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RAPPORT D’OBSERVATIONS DÉFINITIVES
SYNDICAT MIXTE DU MONT-D’OR
(Département du Doubs)
Exercices 2015 et suivants
RAPPORT D’OBSERVATIONS DEFINITIVES
3
TABLE DES MATIÈRES
SYNTHÈSE
......................................................................................................................
7
RECOMMANDATIONS
................................................................................................
8
INTRODUCTION
...........................................................................................................
9
1
PRÉSENTATION DE LA STATION DE MÉTABIEF ET DU SYNDICAT
MIXTE DU MONT-D’OR
.....................................................................................
12
1.1
Une station, trois secteurs
.................................................................................
12
1.1.1
Une station de « premier ski »
.................................................................
12
1.1.2
Un domaine composé de trois secteurs et d’un stade de sauts à ski
........
13
1.2
L’organisation de la gestion du ski (alpin et nordique), conséquence d’un
domaine skiable plus vaste que le territoire de la commune de Métabief
........
14
1.2.1
Le périmètre de la station dépasse les frontières de la commune de
Métabief
..................................................................................................
14
1.2.2
La nécessité pour la commune de Métabief de fournir des services
et des équipements en rapport avec son statut de station de
tourisme
...................................................................................................
15
1.3
Une gestion des remontées mécaniques dans laquelle le département
occupe une place importante
............................................................................
16
1.3.1
Depuis l’origine de la station, l’autorité organisatrice du service
public des remontées mécaniques a été déléguée
....................................
16
1.3.2
Une gestion qui a pu reposer sur la participation d’un nombre
significatif de membres
...........................................................................
17
1.3.3
L’évolution de la répartition du financement du syndicat révèle le
poids prépondérant du département
........................................................
18
2
LA GOUVERNANCE LOCALE DU TOURISME HIVERNAL
.........................
21
2.1
La montée en puissance du volet « ingénierie touristique »
.............................
21
2.1.1
Présentation de l’organisation administrative et politique du
SMMO
.....................................................................................................
21
Un bureau dont les responsabilités propres ne sont pas précisées dans les statuts
...............
21
Des délégations de signature non prévues par les textes
.......................................................
22
2.1.2
La montée en puissance du SMMO en matière d’ingénierie
..................
23
La participation du SMMO au sein d’organismes tiers dépasse le périmètre de la
station
.....................................................................................................................
23
La réalisation de prestations de services par le SMMO constitue un témoignage
supplémentaire de ce nouveau rôle
.........................................................................
23
2.2
Une organisation administrative qui reflète l’importance de la réflexion
sur l’après ski
....................................................................................................
25
Annexe n° 23 ROD2 PA 62 en date du 3 octobre 2023
SYNDICAT MIXTE DU MONT-D’OR
4
2.2.1
Une direction bicéphale, axée sur la gestion courante du syndicat et
sur le devenir de la station
.......................................................................
25
2.2.2
Des agents qui interviennent sur un périmètre plus large que le seul
tourisme hivernal dans le cadre d’un conventionnement
asymétrique
.............................................................................................
25
2.3
Des liens institutionnels ou financiers avec de nombreux partenaires
.............
28
2.3.1
Avec la commune de Métabief : des intérêts financiers croissants
.........
28
Une commune « c
œ
ur de station », aujourd’hui sans lien institutionnel direct avec le
SMMO
....................................................................................................................
28
Une participation financière du SMMO aux opérations d’aménagement communales
........
28
Des moyens communaux dédiés spécifiquement au SMMO ou en lien avec les
activités de la station
..............................................................................................
29
2.3.2
La collaboration avec la communauté de communes Lacs et
Montagnes du Haut-Doubs (CCLMHD) : des compétences
imbriquées sur l’ensemble du territoire
...................................................
30
Des liens directs en matière de gouvernance et de compétences
..........................................
30
L’association à des projets relevant de la compétence intercommunale
via
le pôle
ingénierie
................................................................................................................
31
2.3.3
Avec le syndicat mixte du pays du Haut-Doubs (SMIX) : un
partage de réflexions sur l’avenir du ski
.................................................
31
2.3.4
Avec les acteurs économiques du tourisme : des concertations
récentes dans le cadre du plan « Avenir montagnes »
.............................
32
3
DE LA RÉSISTANCE À LA RÉSILIENCE : LA PRISE EN COMPTE
DES EFFETS DU CHANGEMENT CLIMATIQUE
............................................
33
3.1
Une prise de conscience confortée par une étude scientifique et portée
par un cofinancement public
............................................................................
33
3.1.1
Les apports de la démarche « Climsnow »
..............................................
33
Les principes généraux encadrant cette démarche
................................................................
33
Les résultats de l’étude confortent le scénario d’un déficit d’enneigement grave dans
la station dès 2030
..................................................................................................
35
3.1.2
La création d’un « pôle d’ingénierie » dans le cadre du plan
« Avenir Montagnes »
.............................................................................
35
Les principes généraux de la démarche
................................................................................
35
L’accompagnement par le Département du Doubs
...............................................................
37
3.1.3
L’organisation de l’ingénierie de transition
............................................
38
Le portage de la stratégie par une équipe restreinte
..............................................................
38
L’association de l’ensemble des parties prenantes
...............................................................
39
3.2
Les enjeux de l’adaptation au changement climatique pour le territoire
du Haut-Doubs
.................................................................................................
40
3.2.1
Des retombées économiques qui conduisent à une adaptation de
l’activité ski alpin dans le cadre d’un « tourisme quatre saisons »
.........
40
Le poids économique du tourisme dans le Haut-Doubs est important mais limité
au
regard des autres activités de l’ancienne région Franche-Comté
............................
40
Deux éléments déterminent la stratégie d’adaptation de la station de Métabief
aux
effets du changement climatique
............................................................................
42
3.2.2
Les autres problématiques du tourisme hivernal associées au
changement climatique
............................................................................
44
La gestion de l’eau nécessaire à la production de neige de culture
.......................................
44
RAPPORT D’OBSERVATIONS DEFINITIVES
5
L’adaptation du patrimoine immobilier aux évolutions démographiques attendues
............
46
3.2.3
Le niveau d’information des parties prenantes quant à leur
perception de la réalité du changement climatique
.................................
48
La communication sur les changements constitue un enjeu à part entière de la
démarche.
...............................................................................................................
48
Une prise de conscience problématique des évolutions attendues
........................................
49
4
LES EFFETS DU MANQUE D’ENNEIGEMENT SUR LES FINANCES
LOCALES
..............................................................................................................
50
4.1
La situation financière rétrospective du SMMO (2016-2022) souligne le
nécessaire accompagnement des financeurs publics
........................................
50
4.1.1
Une participation financière conséquente des collectivités
territoriales,
dictée par l’existence d’une dette originelle
......................
51
Une participation financière de ses membres qui a pu représenter jusqu’à la moitié
des recettes d’exploitation du SMMO
....................................................................
51
La fixation des participations statutaires est conditionnée à l’existence d’une dette
bancaire originelle
..................................................................................................
53
4.1.2
Le soutien de l’activité durant la crise sanitaire (2020-2021)
.................
54
En dépit de la fermeture des remontées mécaniques, une partie de l’activité a pu être
maintenue
...............................................................................................................
54
4.2
L’évolution des ressources tirées de l’activité ski alpin
...................................
56
4.2.1
Le chiffre d’affaires du SMMO provient très majoritairement de
l’activité ski alpin
....................................................................................
57
La politique tarifaire des forfaits de ski
................................................................................
57
Les ventes de forfaits et leurs accessoires (assurance, …) constituent 90 %
du chiffre
d’affaires de la station
............................................................................................
64
4.2.2
Les ressources perçues par les autres collectivités en lien avec
l’activité hivernale de la station
..............................................................
67
Le produit de la taxe de séjour perçu par l’office de tourisme
..............................................
67
La taxe sur les remontées mécaniques
..................................................................................
68
4.3
Les postes de dépenses en évolution
................................................................
69
4.3.1
Les postes de dépenses d’exploitation
....................................................
69
Une masse salariale croissante
..............................................................................................
69
La sensibilité du SMMO aux risques énergétiques
...............................................................
70
4.3.2
Le coût de l’adaptation des équipements aux changements
climatiques
..............................................................................................
72
Un programme d’investissements pluriannuels fondés en grande partie sur des
perspectives de subventionnement public
..............................................................
72
Le financement des investissements est notamment assumé par un recours à
l’emprunt et par des subventions
............................................................................
74
Une stratégie de financement des investissements qui n’a pas varié avec l’adoption
du plan d’adaptation aux effets du changement climatique
....................................
76
Une stratégie budgétaire et financière qui repose
in fine
sur le département
........................
77
5
LES IMPACTS DU MAINTIEN ET DU RENOUVELLEMENT DES
ACTIVITÉS DE LOISIRS LIÉES À LA NEIGE
..................................................
78
5.1
Les conflits d’usages de la montagne
...............................................................
78
5.1.1
Appréhender les conflits d’usages entre les différentes activités
humaines :
une mission clairement identifiée par le SMMO et des
moyens dédiés
.........................................................................................
78
Annexe n° 23 ROD2 PA 62 en date du 3 octobre 2023
SYNDICAT MIXTE DU MONT-D’OR
6
5.1.2
Les conflits d’usages entre les activités humaines et la Nature
..............
79
5.2
La prise en compte de la dimension environnementale par le SMMO
............
80
5.2.1
Un projet de création d’espace naturel sensible (ENS), situé sur le
domaine skiable, depuis 2006
.................................................................
80
5.2.2
La mise en place d’un observatoire environnemental à partir de
2019
.........................................................................................................
82
5.2.3
La prise en compte perfectible de l’impact de la diversification des
activités sur la biodiversité
......................................................................
84
ANNEXES
......................................................................................................................
86
Annexe n° 1.
Plan des pistes
.................................................................................
87
Annexe n° 2. Historique de la gestion des remontées mécaniques du
domaine skiable de Métabief
et du stade de saut à ski de Chaux-Neuve
........
88
Annexe n° 3. Organigramme de la station de Métabief et du SMMO (mars
2023)
.................................................................................................................
90
Annexe n° 4. Méthodologie encadrant l’évaluation des retombées
économiques d’une activité touristique
............................................................
91
Annexe n° 5. La problématique de la gestion de l’eau nécessaire
à la
production de neige de culture
.........................................................................
92
Annexe n° 6. Évolution de la taxe de séjour perçue par l’Office de tourisme
du Pays du Haut-Doubs (2020-2022)
...............................................................
93
RAPPORT D’OBSERVATIONS DEFINITIVES
7
SYNTHÈSE
Avec la hausse des températures, l’enneigement des six massifs français est menacé, et
avec lui la durabilité du modèle économique actuel des stations de sports d’hiver reposant
principalement sur une exploitation hivernale des territoires de montagne. C’est dans ce
contexte que les juridictions financières ont mené une enquête nationale portant sur l’adaptation
des stations de ski aux effets du changement climatique.
L’activité ski se répartit classiquement entre le ski alpin, d’une part (qui a besoin des
équipements spécifiques comme les télésièges) et, d’autre part, le ski nordique (raquette, ski de
fond). Tous deux sont historiquement présents à Métabief, et sont gérés depuis l’origine par des
entités différentes. Le Syndicat mixte du Mont-d’Or (SMMO), compétent dans la gestion du
domaine skiable alpin et des équipements y afférents, est l’opérateur d’une station de « premier
ski ».
Les acteurs locaux sont conscients des évolutions conjoncturelles (en particulier de
l’impact de l’aléa climatique) et de la nécessité d’adapter la gestion en conséquence. Ce que
traduit la place essentielle du département dans le financement du budget du syndicat mixte,
mais aussi la rationalisation du nombre des membres du syndicat (passés de sept à deux
depuis 2019).
L’impact du changement climatique est principalement perceptible dans l’organisation
et le fonctionnement du SMMO. Aux compétences traditionnelles (gestion de remontées
mécaniques) s’ajoutent une offre de services en matière d’ingénierie touristique et des relations
avec des partenaires multiples sur le territoire du Haut-Doubs.
Cette stratégie d’adaptation de la station aux évolutions climatiques est en outre fondée
sur une prévision de l’enneigement. Les limites de la ressource en eau pourraient y être mieux
affirmées, d’autant que la gestion de cette ressource constitue une problématique en soi.
De même, cette stratégie d’adaptation
consiste notamment à prioriser les
investissements qui permettront d’entrer dans la voie du tourisme « quatre saisons ».
Elle est portée par une organisation administrative ad hoc et une politique de communication
auprès des parties prenantes.
Cette stratégie d’adaptation repose notamment sur la perception de subventions
publiques permettant la perspective de réalisation d’équipements nouveaux. Le SMMO ne
dispose pas d’une prospective financière quant à l’évolution de ses charges et recettes.
L’adoption d’un plan d’équipement ambitieux devrait s’appuyer nécessairement sur une
analyse financière prospective, autour de scenarii d’évolution du chiffre d’affaires au regard
des aléas liées aux évolutions du climat.
Le SMMO déploie enfin des moyens humains et financiers spécifiques sur les questions
environnementales. Il a ainsi appréhendé le fait que la diversification des activités allait
potentiellement être vecteur de conflits entre les différents usagers et la Nature, ce que les
travaux de l’observatoire environnemental local lui permettent de conforter.
Annexe n° 23 ROD2 PA 62 en date du 3 octobre 2023
SYNDICAT MIXTE DU MONT-D’OR
8
RECOMMANDATIONS
Recommandation n° 1.
Préalablement à chaque saison hivernale, faire valider par le comité
syndical les règles d’attribution des forfaits gratuits pour l’accès aux remontées mécaniques,
conformément à l’article L. 1221-5 du code des transports.
Recommandation n° 2.
: Corriger les erreurs d’imputation des charges de personnel
aux comptes 6411 (« Salaires, appointements, commissions ») et 6413 (« primes et
gratifications »).
Recommandation n° 3.
Réaliser une analyse financière prospective, assise sur des scenarii
d’évolution du chiffre d’affaires.
Recommandation n° 4.
: Respecter les règles de l’instruction budgétaire et comptable M4 en
matière d’imputation des frais d’études, de recherche et de développement.
RAPPORT D’OBSERVATIONS DEFINITIVES
9
INTRODUCTION
Le changement climatique a des effets sur l’ensemble des massifs, mais son
impact est aujourd’hui davantage prégnant dans les stations de moyenne
montagne.
La hausse des températures liée au dérèglement climatique menace doublement
l’enneigement. D’une part, des températures plus élevées entraînent une élévation de l’altitude
de la limite pluie-neige ; ce qui réduit les chutes de neige. D’autre part, la hausse des
températures a un impact direct sur la fonte, et donc sur l’épaisseur du manteau neigeux. Ainsi,
le cumul de neige diminue et les mécanismes de fonte augmentent en temps et en intensité.
Le premier effet est aujourd’hui principalement actif à basse et moyenne altitudes
(< 1 500 m) ; l’intensification de la fonte, quant à elle, est constatée à toutes les altitudes. C'est
ce que souligne une étude spécifique sur cette thématique
1
.
À la baisse quantitative, s’ajoute la réduction de la période d’enneigement. Si la saison
et l’enneigement doivent être suffisamment longs pour concorder avec les périodes de vacances
scolaires et les jours fériés (dans l’idéal de début décembre à fin mars soit 100 jours), le
changement climatique oriente plutôt la tendance vers un allongement de la période estivale.
Ainsi, les régions de montagne pourraient perdre près d’un mois de durée de saison
d’enneigement par degré de réchauffement futur.
Comme l’a rappelé la Cour des comptes dans son rapport public annuel en 2018,
« la viabilité économique de l’exploitation d’un domaine skiable suppose une durée minimale
d’ouverture de 100 jours (généralement entre le 1er décembre et le 15 avril). »
2
En effet, en
réduisant la période ou le périmètre de « sûreté en neige »
3
, l’élévation des températures a un
impact direct sur la fréquentation, dans des proportions qui peuvent mettre en jeu l’équilibre
économique de la station.
Dans ce même rapport, la Cour insistait en outre sur les pistes suivies par les grands
domaines pour s’adapter à cette nouvelle donne : le déplacement en altitude, l’aménagement et
l’équipement de nouveaux espaces
4
. La neige de culture, pour sa part, bien que généralisée
5
,
constitue «
une solution partielle et onéreuse
»
6
, en raison des conditions climatiques requises
(une température basse de moins en moins atteinte en début et fin de saison) et de la rareté
1
Spandre, P., François, H., Verfaillie, D., Pons, M., Vernay, M., Lafaysse, M., George, E., and
Morin, S. :
Winter tourism under climate change in the Pyrenees and the French Alps : relevance of snowmaking
as a technical adaptation, The Cryosphere
, 13, 1325–1347, https://doi.org/10.5194/tc-13-1325-2019 , 2019 :
«
Under RCP8.5, our projections show that there would no longer be any snow-reliable ski resorts based on
natural snow conditions in the French Alps and Pyrenees (France, Spain and Andorra) at the end of the century
(2080–2100).
»
2
Cf. Cour des comptes, Rapport public annuel 2018,
Les stations de ski des Alpes du nord face au
réchauffement climatique : une vulnérabilité croissante, le besoin d’un nouveau modèle de
développement, p. 454.
3
La « sureté en neige » détermine les conditions d’enneigement minimales autorisant l’ouverture d’une
piste, notamment une épaisseur moyenne de 30 cm.
4
Cf. Cour des comptes,
op. cit.
, p. 456.
5
Avec un taux d’équipement des stations de 32 % en 2018 selon la Cour des comptes.
6
Cf. Cour des comptes,
ibid
.
Annexe n° 23 ROD2 PA 62 en date du 3 octobre 2023
SYNDICAT MIXTE DU MONT-D’OR
10
croissante de la ressource en eau. Or, ces dispositifs requièrent des investissements onéreux qui
permettent tout juste, dans les stations de basse et de moyenne montagne, de préserver un
enneigement minimal.
Les objectifs de l’enquête nationale des juridictions financières
Le développement des territoires de montagne est aujourd’hui fortement dépendant de
l’activité touristique. Or, ces recettes proviennent en grande partie du tourisme hivernal, qui est
menacé par les conséquences du réchauffement climatique.
Le contrôle des comptes et de la gestion du Syndicat mixte du Mont-d’Or s’inscrit dans
le cadre d’une enquête nationale des juridictions financières. Celle-ci a pour objet d’aborder le
thème de l’adaptation des stations aux effets du changement climatique sous un angle qui se
distingue des travaux disponibles, par une approche centrée sur les collectivités territoriales
(autorité organisatrice du service public du développement touristique et de gestion des
domaines skiables). Concrètement, les analyses menées par les juridictions financières doivent
permettre de mieux appréhender les conséquences financières de la diminution de
l’enneigement sur les collectivités territoriales et leurs opérateurs et d’examiner les stratégies
d’adaptation mises en
œ
uvre, au-delà des effets d’affichage. La station de Métabief,
indépendamment de sa taille, fait figure d’exemple sur ce thème.
Les changements qui concernent la station de Métabief doivent être replacés
sur le long terme
Les évolutions qui traversent la station de ski de Métabief, aujourd’hui gérée par le
Syndicat mixte du Mont-d’Or (SMMO), s’inscrivent dans l’Histoire du tourisme dans le
Haut-Doubs. En effet, c’est après 1945 (et la construction du premier télésiège dans la station
en 1953) que Métabief s’ouvre au tourisme hivernal de masse et devient un site structurant pour
le territoire. Les années 1960-1985 voient ensuite émerger les infrastructures qui caractérisent
aujourd’hui la station (équipements en remontées mécaniques, offres d’hébergements,
commerces).
La fin des années 1980, qui connaît les premiers hivers sans neige, est marquée par les
premières réflexions sur l’avenir du site. Le développement touristique à Métabief (et dans le
Haut-Doubs) passe désormais par une intervention accrue du département : en témoigne la
création, dès 1992, d’une société d’économie mixte pour assurer la gestion de la station, en lieu
et place d’un investisseur purement privé.
Aussi, il conviendra, dans la suite de la lecture de ce rapport, de garder à l’esprit que les
difficultés que rencontre aujourd’hui la station de Métabief ne sont pas uniquement la
conséquence des effets récents du changement climatique. Elles s’inscrivent dans un contexte
plus large, inhérent aux évolutions du tourisme dans cette partie du territoire.
La démarche de transition qui a conduit le SMMO à envisager la fin du « tout-ski » est
ensuite passée par plusieurs étapes : renoncement à de nouveaux investissements liés au ski
(2020) et mise en place d’une stratégie généralisée avec les acteurs (publics et privés)
du Haut-Doubs (2022-2023).
RAPPORT D’OBSERVATIONS DEFINITIVES
11
La procédure
Le contrôle des comptes et de la gestion du syndicat mixte du Mont-d’Or, pour
les exercices 2015 et suivants, a été inscrit au programme de la chambre régionale des comptes
Bourgogne-Franche-Comté par arrêté du 6 février 2023.
Il a été ouvert par un courrier adressé le 15 février 2023 à l’ordonnateur en fonctions
tout au long de la période sous revue, M. Philippe Alpy, en application des articles L. 211-3 et
R. 243-1 du code des juridictions financières (CJF).
L’entretien de fin de contrôle, prévu par l’article L. 243-1 du CJF, s’est tenu le
30 mai 2023, en présence de M. Philippe Alpy et de M. Olivier Erard, directeur du syndicat
mixte.
Lors de sa séance du 24 août 2023, la chambre a arrêté des observations définitives.
Annexe n° 23 ROD2 PA 62 en date du 3 octobre 2023
SYNDICAT MIXTE DU MONT-D’OR
12
1
PRÉSENTATION DE LA STATION DE MÉTABIEF ET DU
SYNDICAT MIXTE DU MONT-D’OR
1.1
Une station, trois secteurs
1.1.1
Une station de « premier ski »
La « station », terme générique qui fait référence aux activités de tourisme et de loisirs
autour de l’activité du ski alpin, doit être distinguée du syndicat mixte ouvert, qui est en
l’opérateur. Etendue sur une surface de près 100 ha et disposant de près de 40 km de pistes, elle
est classée « petite station
», dans l’échantillon défini par les juridictions financières à partir
d’une moyenne des données concernant 21 stations situées dans les massifs proches (les Alpes
du Nord et du Sud et le Massif central)
7
. Ce que souligne le tableau ci-dessous.
Tableau n° 1 :
Comparaison de certaines caractéristiques de la station de Métabief avec les moyennes
obtenues pour 21 stations des Alpes et du Massif central
Description générale
de la station
Démographie
Géographie
Tarif
Journées
skieurs
(JS)
Type de
station
Nombre de jours
d'ouverture
2022-2023
Population
permanente 2019
Altitude
basse
Altitude
haute
Distance gare la
plus proche (km)
Tarif forfait
Ski adulte 7j
saison
2022-2023
Nbre JS saison
2022-2023
Métabief
70
8
1 339
9
900
1 400
25
10
177
161 337
Petite
station
91
424
1 200
1 800
34
130
NS
Moyenne
station
103
1 097
1 222
2 000
22
185
370 000
Source : CRC
7
Liste des stations concernées :
PACA : Pra-Loup, Le Sauze, Sainte-Anne-La-Condamine, Risoul, Serre-Chevalier, Vars, Isola 2000,
Auron-Saint-Etienne-de-Tinée.
ARA : Col-du-Rousset, Font-d’Urle-Chad-Clapier, Lus-la-Jarjatte, Chamrousse, Saint-Pierre-de-
Chartreuse-Le-Planolet, Chalmazel, Le-Mont-Dore, Super-Besse, Albiez-Montrond, Les Arcs-Peisey-Vallandry,
Val-Cenis, Chamonix, Les Gets, Thollon-les-Mémises
8
et note de bilan de fin de saison 2022/2023 (p. 1).
9
Source : INSEE (population de la commune de Métabief).
10
Source : distance entre gare TGV de Frasne et centre station - Mappy Itinéraire.
RAPPORT D’OBSERVATIONS DEFINITIVES
13
Le domaine est couvert à près de 40 % par de la neige de culture, ce qui le situe dans la
moyenne nationale
11
. La station de Métabief est dite « de premier ski » : on vient y apprendre
à skier. Elle se présente elle-même comme facile d’accès et abordable
12
. Ses pistes sont situées
entre 900 et 1 400 m d’altitude.
1.1.2
Un domaine composé de trois secteurs et d’un stade de sauts à ski
Le domaine skiable de Métabief s’étend sur trois secteurs : Métabief, Superlongevilles
et Piquemiette (voir le plan du domaine en annexe n° 1). Quarante et une pistes permettent de
skier sur près de 40 km. Le domaine propose également une zone d’apprentissage sécurisée
destinée aux enfants (« Jura Kid Park ») et quatre zones ludiques (
Snowpark, EasyPark,
BioPark et Border-cross
13
) pour le « freestyle ».
Ces trois secteurs permettent aux skieurs d’accéder par différentes voies au
domaine (Métabief, Les Hôpitaux-Neufs, Les Longevilles-Mont-d’Or, Jougne). Métabief reste
toutefois la porte d’entrée principale de la station.
Situé dans le Val de Mouthe, «
le stade des tremplins de Chaux-Neuve est le fruit d’une
longue tradition du nordique et du saut à ski sur le territoire
»
14
. Ce dont témoigne
l’organisation de compétitions de saut dès le début du 20
ème
siècle, jusqu’au championnat du
monde de combiné nordique
15
en 2023
16
. La construction des cinq tremplins a démarré en
1989
17
, avant une extension permettant la transformation de l’un de ces équipements aux
normes internationales
18
.
L’historique de cette installation révèle, à l’image du domaine skiable, la nécessaire
implication du département. En effet, comme indiqué dans les statuts du SMMO datés de 2019 :
«
Pour mener à bien la structuration du stade
[de saut à ski de Chaux-Neuve]
, le Syndicat
Mixte de Mouthe est créé en 1986 avec les communes de Mouthe et Chaux-Neuve et le
Département du Doubs
(…).
En 2010,
(…)
la
[Communauté de communes de Mouthe et Chaux-Neuve]
s’engage alors
statutairement à verser 12 000
€
/an
[au stade de saut à ski]
et le Département assure l’équilibre
budgétaire.
»
19
11
En France, 34 % du domaine skiable est enneigé par de la neige de culture. Source : Techno Alpin
12
Cf. Entretien du Président du SMMO dans un article de l’
Est Républicain
daté du 15/12/2018 ;
13
Cette dernière a été inaugurée au cours des vacances de février 2023.
14
Cf. Préambule aux statuts de 2019 du SMMO, p. 4.
15
Le combiné nordique est un sport qui combine deux disciplines du ski nordique : le saut à ski et le ski
de fond.
16
Cette compétition a toutefois été annulée, faute de neige.
Cf.
:
Par manque de neige, la coupe du monde
de combiné nordique à Chaux-Neuve est annulée (francebleu.fr)
17
Cf. Préambule aux statuts de 2019, p. 5 : «
Les 2 grandes étapes de l’investissement sur le stade de
Chaux-Neuve sont :
•
1989 : construction de 5 tremplins = 7 m, 11 m, 28 m et 90 m ;
•
2010 : transformation du 90 m en un tremplin international HS118
»
18
Un aperçu des sensations dans l’utilisation de cet équipement est visible en consultant le site :
Coupe du monde de Combiné Nordique à Chaux Neuve - Jura Tourisme (jura-tourism.com)
19
Source : Préambule des statuts de 2019, p. 5.
Annexe n° 23 ROD2 PA 62 en date du 3 octobre 2023
SYNDICAT MIXTE DU MONT-D’OR
14
1.2
L’organisation de la gestion du ski (alpin et nordique), conséquence
d’un domaine skiable plus vaste que le territoire de la commune de
Métabief
1.2.1
Le périmètre de la station dépasse les frontières de la commune de Métabief
Le domaine skiable (19 remontées mécaniques) et les équipements du stade de
Chaux-Neuve débordent les limites de la commune de Métabief.
Carte n° 1 :
Limites de la commune de Métabief (pointillés) et des remontées mécaniques
de la station (lignes continues)
Source : Google Map, 2023
La commune de Métabief est membre de la communauté de communes des Lacs et
Montagnes du Haut-Doubs. Cette dernière dispose, dans la cadre des compétences
supplémentaires et à l’image du SMMO, de la compétence « gestion des sites touristiques »,
qui recouvre les éléments suivants :
-
la gestion de la station touristique de Métabief ;
RAPPORT D’OBSERVATIONS DEFINITIVES
15
-
l’aménagement, l’entretien et l’exploitation du domaine skiable alpin, des pistes de
descente en VTT et des équipements qui y sont rattachés (« enduro »
20
, luge d’été,
remontées mécaniques, système de production de neige de culture) ;
-
et «
les opérations immobilières ou mobilières de nature à contribuer au développement
du site et à proximité directe de celui-ci
»
21
.
Enfin, les enjeux de l’adaptation au changement climatique dépassent le seul territoire
de la station, comme en témoigne la réalisation d’un « masterplan », qui est pilotée en commun
par le Syndicat mixte du Pays-du-Haut-Doubs (SMIX), au titre de sa compétence en matière
d’aménagement du territoire
22
, et le SMMO
23
. Le périmètre de ce projet (le territoire du
Haut-Doubs) réunit ainsi les cinq EPCI constituant le SMIX, au sud du département du Doubs,
et concentre 68 communes et près de 64 000 habitants
24
.
1.2.2
La nécessité pour la commune de Métabief de fournir des services et des
équipements en rapport avec son statut de station de tourisme
La nécessité d’offrir des activités complémentaires au ski amène les collectivités à
proposer des services et un niveau d’équipements très supérieurs aux besoins de leur population
permanente. Leur calibrage peut en effet être établi par rapport à la population touristique, afin
de constituer un élément d’attractivité. Il peut également relever d’une obligation légale,
conformément à leur statut de site touristique.
