Office français de la biodiversité
Site de Vincennes
±
Le Nadar
², hall C
5 square Félix Nadar
94300 Vincennes
www.ofb.gouv.fr
Vous avez bien voulu me communiquer le rapport d’observations définitives relatif à l’Office français de
la biodiversité, et je vous en remercie.
Quatre ans après la création de l’Office français de la biodiversité (OFB), le rapport de la Cour permet
d’en dresser le bilan, de mesurer le chemin accompli par l’établissement et par ses équipes, et de dégager
des pistes pour l’avenir. Ce rapport constituera dès lors un document de référence qui conforte
l’établissement dans ses choix, l’invite à poursuivre les efforts engagés et le guide vers les nouveaux
travaux à conduire.
*
La création de l’OFB est le fruit d’une structuration progressive à partir d’opérateurs de l’eau et de la
biodiversité
,
engagée depuis près de 20 ans. Issu en dernier lieu de la fusion de l’Agence française pour
la biodiversité (AFB) et de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) le 1
er
janvier 2020,
l’OFB est désormais devenu un
opérateur de référence de la protection et de la restauration de la
biodiversité
.
Comme l’indique la Cour, l’±
objectif fixé par le législateur
[de regrouper au sein d’un même
établissement toutes les expertises de gestion, de connaissance et de protection des espèces et milieux
aquatiques et terrestres (hors agences de l’eau)]
a été atteint
en dépit de la complexité d’associer deux
établissements aux métiers proches mais aux pratiques professionnelles et cultures différentes
², dans
un contexte par ailleurs marqué par une période de préfiguration très courte d’un an seulement et par
la crise sanitaire liée à l’épidémie de Covid-19.
Dans ce cadre complexe et dans des délais très courts, et avec le soutien de ses ministères de tutelle,
l’OFB a rapidement structuré son organisation et sa gouvernance, tout en relevant de nombreux défis
importants
, comme l’évoque fort bien la Cour
:
•
l’
élaboration de documents stratégiques
(en particulier contrat d’objectifs et de
performance, programme d’intervention, schéma pluriannuel de stratégie immobilière, plan
pluriannuel de prévention, stratégies thématiques) ;
•
la
mise en oeuvre de chantiers structurants confiés par l’État
(transfert de la gestion du corps
des agents techniques et techniciens de l’environnement à l’OFB, transfert des activités et
des
agents
des
laboratoires
d’hydrobiologie
depuis
les
directions
régionales
de
l'environnement, de l'aménagement et du logement, convention de rattachement avec les
parcs nationaux, Observatoire national de l’éolien en mer, Plan France relance, etc.) ;
Madame la Présidente de la 2
e
Chambre
de la Cour des comptes
13, rue Cambon
75100 Paris cedex 01
Vincennes, le 4 juillet 2024.
Le Directeur général
Observations définitives relatives
à l’Office français de la biodiversité
S20246-0699
2
•
l’
adoption de référentiels communs pour les agents
(instructions socles et notes de service
en matière de police et d’intervention, d’organisation des missions, de dialogue de gestion
pour la programmation du budget et des activités, de gestion de la crise sanitaire, etc.)
;
•
le
lancement de projets internes de modernisation
(évolution de l’outil OSCEAN permettant
le suivi des contrôles et des procédures judiciaires, création d’un nouveau logiciel du permis
de chasser, passage à la paie à façon et sous RenoiRH en matière de ressources humaines,
développement des applications métiers, construction d’un système d’information sur les
interventions, renouvellement
des nouveaux SI de gestion financière et de gestion des temps
et des activités, etc.) ;
•
et les
nombreuses avancées sur ses missions propres
en matière de police (accès aux fichiers,
parcours de commissionnement, etc.), de connaissance (construction des systèmes
d’information fédérateurs, valorisation des données, projet scientifique, etc.), d’appui aux
politiques publiques (participation active à la COP
15 biodiversité de Montréal, appui à la
mise en œuvre de la planification, etc.), d’aires protégées (gestion en propre, animation des
têtes de réseaux, etc.), et de mobilisation (stratégie OFB et citoyens, développement des atlas
de la biodiversité communale, des aires éducatives, des engagés pour la nature, des centres
de ressources, etc.).
Dans le même temps, l’OFB a répondu aux attentes fortes des pouvoirs publics et de ses ministères de
tutelle face aux enjeux de la dégradation du vivant, notamment dans le cadre de la préparation de la
Stratégie nationale pour les aires protégées 2030,
de la
Stratégie nationale de la biodiversité 2030
ou
du
Plan d’action pour une gestion résiliente et concertée de l’eau
, et désormais de leur mise en œuvre.
Il consolide également son rôle dans la mise en œuvre des grands textes européens, comme la
convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées
d’extinction (CITES), les directives Habitats faune flore ou Oiseaux, les directives-cadres Eau ou Stratégie
pour le milieu marin, ou le règlement sur la restauration de la nature récemment adopté.
