
Le montant des aides accordées est passé de 21 M
€
en 2019 à 72 M
€
en crédits de paiement en
2023 (hors droit de tirage sur la taxe spectacle). Environ un tiers des dossiers du CNM concernent
des aides à la production et un autre tiers des aides à la diffusion incluant les aides aux festivals et
les aides à l'activité de diffusion des salles de spectacles.
À ces aides spécifiques s’ajoute le droit de tirage sur la taxe spectacle à hauteur de 65 % des
contributions, soit 25 M
€
en 2023.
L’urgence d’une réforme du CNM
Le CNM doit maintenant se réformer en profondeur, afin de démontrer sa plus-value pour une filière
musicale française hétérogène, évoluant sur un marché largement mondialisé et très porteur.
Ainsi, les missions transversales du CNM comme le développement international, l’innovation et le
numérique, la structuration du tissu économique pour garantir la diversité de la filière et la
souveraineté culturelle, pourraient-elles être développées, pour passer outre les clivages entre les
filières musique
live
et musique enregistrée. Le CNM doit également repenser son fonctionnement
pour sortir de la logique de guichet, héritée de la période Covid. Il doit parfaire la prévention des
conflits d’intérêts et fiabiliser ses bilans.
Après quatre ans d’existence, il est urgent que le CNM réalise une refonte du régime d’aides dans
une logique de simplification et de décloisonnement, mette en place un contrôle des fonds
distribués, évalue leur impact sur la filière musicale et revienne à une trajectoire raisonnable de
dépenses.
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