De ce point de vue, la loi a prévu deux niveaux de classement, « communes
touristiques » et « stations de tourisme », pour les communes qui développent une politique
touristique sur leur territoire
25
. La dénomination est délivrée par décret pour douze ans, après
vérification du respect de critères en matière d’accueil (hébergement, promotion, services de
proximité) et d’animations (activités et équipements de nature culturelle et sportive)
26
.
20
L’enduro consiste en une pratique du VTT qui va au-delà de la descente.
21
Cf. Réponse apportée par la CCLMHD.
22
Cf. Les missions (haut-doubs.org).
23
Cf. Cahier des charges du Masterplan, p. 6 : «
Sur ce territoire, le Syndicat Mixte du Pays du Haut-
Doubs (SMIX) pilote les démarches stratégiques d’aménagement du territoire
. »
24
A savoir :
- l
a communauté de communes Lacs et Montagnes du Haut-Doubs (CCLMHD) ;
-
la communauté de communes Grand Pontarlier (CCGP) ;
-
la communauté de communes du Plateau de Frasne et du Val de Drugeon (CCPFVD) ;
-
la communauté de communes du canton de Montbenoît (CCCM) ;
-
la communauté de communes Altitude 800 (CCA800).
25
Le premier niveau se matérialise par l’obtention de la dénomination en commune touristique régie par
les articles L. 133-11 et L. 133-12 du code du tourisme. Le second niveau, plus élevé que le premier, se matérialise
par le classement en station de tourisme tel que défini par les articles L. 133-13 à L. 133-16 du code du tourisme.
26
La liste exhaustive de ces critères est fournie par l’arrêté du 16 avril 2019 modifiant l’arrêté
du 2 septembre 2008 relatif aux communes touristiques et aux stations classées de tourisme.
Annexe n° 23 ROD2 PA 62 en date du 3 octobre 2023
SYNDICAT MIXTE DU MONT-D’OR
16
La commune de Métabief (1 339 habitants)
27
est classée « station de tourisme » depuis
2018
28
. À ce titre, elle doit
29
offrir à ses habitants et ses visiteurs les équipements suivants :
-
une desserte des principaux lieux touristiques par des transports collectifs ou des véhicules
non polluants ou des cheminements sécurisés piétonniers ou cyclables
30
;
-
la présence d’une offre d’hébergements touristiques marchand
31
;
-
l’existence d’une pharmacie, dont le maintien a nécessité l’installation d’un médecin
32
;
-
des équipements culturels, sportifs et de loisirs, parmi lesquels un cinéma construit en
2017
33
et une médiathèque.
1.3
Une gestion des remontées mécaniques dans laquelle le département
occupe une place importante
1.3.1
Depuis l’origine de la station, l’autorité organisatrice du service public des
remontées mécaniques a été déléguée
Une station de ski n’a pas de personnalité juridique. L’autorité organisatrice du service
public du développement touristique et de la gestion des domaines skiables est très
généralement une commune, un syndicat, voire un département. L’origine de la station de
Métabief se trouve dans la création en 1979 de deux entités, compétentes pour la réalisation des
premiers investissements, dont les remontées mécaniques
34
. Dès le début, le développement de
la station est pensé sur les saisons d’été et d’hiver, comme en témoigne l’organisation des
championnats du monde de VTT en 1993
35
.
27
Source : INSEE (2019).
28
Cf. Décret du 22 janvier 2018 portant classement de la commune de Métabief (Doubs) comme station
de tourisme.
29
La liste qui suit ressort de l’arrêté de septembre 2008 déjà cité.
30
Un projet d’aménagement de voies douces pour un montant total de plus de 110 000
€
est programmé
en 2023-2024. Cf. Réponse de la commune, p. 3.
31
Le maire a évoqué à ce titre la création en 2018 d'un hébergement touristique de groupes pour
handicapés (représentant un investissement de 935 718
€
HT). Cf. Réponse déjà citée.
32
Fin 2021, l’installation d’un médecin a notamment été permise dans la commune de Métabief par l’aménagement
d’un cabinet (pour un coût de plus de 45 000
€
). Le coût de l’opération (1,6 M
€
HT), qui représentait en 2017 la
moitié des dépenses réelles d’investissement de cet exercice, a été financé au moyen d’un emprunt. Cf. Réponse
apportée par la commune.
Le coût de l’opération (1,6 M
€
HT), qui représentait en 2017 la moitié des dépenses réelles d’investissement de
cet exercice, a été financé au moyen d’un emprunt. Cf. Réponse apportée par la commune.
34
Cf. Préambule des statuts de 2019 : «
Créé en 2019, le Syndicat Mixte pour l’Aménagement, le
Développement et l’Exploitation Touristique du Mont d’Or (SMTMP) participe à part égale au premier
programme d’investissement du domaine skiable alpin aux côtés de la Société pour le Développement Touristique
du Mont-d’Or (SDTMO). Entre 1979 et 1987 se construisent les principales remontées mécaniques du domaine
skiable alpin de Métabief dont la plupart sont encore en exploitation en 2018, ainsi que la luge d’été
. »
35
Cf. Championnats du Monde VTT et Trial V.T.T. 1993 - Résultats Femmes (les-sports.info).
RAPPORT D’OBSERVATIONS DEFINITIVES
17
Les statuts du Syndicat mixte ouvert du Mont-d’Or, tels qu’ils se présentent au moment
de la rédaction de ces lignes, ont une histoire qui s’est déroulée en trois phases (2015, 2019,
2022). Pour autant, entre 1979 et 2015, l’exploitation du domaine skiable a été confiée à des
entités privées : une SEM (1991) et une société privée (2002)
36
.
L’organisation syndicale actuelle est tout d’abord issue de la volonté, en octobre 2014,
du Syndicat mixte pour l’aménagement, le développement et l’exploitation touristique du
Mont-d’Or (SMTMO) de fusionner avec le Syndicat mixte du stade de sauts à ski de
Chaux-Neuve. Les nouveaux statuts ont été adoptés par l’ensemble des parties prenantes
au cours du premier trimestre 2015, et validés par un arrêté préfectoral en date de mai 2015.
1.3.2
Une gestion qui a pu reposer sur la participation d’un nombre significatif de
membres
Conformément à l’article L. 5212-27 du code général des collectivités territoriales
(CGCT)
37
, le périmètre d’activité du SMMO a été proposé par arrêté préfectoral en
décembre 2014. Il déborde la seule commune de Métabief, comme l'indique son article 3 :
«
- Domaine skiable alpin de la station de Métabief situé sur les territoires des communes de
Métabief, Jougne, Les Longevilles-Mont d’Or et les Hôpitaux-Neufs ;
- Espace Naturel Sensible du Mont d’Or situé sur les territoires des communes de Métabief,
Jougne, Les Longevilles-Mont d’Or, Les Hôpitaux-Neufs et Rochejean ;
- Tremplin de saut à ski du site de la Côté Feuillée située sur la commune de Chaux-Neuve
. »
38
En conséquence, le comité syndical se trouvait en 2015 composé de collectivités de
strates différentes (département, EPCI, communes), dont la liste était la suivante :
-
7 représentants du Département du Doubs ;
-
1 représentant de la communauté de communes des Hauts-du-Doubs ;
-
1 représentant de la commune de Métabief ;
-
1 représentant de la commune de Jougne ;
-
1 représentant de la commune des Longevilles-Mont d’Or ;
-
1 représentant de la commune des Hôpitaux-Neufs ;
-
1 représentant de la commune de Rochejean.
39
Par cette fusion (SMTMO, …), la nouvelle entité se retrouvait gestionnaire de
l’ensemble des infrastructures afférentes à l’activité ski. En outre, en janvier 2022, des
modifications statutaires sont intervenues. Si le périmètre de l’activité est demeuré inchangé,
les compétences dévolues à la nouvelle entité sont aujourd’hui les suivantes
40
:
36
Cf. Préambule des statuts de 2019 déjà cités, p. 3.
37
« I. (…)
Le projet de périmètre du nouveau syndicat envisagé peut être fixé par arrêté du représentant
de l'Etat dans le département lorsque les membres font partie du même département
(…) ».
38
Cf. Arrêté préfectoral du 10/12/2014, article 3.
39
Cf.
Op. cit.
, article 7.1 (« Comité syndical »).
40
Cf.
Op. cit.
, Art. 3.
Annexe n° 23 ROD2 PA 62 en date du 3 octobre 2023
SYNDICAT MIXTE DU MONT-D’OR
18
-
l’aménagement, l’entretien et l’exploitation du domaine skiable de la station de Métabief
(cf. plan en annexe) ;
-
la réalisation, l’entretien et l’exploitation des équipements structurants du domaine
(qui comprennent les remontées mécaniques, le système de production de neige de culture,
le stade de saut à ski de Chaux-Neuve) ;
-
la promotion des activités de pleine nature, en lien avec l’Office de Tourisme ;
-
les opérations immobilières ou mobilières de nature à contribuer à cet objet statutaire.
1.3.3
L’évolution de la répartition du financement du syndicat révèle le poids
prépondérant du département
Depuis 2019, le SMMO associe le Département du Doubs et la communauté de
communes des Lacs et Montagnes du Haut-Doubs. Le poids de la collectivité départementale
se manifeste par le nombre de ses représentants au comité syndical (7 délégués sur 13)
41
.
Il est également manifeste dans la répartition des contributions financières entre les membres.
En effet, si la participation de la communauté de communes est plafonnée
42
, celle du
département a, quant à elle, pour finalité de couvrir «
le solde du déficit global prévisionnel
résiduel
»
43
du budget du SMMO, ce que détaille le tableau ci-après.
41
Cf. Art. 7.1 des statuts du 31/01/2022.
42
Cf. Art. 7 des statuts : «
La CCLMHD apporte une contribution annuelle de 50 % du déficit global
prévisionnel (de fonctionnement et d’investissement), en l’année N, connu au 31 mars de l’année N, dans la limite
maximale de 362 000
€
HT en 2019 et 512 000
€
HT à partir de 2020.
»
43
Cf. Art. 14 des statuts.
RAPPORT D’OBSERVATIONS DEFINITIVES
19
Tableau n° 2 :
Évolution des contributions des membres du syndicat mixte
à l’équilibre de son budget
Membres du
Syndicat mixte
Statuts de 2015
44
Statuts de 2019
45
Statuts de
2022
46
Communautés de
communes
Apporte une contribution
annuelle de 12 000
€
/an à la
section de fonctionnement du
budget
50 % du déficit global
prévisionnel (de fonctionnement
et d’investissement) connu au
31/03/N, dans la limite de
362 000
€
HT (2019) et 512 000
€
à partir de 2020
Cette répartition
demeure
inchangée.
Département
Prend en charge le déficit de la
section de fonctionnement
Prise en charge du solde du déficit
global prévisionnel résiduel
Communes
Reversent annuellement à la
section de fonctionnement du
budget une somme
équivalente au produit de la
taxe sur les remontées
mécaniques
Sans objet
Commentaires
Les investissements sont financés par des subventions du Département, des autres
collectivités locales et des administrations publiques et par recours à l’emprunt.
Source : CRC, d’après les statuts du SMMO
Les motivations du département ont été clairement affirmées dans le préambule des
statuts de 2019. Elles peuvent se résumer par son rôle dans «
l’aménagement et
[le]
développement équilibré du territoire départemental
», ses responsabilités «
en tant qu’acteur
de la préservation de la biodiversité et des paysages
» et «
au titre de sa compétence partagée
dans le domaine du sport
»
47
.
Si l’évolution des statuts de 2019 n’a pas modifié le périmètre des compétences, elle a
en revanche exclu les communes
48
(qui sont aujourd’hui associées au SMMO à travers leur
EPCI). Fin 2018, le conseil départemental a ainsi voté une «
réduction extraordinaire
» de sa
subvention au secteur du Mont-d’Or (qui passait ainsi de 24 M
€
à 7 M
€
). Pour la presse,
«
la fin des hivers neigeux est prise en compte.
»
49
Il a également été tenu compte de
l’importance des enjeux autour de la ressource en eau, comme en témoigne le commentaire de
l’un des vice-présidents du conseil départemental cité dans la presse :
«
Notre premier budget était effectivement de 24 M
€
(…)
. Il prônait encore le concept de tout
neige. Les prévisions climatiques à plus long terme sont essentielles dans cette décision.
Nous
ne sommes plus dans une révolution, au niveau des investissements, plutôt dans une
optimisation
50
. Il faut aussi prendre en compte l’exploitation de l’eau par les canons à neige.
On ne peut plus investir des millions sans prendre en compte le développement durable et le
climat
. »
51
44
Cf. Article 8.2 des statuts de 2015.
45
Cf. Article 14 des statuts de 2019.
46
Cf. Article 14 des statuts modifiés en 2022.
47
Cf. Préambule des statuts de 2019, p. 6.
48
Les communes de Jougne, les Hôpitaux-Neufs, les Longevilles-Mont-d’Or, Métabief et Rochejean
étaient avant 2022 membres du SMMO.
49
Cf. Art. l’Est Républicain, 01/11/2018.
50
Le surlignage en gras est le fait de l’équipe de contrôle.
51
Cf. Philippe Gonon, cité par la presse.
Annexe n° 23 ROD2 PA 62 en date du 3 octobre 2023
SYNDICAT MIXTE DU MONT-D’OR
20
Ce rapport comporte en annexe deux tableaux présentant l’historique de la gestion des
remontées mécaniques du domaine skiable alpin et du stade de sauts à ski de Chaux-Neuve.
Enfin, le rôle essentiel du département dans le financement du SMMO est rappelé dans
le projet de station (2019). Celui-ci affirme, en effet, l’objectif d’une gestion et d’un
développement
« durables »
des
équipements,
caractérisé
par
l’existence
d’un
«
Plan pluriannuel d’amélioration des remontées mécaniques et des équipements
» (PPARME)
d’une valeur de 11 M
€
sur la période 2018-2023. Or, le principal contributeur à ce plan, comme
il sera vu plus bas dans la partie relative au financement de la station, est le département.
______________________ CONCLUSION INTERMÉDIAIRE ______________________
L’activité ski se répartit classiquement entre le ski alpin d’une part, qui a besoin
d'équipements spécifiques comme les télésièges, et d’autre part, le ski nordique : raquette, ski
de fond. Tous deux sont historiquement présents à Métabief, et sont gérés depuis l’origine par
des entités différentes. Le SMMO, compétent dans la gestion du domaine skiable alpin et des
équipements y afférents, est l’opérateur d’une station de « premier ski ».
Les acteurs locaux sont conscients des évolutions conjoncturelles (aléa climatique) et
de la nécessité d’adapter la gestion en conséquence. Ce que traduit la place essentielle du
département dans le financement du budget du syndicat mixte, mais aussi la rationalisation du
nombre de ses membres, passés de sept à deux depuis 2019.
___________________________________________________________________________
RAPPORT D’OBSERVATIONS DEFINITIVES
21
2
LA GOUVERNANCE LOCALE DU TOURISME HIVERNAL
De gestionnaire des remontées mécaniques, le SMMO se mue en véritable acteur
ressource pour le territoire. Cette évolution est notamment perceptible à travers trois
composantes de la gouvernance du tourisme hivernal, à savoir : la montée en puissance d’une
compétence en matière d’ingénierie de tourisme, des relations protéiformes avec des partenaires
institutionnels et les tiers, et une organisation politico-administrative reflet de ces évolutions.
2.1
La montée en puissance du volet « ingénierie touristique »
2.1.1
Présentation de l’organisation administrative et politique du SMMO
Le SMMO a été créé en application des dispositions des articles L. 5721-1 et suivant du
CGCT. Il est initialement administré par un président et un comité syndical composé de treize
membres. Ceux-ci sont désignés pour la durée du mandat qu’ils détiennent au sein de chaque
collectivité.
Un bureau dont les responsabilités propres ne sont pas précisées dans les statuts
L’article 8.3 des statuts de 2019 et de 2022 précise que le bureau
« délibère sur toutes
les affaires que lui a déléguées le comité syndical »
et qu’une délibération fixant ses
prérogatives sera votée par le comité syndical à l’occasion de son renouvellement. Dans les
faits, le principe de cette répartition n’est pas respecté. En effet, si les délibérations afférentes
à l’élection du bureau mentionnent les domaines dont les vice-présidents ont la charge, elles
sont toutefois muettes sur les prérogatives du comité dans son ensemble.
L’article 8.1 des statuts, pour sa part, précise que « le comité syndical élit en son sein
un bureau qui comprendra le Président et des Vice-Présidents dont il détermine librement le
nombre sans que celui-ci puisse être inférieur à un tiers des membres du comité syndical ».
Il énonce également que ce bureau comprendra au moins un président et un premier vice-
président. Même si deux vice-présidents se sont vus attribuer une délégation de représentation
et de signature, le premier vice-président n’a pas expressément été désigné dans le cadre du
mandat en cours, contrairement aux mandats précédents. La chambre invite le SMMO à mettre
en
œ
uvre ces obligations statutaires.
Le nombre de vice-présidents et la répartition des domaines délégués a évolué au fil des
quatre mandats. Aux commissions transversales « marketing » et « environnement » mises en
place en 2015, ont succédé des délégations centrées sur des projets ou des sites particuliers en
2021 et 2023.
Annexe n° 23 ROD2 PA 62 en date du 3 octobre 2023
SYNDICAT MIXTE DU MONT-D’OR
22
Cette répartition n’amène pas de remarques particulières du point de vue de leur
régularité, dans la mesure où ces délégations recouvrent des domaines précis et identifiables
52
.
Pour autant, elle se traduit par le maintien d’un lien fort avec les communes
53
, que les statuts
de 2019 avaient tenté de dépasser
54
.
Enfin, en 2015, 2019 et 2020, les dispositions statutaires relatives à la désignation du
premier vice-président et des domaines dont les vice-présidents ont la charge étaient
expressément mentionnées dans les délibérations portant sur l’élection du bureau.
Les délégations de signature, accordées par le président à un ou plusieurs vice-présidents,
faisaient également l’objet d’un examen lors du comité syndical au cours duquel le président
était élu (2015 et 2020) ou lors du suivant (2019). Cela n’a pas été le cas après la plus récente
élection du président du SMMO, dont la régularisation n’est intervenue que dix-huit mois après,
lors du comité syndical du 7 mars 2023, et
via
une délibération générale.
Des délégations de signature non prévues par les textes
Les articles L. 5721-1 à L. 5722-11 du CGCT qui régissent l’organisation et le
fonctionnement d’un syndicat mixte n’apportent pas de précisions sur les délégations de
signature, que le président est en mesure d’accorder aux agents du SMMO. La pratique
consistant à accorder des délégations de signature aux agents est toutefois courante dans les
collectivités territoriales, comme le précise l’article L. 2122-19 du CGCT pour les communes.
Sur ce point, l’article 7.2 des statuts initiaux (2015) précise que le président peut
déléguer sa signature au directeur, sous sa surveillance et sa responsabilité
55
. Cette disposition
a été supprimée dans les statuts de 2019 et de 2022. Or, une délibération y afférente a été
adoptée par le comité syndical du 8 mars 2019 sur proposition du président. Elle élargit
d’ailleurs cette délégation au directeur adjoint et est toujours « active » lors du présent mandat.
La chambre invite le SMMO à formuler expressément cette possibilité de délégation
dans ses statuts, tout en en précisant les modalités, notamment son examen par le comité
syndical
56
.
52
La jurisprudence administrative précise que les délégations de pouvoirs (par exemple du conseil
municipal au maire : cf. TA Lyon, 22 novembre 2001, n°9603006) doivent être précises, car seules sont autorisées
les délégations prévues par la loi.
53
Cf. le Maire de Métabief est le vice-président en charge de l’aménagement Métabief-Morond, un
conseiller municipal de Chaux-Neuve en charge du site de Chaux-Neuve, les maires de Jougne et Longevilles-
Mont-d'Or, communes jouxtant le Mont d’Or en charge du projet Mont-d’Or
54
D’autant que les relations entre les communes et leur EPCI peuvent ne pas être cordiales, comme le
révèle un extrait d’une séance du conseil municipal de Métabief (délibération n°9 CM 7 février 2022).
55
Une délibération en ce sens avait d’ailleurs été adoptée par le comité syndical dès le 24 juin 2015
56
En l’absence de disposition statutaire
ad hoc
, cette délégation ne va en effet pas de soi dans la mesure
où l’article L. 5721-2 du CGCT précise que ce n’est que le quatrième alinéa de l’article L. 5211-9 qui s’applique
aux syndicats mixtes (la possibilité offerte au président de déléguer sa signature au directeur faisant partie du
deuxième alinéa).
RAPPORT D’OBSERVATIONS DEFINITIVES
23
2.1.2
La montée en puissance du SMMO en matière d’ingénierie
La participation du SMMO au sein d’organismes tiers dépasse le périmètre de la
station
Le SMMO est actuellement membre du conseil d’administration de deux organismes
extérieurs : le comité départemental du tourisme (CDT) et l’office de tourisme (OT) du pays du
Haut-Doubs
57
. Ce lien avec l’OT est mentionné explicitement dans les statuts du SMMO, et
plus particulièrement dans l’article 3 consacré à son objet. Cet article énonce en effet que l’objet
du syndicat consiste en
« la promotion des activités de pleine nature sur le territoire du massif
du Mont-d’Or, en lien avec l’office du tourisme ».
Cette formulation indique que la coopération
avec l’OT ne se décline pas sur le seul volet ski alpin, mais bien sur l’ensemble des activités
estampillées
« pleine nature »
58
.
Cette précision est importante, dans la mesure où le développement de ces activités
alternatives au ski alpin est étroitement corrélé à la réflexion sur les conséquences du
changement climatique pour l’ensemble du territoire.
Si le SMMO est à l’origine de cette réflexion, il a souhaité que cette question fasse
l’objet d’une analyse globale et partagée par tous les acteurs. C’est dans ce cadre qu’une motion
a été présentée
59
fin mars 2023 par la représentante du SMMO au conseil d’administration de
l’office de tourisme. Cette procédure a été lancée afin que l’OT assure « une ingénierie de
coopération à la suite du SMMO ». Dans ce texte, le SMMO estime également que cette
ingénierie « structurera l’économie du tourisme et des loisirs des années futures » et que
« la réussite de ces démarches repose sur l’implication des parties prenantes publiques et
privées ». L’office de tourisme constitue finalement le lieu idoine pour les faire coopérer, dans
la mesure où ses membres constituent un périmètre plus large que le seul SMMO
60
.
La réalisation de prestations de services par le SMMO constitue un témoignage
supplémentaire de ce nouveau rôle
Depuis 2015, dans le cadre de ses réflexions sur l’adaptation au changement climatique,
le SMMO s’est autorisé à réaliser des prestations de services (via l’article 4 de ses statuts).
Cet article a fait l’objet de modifications, en 2019 et en 2021. Ces changements vont dans le
sens d’un élargissement progressif du périmètre des bénéficiaires. Le tableau suivant précise
ces évolutions.
57
La représentation au sein de l’actuel office du tourisme du pays du Haut-Doubs date de 2020. Le SMMO
était toutefois représenté depuis sa création dans l’ancien office du tourisme du Mont-d'Or et des deux lacs.
58
Les statuts initiaux mentionnaient également ce lien sans toutefois apporter la précision
« pleine
nature »
qui n’apparaît qu’en 2019.
59
Cf. p. 4/4 Q2.3.
60
Cf. composition_Conseil_administration.pdf (destination-haut-doubs.com).
Annexe n° 23 ROD2 PA 62 en date du 3 octobre 2023
SYNDICAT MIXTE DU MONT-D’OR
24
Tableau n° 3 :
Évolution de l’article 4 (« Prestations de services »)
dans les statuts du SMMO
2015
2019
2021-2022
61
Récurrence
Ponctuelle et limitée
Non-précisée
Non-précisée
Bénéficiaires
Membres du SMMO,
personnalités publiques
ou morales non-membres
Membres du SMMO
Membres du SMMO,
collectivité territoriale,
EPCI, syndicat mixte
non-membre
Périmètre géographique
Département du Doubs
Département du Doubs
Non-limité
Source : Statuts 2015, 2019, 2022
Cette évolution est justifiée par le SMMO du fait des sollicitations de plusieurs
collectivités sur sa manière d’appréhender la transition touristique. En particulier, le syndicat
mixte fait l’objet de consultations à la suite de l’organisation du « SUERA » (sommet de la
Stratégie de l’UE pour la Région Alpine), qui s’est tenue à Métabief en mars 2021. Ce dont
témoigne la délibération du comité syndical du SMMO de septembre 2021 citée plus haut
62
.
Ce nouveau positionnement en tant qu’acteur-ressource sur la question de la transition
touristique atteste de la volonté du SMMO de ne pas être uniquement gestionnaire de domaine
skiable. Mais il atteste de la volonté de se présenter comme le chef de file du « passage d’une
station de ski à une station de montagne
»
.
Ces prestations de services, estampillées transition climatique, ont pour la première
fois
63
fait l’objet d’une tarification/valorisation validée par le comité syndical, à la fin de l’année
2020. Elles ont été actualisées en juin 2022.
Dans les faits, les prestations de services facturées par le SMMO concernent uniquement
le volet technique (notamment pour des opérations de damage et de production de neige),
pour un montant annuel moyen de 10 079
€
entre 2015 et 2022.
61
Le comité a adopté la modification de l’article 4 le 16 septembre 2021 et l’arrêté portant modifications
statutaires signé par le Préfet le 31 janvier 2022.
62
Cf. Délibération du 16/09/2021, p. 1 « (…)
suite à l’événement SUERA de mars 2021, plusieurs
collectivités ont sollicité le SMMO pour des conseils sur la manière d’appréhender le sujet de la transition
touristique sur leur territoire. Des coopérations potentielles ont émergé de ces échanges, sous forme de conseils
techniques et méthodologiques.
»
63
Cf. p.2/4 Q 1) d.
RAPPORT D’OBSERVATIONS DEFINITIVES
25
2.2
Une organisation administrative qui reflète l’importance de la réflexion
sur l’après ski
2.2.1
Une direction bicéphale, axée sur la gestion courante du syndicat et sur le
devenir de la station
L’organisation administrative de la station est bicéphale. C'est ce qu’illustre
l’organigramme actuel du SMMO (cf. annexe n° 3), structuré autour de deux directions
afférentes, d’une part, à la station et, d’autre part, au « pôle d’ingénierie touristique ».
Chacune est dirigée par un directeur, placé sous l’autorité hiérarchique du président.
Le directeur du SMMO ne dispose pas de fiche de poste. En revanche, une lettre de
mission mentionne les attendus au titre du développement de l’ «
ingénierie touristique
».
Dans sa réponse, le SMMO justifie cette absence de fiche de poste par l’existence de la lettre
de mission.
Si le pôle ingénierie regroupe trois agents
64
, la très grande majorité du personnel
du SMMO reste affectée aux activités liées à la station, dont les besoins en matière des
ressources humaines restent les plus prégnants
65
.
La station est organisée autour de sept services. Quatre d’entre eux peuvent être qualifiés
de supports (RH, finances, billetterie-vente, marketing-communication). Les trois autres
interviennent davantage sur le volet opérationnel : gestion des pistes, exploitation et domaine
commercial (ce dernier regroupant dans les faits les animateurs de l’espace dédié aux enfants
« Jura kid park »).
Cette organisation, et plus particulièrement le positionnement du directeur du SMMO
au sein d’un pôle ingénierie (distinct de la partie station), traduisent la stratégie générale du
syndicat en matière d’adaptation au changement climatique, et confirment son positionnement
en-dehors des seules limites de la station.
2.2.2
Des agents qui interviennent sur un périmètre plus large que le seul tourisme
hivernal dans le cadre d’un conventionnement asymétrique
Cette intervention sur un périmètre dépassant celui de la station est essentiellement
réalisée
via
l’office de tourisme du Pays du Haut-Doubs (OT). En se référant à l’organigramme
du SMMO ainsi qu’à la présentation des équipes de l’OT sur son site internet, il est possible
d’identifier quatre agents intervenant pour le compte des deux structures
66
. Pour deux d’entre
eux seulement, cette intervention fait l’objet d’un conventionnement.
64
Directeur compris.
65
Sur les 43 agents nommés dans l’organigramme, 40 sont affectés à la station.
66
Cf. le directeur, la cheffe de projet Avenir Montagnes, le gestionnaire de paie et la chargée
communication/marketing. Le bureau d’un de ses agents est d’ailleurs situé dans les locaux de l’OT et non du
SMMO.
Annexe n° 23 ROD2 PA 62 en date du 3 octobre 2023
SYNDICAT MIXTE DU MONT-D’OR
26
Le poste de directeur fait partie de ces deux agents. Son intervention est régie par une
convention de partenariat conclue pour la période du 1
er
juillet 2021 au 30 juin 2024
67
. Celle-ci
précise que le responsable du pôle d’ingénierie
« apportera son appui en ingénierie »
à l’OT
à raison d’un volume moyen de 44 jours par an (soit 0,2 ETP d’après cette même convention
68
).
Cette intervention n’est pas anecdotique, puisque le directeur du SMMO est présenté
dans les équipes de l’OT sur son site internet, au même titre que les salariés de l’OT, et ce, sans
qu’il soit fait mention de son appartenance au SMMO
69
.
Les interventions du directeur du SMMO au titre de l’OT portent sur l’accompagnement
des projets des structures adhérentes à l’OT. Ainsi, le directeur du SMMO est intervenu dans la
rédaction d’un cahier des charges d’une mission d’assistance à maîtrise d'ouvrage (AMO) pour
l’aménagement et l’exploitation d’un site touristique local totalement indépendant de la station
.
Contrairement à l’autre agent dont la mise à disposition fait l’objet d’un
conventionnement,
70
cette intervention n’est pas refacturée par le SMMO à l’OT
71
.