L’OFB bénéficie aussi des forces d’un
établissement intégré
, grâce à la réunion des compétences, des
connaissances et des savoir-faire de l’ensemble de ses agents, aux échelles départementale, régionale,
nationale et internationale, capable de parler et d’agir avec tous les acteurs, de l’amont (connaissance,
sensibilisation, incitations au changement des pratiques) à l’aval (contrôles, procédures et opérations de
gestion), grâce au continuum ± connaissance, mobilisation, police ². Pour préserver et restaurer la
biodiversité sur l’ensemble du territoire français, en hexagone et dans les Outre-mer, l’OFB agit aux côtés
et en appui de l’État, de ses services déconcentrés et de ses opérateurs, mais aussi auprès des
collectivités territoriales, des usagers de la nature, des gestionnaires d’aires protégées, des associations,
des acteurs économiques et financiers et des citoyens.
C’est la grande force de l’OFB que
d’associer toutes ces parties prenantes autour de la conception et de
la mise en oeuvre des politiques publiques
en faveur de la protection et de la reconquête de la
biodiversité, de faire discuter les acteurs et les partenaires, comme le traduisent la composition et le
fonctionnement des instances de gouvernance (conseil d’administration, conseil scientifique et comité
d’orientation) et de les accompagner dans l’action. Le modèle de gouvernance de l’OFB prend tout son
sens dans les crises que nous avons traversées et que nous connaissons aujourd'hui, au premier rang
desquelles les menaces croissantes que subissent les écosystèmes et les tensions sur la ressource en eau.
*
Les instances de gouvernance de l’OFB se sont pleinement saisies de leurs prérogatives, notamment le
conseil d’administration et ses deux commissions spécialisées
: la commission des interventions et la
commission des finances et de l’audit. Cette dernière exerce un rôle d’orientation et de contrôle de la
maîtrise des risques budgétaires et comptables, conformément à la règlementation sur la gestion
budgétaire et comptable publique. La maîtrise des risques sur l’ensemble des processus, financiers ou
non, ainsi que leur auditabilité est une priorité pour l’établissement et je prends ainsi bonne note de la
recommandation n° 1
((OFB, 2024) : ±
créer un comité d’audit interne compétent pour tous les processus,
y compris métiers
²), qui entend compléter le rôle règlementairement dévolu à la commission des
finances et de l’audit du conseil d’administration en matière d’audit interne financier, par une instance
interne chargée de la supervision de l’audit interne métier.
3
*
Pour accomplir les missions qui lui sont confiées par la loi, et comme le rappelle la Cour, l’OFB a été en
mesure de présenter rapidement ses principaux documents stratégiques d’orientation,
en associant
d’ailleurs étroitement ses instances de gouvernance à l’élaboration de ce cadre structurant.
L’adoption du premier Contrat d’objectifs et de performance (COP) de l’OFB (2021-2025), signé avec
l’État le 18 janvier 2022, a notamment fixé quatre orientations stratégiques pour le déploiement des
actions de l’établissement (concourir à la transition écologique, agir dans les territoires, avancer avec
l’ensemble des partenaires, bâtir une culture d’établissement et partager une vision commune),
et 27 objectifs opérationnels regroupés au sein de six chapitres (police de l’environnement,
connaissance et expertise, appui aux politiques publiques, aires protégées, mobilisation des acteurs et
des citoyens, construction de l’établissement), sans oublier un volet spécifique aux Outre-mer et plus
d’une trentaine d’indicateurs permettant un rapportage et un pilotage effectifs du résultat de l’action
de l’OFB et des efforts mis en œuvre. Ce COP prévoit d’ailleurs des engagements partagés avec l’État,
notamment avec la stratégie nationale de contrôle. De même, le Schéma pluriannuel de stratégie
immobilière (SPSI), dont l’élaboration a constitué une étape managériale importante de la construction
de l’établissement pour rapprocher les équipes des anciens établissements, assigne un objectif de
réduction globale du nombre de sites administratifs de 30 % à horizon 2025.
Ces documents sont donc loin d’être dénués d’outils de mesure des résultats, avec des cibles
ambitieuses destinées à guider la construction et la mise en œuvre des priorités de l’OFB. Je prends
bonne note de la recommandation de la Cour (
recommandation n° 2
(DGPE, DEB, DB, OFB, 2025)
:
±
intégrer dans le prochain COP des indicateurs de résultat et l’accompagner d’une programmation
pluriannuelle des moyens
²) d’aller plus loin dans le cadre de la préparation du prochain COP, tout en
veillant à ce que ces indicateurs de résultat reflètent directement l’action de l’OFB, et ne se limitent ainsi
pas à des indicateurs généraux – par ailleurs très importants – sur l’état de la biodiversité et sur les
pressions qu’elle subit, dont l’amélioration ne dépend pas de la seule action de l’OFB.
