•
Si
la
création
du
fonds
LAC
1,
dont
on
rappelle
qu'il
investit
au
capital
de
grandes
entreprises
cotées
françaises
afin,
notamment,
d'obtenir
une
représentation
dans
la
gouvernance
en
vue
d'y
exercer
le
rôle
d'un
actionnaire
actif,
marque
un
tournant
dans
la
stratégie
de
mobilisation
de
capitaux
privés
(et
notamment
étrangers)
au
bénéfice
d'entreprises
françaises,
il
ne
constitue
en
aucune
façon
un
écart
ni
par
rapport
à
la
loi
(on
rappelle
que
l'ordonnance
de
29
juin
2005
relative
à
la
banque
publique
d'investissement
dispose
à
son
article
1A,
que
Bpifrance
«
peut
stabiliser
l'actionnariat
de
grandes
entreprises
porteuses
de
croissance
et
de
compétitivité
pour
l'économie
française
»)
ni
par
rapport
à
la
doctrine
d'intervention
de
Bpifrance
qui,
dès
2013,
visait
une
action
en
soutien
de
grandes
entreprises
stratégiques.
Percevant
bien
le
potentiel
dont
recèle
le
développement
de
la
gestion
pour
compte
de
tiers
comme
relai
de
la
mobilisation
des
ressources
des
actionnaires,
le
conseil
d'administration
de
Bpifrance
a
donné
son
accord
à
la
réalisation
de
ce
projet,
dans
toute
ses
composantes
:
la
souscription
par
Bpifrance
dans
le
fonds
à
hauteur
de
1,1Md€,
la
levée
d'environ
2Md€
complémentaires
auprès
de
nombreux
investisseurs
français
et
étrangers,
la
mise
en
place
d'une
capacité
d'endettement
du
fonds
à
hauteur
de
1Md€
et
la
gestion
du
fonds
par
Bpifrance.
Naturellement,
je
partage
le
souci
de
la
Cour
de
tirer,
le
moment
venu,
un
bilan
de
son
activité,
notamment
dans
la
perspective
de
la
levée
du
fonds
successeur.
De
même,
la
décision
stratégique
de
lancer
les
fonds
Bpifrance
Entreprises
1
&
2
dans
le
but
de
permettre
à
des
particuliers
d'investir
leur
épargne
dans
des
entreprises
non
cotées
essentiellement
françaises
a
été
autorisée
par
la
gouvernance.
Plus
encore,
la
mise
en
place
de
cette
activité
s'est
faite
en
réponse
à
une
demande
explicite
des
pouvoirs
publics,
le
ministre
de
l'Economie
et
des
Finances
ayant
publiquement
annoncé
qu'il
avait
«
demandé
au
directeur
général
de
Bpifrance
[.
.
.]
de
travailler
sur
un
produit
financier
Bpifrance,
qui
permettra
aux
Français
d'investir
plus
facilement
leurs
économies
dans
les
entreprises
françaises
»
1
.
Et
si
la
démocratisation
du
capital
investissement
ne
figure
explicitement
ni
parmi
les
missions
législatives
ni
dans
la
doctrine
de
Bpifrance,
on
peut
considérer
que,
dans
une
interprétation
large,
la
mise
en
place
de
ces
fonds
ouverts
à
l'épargne
populaire
contribue
à
deux
des
missions
que
la
loi
confie
à
la
banque.
En
effet,
l'initiative
:
i.
participe
au
soutien
de
la
compétitivité
de
l'économie
car
les
fonds
Bpifrance
Entreprises
permettent
de
dégager
des ressources
qui
seront
investies
dans
l'économie
;
ii.
favorise
l'innovation
financière
dans
la
mesure
où,
comme
l'indique
la
Cour
elle-même,
d'autres
acteurs
privés
ont,
après
la
réussite
commerciale
du
fonds
Bpifrance
Entreprises
1,
suivi
l'exemple
de
Bpifrance
en
mettant
en
place
des
dispositifs
similaires
visant
à
orienter
l'épargne
des
particuliers
vers
le
capital
investissement.
La
Cour,
enfin,
estime
qu'il
existe
désormais
un
risque
de
substitution
aux
investisseurs
privés
et,
partant,
considère
que
la
poursuite
de
la
croissance
des
interventions
en
fonds
propres
de
Bpifrance
n'est
pas
justifiée,
d'autant
plus
que
les
fonds
de
capital
-innovation
et
de
capital
-développement
français
ont
accumulé
plus
de
20Md€
de
montant
mobilisable
(dry
powder).
Bpifrance
est
naturellement
particulièrement
vigilant
concernant
son
emprise
sur
le
marché
du
capital
innovation
ou
du
capital
développement.
Pour
autant,
je
ne
pense
pas,
contrairement
à
la
Cour,
qu'il
y
ait
un
risque
d'effet
d'éviction
des
acteurs
privés.
Ainsi,
pour
ne
prendre
que
cet
exemple,
nous
estimons
que
les
montants
investis
par
Bpifrance
ont
représenté
entre
10
et
15%
des
montants
levés
par
les
start-ups
françaises
sur
les
10
dernières
années
et
moins
de
10%
en
2021.
Ce
poids
est
plutôt
en
repli
au
moins
depuis
2016
:
les
sources
de
financement
privé
ont
progressé
au
même
rythme
que
les
financements
apportés
par
Bpifrance,
ce
qui
laisse
penser
que
nous
ne
sommes
pas
en
présence
d'un
effet
d'éviction.
De
même,
les
arguments
relatifs
au
dry
powder
doivent
être
relativisés.
Le
fait
que
les
montants
investis
soient
inférieurs
aux
montants
levés
sur
une
année,
outre
qu'ils
ne
correspondent
pas
aux
mêmes
fonds,
n'est
pas
surprenant
:
dans
un
marché
dont
la
taille
augmente
d'année
en
année,
il
semble
logique
que
le
dry
powder
en
fasse
de
même
et
rien
n'indique
qu'il
garantisse,
à
lui
seul,
la
poursuite
de
la
croissance
du
marché.
L'inverse
semble
d'ailleurs
plus
probable
qui
plus
est
dans
une
période
conjoncturellement
Interview
de
Bruno
Le
Maire
du
27
mars
2019 au
Figaro
htt
s://www.lefi
aro.frIcon'oncture12019/03/27/20002-
20190327ARTFIG00150-bruno-le-maire-face-a-la-chine-et-aux-etats-unis-l-europe-doit-s-affirmer-comme-une-puissance-
souveraine.php).
2