La convention de partenariat, qui n’a finalement été signée qu’en juillet 2022, ne précise pas
(dans un article
ad hoc
) les engagements de l’OT en faveur du SMMO en contrepartie de cette
intervention. Il existe donc ici une asymétrie entre les moyens mobilisés par chaque partie.
La participation annuelle du SMMO à l’activité de l’OT peut en effet être estimée de
trois façons :
-
soit à hauteur de 13 843,20
€
72
par an, sur la base du salaire mensuel brut perçu par le
directeur du SMMO à compter du 1
er
septembre 2020
73
;
-
soit à hauteur de 43 196,16
€
TTC
74
, sur la base du tarif horaire validé par le comité
syndical pour 2020-2021 ;
-
soit à hauteur de 42 240
€
TTC
75
, sur la base du tarif journalier adopté par le comité
syndical pour 2022-2023.
Les deux derniers modes d’estimation ne sont toutefois proposés qu’à titre illustratif,
dans la mesure où le SMMO s’est statutairement supprimé la possibilité d’être prestataire de
services pour une structure associative comme l’OT. Ils permettent toutefois d’appréhender ce
qu’une autre collectivité ou un autre syndicat mixte devrait régler pour une prestation identique
à celle proposée par le SMMO.
67
Validée par le comité syndical du 4 juin 2021.
68
Le nombre de jours travaillé annuellement devrait donc s’établir à 220 jours. Or, la lettre de mission
précise qu’il s’élève à 218 jours entre le 1
er
septembre 2020 et le 31 août 2023.
69
Ce constat est également valable pour deux autres
agents du SMMO.
70
Cf. agent pour lequel la quotité de travail réalisé au profit de l’OT est assez proche puisqu’elle s’établit
à 0,25 ETP.
71
Celui-ci étant sous statut associatif.
72
(5 768
€
X 12) x 0,2. Il s’agit d’une estimation
a minima
puisque dans le cas du gestionnaire de paie,
c’est le salaire brut chargé qui est refacturé et pas le seul salaire brut.
73
Cette estimation est proche de celle réalisée par le SMMO dans le cadre du premier rapport d'activités
du pôle ingénierie (p. 42/46). En prenant en compte le salaire chargé et les frais de déplacements sur une période
de 20 mois (135 658
€
) et en les rapportant à 0,2 ETP annuel, on arrive à un total de 16 246
€
.
74
134,40
€
(tarif horaire personnel expert) x 1 607 (durée de travail annuelle en heures) x 0,2.
75
960
€
(tarif journalier expert AMO pôle ingénierie) x 44 jours de travail.
RAPPORT D’OBSERVATIONS DEFINITIVES
27
L’asymétrie de moyens est ici bien réelle et d’autant plus problématique que,
dans le même temps, une seconde convention de partenariat
76
a été conclue entre l’OT et le
SMMO pour l’année 2022. Celle-ci précise que l’OT facture au SMMO 10 940
€
en 2022
au titre des actions liées à l’accueil et l’information des clients ainsi que de la promotion des
installations et équipements du SMMO par l’OT.
Les
montant
mensuels
sont
assez
proches.
Aussi,
la
première
estimation
(13 843,20
€
/an) demeure la seule aujourd’hui applicable. Le SMMO et l’OT auraient tout
intérêt à inscrire l’ensemble de ces actions dans le cadre d’une convention de partenariat
générale, qui préciserait les engagements de chaque partie, notamment les moyens humains mis
à disposition puisque quatre agents du SMMO sont concernés, afin que l’asymétrie de moyens
soit identifiée et compensée en toute transparence. La chambre invite le SMMO à agir dans ce
sens.
Pour conclure sur les relations entre le pôle d’ingénierie touristique du SMMO et l’OT,
la chambre note que la lettre de mission du directeur précise que ses missions sont financées à
80 % par
« une part (60 %) du produit de la Taxe Remontées Mécaniques (TRM) perçue par le
Département et les communes de la station de Métabief (Métabief, Jougne et Les Longevilles-
Mont-d’Or) et reversée au SMMO, dans le cadre d’une convention d’ingénierie signée en juillet
2019
77
pour la période 2019-2024 »
. Or, si l’affectation de cette taxe à ces missions correspond
à l’article L. 2333-53 du CGCT, il est possible de considérer que les trois communes citées ont
abandonné une recette affectée au profit d’un territoire qui excède largement le leur.
Ce dépassement s’explique par le caractère novateur de la démarche entreprise. Le support de
présentation du pôle ingénierie précise par ailleurs sur ce point que le financement de ce pôle
via
la TRM s’inscrit dans un cadre conventionnel à durée déterminée. Après 2024, des transferts
seront à opérer entre les EPCI, l’OT et le syndicat mixte du Pays du Haut-Doubs.
76
Qui n’a pas fait l’objet d’un examen en comité syndical à la différence de celle précédemment citée. Il
est possible de noter ici que lors des deux précédents mandats, le comité syndical avait adopté une délibération
portant attributions du président lui permettant de conclure
« tout type de convention pour les besoins du
fonctionnement du SMMO ».
77
La convention pour la période en cours a été demandée et n’a pas été transmise au moment de la
rédaction de ces lignes.
Annexe n° 23 ROD2 PA 62 en date du 3 octobre 2023
SYNDICAT MIXTE DU MONT-D’OR
28
2.3
Des liens institutionnels ou financiers avec de nombreux partenaires
2.3.1
Avec la commune de Métabief : des intérêts financiers croissants
Une commune « c
œ
ur de station », aujourd’hui sans lien institutionnel direct avec le
SMMO
Au préalable, il est intéressant de relever qu’en dehors des tremplins de sauts à ski situés
sur le territoire de la commune de Chaux-Neuve, le domaine skiable alpin et les remontées
mécaniques sont situés sur d’autres territoires que la commune de Métabief. Pour autant, le
principal « point d’entrée » sur le domaine skiable (le site de Métabief), le c
œ
ur de la station et
les locaux du SMMO sont situés sur cette commune. C’est pourquoi cette analyse des liens avec
les communes porte uniquement sur les relations avec Métabief.
Le lien entre la commune de Métabief et le SMMO est aujourd’hui beaucoup moins
direct qu’il n’a pu l’être entre 2015 et 2019. Depuis 2019, en effet, les communes ne sont plus
membres du syndicat mixte. Les cinq communes
78
et l’ex-communauté de communes des
Hauts-du-Doubs
79
ont été « remplacées » par la communauté de communes des Lacs et
Montagnes du Haut Doubs (CCLMHD) dans les statuts du SMMO.
Une participation financière du SMMO aux opérations d’aménagement communales
Un lien direct entre la commune et le SMMO a vu le jour à l’été 2022. Il s’agit de la
constitution d’un groupement d'achat dans le cadre de l’étude d’aménagement des voiries
liées à la station. Cette étude a notamment vocation à identifier les travaux à réaliser pour
améliorer les mobilités, ainsi que les services d’accueil et de stationnement dans le périmètre
du front de neige. Ce projet est étroitement lié à la construction du Pôle Montagne qui
regroupera dans un même bâtiment l’office de tourisme, le SMMO ainsi que divers
professionnels type écoles de ski, VTT, parapente, accompagnateurs en montagne, handisport
80
.
L’offre sélectionnée par la commune pour cette mission d’AMO s’est élevée à
27 724
€
HT. Le plan de financement prévisionnel validé le 6 mars 2023 prévoit que le
département du Doubs octroie une subvention de 16 000
€
, représentant près de 60 % du coût
total de cette mission. La commune et le SMMO prennent respectivement 5 862
€
à leur
charge
81
.
78
Les Hôpitaux-Neufs, Jougne, Longevilles-Mont-d’Or, Métabief et Rochejean.
79
Cf. Statuts 2021 de la CCLMHD (p. 2/9).
80
Cf. Cahier des charges p. 11/23.
81
La délibération précise qu’il ne s’agit que d’une demande de subvention auprès du Département et que
la commune prendra en charge le financement de la part résiduelle de cette étude après subventions effectives.
RAPPORT D’OBSERVATIONS DEFINITIVES
29
L’existence de coopérations comme celle qui vient d’être décrite atteste d’une
coopération « naturelle » entre les deux entités en matière d’urbanisme, lorsque les opérations
concernent directement le SMMO.
Le SMMO prend également part à des opérations d’aménagement qui concernent
l’accès à son domaine. Ainsi, il a co-financé en 2019 des travaux d’élargissement d'une route
communale, mise à disposition du SMMO et largement exploitée par ses usagers, à hauteur de
80 % du montant global
82
.
Des moyens communaux dédiés spécifiquement au SMMO ou en lien avec les
activités de la station
La commune de Métabief met enfin à disposition du SMMO, de ses usagers ou des tiers
en lien avec la station des moyens financiers, logistiques et humains. Ceux-ci se sont réduits
lors de l’hiver 2022-2023, puisque la communauté de communes a pris à sa charge une
prestation assurée par la commune de 2008 à 2022 (la navette
83
qui transporte les usagers vers
le bas des piste). Le tableau suivant précise, sur la base des éléments fournis par la commune,
l’ensemble des moyens mis à disposition de manière récurrente par la commune.
Tableau n° 4 :
Moyens mis à disposition de la commune de Métabief au profit du SMMO
Opérations
Montant TTC
Période
Déneigement et sécurisation parking
53 521
€
Saison 2021-2022
Permanence ambulancière
10 906
€
Saison 2021-2022
Charges salle hors-sac
84
8 837
€
Année 2022
Personnel communal
3 360
€
Saison 2021-2022
Total
76 624
€
Source : Estimation participation communale
À ces moyens
85
, il convient d’ajouter les subventions allouées dans le cadre
d’évènements directement liés à l’activité de la station
86
(36 500
€
attribués en 2022), la gratuité
des locaux communaux mis à disposition pour ces évènements, ainsi que les investissements
directement liés à la station. À ce titre, la commune précise avoir réalisé ces dernières années
82
121 752,72
€
pris en charge par le SMMO sur un coût total HT de 152 090,90
€
.
83
Cf. Rapport 14. Cette prise en charge fait suite à la prise de position des services de l’État considérant
que cette prestation relevait bien de la commune même si elle a transféré sa compétence mobilité à la CCLMHD
le 1
er
juillet 2021. Le conseil municipal validera la prolongation de cette prise en charge pour la fin de l’hiver le 7
février 2022 (cf. rapport 9). Dans sa réponse, le maire de Métabief précise que lors de l’hiver 2022-2023, cette
prestation sera pour la première fois prise en charge par la CCLMHD (p. 26 et 27/27).
84
Salle située en bas des pistes permettant aux skieurs ayant emmené leur repas avec eux de se restaurer
à l’intérieur. Elle fait l’objet d’une convention de mise à disposition conclue avec le SMMO.
85
Certaines opérations comme le déneigement pouvant varier fortement d’une année à l’autre.
86
20 000
€
pour le « ladies tour », 15 000
€
pour l’UTMJ (ultra trail des montagnes du Jura) et 1 500
€
pour le trail du Mont-d’Or.
Annexe n° 23 ROD2 PA 62 en date du 3 octobre 2023
SYNDICAT MIXTE DU MONT-D’OR
30
l’aménagement de l’espace dédié aux camping-cars, créé un hébergement touristique de
groupes pour les personnes en situation de handicap et mis en place une fourrière communale.
Enfin, un projet d’aménagement des voies douces pour relier les différents sites touristiques est
en cours pour la période 2023-2024.
La commune de Métabief et le syndicat mixte s’inscrivent dans une coopération qui peut
être qualifiée d’équilibrée. Ainsi la commune ne prend pas à sa charge exclusive des opérations
d’aménagement ou de rénovation qui bénéficient davantage aux usagers du SMMO qu’aux
administrés de la commune, tout en dédiant des moyens spécifiques au SMMO et à ses usagers
puisque la station demeure le principal élément d’attractivité de la commune.
2.3.2
La collaboration avec la communauté de communes Lacs et Montagnes du
Haut-Doubs (CCLMHD) : des compétences imbriquées sur l’ensemble du
territoire
Des liens directs en matière de gouvernance et de compétences
Suite à sa création au 1
er
janvier 2017, la CCLMHD est devenue membre du SMMO
en 2019
87
. Elle en avait préalablement validé les statuts lors du conseil communautaire du
25 septembre 2018
88
. Ce lien avec le syndicat mixte est d’autant plus prégnant que la
communauté de communes exerce des compétences sur le massif du Mont-d’Or. L’article 6.2
de ses statuts prévoit en effet qu’elle exerce les compétences complémentaires suivantes en
matière de gestion de sites touristiques : gestion de la station touristique alpine de Métabief,
réalisation, entretien, exploitation des équipements structurants du domaine de ski alpin
(remontées mécaniques, système de production de neige de culture), aménagement, entretien,
exploitation du domaine de VTT descente et enduro, gestion des circuits touristiques de VTT
(hors descente) et des sentiers pédestres et la gestion des sites nordiques.
Certaines de ces compétences sont exercées par la seule CCLMHD sur le massif du
Mont-d’Or : VTT hors enduro et descente et ski de fond notamment. D’autres sont
exclusivement exercées par le SMMO. C’est le cas des activités de ski alpin et du VTT descente
et enduro.
Contrairement à l’activité ski alpin, le développement d’activités alternatives dites de
« pleine nature » ne relève donc pas de la seule compétence du SMMO et ce, alors qu’elles sont
au c
œ
ur de son projet de transition. Dans ce cadre, le SMMO a notamment pris à sa charge en
2020 une étude concernant la structuration de l’offre VTT dans son ensemble.
87
Entre 2015 et 2019, le seul EPCI membre du SMMO était l’ancienne communauté de communes des
Hauts du Doubs qui comptait notamment en sein la commune de Chaux-Neuve.
88
Cf. Point 1-2 p. 8/16. Les statuts actuels ont également été validés en novembre 2021 (p. 7 et 8/13). Ils
l’ont été à la même période par le Département.
RAPPORT D’OBSERVATIONS DEFINITIVES
31
L’association à des projets relevant de la compétence intercommunale
via
le pôle ingénierie
Autorité organisatrice de mobilité (AOM),
via
le point 9) de l’article 6.2 de ses statuts,
la CCLMHD a récemment validé le principe d’être le maître d’ouvrage d’une étude consacrée
aux mobilités sur son territoire. L’objectif de cette étude, qui se base sur le constat que le secteur
du Mont-d’Or est l’un des principaux pôles de concentration des mobilités et des flux du pays
du Haut-Doubs, est de
« réduire les émissions, optimiser les flux et de dynamiser le local »
.
La création d’un ou de plusieurs pôles multimodaux tels qu’une aire de covoiturage, des
parkings poids lourds en transit et des arrêts pour les navettes sont les options qui pourraient
être retenues à l’issue de cette étude.
La CCLMHD n’en est toutefois pas à l’initiative, puisque sa délibération précise que
« la commune de Jougne avec l’appui du Pays du Haut-Doubs a répondu à un appel à projet
lancé par l’État et que le dossier a été retenu récemment par l’Agence Nationale de la Cohésion
des Territoires (ANCT) ». Le projet a ensuite été présenté aux membres du bureau et des
commissions finances, assainissement et déchets par « la cheffe de Projet transition touristique
Pays du Haut-Doubs Avenir Montagnes » qui appartient au pôle d'ingénierie touristique du
SMMO.
Le budget prévisionnel de cette étude, dont la CCLMHD doit nécessairement être le
maître d’ouvrage en tant qu’autorité organisatrice de mobilité (AOM), prévoit une part
importante
de
co-financements,
notamment
via
le
plan
« Avenir
Montagnes »
89
.
Le SMMO,
via
son pôle ingénierie et son inscription dans ce plan, a joué un rôle important dans
le projet, qui relève initialement de la seule compétence de la CCLMHD.
2.3.3
Avec le syndicat mixte du pays du Haut-Doubs (SMIX) : un partage de
réflexions sur l’avenir du ski
Le SMIX réunit les cinq communautés de communes constitutives du territoire du Haut-
Doubs. Il a notamment pour mission d’accompagner les collectivités dans le cadre du schéma
de cohérence territoriale (SCoT), ainsi que dans la mise en
œ
uvre des orientations des politiques
d’aménagement et de développement du territoire initiées par l’Europe, l’État, la Région
Bourgogne-Franche-Comté et le Département du Doubs.
Parmi ces politiques initiées par l’État
90
, le plan « Avenir montagnes ingénierie »
a permis le développement d’un partenariat formel avec le SMMO
91
. Ces deux entités sont en
effet co-lauréates du plan
92
et ce, même si le dossier de candidature fourni n’a été déposé qu’au
seul nom du SMMO. Les actions financées et mises en
œ
uvre dans le cadre de ce plan dépassent
en effet le seul périmètre de la station, et s’inscrivent sur l’ensemble du territoire du Haut-
89
170 000
€
dont la moitié pris en charge
via
plan Avenir Montagne pour un reste à charge prévisionnel
de 34 000
€
pour la CCLMHD.
90
Par le biais de l’agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT).
91
Cf. Convention de novembre 2021 prévoyant notamment en son article 1 «
le financement, sur une base
forfaitaire de 60 000 euros par an pendant 2 ans, par l’État, d’un chef de projet dédié au programme
».
92
Cette situation est particulière puisque parmi les 62 territoires lauréats, la grande majorité est constitué
d’un lauréat unique (EPCI, parc naturel régional, pôle d’équilibre territorial et rural).
Annexe n° 23 ROD2 PA 62 en date du 3 octobre 2023
SYNDICAT MIXTE DU MONT-D’OR
32
Doubs. Sur le volet technique, ce sont toutefois les agents du SMMO et l’OT qui sont
mentionnés dans le support de présentation et non ceux du SMIX.
Le site internet « O Doubs » précise pourtant que le programme est co-présidé
non seulement par les présidents respectifs du SMMO et du SMIX, mais également par le
commissaire du massif du Jura.
2.3.4
Avec les acteurs économiques du tourisme : des concertations récentes dans le
cadre du plan « Avenir montagnes »
À partir de mai 2022, la réunion d’une communauté des acteurs du tourisme du
Haut-Doubs a été mise en
œ
uvre à l’initiative de l’OT et d’« Avenir montagnes ». Un groupe
de travail thématique « métiers - emplois - formations » a d’ores et déjà été constitué et le
SMMO a indiqué dans sa réponse que les thématiques du marketing et de la commercialisation
seraient prochainement abordées.
Le groupe de travail « métiers - emplois - formations » réunit une dizaine de
professionnels du tourisme de loisirs locaux
93
ainsi que des professionnels du domaine de
l'emploi et de la formation
94
. Il s’est fixé pour objectif de
« travailler collectivement sur la
problématique du recrutement et du maintien des compétences dans l’économie du tourisme et
des loisirs du Haut-Doubs
95
»,
face à ce qui est identifié comme des menaces futures. Au
premier rang de celles-ci figurent l’évolution des offres touristiques du fait du changement
climatique et l’adaptation des offres touristiques vers des offres de loisirs pour répondre aux
évolutions démographiques du territoire. Afin de mieux appréhender la façon dont les salariés
perçoivent ces évolutions, une enquête est actuellement en cours
96
. Même si le projet est récent,
les pistes d’amélioration identifiées à ce jour ont notamment trait au développement d’une
démarche de qualité de vie au travail (QVT).
S’il est encore difficile d’évaluer la plus-value de cette démarche à l’heure actuelle,
l’équipe de contrôle note que cette association des professionnels du tourisme et de
l’emploi/formation constitue une démarche vertueuse pour anticiper les évolutions futures en
matière d’emploi.
______________________ CONCLUSION INTERMÉDIAIRE ______________________
L’impact du changement climatique est perceptible dans l’organisation et le
fonctionnement du SMMO. Aux compétences traditionnelles (gestion de remontées
mécaniques) s’ajoutent une offre de services en matière d’ingénierie touristique et des relations
avec des partenaires multiples sur le territoire du Haut-Doubs
.
LE SMMO mène une politique partenariale dans le cadre de lien institutionnel avec ses
membres ou de collaboration avec différents acteurs locaux pouvant donner lieu à des partages
financiers adaptés aux actions menées.
93
Notamment un centre aquatique et des écoles de ski et de sports.
94
Notamment Pôle Emploi, Région BFC, Greta, CCI.
95
Cf. Support de présentation du 14 décembre 2022, p. 3/11.
96
Le SMMO précise dans sa réponse que les résultats ne seront pas publiés avant l’été 2023
(Cf. questionnaire n° 3 – question 3.1).
RAPPORT D’OBSERVATIONS DEFINITIVES
33
3
DE LA RÉSISTANCE À LA RÉSILIENCE : LA PRISE EN
COMPTE DES EFFETS DU CHANGEMENT CLIMATIQUE
3.1
Une prise de conscience confortée par une étude scientifique et portée
par un cofinancement public
La prise en compte du changement climatique par la direction du syndicat mixte a été
progressive. Au-delà des réflexions concernant le recours à la neige de culture, qui ont démarré
dès les premières années de la station
97
, c’est en 2020 qu’une prospective fondée sur des
analyses scientifiques a été réalisée.
3.1.1
Les apports de la démarche « Climsnow »
Les principes généraux encadrant cette démarche
La tendance au réchauffement climatique, qui a été amplifiée par la combustion des
énergies fossiles
98
, a des effets de long terme sur les conditions d’enneigement en station.
Les grandes variations de température sont visibles sur 30 ans. Les études en la matière
concluent à la perte d’un mois d’enneigement, entre 1971 et 2019, dans les massifs situés dans
l’arc alpin à moins de 1 500 m d’altitude. Pour autant, de nombreux facteurs, tels que
l’exposition des massifs à l’ensoleillement, impliquent des solutions adaptées à chaque
territoire.
C’est dans ce contexte que sont intervenues une série d’études relatives à l’évaluation
des perspectives d’enneigement, dont la méthodologie est largement utilisée aujourd’hui.
Développée par Météo France (plus précisément le laboratoire CNRM, associé au groupe
Météo-France-CNRS et au Centre d’Etudes de la Neige) et l’INRAE
99
, ces analyses
scientifiques ont été initialement conduites au profit des stations de ski iséroises
100
, et
permettent d’anticiper les projections de l’enneigement tout au long du XXIe siècle.
97
Comme en témoignent les indications contenues dans le préambule des statuts de 2019, déjà citées.
98
Lire à ce sujet le rapport de 2023 approuvé par les 195 pays membres du Groupe d’experts
intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC).
99
L’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE) est issu
de la fusion en 2020 entre l’INRA (Institut national de la recherche agronomique) et l’IRSTEA (Institut national
de recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture).
100
Cf. Etude Climsnow sur la station de Métabief, dont la page 3 mentionne : «
A la demande du
département de l’Isère, cette méthodologie a pu être mise en
œ
uvre et fournir des résultats sur l'enneigement des
stations de sport d'hiver iséroises à diverses échéances du 21ème siècle.
»
Annexe n° 23 ROD2 PA 62 en date du 3 octobre 2023
SYNDICAT MIXTE DU MONT-D’OR
34
Ces analyses sont construites sur la base des projections
101
du Groupe d’experts
intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Le GIEC a défini en 2013 des profils
représentatifs de l’évolution des concentrations de gaz à effet de serre, en fonction des efforts
de réduction menés par les populations. Nommés RCP, pour «
representative concentration
pathways
», ces trajectoires sont déclinées par les climatologues en conditions climatiques
associées, et permettent de projeter des scénarii, qui vont du plus optimiste (dit « RCP 2.6 »)
au plus pessimiste (« RCP 8.5 »).
Graphique n° 1 :
Représentation graphique des scenarii d’évolution du climat selon le GIEC
De cette méthode ressort un indicateur de fiabilité des stations en termes d’enneigement
global (naturelle et artificielle), qui s’échelonne selon sept niveaux. Les catégories 1, 2 et 3
illustrent les stations de ski où les conditions d'enneigement naturel à l’altitude moyenne du
domaine skiable peuvent être considérées comme fiables sur une projection de dix ans.
L'enneigement artificiel n'y sera alors utilisé qu'aux altitudes les plus basses et pour une
minorité de saisons. Les catégories 4 et 5 illustrent les stations de ski où les conditions
d'enneigement naturel ne sont pas considérées comme fiables, mais où l'enneigement artificiel
peut garantir la fiabilité à toutes les altitudes de la station. Les catégories 6 et 7, quant à elles,
illustrent les stations de ski où les conditions d'enneigement naturel ne sont pas considérées
comme fiables et où l'enneigement artificiel n'est pas efficace pour réduire la rareté de la neige
naturelle aux altitudes les plus basses de la station.
101
Le GIEC traite du «
forçage radiatif
» du système climatique. Cette expression désigne les variations
de l’énergie transmise à l’ensemble du système Terre-atmosphère, causées par des changements des
comportements humains. La différence entre l'énergie radiative reçue et l'énergie radiative émise par un système
climatique donné peut être positive (plus d’énergie reçue qu’émise) ; elle tend à réchauffer le système. Négatif
(plus d'énergie émise que reçue), elle tend vers un refroidissement.
RAPPORT D’OBSERVATIONS DEFINITIVES
35
Les résultats de l’étude confortent le scénario d’un déficit d’enneigement grave dans
la station dès 2030
Fin 2020, le cabinet Dianeige et l’INRAE ont présenté au syndicat mixte les résultats de
leur étude portant sur les anticipations d’enneigement pour la période 2030-2075.
Les constats suivants ont été relevés :
-
le domaine skiable de la station de Métabief est particulièrement exposé aux effets du
réchauffement climatique ;
-
sa couverture en neige de culture est limitée ;
-
or, un recours accru à la production de neige de culture ne palliera pas l’ensemble des effets
du réchauffement.
Ainsi, dans tous les cas, la pratique du ski alpin deviendrait impossible à Métabief
après 2050
102
. Ce qui explique que l’étude comporte des préconisations qui vont dans le sens
d’un «
maintien transitoire de l’activité ski
[alpin] »
103
; à savoir : réduction du nombre de
téléskis (par exemple : abandon du téléski de liaison) et surtout, maintien d’une activité
d’apprentissage en partie basse de la station (pistes dites de « grande circulation ») impliquant
une augmentation de la production de neige de culture et des investissements «
très ciblés
».
L’analyse conclut ainsi que «
la période 2020-2040 est à considérer, dès aujourd’hui, comme
une période de transition
»
104
et préconise des investissements nécessaires «
pour la
diversification des activités
», «
en liens très étroits avec d’autres acteurs du territoire
touristique
. »
3.1.2
La création d’un « pôle d’ingénierie » dans le cadre du plan « Avenir
Montagnes »
Pour soutenir sa démarche de changement, le territoire a candidaté au volet "ingénierie"
du programme national d’appui intitulé « Avenir Montagnes »
105
porté par l’Agence nationale
de la cohésion territoriale (ANCT). Lauréat de la première vague (2019-2021), le Haut-Doubs
bénéficie du soutien technique et des financements associés, à travers une démarche qui est
portée par le SMMO.
Les principes généraux de la démarche
La création en 2019 d’un « pôle d’ingénierie » à Métabief est une mesure qui s’inscrit
dans le cadre de la stratégie d’adaptation aux effets du changement climatique. Cette création
est intervenue avant la participation du SMMO au programme « Avenir Montagnes Ingénierie »
102
Comme en témoigne le schéma de cette étude présent en page 38.
103
Cf. Etude Climsnow, p. 39.
104
Cf. Etude Climsnow, p. 40.
105
Le plan « Avenir Montagne Ingénierie » a pour objectif d’«
accompagner en ingénierie les territoires
de montagne vers une stratégie de développement touristique adaptée aux enjeux des transitions écologiques et
de la diversification touristique.
» (Cf. https://agence-cohesion-territoires.gouv.fr/avenir-montagnes-ingenierie)
Annexe n° 23 ROD2 PA 62 en date du 3 octobre 2023
SYNDICAT MIXTE DU MONT-D’OR
36
(AMI, 2021). Les objectifs de la démarche ont été précisés dans le dossier de consultation des
entreprises de la procédure de passation tendant à la rédaction d’un « Masterplan »
106
. Ils sont
de quatre ordres
107
:
-
Notamment sur la base des données issues de l’étude Climsnow (hypothèses d’évolution
du climat), dessiner une trajectoire d’évolution de l’économie de loisirs à l’horizon
2040-2050 ;
-
Identifier des «
passerelles
» entre les différents acteurs dans les domaines de la mobilité,
du logement et des compétences ;
-
Déterminer les investissements indispensables sur le court terme pour «
amorcer la
transformation du système à long terme
» ;
-
Enfin, fournir une «
boîte à outils
» pour permettre aux acteurs de les aider à se
transformer.
Comme indiqué par le SMMO, une première convention de partenariat a été passée avec
le département, l’EPCI et les communes
108
pour la période 2019-2021 (convention dite
« TRM »). Durant cette période, le département et les communes
109
acceptaient de financer, à
travers le reversement d’un pourcentage du produit de la taxe sur les remontées mécaniques
110
,
une partie des charges de personnel afférent à la démarche ainsi que des études et des actions
de communication
111
. Cette convention a été renouvelée pour la période 2022-2024
112
, dans le
cadre du plan AMI. Le tableau qui suit présente le détail du plan de financement de la démarche.
Tableau n° 5 :
Plan de financement du Pôle d’ingénierie (2022-2024)
Source : SMMO, Présentation du Pôle d’ingénierie, p. 25.
106
Un Masterplan (ou plan directeur) est un document de planification dans une démarche de
changements.
107
Source : Cahier des charges, p. 26.
108
De Métabief, Jougne et Longevilles-Mont-d’Or.
109
L’intercommunalité ne perçoit pas cette taxe.
110
L’article 4.3 de la convention mentionne un reversement de 60 % du produit de la TRM, plafonné à
100 000
€
/an (toutes parties confondues).
111
Cf. Réponse apportée par le SMMO.
112
Cf. Convention et Délibération du comité syndical du SMMO en date du 30/11/2021.