*
La mesure de l’efficacité de l’action et des leviers mobilisés par l’OFB pour atteindre les objectifs
ambitieux qui lui sont assignés par les pouvoirs publics constitue un enjeu fort pour l’établissement.
Le Programme d’intervention définit les principes et les priorités stratégiques d’intervention financière
de l’OFB sur la période 2023-2025. Il traduit les priorités des pouvoirs publics et du COP dans la stratégie
d’intervention de l’OFB, rationalise et sécurise la politique d’intervention, offre une visibilité externe et
interne sur les priorités et les règles d’intervention. La nature incitative, la recherche de l’efficience et le
caractère évaluable des interventions figurent parmi les principes fondamentaux du programme
d’intervention de l’OFB et sont au cœur de la conception des dispositifs et de l’instruction des projets.
Je partage donc pleinement l’objectif de la
recommandation n° 3
((OFB, 2024) : ±
simplifier et
systématiser la démarche d’évaluation aux dispositifs pluriannuels et aux appels à projets importants
²)
de renforcer la formalisation de l’évaluation des dispositifs d’intervention de l’établissement,
spécialement pour les dispositifs pluriannuels et pour les appels à projets importants.
*
Je rejoins les constats faits par la Cour sur les enjeux de la gestion des ressources humaines au sein de
l’OFB et en particulier les développements concernant le quasi-statut de l’environnement, et
les difficultés qu’il peut entraîner en matière d’attractivité, de recrutement, de rémunération,
d’évolution professionnelle et de valorisation des parcours. Quelles que soient les formes d’évolution du
quasi-statut (
recommandation n°
4
(DGAFP, DB, SG du MTECT, OFB, 2025)
: ±
supprimer les dispositions
du décret n° 2016-1697 du 12 décembre 2016 fixant les dispositions particulières applicables aux agents
non titulaires de certains établissements publics de l'environnement, au profit de référentiels de gestion
interne validés par le conseil d’administration de l’OFB
²), elles devront apporter une réponse à ces
problématiques, en lien avec les autres opérateurs concernés et en étroite concertation avec les
organisations syndicales.
4
*
Je souscris également à l’analyse conduite par la Cour sur la continuité de service dans les services
territoriaux de l’OFB, à laquelle je suis attaché car elle est au fondement de la réponse que peut apporter
l’établissement aux enjeux de la police de l’environnement dans les territoires. C’est dans ce cadre que
le dispositif de travail les week-ends et jours fériés a été complété par un dispositif d’astreintes,
expérimenté depuis plusieurs mois, et que je partage le constat de la Cour sur l’impact de la récupération
en temps des dimanches et jours fériés sur les capacités d’intervention de l’établissement. Je souscris
donc à la
recommandation n° 5
formulée par la Cour ((OFB, MTECT, 2024) : ±
renforcer l’encadrement
du temps de travail et examiner l’opportunité de revaloriser le montant de l’indemnisation du travail les
dimanches et jours fériés pour l’ensemble des agents de terrain
²).
*
Les interventions financières, représentent un levier stratégique pour l’OFB pour mobiliser une pluralité
d’acteurs autour des enjeux portés par l’OFB. La croissance de la mobilisation des outils d’intervention
financière est ainsi proportionnelle à la montée en charge de l’établissement depuis sa création, et à
l’affirmation de ses missions, de ses priorités et de ses moyens. Cette croissance s’est accompagnée de
la consolidation de leur pilotage financier interne de manière à en maîtriser les risques, ainsi que du
renforcement de leur cadrage juridique au moyen du Programme d’intervention adopté fin 2022.
L’encadrement des contrats de coopération entre pouvoirs adjudicateurs a ainsi été précisé, et je prends
ainsi bonne note de la
recommandation n° 6
qui recommande un suivi spécifique de l’ensemble des
moyens mobilisés en faveur des certains partenaires ((OFB, 2026) : ±
instaurer un suivi des moyens
mobilisés dans le cadre des contrats de coopération et alloués à ces mêmes partenaires au travers
d’autres supports de financement
²).
*
Le rapport analyse enfin la situation financière de l’OFB, dont il constate l’amélioration, grâce
notamment à l’augmentation des ressources de l’établissement décidée par les pouvoirs publics,
conjuguée à une responsabilité financière et budgétaire. Je prends bonne note des points d’amélioration
identifiés par la Cour tant en matière d’organisation de la fonction financière et de la fonction achat
que de qualité de l’information financière, et je confirme que la mise en œuvre de la
recommandation
n° 7
((OFB, 2025) : ±
actualiser l’inventaire physique des biens et procéder à leur rattachement comptable
pour fiabiliser le bilan
²) est un des chantiers prioritaires identifiés dans le cadre du contrôle interne
financier.
*
Tels sont les éléments que je tenais à communiquer en vue de la publication du rapport de la Cour
consacré à l’Office français de la biodiversité.
Le Directeur général,
Olivier THIBAULT