COMMUNIQUÉ DE PRESSE
14 janvier 2025
Rapport public thématique
LA FILIÈRE EPR : UNE DYNAMIQUE NOUVELLE,
DES RISQUES PERSISTANTS
Dans son rapport sur la filière EPR publié en 2020, la Cour des comptes a mis en évidence
de mulfiples défaillances expliquant les retards et surcoûts des projets de réacteurs
nucléaires de nouvelle générafion dits EPR en construcfion ou en acfivité, notamment celui
de Flamanville. Depuis, le contexte a significafivement évolué. L’industrie
nucléaire
bénéficie d’un contexte internafional plus porteur. Le gouvernement a annoncé en février
2022 un programme de construcfion de trois paires de réacteurs EPR
2, éventuellement
complétées ensuite par quatre autres paires. Un point d’étape sur la filière nucléaire et la
mise en œuvre des recommandafions formulées par la Cour était 2020 est donc nécessaire
pour apprécier les condifions de mise en œuvre de cefte polifique aux enjeux de long terme
considérables en termes financiers, industriels, énergéfiques et environnementaux.
En moins de 4 ans, d’importants disposififs ont été mis en place pour relancer le nucléaire
Outre la nafionalisafion d’EDF depuis le 8 juin 2023, la réforme du marché européen de l’électricité et
de la future régulafion des prix de l’électricité a été adoptée par le Parlement européen en avril 2024.
Divers oufils législafifs et stratégiques ont été conçus ou sont en cours de concepfion ou de mises à
jour
: loi du 22 juin 2023 d’accélérafion du nucléaire, loi du 11 avril 2024 visant à protéger le groupe
EDF
d'un démembrement, projet de Stratégie française pour l’énergie et le climat dont font parfie les projets
de troisième Programmafion pluriannuelle de l’énergie soumise à consultafion le 4 novembre 2024 ainsi
que de Stratégie nafionale bas carbone. Parallèlement, la gouvernance du nucléaire a été réformée :
réacfivafion du conseil de polifique nucléaire en 2023, créafion de la délégafion interministérielle au
nouveau nucléaire en 2022 pour assurer la supervision par l’Etat du programme industriel de
construcfion des nouveaux réacteurs électronucléaires, renforcement du Groupement des industriels
français de l'énergie nucléaire, fusion de l’Autorité de sûreté nucléaire et de l’Insfitut de radioprotecfion
et de sûreté nucléaire en 2024.
Des retours d’expériences qui meftent en évidence une dérive systémafique des calendriers
et des coûts
Comme recommandé par la Cour, le recours aux retours d’expériences et l’analyse des risques a été
développé. Outre les dérives du chanfier de Flamanville
3, les réacteurs EPR en acfivité en Chine
(Taishan 1 et 2) et en Finlande (Olkiluoto
3) ont connu, ces dernières années, des dysfoncfionnements
techniques, avec des impacts financiers importants dont les conséquences ont été dommageables pour
la crédibilité du programme EPR
2. En Grande Bretagne, sur le chanfier d’Hinkley Point, EDF est
confronté à une forte augmentafion des coûts accompagnée d’un nouveau retard de deux ans, ainsi
qu’à une lourde contrainte de financement supplémentaire causée par le retrait du co-acfionnaire
chinois. S’agissant du nouveau projet d’EPR à Sizewell, les retards s’accumulent déjà, avec de premières
conséquences négafives en termes organisafionnels et financiers. La Cour préconise de ne pas
approuver une décision finale d’invesfissement dans ce projet avant l’obtenfion d’une réducfion
significafive de l’exposifion financière d’EDF dans le chanfier d’Hinkley Point. La Cour recommande en
outre de s’assurer que tout nouveau projet internafional dans le domaine du nucléaire soit générateur
de gains chiffrés et ne retarde pas le calendrier du programme EPR
2 en France.
La filière industrielle a commencé à s’organiser pour meftre en œuvre la stratégie annoncée
en 2022
La structurafion de la filière nucléaire au sein du groupe EDF, illustrée notamment par ses deux filiales
Framatome et Arabelle Solufions, est essenfielle pour répondre aux enjeux du programme EPR
2. Bien
qu’elle soit trop récente pour apprécier sa mise en œuvre, la réorganisafion interne d’EDF est effecfive
depuis avril 2024. Elle se fonde sur une clarificafion des responsabilités entre maîtrise d’ouvrage (MOA)
et maîtrise d’
œ
uvre (MOE) d’une part et entre la MOE et l’ingénierie mais également la chaîne
d’approvisionnement d’autre part, comme recommandé précédemment par la Cour. Quant aux
incitafions à la performance recommandées en 2020 par La Cour, elles sont en cours de mise en place
dans la stratégie contractuelle du groupe EDF. La mobilisafion du GIFEN et la créafion de l’université des
méfiers du nucléaire parficipent à cefte dynamique d’accompagnement du nouveau programme
nucléaire, qui nécessitera le recrutement de 100 000 emplois supplémentaires d’ici 2033.
La filière industrielle nucléaire reste cependant exposée à des risques persistants
Le programme EPR
2 est marqué par un retard de concepfion, une absence de devis aboufi et de plan
de financement alors qu’EDF demeure très fortement endefté. Les condifions de financement de ce
programme n’étant toujours pas arrêtées, la rentabilité du programme EPR 2 reste à ce jour inconnue.
Ces délais et incerfitudes, qui portent également sur le nombre de centrales à construire, répondent
imparfaitement aux aftentes des acteurs de la filière et réduisent la visibilité dont ils ont besoin pour
s’engager dans des projets industriels de cefte ampleur. Bien qu’en évolufion, la stratégie contractuelle
d’EDF ne permet pas encore de garanfir la responsabilisafion des prestataires de la filière qui la jugent
encore trop déséquilibrée et émeftent d’importantes réserves en l’état de la maturité du programme
EPR 2.
Les surcoûts de construcfion, retards et incerfitudes sont nombreux et nécessitent des réponses d’EDF,
des pouvoirs publics et de la filière pour asseoir la réussite du programme EPR
2.
Lire le rapport
CONTACT PRESSE :
Julie Poissier
Directrice de la communication
T
06 87 36 52 21
julie.poissier@ccomptes.fr
@Courdescomptes
ccomptes
Cour des comptes
Cour des comptes