RAPPORT D’OBSERVATIONS DEFINITIVES
37
L’accompagnement par le Département du Doubs
L’accompagnement du SMMO dans sa stratégie d’adaptation aux effets du changement
climatique est précisé dans deux notes de synthèse qui ont été présentées au bureau du Conseil
départemental en 2020.
Le premier document est intitulé «
propositions pour la transition climatique de la
station de Métabief et pour la mise en
œ
uvre, à compter de 2030, d’une nouvelle économie
touristique sur le territoire du Haut-Doubs afin de compenser, au mieux, la perte de chiffre
d’affaires liée à l’arrêt de l’activité « neige » d’ici 2030-2035
». Il invite les élus à «
se
prononcer sur les orientations stratégiques proposées par le SMMO pour la transition
climatique de la station de Métabief et du tourisme dans le Haut-Doubs
. ». Il souligne les enjeux
financiers pour la collectivité départementale, qui est consciente du coût du maintien de
l’activité ski alpin, comme l’illustre cette citation : « (…)
la poursuite de l’activité ski alpin
nécessite de prévoir, chaque année, un montant d’investissements et de travaux de maintenance
pour un montant estimé à 800 000
€
/an (plan pluriannuel d’amélioration des remontées
mécaniques et des équipements - PPARME).
»
113
Il est également précisé que les orientations prises pour la diversification des activités
sont conditionnées aux «
possibilités
(…)
limitées
» des spécificités de la station, à savoir :
«
environnement fragile, contraintes foncières, activités pastorales et sylvicoles, structuration
du parc de remontées mécaniques, …
»
114
.
Plusieurs scenarii sont dressés quant à l’impact du maintien de l’activité ski alpin sur le
chiffre d’affaires du SMMO. L’impact de l’arrêt de l’activité ski alpin en 2030 (démontage des
remontées mécaniques) sur la participation financière du département fait également l’objet
d’une évaluation
115
. Compte tenu de ces enjeux, c’est au final le choix du scénario d’un arrêt
du ski alpin en 2030 qui est préconisé.
En parallèle, ce document préconise une «
nécessaire dynamique locale
», sous la forme
d’un accompagnement des acteurs locaux aux transformations du tourisme dans le Haut-Doubs
«
de manière à faire émerger, durant les 10 prochaines années, de nouvelles offres qui ne soient
plus dépendantes de la neige
. »
116
Celle-ci est censée irriguer le prochain contrat de station,
pour la période 2024-2029.
Le schéma évoque le renforcement de la filière « outdoor », qui passe notamment par
une réflexion sur une coordination des actions menées par les différents acteurs du territoire,
tant au stade de la conception des activités que de leur publicité. La note précise sur ce point
que «
le SMMO est légitime pour
[y]
apporter son offre d’ingénierie
»
117
.
Le deuxième document est une note destinée au bureau du 16 novembre 2020. Elle fait
le bilan de la concertation conduite par le SMMO avec les acteurs locaux, dans le cadre de
l’accompagnement et du soutien financier du département. Le SMMO a conduit à ce titre une
démarche en trois temps :
113
Cf. Département du Doubs, Note pour le Bureau du 04/05/2022, p. 3.
114
Cf. Département du Doubs, note du 04/05/2022, p. 4.
115
Cf. Département du Doubs, note du 04/05/2022, p. 5.
116
Cf. Département du Doubs, note du 04/05/2022, p. 8.
117
Cf. Département du Doubs, Note du 04/05/2022, p. 9.
Annexe n° 23 ROD2 PA 62 en date du 3 octobre 2023
SYNDICAT MIXTE DU MONT-D’OR
38
1)
Un échange interne entre élus du comité syndical du SMMO (septembre 2020), à l’issue
duquel «
les élus du SMMO ont approuvé à l’unanimité le projet de transition climatique
de la station de Métabief
»
118
;
2)
Une rencontre avec les acteurs socio-professionnels et associatifs du canton
(octobre 2020) ;
3)
Un temps d’échanges entre élus locaux (octobre 2020), de laquelle il ressort une
«
unanimité pour souligner le bien-fondé de la démarche entreprise par le SMMO, face
à la nécessité de faire le deuil du produit ski alpin vecteur de retombées économiques
fortes
»
119
.
Cette note était accompagnée en annexe de la synthèse des consultations rédigées par
le SMMO. Celle-ci mentionne l’existence d’un projet d’investissements sur 2021-2025
«
dédié à 50 % au ski alpin
(…)
et à 50 % à la diversification
»
120
, réalisable «
à la condition
d’obtenir une subvention exceptionnelle du Département et un appui complémentaire de la
Région au titre du Contrat de Station
. »
121
. En outre, l’essentiel de la stratégie de diversification
des activités repose sur le développement d’une offre VTT ; tandis que l’adaptation de
l’hébergement est vu comme un enjeu important.
3.1.3
L’organisation de l’ingénierie de transition
Le portage de la stratégie par une équipe restreinte
Le
SMIX
pilote
les
démarches
stratégiques
d’aménagement
du
territoire
(SCoT et PCAET). Ces documents stratégiques pensent les évolutions du territoire au regard
des enjeux globaux (actions d’atténuation pour le climat, actions d’adaptation face au
changement climatique, préservation des ressources, protection de la biodiversité)
et régionaux/nationaux (foncier, mobilité, économie, …).
Le SMMO, pour sa part, dispose d’une « cellule Avenir Montagnes » composée de
trois personnes, à savoir : le directeur du SMMO, dont le détachement par le département du
Doubs
a
été
renouvelé
jusqu’au
1
er
septembre 2023
122
,
une
cheffe
de
projet
« Avenir Montagne », dont le poste est financé par le programme « Avenir Montagne », et une
doctorante
123
.
Les premières missions réalisées par cette équipe ont fait l’objet d’une synthèse, publiée
sur Internet
124
. Après une période de prises de contacts avec les acteurs locaux, a été enclenché
un ensemble de réflexions tendant à «
transformer la filière nordique (ski de fond, raquette, …)
en filière outdoor
. ».
118
Cf. Département du Doubs, Note du 16/11/2020, p. 2.
119
Cf. Département du Doubs, p. 3.
120
Cf. SMMO, Synthèse des consultations, p. 1.
121
Cf. SMMO, Synthèse des consultations, p. 2.
122
Cf. Arrêté de détachement pris par la Présidente du département du Doubs, en date du 01/02/2021.
123
Conformément à la convention industrielle de formation par la recherche (CIFRE) qui encadre sa
situation, la doctorante a pour sujet de recherche les « conflits d’usages en moyenne montagne : processus
identitaires et réponses émotionnelles impliqués dans l’action environnementale collective ».
124
Cf. Avenir montagnes ingénierie : deux territoires témoignent (reseaurural.fr)
RAPPORT D’OBSERVATIONS DEFINITIVES
39
Les missions dévolues au directeur du SMMO ont fait l’objet d’une formalisation dès
2020, date du renouvellement de son détachement
125
. La lettre de mission y afférente confère,
au titre du développement d’une ingénierie touristique, un rôle d’accompagnement aux
collectivités territoriales partenaires particulièrement soutenu, comme en témoigne certaines
des missions, à savoir :
-
Un pilotage de la stratégie qui est réalisé «
en lien avec les collectivités membres du
SMMO (Département et CCLMHD)
» ;
-
Le pôle assure en outre une mission d’assistance à maîtrise d’ouvrage (AMO) pour les
projets portés par les collectivités territoriales «
contribuant à la transition climatique du
modèle touristique
»
126
;
-
Il conseille les «
socio-pros du tourisme
» et facilite les synergies avec les populations.
L’association de l’ensemble des parties prenantes
Il peut être observé qu’à ce stade le contrat de station (2019-2023) aurait dû constituer
le cadre de référence «
pour la mise en
œ
uvre opérationnelle des actions de transition
climatique, notamment toutes les activités OUTDOOR (du contemplatif nature au sportif) et les
actions en faveur de la mobilité durable
»
127
. Dans les faits, et comme mentionné par plusieurs
interlocuteurs, ce document n’a pas eu le rôle structurant qui était attendu.
Des instances de suivi de la démarche associent l’ensemble des acteurs intéressés.
Concrètement, un comité technique et un comité de projet réunissent chaque trimestre les
parties prenantes, en vue de suivre l’avancement du projet. Au stade de la rédaction de ces
lignes, depuis décembre 2021, ont été organisées :
-
deux comités de projet ;
-
trois comités techniques, répartis comme suit : « un généraliste, un spécifique à l’ADN du
territoire, un sur le nordique »
128
;
-
deux ateliers de sensibilisation et actions aux enjeux environnementaux à destination de
l’équipe de l’Office de tourisme.
125
Cf. Délibération du comité syndical du 13/03/2020.
126
Ces missions sont listées dans la lettre de mission (p. 1) comme suit :
«
Appui technique et expertise touristique
Elaboration de cahiers des charges, appui eu recrutement et au suivi de prestataires
Accompagnement sur les dossiers réglementaires et les procédures de maîtrise d’ouvrage
Animation de groupes de travail pour la co-construction de projets
Gestion des parties prenantes et développement de synergies
Aide au montage de produits
Conseil sur le marketing de projets et de produits
».
127
Cf. Lettre de mission déjà citée, p. 1.
128
Cf. Cahier des charges, p. 43.
Annexe n° 23 ROD2 PA 62 en date du 3 octobre 2023
SYNDICAT MIXTE DU MONT-D’OR
40
Le positionnement méthodologique de cette cellule « Avenir Montagnes », qui est co-
présidée par trois acteurs clés
129
, est orienté « processus » et « méthodes » ; il s’agit de mettre
de l’énergie dans le système, observer le système, adapter les accompagnements en fonction
des circonstances et des parties prenantes, faire remonter les éléments clés du terrain, saisir les
opportunités… Ce faisant, la cellule se place au c
œ
ur de l’écosystème de cette économie pour
établir des passerelles dynamiques, favoriser l'émergence de projets et de bonnes pratiques,
apporter les éléments d’analyse.
La démarche s’appuie sur trois instances de gouvernance, dont la composition tient
compte des attendus de chacun dans le processus d’ingénierie, à savoir :
-
un comité de projet « Avenir Montagnes », qui
« pilote globalement la démarche
»
130
avec l’appui d’un comité technique ;
-
la communauté des acteurs du tourisme, destinée à faire émerger des modalités de
coopération, qui a été réunie pour la première fois en mai 2022 sous l’égide de l’office de
tourisme ;
-
enfin, un comité de pilotage du Masterplan, qui réunit élus locaux et techniciens sous la
direction de la cellule « Avenir Montagnes » et du SMIX.
3.2
Les enjeux de l’adaptation au changement climatique pour le territoire
du Haut-Doubs
3.2.1
Des retombées économiques qui conduisent à une adaptation de l’activité ski
alpin dans le cadre d’un « tourisme quatre saisons »
De trois études locales sur le thème des retombées économiques de l’activité touristique
dans le Haut-Doubs, la chambre relève plusieurs constats, à savoir :
Le poids économique du tourisme dans le Haut-Doubs est important mais limité
au regard des autres activités de l’ancienne région Franche-Comté
Les études en la matière
131
soulignent que l’activité touristique est économiquement
transversale. Toutefois, son impact direct, en raison notamment de son émiettement, demeure
129
Cf. Cahier des charges, p. 43 : «
Le programme est co-présidé par :
- Philippe ALPY, président du Syndicat Mixte du Mont d’Or (SMMO) ;
- Patrick GENRE, président du Syndicat Mixte du Pays du Haut-Doubs (SMIX)
- Hélène de KERGARIOU, commissaire à l’aménagement, au développement et à la protection du massif
du Jura.
»
130
Cf. Cahier des charges, p. 15.
131
Ce rapport comporte en annexe une synthèse de la méthodologie utilisée pour évaluer l’impact
économique des activités touristiques.
RAPPORT D’OBSERVATIONS DEFINITIVES
41
limité. C’est ce que développe une première étude réalisée au cours de la période 2012-2013
par le SMIX, en partenariat avec le cabinet KPMG et le comité régional du tourisme
132
.
Cette étude rappelle tout d’abord la vocation touristique de longue date du
Haut-Doubs
133
. Elle rappelle ensuite que ce territoire souffre toutefois d’une « spécialisation »
caractérisée par une offre en hébergement touristique inadaptée aux demandes des clients
134
.
En effet, l’analyse insiste sur l’idée que les retombées économiques du tourisme dans le
Haut-Doubs sont structurellement inférieures à celles constatées dans le reste de la
Franche-Comté, en raison notamment de «
la part de l’hébergement non marchand
135
(…). »
À cet égard,
une comparaison du poids du total de l’économie touristique au regard d’autres
filières économiques permet de relever que
136
:
-
Avec 1 100 à 1 250 emplois permanents, l’économie touristique sur l’ensemble du pays du
Haut-Doubs « ne pèse guère plus que le plus gros employeur du territoire à savoir, le centre
hospitalier de Pontarlier (1 000 emplois) » ;
-
De plus, avec 187 millions d’euros de chiffre d’affaires, «
l’ensemble de
l’économie
touristique du territoire pèse presque le même chiffre d’affaires que les 3 hypermarchés
de Pontarlier.
». Ainsi, le chiffre d’affaires lié au tourisme sur la commune de Métabief
«
première commune touristique du [Haut-Doubs], estimé à 18 millions d’euros est trois
fois inférieur au seul chiffre d’affaire d’Hyper U à Pontarlier
. ».
-
Enfin et surtout, dans les secteurs les plus touristiques du territoire (Métabief), les acteurs
vivant du tourisme ne constituent pas la première catégorie d’actifs, et sont même
minoritaires au regard du boom du travail frontalier (qui «
est désormais le premier
employeur loin devant l’activité touristique
. »).
Le contrat de station déjà évoqué conforte cette analyse
137
. Il mentionne des indicateurs
économiques qui soulignent le poids relatif du tourisme et des loisirs dans le territoire.
Il convient de relier ces éléments avec une étude plus récente réalisée par l’office de tourisme
sur l’adaptation du tourisme aux évolutions en cours
138
. La synthèse de ces analyses est la
suivante : le tourisme et les loisirs constituent un ensemble d’activités qui drainent le territoire
mais dont l’impact financier reste limité, comme en atteste les indicateurs suivants :
132
Syndicat mixte du Pays du Haut-Doubs,
Evaluation du poids économique du tourisme dans le Pays du
Haut-Doubs. Document de
travail, p. 2.
133
Cf. Syndicat mixte du Pays du Haut-Doubs,
ibid
. : «
La valorisation du Lac Saint-Point avant-guerre,
puis le lancement de l’équipement du massif du Mont d’Or à partir des années 50, renforcés par la diversification
et l’ouverture aux filières ski de fond, randonnées et loisirs verts, patrimoine et culture dans les années 70, ont
rapidement consacré le Pays du Haut-Doubs comme le pôle naturel de développement touristique du département
du Doubs et au-delà du Massif du Jura.
»
134
Cf. Syndicat mixte du Pays du Haut-Doubs,
ibid
. : « (…)
il est constaté un véritable repli voire recul
de l’activité touristique dont l’élément le plus probant et inquiétant est un déclin continu du parc d’hébergement
commercial dont l’érosion est du double de la moyenne départementale et nationale
»
135
Cf. Syndicat mixte du Pays du Haut-Doubs,
op. cit.
, p. 7 : «
la dépense moyenne en hébergement
marque de profondes disparités selon que le visiteur est en hébergement marchand (de 6 à 22
€
entre le camping
et l’hôtellerie) ou non marchand
».
136
Cf. Syndicat mixte du Pays du Haut-Doubs,
op. cit
., p.32.
137
Cf. Contrat de station, p. 43 et suivantes.
138
Cf. Office de tourisme du Pays du Haut-Doubs, Note intitulée «
Développer une économie du tourisme
et des loisirs qui s’adapte aux menaces actuelles et futures, qui contribue à la vitalité du territoire, tout en
préservant ses espaces naturels et ses vocations sociales et humaines
», avril 2023.
Annexe n° 23 ROD2 PA 62 en date du 3 octobre 2023
SYNDICAT MIXTE DU MONT-D’OR
42
-
un chiffre d’affaires du tourisme (pour l’ensemble des entreprises du territoire) d’un
montant total de 72 614 000
€
, soit 3 % du PIB du territoire ;
-
802 personnes employées dans des activités touristiques (près de la moitié dans le secteur
de l’hôtellerie
139
), représentant 7 % de l’emploi salarié total du territoire ;
-
mais une capacité d’accueil touristique de 33 845 lits (dont 2/3 de résidences secondaires),
sur une population locale 57 700 habitants, soit plus de la moitié des hébergements du
territoire.
Cette situation doit être reliée à «
l'attractivité des emplois en Suisse [qui] confère au
territoire une dynamique économique particulièrement élevée
. »
140
Autrement dit, Métabief
a vocation à loger les travailleurs frontaliers. Cette évolution a des effets importants sur
l’activité touristique, puisqu’elle se traduirait notamment par une diminution du nombre de lits
touristiques et par des difficultés à recruter
141
.
Ce constat a été effectué sur la base d’une analyse du cabinet Protourisme datée de
février 2023
142
qui mentionne des données précises concernant Métabief, à savoir
143
:
-
1 865 hébergements touristiques contre 2 075 hébergements non touristiques ;
-
Plus d’1/3 (3 500 environ) de ces lits ont été construits entre 1970 et 1979 et plus de 75 %
de ces lits ont été construits avant 1989.
Deux éléments déterminent la stratégie d’adaptation de la station de Métabief
aux effets du changement climatique
Cette stratégie identifie clairement les enjeux financiers de la nécessaire transformation
de Métabief en «
station de montagne
», à savoir :
«
La projection de l’activité sur le domaine skiable de Métabief après le ski alpin laisse
augurer une forte décroissance : la station de ski serait transformée en station de montagne
mais les activités produites (VTT-DH, randonnée, luge sur rail, trail, VTT randonnée, …)
ne seraient pas suffisantes pour compenser l’effet structurant du ski alpin
.
On estime qu’à l’horizon « fin du ski alpin », la perte prévisible de retombées pour l’économie
touristique du Haut-Doubs serait de – 40 %, ce qui se traduirait par la contraction très forte
de cette économie et induirait une perte importante d’emplois et d’activités de loisirs
. »
144
.
139
Cf. Contrat de station, p. 43.
140
Cf. Note de l’Office de tourisme déjà citée, p. 1.
141
Cf. Office de tourisme, Note déjà citée,
Op. cit.
, qui mentionne également : (1) Une offre de mobilité
alternative à la voiture inadaptée dans la majorité du territoire
• Une baisse de la qualité de l’offre comparativement à d’autres territoires
• Peu d’offres indoor
• Des modèles économiques structurellement fragiles
• Des pertes de motivation des acteurs
• Des activités loisirs et touristiques qui tiennent principalement sur des associations et bénévoles.
142
Etude réalisée pour le compte de l’Office de tourisme et intitulée : «
Masterplan de développement et
de transition des loisirs et du tourisme Pays du Haut-Doubs – Vision 2040-2050 ».
143
Cf. Etude Protourisme, p. 38/72.
144
Cf. Cahier des charges tendant à a rédaction d’un Masterplan, p. 14.
RAPPORT D’OBSERVATIONS DEFINITIVES
43
C’est pourquoi cette stratégie d’adaptation aux impacts du réchauffement climatique
tient compte de deux éléments. Tout d’abord, elle assure le maintien d’une activité ski,
présentée comme essentielle, car porteuse sur le plan économique. Ce dont témoigne le nombre
de journées-skieurs à Métabief (220 000 journées de ski en moyenne sont vendues chaque
année) et le chiffre d’affaires associé (3,6 M
€
/an en moyenne en tenant compte des saisons
particulières de 2020-2021 et 2021-2022). Ce que rappelle le tableau ci-dessous.
Tableau n° 6 :
Évolution du chiffre d’affaires du SMMO (en
€
)
2016
2017
2018
2019
2020
2021
2022
Moy.
3 380 216
3 603 831
4 552 994
4 877 258
2 588 330
703 267
5 208 430
3 559 189
Source : CRC, d’après les comptes de gestion
En outre, le maintien de l’activité ski s’accompagne d’un investissement significatif
dans le tourisme quatre saisons (développement du VTT et de la luge d’été, que la station
présente comme un levier pour préparer l’avenir)
145
. Ces activités ne représentent à l’heure
actuelle que 10 % du chiffre d’affaires. Ce mouvement se double de la volonté d’attirer
davantage la clientèle locale
146
, autour d’un label créé pour l’occasion (la marque « O »).
Une problématique accompagne toutefois l’essor de cette stratégie : le manque de lits.
En effet, si des bus et des trains permettent de relier la station à Besançon et Dijon (assurant
ainsi un flux de touristes régulier et important), les clients sont obligés de loger loin car il n’y a
à Métabief qu’un seul hôtel. En outre, les logements disponibles sont loués à des travailleurs
frontaliers, qui les occupent toute l’année. Les logements « tièdes ou chauds »
147
ne
représentent ainsi que 200 à 300 unités, là où la station accueille 220 000 journées-skieurs
chaque hiver.
La saison 2020-2021 a finalement constitué une répétition de l’avenir sans ski alpin.
À Métabief, la fermeture des remontées mécaniques au cours de la période COVID a entraîné
les effets suivants :
« Même si les remontées mécaniques sont fermées, beaucoup de monde
vient s’amuser à la station quand les conditions météo sont au rendez-vous.
(…)
Seules quelques luges la font vivre au pied des pistes
. »
148
145
Cf. Par exemple l’extrait suivant contenu dans les statuts de 2019 du SMMO déjà cités (p. 4) : «
En
2018, le domaine skiable/VTT est un outil stable qui permet de générer des retombées économiques et des emplois
sur le territoire (environ 20 % de l’économie touristique du Haut-Doubs).
»
146
Cf. Entretien du Président du SMMO dans un article de l’Est Républicain daté du 15/12/2018, qui
cite :
« Fixer la clientèle de proximité et regagner des skieurs bisontins.
»
147
Il est généralement considéré qu'un lit est « froid » lorsqu'il est occupé moins de 4 semaines par an, et
qualifié de « chaud » s'il est occupé au moins 12 semaines par an. Les lits occupés entre 1 et 3 mois par an (AirBnB)
sont qualifiés de « tièdes ».
148
Cf. L’Est Républicain, 22/01/2021.
Annexe n° 23 ROD2 PA 62 en date du 3 octobre 2023
SYNDICAT MIXTE DU MONT-D’OR
44
3.2.2
Les autres problématiques du tourisme hivernal associées au changement
climatique
La gestion de l’eau nécessaire à la production de neige de culture
Sur ce sujet, les grands principes qui encadrent la démarche sont les suivants. Le SMMO
a recours à la neige de culture, dont le calendrier théorique de production, rappelé par l’étude
Climsnow
149
, s’échelonne entre le 1
er
novembre N et 31 mars N+1. Lors des six premières
semaines de la période, la production permet la constitution d’une sous-couche, avant des
opérations plus ponctuelles de « comblement », dès lors que l’épaisseur de neige est inférieure
à 60 cm. L’évolution des besoins en eau pour la neige de culture a sensiblement évolué au cours
des dix dernières années (cf. annexe 5). Or, dans les prévisions Climsnow déjà présentées, ce
schéma de production est proposé «
sans limite sur la disponibilité de la ressource en eau
150
»,
alors que des restrictions ont été mises en place lors des derniers épisodes de sécheresse
151
.
L’application de ces principes est toutefois conditionnée à des questions autour d’enjeux
divers. À savoir :
Des conflits d’usage avec d’autres utilisateurs, ainsi que l’état de la ressource en eau
du bassin versant ;
Si un conflit d’usage peut être relevé
152
, cette question a été prise en compte par le
SMMO au moment de la création de la réserve collinaire du Morond
153
. Un document dédié à
la transition climatique
154
, précise en effet que :
«
(…)
pour la station de Métabief, le Département du Doubs a initié en 2005 une charte de
l’eau pour le Haut-Doubs réunissant l’ensemble de opérateurs impliqués dans la gestion des
ressources en eau (…). Les modalités de prélèvement et de stockage pour la neige de culture
ont pu être définies : prélèvement de 0,4 % de la production d’un bassin versant forestier sans
enjeu “eau potable” ni hydroélectricité, stockage de 100 000 m³ pour un volume maximal
d’utilisation de 200 000 m³/an et restauration d’un ancien étang usinier (restauration
patrimoniale des ouvrages hydrauliques et restauration écologique du plan d’eau) ».
Par ailleurs, depuis la fin de l’année 2013, les besoins en eau pour la neige de culture
sont pourvus par cette réserve collinaire creusée sur les hauteurs du domaine skiable. L’eau y
est acheminée après avoir été puisée 550 mètres plus bas dans un étang situé sur le cours de la
149
Cf. Etude Climsnow, p. 14/40.
150
Cf. Etude Climsnow,
Op. Cit..
151
Le SMMO a toutefois pris cette problématique en compte dans le cadre de la réflexion préalable à
l’extension de son réseau de neige de culture en 2019 comme il sera démontré par la suite.
152
La commune de Jougne a en effet inauguré en 2019 une microcentrale hydroélectrique également
située sur le cours de la Jougnena. De l’autre côté de la frontière, une autre centrale de petite taille a été identifiée
sur le même cours d’eau.
153
Cette réserve collinaire alimente le réseau d’enneigeurs de la partie alpine de la station. De la neige de
culture est également produite sur le site nordique de Chaux-Neuve,
via
des prélèvements effectués dans le plan
d’eau de la Côte-Feuillée situé à proximité. Les volumes prélevés étant marginaux par rapport à ceux mobilisés
pour la station alpine, il a été décidé de ne pas les prendre en compte dans cette analyse.
154
Cf. Document intitulé « La transition climatique des stations de ski. L’expérience de la station de
Métabief », p. 12/40
RAPPORT D’OBSERVATIONS DEFINITIVES
45
Jougnena avant d’être réorientée vers le parc d’enneigeurs de la station. Le coût de cette
opération d’aménagement s’est élevé à 6 M
€
155
.
Le SMMO précise dans sa réponse que :
«
(…) le choix de la ressource en eau pour remplir la retenue du Morond a été le fruit d’une
démarche d’étude longue et collective à l’échelle du Haut-Doubs sous le pilotage du
Département du Doubs de 2006 à 2009 (…). En 2010, l’étude d’impact de la première phase
de neige de culture a approché les enjeux de remplissage (Dossier Loi sur l’Eau) en dérivation
de la Jougnena. En 2019, l’extension de la neige de culture (phase 2) a fait l’objet d’un cas par
cas »
.
Une note hydrologique produite par le SMMO retrace, sur les cinq premières saisons
complètes d’exploitation de cette réserve
156
, les volumes pompés et produits, précise les
périodes ainsi que les seuils de prélèvements autorisés au regard du débit de la Jougnena et
propose une analyse prospective dans le cadre de l’extension du réseau de neige de culture.
Cette analyse prend également en compte l’évolution à la hausse des périodes d’étiages,
au cours desquelles les prélèvements ne seront plus possibles. Le volume annuel de prélèvement
autorisé en 2012 s’élevant à 210 640 m³ et le nombre de jours disponibles pour le pompage
hivernal pouvant diminuer d’un jour/hiver à l’horizon 2040, le SMMO estime qu’afin de
préserver le débit de la Jougnena, il conviendrait de limiter à cet horizon le volume dédié à la
production de neige de culture à 168 000 m³
157
. Or, ce sont 205 860 m³ qui ont été consommés
lors de l’hiver 2022-2023. Au regard du contexte actuel, il est probable que les besoins
dépassent la capacité offerte par le cours d’eau.
Dans cette perspective, le SMMO a décidé de bâtir une stratégie d’enneigement de
culture priorisant des secteurs à enjeu commercial. En fonction des niveaux de restriction
imposés le SMMO recentrera le recours à la neige de culture sur les secteurs les plus viables
économiquement
158
.
Au-delà de la ressource en eau disponible, la question de la hausse des températures est
également prise en compte. Le SMMO fixe à 1 050 mètres l’altitude en dessous de laquelle la
production de neige de culture ne sera plus possible à l’horizon 2040. Ainsi, aucun
investissement lié à la neige (enneigeur ou remontée mécanique dédié exclusivement au ski) ne
sera réalisé à une altitude inférieure
159
.
La prise en compte des enjeux environnementaux : un contentieux toujours en cours
L’analyse des enjeux environnementaux ayant trait à la construction de la réserve
collinaire du Morond a fait l’objet d’une procédure contentieuse ancienne. Cette dernière a
155
Op. cit. p. 14/17
156
La note précise que la saison 2013-2014 a été exclue de cette analyse puisque la retenue n’a pu être
exploitée qu’à partir de la mi-décembre 2013. Ce sont donc les cinq hivers 2014-2015 à 2018-2019 dont il question
ici.
157
Note hydrologique p. 10/17.
158
Note hydrologique p. 11/17. La note indique également que ce protocole avait été accepté par le Préfet
du Doubs en 2018.
159
Note hydrologique p. 16/17.
Annexe n° 23 ROD2 PA 62 en date du 3 octobre 2023
SYNDICAT MIXTE DU MONT-D’OR
46
finalement amené le SMMO à être récemment condamné à verser une amende de 40 000
€
160
pour la dégradation de l’habitat d’une espèce végétale protégée. Le SMMO a précisé avoir fait
appel de cette décision
161
.
Des dépenses d’investissement élevées, jugées indispensables à la survie de la station selon
le SMMO
Le SMMO estime que
« sans la neige artificielle, la station serait fermée depuis
2015
162
»
. Ce constat est étayé par l’augmentation générale des volumes de neige de culture
produits depuis l’installation de la réserve collinaire
163
. À titre d’exemple, la note hydrologique
déjà citée
164
rappelle que, durant l’hiver 2018-2019, l’ouverture de la station pour la période
des fêtes de fin d’année a été permise en raison du recours à la neige de culture. Concernant les
dépenses sur la réserve collinaire, cette situation ne fait pas exception, comme en témoignent
les éléments contenus dans cette même note hydrologique. Ce document mettait en avant
l’objectif de
« conforter l’enneigement sur le secteur de Piquemiette qui souffre d’un handicap
fort par rapport aux autres secteurs (Métabief et Superlongevilles)
165
»
. Maintenir en activité
ce secteur (qui représente environ un tiers du domaine skiable et qui est ouvert grâce à la neige
de culture) permet d’éviter une perte de recettes de l’ordre de 100 000
€
TTC sur la période des
fêtes de fin d’année selon le SMMO. Le montant de l’investissement dans la réserve collinaire
(1,2 M
€
) n’apparaît dès lors pas hors de proportion des enjeux, dans la mesure où ces 100 000
€
annuels permettent d’amortir l’investissement sur une quinzaine d’années, soit « l’espérance de
vie » du secteur
166
.
L’adaptation du patrimoine immobilier aux évolutions démographiques attendues
L’immobilier est un élément important dans la logique du « système station ». Dans le
« système station », en effet, il y a une logique intégrative entre l’immobilier et les remontées
mécaniques : le ski est une « animation » pour l’immobilier, qui a le rôle d’assurer l’équilibre
économique du système ; c’est l’immobilier qui est rentable, et non directement l’exploitation
des remontées mécaniques. Celle-ci, dans de très nombreuses stations, est tout bonnement
déficitaire si l’on inclut l’amortissement des investissements dans les nouvelles remontées.
Cette logique intégrative entre l’activité ski et les ressources escomptées des taxes
foncières perçues par les communes et, éventuellement, les EPCI à fiscalité propre, est un des
moteurs essentiels de l’économie des stations qui pourrait se trouver enrayé par les
160
Au titre de l’action publique.
161
Cf. Réponse apportée par le SMMO.
162
Cf. Article de
l'Est Républicain
du 24 janvier 2023.
163
Cf. de 200 000 m ³ en 2014/2015 à 360 000 m³ en 2022/2023, le nombre de pistes équipé passant de 4
à 15 sur la période 2012/2013 à 2022/2023.
164
Cf. p. 3/17.
165
Cf. p. 17/17.
166
Comme indiqué plus haut, le secteur de Piquemiette sera celui qui connaîtra la situation la plus critique
à partir de 2030, y compris en ayant recours à la neige de culture.
RAPPORT D’OBSERVATIONS DEFINITIVES
47
conséquences du réchauffement climatique, comme en témoigne la double problématique des
lits froids : insuffisance de places et passoires thermiques.
De ce point de vue, la politique de réhabilitation de l’immobilier est une des principales
actions permettant de mettre un terme à la problématique des lits froids ; elle relève de la
compétence de l’intercommunalité au travers des SCoT qui doivent définir les objectifs de la
politique de réhabilitation de l’immobilier qui seront ensuite mis en
œ
uvre au niveau communal.
Le SMIX, auquel adhère la communauté de communes des Lacs et Montagnes du Haut-
Doubs, a réalisé en 2021 une analyse de l’évolution des tâches urbaines (2006-2018)
sur son périmètre, dans le cadre de la préparation du schéma de cohérence territoriale (SCoT)
167
.
Cette étude rappelle la vocation résidentielle de Métabief
168
, en lien avec sa situation à la
frontière avec la Suisse.
À la même époque, le SMIX a réalisé une analyse des capacités de densification des
espaces urbains
169
, pour permettre de déterminer les enveloppes foncières nécessaires à une
urbanisation future à vocation d’habitat, d’équipements ou d’activités. Cette étude, dans
laquelle les capacités de densification sont appelées « lacunes », recense les communes ayant
un fort potentiel de densification urbaine, parmi lesquelles Métabief
170
(avec une lacune de
13 ha la plaçant parmi les potentiels les plus intéressants du Haut-Doubs)
171
.
Ces analyses ont été réalisées dans un contexte qui a fait l’objet d’une synthèse par ce
même syndicat mixte, et qui présente, s’agissant de la station de Métabief, les conclusions
suivantes :
-
l’urbanisation du Haut-Doubs est «
boostée par l’économie suisse
»
172
;
-
un des enjeux du SCOT est
« la mobilisation des logements vacants et sous-utilisés
pour le développement de l’habitat principal et la réhabilitation des copropriétés
fragilisées principalement sur Pontarlier et Métabief (2 200 résidences secondaires).
»
173
.
167
Cf. Article L. 141-3 du code de l’urbanisme : une analyse de la consommation d’espaces naturels,
agricoles et forestiers précède l’adoption du SCoT.
168
Cf. Syndicat mixte du Pays du Haut-Doubs, op. cit., p. 10.
169
Cette analyse a été réalisée dans le cadre de la préparation du SCOT, qui doit également prendre en
compte la qualité des paysages et du patrimoine architectural, ainsi que les espaces dans lesquels les plans locaux
d'urbanisme sont pensés, en application de l'article L. 151-3 du code de l’urbanisme.
170
Cf. Syndicat mixte du Pays du Haut-Doubs,
Schéma de cohérence territoriale (SCoT) du Pays du
Haut-Doubs, Analyse des capacités de densification
, p. 8.
171
Voir à ce sujet la carte représentée en page 9 de ce document.
172
Cf. Syndicat mixte du Pays du Haut-Doubs
, Schéma de cohérence territoriale (SCoT) du Pays du
Haut-Doubs, Diagnostic-Fiches synthèse
, p. 4.
173
Cf. Syndicat mixte du Pays du Haut-Doubs,
ibid.
Annexe n° 23 ROD2 PA 62 en date du 3 octobre 2023
SYNDICAT MIXTE DU MONT-D’OR
48
3.2.3
Le niveau d’information des parties prenantes quant à leur perception de la
réalité du changement climatique
La communication sur les changements constitue un enjeu à part entière de la
démarche.
Fin 2020, le bureau d’étude Dianeige a été mandaté par le pôle d’ingénierie en vue de
réaliser une nouvelle analyse du tourisme dans le Haut-Doubs. Celle-ci, pensée comme un
préalable au Masterplan, a permis de relever certaines des faiblesses de l’activité touristique
dans ce territoire. À côté des constats tenant aux effets de la stratégie de différenciation menée
par les acteurs locaux
174
, figurent le manque de coordination entre intervenants et une
répartition actuelle des compétences à l’échelle locale qui se traduisent par une perte
d’efficacité économique (les recettes des différentes activités ne bénéficient pas d’un effet de
synergie)
175
, sociale (le manque de coopération limite les possibilités de réaliser des économies
qui pourraient être reversées sous forme de revalorisation salariale)
176
et environnementale
(«
chaque acteur « consomme » l’espace à son propre profit sans vision collective
»)
177
.
C’est dans ce contexte qu’intervient un effort de communication et de coopération de
l’ensemble des parties prenantes. Il constitue un élément à part entière de cette stratégie
d’adaptation, comme le signalent les éléments suivants :
«
Il est désormais admis que la transition du modèle est à engager dès maintenant pour
anticiper les effets néfastes d’une fin potentielle du ski alpin à l’horizon 2030-2035 ;
le futur modèle n’est pas connu et il s’agit d’adopter une démarche de coopération pour
construire ce nouveau modèle afin qu’il soit effectif à l’horizon 2030-2035
. »
178
174
Dont le résultat est la constitution d’une clientèle de niches. Or, celle-ci a des attentes qui ne sont pas
comblées. En résulte un déséquilibre entre «
recettes clients/recettes fiscales/apport des collectivités
», qui fait des
collectivités publiques des «
amortisseur/investisseur
». cf. Cahier des charges déjà cité, p. 19.
175
Cf. Cahier des charges, p. 20 : «
Cet état de fonctionnement est visible chez les opérateurs dont les
modèles d’affaire dépendent essentiellement de centres de profit non rentables :
- La station de Métabief gère les remontées mécaniques et ne bénéficient pas d’autres centres de profit ;
la structure porteuse (le SMMO) est donc soutenue par le Département et la CCLMHD, dont les contributions
fluctuent fortement d’une saison à l’autre et d’autant plus que leurs clientèles sont aux 2/3 excursionnistes et
locales, ce qui crée un fort effet de volatilité.
- Les activités nautiques du Lac Saint-Point sont gérées par le Syndicat Mixte des 2 Lacs qui ne disposent
pas d’autres centres de profit et assument seul les charges d’investissement et de maintenance.
- Les activités de pleine nature hivernales (ski de fond, raquettes, …) et sans neige (randonnée pédestre,
VTT, trail, …) sont animées par des socioprofessionnels ou accessibles sans engagement financier important ; les
infrastructures supports sont totalement financées par les Communautés de communes
. »
176
Cf. Cahier des charges,
Op. cit.
: «
chaque acteur se débrouille, quitte à créer des redondances sur les
services support, et éprouve seul les tensions sur le recrutement et le maintien des compétences. Par ailleurs, la
trop faible valorisation de la chaîne ne permet pas une valorisation salariale ce qui crée des écarts grandissants
entre les salaires et le niveau de vie. Ce système est très médiocre sur le plan social en ne mutualisant pas les
problèmes.
»
177
Cf. Cahier des charges,
Op. cit.
: «
la gestion de la mobilité est laissée au client (donc place à la voiture
individuelle), la gestion énergétique est laissée à chaque acteur (sans idée de mutualisation, sans appréhension
des règlementations pesantes à venir), les achats sont gérés de façon sectorielle
(…) ».
178
Cf. Cahier des charges déjà cité, p. 15.
RAPPORT D’OBSERVATIONS DEFINITIVES
49
Une prise de conscience problématique des évolutions attendues
Concrètement, dans le cadre de la préparation du Masterplan déjà évoqué,
un «
audit des parties prenantes
[du tourisme] »
179
a été réalisé au premier semestre 2022 par
la Cheffe de projet « Avenir Montagnes ». 50 entretiens ont été réalisés aux fins de comprendre
« [la]
perception
[des parties prenantes]
du tourisme et de la transition pour en faire ressortir
les problématiques principales
»
180
.
Il ressort de ces entretiens, à l’échelle du Pays du Haut-Doubs et dans le domaine du
changement climatique, des constats partagés :
«
Les interviewés émettent une définition partagée de la transition. » « Le passage d’un
état à un autre état. »
(…)
Une fois qu’on détaille la transition par des actions concrètes,
c’est-à-dire
qu’on
évoque
les
potentiels
renoncements,
choix,
impacts
sur
l’organisation…, le discours varie selon les EPCI et les socio-professionnels.
(…)
la transition sonne, pour eux, comme une énième règlementation imposée de l’Etat qui
ne tiendrait pas compte des spécificités de chaque territoire.
»
181
Surtout, ces entretiens ont permis de révéler l’existence d’un paradoxe entre la
médiatisation massive des enjeux environnementaux et leur faible perception parmi les parties
prenantes. En effet, d’une part, «
la majorité des acteurs et des positions clefs du territoire n’en
comprennent pas les causes, les faits et les effets, réels et scientifiques
. »
182
D’autre part, «
c’est
un sujet qui dérange
», car il remet en question «
l’illusion que
[le modèle]
peut perdurer
. »
183
La nécessité de cette communication, et les difficultés inhérentes, ne sont pas cachées
par les responsables de la transformation ; comme en témoignent les précisions apportées par
le SMIX sur la partie « acceptation et accompagnement du changement de modèle »
du cahier des charges du Masterplan, dont un extrait est reproduit ci-dessous :
«
L’expérience vécue actuellement autour de la démarche conduite par le SMMO sur
la Station de Métabief met en exergue l’impérieuse nécessité de projeter rapidement les
parties prenantes dans une dynamique de construction de nouvelles perspectives après
avoir accepté des renoncements. C’est un travail permanent pour rester en contact avec
les parties prenantes, écouter les signaux faibles et saisir les opportunités qui vont dans
le sens de l’acceptation et de la projection
. »
184
Le calendrier prévisionnel de l’étude mentionne un rendu définitif en décembre 2023
185
.
179
Parmi les interviewés se trouvent les présidents et vice-présidents des cinq EPCI, des socio-
professionnels (hébergeurs, restaurateurs, promoteurs d’activités). La liste complète figure en annexe 6 (p. 45/53)
du cahier des charges.
180
Cf. Cahier des charges, p. 45.
181
Cf. Cahier des charges, p. 50.
182
Cf. Cahier des charges, p. 22, qui ajoute : «
En guise d’illustration au niveau local, bien que la Station
de Métabief ait communiqué sur les prospectives climatiques issues de l’étude CLIMSNOW, les parties prenantes
considèrent que la transition n’est pas encore urgente dans la mesure où l’hiver 2021/2022 s’est fait. Pire, elles
disent que cet hiver a été bon alors qu’il a été très pauvre en neige et en froid, comme les 10 derniers hivers
. »
183
Cf. Cahier des charges,
Op. cit.
184
Cf. Cahier des charges, p. 29.
185
Cf. Cahier des charges, p. 35.
Annexe n° 23 ROD2 PA 62 en date du 3 octobre 2023
SYNDICAT MIXTE DU MONT-D’OR
50
______________________ CONCLUSION INTERMÉDIAIRE ______________________
La stratégie d’adaptation de la station aux évolutions climatiques est fondée sur une
prévision de l’enneigement dans laquelle les limites de la ressource en eau pourraient être
mieux affirmées, d’autant que la gestion de cette ressource constitue une problématique en soi.
Cette stratégie d’adaptation, qui consiste notamment à prioriser les investissements qui
permettront d’entrer dans la voie du tourisme « quatre saisons», est portée par une
organisation administrative et une communication ad hoc auprès des parties prenantes.
___________________________________________________________________________
4
LES EFFETS DU MANQUE D’ENNEIGEMENT SUR LES
FINANCES LOCALES
La principale question financière posée par le réchauffement climatique aux
collectivités est leur capacité à supporter, d’une part, les surcoûts liés aux conséquences du
changement climatique en termes d’investissement pour l’entretien et le renouvellement des
équipements et, d’autre part, la perte de recettes liées à la réduction de la ressource en neige.
Le SMMO a été créé en juin 2015, par fusion du Syndicat mixte pour l’aménagement,
le développement et l’exploitation touristique du Mont-d’Or (SMTMO) et du Syndicat mixte
du stade de saut à ski de Chaux-Neuve
186
. C’est la raison pour laquelle l’exercice 2015 ne sera
pas inclus dans le périmètre de cette analyse. De même, il convient de retraiter les informations
de la saison 2020-2021, compte tenu de l’impact de la crise sanitaire.
4.1
La situation financière rétrospective du SMMO (2016-2022) souligne le
nécessaire accompagnement des financeurs publics
Le tableau qui suit présente des indicateurs de gestion du SMMO, pour la période
2016-2022. Il souligne l’existence d’un chiffre d’affaires qui, à l’exception des périodes
exceptionnelles de fermeture des remontées mécaniques (décembre 2020 – février 2021),
augmente significativement sur la période et permet de dégager un autofinancement.
Les évolutions constatées, en particulier l’insuffisance brute d’exploitation et la CAF nette
négative en 2021, témoignent de l’importance de l’activité « ski alpin » dans le cycle
d’exploitation du SMMO.
186
SIREN : 252500640.
RAPPORT D’OBSERVATIONS DEFINITIVES
51
Tableau n° 7 :
Principaux soldes intermédiaires de gestion du SMMO (2016-2022)
En k
€
2016
2017
2018
2019
2020
2021
2022
Chiffre d’affaires
3 380
3 604
4 553
4 877
2 588
703
5 208
Excédent brut
d’exploitation
1 479
1 474
1 578
1 941
2 224
-458
1 575
Capacité
d’autofinancement brute
1 115
1 198
1 277
1 492
2 261
1 261
1 357
Capacité
d’autofinancement nette
188
168
170
241
985
-117
70
Source : CRC, d’après les comptes de gestion.
4.1.1
Une participation financière conséquente des collectivités territoriales,
dictée par l’existence d’une dette originelle
Une participation financière de ses membres qui a pu représenter jusqu’à la moitié
des recettes d’exploitation du SMMO
Conformément aux statuts du SMMO à jour au 31 janvier 2022, les recettes du syndicat
mixte comprennent notamment des contributions de l’intercommunalité et du département.
En outre, la participation de l’EPCI est plafonnée, alors que celle du département ne l’est pas.
Tableau n° 8 :
Détail et évolutions des contributions des membres du SMMO
Composition du Syndicat
Statuts du
24/05/2015
Statuts du
01/01/2019
Statuts du
31/01/2022
Département du Doubs
Prise en charge du déficit de
la section de fonctionnement
Solde du déficit global prévisionnel
après contribution de l’EPCI
Inchangé
EPCI
187
12 000
€
/an
50% du déficit global prévisionnel
dans la limite de 362 000
€
en 2019
et de 512 000
€
après
Inchangé
Communes
188
Reversement de la totalité du
produit de la taxe sur les
remontées mécaniques
Sans objet
189
Sans objet
Sources : statuts du SMMO
187
Etaient membres du SMMO : la communauté de communes des Haut-du-Doubs (CCHD, 2015), puis
la communauté de communes Lacs et Montagnes du Haut-Doubs (CCLMHD) à compter des statuts de 2019.
188
Communes de Métabief, Jougne, Longevilles-Mont-d’Or, Hôpitaux-neufs, Rochejean, selon l’article
2 des statuts.
189
Les communes ne sont plus membres du SMMO à compter de 2019.
Annexe n° 23 ROD2 PA 62 en date du 3 octobre 2023
SYNDICAT MIXTE DU MONT-D’OR
52
Dans les faits, au cours de la période 2016-2018, les versements de l’intercommunalité
ont pu être jusqu’à 20 fois plus élevés, comme le détaille le tableau qui suit. Interrogée sur ce
point, la CCLMHD explique cette situation par la fusion de deux intercommunalités en 2017,
qui la constituent aujourd’hui
190
. Le versement de 12 000
€
/an de la part de l’un des anciens
EPCI était destiné au financement du stade de sauts à ski de Chaux-Neuve, tandis que le solde
était pour sa part consacré par l’autre EPCI à la restructuration du domaine skiable
191
.
Les versements ainsi relevés ne figuraient pas dans les statuts.
Le département pour sa part, dans le contexte de l’hiver particulièrement doux de la
saison 2019-2020 et compte tenu de sa place dans la clé de répartition prévue par les statuts,
a couvert le déficit à hauteur de 2,35 M
€
en 2020, soit près de six fois la somme versée au cours
de l’exercice précédent.
Tableau n° 9 :
Évolution des contributions de ses membres au budget du SMMO
En k
€
2016
2017
2018
2019
2020
2021
2022
Section de
fonction.
Départ.
1 249
1 000
500
400
2 350
759
500
192
EPCI
112
112
212
362
512
512
512
BC
193
86
93
117
-
-
-
-
Total
1 447
1 205
829
874
2 977
1 336
1 071
Section
d’invest.
Départ.
94
157
28
-
-
1 500
2 620
EPCI
-
-
-
-
-
-
-
BC
194
-
-
-
-
-
-
-
Total
94
157
28
-
-
1 500
2 620
Total des contributions
du département
1 343
1 157
528
400
2 350
2 259
3 120
Sources : comptes de gestion du SMMO, comptes administratifs du Département et de la CCLMHD
190
La communauté de communes des Hauts du Doubs a fusionné le 1
er
janvier 2017 avec la communauté
de communes du Mont d'Or et des deux Lacs (CCMO2L) pour constituer la communauté de communes des Lacs
et Montagnes du Haut-Doubs.
191
Cf. Une délibération du département du Doubs issue d’une séance du 27//03/2018 : «
Le Président
rappelle que par délibération du 17 juin 2015, la CCMO2L avait décidé de contribuer à hauteur de 100 000
€
/an
au programme d’investissement visant à restructurer le domaine skiable de la station de Métabief, par le biais
d’une convention annuelle. Cet engagement a été reconduit par la CCLMHD (délibération du 25 juillet 2017). La
CCHD versait 12 000
€
/an au titre de sa participation aux tremplins de Chaux-Neuve
. (…) »
192
Selon le budget primitif 2022.
193
Bloc communal (BC).
194
Bloc communal (BC).
RAPPORT D’OBSERVATIONS DEFINITIVES
53
Ces participations ont pu représenter jusqu’à la moitié des recettes d’exploitation du
budget du SMMO, en période COVID, ce que détaille le tableau ci-dessous.
Tableau n° 10 :
Évolution des participations des membres du SMMO
dans la composition de ses recettes d’exploitation
En k
€
2016
2017
2018
2019
2020
2021
2022
Total des recettes
d’exploitation
195
(1),
dont
5 258
5 302
5 895
6 206
6 385
4 811
6 876
participations des membres (2)
1 447
1 205
829
874
2 977
1 336
1 071
(2) / (1)
27 %
23 %
14 %
14 %
47 %
28 %
16 %
Source : CRC, d’après les comptes de gestion
La fixation des participations statutaires est conditionnée à l’existence d’une dette
bancaire originelle
Le niveau des participations des membres du SMMO a été dicté par l’existence d’une
dette bancaire originelle de plus de 13 M
€
196
. Des explications sur son existence ont été
apportées dans un compte-rendu d’une réunion du conseil communautaire de la CCLMHD
daté de fin 2018
197
. Une analyse financière préalable à la création du SMMO est évoquée
198
,
mais n’a pu être communiquée par les intéressés.
En outre, ces niveaux de participations financières ont été motivés en conseil
communautaire
199
par la nécessité d’emprunter tous les ans pour «
financer les inspections
trentenaires et les casses (vieillissement des installations)
. » Dans les faits, et à l’exclusion de
195
Opérations réelles et d’ordre.
196
Au 31/12/2015, le compte 1641 (« Emprunts en euros ») présentait un solde créditeur de
13 089 909,16
€
.
197
Cf. Compte-rendu du conseil communautaire du 18/12/2018, p. 4 et 5 : «
Le second point
[à l’ordre du
jour]
concerne la façon dont le conseil communautaire a été conduit à voter la participation de 500 000
€
au
Syndicat Mixte du Mont d’Or (SMMO) avec la reprise de la dette de 14 millions d’euros, contracté de fait par le
Département. On n’est pas dans le cas du « qui commande paye » mais dans le « qui commande fait payer et
partage le paiement » Ce vote
[
de confiance demandé par le Président du conseil départemental
] a été réalisé sans
analyse financière ni prospection budgétaire fine, même si le cabinet STRATORIAL chargé de l’étude de la fusion
avait pris en compte cette participation et conclu que la participation était supportable (Mme B… n’avait pas été
convaincue). (…) Concernant les 500 000
€
de participation pour le SMMO, [le Président] n’accepte pas le fait
de dire qu’aucune analyse financière n’a été faite. Il rappelle que le cabinet d’études STRATORIAL a travaillé
sur cette question et que des documents ont été remis à chaque conseiller communautaire à l’issue de cette étude.
Ces documents ont montré que la communauté était en capacité de supporter cette charge financière
supplémentaire dans la mesure où les futurs projets ne seraient pas conséquents. Il confirme qu’il a poussé pour
faire avancer ce dossier car il estime que les retombées économiques de la station de Métabief, pour le secteur,
sont indiscutables et très importantes. (…) Enfin, [le Président] rappelle que la décision a été prise de plafonner
la participation de la communauté à 512 000
€
alors que le Département souhaitait que la communauté prenne
en charge 50 % du déficit. »
198
Cf. Étude réalisée en 2015 par le cabinet Stratorial.
199
Cf. Compte-rendu du conseil communautaire du 27/03/2018, p. 2 et 3.
Annexe n° 23 ROD2 PA 62 en date du 3 octobre 2023
SYNDICAT MIXTE DU MONT-D’OR
54
l’exercice 2022, le SMMO a emprunté chaque année, selon des niveaux dont le détail est donné
dans le tableau qui suit.
Tableau n° 11 :
Évolution et composition de l’encours de dette du SMMO (2016-2022)
en k
€
2016
2017
2018
2019
2020
2021
2022
Var. annuelle
moyenne
Encours de dettes au
1er janvier
13 091
14 713
14 88
14 696
15 096
15 420
16 024
3,4%
- Annuité en capital de
la dette
928
1 030
1 107
1 251
1 276
1 378
1 287
5,6%
+ Nouveaux emprunts
2 550
1 200
920
1 650
1 600
1 982
0
NS
= Encours de dette
14 073
200
13 986
14 230
15 082
14 349
14 568
13 163
-1,1%
Source : CRC, d’après les comptes de gestion
4.1.2
Le soutien de l’activité durant la crise sanitaire (2020-2021)
En dépit de la fermeture des remontées mécaniques, une partie de l’activité a pu être
maintenue
Le confinement annoncé le 14 mars 2020 a conduit à la fermeture des stations jusqu’à
la fin de la saison d’hiver
201
. À Métabief, le chiffre d’affaires 2021 s’est effondré (- 73 % par
rapport à 2020 et - 86 % par rapport à 2019). Ce que détaille le tableau ci-dessous.
Tableau n° 12 :
Comparaison du chiffre d’affaires 2021 avec les trois exercices antérieurs
en
€
2018
2019
2020
2021
Evol.
2021/2020
Evol.
2021/2019
Chiffre d'affaires
4 552 994
4 877 258
2 588 330
703 267
- 73 %
- 86 %
Source : CRC, d’après les comptes de gestion
Toutefois, une partie des activités (hors ski alpin) s’est maintenue : ski de fond,
randonnée, etc. En effet, les conséquences de la crise sanitaire ont moins touché les stations de
moyenne montagne que les stations de haute montagne, ainsi que l'indique l’analyse conduite
par la chambre régionale des comptes Auvergne-Rhône-Alpes, citée dans le récent rapport de
la Cour des comptes sur le soutien au tourisme durant la crise sanitaire
202
: «
le chiffre d’affaires
200
Ce solde tient compte d’une somme de 700
€
intervenue au crédit du compte 165 (« dépôts et
cautionnements reçus »).
201
Le 4 décembre 2020, le décret n° 2020-1519 est venu acter la fermeture des remontées mécaniques.
Cette fermeture a, par la suite, été prolongée jusqu’à la fin de la saison d’hiver.
202
Cf. Le soutien au tourisme durant la crise sanitaire | Cour des comptes (ccomptes.fr)
RAPPORT D’OBSERVATIONS DEFINITIVES
55
des six sociétés de l’échantillon
(…)
ne représentait plus que 3 % du chiffre d’affaires des
exercices 2017-2019
». À Métabief, le chiffre d’affaires de 2021 (703 267
€
) a ainsi représenté
16 % de la moyenne des exercices 2016-2019 (4 344 694
€
), dont le détail est présenté dans le
tableau qui suit.
Tableau n° 13 :
Évolution du chiffre d’affaires sur la période 2016-2021
en
€
2016
2017
2018
2019
2020
2021
Chiffre d'affaires
3 380 216
3 603 831
4 552 994
4 877 258
2 588 330
703 267
Source : CRC, d’après les comptes de gestion
Les charges courantes (2 843 052
€
), pour leur part, sont restées à un niveau
sensiblement moins élevé que les années passées (4 040 052
€
), tout en étant très supérieures
aux recettes tirées de l’exploitation. Principal poste de dépense, les charges de personnel
(1 505 608
€
en 2021) ont baissé d’un tiers par rapport à la moyenne des années 2017-2019
(2 271 896
€
), en raison d’un moindre recours aux saisonniers
203
. Ce qui a permis de limiter les
difficultés.
Tableau n° 14 :
Évolution et composition des charges courantes sur la période 2016-2021
en
€
2016
2017
2018
2019
2020
2021
Charges à caractère général
1 212 763
1 196 278
1 500 776
1 434 226
1 233 074
989 159
+ Charges de personnel
2 134 623
2 139 728
2 303 121
2 372 840
2 104 895
1 505 608
+ Autres charges de gestion
8 361
9 352
9 147
9 600
8 976
10 024
+ Charges d'intérêt et pertes
nettes de change
426 801
401 393
380 095
363 601
346 001
338 261
= Charges courantes
3 782 548
3 746 752
4 193 139
4 180 267
3 692 946
2 843 052
Source : CRC, d’après les comptes de gestion
Comme illustré dans le tableau suivant, au cours de l’année 2021, le SMMO a constaté
une diminution des charges de personnel de près de 600 000
€
par rapport à l’exercice
précédent. Cette situation s’explique par une diminution du poste « rémunération du
personnel » de 450 000
€
et des charges sociales de 140 000
€
.
203
Selon l’observatoire de Domaines skiables de France (cité par Rapport public thématique Le soutien
au tourisme durant la crise sanitaire (ccomptes.fr) p. 90), la branche des remontées mécaniques et domaines
skiables compte 18 000 salariés, dont 15 000 saisonniers ; ces chiffres restent stables dans le temps. À Métabief,
avec un effectif de 148 personnes début 2023, 107 saisonniers sont employés.
Annexe n° 23 ROD2 PA 62 en date du 3 octobre 2023
SYNDICAT MIXTE DU MONT-D’OR
56
Tableau n° 15 :
Décomposition des charges de personnel au cours de la période 2020-2021
En
€
2020
2021
Total des charges de personnel, dont
2 104 895
1 505 608
Rémunération du personnel
1 584 759
1 132 515
Charges sociales
413 026
276 753
Source : CRC, d’après les comptes de gestion
En revanche, le SMMO n’a pas bénéficié de la mise en place du plan de soutien au
tourisme de mars 2021
204
. Dans ce cadre, en effet, a été mise en place une aide à destination
des exploitants de remontées mécaniques de zones de montagne, publics et privés, dont
l’activité a été interrompue par les mesures d’interdiction d’accès au public entre le
5 décembre 2020 et le 18 mai 2021 (incluant les missions de sécurisation des domaines
skiables). C’est le Département qui a été appelé au comblement du déficit, pour un montant
complémentaire de 300 000
€
qu’il a versé en 2020
205
.
4.2
L’évolution des ressources tirées de l’activité ski alpin
La loi Montagne votée en 1985
206
avait notamment pour objectif de créer un cadre de
gestion transversale des territoires de montagne. C’est pourquoi elle distingue les
activités alpines, qui contribuent au développement local
207
, des activités nordiques
(dont le financement est assuré par une redevance pour l’accès aux pistes de ski de fond
208
).
Dans le cadre de cette répartition, les intercommunalités gèrent les activités nordiques
209
, qui
ne seront pas évoquées ici
210
.
204
Cf. Décret n° 2031-311 du 24/03/2021.
205
Cf. Eléments contenus dans une délibération du SMMO datée du 29/10/2020 : «
Lors de son allocution
du 28 octobre 2020, le Président de la République a ordonné un second confinement et laissé entrevoir des
incertitudes sur le bon déroulement des fêtes de fin d’année. Dans ce contexte d’incertitude, il est fort probable
que les ventes de forfaits saison, ouvertes sur la période de novembre et de mi-décembre, ne fonctionnent pas,
(…).
Le produit moyen des forfaits saison pour les 4 dernières années est de 340 000
€
. Afin de compenser la perte
potentielle de ce produit, le SMMO sollicite le Département pour une contribution statutaire complémentaire à
celle déjà versée cette année. Sur proposition du Président, le comité syndical décide à l’unanimité de demander
au Département une contribution statutaire supplémentaire de 300 000
€
.
»
206
Cf. Loi n° 85-30 du 9 janvier 1985 relative au développement et à la protection de la montagne.
207
Cf. Chapitre 3 abrogé de la loi de 1985.
208
Cf. Ancien article 81 de la loi Montagne.
209
La CCLMHD délibère ainsi chaque année sur une grille tarifaire dans le cadre de sa gestion des
activités nordiques sur ses domaines.
210
Entre l’activité de ski alpin (utilisant les équipements de la station) et les activités de ski nordique
organisées par les intercommunalités sur leur domaine se situe une pratique du ski de randonnée. Celle-ci fait une
utilisation « sauvage » des pistes de ski alpin. Sa pratique est organisée depuis 2019 à Métabief, où elle est
autorisée à certaines heures, en échange du paiement d’une redevance (Cf. Délibération du 15/11/2019).
RAPPORT D’OBSERVATIONS DEFINITIVES
57
4.2.1
Le chiffre d’affaires du SMMO provient très majoritairement de l’activité
ski alpin
La politique tarifaire des forfaits de ski
Les modalités de fixation des tarifs des forfaits de ski ne sont prévues par aucun texte.
En 2019, partant du constat que Métabief constituait «
une station de ski très accessible (idéale
pour les débutants, peu coûteux), disposant d’un confort d’accueil et faibles tarifs
»
211
, le
contrat de station pour la période (2020-2023), signé entre la communauté de communes du
Grand Pontarlier et la communauté de communes des Lacs et Montagnes du Haut-Doubs,
mentionnait uniquement une «
coordination de la politique tarifaire
[des activités nordiques]
à l’échelle du massif
»
212
.
La stratégie de fixation des tarifs des forfaits est discutée avant chaque saison en comité
syndical, sur la base d’une méthodologie non formalisée qui fait notamment intervenir
l’expérience que l’équipe de direction a du «
rendement tarifaire
». La lecture des délibérations
récentes sur ce thème permet de relever que cette méthode a évolué, à compter de la saison
2019-2020. En effet, depuis cette période, les évolutions de la grille tarifaire sont pensées «
dans
une démarche pluriannuelle
», présentée comme nécessaire pour atteindre les objectifs
commerciaux suivants :
-
«
Conquérir de nouveaux clients et de nouvelles « journées-skieurs » ;
-
Être au plus près des attentes des clients ;
-
Rester compétitif sur le marché (local et national) ;
-
Poursuivre l’optimisation du rendement tarifaire
»
213
.
Il est également possible de relever que le SMMO a déployé une stratégie de fidélisation
de la clientèle
214
. C’est dans ce cadre qu’a été créée une offre «
fideliski
», qui consiste en la
souscription d’un abonnement qui permet l’octroi de réductions sur l’achat de forfaits journées.
Ainsi, sur la saison 2020-2021, cette offre permettait de bénéficier d’une réduction de 10 % sur
le tarif journée (durant toute la saison) et de 50 % «
les 3
ème
et 6
ème
jour de ski
»
215
.
La saison 2020-2021, comme déjà évoqué plus haut, a correspondu à la crise sanitaire.
Aussi, pour la saison 2021-2022, et comme le cite la délibération y afférente, «
il
[a été]
proposé
de reconduire à l’identique et dans les mêmes conditions la grille tarifaire 2020-2021
».
Sur 2022-2023, pour tenir notamment compte de «
la flambée des coûts de l’énergie,
des matières premières et des salaires minimaux
»
216
, une augmentation de 13 % a été votée
sur les tarifs des forfaits adultes (la moitié pour les tarifs enfants). Ce que détaille le tableau ci-
dessous.
211
Cf. Contrat de station (2020-2023), p. 64.
212
Cf. Contrat de station, p. 15.
213
Cf. Délibération du 16 mai 2019, p. 2.
214
La délibération datée du 13/03/2020 relative aux tarifs de la saison 2020/2021 mentionne ainsi une
proposition de grille tarifaire aux élus syndicaux, qui répond notamment à l’objectif d’«
inciter les clients volatiles
ou papillonneurs à s’engager et à se fidéliser
».
215
Cf. Délibération du 13/03/2020 déjà citée, p. 11/18.
216
Cf. Délibération du 23/06/2022.
Annexe n° 23 ROD2 PA 62 en date du 3 octobre 2023
SYNDICAT MIXTE DU MONT-D’OR
58
Tableau n° 16 :
Évolution de la grille des tarifs des forfaits et leurs accessoires
(saisons 2018-2019 à 2022-2023)
En
€
2018-2019
2019-2020
2020-2021
2021-2022
217
2022-2023
Evol.
Tarifs hiver hors
programme de
fidélité
218
(extraits)
Gratuité
(Règles générales)
Moins de 5 ans
Moins de 5 ans et 85 ans et plus
-
Jura Kids Park :
Tarif normal
Scolaire
7,00
4,00
7,00
4,00
7,00
4,00
7,00
4,00
7,50
4,00
+7%
-
1 jour :
Adulte
Enfant
27,00
23,00
27,50
23,50
28,50
219
24,50
28,50
24,50
30,50
24,40
+13%
+6%
Saison (hors promo) :
Adulte
Enfants
404,00
343,00
412,50
352,50
425,00
365,00
425,00
365,00
455,00
365,00
+13%
+6%
Assurance :
/jour
Saison
2,50
25,00
2,50
25,00
2,50
-
2,50
-
2,60
36,00
+4%
+44%
Source : CRC, d’après les délibérations
Ce rapport comporte en annexe l’évolution détaillée de la grille tarifaire depuis la saison
2016/2017. Une partie des tarifs de la saison 2023-2024 est inclue. Compte tenu de l’absence
de vote pour la totalité des prix pour cette période, elle est écartée de la réflexion.
À partir des données disponibles au moment de la rédaction du présent rapport, il est
donc possible de relever que les tarifs des accès aux équipements de la station ont augmenté de
façon homogène de 13 % (adultes) et 6 % (enfants), au cours de la période 2018-2023. Or,
durant ces cinq dernières saisons, la hausse des charges courantes a été de 20 %. Ainsi,
l’augmentation des tarifs des forfaits (1 jour et saison) a été moins rapide que l’évolution du
montant des charges, comme illustré dans le tableau suivant.
Tableau n° 17 :
Évolution des charges courantes (2018-2022)
en
€
2018
2019
2020
2021
2022
Evol.
Charges courantes
4 193 139
4 180 267
3 692 946
2 843 052
5 024 097
+20%
Source : CRC, d’après les comptes de gestion
217
Dans le contexte de l’incertitude née de la situation sanitaire, le comité syndical a délibéré sur :
- Un plan de report et de remboursement des forfaits saison, dans le cas d’une fermeture des remontées
mécaniques. Cf. Délibération datée du 19/03/2021.
- La reconduction à l’identique des tarifs de la saison 2020/2021, « dans le but de conserver la confiance
des clients et de rester attractif ». Cf. Délibération du 19/03/2021.
218
À compter de la saison 2019/2020, le SMMO a mis en place un programme de fidélité (« Fidéliski »),
qui permet, en échange du paiement d’un abonnement, de bénéficier de tarifs préférentiels.
219
Pour s’adapter au contexte de crise sanitaire, et à l’incertitude supplémentaire (avec l’enneigement)
engendrée, le SMMO a par la suite délibéré sur une grille tarifaire qui comprenait, pour la saison 2020/2021, une
offre dégradée. Le tarif pour une journée (adulte et enfants) pouvait ainsi varier de 10 à 24
€
.
RAPPORT D’OBSERVATIONS DEFINITIVES
59
La stratégie de fixation des tarifs repose également sur l’existence de plusieurs
dispositifs annexes, dont le détail est présenté ci-dessous.
L’abonnement Magic Pass
Il convient de relever l’existence de forfaits à tarifs négociés, dans le cadre d’une
convention récente passée avec la société suisse Magic Mountains Cooperation. L’adhésion à
cette coopérative de stations, qui est issue de la signature d’une convention du mois de
mars 2022, permet à Métabief d’élargir sa clientèle aux détenteurs du forfait annuel
« Magic Pass », qui donne accès à 69 stations de ski en Suisse et en France (la station de
Métabief est à ce jour la seule station française présente). Ce que détaille la carte représentée
ci-dessous.
Carte n° 2 :
Carte des domaines skiables et des destinations été accessibles
aux détenteurs du forfait Magic Pass (saison 2023-2024)
Source : Station-metabief.com
Annexe n° 23 ROD2 PA 62 en date du 3 octobre 2023
SYNDICAT MIXTE DU MONT-D’OR
60
L’abonnement Magic Pass est exclusivement vendu sur le site Internet de la
coopérative
220
, tout au long de l’année. Des offres promotionnelles sont proposées à certaines
périodes, comme illustré dans le tableau suivant. Par convention
221
, «
du 1
er
mars au
30 septembre
» les parties prenantes «
s’engagent à n’avoir
(…)
aucune action concurrente
».
Cette précision s’explique par l’existence des périodes de tarifs promotionnels du Magic Pass.
Du tableau qui suit, il est ainsi possible de relever que les tarifs proposés dans le cadre
de ce dispositif, au titre de la saison 2023-2024, sont relativement proches de ceux fixés par la
station de Métabief. Mais dans ce deuxième cas, seul l’accès à Métabief est prévu.
Tableau n° 18 :
Tarifs promotionnels du forfait « Magic Pass » du 01/03/2023 au 09/05/2023
Date
Adulte
(16 ans et plus)
Enfants
(de 6 à 15 ans)
Du 01/03/2023 au 11/04/2023
389
€
259
€
Du 11/04/2023 au 09/05/2023
419
€
269
€
Pour information : tarifs forfaits hiver 2023-2024 Station de Métabief
222
Forfaits « Promo » en vente du
16/11/2023 au 15/12/2023
375
€
310
€
Forfaits « Super promo » en vente du
16/10/2023 au 15/11/2023
299
€
249
€
Le dispositif assure à chaque sociétaire une «
garantie de revenus des abonnements
»
223
,
sur la base de la moyenne des saisons antérieures
224
. Le cas échéant, un «
fond de
garantie
(saison hivernale)
»
225
permet de «
pallier au manque d’enneigement dans les stations
de basse altitude
». Ce «
manco
» est calculé au prorata des jours d’ouverture, de la
fréquentation et du pourcentage d’ouverture des remontées mécaniques. Ce «
fonds de
solidarité
» est alimenté par les droits d’entrée des nouveaux sociétaires
226
. La station n’y a pas
eu recours.
Ce dispositif est notamment destiné à une clientèle suisse, dont la fréquentation a été
de 3 000 clients uniques pour 8 000 journées skieurs au cours de la saison 2022-2023
227
.
220
Magic Pass - 69 stations de ski à découvrir - inclus été 2023.
221
Cf. Article 5 de la convention passée avec la coopérative Magic Mountains Cooperation.
222
Cf. Délibération du 07/03/2023 déjà citée.
223
Cf. Article 5 a).
224
Dans la version de février 2022 de cette convention, les saisons 14/15, 15/16 et 16/17 sont considérées
comme les « exercices de référence », y compris pour les nouveaux sociétaires (cf. art. 5 a)).
225
Cf. Article 5 b).
226
Cf. Article 7 de la convention.
227
Source : réponse apportée par le SMMO.
RAPPORT D’OBSERVATIONS DEFINITIVES
61
Le dispositif de fidélisation de la clientèle « Fidéliski »
Un autre programme de fidélité déjà évoqué (« Fidéliski ») a été lancé en 2019. Il est
destiné aux skieurs qui pratiquent entre deux et huit jours de ski alpin par saison.
Ceux-ci bénéficient d’une réduction permanente (entre 10 et 50 % sur les troisième et sixième
journée de ski), après paiement d’un abonnement, dont le tarif n’a pas été augmenté depuis sa
mise en place. Ce dont témoigne le tableau ci-dessous.
Tableau n° 19 :
Évolution des tarifs de l’abonnement au programme de fidélité « Fideliski »
Saison
2019-2020
Saison
2020-2021
Saison
2021-2022
Saison
2022-2023
Abonnement adulte
25
€
25
€
25
€
25
€
Abonnement enfant/senior
20
€
20
€
20
€
20
€
Abonnement adulte promo
228
15
€
15
€
15
€
15
€
Abonnement enfant/senior promo
10
€
10
€
10
€
10
€
Source : CRC, d’après les délibérations y afférentes
Ce programme de fidélité a fait l’objet en 2021 d’une publicité sur Internet
229
.
La fréquentation croissante (multipliée par plus de cinq depuis son lancement en 2019) de ce
mécanisme témoigne de son succès, comme le détaille le tableau ci-dessous.
Tableau n° 20 :
Évolution du nombre d’abonnements au programme Fidéliski
2019-2020
2020-2021
2021-2022
2022-2023
48
30
(reportés sur l’hiver suivant)
194
254
Source : SMMO
La délivrance de forfaits gratuits ou à tarifs spéciaux
La distribution de forfaits gratuits ou à tarifs spéciaux est assimilable à des remises ou
ristournes commerciales. S’agissant d’un service public industriel et commercial, la chambre a
vérifié le respect de deux principes :
-
la validation des règles relatives à l’octroi de ces forfaits
230
;
-
et l’absence de dispositions qui contreviendraient au principe d’égalité des usagers devant
le service public, qui est un principe général du droit
231
.
228
« promo conquête nouveaux clients »
229
230
Conformément à l’article L. 1221-5 du code des transports, les grilles tarifaires des remontées
mécaniques doivent être approuvées par les autorités organisatrices avant le début de la saison. Cette obligation
juridique répond à la nécessaire transparence des décisions en matière de service public.
231
Des différences de traitement entre usagers du même service public sont possibles à condition qu’elles
soient justifiées par une différence de situation (objective) ou par un motif d’intérêt général et, au surplus, que ces
Annexe n° 23 ROD2 PA 62 en date du 3 octobre 2023
SYNDICAT MIXTE DU MONT-D’OR
62
S’agissant du premier point, dans la station de Métabief, la gratuité dans l’usage des
remontées mécaniques fait l’objet de deux dispositifs. Le premier est une règle générale,
rappelée avant chaque saison hivernale dans la délibération concernant la grille tarifaire, et qui
attribue la gratuité aux enfants de moins de 5 ans et aux personnes âgées de plus de 85 ans.
Le second est une politique détaillée, dont les composantes ont été délibérées par le comité
syndical du SMMO pour la seule saison 2020-2021
232
. La chambre recommande au SMMO de
délibérer chaque année sur ces pratiques. Le jour de fermeture du domaine skiable est
traditionnellement gratuit
233
.
Concernant le deuxième point, le contrôle a permis de relever que le SMMO a mis en
place, au bénéfice de diverses catégories de publics, des forfaits gratuits ou à tarifs spéciaux,
dont la régularité mérite d’être interrogée.
S’agissant des élus locaux, conformément au principe d’égalité de traitement entre les
usagers d’un service public et aux principes déontologiques, posés en particulier par la charte
de l’élu local (loi du 31 mars 2015
234
, article L. 1111-1-1 du CGCT), de telles gratuités
ne peuvent être admises que lorsque l’exercice des fonctions électives justifient un accès au
domaine skiable et aux remontées mécaniques.
La chambre observe que l’octroi de titres gratuits à la journée aux membres du SMMO
et aux «
VIP partenaires/Autorité
» (cf. tableau ci-dessous) ne pose pas de difficultés,
car il existe bien un lien entre l’exercice des fonctions nécessitant de connaître le domaine
skiable et les forfaits distribués. Elle constate en outre que le nombre de forfaits journées
distribués au titre des élus du SMMO est plafonné.
Tableau n° 21 :
Gratuité pour la saison 2020-2021 (extraits)
Identification
Précisions
Commentaires
Membres du Comité Syndical du SMMO
1 jour
Liste membre SMMO
Max. 10 personnes durant la saison
VIP Partenaires/Autorité
Président-e région/dept. Préfecture, etc.
1 jour
Sur demande de la Direction
Source : SMMO, délibération du 21/10/2020
S’agissant des agents participant au fonctionnement de la station, la délibération
du 21 octobre 2020 prévoit ainsi que certains usagers peuvent bénéficier de forfaits gratuits
d'une journée (cf. tableau suivant).
différences de traitement soient proportionnées à la cause qui les justifie (CE, Sect., 10 mai 1974, Denoyez et
Chorques, Rec. 274) et étrangères à toute discrimination.
232
Cf. délibération du 21/10/2020.
233
Cf. Support de présentation du bilan de la saison 2022/2023 aux élus syndicaux.
234
Cf. Loi n° 2015-366 du 31 mars 2015 visant à faciliter l'exercice, par les élus locaux, de leur mandat.
RAPPORT D’OBSERVATIONS DEFINITIVES
63
Tableau n° 22 :
Gratuité pour la saison 2020-2021 (extraits)
Identification
Précisions
Commentaires
Employé autre station Ski Alpin
(réciprocité de pratique)
1 jour
Présentation du contrat de travail
Salarié Office de Tourisme
du Pays du Haut Doubs
1 jour
Sur liste
Source : SMMO, délibération du 21/10/2020
Ces tarifs spéciaux ne reposent sur aucun motif d’intérêt général en lien avec le service
public. Conformément au principe d’égalité de traitement entre les usagers d’un service public,
ces tarifs ne peuvent être admis que lorsque l’exercice des fonctions justifie réellement un accès
permanent au domaine skiable et aux remontées mécaniques. Un tel accès serait par exemple
nécessaire pour un agent public spécifiquement en charge d’une opération de maintenance sur
les équipements et ne saurait être utilisé à des fins étrangères à cet objet. En pareil cas, le forfait
journée serait d’ailleurs attribué gratuitement sur ordre de mission.
Par ailleurs, les résidents propriétaires de terrains sur lesquels passent des remontées
mécaniques bénéficient de forfaits gratuits en compensation de servitudes de passage.
Aux termes de l’article L. 342-24 du code du tourisme, la servitude ouvre droit à indemnité s'il
en résulte pour le propriétaire du terrain ou l'exploitant un préjudice direct, matériel et certain.
Aucune disposition légale n’interdit que cette indemnité, qui est à la charge du bénéficiaire de
la servitude, ne prenne la forme de tarifs préférentiels pour l’accès au domaine skiable, à la
condition que ceux-ci soient justifiés et accordés à proportion de l’indemnité due. La chambre
relève que ces attributions feraient l’objet d’une formalisation (convention). Elle n’a donc pas
été en mesure, d’une part, de faire le lien entre les forfaits délivrés et les propriétaires concernés,
et d’autre part, de vérifier la proportionnalité entre le préjudice subi par le passage de remontées
mécaniques et l’indemnisation représentée par l’octroi des forfaits sans limitation de durée.
Tableau n° 23 :
Gratuité pour la saison 2020-2021 (extraits)
Identification
Précisions
Commentaires
Propriétaires/droits de passage
(Historiques)
Gratuité pour la saison ou
tarif spécial (1/4 du plein tarif)
Selon convention droit de passage
Source : SMMO, délibération du 21/10/2020
La chambre relève par ailleurs qu’un certain nombre de forfaits gratuits sont accordés à
titre promotionnel ou commercial. Il s’agit essentiellement de forfaits attribués à des sportifs de
haut niveau ou à la presse par le biais de l’office du tourisme. Ces gratuités accordées dans un
but promotionnel ou professionnel sont admises dans la mesure où elles poursuivent un objectif
commercial et sous réserve de ne pas conduire à transgresser le principe d’égalité de manière
détournée.
Annexe n° 23 ROD2 PA 62 en date du 3 octobre 2023
SYNDICAT MIXTE DU MONT-D’OR
64
En revanche, la chambre observe qu’aucune gratuité ou tarif spécial n’est accordé aux
résidents locaux. Ce qui serait irrégulier
235
.
Au total, et tous critères confondus, le nombre de forfaits gratuits délivrés par le SMMO
en saison d’hiver (hors COVID) a été divisé par deux entre 2015 et 2023. Ce que détaille le
tableau qui suit.
Tableau n° 24 :
Nombre de forfaits journaliers gratuits édités par le SMMO (2015-2023)
2015-2016
2016-2017
2017-2018
2018-2019
2019-2020
2020-2021
2021-2022
2022-2023
Hiver
5 696
3 602
4 326
4 089
2 771
45
2 459
2 790
Eté
661
1 271
1 489
1 666
1 561
1 127
1 864
NC
Source : SMMO, mai 2023
Recommandation n° 1.
Préalablement à chaque saison hivernale, faire valider par le
comité syndical les règles d’attribution des forfaits gratuits pour l’accès aux remontées
mécaniques, conformément à l’article L. 1221-5 du code des transports.
Les ventes de forfaits et leurs accessoires (assurance, …) constituent 90 %
du chiffre d’affaires de la station
Au cours de la saison 2022-2023, dans le cadre d’un hiver marqué par le manque de
neige
236
, les remontées mécaniques de la station de Métabief ont donné lieu à
161 337 journées-skieurs (JS), soit 43 077 de moins que la saison précédente. Au cours de la
période 2016-2023, l’évolution de la fréquentation de la station a été irrégulière.
Elle est marquée par des pics d’activité (2017-2018, 2018-2019) et des périodes relativement
creuses. Ce que détaille le signale le tableau suivant.
235
Conformément à CAA Lyon, n°96LYO2472, 13 avril 2000, commune de Saint-Sorlin-d’Arves :
le juge administratif a ainsi considéré que «
le seul fait que les résidents permanents sont contribuables à titre
principal dans la commune n'est pas constitutif, en ce qui concerne l'accès au service des remontées mécaniques,
d'une différence de situation justifiant une exception au principe d'égalité qui régit l'accès au service public ;
que si la commune fait valoir que ses habitants sont en contact avec les clients de la station de sports d'hiver et
contribuent à la qualité de l'accueil qui leur est réservé et à l'essor commercial de la station, ces motifs ne
répondent pas à une nécessité de nature à justifier une discrimination dans les tarifs des forfaits ;
que les discriminations ainsi opérées notamment entre les résidents permanents de la commune et les autres
usagers du service de remontées mécaniques sont contraires au principe d'égalité entre les usagers d'un service
public
»
236
Avec un niveau d’enneigement limité et des périodes de froid courtes, les enneigeurs n’ont pu être
utilisés qu’à deux reprises, en décembre et mi-janvier. Ce qui a réduit les périodes d’ouverture de la station.
RAPPORT D’OBSERVATIONS DEFINITIVES
65
Tableau n° 25 :
Évolution de la fréquentation au cours des saisons d’hiver
2016-2017 à 2022-2023
En journées-
skieurs
2016-2017
2017-2018
2018-2019
2019-2020
2020-2021
2021-2022
2022-2023
Avant saison
25 952
40 420
29 342
44 215
COVID
33 472
22 164
Vacances
Noël
1 137
39 324
16 137
7 058
27 914
8 826
Inter
Vacances
Janvier
58 331
45 270
64 422
15 838
46 130
30 494
Vacances
Hiver
104 595
105 152
122 768
60 265
89 628
90 120
Inter
Vacances
Mars
10 633
8 770
11 395
6 292
7 270
2 589
Total
200 648
238 936
244 064
133 668
204 414
161 337
237
Source : SMMO, mars 2023
Cette situation s’explique par deux facteurs. Tout d’abord, les conditions climatiques
ont un impact évident sur la fréquentation : les hivers, coincés entre une fraîcheur automnale et
une douceur printanière qui s'étirent, raccourcissent. Cela rétrécit la période d’ouverture pour
les skieurs. C’est ainsi que, pendant la saison 2022-2023
238
, la production de neige de culture
au cours de deux «
plages de froid
» (les 10 et 16 décembre 2022) a permis une ouverture
partielle du domaine skiable (secteur Métabief) le 17 décembre. Cette stratégie a d’ailleurs
permis à la station d’être «
la seule station des Montagnes du Jura à être ouverte
» au cours des
vacances de Noël. Une «
mise en pause
», le 1
er
janvier 2023 a été rendue nécessaire en raison
du manque de neige.
Un autre phénomène est celui d’un «
manque d’appétit
» des clients pour la pratique du
ski en fin de saison, comme l’illustre l’absence de fréquentation sur le dernier week-end des
vacances de février 2023, moment où les conditions pour la pratique du ski étaient toutefois
optimales. C'est ce que montre également le tableau ci-dessous, qui compare, sur les saisons
2016-2017 à 2022-2023, la fréquentation avec la date de fermeture de la station.
Avec 173 skieurs/jour au cours des inter-vacances de mars 2022-2023 (contre une moyenne de
467 sur les cinq saisons précédentes), il est possible de constater une baisse de la fréquentation,
toutes choses égales par ailleurs.
237
En tenant compte des abonnés Magic Pass (8 144 journées skieurs sur la saison).
238
Les éléments qui suivent ressortent d’une note de synthèse sur la saison 2022/2023.
Annexe n° 23 ROD2 PA 62 en date du 3 octobre 2023
SYNDICAT MIXTE DU MONT-D’OR
66
Tableau n° 26 :
Évolution de la fréquentation en fin de saison
2016-2017
2017-2018
2018-2019
2019-2020
2020-2021
2021-2022
Moy
239
2022-2023
Journées-skieurs
aux inter vacances
de mars
10 633
8 770
11 395
6 292
COVID
240
7 270
8 872
2 589
Dates d’ouverture
du 04/03
au 24/03
du 10/03
au 30/03
du 09/03
au 29/03
du 07/03
au 20/03
du 05/03
au 25/03
du 04/03
au 19/03
Nombre de jours
d’ouverture sur la
période
21
20
20
13
20
19
15
Fréquence
moyenne/jour
506
439
570
484
364
467
173
Source : CRC, d’après les données communiquées par le SMMO
Hormis en 2020 et en 2021 (impact des mesures de fermeture des remontées mécaniques
dans le contexte de la crise sanitaire)
241
, en dépit de ce constat d’une baisse de fréquentation
relative, le chiffre d’affaires global du SMMO
242
a augmenté significativement, passant de
3,4 M
€
(2016) à 5,2 M
€
(2022), soit une progression de plus de 50 % sur la période. Ce que
détaille le tableau qui suit.
Tableau n° 27 :
Détail des ressources d’exploitation du SMMO (2016-2022)
en
€
2016
2017
2018
2019
2020
2021
2022
Ventes de produits,
services et
marchandises
3 380 216
3 603 831
4 552 994
4 877 258
2 588 330
703 267
5 208 430
Source : CRC, d’après les comptes de gestion
L’activité ski alpin demeure essentielle dans le chiffre d’affaires du SMMO (elle a pu
représenter plus de 90 % du CA de décembre 2021). Pour autant, la diversification des activités
(luge) offre des débouchés supplémentaires, particulièrement bienvenus dans un contexte de
baisse des revenus du ski. Ainsi, en 2022, l’inauguration de la luge des cimes a apporté près de
55 k
€
au CA de l’exercice. Cette situation a permis d’atténuer la baisse des revenus tirés du ski
(- 63 % par rapport à la période de l’exercice précédent).
239
Hors COVID.
240
Remontées mécaniques fermées pour la plupart des publics, entre décembre 2020 et février 2021.
241
Le décret n° 2020-1310 du 29 octobre 2020 prescrivant les mesures générales nécessaires pour faire
face à l’épidémie de Covid-19 dans le cadre de l’urgence sanitaire, modifié par le décret n° 2020-1519 du
4 décembre 2020, dont les effets ont été prorogés par l’article 1
er
de la loi du 14 novembre 2020 ont prescrit
l’interdiction de l’accès du public aux remontées mécaniques sur l’ensemble du territoire national, entre le
04/12/2020 et le 16/02/2021. L’article 1
er
du dernier décret autorisait toutefois «
les pratiquants mineurs licenciés
au sein d'une association sportive affiliée à la Fédération française de ski
».
242
Ces données tiennent compte des autres activités de la station.
RAPPORT D’OBSERVATIONS DEFINITIVES
67
Tableau n° 28 :
Impact de l’activité ski alpin (fréquentation au mois de décembre N)
sur le chiffre d’affaires N
Hiver 2021
Hiver 2022
Évolution
Nombre de journées-skieurs
51 506
30 953
- 40%
Passages aux luges
0
243
4 538
-
Chiffre d’affaires, dont
836 274
€
369 875
€
- 56 %
Forfaits
777 890
€
286 394
€
- 63 %
Luge des cimes
0
€
54 952
€
-
Autres activités (piétons, Jura Kid Park,
…)
58 384
€
28 529
€
- 51 %
Pour information : part
dans le CA
Forfaits
93 %
77 %
- 16 points
Luge
-
15 %
-
Source : SMMO, Note d’information du 02/01/2023
4.2.2
Les ressources perçues par les autres collectivités en lien avec l’activité
hivernale de la station
La fiscalité locale présente en montagne des particularités. Outre la taxe de séjour, qui
n'est pas spécifique aux communes de montagne, les communes touristiques en montagne
peuvent percevoir la redevance pour l'accès aux pistes de ski de fond
244
, ainsi qu’une redevance
assujettie sur les utilisateurs de raquette.
Le produit de la taxe de séjour perçu par l’office de tourisme
La taxe de séjour
245
est indirectement perçue par l’office de tourisme, à travers le
reversement d’une subvention par ses intercommunalités membres
246
.
Au cours de la période 2020-2022, le produit tiré de cette taxe dans le territoire de la
CCLMHD est passé de 274 583
€
(produit perçu en 2019 et reversé en 2020) à 224 375
€
(perçu en 2021 et reversé en 2022), comme présenté dans le tableau ci-dessous. La baisse
relative constatée en 2021 est liée au contexte de la crise sanitaire. Le détail des recettes versées
à l’office de tourisme est retracé en annexe n° 6 de ce rapport.
243
La « Luge des cimes » a été inaugurée le 14/07/2022.
244
Son régime est fixé par les articles L. 2333-81à 83 du code général des collectivités territoriales.
245
Créée par une loi de 1910, la taxe de séjour est instituée à l’initiative des communes réalisant des
dépenses favorisant l’accueil des touristes. À l'origine, elle ne pouvait être instituée que par les stations classées
de tourisme. Cette possibilité s’est élargie au fur et à mesure des années notamment aux communes de montagne
réalisant des actions de promotion touristique ou de gestion de leurs espaces naturels. Elle est due par personne et
par nuit et son montant varie selon le type d'hébergement (hôtel, meublé de tourisme, camping) et selon le
classement de l'hébergement. S’il existe un office de tourisme sous statut d’EPIC, la recette de TS lui est
obligatoirement affectée.
246
Il n’existe pas de TS additionnelle instituée par le Département.
Annexe n° 23 ROD2 PA 62 en date du 3 octobre 2023
SYNDICAT MIXTE DU MONT-D’OR
68
Tableau n° 29 :
Évolution du produit de la taxe de séjour perçue par la communauté de communes
Lacs et Montagnes du Haut-Doubs et reversé à l’office de tourisme
En
€
2019
2020
2021
Evol.
274 583
209 961
224 375
- 92 %
Source : Office de tourisme du Pays du Haut-Doubs, avril 2023
La taxe sur les remontées mécaniques
Les communes situées en zone de montagne peuvent instituer une taxe portant sur les
recettes brutes provenant de la vente de titres de transport par les entreprises exploitant des
engins de remontées mécaniques
247
.
L'article L. 3333-4 du code général des collectivités territoriales institue pour sa part
une taxe départementale sur les remontées mécaniques, soumise au même régime que celui de
la taxe communale (notamment en matière d'affectation).
Le produit de cette taxe, toute catégorie concernée, est détaillé dans le tableau
ci-dessous, qui présente une hausse significative sur la période de contrôle (+ 29 % pour la part
communale et + 8 % pour la part départementale)
248
.
Tableau n° 30 :
Évolution du produit de la taxe sur les remontées mécaniques perçu
par la commune de Métabief et le département du Doubs
En k
€
2015
2016
2017
2018
2019
2020
2021
2022
Evol.
Part communale
55,7
49,4
56,6
59,3
61,9
32,8
15,1
71,6
+ 29%
Part
départementale
77,6
58,9
65,0
77,9
91,0
43,2
10,5
83,5
+ 8%
Source : CRC, d’après CD 25 et des extraits des grands livres comptables de recettes
Il est précisé à ce stade que 60 % du produit de cette taxe est reversé au SMMO, selon
deux conventions déjà citées.
247
Cf. Art. L. 422-6 du code du tourisme.
248
Selon l'article 4.3 de la convention pour 2022-2024, et conformément à l’article L. 2333-49 du code
général des collectivités territoriales, le taux de la taxe communale pour Métabief, Jougne et Longevilles-Mont-
d’Or est maintenu à 3 %, et celui de la taxe départementale à 2 %.
RAPPORT D’OBSERVATIONS DEFINITIVES
69
4.3
Les postes de dépenses en évolution
4.3.1
Les postes de dépenses d’exploitation
Une masse salariale croissante
Le SMMO ne produit aucun bilan social. Avec un effectif de 61 ETP
249
, il n’est pas
concerné par cette obligation
250
. Le principe d’établir un bilan social n’est pas lié à l’existence
effective d’un comité social et économique (requise dans les établissements qui emploient plus
de 300 personnes), mais à la réunion des conditions requises pour la constitution d’une telle
instance. En effet, les informations contenues dans le bilan social ne sont pas uniquement
destinées aux instances représentatives du personnel.
Une bonne connaissance des données sociales permet de mesurer, notamment, le taux
de renouvellement des équipes permanentes et saisonnières, et d’évaluer la qualité du climat
social de l’établissement. En cours d’instruction, le SMMO a indiqué qu’un «
bilan social
»,
sous la forme du modèle produit par Domaine skiable de France, serait rédigé chaque année.
Au cours de la période sous revue, les charges de personnel ont représenté en moyenne
57 % des charges courantes, comme détaillé dans le tableau qui suit.
Tableau n° 31 :
Évolution des charges de personnel par rapport
à l’ensemble des charges courantes (2016-2022)
en
€
2016
2017
2018
2019
2020
2021
2022
Charges
courantes
251
, dont
3 782 548
3 746 752
4 193 139
4 180 267
3 692 946
2 843 052
5 024 097
Charges de
personnel
2 144 721
2 149 522
2 329 706
2 378 733
2 111 393
1 774 398
3 008 325
Charges de personnel
/ charges courantes
57 %
57 %
56 %
57 %
57 %
62 %
60 %
Source : CRC, d’après les comptes de gestion.
L’augmentation significative de 2022 s’explique par une multiplication par dix
de l’enveloppe dédiée aux primes et gratifications (71 369
€
en 2021 et 795 961
€
en 2022),
dans le cadre de deux types de mesure :
-
l’augmentation des salaires décidée dans le cadre de la convention collective nationale des
remontées mécaniques et domaines skiables
252
;
249
Cf. Réponse apportée par le SMMO.
250
Cf. Articles L. 2311-1 et L. 2312-28 du code du travail.
251
Charges courantes = charges à caractère général + charges de personnel + subventions + autres charges
de gestion + charges d’intérêt et pertes nette de change.
252
Cf. Reportage intitulé : «
Stations de ski : les saisonniers des remontées mécaniques obtiennent une
augmentation des plus bas salaires
» (francetvinfo.fr).
Annexe n° 23 ROD2 PA 62 en date du 3 octobre 2023
SYNDICAT MIXTE DU MONT-D’OR
70
-
des mesures spécifiques à la station de Métabief, dans le cadre du Plan d’accélération de
la transition (PAcT)
253
.
Le tableau qui suit présente le détail de l’évolution significative de trois postes qui
composent les charges de personnel. Il a été retraité, compte tenu des erreurs d’imputation
constatées sur ce chapitre. L’attention du comptable a été attirée sur ce point
254
.
Tableau n° 32 :
Décomposition (extraits) du chapitre 012 (charges de personnel)
255
En
€
2021
2022
Charges de personnel, dont
1 774 398
3 008 325
Autres personnels extérieurs
14 644
88 663
Primes et gratifications
71 369
795 961
Salaires, appointements, commissions
1 327 736
1 319 689
Source : CRC, d’après les comptes administratifs 2021 et 2022
Recommandation n° 2.
: Corriger les erreurs d’imputation des charges de personnel
aux comptes 6411 (« Salaires, appointements, commissions ») et 6413 (« primes et
gratifications »).
La sensibilité du SMMO aux risques énergétiques
Au cours de la période 2016-2022, les dépenses afférentes aux consommations
énergétiques de fluides (eau, électricité, carburant) ont augmenté de près de 30 %, comme
détaillé dans le tableau ci-dessous. L’augmentation la plus significative a lieu en 2022 (près de
40 % plus élevée qu’au cours de l’exercice précédent).
Tableau n° 33 :
Évolution du compte 6061 « Achats de matières et fournitures non stockées - eau,
énergie… » au cours de la période 2016-2022 (en k
€
)
2016
2017
2018
2019
2020
2021
2022
Evol.
2022/2016
Evol.
2022/2021
173,7
180,5
184,1
192,0
177,2
162,9
224,0
+ 29 %
+ 38 %
Source : comptes de gestion
253
Cf. Axe 3 (« Le SMMO, une entreprise humaine, agile et résiliente ») du PAcT, p. 14/24.
254
Cf. Echange de mails avec le comptable public.
255
Ces données tiennent compte d’une erreur dans la comptabilisation des chiffres, entre les comptes
6413 (« primes et gratifications ») et 6411 (« Salaires, appointements, commissions »).
RAPPORT D’OBSERVATIONS DEFINITIVES
71
Sur 2022 et 2023, les crédits affectés aux dépenses d’électricité ont ainsi été multiplié
par 4,5, comme illustré dans le tableau suivant.
Tableau n° 34 :
Évolution des prévisions de dépenses d’électricité entre 2022 et 2023
En
€
BP 2022
BP 2023
Evol.
270 000
1 220 000
x 4,5
Source : Délibération du comité syndical datée du 30/11/2022
Cette situation intervient alors que le SMMO a souscrit fin 2022 un contrat de fourniture
d’électricité valable pour un an (2023)
256
. Ce dernier s’inscrit dans le cadre d’un «
plan de
gestion de la crise de l’électricité
»
257
, qui correspond à un ensemble de mesures d’économie
d’énergie qui ménagent la satisfaction du client (les consommations sont maintenues en journée
mais les événements nocturnes éclairés sont limités). Ce plan comprend des mesures de
fermeture temporaire des remontées mécaniques, conditionnées aux alertes transmises par
Ecowatt
258
. En outre, le scénario d’une unité de production photovoltaïque est à l’étude
259
.
Cette stratégie d’adaptation peut être comparée avec celle d’une station proche,
Les Rousses, dont le «
plan de management énergétique
»
260
comporte des mesures proches de
celles de Métabief.
Pour mesurer le risque d’exposition à l’aléa énergétique, la chambre se réfère à un
indicateur qui mesure le rapport entre la dépense de fluides et l’épargne nette. Cette dernière
représente l’enveloppe disponible pour financer les investissements. Il est donc significatif de
rapporter la part que représentent les énergies dans la CAF nette, afin de mesurer la sensibilité
des collectivités à leur augmentation.
Hormis en 2020, en raison d’une augmentation significative des subventions perçues,
le SMMO se trouve particulièrement exposé au risque énergétique. Ce que le tableau ci-dessous
démontre : même au cours des saisons « normales », les dépenses énergétiques correspondent
généralement à l’autofinancement net. Cette situation ne saurait étonner. Dans une étude de la
Banque postale datée de 2021
261
, la strate la plus concernée par le risque énergétique est celle
qui présente des équipements publics énergivores, et qui ne peuvent se doter de moyens
humains et techniques adaptés (recrutement d’un acheteur en énergie).
256
Le SMMO a renouvelé fin 2020, et pour une période de deux ans, plusieurs de ses contrats de fourniture
d’électricité. Les lauréats comprennent notamment un fournisseur d’électricité verte (Alterna).
257
Cf. Délibération du comité syndical du 30/11/2022 déjà citée.
258
Ainsi, en période de signal d’alerte vert, certaines remontées sont uniquement fermées en semaine. En
alerte orange, toutes les remontées ferment à 17h. cf. Délibération du 30/11/2022, p. 2.
259
Cf. Délibération du 30/11/2022 déjà citée, p. 2.
260
Cités par https://france3-regions.francetvinfo.fr/bourgogne-franche-comte/jura/haut-jura/prix-de-l-
energie-on-ne-fermera-pas-de-remontees-mecaniques-du-jura-au-doubs-les-stations-de-ski-en-pleine-
renegociation-avec-leurs-fournisseurs-2607556.html
261
D’après un article publié par Localtis : «
Inflation : toutes les petites villes ne sont pas logées à la
même enseigne
».
Annexe n° 23 ROD2 PA 62 en date du 3 octobre 2023
SYNDICAT MIXTE DU MONT-D’OR
72
Tableau n° 35 :
Évolution de l’indicateur d’exposition au risque énergétique (2016-2022)
En k
€
2016
2017
2018
2019
2020
2021
2022
Dépenses
énergétiques (1)
173,7
180,5
184,1
192,0
177,2
162,9
224,0
CAF nette (2)
187,5
168,0
170,2
241,2
985,3
-116,6
70,3
(1) / (2)
93 %
107 %
108 %
80 %
18%
NS
319 %
Sources : comptes de gestion
En effet, avant la crise des énergies, les marchés de l’électricité consistaient
généralement à mettre en concurrence des fournisseurs sur la base de prix fixés pour trois ans
par tranches annuelles. Désormais, compte tenu notamment de la volatilité des prix, ce schéma
n’est plus applicable. L’acheteur doit prendre des positions sur les marchés
via
des
intermédiaires (EDF, Enedis, Total énergie…), avec pour principe de fractionner la décision
d’achat dans l’année, afin de niveler le risque. Ce fractionnement est fonction du volume acheté.
4.3.2
Le coût de l’adaptation des équipements aux changements climatiques
Un programme d’investissements pluriannuels fondés en grande partie sur des
perspectives de subventionnement public
La production de neige de culture sécurise une activité qui dépend de la météo.
Or, le changement climatique a lui-même un effet sur l’usage de la neige de culture, dont la
production nécessite des températures basses et une disponibilité de la ressource en eau. Son
utilisation accrue pose également la question de son coût de production.
De la lecture des pièces communiquées par l’entité contrôlée, il est apparu que la
réflexion concernant l’installation d’un dispositif d’enneigement de culture a été relativement
précoce, comme en témoigne l’historique suivant :
« (…)
la petite installation de neige de culture du front de neige ne suffit pas à résister
à deux hivers sans neige (1988-1989 et 1989-1990).
(…)
En 2010,
(…)
le SMTMO
262
engage alors un nouveau programme d’investissement avec le dossier « neige de
culture ». Pour mener à bien ce projet et restructurer le domaine skiable, il met en place
la régie des remontées mécaniques (2010). Plus de 14 M
€
sont investis entre 2010 et
2018 pour la neige de culture et la mise à niveau des remontées mécaniques et des
équipements.
»
263
262
Syndicat
mixte
pour
l’aménagement,
le
développement
et
l’exploitation
touristique
du Mont-d’Or (SMTMO), ancêtre du SMMO et déjà cité.
263
Cf. Préambule des statuts de 2019, déjà cité, p. 3.
RAPPORT D’OBSERVATIONS DEFINITIVES
73
Cet investissement s’inscrit dans le cadre du «
Plan d’Amélioration des Remontées
Mécaniques et des Equipements
» (PPARME), pour lequel le département du Doubs a créé une
autorisation de programme d’un montant de 7 M
€
pour la période 2021-2025. Parmi les
opérations du projet de transition, le maintien du ski alpin recouvre les dépenses suivantes :
Tableau n° 36 :
Composition du plan pluriannuel d’amélioration des remontées mécaniques
et des équipements (PPARME – 2021-2025)
Opération
Montant (HT)
Santé, hygiène et sécurité du travail (adaptation des bâtiments, tenues de travail, …)
1 251 000
€
Maintien et amélioration continue des remontées mécaniques
1 189 000
€
Parc de véhicules (dameuses, engins de chantier, 4x4, …)
790 000
€
Développement du numérique pour l’amélioration continue de
la relation client
230 000
€
Maintien des équipements « haut-niveau » des tremplins de Chaux-Neuve
210 000
€
Travaux annuels sur pistes de ski et postes VTT
150 000
€
Maintenance annuelle de l’installation de neige de culture
105 000
€
Observatoire de l’environnement (inventaires annuels, nouvelles espèces, …)
75 000
€
Total
4 000 000
€
Source : SMMO, Délibération du 14/03/2021
Ce plan s’inscrit lui-même dans le cadre plus général du plan pluriannuel
d’investissement (2021-2025) qui, outre le PPARME se compose de deux opérations
structurantes, dont les études préalables ont été lancées fin 2021. Il s’agit des opérations
suivantes :
-
la création d’un « Pôle Outdoor » sur le site de Chaux-Neuve autour d’un bâtiment
« en bout de raquette pour l’accueil des équipes et du grand public (visite du site) »
264
;
-
le rassemblement de l’ensemble des opérateurs de la montagne (SMMO, écoles de ski, …)
en un lieu unique (« Pôle Montagne »).
Au total, ce plan pluriannuel d’investissement (2021-2025), d’un montant total de
13 250 000
€
HT sur la période, se présente ainsi :
264
Source : Délibération du SMMO du 30/11/2021.
Annexe n° 23 ROD2 PA 62 en date du 3 octobre 2023
SYNDICAT MIXTE DU MONT-D’OR
74
Tableau n° 37 :
Composition et plan de financement du plan pluriannuel d’investissement
(2021-2025)
HT
Dépenses
Recettes
Subventions demandées
Autres ressources
PPARME
4 000 000
€
Département
7 000 000
€
Emprunt
2 695 000
€
TSF Troupézy
1 800 000
€
État/Région/Europe
3 555 000
€
Luge 4 saisons
4 250 000
€
Pôle Outdoor
Chaux-Neuve
1 000 000
€
Pôle Montagne
Métabief
2 200 000
€
Total
13 250 000
€
13 250 000
€
Source : SMMO, délibération du 30/11/2021
Le financement des investissements est notamment assumé par un recours à
l’emprunt et par des subventions
Il convient tout d’abord de rappeler que l’autofinancement net (du remboursement du
capital des emprunts) est notamment composé de subventions provenant des membres du
SMMO. Celles-ci permettent, hormis en 2021, l’existence d’une CAF nette positive.
Tableau n° 38 :
Calcul et évolution de la capacité d’autofinancement nette
(CAF nette, 2016-2022)
En
€
2016
2017
2018
2019
2020
2021
2022
CAF brute,
dont
1 115 424
1 197 560
1 276 935
1 491 936
2 261 380
1 261 157
1 357 245
Chiffre
d’affaires
3 380 216
3 603 831
4 552 994
4 877 258
2 588 330
703 267
5 208 430
Subventions
d’exploitation
1 447 149
1 205 210
828 833
874 000
2 976 604
1 335 841
1 071 082
Annuité en
capital de la
dette
927 919
1 029 594
1 106 700
1 250 705
1 276 062
1 377 717
1 286 959
CAF nette
187 505
167 966
170 235
241 231
985 318
-116 560
70 286
Source : CRC, d’après les comptes de gestion
Le financement propre disponible est, pour une large part, constitué des recettes
d’investissement hors emprunt, dont principalement les subventions d’équipement. Ces
ressources ont pu représenter jusqu’à 98 % (en 2022) du financement propre disponible. Une
part de ressources non pérennes provient de cessions de terrains et de bâtiments.
Jointes à la CAF nette, les recettes d’investissement hors emprunts ont fourni un
financement propre cumulé sur la période de 8,3 M
€
.
RAPPORT D’OBSERVATIONS DEFINITIVES
75
Tableau n° 39 :
Composition et évolution du financement propre disponible (2016-2022)
En
€
2016
2017
2018
2019
2020
2021
2022
Total
CAF nette
187 505
167 966
170 235
241 231
985 318
-116 560
70 286
1 705 981
+ Subventions
d'investissement
156 383
392 248
244 299
20 138
84 780
1 679 280
3 947 499
6 524 627
+ Produits de cession
5 833
0
6 667
15 500
14 719
0
22 000
64 719
= Financement propre
disponible
349 721
560 214
421 201
276 869
1 084 818
1 562 720
4 039 785
8 295 327
Source : CRC, d’après les comptes de gestion
Ce financement propre a permis de couvrir une partie des besoins financiers issus des
dépenses d’équipement, dont les montants ont pratiquement tous dépassé le million d’euros au
cours de chaque exercice de la période étudiée. Ce que détaille le tableau qui suit.
Tableau n° 40 :
Composition et évolution du besoin de financement
En
€
2016
2017
2018
2019
2020
2021
2022
Financement propre
disponible
349 721
560 214
421 201
276 869
1 084 818
1 562 720
4 039 785
- Dépenses d'équipement
(y compris travaux en
régie)
2 133 126
2 134 920
1 448 114
2 212 995
1 491 049
2 922 420
5 164 660
= Besoin (-) ou capacité
(+) de financement
-1 781 905
-1 574 706
-1 026 913
-1 936 126
-406 232
-1 359 700
-1 124 875
Source : CRC, d’après les comptes de gestion.
C’est la souscription de nouveaux emprunts qui permet, en cours d’année, de couvrir
ces besoins de financement et de reconstituer (2016, 2020, 2021) le fonds de roulement.
Tableau n° 41 :
Évolution du fonds de roulement net global
En
€
2016
2017
2018
2019
2020
2021
2022
Besoin (-) ou capacité
(+) de financement
-1 781 905
-1 574 706
-1 026 913
-1 936 126
-406 232
-1 359 700
-1 124 875
+ Nouveaux emprunts
de l'année
2 550 000
1 200 000
920 000
1 650 000
1 600 000
1 982 000
0
= Mobilisation (-) ou
reconstitution (+) du
fonds de roulement net
global
768 095
-374 706
-106 913
-286 126
1 193 768
622 300
-1 124 875
Source : CRC, d’après les comptes de gestion
Annexe n° 23 ROD2 PA 62 en date du 3 octobre 2023
SYNDICAT MIXTE DU MONT-D’OR
76
Une stratégie de financement des investissements qui n’a pas varié avec l’adoption
du plan d’adaptation aux effets du changement climatique
Cette stratégie d’investissement, qui repose sur des financements propres (subventions)
et des ressources externes (emprunts), n’a pas été modifiée au cours de la période, comme en
témoigne le tableau qui suit. Depuis 2016, y compris après l’adoption d’un plan pluriannuel
destiné à adapter les infrastructures aux effets du changement climatique, un recours quasi
systématique à l’emprunt
265
est réalisé.
Tableau n° 42 :
Évolution du stock de dette (2016-2022)
En M
€
2016
2017
2018
2019
2020
2021
2022
Encours de dette
au 1
er
janvier N
13,1
14,7
14,9
14,7
15,1
15,4
16,0
- Annuité en capital
0,93
1,0
1,1
1,3
1,3
1,4
1,3
+ Nouveaux emprunts
2,6
1,2
0,92
1,7
1,6
2,0
0
= Encours de dette
au 31 décembre N
14,7
14,9
14,7
15,1
15,4
16,0
14,7
Source : CRC, d’après les comptes de gestion
De cette stratégie, il ressort que l’annuité totale de la dette bancaire du SMMO
(remboursement du capital et de la charge d’intérêts de la dette) est demeurée pratiquement
constante au cours de la période, comme le détaille le tableau ci-dessous.
Tableau n° 43 :
Composition et évolution de l’annuité totale de la dette du SMMO (2016-2022)
En k
€
2016
2017
2018
2019
2020
2021
2022
Var.
annuelle
moyenne
Annuité en capital
930
1 030
1 107
1 251
1 276
1 378
1 287
5,6%
+ Charge
d’intérêts
427
401
380
364
346
338
311
-5,2%
= Annuité totale
de la dette
1 357
1 431
1 487
1 615
1 622
1 716
1 598
2,8%
Source : CRC, d’après les comptes de gestion
Cette stratégie a fait entrer le SMMO, depuis ses origines, dans une zone de risque
financier, lié à une capacité de désendettement qui excède les valeurs de référence retenues par
les pouvoirs publics dans l’analyse du respect des règles prudentielles
266
. Il convient toutefois
265
L’absence de capital, qui caractérise l’établissement public, fait obstacle à un financement externe
autrement que par l’endettement.
266
La loi de programmation des finances publiques 2018-2022 relatives aux collectivités territoriales
mentionnait notamment dans son article 29 une règle prudentielle qui devait permettre d'améliorer la capacité
RAPPORT D’OBSERVATIONS DEFINITIVES
77
de souligner le caractère mixte du SMMO : intervenant sur un domaine marchand, il est
composé d’entités publiques qui assurent sa solvabilité puisque les statuts depuis 2019
garantissent
au
SMMO
que
ses
déficits
seront
couverts
par
le
département
et
l’intercommunalité.
Tableau n° 44 :
Calcul et évolution de la capacité de désendettement (2016-2022)
2016
2017
2018
2019
2020
2021
2022
Encours de dette
au 31 décembre N (1)
14 712 691
14 883 097
14 696 397
15 095 692
15 419 630
16 023 914
14 736 954
CAF brute (2)
1 115 424
1 197 560
1 276 935
1 491 936
2 261 380
1 261 157
1 357 245
Capacité de désendettement
en années (1)/(2)
13,2
12,4
11,5
10,1
6,8
12,7
10,9
Source : CRC, d’après les comptes de gestion
Une stratégie budgétaire et financière qui repose
in fine
sur le département
Le plan d’adaptation aux évolutions climatiques s’accompagne d’une réflexion sur le
plan de financement des mesures qu’il comporte
267
. Pour autant, tant le SMMO que le
département, son principal financeur, ne disposent pas d’une prospective financière
quant à l’évolution des charges et des recettes du syndicat. L’évocation de ces éléments se
déroule à l’oral, par des temps d’échanges réguliers entre les deux entités, notamment au
moment des arbitrages budgétaires
268
.
Le département a pris conscience d’une partie des enjeux financiers en la matière.
Il a ainsi prévu un audit externe du SMMO, dans le cadre d’une stratégie tendant à créer les
conditions d’un contrôle de gestion avec ses principaux satellites
269
.
L’adoption d’un plan d’équipement ambitieux devrait s’appuyer nécessairement sur une
analyse financière prospective, autour de scenarii d’évolution du chiffre d’affaires au regard
des aléas liées aux évolutions du climat
270
.
d'autofinancement des collectivités territoriales, en plafonnant le nombre d'années nécessaires au remboursement
de leur dette.
267
Cf. PAcT, p. 14 et suiv.
268
Cf. Réponse apportée par le CD 25 : «
L’activité de la station de Métabief ainsi que la mise en
œ
uvre
de ses différents projets font l’objet, tout au long de l’année, d’échanges réguliers (réunions, mails, …) entre les
services du Département (notamment le service Tourisme) et le SMMO, à savoir M. Philippe Alpy (Président du
SMMO et Vice-Président du Département) et/ou M. Olivier Erard (Directeur). Par ailleurs, les services du
Département participent aux réunions du Comité syndical du SMMO. De plus, durant la saison hivernale qui est
la plus importante en termes de chiffre d’affaires et de résultat, le SMMO transmet régulièrement au Département
(Présidente et DGS), par mail, un point de situation sur l’activité de la station de Métabief (conditions météo,
ouverture des pistes, ventes de forfaits, dépenses/recettes, niveau de l’écart par rapport au prévisionnel).
»
269
Cf. Rapport accompagnant l’un de ses projets de délibérations au cours du conseil du 12/12/2022.
270
Le projet de loi de programmation des finances publiques actuellement en débat prévoit ainsi que le
secteur local devra bien participer à l’effort de redressement des comptes publics
via
des pactes de confiance
(cf. Loi programmation des finances publiques (LPFP) 2023-2027 | vie-publique.fr).
Annexe n° 23 ROD2 PA 62 en date du 3 octobre 2023
SYNDICAT MIXTE DU MONT-D’OR
78
En cours d’instruction, le SMMO a fait part de la difficulté d’élaborer une telle analyse
prospective, dans un contexte marqué par une variabilité accrue de son chiffre d’affaires.
La chambre note toutefois que l’outil de prospective climatique auquel a eu recours le SMMO
(Climsnow) a débouché sur des scenarii d’adaptation des configurations techniques de la
station. Ces scenarii pourraient constituer le socle des réflexions en matière d’investissements
futurs.
Recommandation n° 3.
Réaliser une analyse financière prospective, assise sur des
scenarii d’évolution du chiffre d’affaires.
______________________ CONCLUSION INTERMÉDIAIRE ______________________
La stratégie d’adaptation aux évolutions climatiques repose notamment sur le recours
aux subventions publiques, et se traduit sur le plan financier par des plans d’investissement en
équipements nouveaux.
Dans un contexte d’instabilité générale, il est à prévoir que des mesures d’encadrement
de la dépense publique locale (de type « contrat de Cahors) soient à nouveau instaurées. C’est
pourquoi, les plans de financement pourraient s’accompagner d’une évaluation prospective
des recettes.
5
LES IMPACTS DU MAINTIEN ET DU RENOUVELLEMENT
DES ACTIVITÉS DE LOISIRS LIÉES À LA NEIGE
5.1
Les conflits d’usages de la montagne
5.1.1
Appréhender les conflits d’usages entre les différentes activités humaines :
une mission clairement identifiée par le SMMO et des moyens dédiés
La question des conflits d’usage se pose nécessairement dans le cas du SMMO puisque
son projet fait la part belle au développement d’activités alternatives au ski alpin et qu’il est
davantage porté sur une temporalité quatre saisons. Elle est d’autant plus prégnante que le
SMMO rappelle dans l’une de ses réponses à la chambre que la crise sanitaire a intensifié le
RAPPORT D’OBSERVATIONS DEFINITIVES
79
développement des activités de pleine nature. Le contexte démographique local
271
se prête
également à cette intensification. La conjugaison de ces trois éléments va
de facto
entraîner une
augmentation de l’activité humaine en montagne et les conflits d’usages qui lui sont liés.
Une réflexion sur le sujet est spécifiquement portée par un agent du pôle ingénierie touristique
du SMMO, qui réalise actuellement une thèse sur ce sujet
272
, après un premier mémoire rédigé
dans le cadre d’un Master 2
273
.
À l’instar des remarques faites à propos du groupe de travail thématique
« métiers – emplois – formations », il est difficile de se prononcer sur les préconisations qui
émaneront de cette thèse et leur application future. Il est toutefois possible de noter que le
SMMO dédie un agent à temps plein sur cette question. Cette démarche, qui tend à identifier
les conflits en amont et à considérer le point de vue de l’ensemble des parties prenantes, s’avère
vertueuse
274
. Elle est surtout de nature à permettre au SMMO d’atteindre l’objectif qu’il s’est
fixé qui est
« d’éviter d’en venir à des mesures réglementaires
(…)
pour pousser ces nouveaux
pratiquants à se responsabiliser
275
»
. Au-delà du SMMO, des livrables issus de cette thèse
seront également transmis à l’ensemble des entités du territoire s’impliquant dans des projets
de sensibilisation aux différents usages ; ce qui renforce la dimension partenariale du projet et
des préconisations qui en découleront.
5.1.2
Les conflits d’usages entre les activités humaines et la Nature
Cette question est pour l’instant essentiellement appréhendée par le SMMO
via
la
participation d’associations de protection de la nature à des réflexions sur ce thème
276
. Elle
pourrait devenir de plus en plus prégnante du fait de la conjugaison de deux facteurs :
le développement de pratiques de loisirs qui s’éloignent de plus en plus du domaine skiable,
d’une part, et la présence d’espèces protégées emblématiques sur le massif, le grand tétras et
le loup, d’autre part.
271
Celui-ci se traduit notamment par l’installation sur la bande frontalière de ménages jeunes avec un
niveau de vie élevé, deux éléments qui influencent positivement la réalisation d’activités de loisirs.
272
Cette « Étude des conflits d’usages en moyenne montagne. Comment favoriser une coopération
environnementale sur un territoire » a trait aux représentations des différents usagers de la montagne et elle a pour
but «
d’apporter des préconisations d’actions efficaces pour accueillir ces nouvelles pratiques
» (
272
Cf.
Présentation du projet de thèse p. 2/12). Après avoir identifié la vision que chaque groupe d’usagers (éleveurs,
forestiers, chasseurs, sportifs, socio-professionnels du tourisme, membres d’associations de protection de
l’environnement) se fait de la montagne, la suite de la démarche va prendre la forme de «
serious game
», des
mises en situation entre ces usagers potentiellement en conflit qui devront trouver des réponses communes à
différents scénarii qui leurs seront proposés tout en conscientisant leurs rapports d’interdépendance.
273
Ce mémoire a été réalisé dans le cadre d’un Master 2 psychologie sociale et environnementale de
l’Université de Nîmes, sous la direction de la fédération de chasse du Doubs et du SMMO. L’intitulé était le
suivant : « Concilier des activités récréatives de pleine nature (type outdoor) avec les autres activités humaines et
la biodiversité présentes sur le massif du Mont-d’Or »
274
Dans une de ces réponses, le SMMO indique que la prise en compte des sensibilités du massif et les
autres activités humaines (agriculture, sylviculture) empêche le côté « Disneyland » au sens de développement
d’attractions déconnectées du contexte local
275
Cf. Présentation du projet de thèse p. 2/12.
276
Cf. Point 6.2.3.
Annexe n° 23 ROD2 PA 62 en date du 3 octobre 2023
SYNDICAT MIXTE DU MONT-D’OR
80
Dans le cas du grand tétras, la problématique avait déjà été identifiée par le SMMO,
dans le cadre des travaux préalables à la thèse sur les conflits d’usages. Il y est en effet indiqué
que cette espèce niche dans la forêt du Risol
277
et que
« la volonté de développer des pratiques
sportives de pleine nature sur le Mont-d’Or inquiète les acteurs se mobilisant pour sa
préservation. En effet, ce développement entrainera une diffusion de la fréquentation humaine
sur le massif, augmentant ainsi les risques de dérangement pour l’espèce, et le risque d’en venir
à des mesures réglementaires
278
».
Ces dernières ont d’ailleurs été mises en
œ
uvre dans le
département voisin du Jura depuis
2019,
via
un arrêté préfectoral de protection du biotope.
Celui-ci porte notamment sur le massif du Risoux
279
, situé dans la continuité du massif de la
forêt du Risol. Il contient des mesures limitant les chemins qui peuvent être empruntés par les
randonneurs ou cyclistes à une certaine période de l’année
280
.
Dans le cas du loup, sa présence sur le massif du Mont-d’Or a poussé les acteurs privés
et publics à sortir du bois ces derniers mois. Des limitations d'activités ont ainsi été prises par
l’école de ski française (ESF) à Mouthe, la préfecture du Doubs ayant de son côté diffusé une
brochure à destination des promeneurs en cas de rencontre avec ce canidé. Les autres mesures
prises concernent les éleveurs
281
. De son côté, le SMMO n’a pas mis en
œ
uvre de mesures
limitatives ou d’information spécifique du public sur ce sujet. Ici encore, il n’est pas possible
d’évaluer l’atteinte de l’objectif de responsabilisation des publics. Il est toutefois certain que
des moyens supplémentaires en matière de médiation et de communication devront être
déployés.
5.2
La prise en compte de la dimension environnementale par le SMMO
5.2.1
Un projet de création d’espace naturel sensible (ENS), situé sur le domaine
skiable, depuis 2006
La quasi-intégralité du domaine skiable
282
du SMMO est situé sur l’espace naturel
sensible (ENS)
283
du Mont-d’Or. Le rapport d’information sénatorial n° 415 du 5 mai 1998
rappelle que
« créé en 1959 (…), le concept d'espace naturel sensible a été généralisé à tous
les départements à partir de 1961. La loi n° 85-729 du 18 juillet 1985, modifiée par la loi du
277
Cf. cette forêt est située sur les hauteurs de la commune de Mouthe, elle-même située entre Chaux-
Neuve et Métabief.
278
Étude exploratoire p. 9/164.
279
Arrêté préfectoral p. 12/35.
280
Op. Cit. p. 5/35.
281
Devant l’augmentation du nombre d’attaques sur les bovins, la Préfecture du Doubs soutiendra en
2023 le développement d’opérations d’effarouchement et aidera trois éleveurs pour l’acquisition de chiens de
protection. En soutien aux éleveurs de son territoire, la CCLMHD a de son côté adopté une « motion loup » à la
fin de l’été 2022. Elle demande davantage d’autorisations de tirs létaux et la suppression des quotas de
prélèvement.
282
À l’exception du bas des pistes sur le site de Métabief (cf. partie 6.2.3 – carte n° 2) et du site nordique
de Chaux-Neuve qui est excentré de la station alpine
283
La création d’un espace naturel sensible a pour finalité de préserver la qualité des sites concernés.
RAPPORT D’OBSERVATIONS DEFINITIVES
81
2 février 1995, a affirmé la compétence des départements dans l'élaboration et la mise en
œ
uvre
d'une politique de protection, de gestion et d'ouverture au public des espaces naturels
sensibles ».
Si la législation actuelle
284
fait toujours des départements l’autorité compétente en
matière d’ENS, ils n’en sont pas toujours gestionnaires et/ou propriétaires.
Le document d'information édité par le département du Doubs rappelle en effet que de
manière générale « un partenariat s’engage avec les propriétaires concernés pour mettre en
œ
uvre les opérations de gestion et d’ouverture au public des ENS. Ces opérations sont mises
en
œ
uvre soit directement par le Département, soit par un autre gestionnaire de site (collectivité,
syndicat mixte, association...) ». Ce partenariat prend notamment la forme d’aides financières
accordées au maître d’ouvrages locaux, comme le rappelle le département sur son site internet.
Dans le cas présent, bien que le site du Mont-d’Or ait été identifié dans le
schéma départemental des espaces naturels sensibles depuis 2006
285
,
et que ses statuts initiaux
précisaient que le SMMO en assurerait la gestion et l’animation ainsi que le recrutement, pour
une durée d’un an, d’une personne chargée d’en élaborer le plan de gestion, l’ENS du
Mont-d’Or n’a pas encore été labellisé et reste à l’heure actuelle à l’état de projet.
La suppression de la gestion de l’ENS dans les statuts est justifiée d’après le SMMO
par une volonté de ne plus se positionner sur ce dossier.
Le département du Doubs précise dans sa réponse
286
avoir récemment relancé la
démarche et échanger actuellement avec la CCLMHD, ainsi que les quatre communes
sur lesquelles l’ENS est situé, afin de construire le plan de gestion du site.
Malgré la suppression de la compétence dans ses statuts, l’ENS est revenu au centre des
projets du SMMO. Ainsi, la délibération présentant le projet de transition climatique (PTC)
2021-2025 précise que la diversification des activités « hors-neige » passe par la valorisation
de l’ENS et que
« le Département accompagne depuis 2015 le SMMO dans la création de l’ENS
du Mont-d’Or et peut poursuivre cet investissement au travers de sa politique
environnementale
287
».
Aucun investissement du PTC n’a été spécifiquement fléché sur l’ENS.
En revanche, dans le cadre
du projet d’accélération de la transition (PAcT) de 2022, 1,6 M
€
HT
étaient
initialement
consacrés
à
des
opérations
de
valorisation
du
secteur
Morond-Super Longevilles afin «
de créer un nouveau produit découverte du Mont-d’Or
288
»
.
Même si ces projets d’investissements ont vocation à être révisés, suite à une décision du
comité syndical en fin d’année 2022, l’absence de labellisation et de gestionnaire pourrait
s’avérer problématiques si de nouveaux aménagements venaient à être envisagés sur le secteur.
284
Cf. Article L. 113-8 du code de l'urbanisme.
285
Cf. Réponse du Département du Doubs.
286
Cf. p. 2/3 point 2)
287
Il y est également mentionné que la maîtrise d’ouvrage des opérations de valorisation de l’ENS doit
être pilotée par le Département.
288
Op. Cit. p. 6 et 7/24.
Annexe n° 23 ROD2 PA 62 en date du 3 octobre 2023
SYNDICAT MIXTE DU MONT-D’OR
82
La chambre note enfin qu’en termes de gouvernance, deux vice-présidents du SMMO
sont en charge du projet Mont-d’Or
289
. Il est toutefois précisé que ces deux élus y représentent
la CCLMHD
290
, et non le département.
5.2.2
La mise en place d’un observatoire environnemental à partir de 2019
Le SMMO réalise des inventaires environnementaux depuis sa création. Ceux-ci sont
effectués dans le cadre de son observatoire environnemental depuis 2019. Le périmètre
de celui-ci diffère de celui envisagé pour l’ENS, et reste globalement centré sur le domaine
skiable. Il comprend notamment, dans sa partie nord, le bas des pistes, qui ne fait pas partie de
l’ENS, alors que sa partie sud s’arrête à la piste « Vieux chalet »
291
– là où l’ENS s’étendrait
sur quelques centaines de mètres supplémentaires jusqu’à la frontière franco-suisse.
Le budget consacré par le SMMO à cet observatoire est passé de 12 060
€
TTC en 2019
à un peu plus de 20 000
€
TTC en 2020 et 2021
292
. Ces prestations font l’objet d’un marché
renouvelé annuellement. Le SMMO justifie l’absence de recours à un marché pluriannuel par
le fait que ses besoins et ses contraintes budgétaires peuvent varier d’une année sur l’autre.
Le faible montant de ces opérations annuelles dispense le syndicat des obligations de
publicité et de mise en concurrence prévues par le code de la commande publique
293
.
Cette mesure permet d’alléger le formalisme des procédures. Toutefois, la chambre invite le
SMMO à passer un marché pluriannuel, et à adapter les mesures de publicité au montant du
besoin, ou à prévoir des modalités de reconduction. Ces solutions permettraient d’éviter de
procéder à une remise en concurrence chaque année et pérenniserait plus formellement cette
démarche d’observation.
Ces sommes sont imputées de façon récurrente par le SMMO sur le compte 2031
294
.
D’un point de vue comptable
295
, cette imputation est autorisée lorsque les frais d’études sont
engagés en vue de la réalisation d’investissements et ce, durant la phase d’acquisition de
l’immobilisation. Elle ne l’est pas lorsque l’immobilisation corporelle est en place et en état de
fonctionner. Dans le cas présent, les actes d’engagement mentionnent majoritairement des
opérations menées sur des installations déjà en service
296
ou portant sur l’ensemble du périmètre
de l’observatoire, sans lien avec une décision formelle d’acquisition d’une immobilisation.
289
Cette « délégation » Mont-d’Or existe depuis le mandat 2019, une « délégation » environnement
l’ayant précédée lors des années précédentes. Un seul vice-président y était toutefois affecté contre deux à l’heure
actuelle.
290
Cf. Représentants CCLMHD au SMMO (p. 15/26), PPT gouvernance SMMO (p. 2/3).
Ces deux élus communautaires sont aussi des élus communaux de Longevilles-Mont-d’Or et Jougne sur les
territoires desquelles une grande partie de l’ENS est située.
291
Cf. limite jaune située en bas de la carte page suivante.
292
Cette évolution s’explique notamment par le coût plus important du suivi des populations de papillons
et d’oiseaux diurnes.
293
Cf. Art. R 2122-8 du code de la commande publique.
294
L’ensemble des prestations réalisées par le cabinet auquel le SMMO a recours est d’ailleurs imputé en
section d'investissement.
295
Cf. Instruction budgétaire et comptable M4, p. 40/197 de la version de 2023.
296
Cf. cas du suivi des rapaces nocturnes sur le secteur de Piquemiette où les installations de neige de
culture sont opérationnelles depuis plusieurs années.
RAPPORT D’OBSERVATIONS DEFINITIVES
83
L’imputation sur la section investissement n’est pas possible dans ce cadre
297
. Le comptable
public a indiqué son intention de se rapprocher des services du SMMO afin de se mettre en
conformité avec la réglementation.
Carte n° 3 :
Périmètres de l’observatoire environnemental et du projet d’ENS du Mont-d’Or
Source : Synthèse 2022 - Observatoire environnemental
La campagne 2022 de l’observatoire a porté sur la flore,
via
l’inventaire des
plantes-hôtes de papillons protégés et/ou menacés d’extinction, ainsi que sur la faune,
via
le
297
Conformément à l’instruction budgétaire et comptable, «
si l’étude préparatoire n’est pas suivie de la
réalisation de l’investissement concerné, elle s’analyse comme une dépense de fonctionnement. La dépense en
cause, provisoirement imputée au compte 20 de la section d’investissement, fait alors l’objet d’un virement, sous
la forme d’amortissement, au bénéfice de la section de fonctionnement sur une période qui ne peut excéder cinq
ans : le compte 6811 « Dotations aux amortissements des immobilisations incorporelles et corporelles » est débité
par le crédit du compte 28031 « Amortissement des frais d’études ».
»
Annexe n° 23 ROD2 PA 62 en date du 3 octobre 2023
SYNDICAT MIXTE DU MONT-D’OR
84
suivi annuel de trois populations
298
. Même s’il est rappelé, dans la synthèse de l’observatoire
produite en 2022, que ces types de suivis naturalistes doivent se décliner sur une période de
cinq ans afin d’appréhender au mieux les dynamiques de populations
299
, les principales
conclusions sont globalement positives. En ce qui concerne la faune, les résultats 2019-2022
semblent en effet indiquer une certaine stabilité des trois populations observées
300
, ce qui est
notable au regard de la tendance générale au déclin en vigueur aux échelles nationale et
européenne, ainsi que de l’épisode caniculaire de 2022
301
. Le constat est un peu plus mitigé
pour la flore puisque le maintien des quatre espèces identifiées reste fragile au regard des faibles
surfaces de milieux naturels propices à leur reproduction
302
.
Ces éléments sont de nature à démontrer qu’au-delà des opérations d’aménagement qui
peuvent faire l’objet d’une évaluation spécifique, le SMMO s’inscrit dans une démarche
environnementale régulière et pérenne afin de prendre en compte l’impact de son activité sur
l’ensemble du périmètre de son observatoire. Ces travaux constituent ainsi un outil de dialogue
avec les services de l’État notamment pour appréhender les effets des anciennes opérations
d’aménagement. L’introduction de la partie de la synthèse dédiée au suivi des rapaces
nocturnes
303
précise qu’en 2019 :
« le SMMO a réalisé les travaux d’extension de son réseau neige sur le secteur
de Piquemiette. L’évaluation environnementale de cet aménagement avait conduit
l’Autorité environnementale à interroger le SMMO sur l’éventuel dérangement que peut
engendrer l’exploitation hivernale d’un réseau neige sur les rapaces nocturnes.
Dans ce contexte, le SMMO a souhaité mettre en place un protocole spécifique de suivi
des populations nicheuses de rapaces nocturnes présentes sur le secteur Piquemiette
du domaine skiable de Métabief. Ce suivi aura été mis en
œ
uvre au cours des hivers
2019-2020, 2020-2021 et 2021-2022 »
.
Recommandation n° 4.
: Respecter les règles de l’instruction budgétaire et comptable
M4 en matière d’imputation des frais d’études, de recherche et de développement.
5.2.3
La prise en compte perfectible de l’impact de la diversification des activités sur
la biodiversité
Dans la stratégie d’adaptation du SMMO, le développement d’activités « outdoor » aura
nécessairement un impact sur la biodiversité. Un point de vigilance sur ce sujet est donc à
298
Cf. Papillons et oiseaux diurnes, rapaces nocturnes du secteur de Piquemiette. En dehors du suivi des
rapaces nocturnes qui faisait suite à une demande de l’autorité environnementale, le choix des espèces inventoriées
est issu des préconisations des écologues (espèces non-inventoriées depuis plusieurs années, espèces endémiques
du massif…).
299
Op. cit. p. 32/40.
300
Y compris pour les rapaces nocturnes pour lesquels les travaux et le fonctionnement du nouveau réseau
de neige de culture n’a pas conduit à la disparition (Op. cit. p. 38/40).
301
Op. cit. p. 32/40.
302
Op. cit. p. 14/40.
303
Op. cit. p. 36/40.
RAPPORT D’OBSERVATIONS DEFINITIVES
85
envisager. Le SMMO s’est emparé de ce sujet, comme l’illustre l’exemple de la réserve
collinaire du Morond.
L’utilisation de cet équipement structurant
304
fait en effet l’objet d’un partenariat avec
l’Association agréée pour la pêche et la protection du milieu aquatique (AAPPMA) locale, qui
y réalise des déversements de poissons. L’introduction de ces salmonidés peut toutefois s’avérer
néfaste pour les populations d’amphibiens, selon différentes études
305
. À l’heure actuelle, le
SMMO considère que l’examen de la situation des amphibiens ne constitue pas un sujet
sensible
306
.
Cette situation illustre le fait que le développement par le SMMO d’activités lucratives,
alternatives au ski, a un impact en matière de biodiversité
307
. Le constat qui vient d’être fait
mérite toutefois d’être nuancé, dans la mesure où les travaux de l’observatoire n’ont jusqu’ici
pas identifié d’effets négatifs majeurs
308
. En outre, la question des nouveaux usages est déjà
prise en compte
via
les travaux de la doctorante. Enfin, la démarche d’inventaire et de suivi est
déjà bien en place.
______________________ CONCLUSION INTERMÉDIAIRE ______________________
Le SMMO déploie des moyens - humains et financiers - spécifiques sur les questions
environnementales. Il a également appréhendé et anticipé le fait que la diversification des
activités allait potentiellement être vecteur de conflits entre les différents usagers et la Nature.
Ce que les travaux de l’observatoire environnemental lui permettent de conforter.
L’absence de labellisation et de gestionnaire pour le projet d’espace naturel sensible
(ENS) du Mont-d’Or peut toutefois s’avérer préjudiciable dans le cadre du développement
d’équipements et d’activités quatre saisons.
___________________________________________________________________________
304
Dans le cadre du projet d’accélération de la transition (PAcT) du SMMO, cette réserve collinaire est
désignée sous l’appellation « Lac du Morond » et fait partie des « équipements structurants » non-exclusivement
dédiés au ski alpin que la SMMO souhaite transformer afin de s’inscrire dans une dynamique station de montagne.
Des aménagements spécifiques sont prévus dans ce cadre.
305
Étude CNRS / MNHN p. 131 à 135, INRAE retenues d'altitude p. 12 et 33.
306
Le SMMO précise dans sa réponse (p. 3/4 point 6) que des mesures seraient prises si cela le devenait.
307
L’argument « pêche à 1 400 mètres d’altitude » est mis en avant sur le site de la station. Cette activité
génère également de la fréquentation sur les remontées mécaniques puisque l’accès avec un véhicule n’y est pas
possible.
308
Y compris avec l’importante fréquentation en période estivale notamment
via
le VVT (cf. synthèse
2022, p. 32/40)
Annexe n° 23 ROD2 PA 62 en date du 3 octobre 2023
SYNDICAT MIXTE DU MONT-D’OR
86
ANNEXES
Annexe n° 1. Plan des pistes
...........................................................................................
87
Annexe n° 2. Historique de la gestion des remontées mécaniques du domaine
skiable de Métabief et du stade de saut à ski de Chaux-Neuve
..................
88
Annexe n° 3. Organigramme de la station de Métabief et du SMMO (mars 2023)
........
90
Annexe n° 4. Méthodologie encadrant l’évaluation des retombées économiques
d’une activité touristique
............................................................................
91
Annexe n° 5. La problématique de la gestion de l’eau nécessaire à la production
de neige de culture
......................................................................................
92
Annexe n° 6. Évolution de la taxe de séjour perçue par l’Office de tourisme du
Pays du Haut-Doubs (2020-2022)
..............................................................
93
RAPPORT D’OBSERVATIONS DEFINITIVES
87
Annexe n° 1.
Plan des pistes
Annexe n° 23 ROD2 PA 62 en date du 3 octobre 2023
SYNDICAT MIXTE DU MONT-D’OR
88
Annexe n° 2. Historique de la gestion des remontées mécaniques du domaine skiable de Métabief
et du stade de saut à ski de Chaux-Neuve
Tableau n° 45 :
Chronologie concernant la gestion des remontées mécaniques
Année
Evénement
Commentaires
1953
Création du premier télésiège du Morond
309
Inauguration de l’activité hivernale sur le site du Mont-d’Or
1979
Création du SMTMO (SM pour l’aménagement, le
développement et l’exploitation touristique du Mont-d’Or)
Avec le SDTMO (société pour le développement touristique du
Mont d’Or), création des principales remontées mécaniques
(premier programme d’investissement : 1979-1987)
1991
Dissolution de la SDTMO
Le SMTMO rachète toutes les installations.
Le Département du Doubs devient le « pilote » de la station,
dont il assure l’équilibre financier
.
Une SEM est créée pour gérer le domaine skiable.
1999
Création de la Communauté de communes du Mont d’Or et des
deux Lacs (CCMO2L)
Le SMTMO se concentre sur le domaine skiable alpin + VTT.
2002
Dissolution de la SEM et marché de services signé avec la société
OREX
2005
Lancement des études (recherche en eau) pour la création d’un
dispositif de neige de culture
2010
Création d’une régie des remontées mécaniques
14 M
€
investis dans la neige de culture et la rénovation des RM
2014
Création de l’Observatoire de l’environnement de Métabief
2015
Fusion du SMTMO et du SM du stade de saut à ski de Chaux-
Neuve pour former le SMMO
2018
Mise en place du PPARME
11 M
€
d’investissement sur les RM
309
Cf. Contrat de station (2020-2023) déjà évoqué, p. 8.
RAPPORT D’OBSERVATIONS DEFINITIVES
89
Tableau n° 46 :
Chronologie concernant le stade de saut à ski de Chaux-Neuve
Année
Evénement
Commentaires
1909
Création du Risoux Club
Organise des compétitions de saut à ski à Chaux-Neuve
1986
Création du Syndicat mixte de Mouthe (SMM)
Associant la Communauté de communes Mouthe et Chaux-
Neuve et le
Département
, cette structure gère le stade de saut et
la Source du Doubs
1989
Construction de cinq tremplins
2010
Transformation du tremplin de 90 m en tremplin international
Création du Syndicat mixte du Stade de saut à ski de Chaux-
Neuve
Ce
nouveau
syndicat,
remplaçant
le
SMM,
associe
la
Communauté de communes des Hauts du Doubs et le
Département
pour gérer le stade.
2010 -
2019
Gestion du site confiée au Centre national de ski nordique et de
moyenne montagne
2015
Le SMTMO et le SM du stade de saut à ski deviennent le SMMO
Source des deux tableaux : CRC, d’après le préambule des statuts du SMMO de 2019
Annexe n° 23 ROD2 PA 62 en date du 3 octobre 2023
SYNDICAT MIXTE DU MONT-D’OR
90
Annexe n° 3. Organigramme de la station de Métabief et du SMMO (mars 2023)
RAPPORT D’OBSERVATIONS DEFINITIVES
91
Annexe n° 4. Méthodologie encadrant l’évaluation des retombées économiques
d’une activité touristique
Les analyses en la matière ont bénéficié de travaux réalisés par Eric Maurence
(2005, 2012) sur les retombées économiques des événements touristiques. Sa méthode
d’évaluation accorde aux dépenses des participants une place centrale, alors que celles-ci sont
souvent qualifiées d’impact indirect de la manifestation dans les analyses habituelles.
Selon lui, en effet, une évaluation scientifique des retombées économiques
d’un événement touristique nécessite de distinguer deux niveaux d’impact économique
310
:
- l’impact primaire, lié à l’achat de biens et services nécessaires pour l’activité et aux
dépenses effectuées par les personnes dont la visite est liée à la manifestation ;
- l’impact secondaire, issu de la propagation de cette « injection initiale » de ressources
dans l’économie locale, du fait des relations entre les agents économiques du territoire
(ménages, entreprises et collectivités locales).
Pour mesurer l’impact primaire, sa méthode consiste à réaliser des enquêtes auprès des
socioprofessionnels du secteur touristique afin d’identifier le surplus de consommation locale
pouvant être directement imputable à l’organisation de la manifestation
311
. Cette évaluation
reste toutefois sujette à critiques, en raison de l’existence de biais :
- cette méthode n’intègre pas les dépenses des organisateurs (salariés et bénévoles) ;
- elle ne distingue pas les visiteurs venus spécifiquement pour la manifestation
de ceux en villégiature temporaire dans le territoire.
Surtout, Michel Carrard a comparé les principaux résultats d’études d’impact
économique d’un échantillon d’aéroports régionaux français
312
. Il y considérait que, si la
réalisation d’une étude d’impact économique d’un aéroport sur sa région est une démarche
«
louable a priori
» (notamment si elle vise à évaluer les retombées réelles d’une utilisation des
deniers publics), il n’en demeure pas moins que la pratique de ces analyses soulève des
interrogations, s’agissant notamment de la non prise en compte des effets négatifs (bruit,
pollution) sur la santé et l’environnement. Enfin, M. Carrard démontre que les méthodes
utilisées pour réaliser les études d’impact ne sont pas homogènes,
« ce qui peut conduire parfois
à des résultats discutables
»
313
.
310
Cf. Sur ce sujet : Eric Maurence,
La mesure de l’impact économique d’un événement touristique
.
Rapport d’étude publié par le Ministère de l’Économie, des Finances et de l’Industrie, DGCIS, Sous-direction de
la Prospective, des Études Economiques et de l’Évaluation, 2012.
311
Cf. A ce sujet : Eric Maurence
, Évaluation des retombées économiques des 100km de Millau.
Formalisation d’une méthodologie d’étude des retombées économiques des événementiels touristiques à caractère
sportif
, 2005.
312
Cf. Michel Carrard,
Les études d’impact des aéroports français régionaux et locaux sur les territoires
,
Annexe du « Rapport sur le maillage aéroportuaire français », Conseil supérieur de l’aviation civile, DGAC,
CGET, 2017.
313
Cf. Michel Carrard, 2017,
op. cit
., p. 8.
Annexe n° 23 ROD2 PA 62 en date du 3 octobre 2023
SYNDICAT MIXTE DU MONT-D’OR
92
Annexe n° 5. La problématique de la gestion de l’eau nécessaire
à la production de neige de culture
Évolution de la consommation en eau
Après une période durant laquelle le nombre de pistes équipées (4) et d’enneigeurs (25)
est resté le même
314
, la création d’une réserve collinaire, exploitée à partir de fin 2013,
et les travaux d’extension du réseau ont permis en dix ans à la station de passer de 13 à 35 %
de ses pistes enneigées
via
de la neige de culture
315
. Le tableau suivant détaille l’évolution de
ces besoins en eau, depuis la saison 2013-2014.
Tableau n° 47 :
Évolution des besoins en eau pour la production de la neige de culture
Volume d’eau
consommé (m³)
2013-2014
2015-2016
2017-2018
2019-2020
2022-2023
Moyenne
annuelle sur
les 10
dernières
saisons
33 329
118 528
124 527
105 142
205 860
125 754
Source/note : Données neige de culture SMMO
314
Cf. entre les saisons 2002-2003 et 2012-2013
315
34 % du domaine skiable français en est équipé. A Métabief, le domaine est équipé de 171 enneigeurs.
RAPPORT D’OBSERVATIONS DEFINITIVES
93
Annexe n° 6. Évolution de la taxe de séjour perçue par l’Office de tourisme du Pays du Haut-Doubs (2020-2022)
L’Office de tourisme du Pays du Haut-Doubs perçoit indirectement le produit de la taxe de séjour prélevé sur le territoire du Haut-Doubs
(plus large que le seul périmètre de la station de Métabief). Ce reversement est effectué à travers une subvention des EPCI membres,
dont l’évolution, au cours de la période 2020-2022, est présentée dans le tableau ci-dessous.
Pour information : le montant de taxe de séjour qui se rapporte à l’année N correspond au montant total collecté en année N-1.
Source : Office de tourisme du Pays du Haut-Doubs, avril 2023
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